BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS
199. Jean Moschus, Le Pré spirituel.
Ἀνεγνώσθη βιβλίον δʹ καὶ τʹ διηγήμασι περιειλημμένον. Πρὸς τὴν ἀσκητικὴν δὲ καὶ τοῦτο τὰ μάλιστα συντελοῦν ἐστι πολιτείαν, τὰ αὐτά πως πραγματευόμενον τῷ προειρημένῳ πλὴν ὅτι τῶν μεταγενεστέρων ἀνδρῶν ἔργα τε καὶ πράξεις ἀξιοζηλώτους ἀναγράφει· καὶ γὰρ ἐκεῖθεν τῶν μέχρι τῆς Ἡρακλείου ἀρχῆς καὶ ἐπὶ πλέον διαπρεψάντων ἀρεταῖς ἐπέρχεται τοὺς βίους. Λειμῶνα δὲ καλεῖσθαι δίδωσιν ὁ συνταξάμενος ὄνομα τὸ βιβλίον· τινὲς δὲ αὐτὸ καὶ Νέον ἐπονομάζουσι Παραδείσιον. Ὁ δὲ συντεταχώς, Ἰωάννης μὲν αὐτῷ ὄνομα, ἐξ ἐπικλήσεως δὲ ἐλέγετο ὁ τοῦ Μόσχου· ὃς ἀπετάξατο μὲν ἐν τῇ τοῦ ἁγίου Θεοδοσίου μονῇ, εἶτα συνδιέτριψε τοῖς τε κατὰ τὸν Ἰορδάνην ἀνὰ τὴν ἔρημον ἀσκουμένοις καὶ τοῖς ἐν τῇ νέᾳ λαύρᾳ τοῦ μεγάλου Σάβα διαθλοῦσιν. Ἐντεῦθεν δὲ τά τε τῆς Ἀντιοχείας κλίματα καὶ τὴν Ἀλεξάνδρου καὶ τὴν περὶ αὐτὴν ἔρημον καὶ μέχρι Ὀάσεως ἐπελθών, καὶ πολλῶν καὶ μεγάλων ἀνδρῶν ἀριστείας συναγηοχὼς τοῦτο μὲν ὄψει τοῦτο δὲ καὶ νεαζούσῃ ἀκοῇ, διὰ τὴν αὐτὴν δ´ αἰτίαν καὶ νήσους ἱστορησάμενος ἐν τῷ πρὸς τὴν Ῥώμην διάπλῳ, ἐκεῖσέ τε τὰ παραπλήσια διερευνησάμενος καὶ μαθών, τὸ παρὸν σύνταγμα γράφει, καὶ προσφωνεῖ Σωφρονίῳ ἢ Σωφρονᾷ τῷ οἰκείῳ μαθητῇ καὶ ἐγχειρίζει, αὐτὸ τούτῳ τὴν τοῦ βίου μέλλουσαν ἐφίστασθαι πρὸς τὰ ἀμείνονα προτεθεαμένος μεταβολήν. Ἡ δὲ τοῦ λόγου ἑρμηνεία εἰς τὸ ταπεινότερον τοῦ προτέρου καὶ ἀμαθέστερον ἀποκλίνει. Καὶ τὰ διηγήματα δὲ οὐχὶ τὸν ἴσον ἀριθμὸν ἐν πᾶσιν εὑρήσεις τοῖς βιβλίοις διασεσωσμένα, ἀλλ´ ἔν τισι καὶ εἰς βʹ καὶ μʹ καὶ τʹ διηπλωμένα, τοῦτο μὲν ἐνίων κεφαλαίων ἐπιδιαιρέσει τοῦ ἀριθμοῦ συναυξομένου, τοῦτο δὲ καὶ διηγημάτων ἔστιν ὧν παρενθήκῃ. Πλὴν ἐξ ἁπάντων τὸ χρήσιμον ὁ συνετὸς καὶ θεοφιλὴς ἀνὴρ δρεπόμενος οὐκ ἂν τῶν συντεταγμένων κόρον καταγνοίη. |
J’ai lu un livre contenant trois cent quatre Narrations. Il vise aussi surtout à la vie monastique ; il traite presque des mêmes matières que l’ouvrage précédent si ce n'est qu’il relate les dits et les faits exemplaires de hommes qui vécurent après. Il raconte en effet les vies de gens qui se sont illustrés par leurs vertus, depuis ceux de cette époque jusqu’au règne d’Héraclius. L’auteur donne comme titre à son œuvre le Pré.[1] D’autres le nomment également le Nouveau Paradis. L'auteur s’appelle Jean surnommé Moschus;[2] il se retira d’abord dans le monastère du Bienheureux Théodose ; ensuite il vécut avec les moines qui s'étaient installés dans le désert près du Jourdain et celle de ceux qui vivent leur ascèse dans la nouvelle Laura du grand Sabas. De là, il visita les environs d’Antioche et la ville d’Alexandrie et le désert voisin et se rendit jusqu’à Oasis. Il rassemblat les actions mémorables de beaucoup de grands hommes, qu'il avait vus de ses propres yeux, ou qu'il connaissait pour en avoir entendu parler récemment. Pour la même raison, alors qu'il allait à Rome, il visita les îles ; il y recueillit des informations semblables et écrivit cette oeuvre qu'il dédia à son disciple Sophronus ou Sophronas, et il le lui offrit alors qu’il avait déjà prévu le progrès qui allait changer sa vie. Le style de cette oeuvre descend à un genre plus bas et plus rude que celui du précédent. Quant aux narrations, on ne les trouvera pas conservées en nombre égal dans tous les exemplaires du texte ; mais dans certains, elles sont jusqu’à trois cent quarante deux ; leur nombre ayant augmenté par la division de certains chapitres et tantôt par l’introduction de certains autres. Cependant, celui est zélé et qui aime Dieu, , en extrayant la moëlle de l’ensemble, ne pourrait accuser la trop grande prolixité de l'écrivain. |
[1] « Le Pré Spirituel » est l'un des plus riches trésors de la littérature monastique des premiers siècles de l'Église. Moschus qui, comme il le dit dans sa Préface, a « recueilli à la manière des adroites abeilles les édifiantes actions des Pères », nous fait connaître le monachisme tel qu'il se présentait au VIe siècle. Le « Pré Spirituel » est un recueil d'anecdotes ; il fourmille de maximes, de sentences, d'apophtegmes reflétant la spiritualité de ces hommes charismatiques, pneumatophores, qui possèdent en quelque sorte un don spécial pour communiquer des lumières reçues de Dieu. La doctrine spirituelle de ces moines, c'est bien moins dans leurs paroles que dans leurs actes qu'il faut la chercher. (Extrait du site des Editions du Cerf) [2] Jean Moschus est né à Damas entre 540 et 550. Il se lia avec Sophrone qui fut le compagnon de toute sa vie, le collaborateur, le dédicataire et l'éditeur du « Pré Spirituel ». Il embrassa la vie monastique probablement au monastère de Saint-Théodose, proche de Jérusalem. Il se retira ensuite dans le désert de Juda pendant dix ans (entre 568 et 578 sans doute). En 602, en raison du meurtre de l’empereur Maurice et des menaces d’invasion persane, la Palestine est peu sûre. Jean et Sophrone quittent Jérusalem pour la Syrie. En 614, les Perses envahissent la Syrie, conquièrent Jérusalem, et détruisent les sanctuaires chrétiens, Jean et Sophrone partent pour Rome. Après sa mort survenue à Rome en 619, son livre fut lancé dans le public par son disciple et ami Sophrone. En collaboration avec ce dernier, Jean Moschus avait préalablement écrit la Vie de saint Jean l'Aumônier, Vie perdue aujourd'hui, sauf peutêtre un chapitre accueilli par Syméon Métaphraste dans sa biographie du même saint.
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