BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS
64. Théophane de Byzance, Histoire.
Ἀνεγνώσθη Θεοφάνους Βυζαντίου ἱστορικῶν λόγοι δέκα. Ἄρχεται δὲ ὁ πρῶτος λόγος ἀπὸ τοῦ Περσικοῦ πολέμου τοῦ συστάντος μετὰ τὴν διάλυσιν τῶν σπονδῶν ἃς Ἰουστινιανὸς ὁ βασιλεὺς καὶ Χοσρόης ὁ Περσῶν ἀλλήλοις ἔθεντο, ἔλυσε δὲ Χοσρόης τε αὐτὸς καὶ Ἰουστῖνος διάδοχος Ἰουστινιανοῦ καταστάς, δευτέρου ἔτους τῆς ἀρχῆς αὐτοῦ περαιουμένου. Ἀρχόμενος δὲ ἐντεῦθεν τῆς ἱστορίας κάτεισι μέχρι δεκάτου ἔτους αὐτοῦ τοῦ πολέμου. Μέμνηται δὲ ἐν τῷδε τῷ πρώτῳ τοῦ βιβλίου λόγῳ καὶ τὰ κατὰ Ἰουστινιανὸν ἱστορῆσαι· οὐ μὴν ἀλλὰ δῆλός ἐστιν ὡς καὶ ἐφεξῆς τῶν δέκα λόγων ἑτέρους συνέταξε. Διέξεισι δὲ ἐν μὲν τῷδε τῷ λόγῳ ὅπως αἱ σπονδαὶ συνεχύθησαν Ἰουστίνου μὲν διὰ Κομεντιόλου Σουανίαν παρὰ Χοσρόου ἀπαιτοῦντος, αὐτοῦ δὲ ὑποτιθεμένου, οὐ μέντοι διδοῦντος, ὅπως τε ἡ Μεσοποταμία πᾶσα ἐσείσθη, προοίμιον τῶν ἐπελευσομένων κακῶν γενομένη. Ὅτι τὰ πρὸς Εὖρον ἄνεμον τοῦ Τανάϊδος Τοῦρκοι νέμονται, οἱ πάλαι Μασσαγέται καλούμενοι, οὓς Πέρσαι οἰκείᾳ γλώσσῃ Κερμιχίωνάς φασι. Καὶ αὐτοὶ δὲ ἐν τῷ τότε δῶρα καὶ πρέσβεις πρὸς βασιλέα Ἰουστῖνον ἔστειλαν, δεόμενοι μὴ ὑποδέξασθαι αὐτὸν τοὺς Ἀβάρους. Ὁ δὲ τὰ δῶρα λαβὼν καὶ ἀντιφιλοφρονησάμενος ἀπέλυσεν εἰς τὰ οἰκεῖα. Τοῖς δὲ Ἀβάροις ὕστερον ἐλθοῦσι, καὶ Παννονίαν οἰκῆσαι καὶ εἰρήνης τυχεῖν δεομένοις, διὰ τὸν πρὸς τοὺς Τούρκους λόγον καὶ τὰς συνθήκας οὐκ ἐσπείσατο. Ὅτι τὴν τῶν σκωλήκων γένεσιν ἀνὴρ Πέρσης βασιλεύοντος Ἰουστινιανοῦ ἐν Βυζαντίῳ ὑπέδειξεν οὔπω πρότερον ἐγνωσμένην Ῥωμαίοις. Οὗτος δὲ ἐκ Σηρῶν ὁρμηθεὶς ὁ Πέρσης τὸ σπέρμα τῶν σκωλήκων ἐν νάρθηκι λαβὼν μέχρι Βυζαντίου διεσώσατο, καὶ τοῦ ἔαρος ἀρξαμένου ἐπὶ τὴν τροφὴν τῶν συκαμίνων φύλλων ἐπαφῆκε τὰ σπέρματα· τὰ δὲ τραφέντα τοῖς φύλλοις ἐπτεροφύησέ τε καὶ τἄλλα εἰργάσατο. Ὧν τήν τε γένεσιν καὶ τὴν ἐργασίαν ὁ βασιλεὺς Ἰουστῖνος ὕστερον τοῖς Τούρκοις ὑποδείξας ἐθάμβησεν. Οἱ γὰρ Τοῦρκοι τότε τά τε Σηρῶν ἐμπόρια καὶ τοὺς λιμένας κατεῖχον. Ταῦτα δὲ πρὶν μὲν Πέρσαι κατεῖχον, Ἐφθαλάνου δὲ τοῦ Ἐφθαλιτῶν βασιλέως, ἐξ οὗ καὶ τὸ γένος ἔσχε τὴν κλῆσιν, Περόζην καὶ Πέρσας νικήσαντος ἀφῃρέθησαν μὲν τούτων οἱ Πέρσαι, δεσπόται δὲ κατέστησαν Ἐφθαλῖται· οὓς μικρῷ ὕστερον μάχῃ νικήσαντες Τοῦρκοι ἀφεῖλον ἐξ αὐτῶν καὶ ταῦτα. Ἰουστῖνος δὲ Ζήμαρχον ἐς τοὺς Τούρκους πρέσβυν ἀπέστειλεν· ὃς καὶ λαμπρῶς ἑστιάσας τε τοὺς Τούρκους καὶ ἐς τὰ μάλιστα φιλοφρονηθεὶς ἐς τὸ Βυζάντιον ἐπανῄει. Διὸ καὶ ὁ Χοσρόης ἐπ´ Αἰθίοπας φίλους ὄντας Ῥωμαίοις, τοὺς πάλαι μὲν Μακροβίους νῦν δὲ Ὁμηρίτας καλουμένους, ἐστράτευσε καὶ τόν τε βασιλέα τῶν Ὁμηριτῶν Σανατούρκην διὰ μηράνους τοῦ Περσῶν στρατηγοῦ ἐζώγρησε, τήν τε πόλιν αὐτῶν ἐξεπόρθησε, καὶ τὸ ἔθνος παρεστήσατο. Διέξεισι δὲ καὶ ὅπως Ἀρμένιοι ὑπὸ Σουρήνου κακούμενοι, καὶ μάλιστα περὶ τὴν εὐσέβειαν, τόν τε Σουρήναν ὁμοφρονήσαντες διὰ Οὐαρδάνου οὗ τὸν ἀδελφὸν Μανουὴλ ἐτύγχανεν ἀνελών, καὶ δι´ ἑτέρου τινὸς Οὐάρδου ἀνεῖλον, καὶ Περσῶν ἀποστάντες Ῥωμαίοις προσεχώρησαν, τὸ Δούβιος τὸ πόλισμα, ἐν ᾧ κατῴκουν, ἀπολιπόντες καὶ πρὸς τὰ Ῥωμαίων ἤθη γενόμενοι καὶ τοῦτο μάλιστα γέγονε τῆς τῶν Περσῶν πρὸς Ῥωμαίους σπονδῶν καταλύσεως αἴτιον. Ἀπέστησαν δὲ παραυτίκα καὶ Ἴβηρες, καὶ προσεχώρησαν Ῥωμαίοις, Γοργένους αὐτῶν ἡγεμονεύοντος· ἦν δὲ τῶν Ἰβήρων τότε ἡ Τίφιλις μητρόπολις. Ὅτι Μαρκιανὸς ὁ τοῦ Ἰουστίνου τοῦ βασιλέως ἐξάδελφος, τῆς Ἕω χειροτονηθεὶς στρατηγός, εἰς τὸν πρὸς Χοσρόην πόλεμον ὀγδόῳ ἔτει τῆς Ἰουστίνου βασιλείας ἐξαποστέλλεται. Ἰωάννης δὲ ὁ τῆς Ἀρμενίας στραρηγὸς καὶ μιράνης ὁ τῶν Περσῶν, ὁ καὶ Βαραμαάνης, τὴν στρατείαν συνήθροιζον. Καὶ τοῖς μὲν Ἀρμενίοις συνεμάχουν Κόλχοι, Ἀβασγοὶ καὶ Σαρώης ὁ Ἀλανῶν βασιλεύς, τῷ δὲ μιράνῃ Σάβιροι καὶ Δάγανες καὶ τὸ Διλμαϊνὸν ἔθνος. Πολεμήσας δὲ ὁ Μαρκιανὸς τὸν μιράνην περὶ τὴν Νισιβηνῶν πόλιν αὐτὸν μὲν ἐς φυγὴν ἔτρεψεν, ἀνεῖλε δὲ ἐν τῇ μάχῃ χιλίους καὶ διακοσίους, καὶ ζῶντες ἐλήφθησαν οʹ Ῥωμαίων δὲ ἄνδρες ἀνῃρέθησαν ζʹ· ἐπολιόρκει τε ἤδη καὶ τὸ τῶν Νισιβηνῶν τεῖχος. Χοσρόης δὲ ταῦτα μαθὼν τεσσαράκοντα μὲν χιλιάδας ἱππέων, πεζῶν δὲ ὑπὲρ τὰς ἑκατὸν συναγείρας, ἠπείγετο βοηθεῖν καὶ πολεμεῖν Ῥωμαίους. Ἐν τούτῳ δὲ διαβάλλεται ὁ Μαρκιανὸς τῷ βασιλεῖ ὡς ἐρῶν τυραννίδος, καὶ βασιλεὺς πεισθεὶς αὐτὸν μὲν παρέλυσε τῆς ἀρχῆς, Θεόδωρον ἀντικαταστήσας τὸν τοῦ Ἰουστινιανοῦ παῖδα, Τζίρον ἐπίκλην. Ἀταξίας δὲ διὰ ταῦτα συμβάσης τῆς τε πολιορκίας Ῥωμαῖοι ἀπέσχοντο, καὶ Χοσρόης τὸ Δαρὰς πολιορκήσας παρεστήσατο. |
J’ai lu l'Histoire de Théophane de Byzance (1) en dix livres. Le premier livre commence avec la guerre contre les Perses, qui éclata après que le traité conclu entre Justinien et Chosroes fut dénoncé par Chosroes lui-même et Justin, le successeur de Justinien, à la fin de la deuxième année de son règne. L'histoire commence à ce moment-là et va jusqu'à la dixième année de la guerre. Dans le premier livre, l'auteur mentionne qu'il a également écrit un autre ouvrage sur l'histoire de Justinien ; en effet, il est évident qu’il ajouta d'autres livres à ces dix-là. Dans ce livre, il raconte comment le traité fut annulé. Justin envoya Comentiolus pour exiger la rétro-cession de la Suanie par Chosroes, qui avait promis de la rendre, mais ne tint pas parole. A ce moment-là il y eut aussi un grave tremblement de terre en Mésopotamie, prélude aux calamités à venir. Les Turcs, anciennement appelés Massagètes, Kirmikhiones par les Perses, vivent à l'est du Tanaïs (Don) ; ils envoyèrent alors une ambassade et des présents à l'empereur Justin, l’implorant de ne pas recevoir les Avars. Justin accepta leurs dons, reçut les ambassadeurs cordialement, et les renvoya. Lorsque les Avars ap-prochèrent ensuite Justin, lui demandant la permission d'habiter la Pannonie et voulant faire la paix, il refusa, en raison de l'accord passé avec les Turcs. Pendant le règne de Justinien, un certain Perse, visiteur de Byzance, expliqua à l'empereur l'art d'élever les vers à soie, jusque-là inconnus des Romains. Ce Perse, qui était venu de la terre des Seres (2), avait caché des œufs des vers à soie dans une canne creuse et les avait transportés à Byzance. Au début du printemps, les œufs furent placés sur des feuilles de mûrier, sur lesquelles les vers se nourrissent quand ils éclosent, devenant après des papillons de nuit, qui filent la soie. Justin, après avoir montré aux Turcs comment les vers étaient élevés et comment on faisait la soie, les surprit énormément, car à ce moment-là ils maîtrisaient les marchés et les ports de la Seres, anciennement tenus par les Perses. Ephthalanus, roi des Hephtalites, dont la tribu tire son nom, après avoir vaincu Péroz et les Perses, les chassa de leur territoire et en prit possession. Il fut à son tour, peu de temps après, vaincu et dépossédé par les Turcs. Justin envoya Zémarque en ambassade chez les Turcs ; il les divertit lors d’un magnifique banquet et après avoir été reçu avec une grande bienveillance, rentra. Chosroes marcha alors contre les Ethiopiens (anciennement appelé Macrobii (3), et à ce moment-là Homérites), qui étaient en bons termes avec les Romains. Avec l'aide de Miranes (4), général perse, il captura Sanaturces, roi des Homérites, mit leur ville à sac et ses habitants en esclavage. L'auteur raconte comment les Arméniens, maltraités par Surenas, notamment en matière de religion, conspirèrent avec Vardanes (dont le frère Manuel avait été mis à mort par Surenas) et un certain Vardus, assassinèrent Surenas, se révoltèrent contre les Perses et passèrent chez les Romains, abandonnant la ville de Dubios où ils vivaient. Ce fut la principale raison pour laquelle les Perses dénoncèrent le traité avec les Romains. Immédiatement après, les Ibères se révoltèrent aus-si avec leur roi, Gurgenes, et se mirent du côté des Romains. Tiflis était alors la capitale de l'Ibérie.
Marcien, cousin de l'empereur
Justin, qui avait été nommé commandant de l'Est, fut envoyé
contre Chosroes, la huitième année du règne de Justin. Jean,
général Arménien, et Miranes, satrape Perse (aussi appelé
Baramaanes), rassemblèrent une armée pour s'opposer à eux. Les
Arméniens furent rejoints par les Colchiens, les Abasges, et
Saroes, roi des Alains; Miranes par les Sabires, Daganes, et la
tribu de la Dilmaini (5). Marcien
vainquit Miranes à Nisibe et le mit en fuite; 1200 Perses furent
tués et soixante dix faits prisonniers, tandis que la perte
romaine n’était que de sept hommes. Marcien assiégea également
Nisibe. Chosroes, quand il en entendit parler, rassembla 40.000
cavaliers et plus de 100.000 fantassins, et s'empressa de lui
porter assistance pour attaquer les Romains. Dans l'intervalle,
Marcien avait été accusé devant l'empereur de viser le trône.
Jus-tin, persuadé que l'accusation était fondée, le renvoya de
son commandement et nomma à sa place Théodore, fils de Justinien
surnommé Tzirus. Cela entraîna des troubles : les Romains
levèrent le siège, et Chosroes as-siégea puis réduisit Dara. |
[1] On ne sait rien de l'auteur. Son histoire traitait des événements de 566-581, concernant les règnes de Justin II et Tibère II. Il sem-blerait, d'après ce que dit Photius, qu'il ait donné un compte rendu de certains événements du règne de Justinien, et continua éga-lement l'histoire un peu plus tard dans un supplément aux dix livres jusqu’au règne de Maurice. Le fragment donné ici est important pour l'introduction de l'élevage des vers à soie à Constantinople sous le règne de Justinien, et pour la première mention des Turcs (voir Gibbon, ch. 45; J.-B. Bury, Le Bas-empire romain; G. Rawlinson, La septième monarchie orientale). Ce Théophane n'est pas à confon-dre avec Théophane l’Isaurien (758-818), dont la chronique existante commence avec l'adhésion de Dioclétien (277) et va jusqu’à 811 (fin du règne de Michel I Rhangabé). [2] Chine. [3] .La « longue vie ». [4] Apparemment, c’est ici un nom propre, pas un titre.
[5]
Probablement le même que les Dilimnitae. |