BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS
189. Sotion, Histoires étranges de l’eau
Nicolas de Damas, Coutumes singulières des peuples
Acestorides, Fables des villes.
Ἀνεγνώσθη Σωτίωνος τῶν σποράδην περὶ ποταμῶν καὶ κρηνῶν καὶ λιμνῶν παραδοξολογουμένων. Σύστοιχον καὶ τοῦτο τὸ βιβλιδάριον τῷ ἕκτῳ τε τῶν Πρωταγόρου καὶ τῇ Ἀλεξάνδρου συναγωγῇ, πλὴν ὅτι ἐνταῦθα τὰ περὶ κρηνῶν μόνον καὶ λιμνῶν παραδοξολογούμενα ἱστορεῖται, ἐν ἐκείνοις δὲ καὶ πλειόνων ἄλλων. Ἡ δὲ φράσις παραπλήσιος ἐκείνοις. Ἐν ταὐτῷ δὲ συνανέγνων καὶ Νικολάου λόγον Ἡρώδῃ τῷ Ἰουδαίων βασιλεῖ προσπεφωνημένον, ἐν ᾧ παραδόξων ἐθῶν ἐστι συναγωγή. Συμβαίνει μὲν εἰς ταὐτὸν ἐνίοις τῶν ὑπ´ Ἀλεξάνδρου παραδόξων συνειλεγμένων, καὶ περὶ ὧν δὲ Κόνων συνέταξεν, οὐκ ὀλίγα προσέγραψε· πλὴν ἔν τισι παραλλάσσει ταῖς ἱστορίαις, ἑτεροτρόπως αὐτὰ διεξιών. Τὴν δὲ φράσιν ἐστὶ μὲν καὶ αὐτὸς κεφαλαιώδης, οὐ μὴν οὐδὲ τοῦ σαφοῦς ἀνακεχωρηκώς, μετέχων δέ πως καὶ τῶν προειρημένων μᾶλλον συστροφῆς τινος καὶ δεινότητος. Λέγει δ´ ἔνια μὲν πολλοῖς, εἰ καὶ ξενίζοντα εἴη, ὅμως ὁμολογούμενα, τινὰ δ´ ἀγνοούμενα μέν, οὐ μὴν ἐκ τοῦ ἐμφανοῦς πρὸς μάχην τῷ πιθανῷ καθιστάμενα· ἔθη γὰρ ἐθνῶν ἰδιότροπα τὰ πολλὰ περιαγγέλλει· εὑρεῖν δ´ ἔστιν ἐν αὐτοῖς καὶ τὸ ἀπίθανον προϊσχόμενα. Ὁ ἐκ Δαμασκοῦ δ´ ἐστὶν οὗτος, οἶμαι, Νικόλαος, ὁ ἐπὶ τῶν Αὐγούστου χρόνων ἀκμάσας καὶ φίλος αὐτῷ χρηματίσας· ἐξ οὗ καὶ πλακούντων τι εἶδος, ἃ διέπεμπε Καίσαρι, εἰς τιμὴν τοῦ δεξιουμένου νικολάους ὁ Καῖσαρ ἐκάλεσεν. Οὗτος καὶ Ἀσσυριακὴν ἱστορίαν ἐν πολυστίχῳ βιβλίῳ, ὅσα παλαιὰν μνήμην ἀναγνωσμάτων ἔχομεν καταλέλοιπεν. Ἐν ταὐτῷ δὲ τεύχει συνανεγνώσθη ἐν λόγοις δʹ Ἀκεστορίδου τῶν κατὰ πόλιν μυθικῶν. Ἔοικε μὲν οὖν οὗτος ὁ ἀνὴρ οὐκ ὀλίγων εὐστοχώτερον τῇ ἐπιγραφῇ κεχρῆσθαι· ἃ γὰρ ἕτεροι ἢ οἵ γε μετριώτεροι μηδὲν ἐπισημηνάμενοι, ἢ ἔνιοι καὶ ὡς ἀληθῆ σπουδαιολογήσαντες ἀνεγράψαντο, ταῦθ´ οὗτος σὺν τῷ φιλαλήθει μύθους καλέσας, τὴν περὶ αὐτῶν ἱστορίαν ἢ μυθολογίαν, ὡς καὶ αὐτὸς χαίρει λέγων, συνετάξατο. Πολλὰ μὲν οὖν ἔστιν ἐν τούτοις εὑρεῖν, ἅ τε συνείλεκται Κόνωνι καὶ Ἀπολλόδωρος ἐν τῇ αὑτοῦ εἶπε Βιβλιοθήκῃ καὶ Ἀλέξανδρος ἤθροισε καὶ Νικόλαος προσεφώνησε καὶ Πρωταγόρας προδιέλαβεν. Ἔστι δ´ Ἀκεστορίδῃ τούτῳ καὶ πολλὰ μὲν τῶν ἐκείνοις ἀφειμένων ἀναγεγραμμένα, πλὴν καὶ ἐν πολλοῖς, περὶ ὧν οὗτός τε κἀκεῖνοι διεξέρχονται, ἀσύμβατόν ἐστιν αὐτῶν θεάσασθαι τὴν ἀφήγησιν. Πολλὰ μὲν οὖν ὁ ἀνὴρ καὶ ἱστορίαις ἐπιδόξοις μαρτυρούμενα ἐν τοῖς αὑτοῦ λόγοις ἀναγράφει, ἔστι δ´ ἃ καὶ ταῖς ἐναργείαις τὸ πιστὸν ἐνδείκνυσθαι δεδυνημένα. Καὶ ἔοικε μᾶλλον τὸ μυθικὸν οὐκ ἐπὶ διαβολῇ τῶν συντεταγμένων αὐτῷ ἐπειρῆσθαι ἀλλὰ τὸ χαρίεν καὶ ψυχαγωγὸν αὐτῶν ἐνδεικνυμένῳ, πλὴν ἀλλ´ ἔμοιγε κριτῇ εὐγνώμονος ἂν ἀπενέγκοι δόξαν, ὅτι πολλὰ ψευδῆ τοῖς γεγενημένοις συναναγράφειν μέλλων ἀμφιβόλῳ ῥήματι τῆς ἐπιγραφῆς ἀφοσιοῦται τὴν μέμψιν. Παραπλήσιος δὲ τὴν φράσιν καὶ οὗτος. |
J’ai lu de Sotion (1), des histories curieuses se produisant en maints lieux, sur des rivières, des fontaines et des lacs. Ce petit ouvrage est du même genre que le sixième livre de Protagoras et le recueil d’Alexandre, si ce n’est que dans ce livre spécifique, il ne parle que d’histoires merveilleuses sur l’eau, tandis que chez les autres, il y a de nombreuses histoires sur d’autres sujets. Le style est proche de celui des autres ouvrages. J'ai lu, dit-il, un volume de Nicolas de Damas, dédié à Hérode, dans lequel sont rassemblées les coutumes de plusieurs peuples : dans certaines narrations il est parfaitement d'accord avec Alexandre : dans d'autres, & cela assez fréquemment, il copie Conon. Quelquefois aussi, on le voit les abandonner tous les deux, & ra-conter les choses différemment. Son style quoique concis, ne laisse pas d'être clair, & l'on y trouve plus de tour & plus de force, que dans celui des écrivains dont je viens de parler. Parmi les divers faits que rapporte cet historien, il y en a qui paraissent incroyables, & dont pourtant la vérité est généralement attestée : certains sont absolument ignorés, mais ils ne choquent point de front la vraisemblance. Ce Nicolas, je pense, est Nicolas de Damas (2) ; il atteignit le sommet de sa carrière sous Auguste qui le considéra comme son ami; pour cette raison l’empereur appelait un certain gâteau "nicolai" (3), parce que Nicolas lui avait envoyé; il voulait ainsi honorer quelqu’un qui lui avait manifesté de l’amitié. Nicolas a aussi écrit, si ma mémoire de lecteur est bonne, une Histoire d’Assyrie, ouvrage de longue haleine Dans le même volume, j’ai aussi lu en quatre livres un ouvrage d’Acestorides sur les Fables urbaines. Cet auteur me semble avoir été plus averti que de nombreux autres en choisissant son titre. En fait les histoires qu’il nous a transmises, dont les plus modérées sont sans commentaire et supposées authentiques par les autres auteurs, lui les appelle fables dans son désir de précision; elles sont rassemblées en un recueil ou un livre d’anecdotes, comme il se plaît à les appeler. Parmi ces histoires, on peut en trouver beaucoup chez Conon et qu’Apollodore nous a raconté dans sa Bi-bliothèque, collectées par Alexandre, dédiées à Auguste par Nicolas, et traitées plus tôt par Protagoras. Mais cet Acestorides a cependant ajouté diverses histoires que les auteurs précédents avaient passées sous silence; nombre d’histoires d’Acestorides diffèrent de celles des autres, leurs versions divergent.
Cet auteur rapport dans ses écrits
de nombreux faits attestés dans des morceaux historiques bien
connus. Il est l’un de ceux qui pouvaient démontrer clairement
leur vérité et il semble qu’il les ait intitulées fables non pas
pour critiquer la forme de leur composition, mais pour améliorer
leur charme et l’agrément. Mais à mon avis, on reconnaît
aisément sa maîtrise car, en mettant soigneusement ensemble des
fables et des faits reels, il évite un reproche sur l’ambigüité
de son titre. Son style est le même que celui des précédents
auteurs men-tionnés. |
[1] Il y eut plusieurs Sotion. Lequel est-ce ? Les modernes en comptent un parmi les stoïciens et parmi les pythagoriciens. Sénè-que, disciple de Sotion, assure qu'il professait le système de Pythagore. Sotion aussi avait quitté Alexandrie pour aller enseigner à Rome. Il y vécut en philosophe, et sans accommoder ses principes aux mœurs dégénérées de la capitale des Césars. Sénèque, qui dit du pythagoricien Sextus qu'il enseignait la philosophie grecque dans toute sa pureté en vivant d'après les mœurs des Romains, est loin de comprendre Sotion dans la même sentence. Sotion laissa un traité sur la colère, que nous ne connaissons que par une citation de Stobée penchait à l'attribuer à un autre Sotion d'Alexandrie, et si son opinion était fondée, l'école d'Egypte aurait possédé quatre philosophes du même nom. Plutarque parle d'un autre philosophe du même nom, en nous apprenant que son frère aîné, Apollonius, qui professait le système d'Aristote, lui donna des preuves extraordinaires de sa tendresse. Le philo-sophe Sotion, cité par Aulu-Gelle, est-il un personnage différent de ceux qu'on vient de nommer ? A quel Sotion appartient le recueil sur les sources, les rivières et les lacs merveilleux, publié avec les choses merveilleuses d'Aristote. [2] Nicolas de Damas (ou Damascène), historien, poète et philosophe grec (Ier siècle av. J.-C.). Il était né à Damas vers 74. II suivit à Rome son élève Hérode le Grand, roi de Judée, gagna l'amitié d'Auguste, fut chargé par lui d'instruire les enfants d'Antoine et de Cléopâtre. Son œuvre était considérable et très variée. Elle comprenait : des tragédies et des comédies (Stobée, Florilège., XIV, 7; Suidas, s. r.); divers traités de philosophie, dont quelques-uns dirigés contre la doctrine d'Epicure (Epicurisme); des commentaires sur la Métaphysique et autres livres d'Aristote; un recueil d'anecdotes, intitulé Coutumes singulières des peuples (Photius, Cod., 189); des Mémoires, des biographies de César, d'Auguste, d'Hérode, etc.; enfin, une grande Histoire universelle en 144 livres, composée surtout d'extraits (Athénée, VI, p. 249 ; XIV, p. 652; Josèphe, Antiq. jud., XII, 3).
On a conservé, de Nicolas
Damascène, un assez grand nombre de fragments : fragments de
l'Histoire universelle (publiés par Co-ray en 1805); de la Vie
d'Auguste (publiés par Fabricius, Hamburg, 1727; et par Orelli,
Leipzig, 1804) ; fragments de la Vie de César (découverts par
Miller à l'Escurial, et publiés par Piccolos, avec une
traduction française d'Alfred Didot, en 1850); autres frag-ments
dans Stobée, Photius, etc. (extrait du site
www.cosmovisions.com/NicolasDamas.htm).
[3]
L’histoire est également racontée par Plutarque et Athénée,
Deipnosophistes. Ces versions mentionnent des dattes, pas
des gâteaux. |