BIBLIOTHÈQUE DE PHOTIUS

          

     117 ANONYME,

      Défense d'Origène.


   

       Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

117. Anonyme, Défense d'Origène.


 

 

 

 Ἀνεγνώσθη βιβλίον ὑπὲρ Ὠριγένους καὶ τῶν αὐτοῦ θεοστυγῶν δογμάτων, ἐν τόμοις εʹ. Ἀνεπίγραφον δὲ τὴν ὀνομασίαν ἐτύγχανε τοῦ συντεταχότος, τὴν δὲ φράσιν οὔτε σαφὲς οὔτε καθαρόν, οὔτε εἰς ἄλλο τι ἀξιόλογον ἀνηγμένην ἔχον.

Ὁ δὲ τοῦ γράμματος πατὴρ μάρτυρας ὑπὲρ Ὠριγένους τε καὶ τῶν αὐτοῦ δογμάτων Διονύσιον προκομίζει τὸν Ἀλεξανδρείας, Δημήτριόν τε καὶ Κλήμεντα καὶ ἑτέρους πλείους· μάλιστα δὲ τῶν ἄλλων ἁπάντων Παμφίλῳ τε τῷ μάρτυρι ἐπερείδεται καὶ τῷ Εὐσεβίῳ, ὃς τῆς κατὰ Παλαιστίνην Καισαρείας ἐπεσκόπησεν.

Ἡ δὲ ὑπὲρ αὐτοῦ ἀπολογία οὐκ ἔστι λύσις τῶν ἐπικλημάτων ὡς ἐπὶ πλεῖστον, ἀλλὰ συνηγορία τῆς κατηγορίας· οὕτως οὐδ´ οὗτος ἀπήλλακτο τῶν ἐκείνου βλασφήμων δοξῶν τελείως. Ψυχῶν τε γὰρ προὔπαρξιν συνομολογεῖ, γραφικαῖς καὶ πατρικαῖς φωναῖς (ὡς οἴεται) τὸν λῆρον τοῦτον ἐπισυγκροτῶν, καὶ σωμάτων ἄλλων εἰσάγει ἀνάληψιν.

Περὶ μέντοι τῆς ἁγίας Τριάδος οὐδὲν οὗτος τῶν ἐσφαλμένων λέγει. Φησὶ δὲ καὶ περὶ τοῦ Ὠριγένους μηδὲν αὐτὸν κατὰ δόξαν ἐσφάλθαι περὶ τῆς Τριάδος, ἀντιφερόμενον δὲ τῇ αἱρέσει Σαβελλίου εἰς μέγα κακοῦ ἠρμένῃ τότε, καὶ τὴν τῶν προσώπων Τριάδα ἐναργεστάτην καὶ πολλοῖς τρόποις διαφέρουσαν ἀγωνιζόμενον παραστῆσαι, πέρα τοῦ προσήκοντος καὶ εἰς τοὐναντίον ἀπενεχθῆναι, ἐξ οὗ δόξαι καὶ τῷ ἀρειανῷ ἀρρωστήματι προεαλωκέναι.

Ὑπὲρ μέντοι γε τῶν ἄλλων αὐτοῦ δογμάτων, ὅσοις μήτε συγκαταθέσθαι τοῦ θαρρεῖν πρόφασιν ἔχει, μήτε τὴν προειρημένην αἰτίαν πορίσασθαι δυνατὸν οἶδε, πολλὴν εἰσάγει σπουδὴν ἀποφῆναι ἢ γυμνασίας αὐτῷ χάριν εἰρῆσθαι ἢ ὑπό τινων ἑτεροδόξων τοῖς αὐτοῦ συγγράμμασι παρεμβεβλῆσθαι. Καὶ προάγει καὶ αὐτὸν ἐκεῖνον τοῦτο βοῶντα καὶ διατεινόμενον· φωρᾶσαι γὰρ αὐτόν φησι καὶ ἔτι ζῶντα ταύτην κατ´ αὐτοῦ τὴν ῥᾳδιουργίαν.

Ἔστι δέ, ἃ λέγει μάτην αὐτοῦ κατηγορηθῆναι, κεφάλαια πεντεκαίδεκα, ἅτινα καὶ διελέγχει διαβολὰς εἶναι ἐκ τῶν αὐτοῦ ἐκείνου συγγραμμάτων ποιούμενος τοὺς ἐλέγχους ἐν τῷ τετάρτῳ τόμῳ, κατὰ δὲ τὸν πέμπτον γενόμενος καὶ ἑτέρων ὑπὲρ αὐτοῦ μαρτυρίαις ἀπορραπίζων ταῦτα.

Τὰ δὲ κεφάλαιά ἐστι ταῦτα· φασὶν αὐτὸν παραγγέλλειν μὴ προσεύχεσθαι τῷ Υἱῷ καὶ μὴ εἶναι αὐτὸν ἁπλῶς ἀγαθόν, καὶ μὴ γινώσκειν τὸν Πατέρα ὡς αὐτὸς ἑαυτόν· καὶ τὰς λογικὰς φύσεις εἰς ἀλόγων εἰσκρίνεσθαι σώματα, καὶ εἶναι μετενσωμάτωσιν, καὶ ὅτι ἡ τοῦ Σωτῆρος Ψυχὴ ἡ τοῦ Ἀδὰμ ἦν, καὶ ὅτι οὐκ ἔστιν αἰώνιος κόλασις οὐδὲ σαρκὸς ἀνάστασις, καὶ ὅτι οὐ κακὸν ἡ μαγεία, καὶ ὅτι ποιητικὴ τῶν πραττομένων ἡ ἀστρονομία, καὶ ὅτι παύεται ὁ μονογενὴς τῆς βασιλείας, καὶ ὅτι ἐκ καταπτώσεως ἦλθον οἱ ἅγιοι εἰς τὸν κόσμον ἀλλ´ οὐ δι´ ἑτέρων θεραπείαν, καὶ ὅτι ὁ Πατὴρ τῷ Υἱῷ ἀόρατος, καὶ ὅτι τὰ Χερουβὶμ ἐπίνοιαι τοῦ Υἱοῦ εἰσιν, καὶ ὅτι ἡ εἰκὼν τοῦ Θεοῦ ὡς πρὸς ἐκεῖνον οὗ ἐστιν εἰκών, καθὸ εἰκών, οὐκ ἔστιν ἀλήθεια.

Ταῦτα ἀπελέγχει, ὡς προείρηται, ψευδῶς εἰρῆσθαι κατὰ Ὠριγένους, καὶ τό γε ἐπὶ τῇ αὐτοῦ σπουδῇ ἐκκλησιαστικὸν καὶ τῶν ὀρθοδόξων ἀποφαίνεται τὸν ἄνδρα. Ἀλλ´ οὐκ εἴ τις, ὦ βέλτιστε, μὴ πάντας τοὺς τρόπους ἐδείχθη δυσσεβῶν, οὐδ´ ἐν οἷς προφανῶς βλασφημεῖ τὴν δίκην διαδιδράσκων ὀφθήσεται.



 

J’ai lu un ouvrage anonyme défendant Origène et ses abominables écrits,[1] en cinq volumes. Le style n'est ni clair ni pur et ne contient rien qui mérite l’attention.

L'auteur avance en faveur d'Origène et de ses dogmes Denys d'Alexandrie, Démétrius,[2] Clément,[3] et plusieurs autres, mais s'appuie surtout sur Pamphile martyr et Eusèbe, évêque de Césarée en Palestine.

Cette apologie n'est pas une réfutation des accusations portées contre Origène pour la plupart, mais plutôt un soutien de l'accusation, car il n'est pas tout à fait libre de ses opinions blasphématoires. Ainsi, il affirme que les âmes existaient avant les corps, appuyant cette absurdité par des passages des Ecritures et des Pères, et il imagine le rétablissement d'autres corps.

Il n'y a rien à reprendre dans son opinion sur la Sainte Trinité. Mais l'hérésie de Sabellius[4] faisait alors de grands ravages, et Origène, entraîné par le besoin de la combattre, et de mettre, à tout prix, dans le jour le plus éclatant la distinction des personnes de la Trinité, avait dépassé le but, et tombant dans l'excès contraire, s'était donné l'apparence d'une erreur semblable à celle dont plus tard Arius se rendit coupable.

Toutefois, en ce qui concerne d'autres dogmes d’Origène, sur lesquels il ne s'aventure même pas à donner un avis spécieux, et auxquels il ne juge pas possible d'adapter sa défense, il se donne beaucoup de mal pour prouver qu’ils furent seulement conçus comme des exercices de rhétorique, ou qu'ils furent imposés dans ses écrits par certaines personnes hétérodoxes. Pour le prouver, il cite Origène lui-même protestant haut et fort, car, dit-il, même quand il était vivant, il découvrit que de telles déclarations imprudentes furent faites contre lui. Les comptes rendus sur lesquels il affirme qu'il fut faussement accusé sont au nombre de quinze, qu'il déclare être de simples calomnies, le prouvant par des citations d’écrits de son quatrième livre, et les réfutant à preuve d’autres en sa faveur dans le cinquième livre. Les chapitres sont les suivants. 1. Le fils ne peut être invoqué, 2. Il n'est entièrement pas bon ; 3. Il ne connaît pas le Père, comme lui-même ; 4 Des natures rationnelles entrent dans le corps d’êtres irrationnels ; 5. Il existe des migrations d'un corps dans un autre ; 6. L'âme du Sauveur est la même que l'âme d'Adam ; 7. Il n'y a pas de  châtiment éternel pour les péchés.  8. Il n'y a pas résurrection de la chair ; 9.  La magie n'est pas un mal. 10. L'astronomie est la cause des événements ; 11. l'Uniquement Engendré n'a aucun droit au Royaume. 12. Les saints anges vinrent au monde en tombant du ciel, mais pas pour se rendre mutuellement service. 13. Le Père ne peut être vu par le Fils ; 14.  Les Chérubins sont les idées du Fils. 15. L'image de Dieu, en relation avec celui  dont il est image, en tant image, est fausse.

Il rejette ces accusations, comme on l’a déjà dit, comme des calomnies sur Origène, et fait tout son possible pour prouver qu'il est un membre orthodoxe de l'Eglise. Mais, mon cher, le fait que quiconque ne soit pas tout à fait impie, n'est pas une raison pour laquelle il doive échapper au châtiment pour des blasphèmes évidents.


 


 

 

[1] Est-il besoin de rappeler que l’Eglise ne voit plus Origène de la même façon que Photius; cf. Benoît XVI : catéchèse sur Origène (avril 2007).

[2] Evêque d'Alexandrie (247-264), appelé "le Grand", un élève d'Origène.

[3] Evêque d'Alexandrie (189-232). Il fut d’abord en relation amicale avec Origène, qui l’offensa en lui expliquant publiquement les Écritures, bien que non ordonné (voir également le Codex 118).

[4] Une secte provenant de Sabellius (deuxième-troisième siècle après JC). Tout en niant que le Fils était subordonné au Père, ils rejetaient Sa véritable personnalité, et considéraient la Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit comme irréelle et non éternelle, mais temporelle et modaliste (le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient trois modes d'un même Être, appelé le modalisme). Son interprétation de la Trinité fut qualifiée d'hérésie par le pape Calixte Ier en 217, et Sabellius fut excommunié.