BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS

          

     53

      Actes du Synode de Carthage [412 ou 411 contre les Pélagiens.]
   

       Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

53. Actes du Synode de Carthage

412 ou 411 contre les Pélagiens.


 

 

 

Ἀνεγνώσθη βιβλίον ἡ κατὰ Πελαγίου καὶ Κελεστίου σύνοδος ἐν Καρταγένῃ συστᾶσα ἐν τῇ μεγάλῃ ἐκκλησίᾳ Φαύστου Ὁνωρίου τὸ τῆς ἑσπερίου βασιλείας φρουροῦντος ἀξίωμα. Ἐξῆρχε δὲ ταύτης τῆς συνόδου Αὐρήλιος ἐπίσκοπος καὶ Δοτιανὸς Τεπτεντεσίου τοῦ πρωτοθρόνου ἐπαρχίας Βυζακηνῆς, οἷς συνήδρευον ἐκ διαφόρων ἐπαρχιῶν ἄνδρες διαπρέποντες ἱερωσύνῃ τὸν ἀριθμὸν σκεʹ.

Αὕτη ἡ σύνοδος τοὺς θνητὸν πλασθῆναι τὸν Ἀδὰμ λέγοντας ἀλλὰ μὴ ἐκ παραβάσεως τοῦτο καταδικασθῆναι, ἀναθεματίζει· ὡσαύτως τοὺς τὰ βρέφη τὰ ἀρτίτοκα μὴ χρείαν ἔχειν βαπτίσματος διὰ τὸ μὴ ἕλκειν αὐτὰ προγονικὴν ἁμαρτίαν τὴν ἐξ Ἀδὰμ ἀναθεματίζει. Καὶ τοὺς λέγοντας μέσον τόπον κολάσεως καὶ παραδείσου, εἰς ὃν καὶ τὰ ἀβάπτιστα βρέφη μετατιθέμενα ζῆν μακαρίως, καὶ τούτους οὖν ἀναθεματίζει.

 Ἔτι δὲ καὶ ἕτερα ἓξ ἀναθεματίζει παραπλήσια τούτοις κεφάλαια, ἃ τοῖς Πελαγιανισταῖς καὶ Κελεστιανοῖς πρεσβεύεται.

Ἔγραψε δὲ καὶ Θεοδόσιος καὶ Ὁνώριος οἱ βασιλεῖς πρὸς Αὐρήλιον ἐπίσκοπον κατὰ τῶν αὐτῶν. Ἔγραψε μετὰ ταῦτα καὶ Κωνσταντῖνος ὁ Πλακιδίας ἀνήρ, Οὐαλεντινιανοῦ δὲ τοῦ μικροῦ πατήρ, περὶ τοῦ ἐξορισθῆναι Κελέστιον τὸν αἱρετικόν. Ἔγραψε δὲ τὴν κατ´ αὐτοῦ ψῆφον πρὸς Οὐολοσιανὸν ἔπαρχον πόλεως. Ἔγραψε δὲ καὶ Λέων ὁ Ῥώμης περὶ τῶν ἐπιστρεφόντων Πελαγιανιστῶν, ὅπως  ὀφείλουσιν ἐπιστρέφοντες δεχθῆναι, ὅτι ἐγγράφως αὑτῶν τὸ φρόνημα ἀναθεματίζοντες.

Ἀλλὰ καὶ ἐν τῇ πρὸς Νεστόριον Κελεστίνου τοῦ ἐπισκόπου Ῥώμης ἐπιστολῇ ἡ κατ´ αὐτῶν ἔγκειται διαβολή. Ἔγραψε δὲ ὁ αὐτὸς τοῖς ἐν Γαλλίαις ἐπισκόποις περί τε τῆς τοῦ ἁγίου Αὐγουστίνου πίστεως καὶ κατὰ τῶν ἀλαζονευομένων ἐπὶ τῇ τῆς αἱρέσεως ἐξουσίᾳ. Ἔγραψε δὲ καὶ Ἱερώνυμος πρεσβύτερος πρὸς Κτησιφῶντα κατὰ τῶν λεγόντων ἀπάθειαν ἤτοι κατὰ Πελαγίου. Οὗτος δ´ ὁ Πελάγιος μοναχὸς ἦν, μαθητὴν κτησάμενος τὸν Κελέστιον.

J’ai lu un compte rendu des travaux du synode tenu à Carthage (1) dans la grande église, contre Pélage (2) et Célestius (3), quand Faustus (4) Honorius était empereur de l'Occident. Les président en étaient Aurèle, évêque de Carthage et Dotianus de Telepte, prélat principal de la province de la Byzacène, soutenus par d'éminents dignitaires de l'Eglise au nombre de 224, venus de différentes provinces.

Ce synode excommunia ceux qui affirmaient qu’Adam avait été créé mortel, et qu'il n'avait pas subi la mort comme un châtiment pour ses pé-chés; il excommunia aussi ceux qui avaient affirmé qu'il y avait une place à mi-chemin entre l'enfer et le para-dis, pour les nourrissons qui meurent sans le baptême, parce qu'ils ne sont pas redevables du péché originel d'Adam, et qu’ils pourraient alors y vivre dans un état de béatitude.

Six autres articles similaires, qui tenaient la première place dans les hérésies de Pélage et Célestius, ont également été anathématisés.

Les empereurs Théodose et Honorius écrivirent également à l'évêque Aurèle pour condamner ces mêmes hérétiques. Après cela, Constance, le mari de Placidia et le père de Valentinien le Jeune, envoya un décret à Volusianus, préfet de la ville, ordonnant que Célestius fût banni. [Ce Volusianus, oncle de Sainte Hélène (Melania (5)), était un païen à l'époque, mais menacé de mort, il se convertit à la vraie foi et fut baptisé par Proclus (6) de Constantinople, ville où il avait été envoyé sur une ambassade. Peut-être en même temps, rencontra-t-il cette sainte femme, qui était revenue de Jérusalem vers la ville-reine. (7)] Léon de Rome (8) écrivit également au su-jet de la conversion des Pélagiens pour que, s’ils souhaitaient être reçus à nouveau dans l'Église, ils dussent anathématiser leur hérésie par écrit.

Dans la lettre de Célestine, évêque de Rome, à Nestorius (9) les mêmes hé-rétiques sont condamnés. Célestine a également écrit aux évêques de Gaule pour défendre l'enseignement de Saint-Augustin et contre ceux qui étaient encouragés à prendre la parole imprudemment, l’hérésie permettant cette licence. Jérôme le prêtre (10) a également écrit à Ctésiphon (11) en réfutation de ceux qui tenaient l'idée d’impassibilité (en d'autres termes, contre Pélage). Ce Pélage était un moine et Célestius avait été son élève.
 

[1]  412 ou 411.

[2] ~ 370-440. Selon certains, il a été un Hibernien; selon d'autres, un moine gallois Morgan (Pélage = « né de la mer »). Il a résidé à Rome, en Afrique et en Palestine, où il aurait trouvé la mort. Les Pélagiens rejetaient la doctrine du péché originel, mais croyaient en la Trinité et en la personnalité du Christ.

[3] Célestius, un natif de l'Irlande, l'élève de Pélage, plus jeune et plus vigoureux que son maître. C'est à lui que l'influence de Pélagianisme a été principalement due. Certaines autorités font de lui un Italien.

[4] Si Faustus est pris avec Honorius, ce sera une épithète correspondant à Félix, sinon cela signifiera "dans la grande église de Faustus".

[5] Il avait deux saintes femmes de ce nom: l'aînée (350-410), et la jeune (383-439). C’est la dernière dont il est question ici. Elle naquit à Rome, mais se retira jeune à Hippone en Afrique, où elle fit la connaissance de Saint-Augustin, puis alla à Jérusalem, où elle em-brassa la vie monastique et mourut.

[6] Patriarche de Constantinople (434-447).

[7] Bekker indique que ce paragraphe est un ajout d’une main plus tardive.

[8] Léon le Grand, pape 440-461.

[9] 422-432.

[10] Saint Jérôme.

[11]  Censé avoir été romain ; à qui écrivit Jérôme de la Palestine, en réponse à sa demande d'avis concernant le Pélagianisme.