BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS
128.
Lucien,
Dialogues
Ἀνεγνώσθη Λουκιανοῦ ὑπὲρ Φαλάριδος καὶ νεκρικοὶ καὶ ἑταιρικοὶ διάλογοι διάφοροι, καὶ ἕτεροι διαφόρων ὑποθέσεων λόγοι, ἐν οἷς σχεδὸν ἅπασι τὰ τῶν Ἑλλήνων κωμῳδεῖ, τήν τε τῆς θεοπλαστίας αὐτῶν πλάνην καὶ μωρίαν καὶ τὴν εἰς ἀσέλγειαν ἄσχετον ὁρμὴν καὶ ἀκρασίαν, καὶ τῶν ποιητῶν αὐτῶν τὰς τεραώδεις δόξας καὶ ἀναπλάσεις, καὶ τὸν ἐντεῦθεν πλάνον τῆς πολιτείας, καὶ τοῦ ἄλλου βίου τὴν ἀνώμαλον περιφορὰν καὶ τὰς περιπτώσεις, καὶ τῶν φιλοσόφων αὐτῶν τὸ φιλόκομπον ἦθος καὶ μηδὲν ἄλλο πλὴν ὑποκρίσεως καὶ κενῶν δοξασμάτων μεστόν· καὶ ἁπλῶς, ὡς ἔφημεν, κωμῳδία τῶν Ἑλλήνων ἐστὶν αὐτῷ ἡ σπουδὴ ἐν λόγῳ πεζῷ. Ἔοικε δὲ αὐτὸς τῶν μηδὲν ὅλως πρεσβευόντων εἶναι· τὰς γὰρ ἄλλων κωμῳδῶν καὶ διαπαίζων δόξας, αὐτὸς ἣν θειάζει οὐ τίθησι, πλὴν εἴ τις αὐτοῦ δόξαν ἐρεῖ τὸ μηδὲν δοξάζειν. Τὴν μέντοι φράσιν ἐστὶν ἄριστος, λέξει εὐσήμῳ τε καὶ κυρίᾳ καὶ τῷ ἐμφατικῷ διαπρεπούσῃ κεχρημένος, εὐκρινείας τε καὶ καθαρότητος μετά γε τοῦ λαμπροῦ καὶ συμμέτρου μεγέθους, εἴ τις ἄλλος ἐραστής. Συνθήκη τε αὐτῷ οὕτως ἥρμοσται ὥστε δοκεῖν τὸν ἀναγινώσκοντα μὴ λόγους λέγειν, ἀλλὰ μέλος τι τερπνὸν χωρὶς ἐμφανοῦς ᾠδῆς τοῖς ὠσὶν ἐναποστάζειν τῶν ἀκροατῶν. Καὶ ὅλως, ὥσπερ ἔφημεν, ἄριστος ὁ λόγος αὐτῷ καὶ οὐ πρέπων ὑποθέσεσιν, ἃς αὐτὸς ἔγνω σὺν τῷ γελοίῳ διαπαῖξαι. Ὅτι δὲ αὐτὸς τῶν μηδὲν ἦν ὅλως δοξαζόντων, καὶ τὸ τῆς βίβλου ἐπίγραμμα δίδωσιν ὑπολαμβάνειν. Ἔχει γὰρ ὧδε· Λουκιανὸς τάδ´ ἔγραψα, παλαιά τε μωρά τε εἰδώς· μωρὰ γὰρ ἀνθρώποις καὶ τὰ δοκοῦντα σοφά, κοὐδὲν ἐν ἀνθρώποισι διακριδόν ἐστι νόημα· ἀλλ´ ὃ σὺ θαυμάζεις, τοῦθ´ ἑτέροισι γέλως. |
J'ai lu de Lucien (01) le Phalaris et différents Dialogues des morts et des courtisanes, et d'autres morceaux sur divers sujets, où il raille presque partout les opinions des Hellènes (c’est-à-dire des païens), l'erreur et la folie de leurs imaginations sur les dieux, la licence effrénée de leurs mœurs impures, les opinions et les inventions monstrueuses de leurs poètes et par suite le désordre de leur gouvernement et les agitations et les accidents de leur vie domestique l'orgueil fastueux de leurs philosophes tout pleins d'hypocrisie et de vaines croyances. En un mot, comme nous le disions, tout ce travail est, en prose, une parodie comique du monde grec. Il paraît être lui-même un personnage de peu d'autorité : car, en se moquant et en se jouant des opinions d'autrui, il n'exprime pas sa doctrine personnelle, à moins qu'on ne veuille dire que ce soit en avoir une que de n'en pas avoir du tout. Toutefois c'est un excellent écrivain, qui emploie un style clair, juste, plein de force expressive, amoureux, si jamais on le fut, d'un langage précis et pur, non sans éclat et sans la mesure de grandeur qui convient au sujet. L'arrangement des mots est, chez lui, si parfait, qu'à le lire on ne croit pas prononcer de la prose, mais verser dans les oreilles de l'auditeur une mélodie charmante sans musique sensible en un mot, comme nous l'avons dit, son style est excellent, et convenable aux sujets qu'il traite avec un enjouement satirique. Qu'il fût lui-même un esprit sans croyance, c'est ce que laissent voir les vers placés en tête de son livre : Lucien a écrit ce livre plein de vieux souvenirs et de folies, car pure folie est ce qui paraît sage aux hommes. Chez eux nulle opinion n'est bien clairement raisonnable : ce que tu admires n'est que ridicule pour d'autres. (Journal des Savants, 1883.)
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(01) Le sophiste et écrivain bien connu pour son humour (125—180). Il était natif de Samosate en Syrie, et après une vie errante, il se fixa à Athènes, d’où il repartit vers l’Egypte où il mourut. Son Histoire véritable est à la base des Voyages de Gulliver de Swift. Avec ce dernier et Voltaire, ils avaient de nombreux points communs. |