LIVRE DOUZE CHAPITRE IV - LIVRE DOUZE CHAPITRE VI
STRABON
Géographie
ΣΤΡΑΒΟΝΟΣ ΓΕΩΓΡΑΦΙΚΩΝ ΙB'
V. Πρὸς νότον τοίνυν εἰσὶ τοῖς Παφλαγόσι Γαλάται· τούτων δ' ἐστὶν ἔθνη τρία, δύο μὲν τῶν ἡγεμόνων ἐπώνυμα, Τροκμοὶ καὶ Τολιστοβώγιοι, τὸ τρίτον δ' ἀπὸ τοῦ ἐν Κελτικῇ ἔθνους Τεκτόσαγες. Κατέσχον δὲ τὴν χώραν ταύτην οἱ Γαλάται πλανηθέντες πολὺν χρόνον καὶ καταδραμόντες τὴν ὑπὸ τοῖς Ἀτταλικοῖς βασιλεῦσι χώραν καὶ τοῖς Βιθυνοῖς, ἕως παρ' ἑκόντων ἔλαβον τὴν νῦν Γαλατίαν καὶ Γαλλογραικίαν λεγομένην. Ἀρχηγὸς δὲ δοκεῖ μάλιστα τῆς περαιώσεως τῆς εἰς τὴν Ἀσίαν γενέσθαι Λεοννόριος. Τριῶν δὲ ὄντων ἐθνῶν ὁμογλώττων καὶ κατ' ἄλλο οὐδὲν ἐξηλλαγμένων, ἕκαστον διελόντες εἰς τέτταρας μερίδας τετραρχίαν ἑκάστην ἐκάλεσαν, τετράρχην ἔχουσαν ἴδιον καὶ δικαστὴν ἕνα καὶ στρατοφύλακα ἕνα ὑπὸ τῷ τετράρχῃ τεταγμένους, ὑποστρατοφύλακας δὲ δύο. Ἡ δὲ τῶν δώδεκα τετραρχῶν βουλὴ ἄνδρες ἦσαν τριακόσιοι, συνήγοντο δὲ εἰς τὸν καλούμενον Δρυνέμετον. Τὰ μὲν οὖν φονικὰ ἡ βουλὴ ἔκρινε, τὰ δὲ ἄλλα οἱ τετράρχαι καὶ οἱ δικασταί. Πάλαι μὲν οὖν ἦν τοιαύτη τις ἡ διάταξις, καθ' ἡμᾶς δὲ εἰς τρεῖς, εἶτ' εἰς δύο ἡγεμόνας, εἶτα εἰς ἕνα ἧκεν ἡ δυναστεία, εἰς Δηιόταρον, εἶτα ἐκεῖνον διεδέξατο Ἀμύντας· νῦν δ' ἔχουσι Ῥωμαῖοι καὶ ταύτην καὶ τὴν ὑπὸ τῷ Ἀμύντᾳ γενομένην πᾶσαν εἰς μίαν συναγαγόντες ἐπαρχίαν. [2] Ἔχουσι δὲ οἱ μὲν Τροκμοὶ τὰ πρὸς τῷ Πόντῳ καὶ τῇ Καππαδοκίᾳ· ταῦτα δ' ἐστὶ τὰ κράτιστα ὧν νέμονται Γαλάται· φρούρια δ' αὐτοῖς τετείχισται τρία, Τάουιον, ἐμπόριον τῶν ταύτῃ, ὅπου ὁ τοῦ Διὸς κολοσσὸς χαλκοῦς καὶ τέμενος αὐτοῦ ἄσυλον, καὶ Μιθριδάτιον, ὃ ἔδωκε Πομπήιος Βογοδιατάρῳ τῆς Ποντικῆς βασιλείας ἀφορίσας, τρίτον δέ πω Δανάλα, ὅπου τὸν σύλλογον ἐποιήσαντο Πομπήιός τε καὶ Λεύκολλος, ὁ μὲν ἥκων ἐπὶ τὴν τοῦ πολέμου διαδοχὴν ὁ δὲ παραδιδοὺς τὴν ἐξουσίαν καὶ ἀπαίρων ἐπὶ τὸν θρίαμβον. Τροκμοὶ μὲν δὴ ταῦτ' ἔχουσι τὰ μέρη, Τεκτόσαγες δὲ τὰ πρὸς τῇ μεγάλῃ Φρυγίᾳ τῇ κατὰ Πεσσινοῦντα καὶ Ὀρκαόρκους· τούτων δ' ἦν φρούριον Ἄγκυρα ὁμώνυμος τῇ πρὸς Λυδίᾳ περὶ Βλαῦδον πολίχνῃ Φρυγιακῇ. Τολιστοβώγιοι δὲ ὅμοροι Βιθυνοῖς εἰσι καὶ τῇ Ἐπικτήτῳ καλουμένῃ Φρυγίᾳ· φρούρια δ' αὐτῶν ἐστι τό τε Βλούκιον καὶ τὸ Πήιον, ὧν τὸ μὲν ἦν βασίλειον Δηιοτάρου, τὸ δὲ γαζοφυλάκιον. [3] Πεσσινοῦς δ' ἐστὶν ἐμπόριον τῶν ταύτῃ μέγιστον, ἱερὸν ἔχον τῆς μητρὸς τῶν θεῶν σεβασμοῦ μεγάλου τυγχάνον· καλοῦσι δ' αὐτὴν Ἄγδιστιν. Οἱ δ' ἱερεῖς τὸ παλαιὸν μὲν δυνάσται τινὲς ἦσαν, ἱερωσύνην καρπούμενοι μεγάλην, νυνὶ δὲ τούτων μὲν αἱ τιμαὶ πολὺ μεμείωνται, τὸ δὲ ἐμπόριον συμμένει· κατεσκεύασται δ' ὑπὸ τῶν Ἀτταλικῶν βασιλέων ἱεροπρεπῶς τὸ τέμενος ναῷ τε καὶ στοαῖς λευκολίθοις· ἐπιφανὲς δ' ἐποίησαν Ῥωμαῖοι τὸ ἱερόν, ἀφίδρυμα ἐνθένδε τῆς θεοῦ μεταπεμψάμενοι κατὰ τοὺς τῆς Σιβύλλης χρησμούς, καθάπερ καὶ τοῦ Ἀσκληπιοῦ τοῦ ἐν Ἐπιδαύρῳ. Ἔστι δὲ καὶ ὄρος ὑπερκείμενον τῆς πόλεως τὸ Δίνδυμον, ἀφ' οὗ ἡ Δινδυμηνή, καθάπερ ἀπὸ τῶν Κυβέλων ἡ Κυβέλη. Πλησίον δὲ καὶ ὁ Σαγγάριος ποταμὸς ποιεῖται τὴν ῥύσιν· ἐπὶ δὲ τούτῳ τὰ παλαιὰ τῶν Φρυγῶν οἰκητήρια Μίδου καὶ ἔτι πρότερον Γορδίου καὶ ἄλλων τινῶν, οὐδ' ἴχνη σώζοντα πόλεων, ἀλλὰ κῶμαι μικρῷ μείζους τῶν ἄλλων, οἷόν ἐστι τὸ Γόρδιον καὶ Γορβεοῦς, τὸ τοῦ Κάστορος βασίλειον τοῦ Σαωκονδάρου, ἐν ᾧ γαμβρὸν ὄντα τοῦτον ἀπέσφαξε Δηιόταρος καὶ τὴν θυγατέρα τὴν ἑαυτοῦ· τὸ δὲ φρούριον κατέσπασε καὶ διελυμήνατο τὸ πλεῖστον τῆς κατοικίας. [4] Μετὰ δὲ τὴν Γαλατίαν πρὸς νότον ἥ τε λίμνη ἐστὶν ἡ Τάττα, παρακειμένη τῇ μεγάλῃ Καππαδοκίᾳ τῇ κατὰ τοὺς Μοριμηνούς, μέρος δ' οὖσα τῆς μεγάλης Φρυγίας, καὶ ἡ συνεχὴς ταύτῃ μέχρι τοῦ Ταύρου, ἧς τὴν πλείστην Ἀμύντας εἶχεν. Ἡ μὲν οὖν Τάττα ἁλοπήγιόν ἐστιν αὐτοφυές, οὕτω δὲ περιπήττεται ῥᾳδίως τὸ ὕδωρ παντὶ τῷ βαπτισθέντι εἰς αὐτὸ ὥστε στεφάνους ἁλῶν ἀνέλκουσιν, ἐπειδὰν καθῶσι κύκλον σχοίνινον, τά τε ὄρνεα ἁλίσκεται τὰ προσαψάμενα τῷ πτερώματι τοῦ ὕδατος παραχρῆμα πίπτοντα διὰ τὴν περίπηξιν τῶν ἁλῶν. |
XII, 5 - La Galatie 1. Au midi de la Paphlagonie s'étend, avons-nous dit, la Galatie. Or, des trois peuples qui habitent cette contrée, il en est deux, à savoir les Trocmi et les Tolistobogii, qui doivent leurs noms à d'anciens chefs militaires ; seul le troisième a retenu le nom d'un des peuples de la Celtique. Avant d'occuper cette partie de l'Asie, les Galates avaient mené pendant longtemps une vie errante et dévasté à plusieurs reprises les Etats des Attales et des rois de Bithynie ; enfin ces princes se décidèrent spontanément à leur céder le pays connu aujourd'hui sous les noms de Galatie et de Gallo-Grèce. Le chef qui avait présidé à leur passage définitif en Asie paraît avoir été un certain Léonnorius. Les trois peuples parlaient la même langue et ne présentaient sous aucun rapport de différence sensible. Néanmoins chacun d'eux dut former un état à part divisé en quatre districts. Chacun de ces districts reçut le nom de tétrarchie, et eut son administration propre composé d'un tétrarque, d'un juge ou dicaste et d'un stratophylax ou chef militaire placés tous deux sous les ordres du tétrarque, et enfin de deux hypostratophylaces [placés sous les ordres du chef militaire]. De plus, les douze tétrarques eurent pour les assister un conseil ou sénat de trois cents membres, se réunissant en un lieu appelé le Drynémétum. Ce sénat connaissait seul des meurtres ; quant aux autres affaires, elles étaient portées devant les tétrarques et les dicastes. Telle était du moins l'ancienne constitution du pays ; car, de nos jours, on y a vu l'autorité se concentrer entre les mains de trois chefs, puis de deux, puis d'un seul, par l'avénement du roi Déjotarus, qui, à son tour, transmit le pouvoir monarchique à Amyntas. Mais actuellement toute l'ancienne Galatie jointe aux Etats particuliers d'Amyntas appartient aux Romains qui en ont fait une seule et même province. 2. Ce sont les Trocmi qui occupent la partie de la Galatie contiguë au Pont et à la Cappadoce, laquelle se trouve être en même temps la partie la plus fertile de la contrée. Elle contient trois places principales, dont les Trocmi ont fait trois forteresses : la première, nommée Tavium, est le grand marché du pays et possède, avec une enceinte consacrée à Jupiter et jouissant du droit d'asile, une statue très célèbre du dieu, statue en airain et de dimensions colossales ; la seconde est cette place de Mithridatium que Pompée détacha naguère du royaume du Pont pour la donner à Brogitarus. Quant à la troisième forteresse (si toutefois on peut donner le nom de forteresse à Danala), elle fut témoin de l'entrevue entre Pompée et Lucullus, lorsque le premier de ces généraux vint pour continuer et achever la guerre contre Mithridate, et que Lucullus lui remit son commandement pour regagner Rome, où l'attendaient les honneurs du triomphe. Nous avons dit quelle est la partie de la Galatie qu'occupent les Trocmi. Passons aux Tectosages. Ceux-ci habitent sur les confins de la Grande Phrygie les cantons de Pessinonte et d'Orcaorci. Leur principale place d'armes de tout temps a été Ancyre, dont le nom rappelle une petite ville de Phrygie située près de la frontière lydienne du côté de Blaudos. Quant aux Tolistobogii, ils confinent à la Bithynie et à la Phrygie Epictète et ont pour places fortes Lucéium et Péum, qu servirent à Déjotarus, l'une de résidence, l'autre de gazophylacium ou de trésor.
3.
Pessinûs est le principal emporium de cette partie de la Galatie, ce
qui peut s'expliquer par la présence d'un temple consacré à la Mère
des Dieux (ou, comme on l'appelle dans le pays, à Agdistis), temple
qui est l'objet d'une grande vénération. Anciennement, les prêtres
de ce temple avaient le rang de princes et ils tiraient en même
temps de leur charge de gros revenus, mais aujourd'hui honneurs [et
profits] ont pour eux sensiblement diminué. Le marché de Pessinûs,
en revanche, subsiste aussi florissant que par le passé. Ajoutons
que la piété des Attales a singulièrement accru la majesté de
l'ancienne enceinte sacrée, en y construisant un naos et des
portiques en marbre blanc. Enfin, ce qui a achevé de rendre ce
temple illustre, c'est que le peuple romain, pour obéir aux Oracles
sibyllins, a décrété que la statue de la déesse qui le décorait
serait apportée à Rome comme l'avait été auparavant l'Esculape
d'Epidaure. La ville de Pessinûs est dominée par le mont Dindyme, et
c'est à cette circonstance que la déesse doit d'être souvent appelée
Dindymène, comme le voisinage des monts Cybèles ailleurs lui a fait
donner le nom de Cybèle. 4. Passé la frontière de la Galatie, on arrive, dans la direction du sud, d'abord au lac Tata, qui borde le canton de la Grande Cappadoce appelé la Morimène et dépend de la Grande Phrygie, puis à ce territoire compris entre le lac et le Taurus dont Amyntas possédait la plus grande partie. On pourrait comparer, ce semble, le lac Tatta à une immense saline naturelle, à voir avec quelle facilité le sel contenu dans ses eaux adhère à tous les corps qu'on y plonge ; ainsi, pour peu qu'on y jette un cercle fait de joncs tressés, on le retire à l'instant changé en une couronne de sel. Il n'est pas jusqu'aux oiseaux qui ne se laissent aisément prendre pour avoir effleuré la surface de ce lac, car on les voit tomber à l'instant sous le poids des cristaux de sel qui se sont attachés à leurs ailes. |