BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS

          

     125 JULIEN MARTYR,

      Apologie.


   

       Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

125. Julien Martyr, Apologie.


 

 

 

 Ἀνεγνώσθη Ἰουστίνου τοῦ μάρτυρος ἀπολογία ὑπὲρ Χριστιανῶν καὶ κατὰ Ἑλλήνων καὶ κατὰ Ἰουδαίων, καὶ ἔτι ἑτέρα αὐτοῦ πραγματεία κατὰ τοῦ πρώτου καὶ δευτέρου τῆς φυσικῆς ἀκροάσεως, ἤτοι κατὰ εἴδους καὶ ὕλης καὶ στερήσεως, ἐπιχειρηματικοὶ καὶ βίαιοι καὶ χρειώδεις λόγοι, καὶ κατὰ τοῦ πέμπτου σώματος ὁμοίως καὶ κατὰ τῆς ἀϊδίου κινήσεως, ἣν Ἀριστοτέλης δεινότητι λογισμῶν ἐναπέτεκεν, ἔτι τε ἀποριῶν κατὰ τῆς εὐσεβείας κεφαλαιώδεις ἐπιλύσεις.

Ἔστι δὲ φιλοσοφίας μὲν ὁ ἀνὴρ τῆς τε καθ´ ἡμᾶς καὶ μάλιστά γε τῆς θύραθεν εἰς ἄκρον ἀνηγμένος, πολυμαθίᾳ τε καὶ ἱστοριῶν περιρρεόμενος πλούτῳ· ῥητορικαῖς δὲ τέχναις οὐκ ἔσχε σπουδὴν ἐπιχρῶσαι τὸ ἔμφυτον αὐτοῦ τῆς φιλοσοφίας κάλλος. Διὸ καὶ οἱ λόγοι αὐτοῦ, ἄλλως ὄντες δυνατοὶ καὶ τὸ ἐπιστημονικὸν διασῴζοντες, τῶν ἐκεῖθεν οὐκ εἰσὶν ἀποστάζοντες ἡδυσμάτων, οὐδὲ τῷ ἐπαγωγῷ καὶ θελκτηρίῳ τοὺς πολλοὺς τῶν ἀκροατῶν ἐφελκόμενοι.

Τέσσαρας δὲ πραγματείας κατὰ τῶν ἐθνῶν συνέταξεν, ὧν τὴν μὲν πρώτην Ἀντωνίνῳ τῷ ἐπίκλην Πίῳ καὶ τοῖς υἱέσι τῇ τε συγκλήτῳ ἐπέδωκε, τὴν δὲ δευτέραν ὁμοίως τοῖς ἐκείνου διαδόχοις. Ἐν δὲ τῇ τρίτῃ περὶ φύσεως δαιμόνων διείλεκται. Ὁ δὲ τέταρτος αὐτῷ λόγος, ὁμοίως κατὰ τῶν ἐθνῶν συγκείμενος, ἔλεγχος ἐπιγραφὴν ἔχει.

Ἔστι δὲ αὐτῷ καὶ ὁ περὶ Θεοῦ μοναρχίας, καὶ ὁ ἐπιγραφόμενος Ψάλτης, καὶ μὴν κατὰ Μαρκίωνος, ἀναγκαῖοι λόγοι, καὶ ἡ κατὰ πασῶν αἱρέσεων χρήσιμος πραγματεία.

Οὗτος υἱὸς μὲν ἔφυ Πρίσκου Βακχείου, πατρίδα δὲ εἶχε Νεάπολιν τὴν ὑπὸ τὴν ἐπαρχίαν τελοῦσαν Παλαιστίνης, ἐν Ῥώμῃ δὲ τὰς διατριβὰς ἔσχε, φιλοσοφῶν καὶ τοῖς λόγοις καὶ τῷ βίῳ καὶ τῷ σχήματι. Διάπυρος δὲ τῆς εὐσεβείας ὢν ἐραστής, ἔσχε Κρίσκην ἕνα τινὰ τῶν καλουμένων κυνικῶν ἀντιπολιτευόμενον αὐτῷ καὶ τῷ βίῳ καὶ τῇ θρησκείᾳ. Ὑφ´ οὗ καὶ συσκευασθείς, ἀξίως τῆς ὅλης τοῦ βίου προαιρέσεως καὶ τὴν ἐπιβουλὴν συνδιέθηκε· μαρτυρίου γὰρ ταύτην ὑπόθεσιν ἐνστησάμενος, λαμπρῶς καὶ χαίρων τὸν ὑπὲρ Χριστοῦ θάνατον ἀνεδέξατο.

 

J’ai lu de Justin Martyr l’Apologie pour les chrétiens, écrit à la fois contre les Juifs et les païens; et aussi un traité Contre les Premier et Second livres de la Physique, ou contre la forme, la matière, et l'abscence, un recueil d’arguments dialectiques, énergiques, et utiles; aussi, Contre la cinquième essence et le mouvement éternel, qu’a créé Aristote par son raisonnement adroit, et, enfin, Solutions résumées des doutes défavorables au christianisme.

Il fait paraître partout une science profonde de la philosophie surtout païenne & une grande érudition, une ample connaissance de toutes sortes d'histoires. Mais il a cru indigne de lui de corrompre la beauté naturelle de sa philosophie par des couleurs étrangères & par le fard de la rhétorique. C'est pourquoi, ajoute-t-il, quoique ses discours soient forts, & pleins d'instruction, ils n’ont pas néanmoins l'attrait et l'agrément, les douceurs & les délicatesses d'un orateur. Il charme ses lecteurs non par les attraits de l'élégance qu'il a négligée, mais par les lumières de la vérité dont il les remplit.

Il écrivit quatre discours contre les païens, le premier dédié à Antonin le Pieux, à ses fils, et au sénat ; le second à ses successeurs. Le troisième traite de la nature des démons. Le quatrième livre, également écrit contre les païens, est appelé une Réfutation. Il écrivit aussi Sur le seul gouvernement de Dieu, Psaltes, certaines œuvres Contre Marcion, qu’il faut lire, et un traité utile intitulé Contre toutes les hérésies.

Il était le fils de Priscus (petit-fils) de Bacchius, natif de Néapolis, dans la province de la Palestine. Il résida pendant un certain temps à Rome, où ses discours, son mode de vie, sa façon de se vêtir montrèrent le vrai philosophe. Comme c’était un fervent amoureux de la piété, sa vie et sa religion lui valurent l'hostilité d'un certain Crescens[1] de la secte des Cyniques. Accusé à tort par lui, il endura patiemment sa persécution d'une manière digne de toute sa carrière. Il en fit un prétexte pour le martyre, il mourut noblement et joyeusement pour le Christ


 


 

 

[1] Crescens, philosophe cynique de Megalopolis, vécut au 2ème siècle de notre ère, et fut contemporain de Justin Martyr. Les écrivains chrétiens parlent de son caractère infâme. Il fut accusé par Tatien de crimes plus flagrants, et décrit comme une personne que son cynisme n’empêcha pas d'être « entièrement asservi à l'amour de l'argent. » Il attaqua les chrétiens avec beaucoup d'acrimonie, les appelant athées, mais ses accusations furent réfutées par Justin, qui nous dit qu’à la suite de cette réfutation, il craignit que Crescens ne complota sa mort. Mais fut-il vraiment la cause du martyre de Justin ? ce n’est pas certain; car, bien qu’accusé de ce crime par Eusèbe, cette accusation ne repose que sur une déclaration de Tatien. Le Chronicon d’Eusèbe donne la date de 152-153 pour les attaques de Crescens. (Wikipédia)