BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS

          

     231 SOPHRONIUS DE JÉRUSALEM,

      Lettre synodale à Sophronius de Constantinople.
   

       Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

231. Sophronius de Jérusalem,

 

Lettre synodale à Sergius de Constantinople.


 

 

 

 Ἀνεγνώσθη Σωφρονίου Ἱεροσολύμων πατριάρχου συνοδική, ἣ ἀπεστάλη ἐν Ῥώμῃ Ὁνωρίῳ τῷ αύτης ἐπάρχοντι. Αὕτη ἡ ἐπιστολὴ πλήρης μέν ἐστιν εὐσεβείας, ἐννεωτερίζει δὲ πολλαχοῦ τοῖς ῥήμασι, καθάπερ τις πῶλος ἐπιγαυρούμενος τοῖς σκιρτήμασι.

Πλὴν τήν τε ὀρθόδοξον ὡς μάλιστα γνώμην ἐξακριβοῖ, καὶ τῶν ἱερῶν δογμάτων οὐ τὴν τυχοῦσαν μάθησιν ἐπιδείκνυται.

Ἐν ταύτῃ τῇ ἐπιστολῇ εὑρήσεις καὶ Μάγνον σὺν Ἀπολιναρίῳ ἀναθεματιζόμενον, καὶ Θεοδώρητον τῆς ἐκκλησίας οὐκ ἀποκηρυττόμενον, εἰ καὶ ἐν οἷς Κυρίλλου κατεψηφίσατο τὸ ἀδόκιμον καὶ μεμπτὸν ἀπηνέγκατο. Ἀλλὰ καὶ ὡς ἄλλος μέν ἐστιν Ὠριγένης ὁ παλαιός, ἕτερος δὲ ὁ μετ´ ἐκεῖνον, ἐπικληθεὶς Ἀδαμάντιος· καὶ ὡς τοῖς ἄλλοις αἱρετικοῖς συναναθεματίζεται ὁ Σῦρος Ἰάκωβος, ἐξ οὗ τὴν ἐπωνυμίαν τὸ τῶν Ἀκεφάλων αἱρετικῶν εἵλκυσε σύστημα. Αἰτεῖται δὲ ἡ ἐπιστολή, καὶ εἴ τι παρώφθη τῶν ὀφειλόντων ῥηθῆναι, τὸν Ῥώμης Ὁνώριον οἷα δὴ καὶ δυνάμενον ταύτης ποιήσασθαι καὶ τὴν διόρθωσιν καὶ τὴν ἀναπλήρωσιν· μεγάλην δ´ ἂν ὁμολογήσειν τὴν χάριν, εἰ μὴ διαμάρτοι τῆς αἰτήσεως, καὶ μηδέποτε φανῆναι τῆς εὐεργεσίας ἀγνώμονα. Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἐν τῷ βιβλίῳ ἔλεγεν ἡ συνοδικὴ Σωφρονίου τοῦ ἁγιωτάτου ἐπιστολή.

Ἐν δὲ τῷ αὐτῷ περιείχοντο τεύχει χρήσεις ἁγίων καὶ διαφόρων πατέρων τῶν τε προγενεστέρων τῆς τετάρτης συνόδου καὶ τῶν κατ´ αὐτὴν ἀκμασάντων καὶ τῶν ἔτι μεταγενεστέρων. Αἱ δὲ χρήσεις τὴν διπλῆν ἐνέργειαν ἐπὶ Χριστοῦ τοῦ Θεοῦ ἡμῶν ἀνεκήρυττον, ὧν πατέρες καὶ γεννήτορες ἦσαν Λέων τε ὁ τῆς πρεσβυτέρας Ῥώμης ἀρχιερεύς, καὶ αὐτὴ ἡ τετάρτη καὶ οἰκουμενικὴ ἁγία σύνοδος, Πέτρος τε ὁ Μύρων ὁσιώτατος ἐπίσκοπος, καὶ Γεννάδιος ὁ Κωνσταντινουπόλεως, καὶ ὁ τῆς Φωτικῆς ἐπίσκοπος ὄνομα Διάδοχος καὶ Ἐφραίμιος ὁ τῆς Ἀντιοχείας ἀρχιερεύς, ὃς καὶ κατὰ τῶν Ἀκεφάλων ἐν πολλοῖς συντάγμασι γενναίως ἠνδρίσατο, καὶ Διονύσιος ὁ πολὺς μὲν τὴν γλῶσσαν πλείων δὲ τὴν θεωρίαν, ὁ μαθητὴς Παύλου καὶ τοῦ Χριστοῦ μάρτυς καὶ τῶν Ἀθηνῶν ἐπίσκοπος, καὶ Ἰουστῖνος ὁ μαρτυρικοῖς αἵμασι βεβαιώσας τὸ φιλόσοφον, καὶ ὁ πολύαθλος Ἀλεξανδρείας Ἀθανάσιος, Γρηγόριός τε ὁ τῆς θεολογίας μυσταγωγός, καὶ τῆς ἐκκλησίας ὁ κόσμος Βασίλειος, καὶ ὁ ποταμὸς τῶν λόγων ὁ Νύσσης Γρηγόριος,  καὶ ὁ νικηφόρος Κύριλλος, καὶ ὁ τῆς ἐνθέου παρρησίας γνώμων ἀκίνητος καὶ τῆς εὐσεβείας, ὁ Μεδιολάνων Ἀμβρόσιος, καὶ ὁ χρυσοῦς τὴν γλῶσσαν καὶ τὸ στόμα Ἰωάννης ὁ Κωνσταντινουπόλεως ἐπίσκοπος, καὶ Σεβηριανὸς ὁ Γαβάλων, καὶ ὁ ἐν ἁγίοις Θεόδοτος (Ἀγκύρας οὗτος ἐπεστάτησε), καὶ Ἰωάννης ὁ Κωσταντινουπόλεως, ὁ ἐκ Καππαδοκίας ἕλκων τὸ γένος καὶ τὸ ἐπώνυμον, ἀνὴρ ἀρετῆς οἰκητήριον, καὶ ὁ ἐν ἁγίοις Εὐλόγιος, ὁ τῆς Ἀλεξανδρείας ἀρχιεπίσκοπος, ὁ πολλοῖς λόγοις καταβαλὼν τὴν τῶν Ἀκεφάλων δυσσέβειαν, καὶ Ἰωάννης ὁ ἐν ἁγίοις ἐπίσκοπος Σκυθοπόλεως, ὃς καὶ ὑπὲρ τῆς ἐν Καλχηδόνι συνόδου σοφῶς τε καὶ θεοφρόνως ἐσπούδασε, καὶ Ἡρακλειανὸς ὁ Καλχηδόνος ἐπίσκοπος ὁ πολὺν κατὰ τῶν θεομάχων Μανιχαίων ἀγῶνα βαλλόμενος. Καὶ Λεόντιος ὁ τὴν ἐρημικὴν πολιτείαν καὶ τὸν μονάδα βίον ἑλόμενος, Ἀναστάσιός τε ὁ ἐν ἁγίοις Θεουπόλεως ἐπίσκοπος, καὶ Συμεώνιος μοναχὸς καὶ πρεσβύτερος (ἡ δὲ χρῆσις ἡ τὸν ὅσιον ἐπιγινώσκουσα ἐξ ἐπιστολῆς ἐστιν ἣν πρὸς τὸν Ἰουστινιανὸν βασιλέα διεπέμψατο, ἣ καὶ κατὰ Νεστοριανῶν τε καὶ Εὐτυχιανιστῶν τὸν ἀγῶνα ἔχει. Αὐτός τε Ἰουστινιανὸς ὁ εὐσεβὴς βασιλεύς, ἐν οἷς πρὸς Ζώϊλον ἔγραψε —πατριάρχης δ´ Ἀλεξανδρείας οὗτος ἦν—καὶ τὴν ἐπιστολὴν θησαυρὸν ἐπωνόμασε), ναὶ δὴ καὶ Κωνσταντῖνός τις τῶν κυαιστώρων φέρων τὸ ἀξίωμα· καὶ γὰρ οὗτος λόγον κατὰ Θεοδοσίου τοῦ δυσσεβοῦς ἐσπούδασεν, ἐξ οὗ χρήσεις περὶ τῶν δύο ἐνεργειῶν συναναγράφονται. Ἐπὶ πᾶσι καὶ Θεόφιλός τις τῶν θεοφιλῶν καὶ λογίων, ὃς κατὰ Σεβήρου πολὺν ἐν λόγοις ἀγῶνα διήνεγκεν· ὃν καὶ δυσχεραίνων καὶ διαπληκτιζόμενος ὁ δυσσεβής, καλλιγράφον ὁ κακογράφος, οἷα δὴ ἐνυβρίζων,  ὠνόμαζεν. Αἱ μὲν οὖν χρήσεις, ἃς ἡ βίβλος περιεῖχε, τοὺς εἰρημένους ἱεροὺς ἄνδρας πατέρας ἐπεγράφοντο, χρήσιμοι δ´ ἂν εἶεν πρὸς ἔλεγχον τῶν φρονούντων ἐπὶ Χριστοῦ δυσσεβῶς μίαν ἐνέργειαν. Περιείχετο μέντοι ταῖς εἰρημέναις καὶ ἐξ ἀνεπιγράφου χρῆσις. τὸ δὲ σύνταγμα, ἐξ οὗ ἡ χρῆσις, Σεβῆρον ὑπεδείκνυ γενναίως τοῖς λόγοις καταβαλλόμενον.

J’ai lu de Sophronius, patriarche de Jérusalem,[1] une Lettre synodale qui fut envoyée à Rome à Honorius,[2] évêque de cette ville. Cette lettre respire une vraie piété mais elle s’abandonne souvent à employer des néologismes, et à courir par bonds et par sauts comme un jeune coursier.

Toutefois, elle examine avec la plus grande précision la juste pensée et elle montre de nos saints dogmes une connaissance qui n’est pas fortuite.

Dans cette lettre, on trouvera Magnus excomunié avec Apollinaire, et Théodoret non exclu de l’Eglise bien qu’il se soit attiré une réputation fâcheuse en condamnant Cyrille. Et qu'il y eut un  autre Origène : l'Ancien,[3] et un autre encore, qui postérieur à lui porte le nom d’Adamantius[4] et que Jacques le Syrien condamna avec les autres hérétiques : la secte des hérétiques Acéphales[5] a reçu son nom de celui-ci. La lettre demande aussi que, si quelque sujet qui aurait dû être traité a été omis, Honorius de Rome, dans la mesure où il le peut, le corrige et le complète. Sophronius dit qu’il aurait grande reconnaissance à Honorius s’il ne se dérobait pas à son voeu et qu’il serait toujours reconnaissant de ce bienfait. Voilà le sujet de la lettre synodale du très saint Sophronius contenue dans ce livre.

Dans le même livre se trouvaient les témoignages de divers saints Pères qui fleurirent les uns avant le quatrième synode, les autres contemporains et d’autres encore qui sont nés après. Les témoignages attestaient la double opération dans le Christ notre Dieu ; les auteurs en étaient Léon, évêque de l’ancienne Rome et le quatrième saint synode œcuménique lui-même, Pierre, le très saint évêque de Myres, Gennade de Constantinople, l’évêque de Photicé nommé Diadoque, Ephrem, l’évêque d’Antioche qui a lutté vaillamment dans beaucoup de livres contre les Acéphales, et le fécond Denys et plus encore fécond en science, le disciple de Saint Paul, martyre du Christ et évêque d’Athènes, Justin qui témoigna de sa foi dans le sang du martyre, le vaillant Athanase d’Alexandrie, Grégoire, l’initiateur à la théologie et l’ornement de l’Eglise, Basile, Grégoire de Nysse, ce fleuve d’éloquence, Cyrille le courageux athlète, l’inébranlable modèle de la franchise inspirée par Dieu et de la vraie foi, Ambroise de Milan, Jean à la parole et à la langue d’or, l’évêque de Constantinople, Sévérien, évêque de Gabala,[6] saint Théodote, évêque d’Ancyre,[7] Jean, évêque de Constantinople, surnommé Cappapdox et siège de la vertu, saint Eulogius, archevêque d’Alexandrie, qui a rejeté les sentences des Acéphales dans de nombreux écrits, saint Jean, évêque de Scythopolis,[8] qui a écrit doctement et pieusement sur le synode de Chalcédoine, Héraclien, évêque de Chalcédoine, qui a beaucoup lutté contre les Manichéens, Léon, qui menait une vie solitaire et monastique, saint Anastase, évêque de Théopolis, Syméon, moine et prêtre. Le témoignage qui a pour auteur ce saint personnage est tiré d’une lettre envoyée à l’empereur Justinien où il combat les Nestoriens et les Eutychaniens. Le même empereur Justinien dans les lettres qu'il a écrites à Zoïle,[9], patriarche d'Alexandrie, appelle cette lettre Thesaurus et un témoignage aussi d’un certain Constantin qui avait rang de questeur (celui-ci a écrit en effet, contre l’impie Théodose), un traité où se trouvent les témoignages sur la double opération du Christ. A toutes cela s’ajoutaient les témoignages d’un certain Théophile, homme oieux et sage, qui a beaucoup combattu Sévère dans ses écrits, que ce sectaire odieux et opiniâtre, i mauvais écrivain (cacographe) , le surnomme par mépris calligraphe. Les témoignages contenus dans le volume avaient donc en suscription les noms de leurs auteurs, les saints Pères qu’on vient de citer. Ils peuvent être utiles pour attaquer ceux qui sont d'accord avec l'idée qu'il n’existe qu’une seule opération dans le Christ.  Parmi les témoignages cités plus haut, il s’en trouvait une sans inscription. Mais le livre dont elles sont extraites montrait que Sévère y était clairement attaqué.


 


 

[1] Patriarche en 634-638. Ce n’est pas le même que le personnage du codex 5. Cf. l’étude du RP Siméon Vailhé A. A., dans la Revue de l’Orient chrétien, Sophrone le sophiste et Sophrone le patriarche, 1902 et 1903.

[2] Lettre de Sophrone à Honorius. — Comme le monothélisme se propageait de plus e plus, Sophrone recueillit en deux volume six cents passages des Pères pour convaincre de la vérité ces hérétiques elles ramené à la saine doctrine. Il envoya même à Rome Etienne, évoque de Dore, celui qui assista depuis au concile de Latran, en 649 ; mais avant son départ pour l'Italie, il le mena sur le Calvaire et lui parla en ces termes : « Vous rendrez compte a celui quia été crucifié en ce lieu quand il viendra juger les vivants et les morts, si vous négligez le péril dans lequel la foi se trouve. Faites donc ce que je ne puis faire moi-même, à cause de l'incursion des Sarrasins ; allez à cette extrémité de la terre, au siège apostolique, base de la saine doctrine; faites connaître aux saints personnages qui y résident tout ce qui se passe dans nos contrées et ne cessez de les supplier jusqu'à ce qu'ils condamnent canoniquement cette nouvelle doctrine. » Etienne, à la demande de Sophrone, et pressé par les prières de plusieurs autres évêques et des peuples catholiques, se mit en chemin et arriva à Rome malgré les ordres que les monothélites avaient donnés pour l'arrêter et le renvoyer chargé de chaînes. Sophrone lui donna sans doute une lettre pour le pape Honorius; mais elle n'est pas venue jusqu'à nous, ainsi que son Recueil des passages des Pères.

[3] Le premier, Origène dit l'Impur, conseillait d'éviter la procréation, en pratiquant la sodomie conjugale.

[4] « Homme de fer. » Origène Adamantius, dit le Grand, est qualifié de « plus grand des Pères de l'Eglise d'Orient », par le pape Léon XIII, en son Encyclique « De providentissimus ». Il fut condamné par le concile d'Alexandrie.

[5] Les acéphales, sans roi et sans évêque, furent durant plus de trois cents ans séparés des patriarches d’Alexandrie, qui avaient accepté la communion de Constantinople, sans exiger une condamnation formelle du concile de Chalcédoine. E. Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain.

[6] On ne connaît de sa vie que les années passées à Constantinople, où il arrive en 400. Il y fit une carrière de brillant prédicateur. Vicaire de Chrysostome en 401, lorsque ce dernier part à Ephèse, sa nature intrigante et les incidents qui en découlèrent conduisirent à une brouille puis une réconciliation ; mais en 403, lors du synode du Chêne, Sévérien siège parmi les accusateurs de l'archevêque. Ironie du sort ? Ses œuvres - une cinquantaine d'homélies - furent mises au VIe siècle sous le nom de Chrysostome, rendant difficile le repérage de son patrimoine littéraire. (Institut des Sources Chrétiennes)

[7] Théologien byzantin, écrivain et évêque d'Ancyre (aujourd'hui Ankara), Théodote fut l'un des principaux défenseurs de l'orthodoxie en matière christologique au concile d'Éphèse (431) au cours duquel il s'opposa très fermement à l'enseignement de Nestorius, le patriarche de Constantinople, qu'il avait auparavant soutenu.

[8] Théologien byzantin et évêque de Scythopolis, en Palestine (~ 536–550), dont les divers traités sur le Christ et son œuvre, ainsi que les commentaires sur la philosophie néoplatonicienne cherchèrent à intégrer tous les éléments des diverses doctrines opposées. On l’a parfois confondu avec un contemporain, Jean Philiponus, également appelé Jean le Grammairien.

[9] Zoïle, patriarche (539-51), fut expulsé de son siège par Justinien, pour résistance à son édit sur les trois chapitres. Pour le remplacer, Justinien choisit à l’Enaton un archevêque docile, Apollinaire (551-70) (cf. Jean de Nikiou).