BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS

          

     197 CASSIEN,

      Trois ouvrages.
   

       Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

197. Cassien, Trois ouvrages.


 

 

 

Ἀνεγνώσθη βιβλιδάριον ἐν ᾧ Κασσιανοῦ μοναχοῦ, Ῥώμην λαχόντος πατρίδα, περιῆσαν λόγοι βʹ.

Ὧν ὁ μὲν Κάστορι ἐπισκόπῳ ἀνεγέγραπτο, αὐτῷ πεποιημένῳ τὴν τῶν γεγραμμένων αἴτησιν. Τύπους δ´ οὗτος καὶ κανόνας ἀπαγγέλλει καθ´ οὓς ἐβίου τὸ ἐν Αἰγύπτῳ κατὰ συστήματα μοναδικόν· κοινόβια δὲ αὐτὰ  ὁ ἐκ τῆς ἐτυμότητος ὀνομάζει λόγος·

καὶ ὁ δεύτερος δὲ τῷ αὐτῷ προσπεφωνημένος ἐστί, περὶ τῶν ὀκτὼ δὲ λογισμῶν τὴν ἐπιγραφὴν φέρει, οἷς γαστριμαργίαν, πορνείαν, φιλαργυρίαν, ὀργήν, λύπην καὶ ἀκηδίαν, κενοδοξίαν τε καὶ ὑπερηφανίαν ἐξάπτει.

Χρήσιμα δέ, ὑπέρ τι ἄλλο, τὰ λόγια ταῦτα τοῖς αἱρουμένοις τὸν ἀσκητικὸν ἀναδέχεσθαι ἀγῶνα. Καὶ ἐπὶ τοσοῦτον τὸ δυνατὸν αὐτοῖς καὶ θεῖον περιέστιν, ὥστε καὶ μέχρι νῦν, εἴ τι κατὰ τοὺς τύπους τουτουσὶ καὶ τὰ διατάγματα μοναστικὸν σύστημα πολιτεύοιτο, ἀνθεῖ τε ὡς ἀληθῶς καὶ τῶν ἄλλων προλάμπει καὶ τῶν ἀρετῶν ὁρᾶται ἐργαστήριον, ὃς δὲ τούτους διεγράψατο, ἐπὶ μικροῖς τισι λειψάνοις τῶν ἀρετῶν σαλεύει ἢ καὶ ναυαγίῳ περιδύεται. Διὸ χρεών ἐστι μηδὲν τῶν ἐν αὐτοῖς παραδεδομένων παρορᾶν· δεσποτικῆς γὰρ ταῦτα νομοθεσίας καὶ τῆς εὐαγγελικῆς πολιτείας ἐστὶν ἀνάπτυξίς τε καὶ ἐξάπλωσις.

Ἔστι δὲ αὐτῷ οἰκεῖα τοῖς διανοήμασι καὶ τὰ ῥήματα, τό τε σαφὲς ἀποστίλβοντα, καὶ τὸ ῥᾳδίως ταῖς ψυχαῖς καὶ ἀνεπαχθῶς ἐγχαράσσεσθαι τὴν χάριν κληρωσάμενα, ἅμα καὶ τοῦ συμπείθειν καὶ ἕλκειν αὐτὰς πρὸς τὸ σπουδαζόμενον. Καὶ οὕτω πάντα σοφῶς τε καὶ δεξιῶς κέκραται καὶ διαμεμόρφωται ὥστε καὶ τροπολογίας ὁ δεύτερος λόγος ὑποβαλλόμενος, καὶ πολὺ τὸ ἐπαγωγὸν ἔχων καὶ θελκτήριον, πλέον παρέχεται τὸ φοβοῦν τε καὶ καταπληκτικὸν καὶ δυνατὸν ἐπιστρέφειν πρὸς μετάνοιαν.

Καὶ τρίτον δ´ ἐπὶ τούτοις λογίδιον συνανεγνώσθη, ὃ μετὰ τελευτὴν Κάστορος τοῦ ἐπισκόπου τῷ διαδεξαμένῳ τὴν ἐπιμέλειαν τῆς μονῆς, δι´ ἣν καὶ οἱ κανόνες ἐστάλησαν, προσπεφώνηται. Ἔστι μὲν συγγενὲς τοῖς προειρημένοις, διδάσκει δὲ τί τέ ἐστι διάκρισις, καὶ ὅτι μείζων αὕτη τῶν ἄλλων ἀρετῶν, καὶ ὅθεν τίκτεται, καὶ ὡς τὸ πλέον τῆς ἄνωθέν ἐστι δωρεᾶς. Καὶ περὶ ἐξαγγελίας γραφικαῖς πίστεσιν, ὡς δεῖ ταύτην πράττειν, κατασκευάζει, καὶ τίς ὁ σκοπὸς καὶ τί τὸ τέλος τῶν ἐν τοῖς ἀσκη τικοῖς ἀγῶσιν ἐξεταζομένων.

Ταῦτα Μωσέα τινὰ θαυμαστὸν ταῖς ἀρεταῖς εἰσάγει διδάσκοντα καὶ πράγμασιν αὐτοῖς, μικροῦ κειμένοις ὑπ´ ὄψιν τὰ ῥήματα βεβαιούμενον. Εἶτα Σερῆνον οὐ δεύτερον τῇ πολιτείᾳ καὶ τῇ ὁμοίᾳ χρώμενον διδασκαλίᾳ παριστάνει, ὡς τὸ μὲν μὴ παρενοχλεῖσθαι τὴν διάνοιαν ὑπὸ τῶν δαιμονίων ἀδύνατον εἶναι, τὸ δὲ συνωθεῖσθαι καὶ ἀναγκάζεσθαι καταπίπτειν πρὸς τὰ φαῦλα οὐκέτι, ἀλλ´ ἡμέτερον καὶ τὸ διωθεῖσθαι τὴν ὄχλησιν καὶ τὸ παραδέχεσθαι αὐτήν· καὶ ὡς οὐ χωροῦντα διὰ τῆς ψυχῆς τὰ δαιμόνια τοὺς ἀνθρωπίνους οἶδε λογισμούς, ἀλλ´ ἀπό τινων τεκμηρίων ἔξωθεν θηρᾷ τούτους· μόνης γὰρ εἶναι τῆς ἁγίας τριάδος τὸ διὰ ψυχῆς καὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων χωρεῖν.

Καὶ ὡς διάφορα φῦλα δαιμονίων, καὶ τὰ μὲν αὐτῶν ἄγρια καὶ κακωτικὰ λίαν, ἃ δ´ ἧττον, καὶ ἄλλα εὐτράπελα.

Οἷς καὶ ὁ τρίτος συμπληροῦται λόγος, ἐπαγγελλομένου διαλαβεῖν τοῦ Σερήνου ἐν καιρῷ καὶ περὶ τοῦ ἠρωτημένου, ὅπερ ἦν «Οὐ γάρ ἐστιν ἡμῖν ἡ πάλη, πρὸς αἷμα καὶ σάρκα»  καὶ ἑξῆς.

Λεόντιος δ´ ἦν ὄνομα ᾧ τουτὶ τὸ τρίτον λόγιον προσεφωνήθη.

197. Cassien, Trois ouvrages.

J’ai lu un petit volume dans lequel se trouvaient deux livres du moine Cassien (1) d'origine romaine.

Le premier était adressé à l’évêque Castor, qui lui avait demandé  de l'écrire. Il expose la constitution et les règles qui prescrivaient aux moines d’Egypte de vivre en communauté : dans le texte, selon l’origine du mot, on parle de « coenobia. »

Le second livre, dédié au même personnage, emprunte son titre de huit notions : la gloutonnerie, la luxure, l’avarice, la colère, l’envie, l’indifférence, la viane gloire et l’orgueil. Ces petits traités sont extrêmemt utiles pour ceux désirent entrer dans la vie religieuse (ascétique).

Et il y a dans ces livres une telle puissance et une telle perfection que, jusqu’aujourd'hui, si une communauté de moines est pilotée suivant cette constitution et ces préceptes, elle est vraiment florissante et surpassant en éclat toutes les autres apparaît comme un atelier de vertus, alors que celle qui a rejeté cette cenobia est ballottée dans les flots sur de petites épaves de vertu ou même fait naufrage. Aussi il faut ne rien mépriser des préceptes qui y sont donnés, car ces règles sont une exposition et une développement d’une législation divine et d’une constitution évangélique.

Chez l’auteur, l’expression répond à ses pensées ; non seulement elle apporte la clarté, mais en plus elle est douée de la faculté de se graver dans les âmes des hommes sans les forcer et de pouvoir les convaincre et les pousser vers l’objet de leur zèle. Et tout est disposé et façonné si sagement et si adroitement que le second ouvrage n'est pas gâté par ses tropologai (son langage abondant en figures), mais au contraire contient des choses plaisantes et attirantes : et malgré cela il offre à profusion de quoi effrayer et frapper de terreur et est capable d'amener les hommes au repentir.

Nous lisons qu'un troisième petit texte a été ajouté à ceux-là ; il a été dédié, après la mort de l’évêque Castor (2), à celui qui lui avait succédé dans l’administration du monastère en vue de laquelle l’auteur lui avait envoyé les règles. Ce petit livre est semblable à ceux dont nous venons de parler  Il enseigne ce qu’est le discernement et que celui-ci surpasse les autres vertus et que son origine est le plus souvent un don d’en-haut. Au moyen de preuves tirées des Ecritures, il établit qu’il faut pratiquer la confession .  Il ajoute ensuite quel doit être  le but et la fin de ceux qui se lancent dans l’ascèse.

Pour enseigner tout cela, il introduit un certain Moïse, homme d’une admirable vertu, qui confirme ses paroles par des faits mêmes placés pour ainsi dire sous les yeux. Ensuite il introduit Sérénus; il n’est nullement inférieur au précédent par son genre de vie et il utilise le même enseignement, à savoir qu'il est impossible que l'esprit humain ne soit pas troublé par les démons, mais qu'il ne peut jamais être entraîné et contraint à tomber dans le mal, qu’il nous appartient, au contraire, de chasser ce tourment ou de l’accueillir. Et ce n’est pas en envahissant les âmes que les démons connaissent les pensées humaines, mais ils les scrutent d’après certains signes extérieurs, car il n’appartient qu’à la Sainte Trinité seule de pénétrer l'âme et tous le reste.

Il y a divers genres de démons : les uns sont féroces et fort nuisibles ; d’autres le sont moins : et il en a même des  badins.

Telle est la fin du troisième livre. Sérénus y promet d'exposer en temps opportun ce qu'on lui avait demandé, à savoir : « Notre lutte n’est pas contre des adversaires de chaire et de sang etc." Ce troisième libelle est dédié à Léonce.



 

[1]   Jean Cassien, Joannes Cassianus en latin, est né entre 360 et 365 et mort entre 433 et 458. C'est un moine et homme d'Église méditerranéen dont on sait peu de chose. Son nom original est Cassien. Le prénom Jean aurait été ajouté en hommage à saint Jean Chrysostome. D'une famille certainement riche, de bonne éducation, sa première jeunesse se passa dans le monastère de Be-thléem. Entre 385 et 390, il obtint la permission d'en sortir pendant sept années, pour aller avec Germain, son ami, de quelques années son aîné, visiter les lieux saints de la Palestine et les anachorètes de la Thébaïde.

En 403, à Constantinople, il reçoit les enseignements de Saint Jean Chrysostome qui l'ordonne diacre et lui donne la charge des trésors de sa cathédrale. Après l'exil de son maître, il est chargé de solliciter l'intercession du pape Innocent Ier en faveur de l'évêque persécuté. Il visite les sites monastiques d'Égypte et donne une description vivante du genre de vie qu'on y pratiquait et des enseignements qui y étaient dispensés. Il se fixe par la suite en Occident et fonde, en 414 ou 415, deux monastères à Mar-seille, Saint-Victor pour les hommes et Saint-Sauveur pour les femmes. Selon la tradition, il aurait demandé à l'évêque de Marseille, Proculus, l'autorisation de fonder un monastère près de la grotte où reposaient les reliques de saint Lazare et de saint Vic-tor. Il aurait même fait construire près de cette grotte, deux églises, l'une dédiée à saint Pierre et saint Paul, l'autre à saint Jean-Baptiste. On assure que cinq mille moines y vivaient sous sa discipline. Il mourut vers 440. Toutefois, il existe une incertitude et mêmes des différences sur l'époque de sa mort. Suivant la légende de saint Prosper, il vivait encore en 433 ; Rivet place sa mort en 434 ou 435 ; d'autres, entre 440 et 458. Baillet et Dupin prétendent qu'il a vécu quatre-vingt-dix-sept ans. (Wikipédia)

[2] Saint Castor d’Apt évêque d'Apt (après 350 - avant 426), dit San Castré en provençal. En 416, il demanda à Cassien de rédiger ses Institutions Cénobitiques et ses Conférences sur la formation des cénobites dont la 9e Conférence sur la prière. Trois ans plus tard, il fut choisi par la communauté des fidèles pour monter sur le siège épiscopal d'Apt. Il mourut après avoir assisté au concile de Valence. Son corps fut déposé dans un petit oratoire dédié au saint Sauveur situé dans la partie méridionale de sa cathédrale qui fut dès lors connue sous le nom de Sainte-Marie et Saint-Castor. Ses reliques furent transférées en 1179 dans la nouvelle cathé-drale et déposées dans la crypte par l'évêque Pierre de Saint-Paul (1162-1182). (Wikipédia)
De Institutis coenobiorum et de octo principalium vitiorum remediis, un traité en douze livres écrit en 420 et consacré à la vie monas-tique et aux obstacles de la perfection.