Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer
Revue des Etudes Grecques, 1920
UNE TRADUCTION FRANÇAISE DU
DE
Emile Renauld.
Le dialogue qui a pour titre Τιμόθεος ἢ περὶ ἐνεργείας δαιμόνων[1] (De operatione Daemonum) est sans contredit un des ouvrages les plus instructifs et les mieux écrits qui soient sortis de la plume du polygraphe byzantin Michel Psellos.
Publié pour la première fois en grec par Gilbert Gaulmin, en 1615, à Paris, avec une version latine de Pierre Moreau et des notes, il a été successivement réédité par Boissonade (édition critique avec notes, dans le recueil d'opuscules de Psellos intitulé Ψελλός. Michael Psellus. De operatione Daemonum dialogus, Nuremberg, 1838), et par Migne (réimp. de l'éd. Gaulmin, dans le tome CXXII de la Patrologie grecque-latine, Pans, 1864).
Composé à la manière de Platon, ce dialogue offre ce double intérêt qu’il constitue, pour l'histoire ecclésiastique, un des documents les plus précieux sur l'hérésie des Euchites,[2] et, pour l’histoire littéraire, un des modèles les plus achevés de la langue byzantine.[3]
Quels services une bonne traduction française de cet ouvrage ne rendrait-elle pas aux érudits !
Or, cette traduction existe. Mais, publiée en un volume depuis longtemps épuisé, elle est devenue introuvable en librairie, il n'en reste plus, à notre connaissance, que quelques exemplaires, dont l'un, par bonheur, figure à la Bibliothèque nationale, sous la cote R. 9. 524. C'est cette traduction que nous redonnons à la publicité.[4]
Son auteur est un savant de la Renaissance, du nom de Pierre Moreau, celui-là même qui, quelques années plus tard, devait donner la version latine[5] utilisée par Gaulmin (cf. Supra, et elle est datée de l’an 1573.)
Quel est ce Pierre Moreau ? Les renseignements que nous possédons sur sa personne sont des plus succincts. « Traduit par Pierre Moreau, Touranio », est-il dit en frontispice. Le personnage ne nous est pas autrement connu.[6] Etait-il moine ou laïc? Moine, peut-être; en tout cas, bon catholique et bon helléniste,[7] qui entreprit son travail à la demande du chanoine Jean de Saint-André, de la cathédrale de Paris, sans doute par devoir de religion, afin de fournir à ses coreligionnaires un argument contre les protestants, alors accusés de maléfices identiques à ceux des Euchites, mais aussi, il est permis de le croire, par dilettantisme d'humaniste,[8] désireux de populariser une œuvre dont il goûtait pleinement la finesse et le charme.
Toujours est-il qu'entre toutes les traductions d'ouvrages grecs dont la Renaissance nous a légué le précieux héritage, celle du Περὶ ἐνεργείας δαιμόνων de Psellos par Pierre Moreau se recommande d'une manière toute particulière à l'attention.
Certes, elle n'est pas absolument irréprochable au point de vue de l'exactitude.[9] Une critique attentive y peut relever quelques contresens, d'ailleurs sans gravité et imputables, pour une part, à des bévues typographiques.[10] Généralement serrée, précise et complète,[11] elle présente, dans la saveur de la langue du xvie siècle, une propriété de termes et une pureté de langage qui étonnent et ravissent le lecteur. L'aisance du style, la grâce et le naturel, la vivacité et la bonhomie de l'expression y ajoutent, comme chez Amyot, un charme inexprimable. Or la souplesse et la grâce sont précisément les qualités que le savant Psellos, ingénieux imitateur de Platon, s'est le plus attaché à répandre dans son Dialogue. Mais Psellos aussi, ne l'oublions pas, réalise un des types les plus parfaits de ces écrivains communément appelés atticistes, que l'influence de la seconde sophistique tourna vers la prose d'art. Séduit par les artifices de ce style, le traducteur aurait-il, à son tour, visé au pittoresque, à l'inattendu? Aurait-il vu dans la redondance une forme nécessaire de la précision? Le reproche le plus sérieux que l'on puisse faire à sa version serait d'avoir, dans un culte excessif de la joliesse du style, allongé sa phrase d'épithètes[12] et de comparaisons[13] fort piquantes, à la vérité, mais dont le charme, ne saurait faire oublier le caractère paraphrastique.[14] Ces réserves faites, il reste que la traduction de Pierre Moreau est d'une remarquable fidélité aux idées et au style de l'écrivain grec, et que, parée d'élégance et de facilité, elle est de celles qui donnent avec le plus de bonheur l'impression de l’originalité.[15] Nous n'aurons pas perdu notre temps à la rendre à la lumière, si jamais elle incite le lecteur à se reporter au texte même de Psellos et à savourer dans sa grâce un peu apprêtée l'atticisme aimable du Περὶ ἐνεργείας δαιμόνων.
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Le volume a pour titre :
Traité par Dialogue de l'énergie ou opération des diables, traduit en Français du Grec, de Michel Psellus poète et philosophe, précepteur de l'empereur surnommé Parapinace ou Affamé, environ l'an de grâce 1050.
Avec les chapitres XXXIV et XXXVI du quatrième livre du Trésor de la foy Catholique, du vénérable Nicétas de Colosses en Asie, èsquels sont déduits et confutés les principaux articles des Hérétiques, Manichiens, Euchites ou Enthusiastes,
par Pierre Moreau Touranio,
de la Bibliothèque de M. de Saint-André,
à Paris.
Chez Guillaume Chaudière, rue Saint-Jacques, à l'enseigne du Temps et de l'Homme Sauvage.
Par Privilège du Roy.[16]
Le volume contient :
1. Une Préface du Livre de Michel Psellus, traitant des Opérations des Démons, dédié à très entier et très docte homme Jean de Saint-André, chanoine de l'Eglise cathédrale de Paris, mise en latin par F. François Feu-Ardent, Docteur théologien,[17] et faite Française par F. P. G., tous deux Cordeliers.[18]
2. Une Métaphrase sur certains vers Grecs de l'interprète Latin et Français du présent dialogue de Psellus.
3. Une Fable des chapitres et contenu du présent Dialogue.
4. Le Dialogue même, ainsi présenté :
Traite par dialogue de l'Opération des Diables. Contre les Manichiens, Euchites, Enthusiastes et autres hérétiques démoniaques. Traduit du grec de Michel Pselle, Poète et Philosophe grec.
Les personnages. Timothée, Moine. Et le Capitaine de Thrace, Inquisiteur de la foy.[19]
Timothée.— Y a longtemps y a, p1v°[21] Monsieur le Capitaine de Thrace, que ne vîntes à Constantinople.
Le Capitaine de Thrace. — Longtemps y a, Timothée, mon ami, d'autant que j'ai été absent de celle ville deux ans, et plus.
Tim. —·En quel lieu, je vous prie, et pour quelles faciendes,[22] avez-vous fait si long séjour ?
Le Cap. — Pour satisfaire à votre demande, serait requis un discours plus long que l'heure présente ne permet. Car je serai forcé de tistre[23] un aussi long narré,[24] qu'est l'apologue d'Alcin (comme on dit), s'il me convient discourir[25] toutes les p2r° traverses qu'ai encourues et souffertes en la compagnie de certains forfantes[26] hérétiques, lesquels on appelle vulgairement Euchites et Enthousiastes. Avez-vous point ouï parler d'eux?
Tim. — J'entends bien qu'il y a certains apostats ennemis de Dieu, détestables à bon droit, lesquels hantent et connillent[27] au milieu d'entre nous, qui sommes, comme monnaie de Dieu, marqués du sacré caractère de prêtrise. Mais quant est[28] des articles de leur hérésie, de leurs coutumes, lois et façons de vivre soit en faits on en dits, je n'ai encore pu en être aucunement informé. Et vous prie me discourir[29] au long tout ce qu'en saurez, s'il vous plaît tant me gratifier, qui p2v° suis votre ancien compagnon et d'abondant[30] votre ami.
Le Cap. ·— Je vous prie, Timothée, laissez-moi en paix. Car il faut nécessairement que le cerveau me vire[31] en la tête, si je veux raconter opinions tant exécrables et œuvres tant diaboliques. Et quant à votre respect,[32] vous n'aurez grand acquit[33] à ouïr telles fadaises. Car si ainsi est, que la parole, comme dit Simonides, est l'image et le portrait des choses, de façon que celle-là est utile et profitable, laquelle on dit et profère de[34] choses utiles et importantes, et, au rebours aussi, celle qui n'est telle ne vaut rien : quel profit remporterez-vous, si j'ordis[35] et commence un si vilain p3r° portrait de puantes et abominables paroles ?
Tim. — Véritablement, Capitaine mon ami, le profit qu'en remporterai ne sera petit, puisque la connaissance des drogues vénéneuses et mortelles n'est inutile aux médecins, de peur qu'aucun[36] ne s'ahurte[37] à quelqu'une d'icelles,[38] dont[39] il soit en danger, à fin que je laisse[40] à vous dire, qu'aucunes[41] d'icelles ne sont inutiles. Par quoi de ces deux choses-ci l'une nous adviendra : c'est que ou nous remporterons quelque profit de ce devis,[42] ou bien, s'il y a quelque chose qui bâte[43] mal, nous nous en garderons.
Le Cap.—· Or sus donc, de par Dieu,[44] vous orrez[45] et entendrez, comme dit p3v° le poète, des choses qui, bien que véritables, ne sont toutefois les plus agréables du monde. Que si en ce discours est faite mention de quelque acte sale et déshonnête, ne vous en fâchez, et n'en jetez pas le blâme sur moi, qui n'en suis que le truchement,[46] ains[47] comme de raison, sur les vilains pouacres,[48] qui font tels actes.
Cette maudite et malheureuse hérésie a eu ses prémices de p4r° l'enragé Manès, chef des Manichéens. Car d'icelui[49] comme d'une puante fontaine, ces malheureux Euchites ont déduit et extrait leur pluralité de principes ou commencements. Or ce maudit, damné Manichéen a dit qu'il y a deux principes de toutes choses; qui sont contrecarrant[50] et opposant un Dieu à l'autre : le créateur de vice et de mal, au créateur de tous biens; le prince de tous les péchés qui se font sur terre, au bon Prince des deux. Mais ces diables d'Euchites ont encore ajouté de surcroît un tiers principe. Car ils disent qu'il y a un père et deux p4v° enfants, principes anciens et nouveaux. Ils attribuent au Père celles choses seulement qui sont au-dessus de tout, le monde ; à l’enfant puîné, les choses célestes, et à l'aîné, le gouvernement des mondaines et temporelles. Ce que ne diffère en rien de la fable et fiction des poètes païens, comme il appert par ce vers ennuyant,[51]
Tout cet univers fut en trois lots divisé.
Or ces pouacres et pourris en leurs entendements, après avoir supposé, pour appui de leur hérésie, un soubassement si pourri, s'entraccordent seulement en cela, quant au reste, ils ont trois diverses opinions. D'autant que les uns adorent les deux enfants. Car p5r° bien qu'ils soient, disent-ils, maintenant différents, si faut-il pourtant les adorer tous deux, comme ceux, qui, pour être d'un même père issus, se pourront rallier à l'avenir. Les autres adorent le puîné, comme prince de la meilleure et souveraine partie, et ce, sans déshonorer l'aîné, de façon, toutefois, qu'ils se gardent de lui, comme de celui qui leur peut nuire. Les autres, qui sont les plus méchants d'entre eux, abandonnent entièrement le céleste et croient tout seulement au terrestre Satanaki:[52] pour lequel honorer par les plus beaux noms et titres excellents, ils l'appellent le premier né étranger du père et créateur mortel et pernicieux des p5v° arbres, herbes, bêtes et autres corps composés; et pour lui faire encore plus grand honneur, hélas bon Dieu ! quantes[53] injures ils debaquent[54] contre le céleste ! Ils disent qu'il est envieux, et qu'à grand tort il en veut à son frère qui toutefois gouverne fort bien ce qui est sur la terre, et que, crevé de dépit, il envoie les tremblements de terre, les grêles et les famines. Pour laquelle cause, ils le maudissent en toutes sortes, voire de la plus griève[55] malédiction et aggrave[56] qu'ils sachent,
Tim. — Par quelle raison, Capitaine, se persuadent-ils qu'il faille croire et confesser que Satanaki soit fils de Dieu ? Vu que les divins oracles et prophéties témoignent en trois endroits des Saintes Ecritures, qu'il y a un seul fils; et que Saint Jean, qui reposa sur la poitrine du Sauveur, s'écrie ès[57] sacrés p6v° Evangiles, parlant de Dieu Verbe « Gloire, comme du Fils unique, provenant du Père[58] ». Quelle occasion les a donc poussés en si grave erreur?
Le Cap. —Quelle autre, Timothée, sinon que le prince de mensonge, se vantant soi-même en cette manière, abuse les esprits et entendements de ces grosses pécores?[59] Car celui qui se vante qu'il mettra son siège au-dessus des nues, et se jacte[60] qu'il sera semblable au Très-Haut, et pour cette cause est tombé et devenu ténèbres : celui-là même s'apparaissant à[61] ces pauvres abusés, se dit, être le fils premier né de Dieu, et créateur de toutes choses qui sont sur la terre, et qu'il fait de tout ce qui est au monde selon son plaisir, et par p7r° telle et tant subtile ruse, s'insinuant ès cœurs de chacun d'entre eux, il trompe ainsi ces pauvres lourdauds et hébétés, qui devraient plutôt (considérant en eux-mêmes que ce beau Satanaki est un éventé et prince de mensonge), ils devraient, dis-je, se moquer et faire la nique à ce gentil affronteur[62] et séducteur. Mais ils ne font ainsi : ains ils croient à tout ce qu'il leur dit, et sont menés çà et là, comme bœufs par le mouffle.[63] Dea,[64] si[65] pouvaient-ils en peu de temps découvrir ce beau meilleur, et vendeur de happelourdes.[66] Car s’ils lui eussent demandé l'effet et exécution de ces tant belles et mirifiques promesses, ils n'eussent à chef de pièce[67] trouvé p7v° autre chose de lui, sinon qu'il est semblable à l'âne humain, vêtu de la peau d'un lion, qui, ricanant au lieu de rugir, se fût lui-même à son cri découvert : mais ores,[68] comme aveugles et, sourds, et du tout[69] dépourvus de bon entendement, ne reconnaissent un seul créateur, par l'alliance et accord mutuel des choses qui sont, et n'oyent[70] ni entendent l'Écriture Sainte, qui dit et atteste cela même, n'éprouvent aussi au niveau de raison et ne considèrent, que s'il y avait deux divers créateurs des choses qui sont, toutes les choses du monde ne seraient conjointes ni alliées l'une à l'autre en si bel ordre, harmonie et union. Qui plus est, les ânes et les bœufs, p8r° comme dit le prophète Isaïe, n'ignorent point la crèche, ni le maître ou pasteur qui les nourrit. Mais ceux-ci ont abandonné leur Seigneur, et ont choisi pour leur Dieu la plus vile et ignominieuse créature qui soit, de façon que, semblables aux petits moucherons, ils se brûlent et grillent eux-mêmes au feu, qui piéçà[71] est préparé à leur Dieu, c'est-à-dire au diable Satanaki, et à tous ses confrères apostats.
Tim. — Or que gagnent-ils d'abjurer le service divin reçu de leurs p8v° pères, pour courir à bride avallée[72] à manifeste et indubitable ruine et perdition?
Le Cap. — Je ne sais moi qu'ils gagnent;[73] je crois que rien. Car bien que les diables promettent donner or et argent, possessions et honneurs, et dignités entre les hommes, si[74] est-ce qu'ils ne les peuvent donner, vu qu'ils n'en ont rien en leur puissance : trop bien font-ils souvent apparaître à leurs suppôts et jurés je ne sais quels fantômes ou illusions et faux miracles, que ces forfantes maudits de Dieu appellent Theopties, c'est-à-dire visions p9r° de Dieu, desquelles si quelques-uns veulent être spectateurs, hélas, hélas! combien de vilenies, combien d'exécrables abominations sont là faites! Car ils réprouvent et rejettent, comme forcenés et enragés, toute doctrine que nous tenons pour bonne et catholique, et toute œuvre de miséricorde. Quoi plus? Ils abolissent sous le-pied les lois naturelles mêmes. Et qui voudrait-il[75] voir par écrit telles forfanteries[76] et abominations, je ne sache homme qui eût le cœur de les écrire, n'était un seul Archiloque confit en langage farci d'injures et exécrations. Si pensé-je toutefois, que si le vilain était survivant, il récuserait[77] à écrire et mentionner p9v° orgies ou sacrifices tant exécrables ou abominables, qui ne se font en lieu qui soit[78] entre Grecs ni Barbares. Car en quel lieu, je vous prie, en quel temps et de qui a l'on ouy[79] ni entendu que l'homme, qui est un animal vénérable et sacré, goutât d'aucun excrément, ni humide, ni sec? Ce qu'à mon avis les cités les plus farouches et sauvages du monde n'oseraient attenter.[80] Et toutefois ces diables damnés en goûtent au commencement de leur abominable sabbat.
Tim. — Pour quelle cause, mon capitaine?
Le Cap. — Quant est de[81] leur exécrable sacrifice, mon ami, je m'en rapporte à ceux qui le font. Quant est de moi, bien que je m'en sois par plusieurs fois p10r° enquis, si[82] est-ce toutefois, qu'ils ne m'Ont fait ni donné aucune réponse, sinon que les diables sont fort familiers et affables à ceux qui participent à la communion de tels gadouars.[83] Et en cet endroit ne me semblent avoir menti, bien qu'en tous autres ils ne sachent dire un mot de vérité. Car il n'y a morceau plus friand au goût de ces esprits malins, que d'affaisser[84] et précipiter en telle et tant puante abomination l'homme, auquel ils portent envie pour ce qu'ils le voient décoré et ennobli de l'image de Dieu. Voilà l'effet et accomplissement de leur ignorante bêtise, lequel non seulement est commun aux chefs et auteurs principaux de leur hérésie, qu'ils p10v° osent trop impunément appeler Apôtres, ains aussi aux Euchites et aux Gnostes. Quant est de leur sacrifice mystique, ô Verbe de Dieu qui nous délivres du mal, par quelles paroles le pourrait-on exprimer? De ma part, je vous jure par la sainte vergoigne,[85] que j'ai honte d’en dire et proférer un seul mot de ma langue. Et très volontiers m'abstiendrais-je entièrement.[86] Mais puisque, vous m'avez prévenu et anticipé de prière, ami Timothée, et obtenu cela de moi, j'en parlerai quelque peu, laissant en l'arrière-boutique toutes les plus grandes et plus sales vilenies, de peur que je ne semble aussi vouloir, comme sur un échafaud,[87] jouer quelque p11r° sanglante tragédie.
Sur le soir, environ l'heure qu'on allume les cierges, lorsque nous célébrons la salutaire passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, ils assemblent en quelque logis à ce destiné les jeunes filles instruites en leur catéchisme, puis éteignent les chandelles, de peur que la lumière ne soit témoin de leur abomination, et alors se jettent lubriquement sur les filles, quiconque soit celle qui p11v° première tombe ès mains d'un chacun d'entre eux, soit-elle sa sœur, soit-elle sa fille. Car il leur est avis qu'en cela il font chose très agréable et plaisante aux diables, s'ils transgressent les lois et ordonnances de Dieu, par lesquelles tous mariages de consanguinité sont défendus. et lors ce beau sacrifice parachevé, ils se retirent chacun chez soi, et après avoir attendu le terme ordinaire de neuf mois, étant échu le temps d'enfanter ces enfants exécrables conçus de tant exécrable semence, ils se rassemblent au même lieu. Puis le quatrième jour après l'enfantement, ils vous arrachent ces misérables d'entre les bras de leurs mères, puis incisant et p12r° scarifiant[88] tout autour ces petits tendrons[89] avec rasoirs bien affilés, ils reçoivent en certaines fioles on boucalz[90] le sang qui en dégoutte et ruisselle de toutes parts : cela fait, jettent au feu ces pauvrets encore pantelants et haletants, et là les font brûler et consumer. Puis ils détrempent les cendres avec le sang contenu et réservées[91] dites fioles, et ainsi pétrissent et composent je ne sais quelle abominable drogue de laquelle par après celéement[92] ils souillent et honnissent[93] leurs viandes et breuvages, comme ceux qui mixtionnent le poison avec le mélicrat[94] ou quelque autre breuvage doux, comme hypocras, puis participent tous ensemble à ce banquet p12v° diabolique, tant eux que tous autres enfarinés et ensorcelés de même eux,[95] et qui ne prennent garde au boucon[96] caché sous cette amorce.
Tim. — Que veulent-ils dire par cette corruption tant abominable ?
Le Cap. — Ils se persuadent, cher ami, que par ce moyen les marques divines qui sont imprimées en nos âmes se perdent et s'effacent. Car tant que lesdites marques restent entières en nos âmes, comme, panonçaux[97] royaux, fichés et attachés en quelque logis, cette nation diabolique tremble toute de peur, et se départ.[98] Or donc afin que les diables se puissent camper en leurs âmes, les pauvres fols par telles abominations ne font p13r° conscience de[99] chasser ces marques divines et faire un échange. Dieu sait quel : et ne veulent seuls acquérir ce malheur; ains[100] pour en attirer d'autres malavisés au même piège, ces malheureux damnés lâchent à séduire les gens de bien et fermes catholiques,[101] et secrètement les festoient[102] de ces merveilleuses viandes, leur préparant un tel banquet que fit Tanlalus, alors qu'il occit et fit rôtir Pélops son propre enfant, afin de festoyer Jupiter et autres dieux.
Tim. — Bah! Capitaine mon ami, c'est cela même que jadis mon bon aïeul paternel me prédisait. Car icelui[105] étant quelquefois[106] tout fâché et mélancolique[107] dont[108] toutes bonnes choses, et principalement les arts libéraux et lettres humaines, s'en allaient en décadence, je lui demandai lors s'il serait p14r° point possible les remettre sus[109] quelque jour, et y étudier plus qu'auparavant. Alors ce bon vieillard, et qui par la vivacité de son esprit prévoyait plusieurs choses à venir, me mit tout bellement la main sur la tête, puis jetant un grand soupir : « Mon cher enfant, dit-il, mon mignon, pensez-vous que l'étude des lettres ni autre bonne chose puisse être en vogue dorénavant? Le temps s'approche fort, où les hommes vivront plus bestialement que les bêtes mêmes. Car le règne de l'Antéchrist est déjà à nos portes, et faut que pour avant-coureurs plusieurs maux précèdent son avènement, comme méchantes et abominables hérésies, et lesquels maux ne seront guère moindres que ceux p14v° lesquels jadis on faisait aux Bacchanales, et ceux desquels les Grecs ont fait et composé maintes Tragédies, comme d'un Saturne, ou Thyeste, ou Tantale, qui tue ses propres enfants, un Œdipe, qui connaît charnellement sa mère, et un Cinyras sa fille. Certainement ces exécrables malheurs prendront pied et auront cours en notre République. Mais avisez-y, mon enfant, et vous gardez bien! Car vous savez, vous savez, dis-je, bien, que non seulement le rude et ignare populace,[110] mais aussi plusieurs hommes doctes adhéreront à telles méchancetés. » Voilà ce que mon bon aïeul me prédisait, et depuis ce temps-là jusques à maintenant, p15r° quand je réduis à mémoire[111] les propos qu'il me tenait, je ne puis n'admirer[112] ce que me dites présentement.
Le Cap. — C'est bien raison que vous vous en émerveilliez, Timothée. Car bien que ès[113] Hyperborées ou pays de Septentrion y ait plusieurs farouches nations, et plusieurs, comme on lit aux histoires, aient été ès plagues[114] de Libye et de ses Syrtes, toutefois vous ne trouverez point qu'il y ait eu aucune telle méchanceté ni ès[115] peuples susdits, ni ès Celtes ou Gaulois, ni en toutes les plus étranges et barbares nations voisines et limitrophes de la Grande Bretagne.[116]
Tim. — Véritablement, Capitaine, c'est un grand malheur, si telle abomination a pris pied en notre Empire: toutefois laissez-là tels malheureux périr malheureusement en leurs méchancetés. Quant à moi, longtemps y a, que touchant les diables un doute et merveilleux scrupule me ronge et tourmente le cerveau, pour plusieurs autres points, et principalement à sçavoir-mon[117] si les diables p16r° apparaissent visiblement· à ces malheureux.
Le Cap. — Et dea, mon ami, tout leur dessein, leur assemblée, leur sacrifice et cérémonie ne tendent à autre fin. Ils s'abandonnent à toute abomination, à ce qu'ils puissent acconsuyvre[118] telles apparitions.
Tim. — Puisque les diables n'ont aucun corps, comment est-il possible qu'ils s'apparaissent[119] aux yeux extérieurs ou corporels?
Le Cap. — Ha, mon bon ami, cette légion diabolique n'est pas sans corps: elle en a indubitablement, et hante les corps, comme on peut apprendre par la lecture même de nos Docteurs et Pères vénérables, si on lit diligemment leurs écrits. Et peut-on entendre p16v° plusieurs soi disant avoir eu telles apparitions en corps.[120] Même Saint Basile spectateur d'essences invisibles, et à nous inconnues, soutient fort et ferme que non seulement les diables, mais aussi les saints Anges de Dieu ont des corps, qui sont légers, subtils, et simples comme esprits. Et pour témoin de son dire produit le paragon[121] des Prophètes David, qui parlant de Dieu dit ainsi : « Lequel fait des esprits ses Anges et ses ministres flamboyants. » Et faut nécessairement qu'ainsi soit. Car les ministres et esprits envoyés en leur charge et gouvernement, comme démontre Saint Paul, avaient besoin de quelque corps, à fin de se mouvoir, arrêter et p17r° apparaître. Car ces choses ne sont point possibles autrement, ains elles se font au moyen de quelque corps.[122]
Tim. — Comment donc est-ce qu'en plusieurs lieux de l'Écriture ils sont louanges et célébrés comme incorporels?
Le Cap. — La coutume de nos auteurs, tant sacrés que profanes, voire tous les plus anciens, est appeler corporels les corps plus gros et massifs; mais celui qui est si subtil, qu'on ne peut voir ni toucher, non seulement nos docteurs, mais aussi plusieurs philosophes ethniques[123] et païens l'appellent incorporel.
Tim. — Mais quoi? Ce corps angélique est-il semblable au diabolique ?
Le Cap. — Ah, ne dites pas ainsi, car il y a bien différence : d'autant que, pour la cliquante[124] et merveilleuse clarté qui sort du corps angélique, il n'est possible que les yeux corporels le puissent supporter. Quant au diabolique, s'il fut tel jadis, je ne sais qu'en dire. Si[125] semble-t-il que oui, d'autant que Isaïe appelle celui qui fut précipité des cieux p18r° Lucifer, c'est-à-dire clair et luisant, qui quant à maintenant est ténébreux, obscur et épouvantable aux yeux, comme dénué de lumière, sa pristine[126] compagne. L'angélique d'abondant[127] est totalement immatériel, et par ce[128] est-il toujours solide, et qui aisément entre et, passe par tout, et est moins patible[129] que le rayon de soleil. Car cestuy,[130] bien qu'il pénètre les corps diaphanes ou transparents, si[131] perd-il néanmoins sa forée à l'ahurt[132] et rencontre de quelques corps terrestres et sombres, de façon qu'il rebouche,[133] comme celui qui est matériel. Mais quant à l'angélique, nulle des choses que dessus[134] ne le peut empêcher, comme n'ayant aucune antithèse ou contrariété à p18v° icelles,[135] et n'étant aussi de leur calibre.[136] Au contraire les corps diaboliques, bien que pour leur subtilité ils soient invisibles, si est-ce toutefois qu'ils sont matériels et patibles aucunement.[137] Et même tous ceux qui se tapissent ès entrailles de la terre. Car ceux-là sont de si grosse pâte, qu'on les peut attoucher,[138] et si on les frappe, ils se deulent,[139] et s'ils s'approchent trop près du feu, ils se brûlent, de façon qu'aucuns[140] d'entre eux y laissent de la cendre. Ce que lisons par les histoires être advenu ès lieux circonvoisins de l'Italie.
Tim. — En vieillissant, comme on dit. Capitaine, j'apprends toujours quelque chose de nouveau, comme j'apprends maintenant que p19r° certains diables sont corporels et patibles.[141]
Le Cap. — Ce n'est rien de nouveau, mon ami, si, puisque sommes hommes, comme dit l'autre, nous ignorons plusieurs choses. Car il nous doit suffire, si voire[142] en vieillesse nous pouvons être sages. Au surplus, sachez que je n'ai controuvé[143] ces choses, ni forgé mensonges prodigieux, à la mode des Candiots ou Phéniciens : ains les ai apprises des propres paroles de Notre Sauveur Jésus-Christ, qui dit que les diables seront punis par feu. Or comment serait-il possible qu'ils endurassent le feu, s'ils étaient sans corps? Car il ne se peut faire en façon qui soit,[144] qu'une chose qui est sans corps souffre d'un p19v° corps. Il faut donc conclure nécessairement qu'ils sont punis et tourmentés en corps patibles. J'en sais encore plusieurs autres preuves, qu'ai entendues de ceux qui se sont voués et adonnés à telles apparitions de diables. Car quant est de moi,[145] je n'en ai encore rien vu : et jà ne plaise à Dieu, que je voie en face ces diables tant hideux.
Or me suis-je trouvé, quelquefois[146] avec un moine, en la Chersonèse de Mésopotamie, lequel après avoir été p20r° spectateur et conjurateur des fantômes diaboliques, autant ou plus expert en cela que nul autre, depuis il les a méprisés et abjurés comme vains et frivoles, et en ayant fait amende honorable, s'est retiré au giron de l'Eglise, et a fait profession de notre foi, seule vraie et catholique : laquelle il a soigneusement apprise de moi. Ce moine donc me dit alors et déchira plusieurs choses absurdes et diaboliques. Et de fait, m'étant quelquefois enquis de lui, s'il y a quelques diables patibles: « Oui vraiment, dit-il, comme on dit aussi qu'aucuns[147] d'iceux[148] jettent semence, et engendrent d'icelle[149] des verms.[150] — Si[151] est-ce chose incroyable, lui dis-je lors, que les diables p20v° aient aucuns excréments, ni membres spermatiques, ni vitaux. — Vrai est, répondit-il, qu'ils n'ont tels membres; si est-ce toutefois qu'ils jettent hors je ne sais quel excrément et superfluité. Croyez hardiment ce que je vous en dis. — Dea,[152] lui dis-je alors, il y aurait danger qu'ils fussent alimentés et nourris de même nous.[153] — Ils sont nourris, répondit frère Marc, les uns d'inspiration, comme l'esprit qui est aux artères et nerfs, les autres d'humidité; mais non par la bouche, comme nous, ains[154] comme éponges et huîtres attirent à soi l'humidité adjacente extérieurement. Puis jettent hors cette latente[155] et secrète semence. A quoi ils ne sont tous sujets, p21r° ains seulement les diables qui sont enclins à quelque matière, savoir est, ou[156] celui qui hait la lumière, le ténébreux, l'aquatique, et tous souterrains ».
« Y a-t-il donc, frère Marc, mon ami, lui dis-je derechef, y a-t-il beaucoup d'espèces de diables? — Oui, beaucoup, répondit-il, et qui ont toutes les manières du monde, et de forme, et de corps, tellement que l'air est plein d'iceux, tant la haute région qui est au-dessus de nous, que celle basse qui nous p21v° attouche.[157] La terre aussi et la mer en sont pleines, et tous les plus bas et profonds lieux souterrains. —- Or si ce discours ne vous fâche, lui dis-je, il vous les faut tous compter et particulariser sur le doigt l'un après l'autre. — Vrai est. dit-il, que je ne prends plaisir à ramentevoir[158] telles choses qu'ai une fois en ma vie abjurées et rejetées au loin ; toutefois, puisque ainsi est que me le commandez, il n'y faut reculer. » Ces mots finis, il dénombra par le menu plusieurs espèces de diables, ajoutant leurs noms, formes, et lieux èsquels[159] ils fréquentent.
Tim. —- Qui donc vous empêche, mon Capitaine de les discourir ![160]
Le Cap. —- Je ne retins p22r° pas mot à mot son narré,[161] cher ami, et ne me souvient point de tout ce qui fut lors particularisé[162] en ce discours. Car quel profit, je vous prie, eussé-je pu remporter, si j'eusse été curieux de savoir les noms de tous les diables, et en quels lieux chacun d'iceux[163] hante le plus? et quelle conférence[164] ou différence y a des uns aux autres? Pour cette cause, ai-je laissé telles vanités, qui m'étaient entrées par une oreille, sortir par l'autre. Trop bien de tant long discours ai-je retenu quelque peu, duquel si vous voulez être informé, ne vous souciez que de demander, si ainsi vous plaît, et on vous répondra.
Tim. — Or tout premièrement je veux savoir de vous combien il y a de sortes et manières de diables
Le Cap. — Mon moine frère Marc me disait qu'en général y avait six manières de diables ; je ne sais pas s'il en faisait telle division à cause des lieux ou ils fréquentent, ou parce que toute manière p23r° de diables aime fort les corps. Or disait-il que cette sixaine de diables était corporelle, et fréquentait au monde. Car en icelle[165] sont toutes les circonstances corporelles, et a le monde par icelle été bâti et formé ; joint que[166] le premier nombre est ce triangle scalène, ou oblique, traversain et inégal.[167] D'autant[168] que tous esprits divins et célestes se rapportaient à[169] l'isopleure ou équilatéral, comme étant égaux entre eux-mêmes, et qui malaisément se tournaient à vice. Item, que les humains étaient conformes à l'isocèle, comme ceux qui l'aillaient en leurs opinions, puis par le moyen de repentance[170] s'amélioraient et réduisaient.[171] D'abondant,[172] que tous les diables p23v° appartenaient au scalène pour être inégaux, et n'avoir aucune accointance ou alliance avec le bien. Soit donc que tel en fût son avis, soit que autre, si est-ce que[173] par son dénombrement il comptait six espèces de diables. Desquelles la première est celle qu'il appelait leliuirion en son patois barbaresque, lequel nom signifie en grec διάπυρος, c'est-à-dire du feu. Cette espèce panade[174] et voltige çà et là par la haute région de l'air. Car tous les diables, comme profanes et maudits excommuniés, ont été chassés et bannis des lieux circonvoisins à la lune, comme d'un certain temple saint. La seconde espèce est celle qui vague[175] et ravage[176] par la basse région de l'air qui p24r° nous attouche,[177] laquelle pour cette cause plusieurs, comme par un nom propre et péculier,[178] appellent aérienne. La tierce subséquente est la terrestre. La quatrième est l'aquatique ou marine. La cinquième est la souterraine. La sixième et dernière est la ténébreuse, et insensible. Il disait d'abondant que toutes ces espèces de diables haïssent Dieu et mènent guerre aux hommes, toutefois que les uns étaient pires que les autres. Car l'aquatique, le souterrain et le ténébreux sont extrêmement méchants diables et pernicieux, d'autant que, disait-il, ils ne tentent pas les âmes par fantaisies ou illusions, ains se ruent et jettent dessus les hommes, ainsi que p24v° font bêtes farouches et cruelles, et par ce moyen avancent la mort des pauvres humains, pour ce que l'aquatique étouffe ceux qui vaguent sur les eaux, ou font largue[179] sur mer. Le souterrain et <le> ténébreux pénètrent jusques aux entrailles, si on leur permet, et on ne leur bouche le passage : et ainsi possèdent, étranglent, et rendent épileptiques et insensés, c'est-à-dire tourmentent du mal caduc et de frénésie tous ceux qu'ils rencontrent et abordent. Quant aux aériens et terrestres, iceux[180] par merveilleuse finesse et subtilité s'insinuent aux esprits des humains, et les déçoivent et attirent à énormes et abominables affections.
« Mais comment, lui dis-je lors, et par quel moyen font-ils tels ravages? Est-ce point pour avoir puissance et domination sur nous? et que pour cette cause ils nous mènent et tracassent que çà que là,[181] comme pauvres esclaves et forçats?— Ce n'est point qu'ils aient puissance sur nous, répondit frère Marc, ains à fin de nous faire assouvenir du passé. Car d'autant qu'ils sont esprits, ils s'accostent de[182]·nos esprits fantasques,[183] où ils souillent comme en p25v° l'oreille mille propos, pour nous exciter et espoinçonner[184] à plaisirs sensuels et voluptés désordonnées. Non que pour cet effet ils prononcent leurs paroles avec aucun son ni bruit qu'on oye[185] extérieurement; ains ils parlent à leur mode sans aucun bruit.[186] Il n'y a point de doute en cela, dit-il, si vous prenez garde à ceci que vous dirai. De quant[187] plus loin est celui qui parle, de tant plus haute et éclatante voix lui convient s'écrier;[188] mais s'il est près de celui auquel il veut parler, alors il lui parle tout bas en l'oreille. Que si possible lui était s'approcher et aborder de plus près l'esprit de son âme, il ne lui faudrait jà faire aucun bruit, ains à son plaisir[189] sa parole par je ne sais quelle secrète voix et non bruyante s'approcherait de l'esprit de son auditeur, ce qu'on dit être coutumier aux âmes, après qu'elles sont issues des corps. Car on dit qu'elles parlementent[190] ensemble, sans faire aucun bruit. Au semblable,[191] les diables s'approchent en tapinois de nos esprits, et de façon que nous ne sentons ni avisons[192] de quelle-part on nous fait guerre. Et ne faut jà que vous fassiez aucun doute en cela, si vous avisez à ce qui se fait ordinairement en l'air. Car tout ainsi qu'icelui,[193] lorsque le soleil luit, conçoit en soi mille et mille couleurs et semblantes, qu'il impertit[194] aux corps propres et idoines[195] à les recevoir, comme nous pouvons voir et p26v° expérimenter ès[196] miroirs, ainsi est-il des diables, qui transmettent et empeignent[197] en nos esprits animaux telles figaires, couleurs et semblances[198] que bon leur semble, et par ce moyen nous brassent une infinité d'affaires, en nous subornant par faux conseil, nous faisant montre de mille et mille beautés, nous rallumant le souvenir de mille voluptés, nous espoinçonnant[199] d'heure à autre à cent mille idoles[200] de plaisirs désordonnés, soit que veillions, soit que dormions, et quelquefois nous amignardant[201] et chatouillant au-dessous du ventre, ou mettent si bien le feu aux étoupes, qu'ils y embrasent une rage d'amours abominables : et lors mêmement[202] qu'en p27r° nous ils trouvent quelques allumettes pour allumer leur damnable feu de sensualité, savoir est quelques chaudes humeurs, qui puissent leur consentir[203] et aider à parfournir[204] leur tentation. Or voilà comment telle manière de diables, ayant l’armet d'enfer en tête, troublent et tabustent[205] nos âmes par un merveilleux artifice et ruse sophistique. Quant aux autres espèces de diables, combien qu'ils[206] n'aient aucune finesse ni subtilité en eux, si[207] sont-ils fâcheux toutefois et fort dangereux, et n'est la plaie qu'ils font moins dommageable que celle de l'esprit charonien.[208] Car tout ainsi que cet esprit-là gâte et corrompt, comme on dit, tout ce qu'il attouche,[209] soit p27v° bête brute, soit homme, soit oiseau, tout de même ces diables de malencontre[210] sont merveilleusement offensifs, sur qui ce soit[211] ils jettent leurs griffes, car ils mordent et mutinent[212] en eux et corps et âmes, et pervertissent toutes leurs facultés naturelles, quelquefois aussi détruisent les pauvres créatures par feu et par eau, les brûlant et noyant, et précipitant de haut en bas, non seulement les hommes, mois aussi certaines bêtes brutes. »
Tim. —Que veulent-ils dire de se ruer et jeter aussi sur les bêtes brutes? Car nous voyons par les Saintes Lettres que cela advint aux pourceaux près de Gergèse. Or puisqu'ils sont ennemis capitaux des pauvres humains, ce n'est de merveille[213] dont ils les vexent[214] et tourmentent; mais de se ruer aussi sur p28v° bêtes brutes, quelle raison y peut-il·avoir?
Le Cap. — Frère Marc disait à cela, que ce n'était pour haine, ne pour appétit[215] de nuire, qu'ils se ruent et embatent[216] sur certaines bêtes brutes, ains[217] pour ce qu'ils appétent[218] la chaleur bestiale. Car d'autant qu'ils habitent ès[219] plus profonds lieux de la terre, qui sont extrêmement froids et secs, à cette cause[220] ils accueillent[221] de là telle froideur et frisson, dont ils restent si gelés et transis, qu'ils appétent fort cette chaleur tiède et humide, qu'on voit ès bêtes, et à fin qu'ils puissent jouir d'icelle à leur gré, ils se jettent aussi sur bêtes brutes, et hantent les bains, et les fosses des morts : car ils fuient la chaleur p29r° du soleil, pour ce qu'elle brûle et assèche. Mais quant à celle des bêtes, comme modérément humide, ils y prennent grand plaisir, et même[222] à celle des hommes, d'autant qu'elle est aussi modérée et attrempée:[223] èsquels[224] étant entrés, font un terrible ravage, après qu'au préalable sont remplis les porcs et conduits èsquels est le siège de l'esprit animal des pauvres humains, et par ainsi[225] est ledit esprit restreint et resserré par la masse et épaisseur de leurs corps. Dont il advient[226] que leurs dits corps sont merveilleusement ébranlés et tourmentés, et les principales facultés de leur vie, même celles où gît le siège de la raison, offensées et outragées, de p29v° façon que leurs mouvements deviennent tous étourdis et fautiers.[227] Que si le diable, qui a saisi aucun,[228] est du nombre des souterrains il ébranle, tabuste[229] et dérompt[230] tout le pauvre patient, et parle par sa bouche, se servant de son esprit comme d'un certain sien organe et instrument musical. Que si c'est un des ténébreux qui s'y soit secrètement et comme par embuscade insinué, alors il relâche et assegraise[231] bouche et étoupe[232] le conduit de la voix et parole, et rend tout le patient semblable à un mort. Car cette, espèce de diables, comme[233] la dernière et plus basse de toutes, est plus terrestre et pesante, voire froide et sèche p30r° extrêmement, et qui que ce soit que tel diable ait secrètement envahi, il hébète[234] et amortit en icelui[235] toute vertu animale. Et pour ce qu'il est le plus brutal et grossier de tous, privé de toute spéculation intellective et guidé d'une fantaisie[236] brutale seulement, comme sont les bêtes plus lourdes et grossières d'entendement, auxquelles on ne saurait rien apprendre, à cette cause[237] il ne craint les menaces, et pour celte cause plusieurs à bonne raison rappellent muet[238] et sourd. Et n'est possible qu'aucun de lui possédé, en puisse être aucunement délivré, si ce n'est par la puissance divine, moyennant l'oraison et le jeune.
« Mais, frère Marc, lui dis-je lors, les médecins nous veulent faire accroire d'autres je ne sais quelles raisons, disant que les diables ne sont auteurs de tels tourments, ains[240] la mauvaise disposition des humeurs, des jointures et des esprits vitaux, dont ils tâchent à guérir tels maux par certaines drogues et diètes, et non par charmes ou enchantements. — Car ce n'est de p31r° merveille,[241] répondit frère Marc, si les médecins disent cela, vu qu'ils ne connaissent rien, sinon ce qui est sensible, ains avisent[242] et ont égard seulement aux corps. Quant au reste, ils auraient très juste occasion d'estimer que ces maux ici[243] procèdent d'humeurs viciées et corrompues, savoir est léthargies, mélancolies[244] et frénésies, lesquelles ils guérissent par extractions ou évacuations de superfluités, ou par réplétions[245] de défectuosités. Mais quant aux enthousiasmes ou folles divinations, rages et esprits immondes, èsquels[246] le pauvre patient ne peut rien faire, cessant et défaillant en lui tout usage et entendement et raison de fantaisie[247] et sentiment (ains est autre chose p31v° qui le remue et démène,[248] et dit des choses inconnues au pauvre patient, et parfois prédit quelques choses à venir), comment sera-t-il donc possible dire que telles maladies et tourments soient mouvements de matière ou humeur corrompue?[249] ».
Tim. — Quoi donc? Capitaine, croyez-vous en cela frère Marc? p32r°
Le Cap. — Oui véritablement, Timothée. Pourquoi non? réduisant à mémoire[250] ce que les Saints Évangiles racontent des démoniaques, et ce qui advint en la personne de cet homme Corinthien par le commandement de Saint Paul, et tant de miracles desquels les Saints Pères font mention en leurs écrits, et en outre ce que moi-même vis et ouïs en la ville d'Elason. Car en icelle un quidam possédé de je ne sais quel diable prédisait plusieurs choses à la mode des oracles d'Apollon Delphique, et comme en passant prophétisa maintes p32v° choses de moi, d'autant qu'un certain jour après avoir assemblé la compagnie de ceux qu'il avait enfarinés et ensorcelés de sa fausse doctrine, il leur fît telle remontrance[251] que s'ensuit.
« Sachez, mes frères, sachez qu'on doit envoyer un quidam contre nous, qui persécutera tout le fait de notre religion, et enverra nos catéchismes et institutions au grat.[252] Ce malheureux me prendra au corps avec plusieurs autres; toutefois, lorsqu'il me voudra mener à toute force lié et garrotté à Constantinople, il ne le pourra faire, combien[253] qu'il y emploie toutes ses forces. »
Voilà que prédisait ce gentil prédicant, lorsqu'à peine avais-je p33r° passé les faubourgs de Constantinople. Or disait-il pour enseignes[254] de quel port et taille j'étais, quel vêtement j'avais, et quelle était ma vocation,[255] ainsi que me rapportaient plusieurs venant de celle part.[256] A chef de pièce,[257] lui ayant mis la main sur le collet, je lui demandai qui lui avait appris l'art de divination, Or bien que de prime face il récusât[258] révéler le secret de l'école, toutefois contraint par la nécessité Laconique, c'est la question,[259] il confessa la vérité. Car il se dit avoir appris ces œuvres diaboliques d'un certain coureur ou vagabond Africain, « qui m'ayant mené de nuit, dit-il, sur une montagne, et commandé manger de certaine p33v° herbe, craché en ma bouche et frotté de je ne sais quelle drogue mes deux yeux tout à l'entour, me fit spectateur d'une grande troupe de diables, d'entre lesquels je sentis comme un corbeau, qui vola sur moi et m'entra au corps par la bouche. Depuis ce temps-là jusqu'aujourd'hui je me mêle de deviner toute chose qui soit, et quantefois[260] il plaît à celui qui me possède. Car environ les[261] jours de la Passion et de la vénérable Résurrection, mon beau protocole[262] ne me veut rien dire, combien que[263] j'y aie fort grande affection.[264] »
Voila que[265] nous dit ce gentil affronteur;[266] lors un de mes gens l'ayant frappé sur le museau, il lui dit : « Bientôt au lieu de ce coup icy[267] tu en p34r° recevras plusieurs; et toi (me dit-il se tournant vers· moi tu endureras en ton corps grandes et terribles calamités.[268] Car les diables sont fort indignés contre toi, parce que tu as aboli toutes leurs cérémonies. Ha, ils te brasseront mille fâcheuses entorses et encombriers,[269] lesquels tu ne pourras échapper, si quelque puissance souveraine, et qui puisse plus que les diables, ne te délivre et te garantit de leurs pattes. » Voilà ce que me prédit ce méchant garnement, comme s'il eut été sur le sacré tripode[270] d'Apollo. Car tout ce qu'il avait dit advint et sortit son effet, et fus presque accablé d'une infinité de dangers qui me survinrent de tous p34v° lesquels Votre Sauveur Jésus-Christ, outre mon attente et opinion[271] me délivra. Qui sera donc celui, qui ayant vu ce bel oracle forgé et controuvé[272] à la suggestion des diables, souillant ès oreilles de· leurs suppôts, comme en tuyaux d'orgues, dira dorénavant et maintiendra que toute espèce de rage et folie sont mouvements de matière corrompue, et non plutôt tragiques affections, et ravages de diables?
Tim. Ce n'est de merveille,[273] mon Capitaine, si les médecins p35r° ont telle opinion, lesquels n'ont rien vu de même. Car j'étais bien au commencement de leur avis, jusques à ce que par cas fortuit ai été spectateur d'un terrible et fort étrange spectacle, lequel ne sera hors propos vous raconter présentement. Or ne vous en mentirai-je d'un seul mot, car autrement je démentirais cette mienne vieillesse, en laquelle je me suis revêtu de ce froc que voyez.
J'avais un frère aîné, qui était marié à une femme de bien quant au reste, toutefois ne pouvait enfanter qu'à bien grande peine, et p35v° <non>[274] sans encourir une infinité de maladies. Icelle[275] étant quelquefois[276] en gésine, se trouva fort mal, et fut vexée[277] si extrêmement, que déchirant ses robes, et grommelant parfois entre les dents, elle barbotait je ne sais quel baragouin, à haute voix, sans qu'aucun des assistants y sût rien entendre : de façon que tous restaient là camus[278] et écornés,[279] sans pouvoir appliquer remède à si grande et irrémédiable maladie. Or quelques femmes (car ce sexe-là. est de fort subtile invention et de merveilleux exploit[280] en tous occurrents)[281] amènent un étranger chauve, fort vieil, tout ridé par la peau, et plus noir et brûlé qu'un Ethiopien, qui, tenant l'épée nue au poing, p36r° et s'approchant du lit en grande furie et colère, assaillit la pauvre femmelette malade, et en son langage maternel, qui était Arménien, il lui debaqua[282] mille injures. Et elle en même langage lui rendait son change, et du commencement[283] parlait d'une telle bravade et hardiesse, qu'elle s'enlevait toute de lit pour quereller.[284] Mais depuis que ce barbare eut renforcé ses abjurations[285] et comme forcenant[286] l'eut menacée à battre, alors cette pauvre malade se retira tremblotant et pantelant de peur, et sous une fort humble parole s'assegraisant[287] et raccoisant,[288] se rendormit. Nous cependant fûmes tous ravis en admiration et étonnés, comme fondeurs de p36v° cloches,[289] non pour ce qu'elle était enragée, car nous voyons cela lui advenir à tous propos, ains[290] pour ce qu'elle parlait Arménien, combien que[291] la pauvre femme jamais n'eût hanté ni conversé avec aucun de ce pays-là, et ne savait autre chose, sinon faire son lit et filer la quenouille. Or après qu'elle fut revenue en son bon sens, lors je lui demandai quel mal elle avait enduré, et s'il s'en suivit encore quelque cas outre ce qui était fait et advenu. A quoi répondant: « J'ai vu, dit-elle, un fantôme ou apparition du diable ombrageux[292] et ressemblant à une femme tout échevelée, qui se ruait sur moi, dont j'eus si grande frayeur, que je tombai la face contre les p37r° draps et la coite[293] de mon lit. Et quant à ce qui depuis est survenu, je n'en ai rien senti ni aperçu. »
Ce propos parachevé,[294] le pauvre femme fut guérie de son mal. Mais quant est de[295] moi, depuis cette heure-là, j'ai toujours eu ce doute, auquel je suis encore de présent,[296] savoir est comment il était possible que le diable, qui avait tourmenté cette pauvre femme, fût apparu en p37v° forme de femme. Car il semble qu'il y ait juste occasion de douter, si entre les diables y a des mâles et des femelles, comme entre les animaux terrestres et mortels. En second lieu, comment il pouvait parler Arménien? Car il y a en ceci aussi grande difficulté, à sçavoir-mon[297] si entre les diables les uns parlent Grec, les autres Chaldéen, les autres Syriaque. Davantage[298] pourquoi se retirait-il tout de peur aux menaces du sorcier et enchanteur? et craignait l’épée tirée sur lui? Car quel mal, dites-moi, je vous prie, pourrait faire une épée au diable, vu qu'on ne le saurait frapper ni tuer? Ces doutes certainement me troublent fort et p38r° tourmentent l'esprit, et ai en cela grand besoin de quelque consolation, pour laquelle me bailler[299] et appliquer, je vous estime le plus idoine[300] et pertinent[301] de tous, comme celui qui avez par longue étude et expérience recueilli de plusieurs auteurs les opinions des anciens, et compilé plusieurs histoires.
Le Cap. — Je voudrais de bien bon cœur, Timothée, vous souldre[305]· vos p38v° doutes, et rendre raison des choses que demandez. Mais j'ai peur que ne perdions notre temps tous deux : vous, de vous enquérir et esmayer[306] de choses que jamais homme vivant ne rechercha, et moi, de tâcher à vous dire et discourir[307] des choses qu'il faut, tenir secrètes, ou plutôt, mettre sous le pied, étant assez informé d'ailleurs que telles choses sont entre le peuple sujettes à calomnie et répréhension. Toutefois puisqu'ainsi est, qu'il faut, comme dit Antigonus, gratifier l'ami, non seulement en choses très faciles, mais aussi quelquefois ès[308] difficultés, à cette cause[309] je mettrai peine de résoudre vos doutes, remémorant les propos et les p39r° résolutions qu'ai entendus et retenus de frère Marc. Car il disait qu'il n'y avait aucun diable qui fût mâle ou femelle naturellement : d'autant que telles affections[310] sont propres à corps composés : ou[311] ceux des diables sont simples, qui, pour être[312] maniables et traitables, aisément se transforment en toutes figures et similitudes. Car tout ainsi que voyons les nues représenter la semblance, ores[313] de hommes, ores d'ours, ores de dragons, ou autres semblables, ainsi est-il des corps diaboliques. Au reste, ès[314] dites nues poussées et agitées au gré des vents, sont diverses figures représentées, : mais quant aux diables, d'autant que leurs corps sont transformés comme p39v° bon leur semble, et ores rétrécis en moindre grosseur, ores étendus en plus grande longueur (ce que nous voyons ordinaire aux entrailles de la terre, c'est-à-dire, aux verms[315] [note du trad. : aucuns les disent achées],[316] à cause de leur nature molle et maniable), non seulement ils sont changés quant à la grandeur, ains aussi quant à la figure et couleur diversement. Car le corps diabolique est fort idoine[317] à toutes deux, qui, pour être maniable, se transforme en diverses ligures, et pour être aérien, est capable de toutes couleurs, comme l'air. Toutefois l'air est coloré de quelque endroit extérieurement : ou[318] ce corps diabolique reçoit sa couleur de son opération fantasque,[319] qui empreint sur lui p40r° toutes espèces de couleurs. Car tout, ainsi qu'entre nous, ceux qui ont eu peur rougissent derechef, après que l'âme selon telle ou telle disposition a poussé telles affections[320] en la superficie on corps extérieur. Tout le semblable faut-il estimer des diables : car de l'intérieur ils envoient a leur corps superficiaire, ou extérieur, telles couleurs qu'ils veulent. Par ce un chacun d'eux, après avoir transformé son corps en telle figure que lui plaît choisir, et empreint quelque espèce de couleur en la superficie de son corps, alors il s'apparaît ores en forme d'homme, ores prend la semblance d'une femme, il est courageux comme un lion, il fault[321] comme un léopard, il se p40v° rue et embatit[322] de grande raideur,[323] comme un porc sanglier. Que si quelquefois lui semble bon, il prend la forme d'un oise,[324] ou peau de bouc, et y a tel lieu ou il s'est apparu (7) en forme de petit chien chauvissant[325] des oreilles et flattant de la queue. Et bien qu'il s'empare et revête de toutes les formes et figures, que dessus,[326] l'une après l'autre, pas une d'icelles toutefois ne lui reste ou demeure ferme ni stable Car sa figure n'est point solide : mais comme nous voyons ordinairement advenir, par manière de dire,[327] en l'air et en l'eau, car soit qu'y versiez quelque couleur, soit qu'y peigniez quelque figure, incontinent elle s'efface et évanouit. Toute semblable affection peut p41r° on apercevoir ès diables. Car en eux se perdent et évanouissent toutes couleurs, formes, ou figures de quelques choses que soient.
Voilà, Timothée, ce que frère Marc m'en déchiffra,[328] assez persuasiblement à mon avis, et vous donnez garde p41v° dorénavant qu'aucun ne vous trouble par ses raisons, comme si la différence des sexes masculin et féminin était ès diables. Car telles choses sont en eux seulement quant à l'apparence extérieure; mais quant à l'habitude et ferme disposition, ils n'en ont aucune qui soit. Et pour cette cause ne pensez que le diable, qui a tourmenté cette accouchée, bien qu'il soit apparu en femme, soit tel d'effet et d'habitude, ains plutôt qu'il s'est revêtu de la semblance d'une femme extérieurement.
Tim. — Mais pourquoi est-ce, Capitaine, que ce beau diable ne se transforme d'heure à autre, ores en une, ores en autre figure, comme font les autres diables, ains apparaît toujours semblable? p42r° Car j'ai ouï dire à plusieurs gens que le diable féminiformé, c'est-à-dire qui a la forme et semblance d'une femme, s'apparaît à toutes accouchées.
Le Cap. — Frère Marc. Timothée, rendait aussi fort bonne raison de cela. Car il disait que tous les diables n'ont une même puissance et volonté, ains qu'ils sont aussi en cet endroit fort différents, d'autant qu'entre iceux y a de la brutalité, aussi bien qu'ès animaux composés et mortels. Car tout ainsi qu'entre iceux, l'homme, participant d'entendement et de raison, est en outre doué d'une vertu fantastique,[329] ou imaginative, plus générale, et qui s'étend presque sur toutes p42v° créatures sensibles, tant au ciel qu'entour et sur la terre. Mais le cheval, le bœuf et autres semblables animaux ont une imaginative plus particulière, et qui opère envers aucunes[330] choses qu'on peut imaginer, comme celle par laquelle ils connaissent les bêtes qui paissent avec eux, la crèche et leurs seigneurs. Quant aux moucherons, souris et verms, ils ont ladite imagination fort restreinte et disloquée, ne connaissant le pertuis[331] dont chacun d'eux est venu, ni le lieu où ils vont, ni où ils doivent aller, ains ayant une seule fantaisie ou imagination de leur aliment et nourriture. Ainsi est-il des infinis escadrons des diables. Car ceux qui sont de feu et p43r° d'air, étant doués d'une, bien diverse imaginative, s'étendent à quelque espèce fantasque et qu'ils peuvent imaginer. Quant aux souterrains et ténébreux, il est d'eux tout au rebours, et par ce[332] ils ne se transforment en plusieurs figures, comme n'ayant plusieurs espèces de fantasmes ou illusions, ni corps subtil et voltigeant çà et là. Mais les aquatiques et terrestres, qui mitoyennent[333] les susdits, bien qu'ils ne puissent changer plusieurs formes, si[334] est-ce qu'ils demeurent toujours en celles qui plus leur agréent. Car ceux qui vivent ès lieux humides, et aiment un séjour plus mol et délicieux, se transforment en femmes et oiseaux. p43v° De là vient qu'ils ont été nommés par les Grecs au féminin genre, Naïades, Néréides et Dryades, Quant à tous ceux qui conversent[335] ès lieux déserts et ont les corps asséchés et tels qu'on dit être les Onoscèles, ils se transforment en hommes et quelquefois prennent la semblance[336] de chiens, lions et autres bêtes, qui sont d'une façon plus hardie et assurée. Or il n'y a donc occasion de douter pourquoi le diable, qui se rue sur les accouchées, se déguise en femme, d'autant qu'il est lubrique et s'égaye en ordes[337] et sales humidités et immondices. Car il se revêt d'une semblance et figure correspondante à la vie qui lui plaît.
Quant à ce que[339] ce diable usa de langage arménien, frère Marc ne m'en déclara chose qui soit (aussi ne lui en demandai-je rien) ; toutefois la raison en est manifeste, et telle que s'ensuit : qu'il est impossible de trouver langage péculier[340] aux diables, soit qu'on attribue l'hébraïque, ou le grec, ou le syriaque, ou autre barbaresque. Car quel besoin de voix ou parole était-il à ceux qui parlent sans voix? Comme j'ai p44v° ci-devant dit. Mais pour ce qu'à la mode des Anges des nations, les uns président sur les autres, à cette cause[341] chacun d'eux use du langage de la gent et nation, où plus ils fréquentent. Et par ce les uns rendaient leurs oracles aux Grecs en vers héroïques, les autres répondaient aux évocations faites par les Chaldéens en langage chaldaïque. Comme ceux d'Egypte faisaient leurs approches, étant semonts,[342] invités et requis d'entrer ès simulacres et idoles,[343] et ce en langage égyptiaque. Au semblable[344] les diables qui sont en Arménie, bien qu'ils se transportent ailleurs, usent toutefois du langage arméniaque, comme si c'était leur propre et naturel.
Tim. — Or ainsi sois, de par Dieu,[346] mon Capitaine. Mais comment se peut-il faire que les diables craignent menaces et coups d'épée? Car que pensent-ils endurer, lorsqu'ils se retirent de peur et sortent des pauvres patients?
Le Cap. — Vous n'êtes seul, Timothée, qui doutez de cela : car j'en ai aussi douté ci-devant en la compagnie de frère Marc, qui, donnant p45v° résolution[347] à mon doute, me dit ainsi que s'ensuit. « Toutes escadres de diables sont pleines d'audace outrecuidée[348] et de crainte, et sur[349] toutes autres, celles qui ont quelque matière. Car si quelqu'un menace les aériens, qui sont les plus subtils et rusés, ils savent fort bien discerner et remarquer celui qui les menace. Et de tous ceux qui sont possédés de tels diables nul n'en peut être délivré ni garanti, s'il n'est saint homme, vivant selon Dieu, et n'invoque avec la puissance divine le vénérable nom du Verbe de Dieu. Mais ceux-ci, savoir est ceux qui aucunement[350] sont matériels, craignant qu'on ne les envoie et bannisse ès abîmes et lieux souterrains, craignant p46r° aussi les Anges qui les y relèguent et confinent, quantefois[351] quelqu'un les menace de les envoyer là, et invoque les Anges, qui ont cette charge de Dieu, ils craignent alors, et sont merveilleusement troublés, voire[352] si lourds et hébétés, qu'ils ne peuvent discerner ou remarquer celui qui les menace. Ains fût-ce quelque pauvre vieille sempiterneuse,[353] ou quelque vieillard rechigné tout courbé et tremblotant qui usât de ces menaces, à l'instant ces pauvres diables gelés transissent[354] de peur et bien souvent sortent hors des pauvres patients comme si ceux qui les menacent avaient puissance de ce faire),[355] à tant[356] ils sont peureux et étourdis.[357] De là vient que cette p46v° méchante race d'enchanteurs très facilement les amadouent et attirent par certains excréments, comme sauves, ongles, cheveux, plomb et cire, de façon que, les ayant par tels abominables aphorcismes[358] ou abjurations liés et attachés d'un petit filet,[359] ils font plus de ravages et de tumultes tragiques, que n'en fit jamais le diable de Vauvert.[360] »
Tim. — Puis donc que ces diables sont tels et si abominables, p47r° pourquoi vous et plusieurs autres les adoriez-vous, au lieu de les mépriser, pour leur impuissance et leur imbécillité?[361]
Le Cap. — Frère Marc répondant à cela : « Ni moi, disait-il, ni autres que je sache, par nom qu'il ait[362] une miette de bon entendement, ne prenons pied[363] à ces diables exécrables, trop bien certains malheureux Sorciers et Enchanteurs les amignardent[364] et attirent. Mais entre nous autres, qui nous abstenions d'œuvres tant maudites et damnables, nous adorions principalement les diables aériens, et par les p47v° sacrifices que leur offrions, nous les requérions de détourner tous diables souterrains, de peur qu'ils s'embatissent[365] sur nous, d'autant que si quelqu'un d'iceux fut d'aventure survenu d'aguet[366] pour nous effrayer, nous assaillait à coups de pierres. Car cela est propre et coutumier aux souterrains, d'assaillir à coups de pierres ceux qu'ils rencontrent, toutefois à coups perdus et non roides. Pour cette cause nous nous gardons de leur rencontre. »
Tim. — Voire, mais quel profil se disait, frère Marc, remporter de l'adoration des diables aériens?
Le Cap. — Il ne disait aussi rien qui vaille de ceux-là, mon bon Seigneur, pour ce qu'eux-mêmes[367] p48r° confessent qu'en leur fait n'y a qu'orgueil, bifferie[368] et vaine imagination. Car de la part d'iceux diables aériens descendent sur ceux qui les adorent certaines flammèches de feu, semblables à ces scintilles[369] qu'on voit discourir[370] en l'air, vulgairement dites étoiles tombantes, lesquelles ces pauvres fols osent bien appeler Théopties,[371] c'est-à-dire visions ou apparitions de Dieu, ès quelles[372] n'a[373] vérité, fermeté, ni fiance[374] qui soit. (Car quelle clarté pourrait être en des diables obténébrés?[375]) Ains tels sont leurs jouets et passe-temps que ceux qu'on aperçoit quand on ouvre les yeux trop effroyablement, ou en leurs beaux miracles, qui se font pour séduire et p48v° décevoir les assistants.[376] Et bien que piéçà[377] je, pauvre misérable, eusse découvert ce que dessus,[378] et me fusse résolu de me retirer et abandonner cette fausse religion diabolique, toutefois j'en ai été ensorcelé jusques à présent, et j'étais en chemin de perdition, si vous ne m'eussiez radressé[379] et rétabli au droit chemin de vérité. En quoi m'avez servi de ce que sert la lumière qui est au haut de la tour d'un havre,[380] à ceux qui de nuit obscure et sans aucun clair de lune cinglent sur mer. »
Finis ces mots, frère. Marc se prit, si fort à pleurer, que les larmes loi ondoyaient[381] et ruisselaient à flac des deux yeux, et lors pour le réconforter je lui dis. « Vous p49r° aurez assez loisir de pleurer ci après ; quant à maintenant, il vous faut faire fête et démener joie[382] de votre délivrance, remerciant Dieu qui vous a délivré et âme et entérinement d'encombres[383] et périls tant évidents et pernicieux. »
Tim. — Si est-ce que[384] je désire fort apprendre de vous un point, que vous prie ne me celer, à sçavoir-mon[385] si on peut frapper ou blesser les corps p49v° diaboliques?
Le Cap. — « On les peut frapper, disait frère Marc, jusqu'à leur faire grand douleur, si on les atteint vivement en la peau. » — « Mais comment se peut-il faire? lui dis-je, puisqu'ils sont esprits sans corps solides ni composés. Si est-ce qu'[386]il n'y a que les corps composés qui aient sentiment. » — « Je m'ébahis,[387] dit frère Marc, comment on peut ignorer ceci, que ce n'est ni os ni nerf en l'homme qui que soit[388] qui ait sentiment, ains[389] l'esprit qui est en iceux et par ce,[390] bien que[391] on foule ou offense le nerf, soit qu'on le refroidisse, soit qu'on lui fasse quelque autre mal, la douleur procède de l'esprit ou vent, qui entre en l'autre, esprit. Car un corps concret[392] et p50r° composé ne se pourrait jamais douloir[393] de soi-même, ains celui qui aspire et respire, pour ce que[394] depuis qu'un corps est démembré ou mort, il n'y a aucun sentiment, d'autant qu'il est dénué d'esprit ou respiration. Par ainsi donc l'esprit diabolique, qui naturellement est par tout sensible en toutes ses parties peut être vu[395] et ouïr, et soutire les douleurs de l'attouchement, et si ou le blesse, il s'en deult et écrie[396] ; de même les corps solides diffèrent d'iceux en ceci, que tous autres corps recevant quelques taillades[397] à peine[398] ou nullement se peuvent guérir, mais si le diabolique est taillé ou balafré, à l'instant il se rejoint, comme font les parcelles de l'air, ou de l'eau, p50v° qui auraient ahurté[399] à quelque corps solide.[400] Or bien que cette manière d'esprit se rejoigne plus tôt qu'on ne saurait dire, si est-ce qu’il[401] endure grand' douleur au même instant qu'on lui baille[402] taloche, et pour celte cause craint-il fort les pointes de couteaux, épées et autres ferrements.[403] Ce que n'ignorant ceux qui les veulent conjurer et détourner, fichent aiguilles[404] et couteaux, les pointes contremont,[405] là part où[406] ne veulent qu'ils approchent, et inventent mille autres artifices soit pour les chasser par antipathies ou choses contraires à leur goût, soit pour les allicher[407] par sympathies ou choses à eux agréables. » Voila ce que frère Marc me disait touchant ce que dessus,[408] assez p51r° persuasiblement.
Tim. —Vous dit-il point aussi, Capitaine, si les diables ont la science de pronostiquer et prédire les choses à venir, ou non ?
Le Cap — Trop bien les dit-il avoir la science de pronostiquer mais non la causette[409] et intellectuelle, ni la scientifique aussi, ains la symbolique ou conjecturale tant seulement. Et ce, par ce que le plus souvent ils prédisaient à faute,[410] et qu'entre tous autres les diables matériels ont une bien p51v° petite et faible science de pronostiquer, et qu'ils ne, disent rien de vérité, ou bien peu.
Tim. — Pourriez-vous donc avoir le loisir de me faire un petit discours de leur science de pronostiquer?
Le Cap. — Je le ferais très volontiers, si le temps mêle permettait; mais il est heure de se retirer. Car vous voyez comment l'air qui nous atourne[411] est chargé de nues et ne garde l'heure de pleuvoir. Dont[412] il y a danger que si sommes plus longtemps assis en ce lieu-ci, ne nous en retournions par eau, bien mouillés et trempés.
Tim. — Dea![413] que pensez-vous faire, Monsieur le Capitaine, de laisser ainsi ce propos suspens[414] et imparfait?
Le Cap. — Je vous en supplie, Monsieur mon grand ami, de ne vous en p52r° fâcher. Car Dieu aidant, si nous <nous> rencontrons jamais et trouvons ensemble, je récompenserai si bien ce qui reste de ce devis,[415] que ce qu'on dit communément et en proverbe des décimes des Syracusains ne sera rien au prix.[416]
Fin.
Le 18 janvier 1573, jour de Septuagésime.
Σὺν Θεῷ.
[1] C’est sur le conseil d’un de nos maîtres, Monsieur Aimé Puech, que nous avons entrepris la réédition de cette traduction. Qu’il veuille bien accepter l’hommage de notre modeste travail.
[2] Cf. Emm. Egger dans Dictionnaire des sciences philosophiques, art. Michel Psellos.
[3] Nous en avons apprécié le mérite littéraire dans notre Étude de la langue et du style de Michel Psellos, Paris, 1920, p. 438.
[4] Elle comporte 52 feuillets, paginés seulement au recto. Nous avons reproduit cette pagination, avec notation du recto et du verso. Notre réimpression, est-il besoin de le dire? est de tout point conforme à l'original. Nous en avons seulement modernisé l'orthographe, comme font communément nos auteurs d'éditions à l'usage des classes, expliquant en note les mots et les tours de l'ancienne langue peu familiers au lecteur.
[5] Cette version latine parut pour la première fois en 1577, à Paris, sous le titre : Sapientissimi Michaelis Pselli poetae et philosophi graeci Dialogus de Energeia seu Operatione Daemonum. On la trouve encore reproduite dans la Maxima Bibl. Vel. Patrum, t. XVIII, p. 589 sqq.
[6] Une discussion de Boissonade, Op. cit., VI, n. 1 et 2, sur le nom de Moreau. parfois défiguré en Morel par des écrivains de Biographies et de Bibliothèques mal documentés, ne jette aucun jour sur la question.
[7] Feu-Ardent, le moine ligueur bien connu, le qualifie de « vir optimus et doctissimus » (Praefatio in M. Pselli libellum, etc. ; cf. éd. Boissonade. p. vi).
[8] En sus des deux traductions de Psellos, il se signala par une version latine des cinq premiers chapitres du Thesaurus orthodoxae fidei de Nicétas Choniatès. Cf. Boissonade, op. cit., p. xii, n. 2.
[9] Nous avons cru devoir donner en note le texte et la traduction littérale de quelques phrases particulièrement délicates.
[10] Ponctuation défectueuse, négations oubliées, mauvaises lectures de mots et autres mêmes fautes coutumières aux imprimeurs.
[11] Nous n'y avons relevé qu'un fort petit nombre de lacunes.
[12] Ainsi, la vieille femme dont il est question p. 46 r°, devient « une vieille·sempiterneuse » et le vieil homme « un vieillard rechigné, tout courbé et, tremblotant ». L'expression πάντες ἐν ἀπορίᾳ περιειστήκεσαν est rendue de la façon la plus pittoresque, p. 35 v°, par « tous restaient là camus et écornés ». Cf. encore p. 40 v°, « un petit chien chauvissant des oreilles et flattant de la queue », etc.
[13] Ainsi traduit-il fort joliment la phrase, p. 48 v°, par « finis ces mots, il se prit si fort à pleurer que les larmes lui ondoyaient et ruisselaient à flac des deux yeux ».
[14] Ne va-t-il pas jusqu'à moderniser son Psellos par des comparaisons empruntées à la vie du xvie siècle ? Ainsi, il appelle l'un des personnages du dialogue, p. 1 v°, « Monsieur le Capitaine de Thrace », et il lui applique le qualificatif d’« Inquisiteur de la foi »; ailleurs, p. 46 v°, il évoque le souvenir du diable de Vauvert.
[15] Nous avons reproduit intégralement, en regard des premières pages de la version, le texte de Psellos. Mieux que toute appréciation ou commentaire, cette reproduction donnera au lecteur une idée exacte de la manière du traducteur.
[16] Sans date liminaire. Une date ligure à la fin de la Préface : à Paris, le 21 décembre 1573, et une autre à la fin du volume : le 18 janvier 1573, jour de la Septuagésime.
[17] Cf. Boissonade, op. cit., pp. vi-xi.
[18] Cette Préface en 38 pages comprend : un rapide exposé, d'après Zonaras, de la vie et des œuvres de Psellos ; une étude de l'hérésie des Euchites, suivie d'une longue comparaison entre ces hérésiarques et les protestants; un tableau du rôle des démons dans la vie des hommes, et en particulier de certains saints : leur méchanceté, leurs maléfices ; des témoignages de l'Écriture, des Pères, etc.; enfin, un éloge du personnage Jean de Saint-André, à qui la Préface est dédiée.
[19] Le texte grec porte seulement les désignations Θρᾷξ. Τιμόθεος. Les explications que le traducteur ajoute à ces noms propres sont justifiées par le rôle des personnages dans le dialogue. Cf. en particulier pp. 32 v°, 33 r°, 34 r°.
[20] La division de l'ouvrage en chapitres, avec titres, ne ligure pas dans l'édition critique de Boissonade. Nous avons cru devoir la conserver avec l'éditeur Gaulmin (rééd. Migne). Le lecteur remarquera que les titres du traducteur, qui fournissent une analyse détaillée de chacun des chapitres, sont plus explicites que ceux de Gaulmin.
[21] p nn = numéro de la page du folio ; r°=recto, v°=verso.
[22] Affaires.
[23] Tisser. « Tisser l'apologue d'Alkinos », locut. proverbiale, c.-à-d. débiter un récit aussi long que l'apologue d'Alkinos.
[24] Récit, exposition.
[25] Raconter en détail.
[26] Coquin, criminel ; cf. pp. 8 v°, 9r°.
[27] Foisonner comme des lapins.
[28] Pour ce qui est de.
[29] Raconter en détail. Cf. p. 1 v°.
[30] Qui plus est, par surcroit. Cf. p. 18 r°.
[31] Tourner.
[32] Pour ce qui vous concerne.
[33] Acquisition, profit.
[34] Au sujet de, sur.
[35] Commencer, (ordior).
[36] Quelqu'un.
[37] Tomber sur; heurter contre.
[38] D'elles.
[39] A la suite de quoi.
[40] Ut laceam, ne dicam, pour ne pas (vous) dire que...
[41] Quelques-unes.
[42] Propos, entretien.
[43] Aller.
[44] Texte : εἶεν.
[45] Vous entendrez.
[46] Interprète.
[47] Mais.
[48] Sale, dégoûtant.
[49] De lui. Cf. iceux, p. 20 r°.
[50] Mettre quelque chose de carré contre qqn ; d'où opposer directement. Redondance du trad. Texte : τῷ Μάνεντι... Θεῷ... Θεόν πλημμελῶς ἀντιτάττοντι.
[51] Add. du trad.
[52] Texte : Σαταναήλ. Cf. d'ailleurs la note de Boissonade, s. v.
[53] Lat. quantas, combien de, combien grand.
[54] Vomir.
[55] Lourde.
[56] Exécration, anathème.
[57] Dans les.
[58] Jean, I, 14. Et nous avons vu sa gloire, une gloire comme celle qu'un fils unique tient de son père. Le trad. a négligé de traduire le verset qui suit celui-là.
[59] Bête.
[60] Se vanter impudemment
[61] Réfléchi pour intrans, apparaître.
[62] Trompeur.
[63] Mufle.
[64] Partic. d'excitation, de renforcement. Da ! Add. du tr.
[65] Pourtant, néanmoins.
[66] Pierres fausses. Add. du tr.
[67] Au bout d'un certain temps. Add. du tr.
[68] Maintenant.
[69] Du tout au tout, complètement.
[70] Ouïr, entendre.
[71] Il y a un certain temps, depuis longtemps.
[72] A bride abattue.
[73] Ce qu'ils gagnent.
[74] Pourtant, toutefois, toujours est-il. Cf. p. 2 r°.
[75] Et si quelqu'un voulait.
[76] Crime. Cf. forfante. p. 2 r°
[77] Se refuser à.
[78] En quelque lieu que ce soit.
[79] L’euphonique. A-t-on ouï.
[80] Tenter, essayer.
[81] Pour ce qui est de. Cf. p. 2 r°.
[82] Pourtant, toutefois. Cf. pp. 7 r°. 8 v°.
[83] Collecteur d'ordures.
[84] Faire ployer.
[85] Honte.
[86] M. à m. et pour un peu je m'arrêterais.
[87] Tréteaux.
[88] Inciser, couper.
[89] Petit enfant.
[90] Bocaux.
[91] Mis en réserve dans.
[92] En cachette.
[93] Faire honte à, déshonorer.
[94] Sorte d'hydromel.
[95] Comme eux.
[96] Mets ou breuvage empoisonné.
[97] Écu d'armoirie.
[98] S'en aller, partir.
[99] Ne font pas conscience de; n'ont pas scrupule de.
[100] Mais.
[101] Addit. du tr.
[102] Régaler par un festin, régaler.
[103] Litt. querimonia, plainte.
[104] Au sujet de, touchant.
[105] Celui-ci.
[106] Une fois, un jour.
[107] Plein de bile noire.
[108] De ce que.
[109] Restaurer.
[110] Au masc. Cf. dans Littré, s. v., un ex. de La Boétie.
[111] Lat. Reducere in memoriam. Cf. p. 32 r°.
[112] Je ne puis pas ne pas admirer.
[113] Dans les. Cf. p. 6 r°.
[114] Plage (lat. plaga, étendue de terre).
[115] Chez les.
[116] M. à m., même, s'il y a quelque peuple sans loi et sauvage du côté de la Bretagne, tu ne l'entendras dire de ce peuple.
[117] Mon. particule affirmat., à savoir vraiment, à savoir.
[118] Atteindre.
[119] Apparaître. Cf. p. 6 v°.
[120] Ici est à signaler une lacune importante du trad., lacune sans doute volontaire, car le texte est une citation de Saint Basile, t. I.
[121] Modèle.
[122] Autrement que.
[123] De notre pays, c'est-à-dire chrétiens.
[124] Cliquer — éclater, briller.
[125] Toutefois, Cf. p. 7 r°.
[126] Lat. pristina, ancienne.
[127] De plus, outre cela. Cf. p. 2 v°.
[128] Par cela même.
[129] Lat. patibilis, doué de sensibilité: capable de plaisir ou de douleur. Cf. pp. 19 r° et v°; 20 r°.
[130] Celui-ci.
[131] Pourtant. Cf. p. 7 r°.
[132] Action de se heurter â, «le se rencontrer avec; rencontre.
[133] se fausser, s'émousser.
[134] Comme celles que nous avons dites ci-dessus.
[135] Elles. Cf. p. 3 r°.
[136] M. à. m. Pour celui-ci, rien de ces choses ne lui est un obstacle, attendu qu’il n'a aucune opposition contre quoi que ce soit et qu'il n'est composé des mêmes éléments que. quoi que ce. soit.
[137] En quelque manière.
[138] Toucher.
[139] Réfléchi pour intrans. souffrir.
[140] Quelques-uns.
[141] Capables de plaisir ou de douleur. Cf. p. 18 r°.
[142] Même.
[143] Inventer faussement.
[144] En quelque façon que ce soit. Cf. p. 9 v°.
[145] Pour ce qui est de moi ; pour ce qui me concerne. Cf. p. 2 r°.
[146] Une fois, un jour. Cf. p. 13 v°.
[147] Quelques-uns. Cf. p. 3 r°.
[148] D’eux. Cf. p. 4 v°.
[149] D’elle.
[150] Lat. vermis, ver. Cf. p. 39 v°.
[151] Pourtant. Cf. p. 7 r°.
[152] Cf. p. 7 r°, 16 r°.
[153] De même que nous, comme nous.
[154] Mais. Cf. p. 3 v°.
[155] Lat. latens, caché.
[156] La conjonction ou n'a pas ici de raison d'être. Elle est soit à supprimer, cuit,'ι reporter devant le terme « le ténébreux » (add. du tr.) qui explique le précédent.
[157] Toucher. Cf. p. 18 v°.
[158] Remettre en l'esprit, rappeler.
[159] Dans lesquels. Cf. p. 6 r°.
[160] Enumérer en détail. Cf. p. 1 v°.
[161] Récit, exposition. Cf. p. 1 v°.
[162] Dire en détail.
[163] D'eux. Cf. p. 4 r°.
[164] Rapport.
[165] Elle. Cf. p. 3 r°.
[166] Ajoutez que.
[167] Adjectifs ajoutés par le trad. Traversain = oblique.
[168] De même.
[169] Avoir du rapport avec.
[170] Repentir.
[171] Se réduisaient, id est se ramenaient dans le droit chemin, à la raison. Add. du tr.
[172] En outre. Cf. pp. 2 v°, 18 r°.
[173] Toujours est-il que. Cf. pp. 7 r°, 8 v°.
[174] Tourner· tout autour ; faire la ronde; circuler.
[175] Aller au hasard, errer çà et là.
[176] S'élancer, se précipiter d'une façon désordonnée (cf. le subst. ravage = écoulement rapide et fougueux d'une eau). Addit. du tr. errer çà et là
[177] Toucher. Cf. pp. 18 v°, 21 r°.
[178] Lat. peculiaris, particulier. Cf. p. 44 r°.
[179] Larguer : faire la manœuvre. Αdd. du tr.
[180] Ceux-ci; eux. Cf. pp. 4 r°, 20 r°.
[181] Tantôt ici, tantôt là.
[182] Se placer le long de, â côté de.
[183] Spiritus imaginativus.
[184] Aiguillonner.
[185] Qu'on entende.
[186] Ici est a signaler dans la trad. une inexactitude.
[187] De quant…, de tant... = D'autant..., d'autant...
[188] Parler en criant, crier.
[189] A sa volonté.
[190] S'entretenir.
[191] Semblablement.
[192] Prêter attention (à).
[193] Celui-ci (l’air).
[194] Lat. impertit.
[195] Propre à, capable de.
[196] Dans les. Cf. p. 6 r°.
[197] Pousser, enfoncer.
[198] Lat. similitudines. images.
[199] Aiguillonner.
[200] Images.
[201] Caresser d'une façon mignarde, délicatement.
[202] Surtout. Et ils font cela surtout lorsqu'en nous ils trouvent
[203] Lat. consentire. être d'accord avec eux, leur prêter appui.
[204] Fournir en entier, achever, consommer.
[205] Tourmenter.
[206] Quoique. Cf. pp. 32 v°, 33 v°.
[207] Néanmoins. Cf. p. 7 v°.
[208] Id est les exhalaisons pestilentielles du gouffre de Charon. Cf. éd. Boissonnade, s. l.
[209] Toucher à. Cf. pp. 18 v°, 21 r°, 24 r°.
[210] Mauvaise rencontre.
[211] Sur qui que ce soit que. Cf. pp. 36 r°, 49 v°.
[212] Broyer, maltraiter.
[213] Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'ils... Cf. pp. 30 v°, 35 r°.
[214] Lat. vexare, tourmenter, molester. Cf. p. 35 v°.
[215] Désir. Cf. infra.
[216] S'embater, se précipiter sur.
[217] Mais, Cf. p. 3 v°.
[218] Avoir du désir (appetitus) pour. Cf. supra.
[219] Dans les. Cf. p. 6 r°.
[220] Pour cette cause.
[221] Recueillir, recevoir.
[222] Surtout. Cf. mêmement, p. 26 v°..
[223] Bien, réglé, tempéré.
[224] Dans lesquels.
[225] En conséquence.
[226] D'où il résulte que.
[227] Fautifs.
[228] Quelqu'un. Cf. p. 3 r°.
[229] Tourmenter. Cf. p. 27 r°.
[230] Briser.
[231] Détendre, relâcher. Cf. p. 36 r°.
[232] Boucher avec de l'étoupe, obstruer.
[233] En tant que.
[234] Émousser.
[235] Lui. Cf. p. 4 r°.
[236] Imagination. Cf. fantasque, p. 25 r°.
[237] Pour cette cause. Cf. p. 28 v°.
[238] Assoupissement. Cf. p. 31 v°,
[239] Léthargie.
[240] Mais.
[241] Il n'y a rien d'étonnant. Cf. p. 28.
[242] Prêter attention à. Cf. p. 26 r°.
[243] Ces maux-ci.
[244] Bile noire. Cf. mélancolique, p. 13 v°.
[245] Surcharge.
[246] Dans lesquels.
[247] Imagination.
[248] Agiter violemment.
[249] La ponctuation du trad. « sentiment. Ains ... venir. Comment... », rend la phrase peu intelligible. Nous avons cru devoir la modifier.
[250] Cf. p. 15 r°.
[251] Avertissement.
[252] Grat = lieu où les poules grattent; envoyer au grat envoyer promener.
[253] Bien que. Cf. p. 27 r°.
[254] Marques distinctives. Add. du trad.
[255] Etat auquel on est appelé ; occupation.
[256] Au bout d'un certain temps. Cf. p. 7 r°.
[257] Venant de ce côté, de là.
[258] Lat. recusare, refuser.
[259] Add. du tr.
[260] Chaque fois que.
[261] Aux environs de; vers.
[262] Celui qui révèle, qui indique. Add. du tr.
[263] Bien que.
[264] Lat. affectus. désir.
[265] Ce que.
[266] Trompeur.
[267] Ce coup-ci.
[268] M. à. m. tu seras dans ton corps un homme de beaucoup de malheurs. Infra, pour ce que = parce que. Cf. pp. 47 v°, 50 r°.
[269] Mésaventure, malheur.
[270] Trépied.
[271] Pensée.
[272] Inventer une fausseté.
[273] Il n'y a rien d'étonnant. Cf. pp. 28 r°, 30 v°.
[274] Mot omis dans la trad.
[275] Elle. Cf. p. 3 r°.
[276] Une fois, un jour. Cf. p. 13 v°.
[277] Tirailler, tourmenter. Cf. p. 28 r°.
[278] Embarrassé, interdit.
[279] Qui a perdu ses moyens.
[280] Exécution.
[281] Lat. occurrentia, rencontres, circonstances.
[282] Sortir de son bac, de son réservoir ; préférer.
[283] Tout d'abord.
[284] Défier.
[285] Trad. littérale de ἀφορκισμός. Cf. p. 46 v°.
[286] Devenir forcené, perdre le raison.
[287] Se relâcher (de ses fureurs); se calmer. Cf. p. 29 v°.
[288] S'apaiser, se calmer.
[289] Add. du tr.
[290] Mais. Cf. p. 3 v°.
[291] Bien que, malgré que. Cf.p. 27 r°.
[292] Couvert d'ombre, sombre.
[293] Couette, coussin de plumes sur lequel sont étendus les draps.
[294] Ces paroles dites.
[295] Pour ce qui est de, Cf. pp. 2. r°, 9 v°.
[296] Au moment présent.
[297] A savoir vraiment; à savoir. Cf. p. 15 v°.
[298] De plus.
[299] Donner.
[300] Lat. idoneus. propre à; capable.
[301] Qui se rapporte à la question; documenté.
[302] Apparaît Cf. p. 6 v°.
[303] Tantôt, Cf. p. 7 v°.
[304] S'arranger, s'ajuster.
[305] Lat. solvere, résoudre. Cf. infra.
[306] Se mettre en émoi (au sujet de) ; se· préoccuper.
[307] Raconter en détail. Cf. p. 2 r°.
[308] Dans les. Cf., p. 6 r°.
[309] Pour cette cause. Cf. pp. 28 v°, 30 r°, 44 v°.
[310] Lat. affectus, manière d’être. Cf. infra, p. 40 r°.
[311] Sic, Sans doute, faute d'impression pour or. Cf. de même infra.
[312] Parce qu'ils sont.
[313] Tantôt. Cf. p. 38 r°.
[314] Dans les.
[315] Ver. Cf. p. 20 v°.
[316] Achée ou aiche. ver de terre.
[317] Propre. Cf. p. 38 r°.
[318] Sic. Texte : δέ. Sans doute, faute d'impression pour or. Cf. supra.
[319] L’action de sa fantaisie, de son imagination. Cf. pp. 42 r° et v°.
[320] Cf. note 322.
[321] Sic. Faute d'impression pour il sault = il saute, il bondit.
[322] Se précipiter. Add. du tr. Cf. p. 47 v°.
[323] Avec une grande rapidité.
[324] Récipient en forme d'oiseau (cf. un oiseau de maçon) : outre.
[325] Dresser les oreilles. Add. du tr.
[326] Qu’il est dit ci-dessus. Cf. p. 18 r°.
[327] Verbi gratia.
[328] Débrouiller quelque chose d'obscur.
[329] Cf. p. 39 v°.
[330] Quelques. Cf. p. 3·r°.
[331] Trou.
[332] Par cela. Cf. pp. 40 r°, 44 v°, 49 v°.
[333] Occuper le milieu entre.
[334] Toutefois, néanmoins Cf. p. 7 r°.
[335] Vivre.
[336] Image. Cf. p. 26 v°.
[337] Sale, malpropre.
[338] Action de s'approcher.
[339] Quant au fait que.
[340] Particulier. Cf. p. 24 r°. Cf. infra; p. 44 v°. faisaient leurs approches.
[341] Pour cette cause. Cf. p. 38 v°.
[342] Lat. semonere, avertir, exciter.
[343] Etant semonts... idoles. Add. du trad.
[344] Semblablement, de même. Cf. p. 28 r°.
[345] Le fait d'être touché ; attouchement.
[346] Texte : εἶεν.
[347] Solution.
[348] Animé d'outrecuidance.
[349] Par-dessus.
[350] De quelque façon, Cf. p. 3 r°.
[351] Chaque lois que.
[352] Même.
[353] Qui vieillit démesurément.
[354] Etre saisi de froid; frissonner.
[355] M. à. m. Dans la pensée que ceux qui font ces menaces pourraient les conduire à terme (les réaliser).
[356] Jusqu'à tant ; à un tel degré ; tant.
[357] Ébloui, interdit, incapables de discernement.
[358] Cf. p. 36 r°.
[359] Fil.
[360] Add. du tr. Vauvert, ancien château qui existait autrefois sur l’emplacement actuel du jardin du Luxembourg, et que l'on disait fréquenté· par ses revenants.
[361] Faiblesse.
[362] Pour peu qu'il ait.
[363] S'attacher à.
[364] Caresser. Cf. p. 26 v°.
[365] Se précipiter, se ruer. Cf. p. 40 v°.
[366] Embuscade (se glisser subrepticement).
[367] Parce que. Cf. p. 34 r°.
[368] Tromperie.
[369] Lat. scintilla, étincelle.
[370] Courir de côté et d'autre, s'éparpiller.
[371] Texte : θεοπτίας.
[372] Dans lesquelles. Cf. p. 29 r°.
[373] Il n'y a.
[374] Assurance.
[375] Lat. obtenebrati.
[376] Phrase obscure, le sens est le suivant : Mais leurs jouets et passe-temps sont tels que ceux qu'on aperçoit quand on ouvre les yeux .... ou qu'on aperçoit en leurs beaux miracles, (entendez oculorum fancinationes — (les hallucinations, et non oculorum productiones = des écarquillements d'yeux.
[377] Il y a un certain temps. Cf. p. 8 r°.
[378] Ce qui a été dit ci-dessus. Cf. p. 18 r°.
[379] Redressé.
[380] Port de mer.
[381] Se répandre en onde.
[382] Etre joyeux ; témoigner de la joie.
[383] Mésaventure, malheur. Cf. encombrier. p. 34 r°.
[384] Toujours est-il que.
[385] A savoir vraiment, à savoir Cf. p. 15 v°
[386] Toujours est-il que.
[387] S'étonner.
[388] Quel qu'il soit. Cf. p. 27 v°.
[389] Mais. Cf. p. 3 v°.
[390] Par cela, à la suite de cela. Cf. p. 43 r°.
[391] Sic. Le texte exigerait « soit qu'on foule, etc. »
[392] Lat. Concretus.
[393] Souffrir. Cf. infra, et cf. p. 18 v°.
[394] Parce que. Cf. p. 34 r°.
[395] Sic. Faux sens. Le sens exige : « peut voir et ouïr ». « Il voit et il entend d'une façon immédiate et il ressent le contact ».
[396] Pousser des cris.
[397] Coupure, entaille, blessure.
[398] Avec peine.
[399] Se heurter à. Cf. p. 3 r° et cf. ahurt, p. 18 r°.
[400] Mot à mot: le corps des déments se reconstitue immédiatement s'il vient à être séparé en parties, de même que les parties de l'air ou de l'eau (se recomposent), lorsqu'un corps solide vient à se mettre entre elles.
[401] Toujours est-il que. Cf. p. 49 r°.
[402] Donner.
[403] Instruments en fer.
[404] Trad. : aguille.
[405] En haut.
[406] Dans la partie où, du côté où.
[407] Allécher.
[408] Ce qui est dit ci-dessus. Cf. p. 18 r°.
[409] Lat. causalis.
[410] Avec faute, faussement.
[411] Tourner autour; entourer.
[412] A la suite de· quoi; par suite. Cf. p. 3 r°.
[413] Da ! Cf. p. 7 r°.
[414] Lat. suspensus, en suspens, inachevé.
[415] Propos, entretien. Cf. p. 3 r°.
[416] En comparaison.