BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS

          

     159 ISOCRATE

      Discours, Lettres.
   

       Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

159. Isocrate, Discours, Lettres.


 

 

 

Ἀνεγνώσθη Ἰσοκράτους τοῦ ῥήτορος λόγοι καʹ καὶ ἐπιστολαὶ θʹ. Συμβουλευτικοὶ μὲν τῶν αὐτοῦ λόγων εἰσὶν ὅ τε πρὸς Δημόνικον καὶ ὁ πρὸς Νικοκλέα, χρησίμους παραινέσεις περιέχοντες, καὶ ἔτι ὁ δεύτερος πρὸς Νικοκλέα καὶ ὁ περὶ τῆς εἰρήνης. Καὶ ὁ Πανηγυρικὸς δὲ σκοπὸν ἔχειν ὑποτίθεται τὴν συμβουλήν, δι´ ἧς ὁμόνοιά τε πρὸς ἀλλήλους τοῖς Ἕλλησι καὶ κοινὸς ὁ πρὸς τοὺς βαρβάρους καταπραχθείη πόλεμος· τὸ δὲ πλεῖστον τοῦ λόγου εἰς τὰ τῶν Ἀθηναίων ἐγκώμια κατατρίβεται.

Καὶ ὁ Ἀρεοπαγιτικὸς δὲ τῶν συμβουλευτικῶν ἐστι, προτρέπων τοὺς Ἀθηναίους ἐπ´ ἀρετὴν ἐξ ἐπαίνου μὲν τῶν προγεγονότων, καταδρομῆς δὲ τῶν ἔτι τῷ βίῳ περιόντων. Καὶ ὁ Πλαταϊκὸς δὲ συμβουλευτικός ἐστι καὶ ὁ ἐπιγραφόμενος δὲ Ἀρχίδαμος συμβουλευτικός ἐστι· παρακαλεῖ Λακεδαιμονίους ἐπὶ τὸν κατ´ Ἀθηναίων πόλεμον ὑπὲρ Μεσσηνίων.

Ὁ δὲ κατὰ τῶν σοφιστῶν ἐπιγραφόμενος κατηγορία τῶν ἀντιπολιτευομένων αὐτῷ ἐστι σοφιστῶν. Ὁ δὲ ἐφεξῆς λόγος Βουσίριδος αὐτῷ ἐστιν ἐγκώμιον, ὥσπερ καὶ ἐπιγέγραπται, ὁ δὲ ἑνδέκατος Ἑλένης ἐγκώμιον· καὶ ὁ δωδέκατος Εὐαγόρου ἐγκώμιον, ὃς Εὐαγόρας ἐπιγράφεται προσπεφωνημένος Νικοκλεῖ τῷ υἱεῖ. Ὁ δὲ ἐπιγραφόμενος Φίλιππος συμβουλευτικός ἐστι, Φιλίππῳ συμβουλεύων τῆς τε τῶν Ἑλλήνων φροντίζειν ὁμονοίας καὶ τῆς κατὰ τῶν ἐν Ἀσίᾳ βαρβάρων συστρατείας.

Ὁ δὲ Παναθηναϊκὸς ἐγκώμιόν ἐστι τῆς Ἀθηναίων πόλεως καὶ τῶν προγόνων, ὃν ἀπάρξασθαι μέν φησι συγγράφειν ἐνενήκοντα καὶ τεττάρων ἐτῶν ἄγων ἡλικίαν, νόσου δὲ χαλεπῆς τριετίαν κατασχούσης, ἐν τῷ ἐνενηκοστῷ ἑβδόμῳ εἰς πέρας ἀγαγεῖν τὸν λόγον.

Ὁ δὲ περὶ τῆς ἀντιδόσεως ἐπιγραφόμενος λόγος δικανικός τις εἶναι δοκεῖ, καὶ ἀπολογίαν ἔχων ὧν Λυσίμαχος κακῶς εἶπεν Ἰσοκράτην· δύο δὲ καὶ ὀγδοήκοντα ἐτῶν ὄντι οὗτος αὐτῷ μέγιστος ὢν τῶν ἄλλων ὁ λόγος συνετάγη, ἔστι δ´ ὁ λόγος καὶ σύμμικτος καὶ ποικίλος μᾶλλον ἢ οἱ ἄλλοι· παρατίθεται δὲ καὶ τῶν ἄλλων αὐτοῦ λόγων περικοπάς τινας, ἐξ ὧν οὐ φθείρειν τοὺς νέους ἀλλ´ ὠφελεῖν τὸ κοινὸν ἐπιδείκνυσιν ἑαυτόν. Δικανικὸς δὲ καὶ ὁ πρὸς Καλλίμαχον· ὁμοίως δὲ καὶ ὁ Αἰγινητικὸς ὑπὲρ κλήρου ἀγωνιζόμενος. Τῶν δικανικῶν δὲ καὶ ὁ πρὸς Εὐθύνουν ὑπὲρ Νικίου, καὶ ὁ Τραπεζιτικός, καὶ ὁ πρὸς Λοχίτην, ὕβρεως καὶ πληγῶν δίκην ἀπαιτῶν.

Οὕτω μὲν καὶ τοσούτους ἔγνωμεν Ἰσοκράτους λό γους, ἕνα καὶ εἴκοσιν ὄντας. Τῶν δὲ ἐννέα ἐπιστολῶν αὐτοῦ μία μέν ἐστι πρὸς Διονύσιον τὸν Σικελίας τύραννον, ἑτέρα δὲ πρὸς Ἀρχίδαμον, καὶ πρὸς Φίλιππον δύο, μία δὲ πρὸς Ἀλέξανδρον, καὶ πρὸς Ἀντίπατρον ἄλλη, καὶ δὴ καὶ πρὸς Τιμόθεον, καὶ πρὸς τοὺς Μυτιληναίων ἄρχοντας ἡ ἐνάτη.

Οὗτος μὲν οὖν ὁ ῥήτωρ σοφιστεύειν μᾶλλον ἢ τῶν κοινῶν προστατεῖν, ὥσπερ οἱ ἄλλοι ἐννέα ῥήτορες, ὧν καὶ Δημοσθένης ἦν, εἵλετο, καίτοι καὶ πρὸ ἐκείνων τοῖς τῆς ῥητορικῆς ἀκμάζων λόγοις, καὶ κατ´ ἐκείνους τὴν ἐπ´ αὐτοῖς δόξαν οὐκ ἐλαττούμενος.

Κέχρηται δὲ μάλιστα μέν, ὡς αὐτίκα τοῖς ἀναγινώσκουσι δῆλον, εὐκρινείᾳ καὶ καθαρότητι, πολλήν τε ἐπιμέλειαν περὶ τὴν ἐργασίαν τῶν λόγων ἐπιδείκνυται, ὥστε καὶ εἰς περιττὸν αὐτῷ διεκπίπτειν τὸν κόσμον καὶ τὸ ἐπιμελές. Καὶ αὐτὸ δὲ τὸ τῆς ἐργασίας πλεονάζον παρ´ αὐτῷ οὐ τὸ γόνιμον μᾶλλον τῶν ἐπιχειρημάτων ἢ τὸ ἀπειρόκαλον παριστᾷ. Ἦθος δὲ καὶ ἀλήθεια καὶ γοργότης οὐδὲ μέτεστιν αὐτῷ. Μεγέθους δὲ αὐτῷ ὅσον εἰς τὸν πολιτικὸν ἐναρμόζει λόγον, ἄριστα καὶ παραπλησίως κέκραται τῇ σαφηνείᾳ. Ἄτονος δὲ πλέον τοῦ δέοντος ὁ λόγος. Οὐχ ἥκιστα δὲ αὐτοῦ σμικρολογίαν καὶ τὸ προσκορὲς τῶν παρισώσεων αἰτιᾶται. Ἀλλὰ ταῦτά φαμεν πρὸς τὴν ἐν λόγοις αὐτοῦ ἀρετὴν τὸ ἐκπῖπτον ἐκείνης καὶ ἀνόμοιον ἐνδεικνύμενοι, ἐπεὶ πρός γε ἐνίους τῶν γράφειν λόγους ἐπαιρομένων ἀρεταὶ ἂν δόξωσι καὶ τὰ ἐκείνου ἐλαττώματα.
 

J’ai lu vingt-et-un discours et neuf lettres d’Isocrate (1); ses discours politiques (2) sont « A Demonicus » et « Pour Nicoclès », contenant des conseils utiles, un deuxième pour Nicoclès, et un « Sur la paix ». Le but du Panégyrique est d'examiner les moyens d'assurer l'harmonie parmi les Grecs eux-mêmes, et les meilleures méthodes pour faire la guerre aux barbares, mais en fait la plus grande partie est consacrée à une glorification des Athéniens.

L’Aréopagitique est aussi l'un des discours politiques, il invite les Athéniens à la vertu en louant leurs ancêtres, et en blâmant leurs descendants. Le Plataïque et l’Archidamos sont également politiques; dans ce dernier, Isocrate demande instamment à Sparte de faire la guerre à Thèbes à cause des Messéniens.

Dans le discours « Contre les sophistes » il attaque ses adversaires politiques. Le discours suivant est un « Eloge de Busiris (3)», comme le titre l'indique. Le onzième est un « Eloge d’Hélène ». Le douzième, Evagoras (4), est un éloge de ce roi, dédié à son fils Nicoclès. Le « Philippe » est un discours politique où Isocrate recommande à Philippe de s'efforcer de promouvoir l'harmonie entre les Grecs et de consacrer son attention à la concorde et à la l'expédition contre les barbares en Asie.

Le « Panathénaïque » est un éloge d'Athènes et des ancêtres des Athéniens, que, selon lui, il commença à écrire à quatre-vingt quatorze ans, mais qu’une grave maladie de trois ans l’empêcha de terminer avant quatre-vingt dix sept ans.

Le discours appelé Antidosis (échange de biens) semble appartenir à la catégorie des discours "judiciaires", c’est une défense contre les calomnies d'un certain Lysimaque. Ce discours, le plus long de sa catégorie, fut composé quand Isocrate avait quatre-vingt deux ans : le sujet en est plus nuancé et varié qu’ailleurs, il insère des extraits de ses autres discours, pour montrer qu’il ne corrompt pas les jeunes gens, mais cherche à promouvoir le bien-être commun. Le discours « Contre Callimaque », tout comme l’Éginétique (relatif à une contestation d'héritage), le discours « Contre Euthynous » au nom de Nicias, le Trapézitique (action contre un banquier), et le « Contre Lochitès » (demande de dommages-intérêts pour outrage et voies de fait) sont aussi des "judiciaires".

Voilà les vingt et un discours d’Isocrate que nous avons lu. De ses neuf lettres, l'une est adressée à Denys, tyran de la Sicile, une autre à Archidamus, deux à Philippe, l'une à Alexandre, l'une à Antipater, l'une à Timothée, et la neuvième à l’archonte de Mytilène (5).

Cet écrivain préférait instruire par la rhétorique plutôt que prendre part à la gestion des affaires publiques, comme les neuf autres orateurs, dont l'un fut Démosthène ; bien que même avant leur époque, il eut une grande réputation de rhéteur, il ne fut jamais considéré plus tard comme leur inférieur.

Ses principales caractéristiques, immédiatement évidentes pour le lecteur, sont la pureté et l’exactitude, et le soin excessif à élaborer ses discours, qui souvent dégénèrent dans un ordonnancement démesuré et une élaboration trop poussée. Sa capacité infinie à se donner du mal génère des fautes de goût, plutôt que de l’inventivité dans l’argumentation. Il manque de persuasion (6), de sincérité et de vigueur (7), mais dans ses discours politiques, il fait un usage admirable de dignité et de clarté en proportions égales. Son style est faible, et l'usage équilibré de clauses ad nauseam, autant que toute autre chose, montre son souci excessif des petits détails. Mais nous reconnaissons l'excellence de son langage, et nous ne faisons ces critiques que pour souligner où il s’est égaré et ne se rend pas justice. En effet, comparé à certains de ceux qui en-treprennent de composer des discours, même ses défauts paraissent des qualités.
 

[1] 436-338 av. J.-C. L'un des "dix" orateurs attiques. L'objet politique de ses discours fut d'unir le monde grec contre son ennemi héréditaire, la Perse. Ses vingt-et-un discours que l’on possède se distinguent par une finition artistique de haut niveau, et sont le plus soigneusement élaborés. On dit que l’annonce de la défaite des Athéniens à la bataille de Chéronée (338), devant Phi-lippe de Macédoine, fit mourir de chagrin cet orateur âgé « killed with report that old man eloquent » (Milton). Il était trop ti-mide pour parler lui-même en public, et il ouvrit une école de rhétorique, qui fut largement suivie.

[2] Ses discours ont été classés en politiques, judiciaires, et épidictiques (ces deniers consistant à montrer les vertus d'un person-nage vivant ou défunt et à distribuer le blâme à leurs détracteurs).

[3] Prince égyptien qui mit à mort des étrangers arrivant dans son pays. Il fut tué par Hercule.

[4]  Roi de Salamine à Chypre.

[5] La lettre aux enfants de Jason de Phères complète les neuf. Les avis sont partagés quant à l'authenticité de ces lettres.

[6] Ou « description de caractère » (Van Hook).

[7] "Fougueux sérieux" (Jebb).