BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS
171. Eustratios, Sur l’état des âmes après la mort.
Ἀνεγνώσθη βιβλίον Εὐστρατίου πρεσβυτέρου τῆς μεγάλης ἐκκλησίας, φράσει μὲν συγκείμενον οὐκ ἐπαινετῇ, λογισμοῖς δὲ οὐ λίαν ψεκτοῖς· σαφὴς δ´ ὁ λόγος. Ἡ δὲ πρόθεσις τῷ ἀνδρὶ τρία ταῦτα συστῆσαι, ἓν μὲν ὅτι μετὰ τὴν ἀπαλλαγὴν τοῦ σώματος αὐτίκα ἐνεργοῦσιν αἱ τῶν ἁγίων ψυχαί, οὐ μόνον δὲ τῶν ἁγίων, ἀλλὰ καὶ ἁπλῶς, κατὰ τὴν οἰκείαν ἑκάστη ἀξίωσιν, πᾶσα ἀνθρωπίνη ψυχή. Καὶ ὅτι ἐπιφαινόμεναι πολλοῖς πολλάκις καὶ κατὰ διαφόρους τρόπους αἱ ψυχαὶ αὐταὶ κατ´ ἰδίαν ὕπαρξιν ἐπιφαίνονται, ἀλλ´ οὐχὶ δύναμίς τις θεία εἰς τύπους σχηματιζομένη τῶν ἁγίων ψυχῶν τὰς ἐνεργείας ἐπιδείκνυσι. Τί γὰρ ὑποκρίσεως δεῖ καὶ σχημάτων καὶ τύπων, ἐνὸν ἑτοιμότερον δι´ αὐτῶν ἐκείνων τῶν ἁγίων ψυχῶν τὰ δεδογμένα τῷ κρείττονι ἐπιτελεῖσθαι; Πειρᾶται δὲ ἑκάτερον τῶν εἰρημένων κατασκευάζειν ἔκ τε χρήσεων τῆς παλαιᾶς γραφῆς καὶ τῆς νέας, καὶ δὴ καὶ μαρτυρίαις διαφόρων πατέρων. Τρίτον δὲ αὐτῷ κεφάλαιον σπουδάζεται, ὅτι πάντως αἱ ὑπὲρ τῶν ἐν πίστει τελευτώντων τοῖς ἱερεῦσιν ἐπιτελούμεναι θυσίαι καὶ προσφοραί, ἢ ἄλλως δεήσεις καὶ ἱκεσίαι καὶ ἐλεημοσύναι ὑπὲρ αὐτῶν παρὰ τῶν πιστῶν, ἐλευθερίαν καὶ πταισμάτων ἄφεσιν καταπράττονται τοῖς ὑπὲρ ὧν ἐπιτελεῖται ταῦτα. Ἐν οἷς καὶ τὰ τρίτα μὲν ἐπιτελεῖσθαί φησι λαμβάνοντας τὸ μυστήριον τῆς δεσποτικῆς καὶ τριημέρου ἐγέρσεως εἰς συνεργίαν καὶ ἐπιβοήθειαν τῆς ἱκεσίας, τὰ δὲ ἔννατα ὡσαύτως (μεθ´ ἡμέρας γὰρ ηʹ τῆς ἐγέρσεως ὤφθη τὸ δεύτερον τοῖς μαθηταῖς ὁ δεσπότης), τὰ δὲ τεσσαρακοστὰ ὁμοίως, ὅτι μετὰ τοσαύτας ἡμέρας τὸ τελευταῖον τοῖς μαθηταῖς ὁραθεὶς μετὰ τοῦ ἡμετέρου φυσάματος ἀνελήφθη. Εὗρον δὲ ἐν τῷδε τῷ βιβλίῳ καὶ τὸν τοῦ Παύλου κατὰ τὸν νόμον διδάσκαλον Γαμαλιὴλ καὶ πιστεύσαντα καὶ βαπτισθέντα, καὶ Νικόδημον τὸν νυκτερινὸν φίλον καὶ ἡμερινὸν γεγονότα καὶ μαρτυρίῳ τελειωθέντα, ὃν καὶ ἀνεψιὸν γενέσθαι τοῦ Γαμαλιὴλ ἡ ἱστορία διδάσκει. Βαπτίσασθαι δὲ ἑκάτερον ὑπὸ Ἰωάννου καὶ Πέτρου, οὐ μόνον δὲ ἀλλὰ καὶ τὸν Γαμαλιὴλ παῖδα, Ἄβιβος ὄνομα αὐτῷ. Τὸν γοῦν μακάριον Νικόδημον, ἐπεὶ ἐπύθοντο οἱ Ἰουδαῖοι βαπτίσασθαι, διὰ τοῦτο πληγαῖς πολλαῖς ὑπέβαλον, αἷς στερρῶς ἐναθλήσας, μετ´ ὀλίγον ἐτελειώθη. Ταύτην τὴν ἱστορίαν περιεῖχε μὲν τὸ βιβλίον, Χρυσίππῳ δὲ αὐτὴν ἀνετίθει. Πρεσβύτερος δ´ ὁ Χρύσιππος Ἱεροσολύμων, ὃς γράφων ἐγκώμιον εἰς τὸν μάρτυρα Θεόδωρον ὡς ἐν παρεκβάσει Λουκιανοῦ τινος μέμνηται, καὶ αὐτοῦ τῆς αὐτῆς ἐκκλησίας τῶν Ἱεροσολύμων χρηματίσαντος πρεσβυτέρου, ὅτε ὁ Ἰωάννης τῆς ἐκεῖσε ἀρχιερωσύνης προεστήκει. Οὗτος δ´ ὁ Λουκιανὸς ἐν μιᾷ τῶν νυκτῶν, περὶ τρίτην ὥραν, καθ´ ὕπαρ ἀλλ´ οὐκ ὄναρ, λέγεται τὰ προειρημένα μυηθῆναι· ἐπιστάντα γὰρ αὐτῷ τὸν Γαμαλιὴλ ταῦτα ἐμφανίσαι, ὡς εἴη μὲν αὐτὸς Γαμαλιήλ, καὶ ὡς ἐβαπτίσατο, καὶ ὑφ´ ὧν, εἴη δὲ καὶ Ἄβιβος ὁ παῖς, καὶ ὡς θήκῃ μὲν μιᾷ αὐτοὶ ἐναποτέθεινται, ἔστι δὲ καὶ Στέφανος ὁ πρῶτος μαρτύρων κατὰ τὴν ἀνατολικὴν τεθησαυρισμένος θήκην· οὗ παρὰ τοὺς πόδας ἐν ἑτέρᾳ θήκῃ Νικόδημος, ὅσα τε πάθοι καὶ ἐφ´ οἷς καὶ ὑπὸ τίνων· ἡ δὲ μετὰ ταῦτα θήκη αὐτοῦ τε καὶ τοῦ παιδός ἐστιν. Ταῦτα εἰπόντα τὸν Γαμαλιὴλ ἐπισκῆψαι τῷ Λουκιανῷ μὴ ἀμελεῖν ἔτι τῶν λειψάνων μηδὲ ἐᾶν ἡλίῳ καὶ ὄμβροις διαφθείρεσθαι. Σεισμόν τε γενέσθαι σύνδρομον τῇ ὀπτασίᾳ, καὶ πολλὰς πολλῶν νοσημάτων ἰάσεις ἐπιτελεσθῆναι, τοῦ πρωτομάρτυρος μάλιστα τῆς θήκης τὰ ἰάματα προχεούσης. |
J’ai lu un livre d’Eustratios,[1] prêtre de la Grande Eglise. Il est composé dans un style qu’on ne peut pas louer, mais avec une logique qui ne peut pas être mise en défaut. Le langage est clair. L'auteur se propose de démontrer trois propositions: d'abord, après avoir quitté leur corps, les âmes des saints exercent encore une influence, et pas seulement les âmes des saints, mais aussi l'âme humaine, selon ses mérites. Enfin que les âmes apparaissent souvent à de nombreuses personnes dans de nombreux modes différents qui correspondent à leur propre nature ; ce n'est pas une puissance divine qui manifeste ces énergies en prenant l'apparence des âmes des saints. Pourquoi, en fait, y a-t-il besoin d'intermédiaires, de figures et de formes quand il est possible que le Tout-Puissant accomplisse ses décrets d'une manière plus immédiate que par l'intermédiaire des âmes saintes? L'auteur tente d'établir les deux propositions par des citations prises dans l'Ancien et le Nouveau Testament et par le témoignage de Pères différents. Le troisième sujet dont il est question est que les sacrifices faits par les prêtres pour les âmes de ceux qui meurent dans la foi, les offrandes ou tout simplement les prières, les supplications ou les actes de charité des fidèles en leur faveur, obtiennent le salut et la rémission des péchés de ceux pour qui ils sont réalisés. C'est ainsi que qu'il préconise des sacrifices pour eux le troisième jour, compte tenu du mystère de la résurrection du Seigneur, le troisième jour comme une assistance et une aide à la supplication ; de même, des sacrifices le neuvième jour, parce que le Seigneur a été vu par ses disciples, pour la deuxième fois après huit heures ; de même, des sacrifices le quatorzième jour, parce que c'est après ce nombre de jours que ses disciples le virent pour la dernière fois par et fit son ascension au ciel vêtu avec notre nature. J'ai découvert, d'autre part, que, dans ce livre, le maître qui enseigna le droit à Paul, Gamaliel,[2] fut converti et baptisé. Et que Nicodème, l'ami qui vint de nuit, devint également un ami du grand jour et mourut en martyr[3] ; c’était un cousin de Gamaliel, d'après le livre. Tous deux furent baptisés par Jean et Pierre ainsi que le fils de Gamaliel, nommé Abib. Quant au bienheureux Nicodème, quand les Juifs apprirent qu'il avait été baptisé, on le roua de coups, qu'il subit vaillamment, mais il mourut peu après. C'est l'histoire de ce livre. L'auteur l’a dédié à Chrysippe,[4] qui fut prêtre à Jérusalem, et qui, tout en écrivant un éloge du martyr Théodore, mentionna dans une digression un certain Lucien également prêtre de la même Eglise de Jérusalem à l'époque où Jean y fut grand prêtre. Ce Lucien[5] au cours de la nuit, autour de la troisième heure, se réveilla et reçut la révélation de ce qu'il raconte. Gamaliel lui apparut et lui révéla ce qui suit: qu’il était Gamaliel, qu'il avait été baptisé et par qui, qu’Abibos était son fils et qu'ils avaient été enterrés dans un simple cercueil, et qu’Etienne le premier martyr avait été enterré dans le tombeau situé juste à l'Est ; à ses pieds, dans un autre cercueil, était Nicodème ; il raconta ses souffrances, pourquoi et qui les lui fit endurer. Le cercueil suivant était celui de lui-même et de son fils. Après ces révélations, Gamaliel demanda à Lucien de ne pas négliger leurs restes et ne pas laisser le soleil et la pluie les détruire. Un tremblement de terre se produisit en même temps que cette vision et de nombreuses guérisons eurent lieu; par-dessus tout, ce fut le tombeau du premier martyr qui en fut abondamment la cause. |
[1] L’ouvrage existe encore. Il fut d'abord édité par Allatius, Rome, 1655, avec une traduction latine. La traduction (uniquement) fut réimprimée par Migne, PG Edita latine tantum, t. 80, p. 823-889. Sur cet auteur voir Jülicher, Eustratios (n. 1), dans PW, vol. VI (1907), col. 1489 sqq., Et S. Vaithé, Eustrate, dans Vacant, vol. V, p. 1576-1577. Ce dernier accuse Photius de nombreuses erreurs dans son résumé, sans préciser ce qu’elles pourraient être. [2] Paul nous dit (Actes 22, 3) que cet homme fut son professeur de droit. Sa conversion est affirmée en premier dans les Reconnaissances pseudo-Clémentines. [3] Sur cette personne, voir A. Molini, dans Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, t. IV, p. 1614-1616. Jean (7, 50) suggère que lorsque Nicodème connut la vérité, il devint croyant. Plus tard, la légende fit de lui un sculpteur et lui attribue le Volto. [4] Sur ce Chrysippe (409-479), cf. A. Sigalas, Chrysippos, dans Buchberger, vol. II, p. 1193. Dans Byzantinisches Archiv, vol. VII (1921), p. 1-16, Sigalas a publié un panégyrique du martyr Théodore mentionné ici. [5] Il existe un texte de ce Lucien daté du Ve siècle: Luciani Epistula ad Ecclesiam omnem (Migne, PL 41, col. 807-818). Selon Molini (ci-dessus), il est responsable de la tradition selon laquelle Nicodème est chassé par Gamaliel, et de la conversion des trois personnes citées.
|