BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS

          

     47 JOSÈPHE,

      Guerre des Juifs.
   

       Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

47. Josèphe, Guerre des Juifs.


 

 

 

Ἀνεγνώσθη Ἰωσήπου Ἰουδαίου τὰ κατὰ Ἰουδαίους πάθη, ἐν οἷς ἥ τε τῆς Ἱερουσαλὴμ ἐπὶ τέλει τῶν λόγων ἅλωσις καὶ ἡ τῆς Μασάδας πολίχνης, πρὸ δὲ τούτων ἡ τῶν Ἰωταπάτων, ἐν ᾗ καὶ αὐτὸς Ἰώσηπος ἥλω, ἔτι δὲ Γισχάλων ἅλωσις καὶ ἄλλων ἰουδαϊκῶν φρουρίων ἐρημία.

 Ἔστι δὲ αὐτῷ τὸ σύνταγμα ἐν λόγοις ἑπτά. Καθαρὸς τὴν φράσιν καὶ ἀξίωμα λόγου μετὰ εὐκρινείας καὶ ἡδονῆς δεινὸς ἐκφῆναι, πιθανός τε ταῖς δημηγορίαις καὶ ἐπίχαρις, κἂν ἐπὶ τἀναντία ὁ καιρὸς καλῇ χρήσασθαι τῷ λόγῳ, δεξιὸς καὶ γόνιμος ἐνθυμημάτων ἐφ´ ἑκατέρᾳ, καὶ γνωμολογικὸς δὲ ὡς εἴ τις ἄλλος, καὶ πάθη τῷ λόγῳ παραστῆσαι ἱκανώτατος, καὶ ἐγεῖραι πάθος καὶ πραῧναι δοκιμώτατος.

Πολλὰ δὲ σύμβολα καὶ σημεῖα λέγει προϋπάρξαι τῆς Ἱερουσαλὴμ ἁλώσεως· βοῦν τε γὰρ ἐπὶ θυσίαν ἀγομένην ἄρνα τεκεῖν, καὶ φῶς ἀναλάμψαι ἐν τῷ ναῷ, καὶ φωνῆς ἐκεῖθεν ἐπακοῦσαι «μεταβαίνομεν ἐντεῦθεν», καὶ τὰς τοῦ ἱεροῦ πύλας, οὐδ´ ὑπὸ ἀνδρῶν εἴκοσιν ἀνοιγομένας, αὐτομάτως ἀνεῷχθαι, καὶ στρατὸν ἑσπέρας ἐπιφαίνεσθαι ὅπλοις περιπεφραγμένον, καὶ ἄνθρωπόν τινα (ὄνομα αὐτῷ ὁ τοῦ Ἀνανία Ἰησοῦς) μηδὲν ἄλλο ἐπιφθέγγεσθαι ἐπὶ ἔτη Ϛʹ μῆνας γʹ, ὥσπερ βεβακχευμένον ὄντα ἐπ´ αὐτὸ τοῦτο ἢ τὸ «αἲ αἲ τῇ Ἱερουσαλήμ»· ὃς καὶ ὑπὲρ τούτου αἰκισθεὶς πλὴν ταύτης τῆς φωνῆς οὐδὲν ἄλλο ἀπεκρίνατο, ἐν αὐτῇ τε τῇ ἁλώσει παρὼν καὶ αὐτὸς καὶ τὴν τοιαύτην φωνὴν ἐπειπών, λίθῳ βληθεὶς ὑπὸ τῶν πολεμίων, ἐτελεύτησε.

Τὰ μὲν οὖν προδειχθέντα τῆς ἁλώσεως σημεῖα ταῦτα· ἡ στάσις δὲ τῶν ἐμφυλίων ἢ οἱ πολέμιοι τὴν πόλιν ἐπόρθησαν. Εἰς ζηλωτὰς γὰρ ἑαυτοὺς καὶ σικαρίους διαστήσαντες, ἀλλήλους τε ἔφθειρον, καὶ τὸ κοινὸν σῶμα ὁ δῆμος ὑπ´ ἀμφοῖν πικρῶς τε καὶ ἀνηλεῶς ἐσπαράττετο. Λιμός τε οὕτω κατέσχεν ὡς καὶ εἰς ἄλλα μὲν παράνομα τοὺς ἀνθρώπους ἐκδιαιτηθῆναι, καὶ γυναῖκα δὲ τὸ οἰκεῖον τέκνον θοινήσασθαι. Καὶ τῷ λιμῷ ὁ λοιμὸς συνεπιλαβόμενος ἐδείκνυ πᾶσιν ἐμφανῶς θεομηνίας ἔργον καὶ τῆς δεσποτικῆς προρρήσεως καὶ ἀπειλῆς τὴν τῆς πόλεως ὑπάρξαι πανωλεθρίαν καὶ ἅλωσιν.

J’ai lu les travaux de Josèphe le Juif (1) sur Les calamités des Juifs. La capture de Iotapata (2) (où Josèphe lui-même fut fait prisonnier), et Gischala (3), et la désolation d'autres forteresses juives est décrite, et dans le dernier livre, la destruction de Jérusalem et de la forteresse de Masada (4).

L’ouvrage comporte sept livres. L'auteur a un style pur, et est apte à exprimer son sens dans la dignité, avec distinction et charme. Dans les discours présentés, il est convaincant et agréable, même lorsque l'occasion l'invite à prendre des opinions contraires ; il est habile et prolifique par recours à des arguments de part et d'autre, et il est extrêmement friand d’aphorismes. Il est également très habile à introduire de l'émotion, à faire vibrer les passions et à les calmer.

Il rapporte que de nombreux signes et présages ont précédé la prise de Jérusalem. Une génisse menée au sacrifice a mis bas à un agneau, une lumière a brillé dans le temple et une voix a été entendue disant: « Laissez-nous donc supprimer » ; les portes du temple, difficilement ouvrables par vingt hommes, s’ouvrirent d’elles-mêmes, le soir apparurent des troupes vêtues en armure. Un homme nommé Jésus, fils d’Ananias, ré-péta incessamment pendant six ans et trois mois, comme inspiré, les mots : « Malheur, malheur à Jérusalem! » Quand il fut fouetté pour cela, il ne répondit pas, mais répéta les mêmes mots. Il était présent lors de la prise de la ville, et tout en criant « Malheur, malheur, à la ville! » il fut frappé par la pierre d'une des machines de guerre ennemies, et rendit l'âme.

Tels sont les signes qui prédisaient la prise de la ville ; mais ce fut une sédition interne, en collaboration avec l'ennemi, qui la renversa. Divisés en factions, les Zélotes et les Sicaires (5) se détruisirent l’un l'autre, et le corps de l'État fut cruellement et impitoyablement déchiré par la population. La ville souffrit si gravement de la famine que les habitants furent menés à toutes sortes d'excès ; une mère mangea même la chair de son propre fils. A la famine succéda la peste, preuve évidente que c'était l’œuvre de la colère divine, dans l'accomplis-sement de la proclamation du Seigneur et de la menace que la ville devrait être prise et totalement détruite.

[1]  Célèbre historien (37-98), "le Tite-Live grec." Les Guerres furent initialement écrites en hébreu, puis traduites en grec. Ses autres œuvres existantes sont les suivantes: Antiquités juives, Autobiographie, un traité polémique Contre Apion.

[2] En Galilée.

[3] En Galilée.

[4] Le bastion Judéen (mod. Sebbeh).

[5]  Les Zélotes et Sicaires (assassins) constituaient le parti de guerre juif fanatique anti-romain, dont le désir était de chasser les Romains et tous ceux qui leur était favorable. Ils ne reculaient pas devant le meurtre, et portaient de petites dagues (sicae) pour poignarder ceux qu’ils considéraient comme les ennemis de leur pays.