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RUFUS D'ÉPHÈSE.

[I]. DU NOM DES PARTIES DU CORPS HUMAIN.

 

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

RUFUS D'ÉPHÈSE.

[I]. DU NOM DES PARTIES DU CORPS HUMAIN.

 

Qu'apprenez-vous d'abord pour savoir jouer de la lyre? A toucher et à dénommer chacune des cordes. Par quoi débutez-vous dans l'étude de la grammaire? Par connaître et par nommer chaque lettre. De même aussi pour tous les autres arts, on en commence l'apprentissage par la nomenclature : le forgeron, le cordonnier, le charpentier, savent en premier lieu le nom du fer, des instruments et de tous les autres objets qui sont en usage dans le métier. Quant aux arts plus nobles, le premier enseignement ne consiste-t-il pas également dans la nomenclature? En effet, qu'apprend-on d'abord en géométrie? A connaître ce que c'est que le point, la ligne, le plan, la superficie, la figure du triangle, le cercle et autres choses semblables, et à les désigner avec justesse. Voulez-vous, en conséquence, apprendre les sciences médicales en commençant par la nomenclature? Désirez-vous savoir d'abord le nom de toutes les parties du corps, et ensuite celui de toutes les autres choses, suivant que l'exige le sujet dont on s'occupe? Ou bien vous semble-t-il qu'il suffise que je vous montre ce que je dois vous enseigner, comme si vous étiez sourds? Ce procédé ne me semble pas le meilleur; il ne vous permet ni d'apprendre vous-même, ni d'enseigner facilement aux autres. Telle est mon opinion. Si vous regardez cet esclave et si vous écoutez ce que je vais dire, vous mettrez d'abord en votre mémoire le nom des parties apparentes ; ensuite, disséquant l'un des animaux (le singe) qui ressemblent le plus à l'homme, je tâcherai de fixer dans votre esprit la nomenclature des parties internes; car rien n'empêche, bien que tout ne paraisse pas absolument semblable chez l'homme et chez cet animal, de vous faire connaître chaque partie, au moins sommairement. Dans les temps anciens c'est sur l'homme même qu'on enseignait hardiment l'anatomie et avec plus de succès.

Les plus grandes parties du corps sont les suivantes : la tête, le cou, le thorax, les bras et les jambes; car nous appelons thorax (tronc), non seulement l'espace qui s'étend depuis les clavicules jusqu'aux hypocondres, mais tout celui qui est compris entre les clavicules et les parties honteuses. — On appelle chef (tête), soit uniquement la partie recouverte de cheveux, soit à la fois cette partie et la face. Le bregma (sinciput) est la partie antérieure du chevelu; l’inion (occiput, nuque), la partie postérieure; les corses ou crotaphes (tempes) sont les parties qui se trouvent de chaque côté du bregma ; le sommet (vertex) est la région centrale où les cheveux se moulent le plus exactement sur le crâne; la partie située au-dessous du bregma est dite susfaciale (front). On nomme iules (poils follets, favoris) les poils qui poussent près des tempes, et crinière ceux qui descendent en arrière, au niveau de la nuque. Les rides les plus inférieures du front, celles que nous amenons sur les yeux quand nous avons l'attention fixée ou que nous sommes confus, sont désignées par le mot épiscynion. D'autres nomment ainsi la partie charnue qui se voit au-dessous des sourcils. On appelle ophryes (sourcils) les limites extrêmes du front qui sont recouvertes de poils, et mésophrye l'espace qui sépare les sourcils. — Au-dessous des sourcils se trouvent les bléphares (paupières), l'un supérieur, l'autre inférieur. Les poils qui s'en échappent sont les claies ou blépharides (cils). Les rebords par lesquels les paupières se rejoignent quand nous dormons s'appellent couronnes ou branches de tenailles (bords libres, cartilages, tarses). On nomme cyle la surface arrondie de la paupière supérieure. Les extrémités des deux paupières, là où l'on remarque une dépression, se nomment canines (angles de l’œil), le plus grand (grand angle, angle interne) se trouve du côté du nez; le plus petit (petit angle, angle externe), du côté des tempes. — Ce qui occupe le milieu de l'œil est la vue ou poupée (pupille). On appelle brillant l'image qui apparaît dans la pupille, et iris ce qui s'étend de la pupille jusqu'au blanc. Suivant la couleur de l’iris, on dit qu'il est noir, roux, bleuâtre ou brun. La couronne (grande circonférence de l’iris?) entoure le noir et le sépare du blanc. Elle est le cercle et le lien des tuniques de l'œil; la tunique la plus superficielle a deux natures et, par conséquent, elle a deux noms : la partie centrale, qui s'étend jusqu'à [la circonférence de] l'iris, est appelée membrane kérotoïde (cornée transparente), car elle ressemble à de la corne polie; tout le reste, manifestement blanc, est dit membrane blanche (sclérotique), et ne ressemble à la partie centrale ni par sa nature, ni par sa couleur. La membrane appelée épiderme (conjonctive) la revêt dans toute son étendue; chez les jeunes gens, chez les vieillards et dans la chémosis, on voit que, soulevée (?), elle forme un relief d'un jaune foncé. Tout à l'heure, disséquant l'animal qui est sous vos yeux, nous indiquerons quels sont les noms des autres tuniques. — Les parties osseuses qui font saillie au-dessous des yeux sont appelées régions sous-ophtalmiques (bord antérieur du maxillaire supérieur); d'autres les nomment sous-opiques (ψ, regard). Le nez s'étend à partir de la région inter-sourcilière. Les cavités du nez sont appelées, soit canaux d'écoulement, soit émonctoires de la morve, soit, par les Athéniens, myxes. Hippocrate (Mal. II, 19) appelle myxa (morve) l'excrément pituiteux qui s'échappe par les narines, tandis que les Athéniens le désignent par le mot coryza. La substance cartilagineuse qui sépare les deux narines est le diaphragme (cloison) du nez. Les parties osseuses qui, de chaque côté, s'inclinent vers les joues, constituent l’épine du nez; la chair qui, à droite et à gauche, termine l'élévation osseuse, forme les ailes. On meut les ailes dans les fortes dyspnées et aussi au gré de la volonté. La colonne (sous-cloison) est cette partie charnue qui est au-dessous du diaphragme et se dirige sur la lèvre. La petite sphère (lobe ou lobule) est l'extrémité du nez. Le philtre est le sillon qui se voit sur la lèvre supérieure au-dessous de la sous-cloison. La région sous-nasale est toute la partie de la lèvre supérieure qui s'étend au-dessous du nez. — Puis on voit les deux lèvres dont les extrémités s'appellent avant-lèvres (commissures) et la ligne où elles se réunissent avant-bouche. La cavité placée sur la lèvre inférieure est la nymphe. — Le canal des oreilles à l'aide duquel nous entendons est le conduit acoustique; le lobe (lobule) est la partie pendante de l'oreille, la seule qui, suivant Aristote (Hist. des anim. Ι, xi, 1), ait un nom, les autres n'en ayant pas reçu. Toutefois les médecins ont donné des noms à ces autres parties ; ils appellent ailes (partie supérieure du pavillon) la portion large, celle qui est la plus élevée et inclinée; hélix, le rebord qui partant de l'aile circonscrit la périphérie de l'oreille; anthélix, ce qui, à la région médiane, domine la cavité; conque, la cavité qui vient après l'anthélix; tragus, la proéminence placée à l'opposite de la conque sur les limites des tempes; enfin antilobe, l'extrémité un peu hérissée de, l'hélix. — On appelle face toute la portion antérieure de la tête. Les pommes (pommettes) sont les parties qui proéminent au-dessous des yeux et que l'émotion colore en rouge. Après les pommettes viennent les côtés (du visage), ou siagones ou gnathes; ce dernier mot désigne aussi les mâchoires supérieure et inférieure; la pointe de la mâchoire inférieure est appelée soit géneion, soit anthéréôn (menton). La partie charnue qui s'étend sous la même mâchoire est dite leucanie (gouffre, — gorge); d'autres nomment cette région anthéréôn, et leucanie la cavité susclaviculaire. On nomme la première apparition de la barbe au-dessous des tempes iules (poils follets, —favoris), et sur la lèvre supérieure, avant-barbe; les moustaches sont les poils qui ont grandi sur cette lèvre; les pappes sont ceux qui poussent au menton, et les upènes, ceux qui viennent au-dessous de la mâchoire. — Le mot fente (bouche) désigne à la fois l'ouverture antérieure des lèvres et toute la cavité qui, depuis cette ouverture, s'étend jusqu'au pharynx. On remarque entre autres choses dans la bouche les dents, que quelques-uns appellent aussi crantères; les quatre dents antérieures sont les incisives; puis viennent les canines, une de chaque côté; ensuite les molaires ou coins au nombre de cinq de chaque côté ; les dents de sagesse sont les plus internes et les dernières venues des molaires ; on les appelle ainsi parce qu'elles poussent quand le moment est arrivé de prendre de la raison. Telles sont les dents dont la mâchoire supérieure est pourvue ; on en compte autant pour la mâchoire inférieure, et elles portent les mêmes noms. Le frein est la commissure des mâchoires. Les tables (couronnes) constituent la partie plate des molaires. Les mortiers ou rateliers (alvéoles) sont les cavités des mâchoires où s'implantent les dents. Les oules (gencives) sont les chairs qui entourent les racines des dents. La racine (filet, frein) est le point où la langue prend son origine; la portion musculeuse qui est dans la bouche est appelée glosse (langue) ; le col de la langue est ce qui vient après; les parasires sont les parties qui se trouvent de chaque côté de la langue. L’hypoglosse (plancher de la bouche) est la région inférieure; l’épiglosse est la partie intérieure (postérieure); elle retombe sur la bronche (larynx) comme un couvercle, afin que rien n'arrive dans le poumon quand nous buvons ; au contraire, elle s'élève pendant la respiration pour ne pas empêcher l'entrée de l'air. Le ciel ou palais est la voûte de la mâchoire supérieure. La colonne ou gargaréôn (luette) est la production charnue qui pend du palais. Aristote (Histoire des animaux, I, xi, 12) la nomme porte grain de raisin, car il semble qu'un grain de raisin y soit suspendu quand elle est enflammée; il faut appeler raisin (uvule) non la partie elle-même, mais la maladie dont elle est affectée. Le pharynx ou pharygéthron est tout l'espace libre servant à la déglutition. Aussi Homère (Odyss. IX, 373-374) a-t-il dit :

« Du vin et des débris humains s'échappaient du pharynx ; »

ce n'est pas en effet de la trachée-artère et des poumons que le Cyclope vomissait la nourriture et la boisson; c'eût été dire une chose singulièrement inouïe et absurde. Les excroissances charnues et glanduleuses, qui pendent de chaque côté du pharynx sont dites glandes situées de chaque côté de l’isthme, glandes apposées l’une à l’autre, ou pommes. Elles sont au nombre de quatre; deux de chaque côté du sommet de la bronche (larynx) et deux un peu plus bas (amygdales).

Après la tête vient le trachèle (cou), qui porte aussi le nom de diré et d'auchène; l’hypodiris est la terminaison de la partie antérieure du diré. La partie antérieure du cou est la bronche ou trachée-artère, canal à travers lequel nous respirons ; la saillie que forme la bronche est le larynx; on appelle tendons (saillie longitudinale des muscles) la partie postérieure du cou. Quant à la cavité qui se trouve entre les deux clavicules, Homère (Il. XXII, 325) la nomme leucanie (gouffre, — fossette jugulaire) ; mais les médecins la désignent par les mots anti-cardion ou lieu propre à égorger. La région qui des tendons s'étend vers les épaules a reçu le nom de surôme (région cervicale).

On appelle âme la tête du bras (tête de l’humérus), celle qui s'unit à l'omoplate, et aussi toute l'articulation (moignon de l’épaule) ; cotyle de l’ôme la cavité de l'omoplate (cavité glénoïde). Les omoplates sont les os larges couchés sur le dos; la saillie osseuse qui s'élève au milieu de l'omoplate est l’épine. L’acromion est le lien de la clavicule et de l'omoplate. Eudème dit que l'acromion est un petit osselet. Les clefs (clavicules) sont les os placés au-dessous du cou; en s'articulant au sternum, elles empêchent les épaules et les omoplates de se toucher des deux côtés, comme cela a lieu chez les autres animaux, car ils n'ont pas de clavicules; c'est pour cette raison que l'homme est, de tous les animaux, celui qui a la poitrine la plus large. La maschalé (aisselle) est le creux qu'on voit sous le moignon de l'épaule; c'est là où se luxe le plus souvent la tête de l'humérus. Ce n'est pas parler grec que de se servir du mot μάλη, au heu du mot μασχάλη, mais on dit, à propos de quelqu'un qui cache un objet sous l'aisselle : il a quelque chose sous la μάλη. — Le bras (humérus) vient après le moignon de l'épaule; la protubérance arrondie qui se trouve en rapport avec le moignon de l'épaule s'appelle tête du bras (tête de l’humérus) ; la saillie interne qui existe au niveau du coude, et que certains anatomistes, à ce que rapporte Hippocrate (Fract. § 3), regardaient à tort comme une apophyse du cubitus, est aussi une tête du bras. Après le bras se trouve le coude, nom qui désigne à la fois toute l'articulation et l'éminence pointue sur laquelle nous nous appuyons quand nous sommes penchés. Quelques auteurs se servent aussi du mot olécrâne; les Doriens qui habitent la Sicile appellent cette partie cubitus; Epicharme emploie le mot πυβιτίζειν pour désigner l'action de frapper avec le coude. — Des deux os du coude (avant-bras), l'un, l'inférieur, se nomme pêchus (cubitus); l'autre, le supérieur, rayon (radius); ces deux os se terminent au carpe. Au carpe succède le métacarpe ou tarse, partie large et formée d'os liés ensemble; ensuite viennent les dactyles (doigts). Chir est un mot qui désigne aussi bien tout l'ensemble du membre, depuis l'épaule (bras), que l'extrémité à l'aide de laquelle nous saisissons les objets (main). Un des doigts qu'on appelle le grand (pouce) est celui qui est écarté des autres; le premier des quatre qui suivent est le lichanos (indicateur), puis suivent le doigt du milieu (médius), le doigt voisin de celui du milieu (annulaire), enfin le petit doigt (auriculaire). Les os dont les doigts se composent sont appelés petits bâtons et phalanges (phalanges, phalangines, phalangettes); les premières articulations se nomment procondyles (articulations métacarpe-phalangiennes), celles qui suivent, condyles (articulations phalangiennes), et les dernières métacondyles (id.). On appelle racines des ongles les origines des ongles, grains de raisins ou sommets l'extrémité des doigts. Le stèthos (poitrine) est la région charnue qui, après le grand doigt, fait saillie au-dessous du creux de la main. Le thénar est la partie charnue qui sépare le grand doigt de l'indicateur; au-dessous du thénar se trouve le creux de la main; enfin l’hypothénar est la région qui s'étend au-dessous des quatre doigts. Il me semble qu'Hippocrate (Fract. § 4) appelle thénar toute la partie plate de la main (paume).

A partir des clavicules, la région antérieure et moyenne du corps se nomme stèthos (poitrine); le sternum est la partie où aboutissent les côtes. Le nôtos (dos) s'étend en arrière depuis le cou jusqu'au métaphrène; le métaphrène commence où finit le dos, et se prolonge jusqu'à l'osphys (lombes), là où s'insèrent les phrènes (diaphragme) ; on appelle lombes la région qui termine le rachis. Les proéminences charnues qui se voient sur la poitrine sont les mamelles ou tétines; l'extrémité de la mamelle est la papille. Quand, à l'époque de la puberté, les mamelles commencent à grossir, on les appelle fèves, et outres lorsqu'elles sont arrivées atout leur développement; c'est surtout pour les femmes que ces appellations conviennent. On nomme côtes toute la partie qui est placée au-dessous des aisselles, côtes les os, et intercôtes (espaces intercostaux) les espaces qui séparent les os. Les fausses côtes sont celles qui n'arrivent pas immédiatement sur le sternum. La dépression qui existe au-dessous de la poitrine est la louche du ventre; les uns l'appellent procardion et les autres cardia; on nomme cardiogmes ou curdialgies les douleurs qu'on y ressent. Les chondres (cartilages) sont les extrémités des fausses côtes, et les hypocondres les parties musculeuses situées au-dessous des cartilages. — Le ventre ou gaster est ce qui vient après ; l’épigastre est la peau qui recouvre le gaster. L'omphale (ombilic, nombril) est le creux qui occupe le milieu du ventre, là où l'on a coupé les veines qui nourrissent le foetus ; la partie médiane de ce creux est la pointe de l’omphale. La peau qui s'étend au-dessous de l'ombilic est appelée la vieille, attendu que c'est un signe de vieillesse quand elle se ride. La région située au-dessous du nombril se nomme hypogaslre ou êtron; celle qui s'étend de l'hypogastre aux parties génitales est désignée par les mots épision, kêbé ou éphèbéon (pubis). — Quant aux organes génitaux, la partie pendante de ceux des hommes est la tige ou le fil (pénis); la partie non pendante se nomme sous-fil, ou, suivant d'autres, col de la vessie; la ligne médiane se nomme tramis, ou, suivant d'autres, orrhon (raphé). Le gland est l'extrémité dû membre; la posthé (prépuce) est la peau qui recouvre le gland; l’acroposthé est l'extrémité du prépuce. L’urètre, ou conduit urinaire, est le canal par où s'échappe le sperme et l'urine; il ne faut pas se servir du mot uretère pour désigner ce canal, car les uretères sont d'autres conduits, qui portent l'urine des reins dans la vessie. Dans la bourse (scrotum) sont renfermés les jumeaux (testicules); on peut dire indifféremment les jumeaux ou les orchis. On nomme la partie supérieure des testicules tête, la partie inférieure fond. La partie lâche de la bourse est dite, laccopédon. Quand un individu a la bourse toujours relâchée, les Athéniens le désignent par le mot laccoscheas. La région comprise entre les bourses, le col de la vessie et les cuisses, se nomme plichades (périnée). — Quant aux parties honteuses chez la femme, on appelle peigne et, suivant quelques-uns, épision, l'extrémité triangulaire de l'hypogastre (pubis). La fente est l'ouverture des organes génitaux (vulve). La nymphe, ou le myrte, est le petit morceau de chair musculeuse qui pend au milieu; d'autres l'appellent hypodermis, d'autres clitoris, et l'on dit clitoriser pour exprimer l'attouchement lascif de cette partie. Les lèvres de myrte (grandes lèvres) sont les parties charnues qui se détachent de chaque côté; Euryphon les nomme aussi bords escarpés; aujourd'hui on a substitué le mot ailes à l'expression lèvres de myrte, et nymphe à myrte. — On appelle sphondyles (vertèbres) les os du rachis: Homère (II. XXIV, 466) les nomme aussi astragales (dés) ; l'apophyse des vertèbres a reçu le nom d'épine. Le dernier os des lombes est l'os sacré; d'autres le désignent par l'expression sous-spondyle, et on donne le nom de coccyx à l'extrémité de cet os. — Les parties qui descendent au-dessous des côtes sont dites régions flasques et régions vides (cavités iliaques, flancs); viennent ensuite les os des cavités (os des iles), dont les creux sont appelés cotyles (cavités cotyloïdes).

Les parties charnues qui se trouvent après les lombes, et sur lesquelles nous nous asseyons, sont les pyges ou siège (fesses); on les nomme aussi gloutes; au-dessous sont les hypogloutes. — Les bubons (aines) sont les parties antérieures [et supérieures] des cuisses, auprès du pubis. Le mot ischion désigne le nerf (ligament intra-articulaire) qui se fixe dans la cavité cotyloïde, et aussi toute l'articulation. On nomme côtés des cuisses la partie interne des cuisses et intercuisses la région qui [en haut] sépare les deux cuisses. On appelle épigounides (sur-genou) les muscles qui s'implantent sur le genou (m. droit antérieur, triceps crural) ; et épigonatis (sur-genou;—rotule), l'os qui est appliqué sur le genou; Hippocrate (Mochl. § 1), le nomme épimylis. Le genou est l'articulation de la cuisse avec la cnêmé (tibia et jambe); l’ignya (jarret) est la partie postérieure au niveau de laquelle nous fléchissons le genou. Le ventre de la jambe (jumeaux et soléaires) est le grand muscle situé en arrière de la jambe et d'où provient le nerf large qui l'attache au talon (tendon d'Achille). Des deux os de la jambe, l'un, interne, se nomme cnêmé (tibia) ; la face antérieure est dite anticnémion; l'autre os, externe, est appelé rayon (radius); Hérophile nomme rayon la cnêmé. L'extrémité des deux os, au voisinage du pied, sont les maillets (chevilles), et non pas les astragales, comme on le dit à tort; en effet, le pied de l'homme a aussi un astragale sous la cheville, mais cet os n'est pas apparent. La pterna (talon, calcanéum) est la partie postérieure arrondie du pied, tandis qu'on nomme champ ou claie la partie large qui est en avant du talon (partie antérieure de la plante) et poitrine la région inférieure qui vient après la partie concave (partie antérieure de la plante) ; c'est de la poitrine que partent les doigts. Rien n'empêche qu'on ne désigne les doigts du pied (orteils) et leurs parties analogues à celles des doigts de la main, par les mêmes noms que nous avons donnés plus haut (p. 144, fig. 5).

Tels sont, jeune homme, les noms qu'il faut donner aux parties apparentes et aux os sous-jacents; nous tâcherons maintenant, en disséquant notre singe, de vous apprendre la nomenclature des parties internes; le singe, en effet, est de tous les animaux celui qui se rapproche le plus de l'homme par la disposition des os, des muscles, des viscères, des artères, des veines et des nerfs ; viennent ensuite les autres animaux dont le pied est partagé en doigts, puis ceux qui, présentant une double rangée de dents, ont le sabot divisé en deux; les animaux qui n'ont qu'une rangée de dents, et dont le sabot n'est pas divisé, offrent le plus de différence avec l'homme. Si déjà on a nommé quelques parties profondes en même temps que les parties superficielles, il n'est pas nécessaire d'en parler une seconde fois.

Voyez donc d'abord l'enveloppe qui est sous la peau du crâne; elle s'appelle péricrâne; on nomme périoste celle qu'on aperçoit sur les autres os. L'assemblage des os du crâne est désigné par le mot sutures; elles imitent l'engrenage de deux scies; l'une est circulaire et délimite le bregma (sinciput, sut. fronto-pariétale), l’autre, l’occiput (sut. lambdoïde); une troisième partage le sommet de la tête (sut. bipariétale). Il arrive aussi, chez quelques individus, que cette dernière suture, dépassant la suture du bregma, vient jusqu'à la région inter-sourcilière. Les deux dernières sutures se réunissent sous forme d'écaillés (sut. écailleuses) avec les os des crotaphes (os des tempes). Les sutures n'ont pas de noms anciens ; des médecins égyptiens qui savaient mal le grec les ont dénommées, de nos jours, de la manière suivante : coronale la suture du bregma ; lambdoïde (en forme de L), celle de l'occiput; trait d'union, celle qui occupe le milieu de la tête; enfin écailleuses, les sutures des os des tempes. Ces mêmes médecins ont aussi imposé des noms à certaines parties des os de la tête qui étaient restés anonymes ; je ne veux pas passer ces noms sous silence; ils servent à l'explication des traités des médecins d'aujourd'hui. —Le diploé est la partie [spongieuse] qui sépare les deux tables du crâne, et d'où procède le nez. Les pertuis nombreux qui se trouvent au diploé sont appelés trous cribleux (trous de l’ethmoïde) ; c'est à travers ces trous qu'indubitablement se produit l’éternuement et s'échappe le mucus ; on affirme même que c'est par ces pertuis que le souffle arrive au cerveau par la respiration. — Les os qui sont proche des oreilles ont reçu le nom d'os pétreux à cause de leur dureté (temporaux). Il y a aussi, de chaque côté, un os dur, blanc et grand comme la tête du grand doigt de la main, à travers lequel sont percés les conduits acoustiques (rocher). On appelle aussi os pétreux les apophyses qui, se détachant au voisinage de l'occiput, se dirigent en bas (apoph. mastoïde) ; mais c'est à tort qu'on leur a imposé ce nom, car ces apophyses sont creuses, sillonnées par des canaux, et ne sont pas dures, comme leur nom le ferait croire. Les apophyses qui se prolongent des conduits auditifs aux pommettes (os malaires) sont appelées jougs (arcades zygomatiques). — Les muscles (m. crotaphytes ou temporaux) qui remplissent les cavités des crotaphes (os temporaux) sont dits crotaphites; ceux qui se fixent à la mâchoire inférieure sont dits masticateurs (masséters). Les apophyses minces et longues qui descendent vers le pharynx sont appelées apophyses stiloïdes. Eudème les compare à l'éperon du coq, mais il les a laissées sans nom. — Beaucoup de trous traversent le crâne; mais, à l'exception de deux, tous les autres sont anonymes; ces deux on les appelle trous borgnes; encore les médecins ne sont pas d'accord pour déterminer quels trous il faut appeler ainsi : pour les uns, ce sont les deux trous (trous condyloïdiens antérieurs) qui se voient de chaque côté de la plus grande des ouvertures (trou occipital) par laquelle passe la moelle épinière pour se rendre dans le canal vertébral ; pour les autres, au contraire, ce sont les trous qui se trouvent proche des oreilles, non loin en avant de l'articulation de la mâchoire (trou stilo-mastoïdien). Mais ni les uns ni les autres ne sont borgnes de façon à ne pouvoir être traversés : en effet, les premiers débouchent dans le canal rachidien, les seconds, vers les ethmoïdes, et, à travers ces trous, on voit s'échapper des nerfs (grand hypoglosse et nerf facial) dont il sera question dans les dissections. On a cru devoir les appeler borgnes parce qu'ils ne sont pas percés droit. — Dans l'intérieur du crâne est contenu l’encéphale; il est recouvert par les méninges; l'une, plus épaisse, plus résistante, est adhérente à l'os (dure-mère); l'autre, plus mince, mais résistante aussi, quoique à un moindre degré, est étendue sur l'encéphale. La surface supérieure de l'encéphale est dite variqueuse (circonvolutions); sa surface inférieure et postérieure est dite base; le prolongement qui prend naissance à la base est le parencéphale (cervelet); les cavités de l'encéphale ont reçu le nom de ventres (ventricules). La membrane qui revêt intérieurement les ventricules s'appelle tunique chorioïde (toile et plexus chorioïdiens) ; Hérophile l'appelle aussi méninge chorioïde. Les pousses du cerveau sont des nerfs sensitifs et moteurs, à l'aide desquels nous viennent le sentiment et le mouvement volontaire, et par lesquels s'accomplit toute opération du corps. Il y a aussi de ces nerfs qui s'échappent de la moelle épinière et de la méninge qui l'enveloppe. On peut désigner indifféremment sous le nom de moelle dorsale ou de moelle du rachis toute la moelle qui descend à travers les vertèbres. — Des diverses tuniques de l'œil, la première, celle qui est apparente, se nomme semblable à de la corne (cornée) ; quant aux noms des autres, la seconde (m. chorioïde) est appelée semblable à un grain de raisin et semblable au chorion; elle est dite semblable à un grain de raisin, si on considère la partie qui est sous-jacente à la cornée, car elle est, par sa face externe, lisse comme la peau d'un grain de raisin, et, par sa face interne, rugueuse comme l'intérieur de ce même grain; la dénomination, semblable au chorion, appartient à la portion qui tapisse le blanc (sclérotique), attendu qu'elle ressemble, par l'entrelacement des vaisseaux, à la membrane qui entoure le fœtus ; la troisième renferme l’humeur vitrée; son nom ancien est membrane semblable à une toile d'araignée; il lui vient de sa ténuité ; comme Hérophile l'a comparée à un filet ramassé, quelques médecins l'appellent rétiforme (rétine); d'autres l'appellent vitrée à cause de l'humeur qu'elle contient; la quatrième tunique enveloppe l’humeur cristalline; elle était d'abord anonyme, ensuite on l'a nommée lenticulaire, à cause de sa forme, et semblable à du cristal, à cause du liquide qui s'y trouve (capsule du cristallin). —Il me semble qu'Hippocrate (Epid. II, ii, 24) appelle dent la première vertèbre du cou. L'os qui est au-dessous des amygdales et qui embrasse la tête de la trachée (larynx) est appelé par quelques médecins os semblable à l’hypsilon (hyoïde), à cause de la forme qui le fait ressembler à cette lettre; Hérophile le nomme assesseur, parce qu'il se tient auprès des amygdales. L'apophyse de la seconde vertèbre, qui monte en haut et en avant (apoph. odontoïde), est dite apophyse en forme de noyau.

On nomme estomac ou œsophage le canal à travers lequel les aliments et les boissons descendent dans le ventricule. Les nerfs qui l'accompagnent de chaque côté (n. pneumogastriques) sont dits cordons; les autres nerfs sensitifs et fibreux ont également reçu le nom de cordons. On nomme bronche tout le canal de l'artère rugueuse (trachée-artère), et branchies, cavernes ou aortes, les prolongements de la bronche dans le poumon. — Le principe de la chaleur, de la vie et du pouls, est le cœur; on nomme tête du cœur (base) la partie supérieure, fond (pointe) la partie inférieure et pointue, ventres (ventricules), les cavités. La cavité qui a les parois les plus épaisses, et qui est située à gauche, est dite artérieuse (ventricule gauche); celle dont les parois sont plus minces et qui se trouve à droite est dite veineuse (ventricule droit); sa capacité est plus grande que celle de l'autre cavité. Les parties molles et creuses qui se meuvent quand se produit la pulsation de tout le viscère, et qui s'étendent comme des ailes de chaque côté de la tête sont les oreilles du cœur. Le péricarde est la tunique qui enveloppe le cœur. On appelle vides du thorax les cavités formées dans le thorax par l'intersection des membranes (médiastins), et où se logent les poumons. On nomme enveloppantes (plèvres) les membranes qui tapissent les côtés. La cloison qui isole les viscères contenus dans la poitrine de ceux qui sont placés au-dessous est dite diaphragme ou phrènes. — Parmi les glandes, et ce genre est nombreux, les unes sont situées au cou (parotides?), les autres sous les aisselles (glandes axillaires), celles-ci aux aines (glandes inguinales), celles-là dans le mésaréon, (ganglions du mésentère); ce sont des chairs un peu grasses et friables. Le thymus est une de ces glandes ; prenant naissance proche de la tête du cœur, il se dirige vers la septième vertèbre du cou et vers l'extrémité de la bronche qui touche aux poumons ; on ne le rencontre pas chez tous les animaux. —Au-dessous du diaphragme apparaît le gaster; on l'appelle aussi ventre supérieur (estomac) ; le lieu où l'intestin prend son origine se nomme portier (pylore et duodénum); après cela vient l’intestin qui est à jeun (jéjunum), ainsi dénommé parce qu'il est toujours vide d'aliment, l'intestin grêle lui fait suite; cet intestin a deux prolongements : l'un qu'on appelle borgne (cœcum) parce que, en réalité, il n'a qu'une ouverture; l'autre qui se nomme colon ou ventre inférieur, ou, chez Homère (Il. V, 539), niarée (bas-ventre). La membrane qui forme le lien commun de tous les intestins est dite entre-deux des intestins ou entre-deux des rares (mésentère, mésaréon); car autrefois, on appelait ventre rare tout l'ensemble des intestins ; c'est même du souvenir de cette antique appellation que vient notre mot μεσάραιον. Au colon succède l’intestin droit (rectum), qui descend vers le siège et le fondement. La tunique flottante (épiploon) est celle qui, prenant naissance sur la face arrondie de l'estomac, recouvre ce viscère, ainsi qu'une partie des autres intestins. Celle qui part du diaphragme et qui s'étend autour de tous les intestins se nomme membrane tendue tout autour (péritoine). La chair pleine de graisse et glanduleuse que l'on voit couchée au niveau de l'origine des intestins s'appelle toute-chair (pancréas). — A droite de l'estomac se trouve l’hépar (foie). La surface qui touche au diaphragme et au péritoine est dite convexité; celle qui regarde en bas et touche à l'estomac est dite concavité. Sur le grand lobe est couché le vaisseau de la bile (vésicale et canal biliaires); la partie moyenne étroite est le col; la partie inférieure, le fond. La porte du foie est la veine (veine-porte) par où lui arrive la nourriture. Ce que, dans l'inspection des victimes sacrées, on appelle porte, table, épée, ongle, se trouve aussi chez l'homme, mais sous une forme indécise et peu apparente ; il n'importe pas, en médecine, que ces parties reçoivent un nom. Le splen (rate) est situé à gauche de l'estomac; la partie épaisse et la plus élevée de ce viscère s'appelle tête. Au niveau des dernières côtes sont les deux nèphres (reins), d'où s'échappent les deux uretères, qui débouchent dans la vessie. La vessie est la cavité où les reins versent l'uriné à travers les uretères ; puis il y a le col de la vessie, le sous-fil, la tramis, et les autres parties que j'ai déjà énumérées plus haut (p. 146, l. 9).

Les vaisseaux spermatiques sont au nombre de quatre, deux variqueux (canaux déférents) et deux glanduleux (prostates); on les nommait aussi veines génératrices. Les parties des vaisseaux variqueux qui touchent aux didymes (testicules) sont appelées parastates (assesseurs); quelques auteurs ne font pas difficulté d'appeler parastates la totalité de ces vaisseaux. Il convient d'examiner si la nature a pris les mêmes dispositions chez les femelles que chez les mâles ; Hérophile, en effet, est d'avis que les femmes n'ont pas de parastates variqueux; mais, sur l'utérus d'une brebis, nous avons vu, de chaque côté de ce viscère, des vaisseaux variqueux qui s'y insèrent; ils s'ouvraient dans la cavité de l'utérus (trompes de Fallope), et, quand on les comprimait, il s'en échappait un liquide légèrement muqueux; c'était là pour nous une grande présomption que ce sont des vaisseaux spermatiques, de l'espèce des vaisseaux variqueux. Les dissections montreront peut-être ce qui en est. — Les muscles qui s'étendent en dedans (en avant) des lombes sont les psoas; les lombes sont la seule région de tout le rachis qui ait des muscles ainsi disposés (psoas et iliaques). On les appelle aussi tantôt mères des nerfs et tantôt renards. Ce dernier terme est employé dans les Sentences cnidiennes : « S'il existe une néphritis, on la reconnaît à ces signes : que l'urine est épaisse et purulente, et que des douleurs occupent les lombes, les flancs, les aines, le pubis et les renards. » On voit par ce passage qu'il est utile de se familiariser avec cette diversité de nomenclature pour reconnaître les parties ainsi désignées. Clitarque dit, mais à tort, que ce sont les muscles externes du rachis qui sont appelés psoas, mères des nerfs et renards. — Le membre génital de la femme s'appelle mère (matrice) ou hystera (utérus); Hippocrate le nomme parfois delphys (Des Femmes stériles, § 222) ou génitrice. Les prolongements qui montent en haut de chaque côté de l'utérus sont les antennes ou bras de poulpe (cornes; trompes de Fallope); noms qui s'appliquent aussi aux vaisseaux qui le suspendent à l'extérieur (ligaments ronds). La portion moyenne et la plus élevée de l'utérus est le fond; les parties latérales sont les épaules; l'extrémité est l’isthme ou le trachèle (col); enfin l'ouverture du col est l’Orifice antérieur (museau de tanche); Hippocrate le nomme amphidion (Malad. des femmes, § 47) à cause de sa ressemblance avec les cercles de fer qui se trouvent aux charrues. La cavité qui lui fait suite est le sinus féminin (vagin) ; on appelle parties honteuses toute cette cavité, y compris les organes génitaux apparents. — Les testicules sont entourés par des tuniques enferme d'étui et écorchées (v. p. 182-183); un nerf creux se rend aussi à ces organes; on le nomme corde ou crémaster (suspenseur); il s'y rattache encore de petites veines qui portent la nourriture ; on les appelle veines nourricières des testicules.

Quant aux noms des autres veines, pour le dire en général, on appelle proprement veines celles qui ont une tunique mince et qui contiennent du sang; toutes les grandes veines sont dites caves. Plus tard les médecins ont pris l'habitude de nommer particulièrement cave la veine qui, du foie (partie de la v. cave infér.), envoie des prolongements vers les reins, là où, suivant Praxagore, est le point de départ de toutes les fièvres ; ce médecin veut que le nom de cave lui soit exclusivement réservé; mais d'autres appellent aussi cave la veine qui monte au cœur à travers le diaphragme (autre partie de la v. cave infér.); enfin il en est qui donnent le nom d'hépatitis à l'une et à l'autre veine, et de splénitis à celle qui part de la rate. Mais il n'y a pas à la rate comme au foie une veine qui, située à gauche, ait une portion descendante et une portion ascendante; ceux qui disent cela se trompent; les veines qui se dirigent du côté de la rate sont grêles et se terminent à ce viscère. Philistion, médecin d'Italie, se conformant au langage des Doriens qui habitent ce pays, appelle aigles certaines veines qui se dirigent vers la tête le long des tempes (branches de la jugulaire externe), Hippocrate nomme dracontides (petits dragons) les veines qui s'élèvent en ligne droite du cœur. Hérophile désigne par les mots veine artérieuse (artère pulmonaire) le vaisseau très grand et très épais qui se porte du cœur au poumon ; car, dans les poumons, les choses se passent autrement que dans les autres parties. Les veines y sont résistantes et se rapprochent de la nature des artères, tandis que les artères y sont faibles et se rapprochent de la nature des veines. Denys, fils d'Oxymaque, s'est servi le premier, à ma connaissance, du mot épanthisme; et Eudème dit qu'on appelait les veines épanthismes. Mais je crois que Denys a ainsi dénommé, non pas une veine, mais quelque chose qui y ressemblait, par exemple, un réceptacle accidentel de sang. Il le prouve en employant souvent dans la même phrase les mots veine, épanthisme et artère, et il n'eût pas parlé ainsi, s'il n'y avait aucune différence entre l’épantliisme et la veine ; du moins, si épanthisme et veine sont même chose, Denys pensait qu'il en est autrement et écrivait en conséquence. —Très anciennement on appelait les artères veines; et, quand on disait que les veines battaient on voulait parler des artères, car battre est l'office des artères; on les nommait aussi aortes (suspenseurs), vaisseaux pneumatiques, cavernes, cavités et nerfs. Aristote (Hist. des anim. III, iii, 7) désigne particulièrement sous le nom d'aorte la plus grande des artères, celle qui descend le long du rachis; Praxagore a coutume de l'appeler l’épaisse. On a autrefois appliqué le nom d'assoupissants (carotides) aux vaisseaux qui montent à travers le cou, parce qu'en les comprimant, on produit l'assoupissement et l'aphonie; mais on sait aujourd'hui que ces symptômes résultent de la compression des nerfs et non pas de celle des vaisseaux, de sorte qu'on ne ferait pas mal si on pensait devoir changer ce nom. — Parmi les nerfs qui proviennent du cerveau et de la moelle épinière, les uns actifs (moteurs) ou sensitifs sont dits volontaires et cordons; les autres, qui entourent les articulations, sont appelés ligaments. Les faisceaux épais qui s'étendent depuis la nuque, et celui qui, s'échappant du muscle (soléaire, jumeaux), se fixe au talon (tendon d'Achille), sont appelés tendons. — Le cartilage est la substance blanche plus dure que n'est celle des nerfs, et qui revêt l'extrémité des articulations. — On nomme membranes les enveloppes minces, tuniques les enveloppes épaisses. — La graisse est la partie coagulée la plus onctueuse de l'aliment. — La chair est la partie solidifiée qui, dans les viscères, se trouve entre les vaisseaux ; c'est en même temps un certain tissu et un moyen de remplissage entre les mailles des vaisseaux, afin qu'il n'y ait point de vide entre eux ; puis il y a la chair des muscles, fibreuse et résistante ; enfin celle qui se forme sur les plaies ou qu'on trouve dans les cavités des os est une coagulation. — La moelle contenue dans le rachis s'appelle moelle rachidienne, et au dos, moelle dorsale; la méninge qui la revêt est dite méninge dorsale; la moelle renfermée dans le crâne est nommée encéphale; celle des autres os a reçu le nom de moelle osseuse, qu'elle se trouve soit dans de grandes cavités, à la cuisse et au bras, par exemple, soit dans de petites cavernes, comme aux côtes et à la clavicule.

Le sang est l'humeur la plus chaude et d'un jaune foncé. — Le phlegme est l’excrément blanc, épais, légèrement salé. Quand il se dessèche on le nomme phlegme noir. — La bile est dite jaune quand il s'agit de l'excrément amer et jaune; porracée, s'il est aigre et un peu jaune; érugineuse, s'il est très foncé et sans mélange; noire quand il est le dépôt du sang.

Quelques médecins appellent bile noire le sang noir. — Les autres excréments sont : la salive, liquide de la bouche ; le mucus, superfluité salée du cerveau; la sueur, sécrétion humide de tout le corps; l’urine, humeur sadique qui se rend dans la vessie; les vents, flatulences superflues qui se forment dans les intestins; la cypsèle (cérumen), crasse formée dans les oreilles; l’éruption mensuelle, écoulement sanguin qui se produit chaque mois chez les femmes; quand cet écoulement est blanc on l'appelle flux et non pas éruption mensuelle. Le lait est le liquide contenu dans les mamelles et provenant de la coction de l'aliment. Sperme, thore et géniture, désignent la liqueur prolifique contenue dans les parastates et résultant de la coction simultanée du pneuma et de l'aliment. — Praxagore désigne les humeurs d'une façon particulière ; il les appelle : douces, bien tempérées, vitreuses, en s'en rapportant aux apparences extérieures du phlegme; aigres, sodiques, salées, amères, en tenant compte de la saveur; porracées, eu égard à la couleur; semblables à du jaune d'œuf, en considérant la consistance ; corrosives, parce qu'elles portent à se gratter; stagnantes, celles qui restent dans les vaisseaux et ne transsudent pas à travers les chairs, attendu que les humeurs stagnantes sont ténues et demeurent dans les veines. En général, Praxagore applique l'expression chyme à toute espèce de liquide, tandis que Mnésithée emploie dans ce cas le mot chyle (suc), et il réserve le mot chyme pour indiquer une qualité sapide, qu'il s'agisse de solides ou de liquides. — Zénon assure que la chaleur et le pneuma sont même chose; les médecins font une distinction: ils appellent pneuma l'air qui est respiré, et chaleur ce qui résulte du frottement du pneuma; d'autres prétendent que la chaleur est un certain principe de la vie.

Le fœtus est enveloppé de membranes, d'abord d'une membrane mince et molle; Empédocle l'appelle amnios; c'est de là, ce me semble, que la déesse Ilithyie a pris le surnom d'Amnias, et non pas du nom d'un port de Crète. En disséquant cette tunique nous l'avons trouvée pleine d'un liquide beaucoup plus limpide que celui qui est renfermé dans le chorion; ce liquide semblait à qui réfléchissait, comme la sueur du fœtus ; nous reconnaissions aussi que, par l’ouraque (conduit de l’urine), une humeur semblable à l'urine arrivait dans le chorion. L'amnios recouvrait immédiatement le fœtus, tandis que le chorion apparaissait comme une membrane externe, rugueuse, tissée de veines et qui se trouvait en rapport avec les parois de l'utérus. Du chorion partait l’omphale (cordon ombilical), composé de deux veines, de deux artères (veines et artères ombilicales) et d'un cinquième vaisseau qu'on appelle l’ouraque, vaisseau court qui communique, par deux ouvertures, avec le fond de la vessie et avec le chorion.

Telle est la nomenclature de la plupart des parties du corps de l'homme ; si on en a omis quelques-unes, il ne serait pas juste de tenir en mépris la somme considérable de connaissances acquises, à cause de quelques petites choses qui auraient passé inaperçues.