BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS

          

     233 GERMAIN DE CONSTANTINOPLE,

      Sur la véritable et légitime rétribution.
   

       Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

233. Germain de Constantinople,

 

Sur la véritable et légitime rétribution.


 

 

 

Ἀνεγνώσθη βιβλίον τὸν ἐν ἁγίοις Γερμανὸν φέρον συγγραφέα, ὃς μετὰ τὸ Κυζικοῦ χειροτονηθῆναι Κωνσταντινουπόλεως ἐχρημάτισεν ἀρχιερεύς. Ἀνταποδοτικὸς δὲ ἢ Ἀνόθευτος τὴν ἐπιγραφὴν ἔχει, ὃ ἴσον ἂν εἴη Περὶ τῆς ἀνοθεύτου τῶν βεβιωμένων ἀνθρώποις ἀνταποδόσεως.

Τῆς μὲν οὖν ἐπιγραφῆς ἡ ἐπαγγελία τοιαύτη, ἀγωνίζεται δὲ ὁ λόγος τὸν ἐν ἁγίοις τῆς Νύσσης Γρηγόριον καὶ τὰ τούτου συγγράμματα τῆς ὠριγενείου παρασχεῖν ἐλεύθερα λώβης. Καὶ γὰρ οἷς τοῦ δαιμονίου φύλου καὶ τῶν εἰς κόλασιν ἀτελεύτητον παραπεμπομένων ἀνθρώπων ἡ λῆρος ἀποκατάστασις φίλον, οὗτοι δή, ἅτε τὸν ἄνδρα ὑψηλόν τε τοῖς δόγμασι καὶ πολὺν τοῖς τῶν λόγων ῥεύμασιν εἰδότες, καὶ λαμπρὰν τῆς εὐσεβείας τὴν ὑπόληψιν εἰς πάντας ἀνθρώπους περιηχηθεῖσαν ὁρῶντες, ἐπεβάλοντο παρενεῖραι τοῖς ἐκείνου φωτιστικοῖς καὶ σωτηρίοις λόγοις τὰ ζοφώδη καὶ ὀλέθρια τῆς Ὠριγένους ὀνειρώξεως ἀμβλωθρίδια, τῇ τοῦ ἀνδρὸς περιωνύμῳ ἀρετῇ τε καὶ γνώσει τὴν αἱρετικὴν ὑποβαλεῖν λαθραίως διανοηθέντες ἀπόνοιαν.

Διὸ τοῦτο μὲν προσθήκαις νόθοις, τοῦτο δὲ καὶ διαστροφῇ τῶν ὀρθῶν λογισμῶν βεβιασμένῃ, πολλὰ τῶν ἀμωμήτων ἐκείνου συνταγμάτων κατακιβδηλεύειν ἐπειράθησαν. Καθ´ ὧν Γερμανὸς ὁ τῆς εὐσεβείας συνήγορος ὀξὺ τῆς ἀληθείας ἐπαφεὶς τὸ ξίφος, καὶ νεκροὺς τῇ πληγῇ λιπὼν τοὺς πολεμίους, νικηφόρον καὶ πρωταγωνιστὴν τὸν καθ´ οὗ τὰς ἐπιβουλὰς ἡ αἱρετικὴ φάλαγξ ἐρρᾳδιούργει καὶ κατεσκεύαζε παρεστήσατο.

Ἔστι μὲν οὖν ὁ ἀνὴρ ἐν τῷ παρόντι λόγῳ καθαρός τε καὶ διειδής, καὶ τὰς ἐν ὀνόμασι τροπὰς εὐστόχως ὑποβαλλόμενος, καὶ τὴν μὲν φράσιν ἡδύνων, οὐχ ὑφελκόμενος δὲ πρὸς ψυχρότητα· γενναῖος μὲν ἐπιβαλεῖν τῇ προθέσει, ὅμοιος δὲ διελθεῖν τὰ ἀγωνίσματα, καὶ τοῦ μὲν ἀναγκαίου μηδὲν ἔξωθεν παραπλέκων, οὐδὲν δὲ τῶν ὀφειλόντων ῥηθῆναι παρορῶν, οὔτε ταῖς κατασκευαῖς οὔτε τοῖς ἐπιχειρήμασιν οὔτε τοῖς ἐνθυμήμασιν. Ἀλλ´ ἔστιν ὥσπερ τῶν εὐσεβῶν δογμάτων κανὼν ἀπαρέγκλιτος, οὕτω καὶ τῶν, εἴ τις ἐθέλει λόγους γράφειν δυνατοὺς καὶ σαφεῖς καὶ χαρίεντας καὶ πνευματικὴν διδασκαλίαν προτιμῶντας τῆς ἐπιδείξεως, καλὸν παράδειγμα καὶ ἀξιοζήλωτον.

Ἐπιρραπίζει μὲν οὖν πρότερον τὸ αἱρετικὸν δόγμα, ὃ τῆς ἀποκαταστάσεως τῶν δαιμόνων εἰς τὸ ἀρχαῖον καὶ τῶν ἐν ἁμαρτίαις καταλυσάντων τὸν βίον μετά τινας ποινὰς ὡρισμένας εἰς τὸν χορὸν τῶν δικαίων μετελθεῖν τερατεύεται. Ἐλέγχει δὲ τὸ μυθῶδες τοῦτο δυσσέβημα πρῶτον μὲν ἐξ αὐτῶν τῶν δεσποτικῶν φωνῶν, δεύτερον ἐκ τῶν ἀποστολικῶν κηρυγμάτων, οἷς καὶ προφητικὰς ἐπισυνάπτει μαρτυρίας, τρανολογούσας ὥσπερ αἰώνιον τὴν τῶν δικαίων ἀνεκλάλητον ἀπόλαυσιν, οὕτω καὶ τὴν τῶν ἁμαρτωλῶν ἀτελεύτητόν τε καὶ ἀνυπόστατον κόλασιν.

Οὐκ ἐκ τῶν εἰρημένων δὲ μόνον χρήσεων τὸ αἱρετικὸν καὶ ἀλλόφυλον καταβάλλει φρύαγμα, ἀλλὰ καὶ ἐξ ἄλλων ἱερῶν ἀνδρῶν, ναὶ δὴ (τὸ κραταιότερον) καὶ ἐκ λογίων αὐτοῦ ἐκείνου, ὃν κακομηχάνως ἡ αἵρεσις συνήγορον λαβεῖν ἠγωνίζετο. Διὰ δὴ τούτων ἁπασῶν τῶν ἱερολογιῶν τὸ μὲν παθοποιὸν καὶ ψυχοφθόρον πάσης ἐκκλησιαστικῆς χοροστασίας ἀπελαύνων ἀνεδείχθη μυθολόγημα,  τὸ δὲ τῆς εὐσεβείας μισοπόνηρον κρατύνων τε καὶ ἀνυψῶν φρόνημα.

Οὕτω δὲ προδιασκευάσας καὶ κραταιωσάμενος τὸ τῆς ἀληθείας ὀχύρωμα, ἐξ οὗ καταβαλεῖν ῥᾷον ἔμελλε τὸ πολέμιον, τὰ ῥητὰ λοιπὸν μετὰ ταῦτα τοῦ ἱεροῦ προάγει πατρός, οἷς οἱ κακοὶ καὶ πονηροὶ τῶν δογμάτων κάπηλοι τὸν οἶνον ὕδατι μιγνύντες κιβδηλεύειν αὐτά, μᾶλλον δὲ τὰ τῆς ἐκκλησίας ἐμελέτησαν διδάγματα.

Ταῦτα δὴ τὰ ἱερὰ ῥήματα προθείς, ἑαλωκότας ἐπ´ αὐτοφώρῳ τοὺς ὠριγενειαστὰς οἷς ἐκακούργουν ἐθριάμβευσε, τοῦτο μὲν ἀπηρυθριασμέναις καὶ ἀναισχύντοις προσθήκαις ἐπινοθεύοντας διελέγχων τὰ ἀνόθευτα, τοῦτο δὲ καὶ τὸ συνεχὲς ὑφορωμένους τῆς προσθήκης, ἐκ πολλῆς ἄλλης αὐθαδείας τε καὶ ἀπονοίας, πρὸς τὴν αἱρετικὴν αὐτῶν ἐπίνοιαν ἀποθρασυνθέντας ἐκβιάζεσθαι. Καὶ ὡς ἔπος εἰπεῖν, πάσης τοὺς τοῦ ἀνδρὸς ἀπηλλαγμένους πόνους ἀποφαίνει αἱρετικῆς τε ἐπιβουλῆς καὶ συκοφαντίας ἀφορώσης εἰς ἀσέβειαν. Ἡ δ´ ἀπαλλαγὴ καὶ τῆς κακουργίας ὁ ἔλεγχος ἔκ τε τῶν προηγουμένων τοῦ κεκακουργημένου χωρίου καὶ τῶν ἑπομένων κατασκευάζεταί τε καὶ ἀνακαλύπτεται, καὶ ἐξ ἄλλων δὲ τοῦ θεσπεσίου Γρηγορίου μυρίων λόγων, τὸ ὀρθὸν διασῳζόντων καὶ ἀνόθευτον. Καὶ ταῦτα καλῶς ἀγωνισάμενος, καὶ ὡς οὐκ ἄν τις ἄλλος ἄμεινον, εἰς σωτηρίους εὐχὰς καὶ δοξολογίας Θεοῦ ἀποπερατοῖ τὸ φιλοπόνημα.

Οἱ δὲ λόγοι, οὓς ὑπελθεῖν ἐνέδραις τὸ ἀλλόφυλον ἐτεχνάσατο καὶ ὁ παρὰ τῆς ἀληθείας ταχθεὶς στρατηγὸς τῆς λῃστρικῆς ἐφόδου κακῶν ἀπαθεῖς διεσώσατο, ὅ τε Περὶ ψυχῆς ἐστι  πρὸς τὴν ἀδελφὴν Μακρῖναν διάλογος, καὶ δὴ καὶ ὁ Κατηχητικὸς καὶ ὁ Περὶ τελείου βίου τὴν εἰσήγησιν ἀναδεξάμενος.

J’ai lu un livre qui a le nom de saint Germain comme auteur, qui fut d'abord ordonné à Cyzique puis fpatriarche de Constantinople.[1] e livre est intitulé Le rétributeur ou Le légitime ou ce qui est équivalent : Sur la légitime rétribution des hommes selon les actions de leur vie.

Le sujet qui définit ce livre qui est un ouvrage polémique est de montrer que saint Grégoire de Nysse et ses écrits sont exempts de toute erreur d’Origène. En fait, ceux à qui cette idée délirante plaît : que les démons et des hommes condamnés au châtiment éternel peuvent attendre la liberté, ceux-là, dis-je, (parce qu'ils connaissent l'homme,[2] par l'élévation de son enseignement et l'abondance de ses écrits et parce qu'ils considèrent sa brillante conception de la foi, répandue parmi tous les hommes,) qui ont tenté de mêler à ses ouvrages, clairs et salutaires, des idées informes, catastrophiques, troubles et des rêves d'Origène dans le but de souiller d'hérésie par une méthode qui renverse la vertu et la sagesse insigne du grand homme.

C'est pourquoi, tantôt par de faux ajouts, tantôt par leurs efforts inlassables à pervertir la pensée correcte, ils tentèrent de falsifier plusieurs de ses œuvres qui furent au-delà de tout reproche. C’est contre eux que Germain, le défenseur de la vraie foi, brandit l'épée acérée de la vérité et laissant ses ennemis mortellement blessés, il fit apparaître la victoire et sa maîtrise contre la légion des hérétiques qui créèrent ces écueils.

Son style, dans cette oeuvre, est pur et clair et il use avec bonheur de tropes par la beauté et l'élégance de sa phrase sans tomber dans la froideur. Il entreprend son sujet avec vigueur et il en met tout autant pour mener ses discussions à leur terme sans y introduire rien qui ne soit nécessaire et sans rien omettre de ce qui doit être nécessaire àce qui est dit, aussi bien dans ses preuves, que dans ses raisonnements, et que dans ses arguments, mais il est en quelque sorte une norme évidente de la saine doctrine ; ainsi pour ceux qui préfèrent à l'ostentation écrire des ouvrages forts, clairs et agréables, et un enseignement spirituel , il est un bel exemple remarquable et digne d'être imité.

Il livre d’abord le dogme hérétique qui imagine les démons dans leur ancien statut et ceux qui sont morts dans le péché et leur retour au nommbre des justes après des peines délimitées. Il réfute cette impiété pliene de fables d’abord d’après des paroles du Seigneur et en second lieu par des décrets apostoliques auxquels il ajoute encore les témoignages des prophètes exposant clairement que, tout comme l’ineffable bonheur des justes est éternel, le châtiment des pécheurs, lui-aussi, est éternel et infini.

Et ce n’est pas seulement au moyen des textes dont on vient de parler qu’il renverse l’étrange et arrogante hérésie, mais aussi au moyen de citations empruntées à d’autres saints personnages et, qui plus est, grâce aux paroles de celui-là même que l’hérésie essayait, par des moyens déloyaux de prendre comme avocat. Grâce à toutes ces saintes paroles donc, il est évident qu’il repousse cette fable néfaste et mortelle aux âmes de tout le chœur de l’Eglise et qu’il confirme et exalte l’opinion conforme à la vraie foi qui déteste les méchants.

En mettant en avant ces saintes paroles, il a montré au grand jour que les origénistes étaient enchaînés par  leurs propres sentences dont ils faisaient mauvais usage, tantôt en les convainquant de rendre illégitimes des textes légitimes par de honteux et impudents ajouts, tantôt en les convainquant d’étendre les ajouts d’une façon continue et en les convainquant aussi d’oser, par une grande arrogance et une stupidité , les détourner audacieusement dans le sens de leur hérésie. En un mot, il déclare que les écrits de cet auteur sont à l’abri de toute entreprise des hérétiques et de toute fausse accusation d’hérésie. Cette sentence d’acquittement est établie et cette vilenie est démontrée au grand jour à l’aide de ce qui précède et de ce qui suit le passage dénaturé et à l’aide de nombreuses autres paroles de saint Grégoire[3] qui sont la marque de l'orthodoxie et de la la légimité, les ayant arrachées comme personne n’aurait pu mieux le faire , il termine son travail par des prières salutaires et par des louanges à Dieu.

Quant aux écrits que les hérétiques ont tenté de faire tomber dans leurs pièges et que Germanicus le défenseur de vérité a sauvé sans dommage de cette attaque de brigands, ce sont le Dialogue sur l’âme  à la sœur Macrine, le Discours catéchétique et celui qui contient un exposé Sur la vie parfaite.


 

 

 

[1] Germain (~ 638 - † 733), naquit dans une noble famille de Constantinople. Son père ayant été condamné à mort pour des raisons politiques, le fils âgé de vingt ans est fait eunuque et incorporé de force au clergé de Sainte Sophie. Germain fait contre mauvaise fortune bon cœur, il assume cette décision et poursuit une carrière ecclésiastique classique. D'ailleurs plus que classique puisqu'il devient patriarche (715-730), composant des œuvres liturgiques et favorisant le culte marial. Lors de la crise iconoclaste, il révèle sa véritable énergie. Il tient tête publiquement à l'empereur Léon l’Isaurien pour défendre le culte des images. Il s'appuie sur l'évêque de Rome, car il considère le siège du patriarche d'Occident comme un critère de vérité et d'indépendance à l'égard du pouvoir civil. Contraint à démissionner, il meurt en exil peu après. Premier théologien des Saintes Icônes, il fut célébré comme un martyr par le concile de Nicée II qui décréta la légitimité des images et de leur culte. On vénère en France, à Bort les Orgues (Corrèze), des reliques de saint Germain qui furent apportées de Constantinople durant la 4ème croisade. L’ouvrage résumé est perdu. G. Soll pense que saint Germain doit être considéré comme le sommet de la mariologie de l’époque patristique.

[2] Grégoire de Nysse.

[3] Grégoire de Nysse.