BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS
71. Dion Cassius, Histoire.
Ἀνεγνώσθη βιβλίον Κασσιανοῦ Κοκκιανοῦ ἢ Κοκκίου Δίωνος, ἐν λόγοις πʹ. Ἄρχεται μὲν ἀπὸ τῆς Αἰνείου ἐπὶ τὴν Ἰταλίαν ἐκ Τροίας καθόδου καὶ τῆς κτίσεως Ἄλβα πόλεως καὶ Ῥώμης, διέρχεται δὲ καθεξῆς, ἀποπαυόμενος εἰς τὴν τοῦ Ἀντωνίνου, ὃν Ἐλαγάβαλον ἀπεκάλουν, σφαγήν· τοῦτον δὲ καὶ Τιβερῖνον καὶ Σαρδανάπαλον καὶ Ψευδαντωνῖνον καὶ Ἀσσύριον ἀπὸ τῶν αὐτῷ πραττομένων ἐπωνόμαζον. Οὐ μόνον δὲ ἀλλὰ καὶ εἰς τὴν ἀρχὴν κάτεισιν Ἀλεξάνδρου, ὃς Ἀντωνίνου σφαγέντος (σὺν αὐτῷ γὰρ τὸ κράτος εἶχεν, ἀναληφθεὶς ὑπ´ αὐτοῦ) μόνος τὸν ἐπ´ αὐτῷ μελετηθέντα κίνδυνον φυγὼν τὴν βασιλείαν ἐκδέχεται. Τοῦτόν φησι τὸν Ἀλέξανδρον καὶ συνυπατεῦσαι αὑτῷ ὁ συγγραφεὺς τὸ δεύτερον, καὶ τὸ ὑπὲρ τῆς ἀρχῆς κατὰ τὸ προσῆκον ἀνάλωμα φιλοτιμίᾳ τῇ ἐς τὸν συνύπατον αὐτὸν τὸν αὐτοκράτορα ἀναλῶσαι. Οὗτος δ´ ὁ συγγραφεὺς Περγάμου μὲν καὶ Σμύρνης (Μακρῖνος αὐτῷ τὴν ἀρχὴν ὁ αὐτοκράτωρ ἐγχειρίζει) ἐπεστάτησεν, ἔπειτα τῆς Ἀφρικῆς ἡγεμόνευσεν, εἶτα Παννονίας ἦρξε, καὶ ὑπατεύσας τὸ δεύτερον, ὡς ἐρρήθη, οἴκαδε ἀπῆρε παρειμένος ἐπὶ τῇ τῶν ποδῶν ἀρρωστίᾳ, ἐκεῖ τὸ λοιπὸν, ὡς καὶ τὸ δαιμόνιον αὐτῷ φησι, προεῖπεν ἐν Βιθυνίᾳ διατρίβοντι, βιωσόμενος «ἔκ τ´ ἀνδροκτασίης, ἔκ θ´ αἵματος ἔκ τε κυδοιμοῦ». Ἔσχε δὲ πατρίδα τὴν ἐν Βιθυνίᾳ Νίκαιαν, ἣν κατὰ μέρη ἡ καλουμένη λίμνη Ἀσκανία περιλιμνάζει. Ἔστι δὲ τὴν φράσιν μεγαλοπρεπῶς τε καὶ εἰς ὄγκον διεσκευασμένος, ὅτι καὶ μεγάλων ἔργων ἐννοίας ἀπαγγέλλει. Ἀρχαϊκῶν τε αὐτῷ συντάξεων ὁ λόγος μεστὸς καὶ λέξεων πρεπουσῶν μεγέθει, περίοδοί τε μετὰ παρενθέσεων παρατεταμέναι καὶ ὑπερβατῶν εὔκαιρος χρῆσις. Ῥυθμός τε καὶ ἀναπαύσεις εἰς ἐπιμέλειαν ἠσκημένα διὰ τὸ σαφὲς οὐκ ἔστι τοῖς ἁπλῶς ἀναγινώσκουσιν ἐμφανῆ. Ἐν δέ γε ταῖς δημηγορίαις, ἄριστος καὶ μιμητὴς Θουκυδίδου, πλὴν εἴ τι πρὸς τὸ σαφέστερον ἀφορᾷ. Σχεδὸν δὲ κἂν τοῖς ἄλλοις Θουκυδίδης ἐστὶν αὐτῷ ὁ κανών. |
J’ai lu l'Histoire de Dion Cassianus Coccianus (ou Coccius) (1), en quatre vingt livres. Il commence à l'arrivée d'Enée en Italie, depuis Troie, à la fondation d’Albe et de Rome, et va sans interruption jusqu’au meurtre d'Antonin surnommé Héliogabale, également appelé Tiberinus, Sardanapalus, Pseudantoninus, et Assyrius en raison de ses vices. Il dit aussi quelque chose sur le règne d'Alexandre qui, après la mort d'Antonin, qui l’avait adopté pour successeur, échappa au danger qui le menaçait et réussit à lui succéder au trône. L'auteur nous dit que cet Alexandre était consul pour la deuxième fois avec lui-même, et que l'empereur, désireux de rendre hommage à son collègue, lui remboursa les dépenses nécessaires relatives à sa charge. L'auteur fut nommé gouverneur de Pergame et de Smyrne par Macrin, puis commandant des forces en Afrique. Peu de temps après, il fut gouverneur de la Pannonie. Élu consul pour la deuxième fois, il fut autorisé à rentrer chez lui en raison de sa goutte, afin de passer le restant de ses jours en Bithynie, comme son "génie" le lui avait prédit, "au-delà des massacres, des bains de sang, et du tumulte (2)." Il naquit en Bithynie à Nicée, ville en partie entourée par le lac appelé Ascania.
Son style est grandiose et
grandiloquent, reflétant la conscience d’événements importants.
Sa langue est pleine de constructions vétustes, et de mots en
accord avec l'importance des événements décrits. Ses périodes
sont pleines de longues digressions et d’inversions mal placées.
Compte tenu de sa clarté générale, le rythme et les
interruptions brusques, soigneusement utilisés, échappent à
l'attention du lecteur occasionnel. Ses discours, dont Thucydide
fut le modèle, sont bien plus clairs et excellents. Presque
partout ailleurs Thucydide lui sert de modèle. |
[1] Dion Cassius (Cassius Dio Cocceianus, ~ 155-230), né à Nicée, en Bithynie, sénateur et titulaire de diverses charges sous Commode et empereurs successifs, fut deux fois consul. En 229 il prit sa retraite dans la vie privée. Son histoire de Rome en quatre vingt livres, commençant à la période mythique, va jusqu’au règne d'Alexandre Sévère (229). De ces quatre vingt livres, seuls les livres 37-60 nous sont parvenus presque complets, les livres 36-80 existent dans une version abrégée du onzième siècle rédigée par le moine Jean Xiphilin. Au dixième siècle, des extraits en furent faits par ordre de Constantin VII Porphyrogénète, et Zonaras (XIIe siècle) fit un abrégé des livres 1-20. Son point de vue est celui d'un serviteur impérial fidèle, qui ne comprend pas, et a peu de sympathie pour les luttes politiques. Sa superstition est affichée.
[2]
Iliade, XI. 164. |