BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS
76. Josèphe, Antiquités des Juifs
Ἀνεγνώσθη Φλαβίου Ἰωσήπου
Ἰουδαϊκῆς ἀρχαιολογίας, ἐν λόγοις κʹ. Ἄρχεται ἀπὸ τῆς Μωϋσέως
κοσμογονίας, τὰ πολλὰ συνᾴδων τῇ Μωϋσέως συγγραφῇ, ἔστι δὲ ἔνθα
ἀλλοιότερον συγγραφόμενος· κάτεισι δὲ μέχρι τῆς ἀρχῆς τοῦ πρὸς
Ῥωμαίους Ἰουδαίων πολέμου. Οἱ δὲ τῶν Ἀσαμωναίου παίδων ἔγγονοι Ματθίας καὶ οἱ τούτου παῖδες, τὴν προστασίαν τοῦ ἔθνους πιστευθέντες καὶ πολεμήσαντες Μακεδόσιν, Ἰωνάθην ἀρχιερέα καθιστῶσιν. Ἐξ ἧς γενεᾶς ἦν καὶ Ἰούδας ὁ ἐπικληθεὶς Ἀριστόβουλος, ὃς καὶ πρῶτος διάδημα περιέθετο, ἀρχιερεὺς ὁ αὐτὸς ἅμα καὶ βασιλεὺς χρηματίσας. Καὶ ἐπιβιοὺς ἐνιαυτὸν ἕνα, διάδοχον ἔσχε καὶ τῆς βασιλικῆς καὶ τῆς ἱερατικῆς ἀρχῆς τὸν ἀδελφόν, Ἀλέξανδρος αὐτῷ ὄνομα, ὃς ἐπεβίῳ τῇ ἀρχῇ ἔτη κζʹ. Καὶ διέδραμεν ἡ βασιλεία μετὰ τῆς ἀρχιερωσύνης τοῖς ἀπὸ Ἀσαμωναίου σῳζομένη μέχρις Ὑρκανοῦ, ὃν Πομπήϊος ὁ Ῥωμαίων στρατηγός, πορθήσας τὰ Ἱεροσόλυμα, τὴν μὲν βασιλείαν ἀφείλατο, ἀρχιερατεύειν δὲ τοῦ ἔθνους κατέλιπεν· ἄρξας δὲ τὰ πάντα ἔτη τριάκοντα καὶ τρία, αἰχμάλωτος ὑπὸ Φαρναβάζου καὶ Πακόρου τῆς Παρθυηνῆς δυναστῶν γίνεται, καὶ καθίσταται ὑπ´ αὐτῶν ὁ τοῦ Ἀριστοβούλου ἀδελφοῦ υἱὸς Ἀντίγονος βασιλεύς. Ὃν τρεῖς μῆνας καὶ τρία ἔτη ἄρξαντα Σόσσιος ὁ Ῥωμαίων στρατηγὸς καὶ Ἡρῴδης ὁ πρῶτος, ὁ τοῦ Ἀντιπάτρου τοῦ Ἀσκαλωνίτου τοῦ ἱεροδούλου καὶ τῆς Κύπριδος τῆς Ἀραβισσῆς παῖς, ἐξεπολιόρκησαν, Ἀντώνιος δὲ εἰς Ἀντιοχείαν ἀναχθέντα ἀνεῖλε. Καὶ παύεται τὸ Ἀσαμωναίων γένος, καὶ λαμβάνει τὴν τῶν Ἰουδαίων βασιλείαν παρὰ Ῥωμαίων Ἡρῴδης· ὃς τοῖς τυχοῦσι νέμων τὴν ἀρχιερωσύνην καὶ τοῖς διαδόχοις αὑτοῦ τὸ αὐτὸ τοῦτο ἀρχὴ γέγονε καὶ παράδειγμα. Κάτεισιν οὖν, ὥσπερ εἴρηται, ὁ συγγραφεὺς ἐν τοῖς εἴκοσι βιβλίοις, ἀρξάμενος ἀπὸ τῆς κοσμογονίας, μέχρι τῆς ἀρχῆς τοῦ τελευταίου πρὸς Ῥωμαίους Ἰουδαίων πολέμου, καθ´ ὃν καιρὸν Ἰουδαίων μὲν ἐβασίλευεν ὑπὸ Ῥωμαίων καταστὰς Ἀγρίππας ὁ τοῦ Ἀγρίππα, ἐπετρόπευε δὲ τῆς Συρίας καὶ Ἰουδαίας Γέσιος Φλῶρος, Ἀλβίνου διάδοχος· οὗ τὴν κακουργίαν καὶ ὠμότητα τὸ Ἰουδαίων ἔθνος οὐ φέροντες ἐστασίασαν, κρεῖσσον ἡγησάμενοι ἀθρόον καὶ σὺν ἐλευθερίᾳ ἢ κατ´ ὀλίγον καὶ σὺν δουλείᾳ ἀπολέσθαι. Δεύτερον δ´ ἦν ἔτος τῆς Φλώρου ἐπιτροπῆς, δωδέκατον δὲ τῆς Νέρωνος ἀρχῆς, ὅτε ὁ πόλεμος ἐλάμβανε κίνησιν· ἐν οἷς καὶ τῆς ἱστορίας τὸ πέρας. Οἷος δὲ τὴν φράσιν ἐστίν, ἔμπροσθεν εἴρηται. Ἔστι δὲ ὁ Ἰώσηπος γένος μὲν Ἰουδαῖος, ἱερεὺς καὶ ἐξ ἱερέων τὰ πρὸς πατρὸς ἄνωθεν καταγόμενος, ἐκ βασιλείου δὲ φυλῆς ἀπὸ τῆς μητρός· τῶν γὰρ Ἀσαμωναίου παίδων, οἳ ἐπὶ μακρότατον τῶν ὁμοφύλων ἱεράτευσάν τε καὶ ἐβασίλευσαν, ἡ γεννησαμένη ἀπόγονος. Γίνεται δὴ ἐξ αὐτῆς καὶ Ματθίου κατὰ τὸ πρῶτον ἔτος τῆς Γαΐου Ῥωμαίων ἡγεμονίας Ἰώσηπος, ἐκ νέας μὲν φιλολογῶν· περὶ δὲ τὸ ἑκκαιδέκατον ἔτος γεγονὼς ἐπέβαλε καὶ ταῖς παρὰ Ἰουδαίοις αἱρέσεσι (τρεῖς δ´ εἰσί) καὶ πάσας εὐτόνως μετῄει ὑπὲρ τοῦ πασῶν πεῖραν εἰληφότα ἑλέσθαι τὴν ἀμείνω. Εἰσὶ δ´ αἱ αἱρέσεις Φαρισαῖοι, Σαδδουκαῖοι καὶ Ἐσσηνοί· ἃς διελθὼν ἔξεισιν ἐπὶ τὴν ἔρημον, κἀκεῖ συνδιατρίβει ἀνθρώπῳ τινὶ τὸν ἐρημικὸν ἀθλοῦντι βίον ἐπὶ ἔτη τρία. Ἦν δὲ τῷ ἀνθρώπῳ ἐσθὴς μὲν ἐκ δένδρων, καὶ τροφὴ τῶν αὐτοφυῶν αἱ βοτάναι καὶ ψυχροῦ ὕδατος λουτρὸν πολλάκις καὶ τῆς ἡμέρας καὶ τῆς νυκτὸς πρὸς ἁγνείαν. Ἐκεῖθεν περὶ τὸ ἐννεακαιδέκατον ἔτος ἐπάνεισι πρὸς τὴν πόλιν, τὴν Φαρισαίων αἵρεσιν στέργων, ἣν καὶ τῇ παρ´ Ἕλλησί φασιν ἐοικέναι ἐπιλεγομένῃ Στωϊκῇ.
Εἶτα περὶ τὸ τριακοστὸν ἔτος,
πέμπεται παρὰ τῶν Ἱεροσολυμιτῶν τῶν ἐν Γαλιλαίᾳ προνοήσων· ἀρχὴν
γὰρ ταραχῆς ἐδέχετο τὰ Ἰουδαίων, πολλαῖς ἀταξίαις ἤδη
συναλλοιουμένων. Εἶτα καὶ στρατηγὸς τῶν περὶ τὴν Γαλιλαίαν
χειροτονηθεὶς εὖ τε προὔστη τοῦ ἔθνους, καὶ μυρίας καὶ
ποικιλωτάτας ὑπὸ τῶν ἀντιπολιτευομένων ἐπιβουλὰς ὑποστὰς πάσας
ἐξέφυγε, καὶ μέτριον τοῖς ἐχθροῖς ἔχων ὑπεξουσίως πολλάκις
ἐχρήσατο. Καὶ τὸν πρὸς Ῥωμαίους πόλεμον ἄκων ἀναδεξάμενος καὶ
ἀνδρείως διενεγκών, ἐν Ἰωταπάτοις ὅμως ζωγρείᾳ Οὐεσπασιανῷ
Ῥωμαίων τότε στρατηγοῦντι ἁλίσκεται. Εἶτα τυγχάνει λίαν εὐμενοῦς
αὐτοῦ τότε τε καὶ ἐπὶ πλέον Ῥωμαίων ἄρξαντος, οὐκ αὐτοῦ δὲ μόνου
ἀλλὰ καὶ τῶν παίδων Τίτου καὶ Δομετιανοῦ ἐκ διαδοχῆς
βεβασιλευκότων, ὡς καὶ τῆς Ῥωμαϊκῆς τυχεῖν πολιτείας καὶ πάντων
ἐν ἀφθονίᾳ καταστῆναι. Ἀπηρτίσθη ἡ ἱστορία νϛʹ ἄγοντι ἐνιαυτόν,
Ῥωμαίων Δομετιανοῦ ἔτος τῆς ἀρχὴς ἄγοντος τρισκαιδέκατον. |
J’ai lu les Antiquités des Juifs,[1] de Flavius Josèphe,[2] en vingt livres. Il commence par la cosmogonie mosaïque, et bien que son compte rendu soit en accord avec ceux qui sont généralement acceptés, il en diffère parfois. L’ouvrage se termine par la guerre entre Juifs et Romains, à l’époque où Agrippa,[3] fils du grand Agrippa,[4] qui déchut Jésus, fils de Gamaliel, de la grande prêtrise, et l’accorda à Matthias, fils de Théophile, était roi des Juifs. Antiochus[5] et son général Lysias furent les premiers à introduire une innovation audacieuse concernant l’investiture du grand prêtre. Ils ôtèrent cette charge à Onias nommé Ménélas, le mirent à mort, privèrent son fils du droit de succession, et nommèrent à sa place Alcimus appelé Iacimus, de la tribu d'Aaron, mais appartenant à une famille différente. Avant cela, la loi depuis l'époque d'Aaron disait que le grand prêtre devait exercer sa charge à vie, et que son fils devait lui succéder. Mais quand Alcimus mourut, après avoir été grand prêtre pendant trois ans, la charge resta vacante pendant sept ans. Après qu’on eut confié la direction du peuple juif à Matthias et à ses fils de la famille Asmonéenne, et fait la guerre aux Macédoniens, Jonathan fut nommé grand prêtre. Judas, appelé Aristobule, appartenait également à cette famille ; il plaça le premier le diadème sur sa tête, cumulant les deux charges de grand prêtre et de roi. Un an plus tard il mourut, et son frère Alexandre lui succéda dignités royale et sacerdotale pendant vingt-sept ans. A partir de ce moment, royauté et sacerdoce associés restèrent dans la famille Asmonéenne jusqu'à l’époque d'Hyrcanus, que Pompée, après la conquête de Jérusalem, déchut de son royaume, mais autorisa à exercer son sacerdoce. Après trente-trois ans, il fut fait prisonnier par les généraux Barzapharnes et Pacorus, qui nommèrent roi Antigone, le fils du frère d’Aristobule. Après qu’Antigone eut régné trois ans et trois mois, le général romain Sosius et Hérode Premier, fils d'Antipater et de Cypris l'Arabe, prêtre d'Ascalon, le renversèrent, et l'emmenèrent à Antioche, où il fut mis à mort par Antoine. Ce fut la fin de la dynastie Asmonéenne, et Hérode fut fait roi des Juifs par les Romains. Il donna le haut sacerdoce à n’importe qui, sans distinction, créant un exemple à suivre pour ses successeurs. Comme indiqué plus haut, l'auteur, dans ses vingt livres, commence par la création du monde, et va jusqu’au début de la dernière guerre entre Juifs et Romains, au moment où Agrippa, fils d’Agrippa, fut fait roi des Juifs par les Romains et où Gessius Florus[6] succéda à Albinus comme gouverneur de Judée. Les Juifs, incapables de supporter la méchanceté et la cruauté de Florus, se révoltèrent, pensant qu’il valait mieux périr libres ensemble immédiatement plutôt que progressivement en esclavage. Ce fut pendant la deuxième année du gouverneur Florus et la douzième année du règne de Néron, que la guerre éclata, et c’est là que l'histoire de Josèphe se termine. De son style, nous avons déjà parlé. Josèphe était Juif par sa naissance et prêtre, appartenant à une famille descendant d'une longue lignée sacerdotale du côté de son père. Du côté de sa mère, il était de sang royal, car les enfants d’Asmoneus, dont sa famille descendait, avait longtemps tenu à la fois le haut sacerdoce, et la dignité de roi. Le nom de son père fut Matthias. Il naquit la première année du règne de l'empereur Caius,[7] et il fut un étudiant sérieux dès l'enfance. Vers seize ans, il commença à s’intéresser auxs sectes des Juifs (elles étaient trois), et à les expérimenter consciencieusement, afin de choisir la meilleure après les avoir toutes connues à fond. Ces sectes sont les Pharisiens, les Sadducéens, et les Esséniens. Après un passage par chacune d’elles, il prit sa retraite dans le désert, pour y vivre trois ans avec un homme[8] qui menait une vie solitaire et ascétique. Les vêtements de cet homme étaient faits de feuilles d'arbres, sa nourriture consistait en herbes naturelles et en fruits, et il se baignait souvent nuit et jour, pour rester chaste. Quand il eut dix-neuf ans, Josèphe retourna dans sa cité et rejoignit la secte des Pharisiens, que l’on dit ressembler à l’école stoïcienne des Grecs. A trente ans, le peuple de Jérusalem l’envoya pour s’informer sur l'état des affaires en Galilée, où régnait une grande confusion et où la situation était très instable. Il fut ensuite nommé commandant en chef de Galilée, et se montra un administrateur efficace. Il échappa avec succès à divers complots menés contre lui par ses rivaux politiques, et faisant preuve de modération envers ses ennemis, il les ramena souvent à son côté. Ayant pris malgré lui les armes contre les Romains, après une courageuse résistance à Iotapata, il fut fait prisonnier par Vespasien, qui le traita bien à cette époque, et encore mieux quand il fut devenu empereur. Vespasien, mais aussi ses fils et successeurs, Titus et Domitien, eurent la plus grande considération pour lui ; il devint citoyen romain et très riche. Il termina son Histoire quand il à cinquante-six ans, la treizième année du règne de Domitien. |
[1] Egalement appelées Antiquités judaïques ou juives, imitant les Antiquités romaines de Denys d'Halicarnasse ; elles furent éditées une première fois entre 93 et 94 sous Domitien, puis rééditées six ans plus tard, forment en vingt livres une sorte d'adaptation de la Bible destinée à un public large, inspirée de la bible grecque, La Septante. Pour les derniers siècles, Josèphe utilise le Ier Livre des Maccabées et recourt à des auteurs dont l'œuvre est perdue ou à la tradition orale : la haggadah traditionnelle enjolive les récits bibliques en y insérant des légendes colorées, par exemple à propos de Moïse. D'un grand intérêt historique pour la période du second Temple, le récit comporte des passages contestés, comme celui qui est relatif au Christ (XVIII, 3-3). L'Autobiographie, appendice à la seconde édition des Antiquités, répond aux accusations de Juste de Tibériade contre la conduite de Josèphe durant ses six mois de commandement en Galilée et le siège de Jotapath. Le Contre Apion, en deux tomes, répond aux critiques soulevées par les Antiquités judaïques : Josèphe s'efforce d'y démontrer l'antiquité du peuple juif. L'œuvre de Josèphe est importante pour l'histoire du canon des Écritures et du judaïsme. La halachah, ou pratique légale, n'étant pas encore fixée, certaines règles qu'il rapporte représentent un état antérieur à leur expression rabbinique. Enfin, on trouve dans les Antiquités judaïques de nombreuses traditions juives, ou haggadat, qui n'ont pas d'équivalent dans les recueils midrashiques postérieurs. (Larousse) [2] Codices 47 et 238. [3] 27-100. C’est l’Agrippa devant qui l’on mena saint Paul. [4] Petit-fils d'Hérode le Grand. Il est célèbre pour sa persécution des chrétiens (44). Il aurait succombé à une terrible maladie (Actes XII. 23). [5] Antiochus Épiphane, roi de Syrie 175-164. Il fut un défenseur déterminé de l'éradication de judaïsme et de l'hellénisation de la population. [6] 64-65. [7] Caligula, empereur 37-41. [8] Selon Josèphe, son nom fut Banus.
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