BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS

          

     201 DIADOQUE DE PHOTICÉ,

      Ouvrages divers.
   

       Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

201. Diadoque de Photicé, Ouvrages divers.


 

 

 

Ἀνεγνώσθη βιβλίον τοῖς ἑπομένοις μὲν κεφαλαίοις ρʹ ἀπαρτιζόμενον, τοῖς ὡς ἐν προοιμίῳ δὲ τὸν δέκα οὐχ ὑπερβαίνουσιν, ὧν πρῶτόν ἐστιν ὡς πρῶτος ὅρος τῆς πίστεως ἔννοια περὶ Θεοῦ ἀπαθής, βʹ ὡς δεύτερος ὅρος τῆς ἐλπίδος ἐκδημία τοῦ νοῦ πρὸς τὰ ἐλπιζόμενα, γʹ, ὅρος τῆς ὑπομονῆς, τὸν ἀόρατον ὡς ὁρατὸν ὁρῶντα τοῖς τῆς διανοίας ὀφθαλμοῖς ἀδιαλείπτως καρτερεῖν, δʹ ὅρος τῆς ἀφιλαργυρίας, οὕτως ἔχειν τὸ μὴ ἔχειν ὡς θέλει τις τὸ ἔχειν, εʹ ὅρος τῆς ἐπιγνώσεως, ἀγνοεῖν ἑαυτὸν ἐν τῷ ἐκστῆναι θεῷ, Ϛʹ ὅρος τῆς ταπεινοφροσύνης, λήθη τῶν κατορθουμένων προσεχής, ζʹ ὅρος τῆς ἀοργησίας, ἐπιθυμία πολλὴ τοῦ μὴ ὀργίζεσθαι, ηʹ ὅρος τῆς ἁγνείας, αἴσθησις ἀεὶ κεκολλημένη τῷ Θεῷ, θʹ ὅρος τῆς ἀγάπης, αὔξησις φιλίας πρὸς τοὺς ὑβρίζοντας, ιʹ ὅρος τῆς τελείας ἀλλοιώσεως ἐν τρυφῇ Θεοῦ χαρὰν ἡγεῖσθαι τὸ στυγνὸν τοῦ θανάτου.

Τούτοις οὖν τοῖς δέκα τὰ ἑκατὸν ὑποτέτακται. Καὶ ἔστιν οὗτος ὁ λόγος εἰς τὸ ἄριστον τοῖς ἀσκουμένοις συγκείμενος, καὶ τοῖς ἐν αὐταῖς ἐγγεγυμνασμένοις ταῖς τελειοποιοῖς πράξεσιν οὐδ´ ἀσαφές τι ἐμπαρεχόμενος· ἡ γὰρ διὰ πείρας γνῶσις εὐχερῶς τῆς διὰ λόγων ἐπιβατεύει διδασκαλίας. Πατέρα δὲ τοῦ λόγου Διάδοχον ἡ ἐπιγραφὴ λέγει, Φωτικῆς τῆς ἐν τῇ παλαιᾷ Ἠπείρῳ ἐπίσκοπον.

Ἐν ταὐτῷ δὲ τεύχει καὶ Νείλου μοναχοῦ λόγον ἀνέγνων, τρισὶ καὶ νʹ καὶ ρʹ κεφαλαίοις διαιρούμενον. Τὸν τῆς προσευχῆς δὲ ἐν τούτοις ὁ θεῖος ἀνὴρ ἀναπτύσσει τύπον. Πολλὰ δὲ καὶ ἄλλα αὐτοῦ ἀξιόλογα ποικίλας ὑποθέσεις ὑποβαλλόμενα, εἴς τε τὸν ἐπιστολιμαῖον τρόπον καὶ εἰς τὸν συγγραφικὸν ἀνηγμένα συντάγματα φέρεται, τήν τε κατὰ τὰ ἔργα τελειότητα καὶ τὴν ἐν λόγοις μαρτυρόμενα δύναμιν. Πλὴν εἰ καὶ μὴ πολύχους ὁμοίως ὁ Διάδοχος, ἀλλὰ τά γε ἀναγεγραμμένα αὐτῷ ἑκατὸν κεφάλαια οὐκ εἰς ἐλάττονα βαθμὸν ἐν οὐδετέρῳ μέρει τῶν εἰρημένων τίθησιν· ὅ τε γὰρ λόγος αὐτῷ εἰς τὸ ἀμώμητον σύγκειται, καὶ ὁ νοῦς τὴν ἀπὸ τῶν πράξεων σοφίαν προβάλλεται. Τοῦ μέντοι Μάρκου δι´ ἑκατέρας προέχων ἰδέας, καὶ ἐνιαχοῦ ταῖς γνώμαις ἀντιφέρεται. Δοίη δ´ ἂν καὶ αὐτὸς λαβὴν τοῖς ἀδεκάστως ἀκριβολογουμένοις κατὰ τὸ τέλος τοῦ ἑκατοστοῦ κεφαλαίου, εἴτε παρενθήκῃ τινὸς νοθευόμενος, εἴτε ἄλλως τινὶ συναρπασθεὶς παροράματι. Τὸ γὰρ κατὰ δόξαν ἁλῶναι εὐξαίμην ἂν μὴ ἐπαληθεύειν.

Κρατεῖ δ´ οὖν ἐν τοῖς πρὸ ὀλίγου εἰρημένοις πολλῷ καὶ Ἰωάννου τοῦ Καρπαθίου ὃς ἐπιγραφὴν αὐτοῦ τῷ πονήματι δίδωσι «Πρὸς τοὺς ἀπὸ τῆς Ἰνδίας προτρέψαντας μοναχοὺς παρακλητικός». Ρʹ δὲ καὶ οὗτος κεφαλαίοις περαιοῖ αὐτό.

J’ai lu un ouvrage où après dix chapitres en manière d'introduction, en suivent cent. Le premier de ceux-ci est la définition de la foi : une conception immuable de Dieu. Le suivant est la définition de l’espérance : un départ de l’esprit vers ce qu’il espère. Le troisième est une définition de la résignation : invisible en regardant par les yeux de l’esprit comme s’il était visible, on supporte sans désemparer. Le quatrième, définition du désintéressement : être attentif à ne rien avoir plus qu'un autre possède. La cinquième est la définition de la connaissance : s’ignorer en se perdant en Dieu. La sixième définition est celle de l’humilité : un oubli continu de ce qu'on a bien fait. Le septièmement définition est celle de l’absence de douleur : un désir intense de ne pas se mettre en colère. La huittième définition est celle de la chasteté : une sensibilité toujours attachée à Dieu. La neuvième définition est celle de la charité : un accroissement d'amour pour ceux qui vous portent atteinte. La dixièmement définition est celle du changement parfait : dans le repos de Dieu, considérer pour une joie l’horreur de la mort.

Ces dix chapitres de définitions sont donc suivis de cent autres. Cet ouvrage est vraiment facile pour ceux qui s’adonnent à la perfection et, pour ceux qui sont déjà exercés aux actions qui mènent à la perfection, il n’offre rien d'obscur, car la connaissance reçue par l’expérience permet facilement d'être enseignée par des mots. Le titre indique Diadoque,[1] évêque de Photicé, dans l’ancienne Epire comme auteur de ce livre..

Dans le même volume, j’ai lu un écrit du moine Nil,[2] divisé en cent cinquante trois chapitres ; ce saint homme explique la façon de prier. On cite encore de lui beaucoup d’autres écrits dignes d'être lus qui traitent de sujets variés ; ils ont la forme épistolaire ou celle d'une histoire : ils attestent non seulement de la perfection dans l’action mais aussi du talent dans les lettres. Toutefois, si Diadoque n’est pas aussi abondant, les cent chapitres qu’il a écrits ne le placent nulle part dans une place inférieure à celle des écrivains dont je viens de parler. Son style est composé de façon à ne pouvoir être attaqué et son esprit offre une sagesse qui provient de ses actions. Cependant il dépasse le livre de Marc,[3] dans les deux aspects de son œuvre dont je viens de parler et parfois il le surpasse dans ses pensées. Et Pour ceux se prononcent correctement, il pourrait, lui aussi, prêter le flanc à la critique vers la fin du centième chapitre, soit pour l’avoir gâté par quelque addition, soit pour s’être laissé détourner par quelque hallucination, car je voudrais qu’il ne soit pas vrai qu’on puisse le condamner pour ses opinions.

Parmi ceux dont je viens de parler un peu plus haut, il l’emporte donc de loin aussi sur Jean de Carpathos,[4] qui donne pour titre à son oeuvre, Consolation aux moines revenus des Indes. Son livre comprend aussi cent chapitres.


 
 

[1] Diadoque, évêque de Photicé en Épire, (~400 - ~474) un des Pères du concile de Chalcédoine (451). Le volume de ses Œuvres spirituelles comprend les Cent chapitres sur la perfection spirituelle, le Sermon pour l'Ascension, la Vision et la Catéchèse. Les Cent chapitres ainsi que le sermon pour l'Ascension ont été publiés, en outre dans la collection «Les Pères dans la Foi», 1990.

Diadoque de Photicé fit peut-être partie d'un groupe de notables épirotes enlevés par un raid vandale entre 467 et 474, ce qui lui aurait valu un séjour en Afrique, du côté de Carthage, dans sa vieillesse. On ignore la date exacte et le lieu de sa mort.

[2] Saint Nil d’Ancyre (Nilus Ancyranus), probablement mort vers 430 à Ancyre en Galatie, avant le concile d'Éphèse dont on ne trouve aucun écho dans son œuvre. On ne sait rien de lui. Tout ce qu'on sait de cet auteur doit être tiré de l'analyse de ses œuvres.). Ecrivain ascétique, peut-être proche de Jean Chrysostome et qui fait peu de cas des querelles christologiques. On n'est pas sûr que le recueil de lettres publié dans le volume 79 de la PG soit authentique ; plusieurs lettres sont des extraits ou des citations d'autres auteurs (Grégoire de Nysse, Jean Chrysostome ...) Restent ses ouvrages qui jouissent encore d'une grande faveur dans le monachisme oriental, entre autres : Logos askètikos, vigoureux plaidoyer pour un retour à la pauvreté monastique ; et De Monachorum praestantia, apologie de la vie loin des cités, dans le recueillement. (Extrait du site de Sources Chrétiennes)

[3] Marcus Diadochus, cf. PG 65.

[4] Ou Carpathios. Cf. PG 85.