BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS
97. Phlégon de Tralles,
Recueil de chroniques et Liste des victoires Olympiques
Ἀνεγνώσθη Φλέγοντος Τραλλιανοῦ, ἀπελευθέρου τοῦ αὐτοκράτορος Ἀδριανοῦ, ὀλυμπιονικῶν καὶ χρονικῶν συναγωγή. Προσφωνεῖ τὸ σύνταγμα πρὸς Ἀλκιβιάδην τινά, ὃς εἷς ἦν τῶν εἰς φυλακὴν τεταγμένων τοῦ Ἀδριανοῦ. Ἄρχεται δὲ τῆς συναγωγῆς ἀπὸ τῆς πρώτης Ὀλυμπιάδος, διότι τὰ πρότερα, καθὼς καὶ οἱ ἄλλοι σχεδόν τι πάντες φασίν, οὐκ ἔτυχεν ὑπό τινος ἀκριβοῦς καὶ ἀληθοῦς ἀναγραφῆς, ἀλλὰ ἄλλο τι ἄλλος τῶν ἐπιτυχόντων καὶ οὐ συμφώνως ἔγραψαν, ὅσοις καὶ γράψαι πεφιλοτίμηται. Τὴν μὲν οὖν ἀρχὴν τοῦ συγγράμματος, ὥσπερ ἔφημεν, ἀπὸ τῆς πρώτης Ὀλυμπιάδος ποιεῖται· κάτεισι δέ, ὡς αὐτός φησι, μέχρι τῶν Ἀδριανοῦ χρόνων. Ἐμοὶ δὲ ἀνεγνώσθη μέχρι τῆς ροζʹ Ὀλυμπιάδος, ἐν ᾗ ἐνίκα Ἑκατόμνως Μιλήσιος στάδιον καὶ δίαυλον καὶ ὁπλίτην τρίς, Ὑψίκλης Σικυώνιος δόλιχον, Γάϊος Ῥωμαῖος δόλιχον, Ἀριστωνυμίδας Κῷος πένταθλον, Ἰσίδωρος Ἀλεξανδρεὺς πάλην, Ἄπτωτος περίοδον, Ἀτυάνας Ἱπποκράτους Ἀδραμυτίου πύξ, Σφοδρίας Σικυώνιος παγκράτιον, Σωσιγένης Ἀσιανὸς παίδων στάδιον, Ἀπολλοφάνης Κυπαρισσιεὺς παίδων πάλην, Σωτήριχος Ἠλεῖος παίδων πύξ, Κάλας Ἠλεῖος παίδων παγκράτιον, Ἑκατόμνως Μιλήσιος ὁπλίτην (οὗτος ἐν τῇ αὐτῇ τὰ τρία ἐστεφανώθη, στάδιον, δίαυλον, ὁπλίτην), Ἀριστόλοχος Ἠλεῖος τέθριππον, Ἀγήμονος Ἠλείου κέλης, Ἑλλανίκου Ἠλείου συνωρίς, τοῦ αὐτοῦ πωλικὸν τέθριππον, Κλητία Ἠλείου πωλικὴ συνωρίς, Καλλίππου Πηλίου πωλικὸς κέλης. Λεύκολλος δὲ Ἀμισὸν ἐπολιόρκει, καὶ Μουρήναν ἐπὶ τῆς πολιορκίας καταλιπὼν μετὰ δυοῖν ταγμάτοιν, αὐτὸς μετὰ τρίων ἄλλων προῆγεν ἐπὶ Καβείρων, ὅπου διεχείμαζε. Καὶ Ἀδριανὸν ἐπέταξε πολεμῆσαι Μιθριδάτῃ· καὶ πολεμήσας ἐνίκησε. Καὶ σεισμοῦ ἐν Ῥώμῃ γενομένου, πολλὰ ταύτης συνέπεσε. Καὶ ἄλλα δὲ πλεῖστα ἐν ταύτῃ ξυνηνέχθη τῇ Ὀλυμπιάδι. Καὶ Ῥωμαίων τῷ τρίτῳ αὐτῆς ἔτει ἀπετιμήθησαν μυριάδες ἐνενήκοντα καὶ μία. Καὶ Σινατρούχην τὸν Πάρθων βασιλέα τελευτήσαντα διεδέξατο Φραάτης ὁ ἐπικληθεὶς θεός. Καὶ Φαῖδρον τὸν Ἐπικούρειον διεδέξατο Πάτρων. Καὶ Οὐεργίλιος Μάρων ὁ ποιητὴς ἐγεννήθη τούτου τοῦ ἔτους εἰδοῖς Ὀκτωβρίαις. Τῷ δὲ τετάρτῳ ἔτει Τιγράνης καὶ Μιθριδάτης ἀθροίσαντες πεζοὺς μὲν τέσσαρας μυριάδας ἱππέας δὲ τρεῖς, καὶ τὸν Ἰταλικὸν αὐτοὺς τάξαντες τρόπον, ἐπολέμησαν Λευκόλλῳ· καὶ νικᾷ Λεύκολλος, καὶ πεντακισχίλιοι μὲν τῶν μετὰ Τιγράνους ἔπεσον, πλείους δὲ τούτων ἠχμαλωτίσθησαν, χωρὶς τοῦ ἄλλου σύγκλυδος ὄχλου. Καὶ τὸ Καπιτώλιον ἐν Ῥώμῃ Κάτλος καθιέρωσε, καὶ Μέτελλος ἐπὶ τὸν Κρητικὸν πόλεμον ὁρμήσας, τρία τάγματα ἔχων, ἦλθεν εἰς τὴν νῆσον, καὶ μάχῃ νικήσας τὸν Λασθένη, αὐτοκράτωρ ἀνηγορεύθη, καὶ τειχήρεις κατέστησε τοὺς Κρῆτας. Καὶ Ἀθηνόδωρος πειρατὴς ἐξανδραποδισάμενος Δηλίους τὰ τῶν λεγομένων θεῶν ξόανα διελυμήνατο, Γάϊος δὲ Τριάριος τὰ λελωβημένα τῆς πόλεως ἐπισκευάσας ἐτείχισε τὴν Δῆλον.
Μέχρι μὲν οὖν ταύτης μοι τῆς
Ὀλυμπιάδος ἐν λόγοις πέντε ἡ ἀνάγνωσις γέγονεν. Ἔστι δὲ τὴν
φράσιν οὔτε λίαν χαμαιπετὴς οὔτε τὸν Ἀττικὸν ἐς τὸ ἀκριβὲς
διασῴζων χαρακτῆρα. Ἄλλως τε δὲ καὶ ἡ περὶ τὰς Ὀλυμπιάδας καὶ τὰ
ἐν αὐταῖς τῶν ἀγωνισμάτων ὀνόματα καὶ πράξεις καὶ ἡ περὶ τοὺς
χρησμοὺς ἄκαιρος φιλοπονία τε καὶ φιλοτιμία, εἰς κόρον ἀπάγουσα
τὸν ἀκροατὴν καὶ μηδὲν ἄλλο τῶν ἐν τῷ λόγῳ σχεδόν τι προκύπτειν
συγχωροῦσα, ἀηδῆ τε τὸν λόγον δεικνύει καὶ χάριτος οὐδὲν ἔχειν
παρατίθησι. Χρησμοῖς δὲ παντοίοις ἐς ὑπερβολήν ἐστι κεχρημένος. |
J’ai lu la Recueil de chroniques et la Liste des victoires Olympiques de Phlégon[1] de Tralles, un affranchi de l'empereur Hadrien. L’ouvrage est dédié à un certain Alcibiade, l'un des gardes du corps de l'empereur. Il commence par la 1ère Olympiade,[2] parce que, comme presque tous les autres auteurs l’affirment, il n'existe pas de comptes rendus précis des périodes précédentes, mais différents auteurs font différentes déclarations, et même ceux qui sont désireux d’être crédibles par leurs écrits à ce sujet se contredisent. Pour cette raison, comme nous l'avons dit, l'auteur commence par la 1ère Olympiade, et va, comme il le dit lui-même, jusqu’à l'époque d'Hadrien. J'ai lu jusqu’à la 177e Olympiade,[3] dans laquelle Hecatomnus de Milet fut vainqueur dans le stade[4] et le double stade (diaulos), et trois fois dans la course des hommes en armes;[5] Hypsiclès le Sicyonien et Caius de Rome, dans la course de fond;[6] Aristonymidas de Cos dans le pentathlon;[7] Isidore d'Alexandrie dans la lutte; Aptotus dans la periodos;[8] Atyanas, fils d'Hippocrate, natif d’Adramyttium, dans le pugilat; Sphodrias le Sicyonien dans le pancrace.[9] Parmi les jeunes d'Asie Sosigène dans la course ; Apollonius de Cyparissus dans la lutte; Sotericus d'Elis dans la compétition de pugilat; Galas d'Elis dans le pancrace; Hecatomnus de Milet dans la course en armes (il fut couronné trois fois le même jour dans le stade, le double stade (diaulos) et la course en armes); Aristolochus d'Elis dans la course de chars à quatre chevaux; Hagemon d'Elis dans la course à cheval; Hellanicus d'Elis avec son char à deux et à quatre chevaux; Cletias d'Elis avec sa paire de chevaux; et Callippe de Pélion avec son cheval de course. À cette époque Lucullus[10] faisait le siège d’Amisus,[11] mais ayant laissé Murena[12] avec deux légions pour mener à bien le siège, il partit lui-même avec trois autres légions contre le territoire des Cabires, où il prit ses quartiers d'hiver. Il ordonna également à Hadrien de faire la guerre à Mithridate, qui fut vaincu. Un tremblement de terre à Rome fit beaucoup de dégâts, et bien d'autres événements se produisirent durant cette olympiade. Dans sa troisième année, la population selon le recensement était de 910.000. Sinatruces, roi des Parthes, fut remplacé par Phraatès[13] Théos, et Phèdre l’épicurien[14] par Patron. Virgile naquit le 15 octobre de cette année. Dans la quatrième année de cette olympiade, Tigrane et Mithridate, après avoir rassemblé une armée de 40.000 fantassins et 30.000 cavaliers, disposés en ordre romain pour la bataille, attaquèrent Lucullus et furent vaincus; Tigrane perdit 5.000 hommes, un grand nombre de prisonniers, et en outre une foule hétérogène. Catulus[15] consacra le Capitole à Rome. Metellus[16] partit contre la Crète avec trois légions et occupa l'île ; après avoir vaincu Laosthène[17] et enfermé les habitants dans leurs murs, il fut récompensé du titre d'imperator. Le pirate Athénodore emmena les Déliens en esclavage; et détruisit les statues de ceux qu’on nomme les dieux mais Caius Triarius, répara les dommages faits à la ville et entoura de Délos d’un rempart pour la protéger. Nous avons lu cinq livres jusqu’à cette olympiade. Le style de cet ouvrage n'est ni tout à fait terre à terre, ni entièrement conforme au goût attique. Mais l'excès de l'érudition, le soin scrupuleux de ne rien omettre de tout ce qui concerne les Olympiades, les luttes qui s'y livraient, les noms et les actions des concurrents, enfin la manie de citer des oracles, rebutent le lecteur, empêchent que rien ne se détache, et rendent le récit monotone et fastidieux. Le livre fourmille de prédictions de toute espèce. |
[1] De Tralles en Lydie ; il vécut jusqu'au règne d’Antonin le Pieux. Cet affranchi de l'empereur Hadrien est l'auteur d'une chronographie (Olympiades), originellement en 16 livres mais dont seuls certains passages nous sont parvenus. Phlégon reste surtout connu pour son Peri macrobiôn, recueil d'exemples de longévité hors du commun, et son Livre des Merveilles (Peri thaumasion), recueil de paradoxographies (récits de morts vivants, de fantômes, de prodiges divers, etc.), qui fut, entre le XVIe et le XVIIIe s., une inépuisable source d'inspiration pour de nombreux contes fantastiques, romans noirs ou gothiques, etc. jusqu'au poème de « La fiancée de Corinthe » de Wolfgang Goethe (1797). Ces deux traités nous sont parvenus. Son Livre des merveilles contient entre autres l'histoire de Polycrite dont voici le résumé : Polycrite : héros d'un conte à fantômes et à vampires de la Grèce Supérieure, avait été selon Phlégon un étolarque (président de la République étolienne). Il mourut trois jours après son mariage avec une Locrienne. Déjà la reine était enceinte; un hermaphrodite naquit. Les prêtres prophétisent des guerres entre Locres et l'Etolie; l'autorité, d'accord avec l'oracle, ordonne la déportation de la mère et de l'enfant hors des limites de l'état, « afin, ajoute l'oracle, qu'ils soient brûlés vifs l'un et l'autre. » A l'instant, de l'exécution, un spectre apparaît et se place près de l'hermaphrodite; le peuple fuit. Est-ce donc un défenseur qui vient s'opposer a l'arrêt sanguinaire? Non, c'est un vorace buveur de sang, c'est Polycrite même ; il n'approche que pour se repaître plus vite des cadavres que lui abandonne la superstition. La retraite du peuple lui fait mal; il rappelle les fuyards, et, de sa voix qui n'est qu'un souffle, leur fait un long discours pour leur prouver l'utilité du sacrifice commandé par leurs magistrats. Enfin, voyant que décidément l'autodafé n'aura pas lieu, il saisit l'enfant, le lacère, le dévore. En vain les pierres pleuvent sur sa tête; il achève son hideux repas, laisse seulement la tête et disparaît. La foule en tumulte songe à consulter l'oracle de Delphes; tout à coup la tête parle et prédit en vers hexamètres d'épouvantables catastrophes qui ne manquèrent pas d'avoir lieu. (Biographie universelle, ancienne et moderne - Joseph Fr. Michaud, Louis Gabriel Michaud – 1833). [2] 776 av. J.-C. [3] 72-69 av. J.-C. [4] Le stade, une course unique, le diaulos étant une course double. [5] La course en armes : elle fut introduite en 520 av. J.C. (65ème olympiade). Il fallait parcourir deux fois la longueur du stade avec un équipement complet : casque, jambières et bouclier. Plus tard, on dispensa les coureurs des jambières. [6] La course de fond (dolichos) : d’abord de huit, puis de dix, de douze et de vingt-quatre stades (24 x 192,27m = 4614,48 m) [7] Les « cinq disciplines : course, saut, lutte, pugilat, lancer du disque ». [8] La periodos englobait les quatre grands jeux panhelléniques (Olympiques, Pythiques, Isthmiques et Néméens) ; " gagner la periodos " signifiait être victorieux dans tous les jeux. [9] Une épreuve combinant à la fois lutte et boxe. [10] Lucius Licinius Lucullus (c. 110-57), général romain, vainqueur de Mithridate. Il était réputé pour ses banquets luxueux, qui sont devenus proverbiaux. [11] Moderne : Samsun, sur la côte du Pont. [12] Licinius Lucius Murena, consul en 63 av. JC. Il fut accusé de corruption, défendu par Cicéron, dans un discours prononcé qui nous est parvenu, et acquitté. [13] Phraatès III. [14] Chef de l'école épicurienne d’Athènes, il mourut en 70 av. JC. Cicéron s’inspire librement de son ouvrage sur les Dieux (dont un fragment a été découvert à Herculanum) dans son De Natura Deorum. [15] Quintus Lutatius Catulus. Le Capitole avait été détruit pendant les guerres civiles du temps de Sulla. [16] Quintus Caecilius Metellus, consul en 69, vainqueur de la Crète après une période de trois ans de campagne. Il reçut le titre de Creticus pour ses services. Pour plus de détails cf. J. M. Sestier, La piraterie dans l’Antiquité, 1880, chap. XX. [17] Ou Lasthénès.
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