BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS

          

     160 CHORICIUS,

      Déclamations.
   

       Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

160. Choricius, Déclamations.


 

 

 

Ἀνεγνώσθη Χορικίου σοφιστοῦ Γάζης μελέται καὶ συντάξεις λόγων διάφοροι. Οὗτος χαίρει μὲν εὐκρινείᾳ καὶ καθαρότητι, εἰς τὸ χρήσιμον δὲ καὶ τῇ περιβολῇ κεχρημένος τῷ τε εὐκαίρῳ καὶ τῷ μὴ εἰς μῆκος περιόδου ταύτην παρατείνειν οὐδὲν τῇ σαφηνείᾳ λυμαίνεται, ἤθει τε καὶ ἀληθείᾳ συγκέκραται, οὐδὲ τῆς γνωμολογικῆς σπουδῆς ἀποσχῶν. Ἡ δέ γε λέξις αὐτῷ τῶν λογάδων οὖσα ἐν πολλοῖς οὐκ ἀεὶ τὸ γνήσιον διώκει· ἔσθ´ ὅτε γὰρ διὰ τὴν ἄκρατον τῆς τροπῆς ἐκτροπὴν εἰς ψυχρολογίαν ἐκπίπτει καὶ πρὸς τὸ ποιητικώτερον δὲ ἔστιν οὗ παρασύρεται.

Χρήσιμος δέ ἐστιν αὐτὸς ἑαυτοῦ μᾶλλον ἐκφράσεις καὶ ἐγκώμια διεξερχόμενος. Ἔστι δὲ καὶ τῆς εὐσεβείας ἐραστής, τὰ Χριστιανῶν ὄργια καὶ τεμένη τιμῶν· πλὴν οὐκ οἶδ´ ὅπως ὀλιγώρως καὶ λόγῳ σὺν οὐδενὶ μύθους καὶ ἱστορίας ἑλληνικάς, οὐ δέον, ἐγκαταμίγνυσι τοῖς ἑαυτοῦ συγγράμμασιν, ἔστιν ὅτε καὶ ἱερολογῶν.

Ποικίλα δὲ αὐτοῦ καὶ πολλὰ συγγράμματα φέρεται· πλασματικοῖς τε γὰρ καὶ πανηγυρικοῖς καὶ μονῳδίαις καὶ ἐπιθαλαμίοις καὶ ἀντιρρητικοῖς ἔστιν αὐτοῦ λόγοις ἐντυχεῖν καὶ τοιούτοις ἑτέροις.

Ἤκμασε δὲ ἐν τοῖς Ἰουστινιανοῦ χρόνοις. Γέγονε δὲ μαθητὴς Προκοπίου ῥήτορος, ἑνὸς τῶν ἀρίστων, οὐ τοῦ Καισαρέως δέ, ὃς ἐς μέγα κτῆμα καὶ ὄφελος κατ´ ἐκεῖνο καιροῦ τὰς ἱστορικὰς γραφὰς συντάξας ἀείμνηστον αὑτοῦ κλέος τοῖς σπουδαιοτέροις καταλέλοιπεν· ἑτέρῳ δέ τινι προσωμίλησεν ἐν τῇ αὐτῇ πατρίδι καὶ αὐτῷ λαχόντι σοφιστεύειν, ὃς καὶ εἰς γῆρας ἐλάσας, ἡδέως εἶχεν ὁρᾶν ἀνθ´ ἑαυτοῦ τὸν ὁμιλητὴν τῆς σχολῆς ἐξηγούμενον.

Τούτου λόγοι πολλοί τε καὶ παντοδαποὶ φέρονται, ἄξιον ζήλου καὶ μιμήσεως χρῆμα, καὶ δὴ καὶ βιβλίον ὅλον, στίχων Ὁμηρικῶν μεταφράσεις εἰς ποικίλας λόγων ἰδέας ἐκμεμορφωμέναι, αἳ μάλιστα τὴν τοῦ ἀνδρὸς περὶ ῥητορικὴν δύναμιν καὶ μελέτην ἱκαναὶ πεφύκασιν ἀπαγγέλλειν· οὗ τινος, ὥς ἐστι δυνατὸν μαθητῇ, Χορίκιος μιμητὴς κατὰ τοὺς λόγους γέγονεν.

Ἄμφω δὲ ἤστην εὐσεβέε, καὶ πολλαχοῦ τοῖς λόγοις αὐτῶν οὐδὲ παρέργως, περὶ τῆς ἱερᾶς εἰκονουργίας διαλαμβάνουσι. Γέγονε δὲ Χορικίῳ καὶ ἡ τοῦ διδασκάλου τελευτὴ ἐπιταφίου ὑπόθεσις.

J’ai lu les Discours et les Déclamations de différentes sortes du sophiste Choricius de Gaza (1). C’est un amoureux de la netteté et de la pureté du style, et s’il écrit en abondance à toute fin utile, la clarté de sa pensée ne s’en ressent jamais, car l'expansion n'est pas hors de propos et n'atteint jamais la durée d'une période entière. Dans ses écrits, le caractère et la sincérité sont combinés, alors qu’en même temps, il ne néglige pas d’être moralisateur. En règle générale il se sert de mots soigneusement choisis, mais pas toujours dans leur sens exact, car parfois, utilisant sans restriction le langage figuré, il tombe dans la platitude, et il dérive parfois vers le style poé-tique.

Mais c’est dans les descriptions et les éloges qu’il donne le meilleur. C’est un défenseur de la vraie religion qui respecte les rites et les lieux saints des chrétiens, même si, pour une raison ou pour une autre, avec mépris et sans aucune excuse, il introduit sans motif dans ses écrits des mythes grecs et des récits de gentils, parfois même en discutant des choses saintes.

Nombre de ses écrits de toutes sortes circulent : des discours fictifs, des éloges, des controverses, des monodies, des chants de mariage, et bien d'autres. Il vécut à l'époque de l'empereur Justinien, et fut l'élève du rhéteur Procope (2), non pas celui de Césarée, mais un homme plus remarquable, qui à ce moment-là, composant des œuvres utiles par leur valeur his-torique, laissa une impérissable renommée parmi tous les amoureux de la culture. Dans son propre pays, il fut en relation avec cet autre Procope [de Gaza], son professeur de rhétorique, qui, devenu vieux, le vit avec bonheur diriger son école.

Ses nombreux discours en tous genres sont répandus, tous méritent une étude attentive et que l’on s’en inspire. Vraiment, l'ensemble du livre intitulé « Métaphrase d’Homère », dans lequel la forme est complètement reproduite en styles variés, suffit à montrer ses vigoureux talents de rhéteur, et autant que faire se peut, Choricius le prit pour modèle.

Tous deux étaient chrétiens, et dans leurs discours ils parlaient souvent, en profondeur, de la création des images sacrées. La mort de son maître donna à Choricius l’occasion d’une oraison funèbre.
 


 

[1]  Choricius est un rhéteur du sixième siècle, natif de Gaza, en Palestine, où il eut pour maître Procope, également de Gaza, autre rhéteur, distinct de l'historien célèbre qui portait le même nom et vécut à la même époque. Il composa un grand nombre d’ouvrages, tous dans le genre sophistique. Photius lui accorde de belles qualités. Il le loue de son style pur, clair, sentencieux, développé; seulement il lui reproche çà et là l'abus des tours poétiques. Une chose d'ailleurs l'étonne : c'est qu'étant chrétien, il parle très peu de sa religion, et montre au contraire beaucoup de complaisance pour les souvenirs du paganisme. Ces jugements s'appliquent bien à ce qui nous est parvenu de Choricius, sauf un seul point, la clarté, qui ne nous frappe pas aussi vivement qu'elle semble avoir frappé le savant patriarche, soit faute de familiarité avec ce grec déjà un peu corrompu des écoles asiatiques au VIe siècle, soit par l'effet de l'altération des manuscrits.

Il a laissé une vingtaine de Harangues ou déclamations, et autant de Dissertations, Dialéxeis, panégyriques, oraisons funèbres, discours de mariages, déclamations scolaires qui existent encore de nos jours.

[2] Procope naquit à Gaza (465-528) et semble avoir été un des meilleurs rhéteurs de son temps. Devenu vieux, il céda la place à Choricius et le vit avec bonheur diriger son école

Procope laissa de nombreux discours traitant de choses de nature fort différente. Ils étaient répandus, recherchés et dignes, paraît-il, de servir de modèles. Parmi ses autres compositions, on faisait cas d'une Métaphrase d'Homère. C'était une sorte de glose dans laquelle chaque idée du poète était reproduite sous les formes les plus variées ; cet ouvrage eût suffi seul pour prouver à quel point il posséda l'art des rhéteurs et combien il avait dû travailler pour l'acquérir. On cite encore des recherches sur les huit premiers livres de l'Ancien Testament et sur ceux des Rois et des Paralipomènes (voir le codex 206). Dans ce travail, il rapportait avec prolixité les différentes opinions auxquelles chaque point du texte avait pu donner lieu ; Photius lui reproche cette inutile abondance, ainsi que l'éclat de son style trop orné pour un simple commentaire. Il avait en outre écrit sur le prophète Isaïe (un ouvrage présentant les mêmes qualités et les mêmes défauts). Jean Courtier l'édita avec une interprétation latine et le texte du prophète, en 1580. Enfin, indépendamment d'exercices de déclamation et de lettres, il faut encore ajouter à la liste de ses œuvres une explication des proverbes de Salomon, en manuscrit à la Bibliothèque nationale