BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS

          

     178 DIOSCORIDE,

      Sur la matière médicale.
   

       Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

178. Dioscoride, Sur la matière (médicale).


 

 

 

Ἀνεγνώσθη Διοσκουρίδου περὶ ὕλης βιβλίον  ζʹ λόγοις διῃρημένον.

Ἐν μὲν οὖν τοῖς εʹ περί τε βοτανῶν καὶ φυτῶν διαλαμβάνει ἀρωμάτων τε καὶ σκευασίας ἐλαίων καὶ μύρων, καὶ δὴ καὶ ζῴων καὶ τῆς ἀπὸ τῶν ἐν αὐτοῖς μορίων ὠφελείας, ἀλλὰ καὶ δένδρων καὶ ὀπῶν καὶ δακρύων, ἔτι δὲ μέλιτος καὶ γάλακτος καὶ στέατος καὶ τῶν καλουμένων σιτηρῶν καὶ λαχανικῶν, ῥιζῶν τε φυτῶν καὶ θάμνων καὶ βοτανῶν, ὅσα τε αὐτῶν τὸ χύλισμα εἰς ἰατρικὴν χρείαν συντελοῦν ἔχει ἢ τὸν καρπόν. Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ περὶ οἴνων καὶ τῶν καλουμένων μεταλλικῶν ἐφ´ ἱκανὸν διαλαμβάνει. Καὶ τῶν γε πλείστων, ὧν προὔθετο λέγειν, εἶδός τε καὶ φύσιν καὶ τόπον γενέσεως ἐς τὸ ἀκριβὲς πρὸς ἐπίγνωσιν τοῦ ζητουμένου ἀναγράφει· ἐπ´ ἔλαττον δὲ τὴν χρείαν μόνην ἢ οὐκ ἀκριβῆ τὴν ἱστορίαν ὑπογράφει. Οἴνων δὲ διαφόρους παραδίδωσιν ἐν τούτοις σκευασίας.

Ἐν μέντοι τῷ Ϛʹ περὶ φαρμάκων διέξεισιν, ὅσα τέ ἐστι τῶν δηλητηρίων καὶ ὅσα τῶν ἀλεξικακῶν. Ἐν δὲ τῷ ζʹ καὶ τῆς ὅλης προθέσεως τελευταίῳ περὶ τῶν ἰοβόλων ζῴων τὴν ἱστορίαν ποιεῖται, οἷς τε οἱ περιπεπτωκότες τινὶ τούτων τὴν δυνατὴν παραμυθίαν ἢ καὶ τελείαν εὑρήσουσι θεραπείαν.

Ὁ μὲν οὖν σύμπας τοῦ βιβλίου σκοπὸς οὗτος. Χρήσιμον δὲ τὸ βιβλίον οὐ πρὸς ἰατρικὴν φιλοπονίαν μόνον, ἀλλὰ καὶ πρὸς ἐμφιλόσοφον καὶ φυσικὴν θεωρίαν. Καὶ ὅσοι δὲ μετ´ αὐτὸν περὶ ἁπλῶν  φαρμάκων ἔδοξαν γράφειν, οἱ μὲν μετέγραψαν μόνον τὸ βιβλίον, οἱ δὲ οὐδὲ κἀν τῇ μεταγραφῇ τὸ ἀκριβὲς διασῶσαι πεφροντίκασιν, ἀλλὰ καὶ κατέτεμον τὸ ὁλόκληρον τῆς περὶ ἑκάστου διδασκαλίας, χωρὶς μὲν εἶδος καὶ φύσιν καὶ γένεσιν τῶν ἁπλῶν συναγείροντες, χωρὶς δὲ καὶ μεμερισμένως τὴν χρείαν καὶ ὠφέλειαν διαγράφοντες.

Ἀλέξανδρος δὲ καὶ Παῦλος καὶ Ἀέτιος καὶ οἱ τοιοῦτοι οὐδὲ τοῦ εἴδους λόγον ἔθεντο, μόνην δὲ τὴν χρείαν ἀκρωτηριάσαντες τοῖς ἰδίοις συντάγμασιν ἐναπέθεντο, εἰ καὶ Παύλῳ οὐ μόνον οὐδὲν ὧν Διοσκουρίδης εἶπε τῆς χρείας παρεῖται, ἀλλὰ καὶ ὧν ἐκεῖνος οὐκ ἐμνήσθη οὐκ ὀλίγων ἡ χρεία καὶ τὸ ὠφέλιμον συνηθροίσθη. Ἀέτιος δὲ μετὰ τοῦ μηδὲν προσθεῖναι, καὶ πολλὰ ὧν Διοσκουρίδης ἔγραψεν οὐκ οἶδα ἀνθ´ ὅτου παρῆλθεν. Ἀλλ´ οὐδ´ ὁ τούτων δοκῶν εἶναι πλατικώτερος Ὀριβάσιος ἅπαντα ὅσων μνήμην ἔσχε Διοσκουρίδης, ἐν ταῖς ἰδίαις συναγωγαῖς ἀνεγράψατο, ἀλλὰ καὶ τὴν χρείαν τοῦ εἴδους καὶ τῆς φύσεως ἔτεμε.

Καὶ Γαληνὸς μετὰ τοῦ πλεῖστα τῶν βοτανῶν παραλιπεῖν, μόνην τὴν δύναμιν ἤτοι τὴν χρῆσιν [καὶ] ὧν ἐμνημόνευσεν ἔγραψε, ψυχρὰν αἰτίαν τοῦ παραλιπεῖν εἶδός τε καὶ φύσιν αὐτῶν ἀποδεδωκώς. Καίτοι περὶ τῶν μεταλλικῶν διαλαμβάνων καὶ περιεργότερον ἢ κατὰ Διοσκουρίδην διέλαβεν, οὐκ ἐλαχίστῳ μέρει οὐδὲ τοῦ χρησίμου ἐν τούτοις τὸν ἄνδρα παρευδοκιμούμενος, οὐκ ἐπὶ τοσοῦτον δὲ ἐφ´ ὅσον περὶ τῶν βοτανῶν λόγῳ ὁρᾶται τούτου ἀπολειπόμενος. Ὥστε, ὅσα γε ἐμὲ εἰδέναι, εἰς ἐπίγνωσιν εἴδους τε καὶ φύσεως καὶ γενέσεως τούτων οὐκ ἄν τις χρειωδεστέρου ἢ Διοσκουρίδου τύχοι.

Ἔστι δὲ ὁ ἀνήρ, ὡς καὶ Γαληνὸς ἐπιμαρτύρεται, Ἀναζαρβεύς· ἐγὼ δὲ ἐνέτυχόν τισιν οἳ Πεδάνιον ἅμα καὶ Ἀναζαρβέα ταῖς ἐπιγραφαῖς ἐπεκάλουν. Πολλῶν δὲ καὶ πρὸ αὐτοῦ τὴν αὐτὴν ὑπόθεσιν συγγεγραφότων ἀκριβέστερος ἁπάντων καὶ χρειωδέστερος πείρᾳ γινώσκεται.

J’ai lu Sur la matière de Dioscoride (1), un ouvrage divisé en sept livres.

Dans cinq d'entre eux il parle d’herbes, de plantes, d’aromates, et de la préparation des huiles et des onguents. Il traite également des animaux et de l'usage qui peut être fait de certains de leurs organes; des sucs qui proviennent, ou sont perdus par les arbres, du miel et aussi du lait, de l'herbe, des plantes appelées céréales ou légumes, des racines des plantes et des arbustes, et de l'usage du jus des herbes pour la médecine ou la nourriture. En outre, il subdivise convenablement les vins et les métaux et, pour la plupart des articles qu'il a l'intention de discuter, il décrit leur aspect, la nature de ces articles, et les lieux où ils se trouvent d’une façon si précise que l'on peut reconnaître l'objet recherché ; il parle moins de l'usage que l'on peut en faire ou il ne fait qu'ébaucher le résultat de ses recherches. Il donne également dans cette partie diverses méthodes pour traiter les vins.

Dans le sixième livre, il traite des remèdes: ceux qui sont nuisibles et ceux qui guérissent.. Dans le septième, qui est aussi le dernier de toutes ses recherches, il entreprend une enquête sur les animaux venimeux et sur les moyens grâce auxquels ceux qui ont rencontré ces animaux trouveront un soulagement et même une guérison complète.

Tel est l'objectif général de l’ouvrage. Ce livre est utile non seulement pour la pratique de la médecine, mais aussi pour les spéculations sur la philosophie et les sciences naturelles. De tous ceux qui depuis Dioscoride ont écrit sur les simples, certains ont simplement recopié son ouvrage, d'autres n'ont même pas pris la peine de le transcrire correctement ; mais ils en ont modifié la présentation : au lieu d'une information com-plète par sujet, ils en ont fait deux parties, l’une regroupant les faits sur l’apparence/aspect, la nature et la reproduction des simples, et l’autre, la description détaillée de leur emploi et de leur utilité.

Alexandre, Paul (2), Aetius (3) et les autres écrivains du même genre n'ont tenu encore aucun compte de l'aspect de plantes, mais ils ont simplement extrait les informations relatives à leur usage pour l'inclure dans leurs propres traités ; et de plus, Paul a laissé ce que Dioscoride dit à propos de l'usage des plantes, mais a recueilli un certain nombre de faits sur l'usage et l'utilité des points que le dernier ne mentionne pas. Aetius non seulement n'ajoute rien, mais a laissé de côté, je ne sais pourquoi, beaucoup de ce que Dioscoride a écrit. Et même Oribase, qui semble être le plus méticuleux d'entre eux, n'a pas transcrit dans ses propres groupes tout ce que Dioscoride a écrit, mais a séparé l'usage de la forme et de la nature.

Galien, à l'exception d’avoir laissé de côté un très grand nombre de faits sur les plantes, a seulement trans-crit les informations sur les pouvoirs et les usages des articles dont il parle: il a seulement donné une faible justification de ses omissions de la forme et la nature. Bien que, discutant des herbes, il parle d'elles de façon plus détaillée que Dioscoride, dépassant la réputation de cet écrivain en utilité pour cette partie, qui n'est pas la moins importante, il le surpasse moins tout de même parce qu'il ne lui est pas inférieur dans son traité sur les plantes. A ma connaissance, pour des choses qui concernent la connaissance de l'aspect, de la nature et de l'origine de ces plantes, on ne peut trouver aucun auteur plus utile que Dioscoride.

Selon le témoignage de Galien, l'auteur était d’Anazarbe (4). Moi-même j'ai trouvé dans la suscription [des manuscrits] qu'on le dit en même temps d’Anazarbe et de Peda. Parmi les nombreux auteurs qui ont traité du même sujet avant lui, il s’est révélé comme celui dont l'usage demeure le plus exact et le plus utile de tous.


N.B. Les deux notes du codex 180 sont tirées respectivement des Belles-Lettres (note 1) et du site http://bcs.fltr.ucl.ac.be/Lydus/LydNot.html pour la 2e note.
 

[1]   Dioscoride (en grec ancien Διοσκορίδης Dioskoridês), né vers 40 après J.-C. à Anazarbe en Cilicie (dans l'actuelle Turquie) et mort vers 90 après J.-C., est un médecin, pharmacologue et botaniste grec dont l'œuvre a été la source principale de connais-sance en matière de plantes médicinales durant l'Antiquité. Elle fut utilisée jusqu'au XVIe siècle. On sait peu de chose sur la vie de Dioscoride. On pense qu'il fut médecin militaire sous les règnes de Claude et de Néron. De materia medica est, sans doute, l'ouvrage de botanique qui eut la plus grande influence dans l'histoire de cette discipline. Il décrit l'utilisation médicale de 1.600 produits, les trois cinquièmes sont des végétaux, le reste des animaux et des minéraux. Cinq livres (Photius en cite sept) nous sont parvenus sur la Matière médicale, auxquels on a souvent adjoint, dans les éditions anciennes, le traité des remèdes simples, dont l'authenticité est encore contestée. « Levant mes yeux plus haut, j'aperçus le premier des sages …… ensuite Dioscoride, interrogeant les vertus des plantes… » (Dante, L’enfer, IV).

[2] Paul d'Egine (625-690) est né sur l'île d'Egine et a exercé la médecine à Alexandrie. Il est l'auteur de 1'Epitomé de la méde-cine en sept tomes qui a été édité pour la première fois en grecque par la presse Aldine à Venise en 1528. Le plus remarquable de ces épitomés est le sixième livre, sur la chirurgie. Paul n'a été non seulement un scribe mais aussi un chirurgien très doué.

[3] Aétius (502-575) exerce la médecine à Byzance après avoir poursuivi ses études à Alexandrie. Il rédige une compilation connue sous le nom de Tétrabiblos. Voir le codex 221.

[4]  En Cilicie.