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PAUSANIAS
DESCRIPTION DE LA GRÈCE, PAR PAUSANIAS.
LIVRE IV.
MESSÉNIE.
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CHAPITRE I.
Polycaon, Messène, fille de Triopas, Andanie, Messène, nom du
pays et non d'une ville, Caucon, Lycus, Méthapus.
L'empereur Auguste ayant réuni à la Laconie une
portion du pays des Messéniens, de ce côté, la Messénie a maintenant pour
limites la forêt de Chéris dans le pays de Gérénie. Comment s'établirent les
premiers habitants dans cette contrée alors déserte ? voici ce qu'on en raconte.
Après la mort du roi Lélex, de qui la Laconie avait pris le nom de Lélégie,
Mylès, l'aîné de ses fils, monta sur le trône, et Polycaon, le plus jeune, comme
tel resté dans l'état privé, ne chercha point à sortir de ce rang obscur,
jusqu'à son mariage avec Messène, fille de Triopas, fils de Phorbas, roi
d'Argos. Mais, fière de la puissance et de la dignité de son père, dont tous les
souverains Grecs reconnaissaient la prééminence, Messène ne voulut pas que son
époux demeurât simple particulier. Ils rassemblèrent donc des troupes à Argos, à
Lacédémone, et entrèrent dans le pays dont il s'agit, auquel Messène imposa son
nom. Ils y fondèrent plusieurs villes, entre autres, Andanie, où ils établirent
le siège de leur royaume. Je ne crois pas, en effet, qu'avant la bataille de
Leuctres entre Thébains et les Lacédémoniens, et qu'avant la fondation de la
Messène actuelle au dessous d'Ithome, il eût jamais existé aucune ville de ce
nom. Je me fonde principalement sur Homère, qui, dans le dénombrement de ceux
qui allèrent au siège de Troie, nomme ceux de Pylos, d'Aréné et quelques autres
villes, et ne parle point de Messène. Il donne même à entendre dans l'Odyssée
que les Messéniens étaient un peuple, et non les habitants d'une ville,
lorsqu'il dit : des Messéniens avaient enlevé des troupeaux à Ithaque.
Il indique encore plus clairement en parlant de l'arc d'Iphitus : ils (
Iphitus et Ulysse ) s'étaient rencontrés à Messène, dans la maison d'Ortilochus.
Or, la maison d'Ortilochus était à Phères, dans la Messénie, ainsi que nous
l'apprend le même poète dans le voyage de Pisistrate vers Ménélas. Ils
arrivèrent à Phères, dans la maison de Dioclès, fils d'Ortilochus. Les
premiers qui régnèrent dans ce pays furent donc Polycaon, fils de Lélex, et
Messène son épouse. Caucon, fils de Célainos, fils de Phlyus, venant d'Éleusis,
apporta à cette Messène les mystères des grandes déesses. Les Athéniens disent
que Phlyus était fils de la Terre, et Musée est d'accord avec eux dans l'hymne à
Cérès, qu'il a composé pour les Lycomèdes. Un grand nombre d'années après,
Lycus, fils de Pandion, donna beaucoup plus d'éclat à la célébration des
mystères des grandes déesses, et l'on appelle encore le bois de Lycus, celui où
l'on purifiait les initiés. Il n'est pas douteux qu'il y ait dans cette contrée,
un bois qui porte le nom de Lycus et Rhianus de Crète en parle ainsi dans ses
vers; vers l'âpre Elée, au dessus du bois de Lycus. Or
ce Lycus était fils de Pandion, comme on le voit par les vers placées sur le
portrait de Méthapus, qui fit dans le suite quelques changements au cérémonial
de ces mystères. Ce Méthapus, était Athénien de naissance, très versé dans la
connaissance des mystères et de toutes les cérémonies secrètes. Ce fut lui qui
institua à Thèbes les mystères des Cabires. Il placa dans la maison des
Lycomède, son portrait avec une inscription, qui, entre autres points, confirme
celui que je viens d'établir : J'ai purifié la maison de Mercure et le séjour
de Cérès et de la fille première née, maison où Messène institua, dit-on, des
jeux en l'honneur des grandes déesses, par le conseil de Caucon fils de Célainus
fils de Phlyus ; et j'admire le fils de Pandion, Lycos, l'honneur de L'Attique,
qui a porté à Andanie les mystères sacrés. Cette inscription, prouve que
Caucon descendant de Phlyus se rendit à Messène ; elle confirme tout ce que j'ai
dit de Lycus, et nous apprend que les mystères se célébraient jadis à Andanie ;
or il ne me paraît pas probable que Messène les eût laissé établir ailleurs que
dans le lieu où elle faisait sa résidence avec Polycaon. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Α'.
Πολυκάων. Μεσσήνη τοῦ τριόπα. Ἀνδανία. Μεσσήνη χώρας,
οὐ πόλεως, ὄνομα. Καύκων. Λύκος. Μέθαπος.
Μεσσηνίοις δὲ πρὸς τὴν σφετέραν τὴν
ἀπονεμηθεῖσαν ὑπὸ τοῦ βασιλέως ἐς τὸ Λακωνικὸν ὅροι κατὰ τὴν
Γερηνίαν εἰσὶν ἐφ´ ἡμῶν ἡ ὀνομαζομένη Χοίριος νάπη. Ταύτην τὴν χώραν
ἔρημον οὖσαν οὕτω σχεῖν τοὺς πρώτους λέγουσιν οἰκήτορας· ἀποθανόντος
Λέλεγος, ὃς ἐβασίλευεν ἐν τῇ νῦν Λακωνικῇ, τότε δὲ ἀπ´ ἐκείνου
Λελεγίᾳ καλουμένῃ, Μύλης μὲν πρεσβύτερος ὢν τῶν παίδων ἔσχε τὴν
ἀρχήν, Πολυκάων δὲ νεώτερός τε ἦν ἡλικίᾳ καὶ δι´ αὐτὸ ἰδιώτης, ἐς ὃ
Μεσσήνην τὴν Τριόπα τοῦ Φόρβαντος ἔλαβε γυναῖκα ἐξ Ἄργους. Φρονοῦσα
δὲ ἡ Μεσσήνη διὰ τὸν πατέρα, ἀξιώματι καὶ δυνάμει τῶν τότε προέχοντα
Ἑλλήνων, οὐκ ἠξίου τὸν ἄνδρα ἰδιωτεύειν. Ἀθροίσαντες δὲ ἔκ τε Ἄργους
δύναμιν καὶ ἐκ Λακεδαίμονος ἀφίκοντο ἐς ταύτην τὴν χώραν, καὶ
συμπάσῃ μὲν ἐτέθη τῇ γῇ Μεσσήνη τὸ ὄνομα ἀπὸ τῆς Πολυκάονος
γυναικός, πόλεις δὲ ἄλλαι τε ἐκτίσθησαν καὶ — ἔνθα τὰ βασίλεια
κατεσκευάσθη σφίσιν — Ἀνδανία. πρὸ δὲ τῆς μάχης, ἣν Θηβαῖοι πρὸς
Λακεδαιμονίους ἐμαχέσαντο ἐν Λεύκτροις, καὶ τοῦ οἰκισμοῦ Μεσσήνης
τῆς ἐφ´ ἡμῶν ὑπὸ τῇ Ἰθώμῃ, πόλιν οὐδεμίαν πω κληθῆναι πρότερον δοκῶ
Μεσσήνην· εἰκάζω δὲ οὐχ ἥκιστα Ὁμήρου τοῖς ἔπεσιν. Ἐν μὲν γὰρ
καταλόγῳ τῶν ἐς Ἴλιον ἀφικομένων Πύλον καὶ Ἀρήνην καὶ ἄλλας
καταλέγων οὐδεμίαν πόλιν Μεσσήνην ἐκάλεσεν· ἐν Ὀδυσσείᾳ δὲ δηλοῖ μὲν
καὶ ἐν τῷδε ἔθνος καὶ οὐ πόλιν τοὺς Μεσσηνίους ὄντας,
Μῆλα γὰρ ἐξ Ἰθάκης Μεσσήνιοι ἄνδρες ἄειραν,
σαφέστερον δὲ ἔτι περὶ τοῦ τόξου λέγων
τοῦ Ἰφίτου
Τὼ δ´ ἐν Μεσσήνῃ ξυμβλήτην ἀλλήλοιιν
οἴκῳ ἐν Ὀρτιλόχοιο.
Τοῦ γὰρ Ὀρτιλόχου τὸν οἶκον ἐν τῇ
Μεσσήνῃ πόλισμα εἴρηκε τὰς Φηράς, καὶ τόδε ἐξηγήσατο αὐτὸς ἐν
Πεισιστράτου παρὰ Μενέλαον ἀποδημίᾳ· ἐς Φηρὰς δ´ ἵκοντο Διοκλῆος
ποτὶ δῶμα, υἱέος Ὀρτιλόχοιο. Πρῶτοι δ´ οὖν βασιλεύουσιν ἐν τῇ χώρᾳ
ταύτῃ Πολυκάων τε ὁ Λέλεγος καὶ Μεσσήνη γυνὴ τοῦ Πολυκάονος. Παρὰ
ταύτην τὴν Μεσσήνην τὰ ὄργια κομίζων τῶν Μεγάλων θεῶν Καύκων ἦλθεν
ἐξ Ἐλευσῖνος ὁ Κελαινοῦ τοῦ Φλύου. Φλῦον δὲ αὐτὸν Ἀθηναῖοι λέγουσι
παῖδα εἶναι Γῆς· ὁμολογεῖ δέ σφισι καὶ ὕμνος Μουσαίου Λυκομίδαις
ποιηθεὶς ἐς Δήμητρα. Τὴν δὲ τελετὴν τῶν Μεγάλων θεῶν Λύκος ὁ
Πανδίονος πολλοῖς ἔτεσιν ὕστερον Καύκωνος προήγαγεν ἐς πλέον τιμῆς·
καὶ Λύκου δρυμὸν ἔτι ὀνομάζουσιν ἔνθα ἐκάθηρε τοὺς μύστας. Καὶ ὅτι
μὲν δρυμός ἐστιν ἐν τῇ γῇ ταύτῃ Λύκου καλούμενος, Ῥιανῷ τῷ Κρητί
ἐστι πεποιημένον
πάρ τε τρηχὺν
Ἐλαιὸν ὑπὲρ δρυμόν τε Λύκοιο·
ὡς δὲ ὁ Πανδίονος οὗτος ἦν Λύκος,
δηλοῖ τὰ ἐπὶ τῇ εἰκόνι ἔπη τῇ Μεθάπου. Μετεκόσμησε γὰρ καὶ Μέθαπος
τῆς τελετῆς ἔστιν ἅ· ὁ δὲ Μέθαπος γένος μὲν ἦν Ἀθηναῖος, τελεστὴς δὲ
καὶ ὀργίων {καὶ} παντοίων συνθέτης. Οὗτος καὶ Θηβαίοις τῶν Καβείρων
τὴν τελετὴν κατεστήσατο, ἀνέθηκε δὲ καὶ ἐς τὸ κλίσιον τὸ Λυκομιδῶν
εἰκόνα ἔχουσαν ἐπίγραμμα ἄλλα τε λέγον καὶ ὅσα ἡμῖν ἐς πίστιν
συντελεῖ τοῦ λόγου· ἥγνισα δ´ Ἑρμείαο δόμους σεμνῆς τε κέλευθα
Δάματρος καὶ πρωτογόνου Κούρας, ὅθι φασὶ
Μεσσήνην θεῖναι Μεγάλαισι θεαῖσιν ἀγῶνα
Φλυάδεω κλεινοῖο γόνου Καυκωνιάδαο.
Θαύμασα δ´ ὡς σύμπαντα Λύκος Πανδιόνιος φὼς
Ἀτθίδος ἱερὰ ἔργα παρ´ Ἀνδανίῃ θέτο κεδνῇ.
Τοῦτο τὸ ἐπίγραμμα δηλοῖ μὲν ὡς παρὰ
τὴν Μεσσήνην ἀφίκοιτο ὁ Καύκων ἀπόγονος ὢν Φλύου, δηλοῖ δὲ καὶ τὰ ἐς
τὸν Λύκον τά τε ἄλλα καὶ ὡς ἡ τελετὴ τὸ ἀρχαῖον ἦν ἐν Ἀνδανίᾳ. Καί
μοι καὶ τοῦτο εἰκὸς ἐφαίνετο, τὴν Μεσσήνην μὴ ἑτέρωθι, ἀλλὰ ἔνθα
αὐτή τε καὶ Πολυκάων ᾤκουν, καταστήσασθαι τὴν τελετήν. |
CHAPITRE II.
Périérès, Mélanéus, Échalie, Apharée et Leucippe,
Aréné. Nélée. Idas et Lyncée.
[1] Curieux de connaître les enfants
que Polycaon avait eus de Messène, j'ai lu le poème intitulé
Megalé Eoé , les vers Naupactiques et tout ce que Cinéthon et
Asius ont écrit en fait de généalogies, mais ils n'en disent rien.
J'ai bien trouvé dans le premier ce ces poèmes, que Polycaon, fils
de Boutès, épousa Evéchmé, fille d'Hyllus, fils d'Hercule ; mais il
n'y est question ni de Polycaon, mari de Messène elle-même.
[2] Par la suite des temps, comme il
ne restait plus personne de la postérité de Polycaon, laquelle
n'avait pas duré, je crois, plus de cinq générations, les Messéniens
appelèrent au trône Périérès, fils d'Eolus. Mélanéus se rendit
auprès de lui, à ce que disent les Messéniens. Ce Mélanéus était si
adroit à tirer à l'arc, qu'il passait pour fils d'Apollon. Périérès
lui céda le canton connu maintenant sous le nom de Carnasion et qui
portait alors celui d'Échalie emprunté de la femme de Mélanéus.
[3] Comme il n'y a presque aucun point
de l'histoire de la Grèce qui ne fournisse matière à contestation,
les Thessaliens prétendent qu'Eurytion, lieu de désert, fut jadis
une ville appelée Échalie ; de leur côté les Eubéens, placent
Échalie dans leur île, et Créophyle dans son Junoncléide est
d'accord avec eux. Hécatée de Milet l'attache au territoire de Scios
qui fait partie de l'Érétrie. Mais les prétentions des Messéniens me
paraissent les mieux fondées, pour différentes raisons, et surtout
parce qu'ils ont les os d'Eurytus, comme je l'expliquerai dans la
suite.
[4] Périérès eut de Gorgophone, fille
de Persée, deux fils, Apharée et Leucippe, qui régnèrent
conjointement après sa mort ; Apharée cependant, avait plus de
pouvoir que son frère. Il fonda pendant son règne une ville à
laquelle il donna le nom d'Aréné, fille d'Ébalus, son épouse et sa
soeur utérine, née du mariage d'Ébalus avec Gorgophone. J'ai déjà
parlé deux fois de Gorgophone, dans la description de l'Argolide et
dans celle de la Laconie. Apharée fonda donc la ville d'Aréné dans
la Messénie. Il reçut dans ses états, Nélée son cousin, fils de
Créthée, fils d'Éolus,
mais qui passait pour fils de Neptune, et qui avait été chassé
d'Iolcus par Pélias.
[5] Apharée lui donna les côtes du
pays où l'on avait déjà bâti plusieurs villes, entre autres, Pylos
où Nélée établit sa résidence et le siège de son empire.
[6] Lycus, fils de Pandion, également
chassé d'Athènes par Égée, vint aussi à Aréné, et initia aux
mystères des grandes déesses Apharée, Aréné son épouse et leurs
enfants. Il les emmena pour cela à Andanie, parce que c'était là que
Caucon avait initié Messène.
[7] Idas était l'aîné des fils
d'Apharée, et le plus vaillant ; le plus jeune était Lyncée, qui, si
l'on en veut croire Pindare, avait la vue si perçante qu'il voyait à
travers les troncs de chênes. Je n'ai pas appris qu'il eût laissé
d'enfants. Idas eut de Marpesse une fille nommée Cléopâtre, que
Méléagre épousa. L'auteur des vers Cypriens dit que Protésilas, qui
osa le premier mettre pied à terre, lorsque les Grecs abordèrent
dans la Troade, avait épousé Polydore, fille de Méléagre, fils
d'Énée. Si cela est ainsi, il est à remarquer que ces trois femmes,
à commencer par Marpesse, se tuèrent toutes après la mort de leurs
époux. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Β'.
Περιήρης. Μελανεύς. Οἰχαλία. )Αφαρὺς καὶ
Λεύκιππος. Ἀρήνης. Νηλεύς. Ἴδας καὶ Λυγκεύς.
[1] Πυθέσθαι δὲ σπουδῇ πάνυ ἐθελήσας,
οἵ τινες παῖδες Πολυκάονι ἐγένοντο ἐκ Μεσσήνης, ἐπελεξάμην τάς τε
Ἠοίας καλουμένας καὶ τὰ ἔπη τὰ Ναυπάκτια, πρὸς δὲ αὐτοῖς ὁπόσα
Κιναίθων καὶ Ἄσιος ἐγενεαλόγησαν. Οὐ μὴν ἔς γε ταῦτα ἦν σφισιν οὐδὲν
πεποιημένον, ἀλλὰ Ὕλλου μὲν τοῦ Ἡρακλέους θυγατρὶ Εὐαίχμῃ συνοικῆσαι
Πολυκάονα υἱὸν Βούτου λεγούσας τὰς μεγάλας οἶδα Ἠοίας, τὰ δὲ ἐς τὸν
Μεσσήνης ἄνδρα καὶ τὰ ἐς αὐτὴν Μεσσήνην παρεῖταί σφισι.
[2] Χρόνῳ δὲ ὕστερον, ὡς ἦν τῶν
Πολυκάονος οὐδεὶς ἔτι ἀπογόνων, ἐς γενεὰς πέντε ἐμοὶ δοκεῖν
προελθόντων καὶ οὐ πλέονας, Περιήρην τὸν Αἰόλου βασιλέα ἐπάγονται.
Παρὰ τοῦτον ἀφίκετο, ὡς οἱ Μεσσήνιοί φασι, Μελανεύς, τοξεύειν ἀνὴρ
ἀγαθὸς καὶ διὰ τοῦτο Ἀπόλλωνος εἶναι νομιζόμενος· καί οἱ τῆς χώρας
τὸ Καρνάσιον, τότε δὲ Οἰχαλίαν κληθεῖσαν, ἀπένειμεν ὁ Περιήρης
ἐνοικῆσαι· γενέσθαι δὲ ὄνομα Οἰχαλίαν τῇ πόλει φασὶν ἀπὸ τοῦ
Μελανέως τῆς γυναικός.
[3] Θεσσαλοὶ δὲ καὶ Εὐβοεῖς, ἥκει γὰρ
δὴ ἐς ἀμφισβήτησιν τῶν ἐν τῇ Ἑλλάδι πλείω, λέγουσιν οἱ μὲν ὡς τὸ
Εὐρύτιον -- χωρίον δὲ ἔρημον ἐφ' ἡμῶν ἐστι τὸ Εὐρύτιον -- πόλις τὸ
ἀρχαῖον ἦν καὶ ἐκαλεῖτο Οἰχαλία, τῷ δὲ Εὐβοέων λόγῳ Κρεώφυλος ἐν
Ἡρακλείᾳ πεποίηκεν ὁμολογοῦντα· Ἑκαταῖος δὲ ὁ Μιλήσιος ἐν Σκίῳ μοίρᾳ
τῆς Ἐρετρικῆς ἔγραψεν εἶναι Οἰχαλίαν. Ἀλλὰ γὰρ οἱ Μεσσήνιοι τά τε
ἄλλα δοκοῦσί μοι μᾶλλον εἰκότα ἐκείνων λέγειν καὶ οὐχ ἥκιστα τῶν
ὀστῶν ἕνεκα τῶν Εὐρύτου, ἃ δὴ καὶ ἐν τοῖς ἔπειτά που λόγος ἐπέξεισί
μοι.
[4] Περιήρει δὲ ἐγεγόνεσαν ἐκ
Γοργοφόνης τῆς Περσέως Ἀφαρεὺς καὶ Λεύκιππος, καὶ ὡς ἀπέθανε
Περιήρης, ἔσχον οὗτοι τὴν Μεσσηνίων ἀρχήν· κυριώτερος δὲ ἔτι Ἀφαρεὺς
ἦν. Οὗτος βασιλεύσας πόλιν ᾤκισεν Ἀρήνην ἀπὸ τῆς Οἰβάλου θυγατρός,
αὑτοῦ δὲ γυναικὸς τῆς αὐτῆς καὶ ἀδελφῆς ὁμομητρίας· καὶ γὰρ Οἰβάλῳ
συνῴκησε Γοργοφόνη, καί μοι δὶς ἤδη τὰ ἐς αὐτὴν ὁ λόγος ἔν τε τῇ
Ἀργολίδι ἐδήλωσε καὶ ἐν τῇ Λακωνικῇ συγγραφῇ.
[5] Ὁ δ' οὖν Ἀφαρεὺς πόλιν τε ἔκτισεν
ἐν τῇ Μεσσηνίᾳ τὴν Ἀρήνην καὶ Νηλέα τὸν Κρηθέως τοῦ Αἰόλου,
Ποσειδῶνος δὲ ἐπίκλησιν, ἀνεψιὸν ὄντα αὐτῷ, φεύγοντα ἐξ Ἰωλκοῦ
Πελίαν ἐδέξατο οἴκῳ καὶ τῆς γῆς οἱ ἔδωκε τὰ ἐπὶ θαλάσσῃ, ἐν οἷς
ἄλλαι τε ἦσαν πόλεις καὶ ἡ Πύλος, ἔνθα καὶ ᾤκησε καὶ τὸ βασίλειον
κατεστήσατο ὁ Νηλεύς.
[6] Ἀφίκετο δὲ ἐς τὴν Ἀρήνην καὶ Λύκος
ὁ Πανδίονος, ὅτε καὶ αὐτὸς τὸν ἀδελφὸν Αἰγέα ἐξ Ἀθηνῶν ἔφευγε· καὶ
τὰ ὄργια ἐπέδειξε τῶν Μεγάλων θεῶν Ἀφαρεῖ καὶ τοῖς παισὶ καὶ τῇ
γυναικὶ Ἀρήνῃ· ταῦτα δέ σφισιν ἐπεδείκνυτο ἀγαγὼν ἐς τὴν Ἀνδανίαν,
ὅτι καὶ τὴν Μεσσήνην ὁ Καύκων ἐμύησεν ἐνταῦθα.
[7] Ἀφαρεῖ δὲ τῶν παίδων πρεσβύτερος
μὲν καὶ ἀνδρειότερος Ἴδας, νεώτερος δὲ ἦν Λυγκεύς, ὃν ἔφη Πίνδαρος
-- ὅτῳ πιστὰ -- οὕτως ὀξὺ ὁρᾶν ὡς καὶ διὰ στελέχους θεᾶσθαι δρυός.
Λυγκέως μὲν δὴ παῖδα οὐκ ἴσμεν γενόμενον, Ἴδα δὲ Κλεοπάτραν θυγατέρα
ἐκ Μαρπήσσης, ἣ Μελεάγρῳ συνῴκησεν. Ὁ δὲ τὰ ἔπη ποιήσας τὰ Κύπρια
Πρωτεσιλάου φησίν, ὃς ὅτε κατὰ τὴν Τρῳάδα ἔσχον Ἕλληνες ἀποβῆναι
πρῶτος ἐτόλμησε, Πρωτεσιλάου τούτου τὴν γυναῖκα Πολυδώραν μὲν τὸ
ὄνομα, θυγατέρα δὲ Μελεάγρου φησὶν εἶναι τοῦ Οἰνέως. Εἰ τοίνυν ἐστὶν
ἀληθές, αἱ γυναῖκες αὗται τρεῖς οὖσαι τὸν ἀριθμὸν ἀπὸ Μαρπήσσης
ἀρξάμεναι προαποθανοῦσι πᾶσαι τοῖς ἀνδράσιν ἑαυτὰς ἐπικατέσφαξαν. |
CHAPITRE III.
Nestor. Les fils d'Esculape. Retour des Junonclides.
Cresphonte. Théras. Égypte. Glaucus. Isthmius. Dotadas. Sybotas.
[1] Un combat s'étant engagé dans la
suite entre les fils d'Apharée et les Dioscures leurs cousins, au
sujet de quelques boeufs, Lyncée fut tué par Pollux, et Idas le fut
par un coup de tonnerre, de sorte que la famille d'Apharée
s'éteignit faute de mâles. Nestor fils de Nélée, ayant alors réuni
les états d'Idas aux siens, se trouva roi de tous les Messéniens,
excepté de ceux qui obéissaient aux fils d'Esculape,
[2] car si l'on en croit les
Messéniens, ces héros allèrent au siège de Troie, comme Messéniens,
et Esculape lui-même était fils d'Arsinoé, fille de Leucippe, et non
de Coronis. Ils donnent le nom de Tricca à un endroit désert de la
Messénie, et citent les vers où Homère dit que Nestor prodigua les
plus tendres soins à Machaon blessé d'un coup de flèche : Nestor,
disent ils, ne prenait tant d'intérêt à lui que parce qu'il était
son voisin, et que leurs sujets appartenaient à une même nation.
Enfin, pour donner plus de force encore à ce qu'ils racontent des
Asclépiades, ils montrent le tombeau de Machaon à Gérénie, et le
temple de ses fils à Phares.
[3] La guerre de Troie terminée, et
quand Nestor, de retour dans ses états, eut cessé de vivre, les
Junonclides revenus avec les Doriens dans le Péloponnèse, chassèrent
de la Messénie les descendants de Nélée, qui ne s'y étaient
maintenus que durant deux générations depuis la mort de Nestor. J'ai
déjà fait sur ce point et à propos de Tisamène, une digression à
laquelle je vais ajouter quelques remarques. Les Doriens ayant
accordé Argos à Téménos, Cresphonte, comme l'aîné d'Aristodème,
demanda la Messénie ;
[4] Aristodème n'existait plus, mais
Théras fils d'Autésion s'opposait très vivement aux prétentions de
Cresphontes. Ce Théras, Thébain d'origine et descendant à la
cinquième génération de Polynice, fils d'Édipe, était tuteur des
fils d'Aristodème, comme leur oncle maternel, car Aristodème avait
épousé Argie, fille d'Autésion. Cresphonte, qui voulait absolument
avoir la Messénie, eut recours à Téménos, et l'ayant gagné, proposa
de s'en rapporter au sort.
[5] Téménus jeta deux boules dans un
vase rempli d'eau, l'une pour Cresphonte, l'autre pour les fils
d'Aristodème, et l'on convint que le choix appartiendrait à ceux
dont la boule sortirait la première : Téménus avait fait les deux
boules, celle de Cresphonte était de terre cuite au feu, et celle
des fils d'Aristodème de terre séchée au soleil, de sorte qu'elle
fut bientôt fondue par l'eau, et Cresphontes dont la boule sortit,
choisit la Messénie pour sa part.
[6] En consentant à partager leurs
terres avec les Doriens, et à reconnaître Cresphonte pour roi, les
anciens habitants du pays restèrent tous dans la Messénie. Ils se
prêtèrent d'autant plus volontiers à cet arrangement, qu'ils avaient
peu de confiance en leurs souverains, Myniens d'origine, venus de la
ville d'Iolcus. Cresphonte épousa Mérope, fille de Cypsélus,
alors roi d'Arcadie, en eut plusieurs enfants, dont le plus jeune
était Epyte,
[7] et fit construire à Stenyclérus un
palais pour sa résidence et celle de ses descendants : les anciens
rois, et Périérès lui-même, avait fait la leur à Andanie. Apharéus,
fondateur d'Aréné, s'y était établi, et ses fils y étaient restés
depuis : le siège du gouvernement avait été transporté à Pylos sous
le règne de Nestor et de ses descendants, mais Cresphonte voulut que
les rois habitassent à l'avenir à Stenyclérus. Le gouvernement
de Cresphonte, en général très populaire, déplut aux gens riches,
qui se soulevèrent contre lui et le tuèrent, lui et tous ses fils, à
l'exception d'Epyte, qui, étant encore en bas âge,
[8] se trouvait chez Cypsélus, son
grand-père. Parvenu à l'âge viril, Epyte fut rétabli sur le trône
par les Arcadiens et par les autres rois des Doriens, savoir par les
fils d'Aristodème, et par Cisus, fils de Téménus. Il commenca par
punir les meurtriers de son père et tous les complices : il
s'attacha ensuite aux principaux Messéniens par ses manières
prévenantes, se fit aimer du peuple par ses libéralités, et s'acquit
une telle considération, que ses descendants prirent le nom
d'Epytides au lieu de celui d'Junonclides, qu'avaient porté ses
prédécesseurs.
[9] Glaucus son fils, qui lui succéda,
ne changea rien à la manière de gouverner de son père, et ne se fit
pas moins aimer des ses sujets ; mais il le surpassa beaucoup en
piété. Il y avait sur le sommet du mont Ithome une enceinte
consacrée à Jupiter. Mais les Doriens se bornaient à lui rendre le
culte institué jadis en son honneur par Polycaon, et par Messène.
Glaucus y mit plus de solennité. On le vit le premier, dans Gérénie,
offrir des sacrifices à Machaon, fils d'Esculape, et il fit rendre à
Messène, fille de Triopas, les honneurs dus aux héros.
[10] Isthmios, fils de Glaucos, érigea
à Phares un temple à Gorgasus et à Nicomaque. Il fut père de
Dotadas, qui, bien que la Messénie eût déjà d'autres ports, fit
construire celui de Mothone. Sybotas, fils de Dotadas, institua un
sacrifice annuel, qui devait être offert par le roi lui-même au
fleuve Pamisus ; il institua aussi en l'honneur d'Eurytus, fils de
Mélanéus, un sacrifice qui se faisait à Echalie avant l'ouverture
des mystères des grandes déesses, mystères qui en ce temps là se
célébraient encore à Audanie. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Γ'.
Νέστωρ. Ἀσκληπιοῦ παῖδεσ. Ἡρακειδῶν κάθοδος.
Κρεσφόντης. Θήρας. Αἴπυτος. Γλαῦκος. Ἴσθμος. Δωτάδας.
Συνόρας.
III. [1] Ἐπεὶ δὲ τοῖς Ἀφαρέως παισὶ
πρὸς τοὺς Διοσκούρους ἐγένετο ἀνεψιοὺς ὄντας μάχη περὶ τῶν βοῶν καὶ
τὸν μὲν Πολυδεύκης ἀπέκτεινεν, Ἴδαν δὲ ἐπέλαβε τὸ χρεὼν
κεραυνωθέντα, ὁ μὲν Ἀφαρέως οἶκος γένους παντὸς ἠρήμωτο τοῦ ἄρρενος,
ἐς δὲ Νέστορα τὸν [τοῦ] Νηλέως περιῆλθε Μεσσηνίων ἡ ἀρχὴ τῶν τε
ἄλλων καὶ ὅσων πρότερον ἐβασίλευεν Ἴδας, πλὴν ὅσοι τοῖς Ἀσκληπιοῦ
παισὶν αὐτῶν ὑπήκουον.
[2] Καὶ γὰρ τοὺς Ἀσκληπιοῦ παῖδας
στρατεῦσαί φασιν ἐπ' Ἴλιον Μεσσηνίους ὄντας, Ἀρσινόης γὰρ Ἀσκληπιὸν
τῆς Λευκίππου καὶ οὐ Κορωνίδος παῖδα εἶναι· καὶ Τρίκκαν τε καλοῦσιν
ἔρημον ἐν τῇ Μεσσηνίᾳ χωρίον καὶ ἔπη τῶν Ὁμήρου καταλέγουσιν, ἐν οἷς
τὸν Μαχάονα ὁ Νέστωρ τῷ ὀιστῷ βεβλημένον περιέπων ἐστὶν εὐνοϊκῶς·
οὐκ ἂν οὖν αὐτὸν μὴ ἐς γείτονα καὶ ἀνθρώπων βασιλέα ὁμοφύλων
προθυμίαν τοσήνδε γε ἐπιδείξασθαι. Οἳ δὲ καὶ μάλιστα ἤδη βεβαιοῦνται
τὸν ἐς τοὺς Ἀσκληπιάδας λόγον, ἀποφαίνοντες ἐν Γερηνίᾳ Μαχάονος
μνῆμα καὶ τὸ ἐν Φαραῖς τῶν Μαχάονος παίδων ἱερόν.
[3] Διαπολεμηθέντος δὲ τοῦ πρὸς Ἴλιον
πολέμου καὶ Νέστορος ὡς ἐπανῆλθεν οἴκαδε τελευτήσαντος, Δωριέων
στόλος καὶ ἡ κάθοδος Ἡρακλειδῶν γενομένη δύο γενεαῖς ὕστερον ἐξέβαλε
τοὺς Νηλέως ἀπογόνους ἐκ τῆς Μεσσηνίας. Καί μοι ταῦτα ἐγένετο ἤδη τῷ
λόγῳ προσθήκη τῷ ἐς Τισαμενόν· πλὴν τοσόνδε ἔτι δηλώσω. Τημένῳ τῶν
Δωριέων Ἄργος ἐφέντων ἔχειν, Κρεσφόντης γῆν σφᾶς ᾔτει τὴν Μεσσηνίαν
ἅτε καὶ αὐτὸς Ἀριστοδήμου πρεσβύτερος.
[4] Ἀριστόδημος μὲν οὖν ἐτύγχανεν ἤδη
τεθνεώς, Θήρας δὲ ὁ Αὐτεσίωνος τῷ Κρεσφόντῃ μάλιστα ἠναντιοῦτο, τὸ
μὲν ἀνέκαθεν Θηβαῖός τε καὶ ἀπόγονος πέμπτος Πολυνείκους τοῦ
Οἰδίποδος, τότε δὲ ἐπετρόπευεν Ἀριστοδήμου τοὺς παῖδας θεῖος ὢν πρὸς
μητρός· Αὐτεσίωνος γὰρ θυγατέρα Ἀριστόδημος ἔγημεν ὄνομα Ἀργείαν.
Κρεσφόντης δὲ -- γενέσθαι γάρ οἱ ἤθελε τὴν Μεσσηνίαν πάντως μοῖραν
-- Τημένου δεῖται, παρεσκευασμένος τοῦτον τῷ κλήρῳ δῆθεν ἐφίησι.
[5] Τήμενος δὲ ἐς ὑδρίαν, ἐνόντος ἐν
αὐτῇ καὶ ὕδατος, καθίησι τῶν Ἀριστοδήμου παίδων καὶ Κρεσφόντου τοὺς
πάλους ἐπὶ διῃρημένοις, μοῖραν ἀναιρεῖσθαι τῆς χώρας προτέρους
ὁποτέρων ἂν πάλος ἀνέλθῃ πρότερον. Τοὺς μὲν δὴ πάλους ὁ Τήμενος
ἐπεποίητο ἀμφοτέρους, ἀλλὰ τοῖς μὲν Ἀριστοδήμου παισὶ ξηρᾶς ὑπὸ
ἡλίου, Κρεσφόντῃ δὲ ὀπτῆς πυρί· ὅ τε δὴ τῶν Ἀριστοδήμου παίδων πάλος
κατετέτηκτο καὶ ὁ Κρεσφόντης οὕτω λαχὼν γῆν αἱρεῖται τὴν Μεσσηνίαν.
[6] Μεσσηνίων δὲ τῶν ἀρχαίων οὐκ
ἐγένετο ὑπὸ τῶν Δωριέων ὁ δῆμος ἀνάστατος, ἀλλὰ βασιλεύεσθαί τε
συγχωροῦσιν ὑπὸ Κρεσφόντου καὶ ἀναδάσασθαι πρὸς τοὺς Δωριέας τὴν
γῆν· ταῦτα δέ σφισιν εἴκειν παρίστατο ὑποψίᾳ πρὸς τοὺς βασιλεύοντας,
ὅτι ἦσαν ἐξ Ἰωλκοῦ τὸ ἀνέκαθεν οἱ Νηλεῖδαι. Γυναῖκα δὲ ἔσχε
Κρεσφόντης Μερόπην τὴν Κυψέλου, βασιλεύοντος τότε Ἀρκάδων, ἀφ' ἧς
ἄλλοι τε δὴ παῖδες ἐγένοντο αὐτῷ καὶ νεώτατος Αἴπυτος·
[7] τὰ δὲ βασίλεια, ἔνθα αὐτὸς καὶ οἱ
παῖδες ἔμελλον οἰκήσειν, ᾠκοδομήσατο ἐν Στενυκλήρῳ. Τὸ μὲν γὰρ
ἀρχαῖον οἱ βασιλεῖς οἵ τε ἄλλοι καὶ ὁ Περιήρης ᾤκουν ἐν Ἀνδανίᾳ,
κτίσαντος δὲ Ἀφαρέως Ἀρήνην αὖθις Ἀφαρεὺς καὶ οἱ παῖδες ἐνταῦθα
ᾤκησαν· ἐπὶ δὲ Νέστορος καὶ τῶν ἀπογόνων ἐν Πύλῳ τὰ βασίλεια ἦν·
Κρεσφόντης δὲ ἐν Στενυκλήρῳ τὸν βασιλέα οἰκεῖν κατεστήσατο.
Διοικούμενον δὲ αὐτὸν τὰ πολλὰ ἐς χάριν τοῦ δήμου μᾶλλον οἱ τὰ
χρήματα ἔχοντες αὐτόν τε Κρεσφόντην ἐπαναστάντες καὶ τοὺς υἱοὺς
ἀποκτείνουσι τοὺς λοιπούς, ὁ δὲ Αἴπυτος -- παῖδα
[8] γὰρ ἔτι ὄντα ἔτρεφεν αὐτὸν ὁ
Κύψελος -- περιγίνεται μόνος τοῦ οἴκου, καὶ ὡς ἀνὴρ ἐγένετο,
οἱ Ἀρκάδες κατάγουσιν αὐτὸν ἐς Μεσσήνην· συγκατήγαγον δὲ καὶ οἱ
λοιποὶ βασιλεῖς τῶν Δωριέων, οἵ τε Ἀριστοδήμου παῖδες καὶ Ἴσθμιος ὁ
Τημένου. Αἴπυτος δὲ ὡς ἐβασίλευσεν, ἐτιμωρήσατο μὲν τοῦ πατρὸς τοὺς
φονέας, ἐτιμωρήσατο δὲ καὶ ὅσοι τοῦ φόνου παραίτιοι καθεστήκεσαν·
προσαγόμενος δὲ τοὺς μὲν ἐν τέλει τῶν Μεσσηνίων θεραπείαις, ὅσοι δὲ
ἦσαν τοῦ δήμου, δωρεαῖς, ἐς τοσοῦτο προέβη τιμῆς ὡς καὶ τοὺς
ἀπογόνους Αἰπυτίδας ἀντὶ Ἡρακλειδῶν κληθῆναι.
[9] Γλαύκῳ δὲ τῷ Αἰπύτου βασιλεύσαντι
μετὰ Αἴπυτον τὰ μὲν ἄλλα ἐξήρκεσε μιμήσασθαι τὸν πατέρα ἔν τε τοῖς
κοινοῖς καὶ πρὸς τοὺς ἰδιώτας, εὐσεβείας δὲ ἐς πλέον προέβη. Καὶ γὰρ
τοῦ Διὸς τὸ ἐπὶ τῇ κορυφῇ τῆς Ἰθώμης τέμενος, ἀνέντων Πολυκάονος καὶ
Μεσσήνης, οὐκ ἔχον παρὰ τοῖς Δωριεῦσι πω τιμάς, Γλαῦκος ἦν ὁ καὶ
τούτοις σέβειν καταστησάμενος· καὶ Μαχάονι τῷ Ἀσκληπιοῦ πρῶτος
ἔθυσεν ἐν Γερηνίᾳ, γέρα δὲ ἀπένειμε Μεσσήνῃ τῇ Τριόπα τὰ νομιζόμενα
ἥρωσιν.
[10] Ἴσθμιος δὲ ὁ Γλαύκου καὶ ἱερὸν τῷ
Γοργάσῳ καὶ Νικομάχῳ τὸ ἐν Φαραῖς ἐποίησεν· Ἰσθμίου δὲ γίνεται
Δωτάδας, ὃς ἐπίνεια καὶ ἄλλα τῆς Μεσσηνίας παρεχομένης τὸ ἐν Μοθώνῃ
κατεσκευάσατο. Συβότας δὲ ὁ Δωτάδα τῷ τε ποταμῷ κατεστήσατο τῷ
Παμίσῳ κατὰ ἔτος ἕκαστον θύειν τὸν βασιλεύοντα καὶ Εὐρύτῳ τῷ
Μελανέως ἐναγίζειν ἐν Οἰχαλίᾳ πρὸ τῆς τελετῆς τῶν Μεγάλων θεῶν
ἀγομένης ἔτι ἐν Ἀνδανίᾳ.
|
CHAPITRE
IV.
Phintas. Causes de la guerre de Messène. Antiochus et
Androclès. Polycharès. Evéphnus.
[1] Sous le règne de Phintas, fils de
Sybotas, les Messéniens envoyèrent pour la première fois à Délos un
choeur d'hommes faits et des victimes pour les sacrifices à Apollon.
Eumélus composa l'hymne qui fut chanté par ce choeur, et ces vers
sont les seuls qu'on puisse avec certitude attribuer à ce poète. Le
règne de Phintas vit naître les premiers différents entre les
Messéniens et les Lacédémoniens. L'origine n'en est pas bien
éclaircie, et voici ce qu'on raconte.
[2] Sur les frontières de la Messénie
se trouve un temple de Diane, surnommée Limnatis, commun aux
Lacédémoniens et aux Messéniens, mais auquel les autres Doriens
n'ont aucun droit. Les Lacédémoniens disent que leurs filles,
s'étant rendues à cette fête, furent violées par des Messéniens ;
que l'un des rois de Sparte (Téléclus, fils d'Archélaüs, fils de
Doryssus, fils de Labotas, fils d'Echestrate, fils d'Agis),
s'efforçant de réprimer ce désordre, les Messéniens le tuèrent, et
que les Lacédémoniens se tuèrent pour ne pas survivre à leur
déshonneur.
[3] De leur côté, les Messéniens
prétendent que les personnages les plus distingués de leur pays
arrivés à ce temple, Téléclus, sans autre motif que le désir de
s'emparer de la fertile Messénie, leur dressa des embûches ; qu'il
choisit quelques Spartiates, qui n'avaient pas encore de barbe, leur
fit prendre des robes et d'autres ajustements de filles, les arma de
poignards, et les introduisit dans l'endroit où reposaient les
Messéniens qui, en se défendant, tuèrent ces jeunes gens et Téléclus
lui-même. Les Lacédémoniens, ajoutent-ils, sachant bien que les
premiers torts étaient de leur côté (car leur roi n'aurait pas fait
une tentative pareille, s'il n'y avait pas été autorisé par le
peuple), ne demandèrent point raison du meurtre de Téléclus. Voilà
ce qu'on dit de part et d'autre ; il est permis à chacun d'en croire
ce qu'il veut, suivant l'intérêt qu'il prend aux Messéniens ou aux
Lacédémoniens.
[4] Sous la génération suivante,
lorsque le fils de Téléclus, Alcamène, régnait à Sparte avec
Théopompe, fils de Nicandre, fils de Charillus, fils de Polydecte,
fils d'Eunomus, fils de Prytanis, fils d'Eurypon ; lorsque Messène
avait pour rois, Antiochus et Androclès, fils de Phintas, la haine
qui divisait les deux peuples parvint au dernier excès. Les
Spartiates commencèrent les hostilités, sous un prétexte non
seulement suffisant, mais spécieux pour des gens passionnés, qui
voulaient absolument la guerre ; car avec des dispositions plus
pacifiques tout pouvait se terminer par la décision de quelques
tribunal. Voici le fait.
[5] Polycharès était un Messénien d'un
rang assez distingué, couronné vainqueur aux jeux olympiques, en la
quatrième Olympiade, lorsqu'il n'y avait encore de prix que pour la
course du stade. Il possédait des troupeaux de boeufs, et ses
pâturages ne suffisant pas pour les nourrir, il les confia à
Euéphnos, Spartiate, qui s'engageait à les faire paître sur ses
terres, moyennant une part dans le produit.
[6] Evéphnus était de ces gens
qui ne s'inquiètent guère de manquer leurs engagements, quand ils
ont intérêt à les violer ; homme d'ailleurs insinuant et adroit. Il
vendit à des marchands venus par mer dans la Laconie, les boeufs de
Polycharès, auquel il alla bientôt annoncer lui-même que des pirates
débarqués dans le pays avaient enlevé par force et les troupeaux et
les bergers. Tandis qu'il s'efforçait de le tromper, un des bergers
échappé des mains des marchands, revient ; et trouvant Evéphnus
encore chez son maître, le convainquit de mensonge en présence de
Polycharès.
[7] Trop bien démasqué pour oser
recourir à des dénégations, Evéphnus supplia Polycharès et son fils
de lui pardonner sa faute, leur disant que de tous les vices
inhérents à la nature humaine, la cupidité était celui qui exerçait
l'empire le plus violent. Il apprit ensuite à Polycharès combien les
boeufs avaient été vendus, et le pria d'envoyer son fils avec lui
pour en recevoir le prix. Arrivé dans la Laconie, Evéphnus se porta
à une action bien plus atroce que la première, car il tua le fils de
Polycharès. Ce dernier instruit de son malheur se rendit à
Lacédémone, où il ne cessait d'importuner les rois et les éphores de
ses plaintes sur l'assassinat de son fils ; rappelant tous les
autres torts que lui avait faits Evéphnus, qu'il avait choisi pour
son hôte, et en qui il s'était confié, de préférence à tous les
autres Lacédémoniens. Après s'être, à plusieurs reprises, adressé
aux magistrats, sans obtenir satisfaction, il perdit la raison ; et
s'abandonnant à la fureur d'un homme qui ne tient plus à la vie, il
eut l'audace de tuer tous les Lacédémoniens qui s'offrirent à sa
rencontre. Le refus que firent les Messéniens de livrer Polycharès,
le meurtre de Téléclus et le souvenir de la fraude de Cresphonte,
lors du partage, furent, selon les Lacédémoniens, les causes de la
guerre. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Δ'.
Φίντας. Αἴτιοι τοῦ Μεσσηνιακοῦ πολέμου.
Ἄντιοχος καὶ Ἀνδροκλῆς. Πολυχάρης. Εὔαιφνος.
IV. [1] Ἐπὶ δὲ Φίντα τοῦ Συβότα πρῶτον
Μεσσήνιοι τότε τῷ Ἀπόλλωνι ἐς Δῆλον θυσίαν καὶ ἀνδρῶν χορὸν
ἀποστέλλουσι· τὸ δέ σφισιν ᾆσμα προσόδιον ἐς τὸν θεὸν ἐδίδαξεν
Εὔμηλος, εἶναί τε ὡς ἀληθῶς Εὐμήλου νομίζεται μόνα τὰ ἔπη ταῦτα.
Ἐγένετο δὲ καὶ πρὸς Λακεδαιμονίους ἐπὶ τῆς Φίντα βασιλείας διαφορὰ
πρῶτον, ἀπὸ αἰτίας ἀμφισβητουμένης μὲν καὶ ταύτης, γενέσθαι δὲ οὕτω
λεγομένης.
[2] Ἔστιν ἐπὶ τοῖς ὅροις τῆς Μεσσηνίας
ἱερὸν Ἀρτέμιδος καλουμένης Λιμνάτιδος, μετεῖχον δὲ αὐτοῦ μόνοι
Δωριέων οἵ τε Μεσσήνιοι καὶ οἱ Λακεδαιμόνιοι. Λακεδαιμόνιοι μὲν δή
φασιν ὡς παρθένους αὑτῶν παραγενομένας ἐς τὴν ἑορτὴν αὐτάς τε
βιάσαιντο ἄνδρες τῶν Μεσσηνίων καὶ τὸν βασιλέα σφῶν ἀποκτείναιεν
πειρώμενον κωλύειν, Τήλεκλον Ἀρχελάου τοῦ Ἀγησιλάου τοῦ Δορύσσου τοῦ
Λαβώτα τοῦ Ἐχεστράτου τοῦ Ἄγιδος, πρός τε δὴ τούτοις τὰς βιασθείσας
τῶν παρθένων διεργάσασθαι λέγουσιν αὑτὰς ὑπὸ αἰσχύνης·
[3] Μεσσήνιοι δὲ τοῖς ἐλθοῦσι σφῶν ἐς
τὸ ἱερὸν πρωτεύουσιν ἐν Μεσσήνῃ κατὰ ἀξίωμα, τούτοις φασὶν
ἐπιβουλεῦσαι Τήλεκλον, αἴτιον δὲ εἶναι τῆς χώρας τῆς Μεσσηνίας τὴν
ἀρετήν, ἐπιβουλεύοντα δὲ ἐπιλέξαι Σπαρτιατῶν ὁπόσοι πω γένεια οὐκ
εἶχον, τούτους δὲ ἐσθῆτι καὶ κόσμῳ τῷ λοιπῷ σκευάσαντα ὡς παρθένους
ἀναπαυομένοις τοῖς Μεσσηνίοις ἐπεισαγαγεῖν, δόντα ἐγχειρίδια· καὶ
τοὺς Μεσσηνίους ἀμυνομένους τούς τε ἀγενείους νεανίσκους καὶ αὐτὸν
ἀποκτεῖναι Τήλεκλον, Λακεδαιμονίους δὲ--οὐ γὰρ ἄνευ τοῦ κοινοῦ ταῦτα
βουλεῦσαι σφῶν τὸν βασιλέα--συνειδότας ὡς ἄρξαιεν ἀδικίας, τοῦ φόνου
σφᾶς τοῦ Τηλέκλου δίκας οὐκ ἀπαιτῆσαι. Ταῦτα μὲν ἑκάτεροι λέγουσι,
πειθέσθω δὲ ὡς ἔχει τις ἐς τοὺς ἑτέρους σπουδῆς.
[4] Γενεᾷ δὲ ὕστερον βασιλεύοντος ἐν
Λακεδαίμονι Ἀλκαμένους τοῦ Τηλέκλου, τῆς δὲ οἰκίας τῆς ἑτέρας
Θεοπόμπου τοῦ Νικάνδρου τοῦ Χαρίλλου τοῦ Πολυδέκτου τοῦ Εὐνόμου τοῦ
Πρυτάνιδος τοῦ Εὐρυπῶντος, Μεσσηνίων δὲ Ἀντιόχου καὶ Ἀνδροκλέους τῶν
Φίντα, Λακεδαιμονίων καὶ Μεσσηνίων ἐξήρθη τὸ ἐς ἀλλήλους μῖσος· καὶ
ἦρξαν οἱ Λακεδαιμόνιοι πολέμου, ἐπιγενομένης ἀφορμῆς σφισιν
ἐθελέχθρως μὲν ἔχουσι καὶ πολεμῆσαι πάντως ἐγνωκόσιν οὐ μόνον
ἀποχρώσης ἀλλὰ καὶ τὰ μάλιστα εὐπροσώπου, μετὰ δὲ εἰρηνικωτέρας
γνώμης κἂν διελύθη δικαστηρίου γνώσει. Τὰ δὲ συμβάντα ἔσχεν οὕτω.
[5] Πολυχάρης Μεσσήνιος τά τε ἄλλα οὐκ
ἀφανὴς καὶ νίκην Ὀλυμπίασιν ἀνῃρημένος -- τετάρτην Ὀλυμπιάδα ἦγον
Ἠλεῖοι καὶ ἀγώνισμα ἦν σταδίου μόνον, ὅτε ὁ Πολυχάρης ἐνίκησεν --,
τούτῳ τῷ ἀνδρὶ ἐγένοντο βοῦς· καὶ -- οὐ γὰρ ἐκέκτητο ἰδίαν γῆν ὡς
νομὰς ταῖς βουσὶν ἱκανὰς εἶναι -- Σπαρτιάτῃ σφᾶς δίδωσιν Εὐαίφνῳ
βόσκεσθαί τε ἐν ἐκείνου καὶ μοῖραν εἶναι καὶ Εὐαίφνῳ τοῦ καρποῦ τῶν
βοῶν.
[6] Ἦν δὲ ἄρα τοιόσδε τις ὁ Εὔαιφνος,
κέρδη τε ἄδικα ἐπίπροσθεν ἢ πιστὸς εἶναι ποιούμενος καὶ ἄλλως
αἱμύλος· ὃς καὶ τότε καταπλεύσασιν ἐς τὴν Λακωνικὴν ἐμπόροις
ἀποδόμενος βοῦς τὰς Πολυχάρους ἦλθεν αὐτὸς ὡς Πολυχάρην ἄγγελος,
ἐλθὼν δὲ ἀποβάντας ἔλεγεν ἐς τὴν χώραν λῃστὰς καὶ βιασαμένους αὐτὸν
λείαν βοῦς τε ἄγεσθαι καὶ βουκόλους. Ἕως δὲ οὗτος παρέπειθεν, ἐν
τούτῳ τῶν τις βουκόλων ἀποδιδράσκει τοὺς ἐμπόρους, ἐπανήκων δὲ
καταλαμβάνει τε αὐτοῦ παρὰ τῷ δεσπότῃ τὸν Εὔαιφνον καὶ Πολυχάρους
ἐναντίον ἤλεγχεν.
[7] Ἁλισκόμενος δὲ καὶ οὐκ ἔχων
ἀπαρνήσασθαι πολλὰ μὲν αὐτὸν Πολυχάρην, πολλὰ δὲ καὶ τοῦ Πολυχάρους
τὸν παῖδα ἱκέτευε νεῖμαί οἱ συγγνώμην· ἐν γὰρ τῇ ἀνθρωπίνῃ φύσει καὶ
ἄλλων ἐνόντων, ἐφ' οἷς βιαζόμεθα ἄδικοι γίνεσθαι, τὰ κέρδη μεγίστην
ἀνάγκην ἔχειν· τιμὴν δὲ ἥντινα εἰλήφει τῶν βοῶν, λόγῳ τε ἀπέφαινε
καὶ τὸν παῖδα ἠξίου τὸν Πολυχάρους ἕπεσθαί οἱ κομιούμενον. Ὡς δὲ
προϊόντες ἐγίνοντο ἐν τῇ Λακωνικῇ, ἔργον ἐτόλμησεν Εὔαιφνος
ἀνοσιώτερον τοῦ προτέρου· [8] φονεύει τοῦ Πολυχάρους τὸν υἱόν. Ὁ δὲ
ὡς καὶ ταῦτα ἔγνω πεπονθώς, φοιτῶν ἐς τὴν Λακεδαίμονα τοῖς
βασιλεῦσιν ἦν καὶ τοῖς ἐφόροις δι' ὄχλου, πολλὰ μὲν τὸν παῖδα
ἀνακλαίων, καταριθμούμενος δὲ οἷα ὑπὸ Εὐαίφνου πεπονθὼς ἦν, ὃν αὐτὸς
ξένον ἐποιήσατο καὶ πρὸ πάντων Λακεδαιμονίων ἐπίστευσεν. Ὡς δέ οἱ
συνεχῶς ἰόντι ἐπὶ τὰς ἀρχὰς οὐδεμία ἐγίνετο τιμωρία, ἐνταῦθα
παρετράπη τε ὁ Πολυχάρης ἐκ τοῦ νοῦ καὶ τῷ θυμῷ χρώμενος, ἅτε ἔχων
ἀφειδῶς ἤδη καὶ αὑτοῦ, πάντα τινὰ ὃν λάβοι Λακεδαιμονίων ἐτόλμα
φονεύειν. |
CHAPITRE
V.
Cupidité des Lacédémoniens. Euphaès. Prise d'Amphée.
[1] Sur le meurtre de Téléclus, les
Messéniens font la réponse que j'ai rapportée plus haut. Ils
prouvent aussi que les fils d'Aristodème, de concert avec les autres
Junonclides, ramenèrent à Messène Epytos, fils de Cresphonte, ce
qu'ils n'auraient pas fait s'ils avaient eu des différents avec son
père.
[2] Quant à Polycharès, ils ne
voulurent pas, disent-ils, le livrer aux Lacédémoniens, parce que
ceux-ci refusèrent de leur livrer Evéphnus ; mais ils avaient offert
de soumettre au jugement de l'Amphictyonie qui s'assemblait chez les
Argiens, peuple uni aux Spartiates et aux Messéniens par les liens
du sang ; ou à celui de l'Aréopage d'Athènes, qui était depuis
longtemps en possession de juger les causes de meurtres.
[3] D'où ils concluent que la guerre
entreprise contre eux par les Lacédémoniens, avait d'autres motifs,
une cause plus réelle dans cette insatiable cupidité qui les
entraînait à convoiter la Messénie, et à commettre bien d'autres
injustices ; par exemple, contre les Arcadiens et les Argiens, dont
les Spartiates ne se sont jamais lassés d'envahir le territoire ;
ces Spartiates, qui les premiers alliés à des barbares, séduits par
les présents de Crésus, sont devenus les amis de ce roi, quand déjà
il avait asservi les Grecs de l'Asie et même les Doriens établis
dans la Carie.
[4] Ils ajoutent que les chefs des
Phocéens, lorsqu'ils s'emparèrent du temple de Delphes, trouvèrent
non seulement les rois de Sparte et chaque magistrat en particulier,
mais les éphores et le corps entier du sénat, tous disposés à
partager les dépouilles du Dieu. Enfin, ce qu'ils leur reprochent
par dessus tout, comme une preuve qu'ils ne refusent rien de ce qui
peut servir leurs intérêts, c'est leur alliance avec Apollodore,
tyran de Cassandrée.
[5] Ce n'est point ici le lieu
d'expliquer pourquoi les Messéniens font cette alliance un sujet de
reproche si amer ; il me suffit de dire que la tyrannie d'Apollodore
accabla les Cassendréens de malheurs presque égaux à ceux des
Messéniens, malgré la différence qui résulte du courage de ces
derniers, et de la longue durée de la guerre qu'ils soutinrent.
[6] Voilà ce que les deux peuples
disent chacun de leur côté, sur les causes de la guerre de Messène.
Les Lacédémoniens envoyèrent alors une ambassade pour demander qu'on
leur livrât Polycharès. Les rois des Messéniens déclarèrent qu'après
en avoir délibéré avec le peuple, ils enverraient leur réponse à
Sparte. L'ambassade repartie, ils convoquèrent l'assemblée, et les
avis se trouvèrent diamétralement opposés ; Androclès voulait qu'on
livrât Polycharès comme s'étant rendu coupable d'un forfait inouï ;
Antiochos, entre autres réponses, disait que le comble du malheur de
Polycharès, au milieu de tous les supplices auxquels on ne
manquerait pas de le condamner, serait de les souffrir sous les yeux
même d'Euéphnus.
[7] En définitif les deux partis
d'Androclès et d'Antiochus s'échauffèrent au point d'en venir aux
armes l'un contre l'autre, mais le combat ne fut pas long, car les
partisans d'Antiochus, qui étaient bien plus nombreux, tuèrent
Androclès et les principaux des siens. Antiochus, qui restait seul
roi, envoya proposer aux Spartiates de s'en rapporter aux tribunaux
dont j'ai parlé. On ne dit pas que les Lacédémoniens aient fait de
réponse à ceux qui leur portèrent ces lettres.
[8] Antiochus étant mort quelques mois
après, Euphaès son fils monta sur le trône ; et ce fut alors que les
Lacédémoniens, sans aucune déclaration de guerre préalable, sans
prévenir les Messéniens qu'ils renonçaient à leur amitié, et après
s'être préparés à la guerre le plus secrètement possible,
s'engagèrent par serment à ne pas revenir dans leur pays sans avoir
conquis la Messénie, quelque longue que pût être la guerre et
quelques malheurs qu'ils éprouvassent dans les combats.
[9] Ce serment fait, ils se mirent en
marche pendant la nuit sous le commandement d'Alcamène, fils de
Téléclus, et se dirigèrent vers Amphée, petite ville de la Messénie,
limitrophe de la Laconie, sur une colline élevée, où les eaux de
source sont très abondantes. Sous d'autres rapports encore, les
Lacédémoniens trouvaient Amphée très propre à leur servir de place
d'armes durant toute la guerre. Comme les portes de la ville étaient
ouvertes, et qu'il n'y avait point de garnison, ils la prirent sans
difficulté tous les Messéniens y furent tués, les uns dans leurs
lits, les autres dans les temples, au pied des autels qu'ils avaient
choisis pour refuge, dès qu'ils s'étaient aperçus de la prise de
leur ville. Il n'en échappa qu'un petit nombre.
[10] Les Lacédémoniens firent cette
première invasion dans le pays de Messène, la seconde année de la
neuvième olympiade dans laquelle Xénodocus Messénien avait remporté
le prix de la course du Stade. Athènes n'était point encore
gouvernée par des Archontes annuels choisis au sort. Le peuple
Athénien en effet ôta d'abord aux descendants de Mélanthus nommés
les Médontides la plus grande partie de leur autorité, et changea la
royauté en une magistrature responsable ; il limita par la suite à
dix ans la durée de l'exercice de cette magistrature, et Esimède,
fils d'Eschyle, était dans la cinquième année de son archontat,
lorsque les Lacédémoniens prirent Amphée. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ε'.
Λακεδαιμονίων πλεονεξία. Εὐφάης. Ἀμφείας
ἅλωσις.
V. [1] Λακεδαιμόνιοι μὲν δὴ Πολυχάρους
τε ἕνεκα οὐκ ἐκδοθέντος σφίσι καὶ διὰ τὸν Τηλέκλου φόνον, καὶ
πρότερον ἔτι ὑπόπτως ἔχοντες διὰ τὸ Κρεσφόντου κακούργημα ἐς τὸν
κλῆρον, πολεμῆσαι λέγουσι· Μεσσήνιοι δὲ περὶ Τηλέκλου ἀντιλέγουσι τὰ
εἰρημένα ἤδη μοι καὶ Αἴπυτον τὸν Κρεσφόντου συγκαταχθέντα
ἀποφαίνουσιν ὑπὸ Ἀριστοδήμου τῶν παίδων, ὃ μήποτ' ἂν ποιῆσαι σφᾶς
Κρεσφόντῃ γε ὄντας διαφόρους.
[2] Πολυχάρην δὲ ἐκδοῦναι μὲν ἐπὶ
τιμωρίᾳ Λακεδαιμονίοις οὔ φασιν, ὅτι μηδὲ ἐκεῖνοι σφίσιν Εὔαιφνον,
ἐθέλειν μέντοι παρὰ Ἀργείοις συγγενέσιν οὖσιν ἀμφοτέρων ἐν
Ἀμφικτυονίᾳ διδόναι δίκας, ἐπιτρέπειν δὲ καὶ τῷ Ἀθήνῃσι δικαστηρίῳ,
καλουμένῳ δὲ Ἀρείῳ πάγῳ, ὅτι δίκας τὰς φονικὰς τὸ δικαστήριον τοῦτο
ἐδόκει δικάζειν ἐκ παλαιοῦ.
[3] Λακεδαιμονίους δὲ οὐ διὰ ταῦτα
πολεμῆσαί φασιν, ὑπὸ πλεονεξίας δὲ τῇ σφετέρᾳ τε ἐπιβουλεῦσαι καὶ
ἄλλα ἐργάσασθαι, προφέροντες μέν σφισι τὰ Ἀρκάδων, προφέροντες δὲ
καὶ τὰ Ἀργείων, ὡς οὔποτε ἐσχήκασι κόρον ἀποτεμνόμενοι τῆς χώρας
αἰεί τι ἑκατέρων· Κροίσῳ τε αὐτοῖς δῶρα ἀποστείλαντι γενέσθαι φίλους
βαρβάρῳ πρώτους, ἀφ' οὗ γε τούς τε ἄλλους τοὺς ἐν τῇ Ἀσίᾳ
κατεδουλώσατο Ἕλληνας καὶ ὅσοι Δωριεῖς ἐν τῇ Καρικῇ κατοικοῦσιν
ἠπείρῳ.
[4] Ἀποφαίνουσι δὲ καὶ ἡνίκα οἱ Φωκέων
δυνάσται τὸ ἱερὸν τὸ ἐν Δελφοῖς κατειλήφασιν, ἰδίᾳ τε κατὰ ἄνδρα
τοὺς βασιλεύοντας ἐν Σπάρτῃ καὶ τῶν ἄλλων τοὺς ἐπ' ἀξιώματος καὶ
κοινῇ τῶν τε ἐφόρων τὴν ἀρχὴν καὶ τὴν γερουσίαν μετασχόντας τῶν τοῦ
θεοῦ. Πρό τε δὴ πάντων, ὡς οὐδὲν ἂν τοὺς Λακεδαιμονίους κέρδους
ἕνεκα ὀκνήσαντας, τὴν συμμαχίαν ὀνειδίζουσί σφισι πρὸς Ἀπολλόδωρον
τὸν ἐν Κασσανδρείᾳ τυραννήσαντα.
[5] Ἀνθ' ὅτου δὲ Μεσσήνιοι τὸ ὄνειδος
ἥγηνται τοῦτο οὕτω πικρόν, οὔ μοι τῷ λόγῳ τῷ παρόντι ἦν
ἐπεισάγεσθαι· ὅτι γὰρ μὴ τῶν Μεσσηνίων τὸ εὔψυχον καὶ χρόνου μῆκος
ὃν ἐπολέμησαν διάφορα ἐγένετο τῆς Ἀπολλοδώρου τυραννίδος, ἔς γε τὰς
συμφορὰς οὐ πολλῷ τινι ἀποδέοι ἃ οἱ Κασσανδρεῖς πεπόνθασι.
[6] Ταῦτα μὲν δὴ αἴτια ἑκάτεροι τοῦ
πολέμου γενέσθαι λέγουσι· τότε δὲ πρεσβεία Λακεδαιμονίων ἥκουσα
ἐξῄτει Πολυχάρην. Οἱ δὲ τῶν Μεσσηνίων βασιλεῖς τοῖς μὲν πρέσβεσιν
ἀπεκρίναντο ὅτι βουλευσάμενοι μετὰ τοῦ δήμου τὰ δόξαντα ἐπιστελοῦσιν
ἐς Σπάρτην, αὐτοὶ δὲ ἐκείνων ἀπελθόντων ἐς ἐκκλησίαν τοὺς πολίτας
συνῆγον. Αἱ δὲ γνῶμαι διάφοροι παρὰ πολὺ ἐγίνοντο, Ἀνδροκλέους μὲν
ἐκδιδόναι Πολυχάρην ὡς ἀνόσιά τε καὶ πέρα δεινῶν εἰργασμένον·
Ἀντίοχος δὲ ἄλλα τε ἀντέλεγε καὶ τὸ ἁπάντων οἴκτιστον, εἰ Πολυχάρης
ἐν ὀφθαλμοῖς πείσεται τοῖς Εὐαίφνου, καταριθμούμενος ὅσα καὶ οἷα ἦν
ἀνάγκη παθεῖν.
[7] Τέλος δὲ ἐς τοσοῦτο προήχθησαν οἵ
τε Ἀνδροκλεῖ καὶ οἱ τῷ Ἀντιόχῳ συσπεύδοντες ὥστε καὶ τὰ ὅπλα ἔλαβον.
Οὐ μὴν ἐς μακράν γε προῆλθέ σφισιν ἡ μάχη· περιόντες γὰρ ἀριθμῷ καὶ
πολὺ οἱ σὺν Ἀντιόχῳ τόν τε Ἀνδροκλέα καὶ τῶν περὶ αὐτὸν τοὺς λόγου
μάλιστα ἀξίους ἀποκτείνουσιν. Ἀντίοχος δὲ βασιλεύων ἤδη μόνος
ἔπεμπεν ἐς Σπάρτην ὡς ἐπιτρέπειν ἐθέλοι τοῖς δικαστηρίοις ἃ ἤδη
λέλεκταί μοι· Λακεδαιμόνιοι δὲ οὐ λέγονται τοῖς κομίσασι τὰ γράμματα
ἀποκρίνασθαι.
[8] Μησὶ δὲ οὐ πολλοῖς ὕστερον
Ἀντιόχου τελευτήσαντος Εὐφαὴς ὁ Ἀντιόχου παρέλαβε τὴν ἀρχήν.
Λακεδαιμόνιοι δὲ οὔτε κήρυκα ἀποστέλλουσι προεροῦντα Μεσσηνίοις
πόλεμον οὔτε προαπειπάμενοι τὴν φιλίαν, κρύφα δὲ καὶ μάλιστα ὡς
ἐδύναντο ἐν ἀπορρήτῳ παρασκευασάμενοι, προομνύουσιν ὅρκον μήτε τοῦ
πολέμου μῆκος, ἢν μὴ δι' ὀλίγου κριθῇ, μήτε τὰς συμφοράς, εἰ μεγάλαι
πολεμοῦσι γένοιντο, ἀποστρέψειν σφᾶς πρὶν ἢ κτήσαιντο χώραν τὴν
Μεσσηνίαν δοριάλωτον.
[9] Ταῦτα προομόσαντες ἔξοδον νύκτωρ
ἐποιοῦντο ἐπὶ Ἄμφειαν, Ἀλκαμένην τὸν Τηλέκλου τῆς στρατιᾶς ἡγεμόνα
ἀποδείξαντες. Ἡ δὲ Ἄμφεια πρὸς τῇ Λακωνικῇ πόλισμα ἦν ἐν τῇ
Μεσσηνίᾳ, μεγέθει μὲν οὐ μέγα, ἐπὶ λόφου δὲ ὑψηλοῦ κείμενον, καὶ
ὑδάτων πηγὰς εἶχεν ἀφθόνους· ἐδόκει δὲ καὶ ἄλλως ἐς τὸν πάντα
πόλεμον ὁρμητήριόν σφισιν ἐπιτήδειον ἡ Ἄμφεια εἶναι. Καὶ τό τε
πόλισμα αἱροῦσι πυλῶν ἀνεῳγμένων καὶ φυλακῆς οὐκ ἐνούσης καὶ τῶν
Μεσσηνίων τοὺς ἐγκαταληφθέντας φονεύουσι, τοὺς μὲν ἔτι ἐν ταῖς
εὐναῖς, τοὺς δὲ ὡς ᾔσθοντο πρός τε ἱερὰ θεῶν καὶ βωμοὺς καθημένους
ἱκέτας· ὀλίγοι δὲ καὶ οἱ διαφυγόντες ἐγένοντο.
[10] Ταύτην Λακεδαιμόνιοι πρώτην ἐπὶ
Μεσσηνίους ἔξοδον ἐποιήσαντο ἔτει δευτέρῳ τῆς ἐνάτης Ὀλυμπιάδος, ἣν
Ξενοδόκος Μεσσήνιος ἐνίκα στάδιον· Ἀθήνῃσι δὲ οὐκ ἦσάν πω τότε οἱ τῷ
κλήρῳ κατ' ἐνιαυτὸν ἄρχοντες· τοὺς γὰρ ἀπὸ Μελάνθου, καλουμένους δὲ
Μεδοντίδας, κατ' ἀρχὰς μὲν ἀφείλοντο ὁ δῆμος τῆς ἐξουσίας τὸ πολὺ
καὶ ἀντὶ βασιλείας μετέστησαν ἐς ἀρχὴν ὑπεύθυνον, ὕστερον δὲ καὶ
προθεσμίαν ἐτῶν δέκα ἐποίησαν αὐτοῖς τῆς ἀρχῆς. Τότε δὲ ὑπὸ τὴν
κατάληψιν τῆς Ἀμφείας Αἰσιμίδης Ἀθηναίοις ἦρχεν ὁ Αἰσχύλου πέμπτον
ἔτος. |
CHAPITRE VI.
Histoire de Messène de Rhianus de Bène, et de Myron
de Priène. Aristodème. Aristomène.
[1] Avant de passer à l'histoire de
cette guerre et des maux qu'endurèrent les deux peuples, entraînés
par le destin à s'en accabler l'un l'autre, je veux parler d'un
célèbre Messénien, pour faire connaître le temps où il a vécu, et
les actions qu'on doit lui attribuer. Cette guerre entre les
Lacédémoniens, les Messéniens et leurs alliés respectifs, n'a pris
son nom de ceux qui allèrent attaquer les autres, comme celle des
Perses et du Péloponnèse ; mais elle fut nommée la guerre de Messène
à cause des malheurs que les Messéniens éprouvèrent, ainsi que la
guerre où périt Troie, fut appelée la guerre de Troie, et non des
Grecs. L'histoire de celle de Messène nous a été transmise par
Rhianus de Bène qui l'a écrite en vers, et par Myron de Priène dont
l'ouvrage est en prose.
[2] Ni l'un ni l'autre n'a décrit tous
les événements de cette guerre depuis son commencement jusqu'à la
fin ; mais chacun s'étant attaché à la partie qui lui plaisait le
plus. Myron a commencé la sienne à la prise d'Amphée, et ne l'a pas
continuée au delà de la mort d'Aristodème. Rhianus n'a rien dit de
cette première guerre ; il n'a pas même écrit tout ce qui arriva aux
Messéniens après leur révolte contre les Lacédémoniens, et il ne
s'est occupé que des événements qui suivirent la bataille qui fut
livrée près de l'endroit nommé la Grande Fosse.
[3] Myron a introduit dans son
histoire Aristomène, le Messénien, à propos duquel je suis entré
dans tous les détails, et qui donna le plus grand éclat de sa
patrie. Rhianus en parle également, et Aristomène n'est pas moins
célèbre dans ses vers, qu'Achille dans l'Iliade d'Homère. Ces deux
écrivains étant si peu d'accord, il fallait nécessairement rejeter
le récit de l'un des deux : or Rhianus me paraît avoir établi d'une
manière beaucoup plus vraisemblable l'époque d'Aristomène.
[4] Myron, au contraire, se mettait
peu en peine d'écrire des choses fausses et même dénuées de
vraisemblance, comme on le voit par ses autres ouvrages et surtout
par cette histoire de la Messénie. Il dit en effet qu'Aristomène tua
Théopompe, roi des Lacédémoniens, peu de temps avant la mort
d'Aristodème, et nous savons que Théopompe ne perdit la vie ni dans
un combat ni autrement avant la fin de cette guerre.
[5] J'en trouve la preuve dans les
vers élégiaques de Tyrtée, qui dit à Théopompe notre roi, chéri
des dieux, avec qui nous avons pris le vaste pays de Messène. Je
crois donc qu'Aristomène ne se fit connaître que pendant la seconde
guerre, et je raconterai ses exploits lorsque j'en serai venu là. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ
Ῥιανοῦ τοῦ Βηναίου, καὶ Μύρωνος τοῦ Πριηνέως
Μεσσηνιακά. Ἀριστόδημος. Ἀριστομένης.
VI. [1] Πρὶν δὲ ἢ συγγράφειν με τὸν
πόλεμον καὶ ὁπόσα πολεμοῦσιν ἑκατέροις ὁ δαίμων παθεῖν ἢ δρᾶσαι
παρεσκεύασε, διακρῖναί τι καὶ ἡλικίας [ἔργα] πέρι ἠθέλησα ἀνδρὸς
Μεσσηνίου. Τὸν γὰρ πόλεμον τοῦτον γενόμενον μὲν Λακεδαιμονίων καὶ
τῶν συμμάχων πρὸς Μεσσηνίους καὶ τοὺς ἐπικούρους, ὀνομασθέντα δὲ οὐκ
ἀπὸ τῶν ἐπιστρατευσάντων ὥσπερ γε ὁ Μηδικὸς καὶ ὁ Πελοποννήσιος,
Μεσσήνιον δὲ ἀπὸ τῶν συμφορῶν, καθὰ δὴ καὶ τὸν ἐπὶ Ἰλίῳ κληθῆναι
Τρωικὸν καὶ οὐχ Ἑλληνικὸν ἐξενίκησεν, τοῦτον [γὰρ] τῶν Μεσσηνίων τὸν
πόλεμον Ῥιανός τε ἐν τοῖς ἔπεσιν ἐποίησεν ὁ Βηναῖος καὶ ὁ Πριηνεὺς
Μύρων· λόγοι δὲ πεζοὶ Μύρωνός ἐστιν ἡ συγγραφή.
[2] Συνεχῶς μὲν δὴ τὰ πάντα ἐξ ἀρχῆς
ἐς τοῦ πολέμου τὴν τελευτὴν οὐδετέρῳ διήνυσται· μέρος δὲ ᾧ ἑκάτερος
ἠρέσκετο, ὁ μὲν τῆς τε Ἀμφείας τὴν ἅλωσιν καὶ τὰ ἐφεξῆς συνέθηκεν οὐ
πρόσω τῆς Ἀριστοδήμου τελευτῆς, Ῥιανὸς δὲ τοῦδε μὲν τοῦ πρώτου τῶν
πολέμων οὐδὲ ἥψατο ἀρχήν· ὁπόσα δὲ χρόνῳ συνέβη τοῖς Μεσσηνίοις
ἀποστᾶσιν ἀπὸ Λακεδαιμονίων, ὁ δὲ καὶ ταῦτα μὲν οὐ τὰ πάντα ἔγραψε,
τῆς μάχης δὲ τὰ ὕστερα ἣν ἐμαχέσαντο ἐπὶ τῇ τάφρῳ τῇ καλουμένῃ
Μεγάλῃ.
[3] Ἄνδρα οὖν Μεσσήνιον -- τούτου γὰρ
δὴ ἕνεκα τὸν πάντα ἐποιησάμην Ῥιανοῦ καὶ Μύρωνος λόγον --
Ἀριστομένην, ὃς καὶ πρῶτος καὶ μάλιστα τὸ Μεσσήνης ὄνομα ἐς ἀξίωμα
προήγαγε, τοῦτον τὸν ἄνδρα ἐπεισήγαγε μὲν ὁ Πριηνεὺς ἐς τὴν
συγγραφήν, Ῥιανῷ δὲ ἐν τοῖς ἔπεσιν οὐδὲν Ἀριστομένης ἐστὶν
ἀφανέστερος ἢ Ἀχιλλεὺς ἐν Ἰλιάδι Ὁμήρῳ. Διάφορα οὖν ἐπὶ τοσοῦτον
εἰρηκότων, προσέσθαι μὲν τὸν ἕτερόν μοι τῶν λόγων καὶ οὐχ ἅμα
ἀμφοτέρους ὑπελείπετο, Ῥιανὸς δέ μοι ποιῆσαι μᾶλλον ἐφαίνετο εἰκότα
ἐς τὴν Ἀριστομένους ἡλικίαν·
[4] Μύρωνα δὲ ἐπί τε ἄλλοις καταμαθεῖν
ἔστιν οὐ προορώμενον εἰ ψευδῆ τε καὶ οὐ πιθανὰ δόξει λέγειν καὶ οὐχ
ἥκιστα ἐν τῇδε τῇ Μεσσηνίᾳ συγγραφῇ. Πεποίηκε γὰρ ὡς ἀποκτείνειε
Θεόπομπον τῶν Λακεδαιμονίων τὸν βασιλέα Ἀριστομένης ὀλίγον πρὸ τῆς
Ἀριστοδήμου τελευτῆς· Θεόπομπον δὲ οὔτε μάχης γινομένης οὔτε ἄλλως
προαποθανόντα ἴσμεν πρὶν ἢ διαπολεμηθῆναι τὸν πόλεμον. [5] Οὗτος δὲ
ὁ Θεόπομπος· ἦν καὶ ὁ πέρας ἐπιθεὶς τῷ πολέμῳ· μαρτυρεῖ δέ μοι καὶ
τὰ ἐλεγεῖα τῶν Τυρταίου λέγοντα
Ἡμετέρῳ βασιλῆι θεοῖσι φίλῳ Θεοπόμπῳ,
ὃν διὰ Μεσσήνην εἵλομεν εὐρύχορον.
Ὁ τοίνυν Ἀριστομένης δόξῃ γε ἐμῇ
γέγονεν ἐπὶ τοῦ πολέμου τοῦ ὑστέρου· καὶ τὰ ἐς αὐτόν, ἐπειδὰν ἐς
τοῦτο ὁ λόγος ἀφίκηται, τηνικαῦτα ἐπέξειμι.
|
CHAPITRE VII.
Assemblée des Messéniens. Prévoyance d'Euphaès.
Combats.
VI. [6] Les Messéniens, ayant
appris de ceux qui avaient échappé au massacre, ce qui s'était passé
à Amphée, se réunirent de toutes parts à Stenyklarus. Le
peuple assemblé, fut exhorté par les différents magistrats et enfin
par le roi même, à ne pas se laisser consterner par le sac d'Amphée,
comme si le sort de la guerre était décidé par cet événement ; à ne
point s'effrayer de l'appareil militaire des Lacédémoniens, qui,
s'exerçant à la guerre depuis plus longtemps que les Messéniens,
devaient être mieux équipés. Nos avantages, ajoutait Euphaès, sont
la nécessité d'être intrépides, et l'espoir que les dieux
favoriseront ceux qui défendent leur patrie, sans pouvoir être
accusés d'une agression injuste.
[1] Après ce discours, Euphaès
congédia l'assemblée, et dès lors il tint toujours les Messéniens
sous les armes, pour exercer ceux qui n'en avaient jamais porté, et
pour accoutumer à une discipline plus exacte ceux qui savaient s'en
servir. Les Lacédémoniens faisaient des incursions dans la Messénie,
mais sans y rien détruire, regardant déjà le pays comme leur
propriété. Ils ne coupaient point les arbres, n'abattaient point les
maisons ; mais ils se contentaient d'emmener le butin qu'ils
trouvaient sur leur chemin, et d'emporter le blé et les autres
fruits.
[2] Ils attaquèrent bien quelques
villes, mais comme elles étaient toutes fortifiées et gardées avec
soin, ils n'y gagnèrent que des blessures et se retirèrent sans
succès ; aussi finirent-ils par renoncer aux entreprises de ce
genre. Les Messéniens, de leur côté, ravageaient les cantons de la
Laconie, voisins de la mer, et tout ce qu'il y avait de cultivé aux
environs du mont Taygète.
[3] La quatrième année après la prise
d'Amphée, Euphaès, qui voulait profiter de l'ardeur des Messéniens
dont la colère contre les Lacédémoniens était à son comble, et qui
les voyait d'ailleurs suffisamment exercés, leur annonça qu'il
allait se mettre en campagne, et ordonna aux esclaves de suivre
l'armée avec des pieux et tout ce qui est nécessaire pour fortifier
un camp. Les Lacédémoniens ayant appris de la garnison
d'Amphée, que les Messéniens étaient en marche, s'y mirent aussi
pour aller à leur rencontre.
[4] Il y avait dans la Messénie un
lieu propre à servir de champ de bataille, à cela près qu'il était
borné par un ravin très profond. Ce fut là qu'Euphaès rangea son
année dont il donna le commandement à Cléonnis : Pytharatus et
Antandrus conduisaient la cavalerie et les troupes légères, qui ne
montaient pas, en tout, à cinq cents hommes.
[5] Lorsque les deux armées furent en
présence, les Hoplites, emportés par la haine, s'avancèrent
audacieusement et en furieux les uns contre les autres, mais le
ravin les empêcha d'en venir aux mains. La cavalerie et les troupes
légères engagèrent le combat un peu au-dessus de ce ravin, et comme
elles n'étaient ni plus nombreuses, ni mieux exercées d'un côté que
de l'autre, il n'y eut point d'avantage.
[6] Tandis qu'ils en étaient aux
mains, Euphaès ordonna aux esclaves de fortifier le camp avec des
pieux, d'abord par derrière, ensuite des deux côtés. La nuit étant
venue et le combat ayant pris fin, il fit fortifier le devant du
camp, le long du ravin. Le lendemain matin, les Lacédémoniens
réfléchissant sur la prévoyance d'Euphaès, ne pouvant forcer les
Messéniens au combat tant qu'ils ne sortiraient pas de leur camp,
n'ayant d'ailleurs point fait de préparatifs pour rester là, prirent
le parti de retourner chez eux.
[7] L'année suivante, excités par les
vieillards qui leur reprochaient leur lâcheté, et l'oubli de leurs
serments, les Lacédémoniens entreprirent ouvertement leur seconde
campagne contre les Messéniens. Ils avaient pour généraux leurs deux
rois, Théopompe, fils de Nicandre, et Polydore, fils d'Alcamène, qui
ne vivait plus. Les Messéniens campèrent en leur présence, et
marchèrent à la rencontre des Lacédémoniens, qui les provoquaient au
combat.
[8] L'aile gauche de ces derniers
était commandée par Polydore, la droite par Théopompe, et le centre
par Euryléon, Lacédémonien de naissance, mais Thébain d'origine, de
la famille de Cadmus. Il descendait en effet à la cinquième
génération, d'Egée, fils d'Eolycus, fils de Théras, fils d'Autésion.
Du côté des Messéniens, Antandrus et Euphaès commandaient l'aile
opposée à la droite des Lacédémoniens ; Pytharatus, celle qui était
en face de Polydore ; et Cléonnis occupait le centre.
[9] Au moment d'en venir aux mains,
les rois cherchèrent à encourager leurs troupes par des discours.
Celui de Théopompe fut court, suivant l'usage des Lacédémoniens. Il
fit souvenir ses soldats de leurs serments contre Messène, et de la
gloire de leurs ancêtres, jadis vainqueurs des peuples voisins :
l'occasion est venue, dit-il, de surpasser cette gloire par des
actions plus éclatantes et par la conquête d'un pays bien plus
fertile. Le discours d'Euphaès, quoique plus long que celui des
Spartiates, ne le fut cependant pas plus que le temps ne le
comportait.
[10] Il dit aux Messéniens, qu'ils
n'allaient pas seulement combattre pour leur territoire et pour
leurs richesses, mais qu'ils ne devaient avoir aucun doute sur le
sort qui les attendait s'ils étaient vaincus, qu'ils verraient leurs
villes incendiées, les temples de leurs dieux livrés au pillage,
leurs femmes et leurs enfants emmenés comme esclaves, et que pour
ceux qui étaient en âge de porter les armes, la mort était le moins
qu'ils pussent attendre , heureux encore si elle n'était pas
accompagnée d'outrages. Ce ne sont pas là de simples conjectures,
ajouta-t-il, et les tourments qu'ont éprouvés les habitants
d'Amphée, sont un exemple pour tous.
[11] Une mort glorieuse est donc bien
préférable à de si grands maux : vous qui n'avez pas encore été
vaincus, vous qui n'avez aucune raison d'être moins audacieux que
vos ennemis, il vous est bien plus aisé de les vaincre, qu'il ne le
serait de réparer vos fautes quand une défaite vous aurait
découragés. Tel fut Le discours d'Euphaès. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ζ'.
Μεσσηνίων ἐκκλησία. Εὐφάους πρόνοια. Μάχαι.
VI. [6] Οἱ δὲ Μεσσήνιοι τότε, ὡς τὰ
περὶ τὴν Ἄμφειαν ἤκουον παρ' αὐτῶν τῶν ἀποσωθέντων ἐκ τῆς ἁλώσεως,
συνελέγοντο ἐς Στενύκληρον ἀπὸ τῶν πόλεων. Ἀθροισθέντος δὲ ἐς
ἐκκλησίαν τοῦ δήμου καὶ ἄλλοι τῶν ἐν τέλει καὶ τελευταῖος ὁ βασιλεὺς
παρεκελεύετο μήτε τῆς Ἀμφείας καταπεπλῆχθαι τὴν πόρθησιν, ὡς τὸν
πάντα ἤδη κεκριμένον δι' αὐτῆς πόλεμον, μήτε ὡς τῆς σφετέρας
κρείσσονα τῶν Λακεδαιμονίων δεδοικέναι τὴν παρασκευήν· μελέτην μὲν
γὰρ ἐκείνοις τῶν πολεμικῶν ἐκ χρόνου πλείονος, σφίσι δὲ εἶναι τήν τε
ἀνάγκην ἰσχυροτέραν ἀνδράσιν ἀγαθοῖς γίνεσθαι καὶ τὸ εὐμενέστερον
ἔσεσθαι παρὰ τῶν θεῶν ἀμύνουσι τῇ οἰκείᾳ καὶ οὐκ ἀδικίας ἄρχουσιν.
VII. [1] Τοιαῦτα ὁ Εὐφαὴς εἰπὼν
διέλυσε τὸν σύλλογον, τὸ δὲ ἀπὸ τούτου πάντας ἔσχεν ἤδη τοὺς
Μεσσηνίους ἐν ὅπλοις, τούς τε οὐκ εἰδότας ἐπαναγκάζων διδάσκεσθαι τὰ
πολεμικὰ καὶ τοῖς ἐπισταμένοις ἐπιμελεστέραν ἢ πρότερον τὴν ἄσκησιν
εἶναι. Λακεδαιμόνιοι δὲ καταδρομὰς ἐποιοῦντο ἐς τὴν Μεσσηνίαν, καὶ
τὴν μὲν χώραν οὐκ ἐλυμαίνοντο ἅτε δὴ νομίζοντες οἰκείαν οὐδὲ δένδρα
ἔκοπτον οὐδὲ οἰκήματα κατέβαλλον· οἱ δὲ λείαν εἰ περιτύχοιεν ἤλαυνον
καὶ σῖτον καὶ τὸν ἄλλον καρπὸν ἀφῃροῦντο.
[2] Πρὸς δὲ τὰς πόλεις ποιούμενοι
προσβολὰς εἷλον μὲν οὐδεμίαν ἅτε καὶ τείχεσιν ὠχυρωμένας καὶ δι'
ἀκριβείας φρουρουμένας, λαμβάνοντες δὲ τραύματα ἀπεχώρουν ἄπρακτοι
καὶ τελευτῶντες οὐκέτι ἀπεπειρῶντο τῶν πόλεων. Ἐλῄστευον δὲ καὶ οἱ
Μεσσήνιοι τά τε ἐπιθαλάσσια τῆς Λακωνικῆς καὶ ὅσαι γεωργίαι περὶ τὸ
Ταύ̈γετον ἦσαν.
[3] Τετάρτῳ δὲ ἔτει μετὰ τῆς Ἀμφείας
τὴν ἅλωσιν Εὐφαὴς τῷ θυμῷ χρήσασθαι τῷ Μεσσηνίων προθυμούμενος
ἀκμαζόντων ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους ταῖς ὀργαῖς καὶ ἅμα τὴν ἄσκησιν
ἤδη σφίσιν αὐτάρκη νομίζων εἶναι, προεῖπεν ἔξοδον· συνακολουθεῖν δὲ
καὶ τοὺς οἰκέτας προσέτασσε φέροντας ξύλα καὶ ἄλλα ὅσα πρόσφορα ἐς
ποίησιν χαρακώματος. Ἐπυνθάνοντο δὲ καὶ οἱ Λακεδαιμόνιοι παρὰ τῶν ἐν
Ἀμφείᾳ φρουρῶν τοὺς Μεσσηνίους ἐξιόντας· ἐξεστρατεύοντο οὖν καὶ
οὗτοι.
[4] Καὶ ἦν γὰρ ἐν τῇ Μεσσηνίᾳ χωρίον
ἄλλως μὲν ἐς ἀγῶνα ἐπιτήδειον, χαράδρα δὲ προεβέβλητο αὐτοῦ βαθεῖα·
ἐνταῦθα τοὺς Μεσσηνίους παρέτασσεν ὁ Εὐφαής, ἀποδείξας στρατηγὸν
Κλέοννιν· τῆς δὲ ἵππου καὶ τῶν ψιλῶν, οἳ συναμφότεροι ἐλάσσους
πεντακοσίων ἦσαν, τούτων Πυθάρατος καὶ Ἄντανδρος ἡγοῦντο.
[5] Ὡς δὲ συνῄει τὰ στρατόπεδα, τοῖς
μὲν ὁπλίταις καὶ ἀφειδῶς ὅμως καὶ ἀκρατέστερον ὑπὸ τοῦ μίσους
φερομένοις ἐπὶ ἀλλήλους οὐ παρέσχεν ἐλθεῖν ἐς χεῖρας ἡ χαράδρα
διείργουσα· τὸ δ' ἱππικὸν καὶ οἱ ψιλοὶ συμμίσγουσι μὲν κατὰ τὸ ὑπὲρ
τὴν χαράδραν, ἦσαν δὲ οὔτε πλῆθος οὔτε ἐμπειρίᾳ διαφέροντες
οὐδέτεροι, καὶ διὰ τοῦτο ἰσόρροπος ἡ μάχη σφίσιν ἐγένετο.
[6] Ὅσῳ δὲ οὗτοι συνεστήκασιν, ἐν
τοσούτῳ τοὺς οἰκέτας ἐκέλευεν ὁ Εὐφαὴς πρῶτα μὲν τὰ κατὰ νῶτον τοῦ
στρατοπέδου φράξασθαι τοῖς σταυροῖς, μετὰ δὲ τὰ πλευρὰ ἀμφότερα.
Ἐπεὶ δὲ ἥ τε νύξ ἐπέλαβε καὶ ἡ μάχη διελέλυτο, τότε ἤδη καὶ τὰ πρὸ
τοῦ στρατοπέδου κατὰ τὴν χαράδραν ἐφράξαντο, ὥστε ἐπισχούσης ἡμέρας
τῆς τε προνοίας τοῦ Εὐφαοῦς τοῖς Λακεδαιμονίοις ἐπιπίπτει λογισμὸς
εἶχόν τε οὔτε ὅπως μάχεσθαι χρὴ πρὸς τοὺς Μεσσηνίους μὴ προϊόντας
ἐκ τοῦ χάρακος προσκαθῆσθαί τε ἀπεγίνωσκον ἀπαράσκευοι τοῖς πᾶσιν
ὁμοίως ὄντες.
[7] Καὶ τότε μὲν ἀποχωροῦσιν οἴκαδε,
ἐνιαυτῷ δὲ ὕστερον κακιζόντων σφᾶς τῶν γεγηρακότων καὶ δειλίαν τε
ὁμοῦ προφερόντων καὶ τοῦ ὅρκου τὴν ὑπεροψίαν, οὕτω δευτέραν ἐκ τοῦ
προφανοῦς ἐπὶ Μεσσηνίους στρατείαν ἐποιοῦντο. Ἡγοῦντο δὲ οἱ βασιλεῖς
ἀμφότεροι, Θεόπομπός τε ὁ Νικάνδρου καὶ Πολύδωρος ὁ Ἀλκαμένους·
Ἀλκαμένης δὲ οὐκέτι περιῆν. Ἀντεστρατοπεδεύοντο δὲ καὶ οἱ Μεσσήνιοι
καὶ πειρωμένων μάχης τῶν Σπαρτιατῶν ἄρχειν ἀντεπεξῄεσαν.
[8] Λακεδαιμονίοις δὲ ἡγεῖτο Πολύδωρος
μὲν κατὰ τὸ κέρας τὸ ἀριστερόν, Θεόπομπος δὲ ἐπὶ τῷ δεξιῷ, τὸ μέσον
δὲ εἶχεν Εὐρυλέων, τὰ μὲν παρόντα Λακεδαιμόνιος, τὰ ἐξ ἀρχῆς δὲ ἀπὸ
Κάδμου καὶ ἐκ Θηβῶν, Αἰγέως τοῦ Οἰολύκου τοῦ Θήρα τοῦ Αὐτεσίωνος
ἀπόγονος πέμπτος. Τοῖς δὲ Μεσσηνίοις κατὰ μὲν τὸ δεξιὸν τῶν
Λακεδαιμονίων ἀντετάσσοντο Ἄντανδρός τε καὶ Εὐφαής, τὸ δὲ ἕτερον
κέρας τὸ κατὰ τὸν Πολύδωρον Πυθάρατος εἶχε, Κλέοννις δὲ τὸ μέσον.
[9] Συνιέναι δὲ ἤδη μελλόντων, ἐπεὶ
παριόντες οἱ βασιλεῖς προέτρεπον τοὺς αὑτῶν, πρὸς μὲν δὴ τοὺς
Λακεδαιμονίους βραχεῖαν κατὰ τὸ ἐπιχώριον τὴν παράκλησιν ἐποιεῖτο ὁ
Θεόπομπος, τοῦ τε ὅρκου τοῦ κατὰ τῶν Μεσσηνίων ἀναμιμνήσκων καὶ ὡς
καλόν σφισι τὸ φιλοτίμημα, τῶν πατέρων οἳ τοὺς περιοίκους
κατεδουλώσαντο φανῆναι λαμπρότερα εἰργασμένους καὶ χώραν
εὐδαιμονεστέραν προσκεκτημένους· Εὐφαὴς δὲ μακρότερα μὲν εἶπεν ἢ ὁ
Σπαρτιάτης, οὐ πλείω δὲ οὐδ' οὗτος ἢ ἐφιέντα ἑώρα τὸν καιρόν.
[10] Οὐ γὰρ περὶ γῆς μόνον οὐδὲ
κτημάτων τὸν ἀγῶνα ἀπέφαινε γενησόμενον, εἰδέναι δὲ ἔφη σαφῶς ἃ
νικωμένους ἐπιλήψεται· γυναῖκας μὲν γὰρ ἀχθήσεσθαι καὶ τέκνα ἐν
ἀνδραπόδων μέρει, τοῖς δὲ ἐν ἡλικίᾳ τὸ ἐλαφρότατον ἔσεσθαι. Θάνατον,
ἢν μετ' αἰκίας μὴ γένηται, συλήσεσθαι δέ σφισι καὶ τὰ ἱερὰ καὶ τὰς
πατρίδας ἐμπρήσεσθαι· λέγειν δὲ οὐκ εἰκάζων, μάρτυρα δὲ ἐναργῆ πᾶσιν
εἶναι τῶν ἐγκαταληφθέντων ἐν Ἀμφείᾳ τὰ πάθη.
[11] Πρό τε δὴ τηλικούτων κακῶν κέρδος
εἶναι καλῶς τινα ἀποθανεῖν, πολὺ δὲ εἶναι ῥᾷον ἀηττήτοις οὖσιν ἔτι
καὶ τὰς τόλμας καθεστηκόσιν ἐξ ἴσου προθυμίᾳ τοὺς ἀντιτεταγμένους
ὑπερβαλεῖν ἢ προαποβαλόντας τὸ φρόνημα ἐπανορθοῦσθαι τὰ ἐπταισμένα. |
CHAPITRE VIII.
Bataille entre les Lacédémoniens et les Messéniens.
[1] Les généraux ayant donné le signal
de part et d'autre, les Messéniens coururent sur les Lacédémoniens,
et les attaquèrent avec audace, comme des gens transportés de fureur
et qui désiraient la mort ; et chacun d'eux voulait être le premier
à engager le combat. Les Lacédémoniens s'avancèrent aussi d'un pas
accéléré, en prenant garde cependant de ne pas rompre leurs rangs.
[2] Lorsqu'ils furent à portée, ils se
menacèrent d'abord en agitant leurs armes et en se lançant des
regards furieux, et se répandirent en injures, les Lacédémoniens
traitant déjà les Messéniens d'esclaves, qui ne valaient pas mieux
que des Ilotes. Les Messéniens les traitaient d'impies, qui, pour
satisfaire leur cupidité, s'armaient contre un peuple qui tenait à
eux par les liens du sang, et l'attaquaient au mépris des dieux
paternels des Doriens, et surtout d'Hercule. Tout en se faisant ces
reproches, ils en vinrent aux mains et d'abord se choquèrent en
masse, choc dans lequel les Lacédémoniens avaient l'avantage ; ils
s'attaquèrent ensuite corps à corps.
[3] Plus habiles dans l'art militaire,
et mieux exercés, les Lacédémoniens étaient aussi plus nombreux, car
ils traînaient avec eux les peuples circonvoisins, déjà soumis à
leur puissance, ainsi que les Asinéens et les Dryopes, qui, chassés
de leur pays par les Argiens depuis une génération, s'étaient
réfugiés chez les Spartiates, et les suivaient par force à cette
guerre. Les Lacédémoniens avaient opposé des archers Crétois soldés,
aux troupes légères des Messéniens ;
[4] mais la fureur de ceux-ci, et leur
mépris pour la mort, rendaient leurs forces à peu près égales. Ils
envisageaient sans alarmes les fatigues et les souffrances,
persuadés que le salut de leur patrie les exigeait, et que leurs
belles actions, en servant leur cause, inspireraient de la terreur
aux Lacédémoniens. Quelques-uns d'entre eux s'élançant hors des
rangs, se distinguaient par des actions d'une audace extrême ;
[5] et la rage restait encore
empreinte sur les traits de ceux qui, blessés mortellement,
n'avaient plus qu'un souffle de vie. Ceux qui n'étaient pas encore
blessés, exhortaient ceux qui l'étaient, à employer, avant que leur
dernière heure fût venue, ce qui leur restait de force, à se venger
pour mourir avec plus de satisfaction ; les blessés, qui sentaient
les forces leur manquer et leur vie toucher à sa fin, recommandaient
à ceux dont les forces étaient entières, de se montrer aussi braves
qu'eux, et de faire en sorte que leur mort fût utile à la patrie.
[6] Ces exhortations mutuelles
n'étaient point en usage chez les Lacédémoniens, qui ne cherchaient
pas, comme les Messéniens, à se signaler par des actions
extraordinaires ; mais exercés dès leur enfance au métier des armes,
ils formaient une phalange plus serrée, et ils espéraient que les
Messéniens ne conserveraient pas leur ordre de bataille, et ne
résisteraient pas aussi longtemps qu'eux à la fatigue du poids de
leurs armes et aux blessures qu'ils recevaient.
[7] Voilà ce qu'on remarquait de
particulier dans chacune des deux armées, soit pour leur manière de
combattre, soit pour leur esprit ; mais ce qu'elles avaient de
commun, c'était de recevoir le coup mortel, sans s'abaisser jamais
aux prières, aux promesses, pour obtenir la vie ; soit que les
combattants n'espérassent point de toucher des ennemis dont ils
connaissaient toute la haine ; soit plutôt qu'ils ne daignassent pas
le tenter, de peur de ternir la gloire de leurs actions précédentes.
Le vainqueur n'insultait point au vaincu en le tuant, et ne se
glorifiait pas de sa victoire, aucun des deux partis n'étant assuré
qu'elle finît par lui rester. Ceux qui entreprenaient de dépouiller
des morts, succombaient eux-mêmes à un péril d'un genre
extraordinaire : car en se baissant, ils découvraient quelque partie
de leur corps et la laissaient exposés aux coups de flèches, ou à
d'autres attaques dont ils ne pouvaient se garantir, étant occupés
d'un autre soin ; ou bien ils étaient tués par l'ennemi qu'ils
dépouillaient et qui respirait encore.
[8] Les rois eux-mêmes combattaient
avec la plus grande valeur : furieux et choisissant sa victime,
Théopompe fondit sur Euphaès, qui, le voyant venir, dit à Antandrus
: Théopompe n'a pas moins d'audace pour le crime que Polynice l'un
de ses ancêtres ; Polynice conduisit d'Argos, une armée contre sa
patrie, tua son frère de sa propre main, et fut tué par lui : il ne
tient pas à Théopompe que la race des Junonclides ne soit aussi
criminelle que celle de Laïus et d'Édipe; mais ce combat ne se
terminera pas à son avantage. En disant ces mots, il s'avança
aussi de son côté,
[9] et, quoique tout le monde fût
épuisé de fatigue, le combat et l'acharnement recommencèrent. Chacun
reprit de nouvelles forces, et des deux parts, le mépris de la mort
fut porté si loin, qu'on eût pris ces mouvements pour le premier
choc des deux armées. Enfin Euphaès et ceux qui l'entouraient,
l'élite des Messéniens, poussant la fureur jusqu'à la frénésie,
parvinrent à force de courage, à faire reculer Théopompe, et à
mettre en fuite les Spartiates placés devant eux.
[10] L'autre aile des Messéniens
souffrait beaucoup ; Pytharatos, qui la commandait, ayant été tué,
cette partie de l'armée se trouvait sans chef, livrée au désordre et
au découragement. Ni Polydoros, vainqueur des Messéniens, ni Euphaès
devant qui les Lacédémoniens venaient de plier, ne poursuivaient les
fuyards ; Euphaès, et les siens, ayant mieux aimé se porter au
secours de ceux de leur compatriotes qui avaient été vaincus. Ils
n'engagèrent cependant point de combat avec Polydorus et son armée :
la nuit qui survint ne le permit pas : mais ils empêchèrent les
ennemis d'aller à la poursuite des fuyards ;
[11] poursuite que d'ailleurs les
Lacédémoniens n'auraient guère pu entreprendre, ne connaissant point
assez ce pays, et retenus surtout par l'usage établi chez eux, de ne
poursuivre qu'avec lenteur ; et d'attacher plus d'importance à ne
pas rompre leurs rangs, qu'à tuer quelques hommes de plus. Quant au
centre des deux armées, où les Lacédémoniens étaient commandés par
Euryléon, et les Messéniens par Cléonnis, aucun avantage n'avait été
remporté de part ni d'autre, quand la nuit vint séparer les
combattants.
[12] Les troupes pesamment armées
furent à peu près les seules qui combattirent dans cette journée. La
cavalerie était peu nombreuse et ne fit rien de remarquable ; les
Péloponnésiens n'étant pas encore très bons cavaliers. Les troupes
légères des Messéniens, et les Crétois à la solde des Lacédémoniens,
ne combattirent pas du tout, parce que, suivant l'ancien usage, on
les avait placés à la queue de l'infanterie.
[13] Le lendemain, ni les uns ni les
autres ne songèrent à renouveler le combat, ni à ériger les premiers
un trophée. Dans le courant de la journée, ils s'envoyèrent
réciproquement des hérauts, pour demander leurs morts ; et se les
étant accordés mutuellement, ils s'occupèrent dès lors à leur donner
la sépulture. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Η'.
Λακεδαιμονίων καὶ Μεσσηνίων μάχη.
VIII. [1] Τοιαῦτα μὲν ὁ Εὐφαὴς
εἶπεν· ἐπεὶ δὲ ἑκατέροις ἐσήμηναν οἱ ἡγεμόνες, Μεσσήνιοι μὲν δρόμῳ
τε ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους ἐχρῶντο καὶ ἀφειδῶς αὑτῶν εἶχον ἅτε
ἄνθρωποι θανατῶντες ὑπὸ τοῦ θυμοῦ, καὶ αὐτὸς ἕκαστος πρῶτος ἔσπευδεν
ἄρξαι μάχης· ἀντεπῄεσαν δὲ καὶ οἱ Λακεδαιμόνιοι σπουδῇ καὶ οὗτοι,
πρόνοιαν δὲ ὅμως ἐποιοῦντο μὴ διαλυθῆναί σφισι τὴν τάξιν.
[2] Ὡς δὲ πλησίον ἐγίνοντο, ἀπειλαῖς
ἐχρῶντο τῶν τε ὅπλων τῇ κινήσει καὶ ἐνορῶντες ἐς ἀλλήλους δεινόν· ἔς
τε λοιδορίας προήγοντο οἱ μὲν οἰκέτας αὑτῶν ἤδη τοὺς Μεσσηνίους καὶ
οὐδὲν ἐλευθερωτέρους ἀποκαλοῦντες τῶν εἱλώτων, οἱ δὲ ἐκείνους τῷ τε
ἐγχειρήματι ἀνοσίους, ἐπεὶ πλεονεξίας ἕνεκα ἐπὶ ἄνδρας συγγενεῖς
ἐπίασι, καὶ θεῶν ἀσεβεῖς ὅσοι Δωριεῦσι πατρῷοι, τῶν τε ἄλλων καὶ
μάλιστα Ἡρακλέους. Ἤδη τε ὁμοῦ τοῖς ὀνείδεσι καὶ ἔργων ἥπτοντο,
ἀθρόοι τε πρὸς ἀθρόους ὠθισμῷ χρώμενοι μάλιστα οἱ Λακεδαιμόνιοι καὶ
ἀνὴρ ἀνδρὶ ἐπιόντες.
[3] Τέχνῃ μὲν οὖν ἐς τὰ πολεμικὰ ὁμοῦ
καὶ μελέτῃ πολὺ οἱ Λακεδαιμόνιοι προέσχον, πρὸς δὲ καὶ τῷ πλήθει·
τούς τε γὰρ περιοίκους ὑπηκόους ἤδη καὶ συνακολουθοῦντας εἶχον
Ἀσιναῖοί τε [καὶ] οἱ Δρύοπες γενεᾷ πρότερον ὑπὸ Ἀργείων ἐκ τῆς
σφετέρας ἀνεστηκότες καὶ ἥκοντες ἐς τὴν Λακεδαίμονα ἱκέται κατ'
ἀνάγκην συνεστρατεύοντο· πρὸς δὲ τοὺς ψιλοὺς τῶν Μεσσηνίων τοξότας
Κρῆτας ἐπήγοντο μισθωτούς.
[4] Μεσσηνίοις δὲ †ἐς ἅπαντα ἐς τὸ
ἴσον ἥ τε ἀπόνοια καὶ τὸ ἐς τὸν θάνατον εὔθυμον· καὶ ὁπόσα μὲν
πάσχοιεν, ἀναγκαῖα μᾶλλον τοῖς πατρίδα σεμνύνουσιν ἢ δεινὰ ἐνόμιζον,
ἃ δὲ ἔδρων, αὐτοί τε ἡγοῦντο εἰργάσθαι μειζόνως καὶ τοῖς
Λακεδαιμονίοις συμβαίνειν χαλεπώτερα. Καὶ οἱ μὲν αὐτῶν προεκπηδῶντες
τῆς τάξεως τολμήματα λαμπρὰ ἀπεδείκνυντο, τοῖς δὲ καὶ ἐπικαίρως
τετρωμένοις καὶ ἐμπνέουσιν ὀλίγον ὅμως ἡ ἀπόνοια ἤκμαζε.
[5] Παρακλήσεις τε ἐγίνοντο, καὶ οἱ
μὲν ζῶντες καὶ ἔτι ἄτρωτοι τοὺς τραυματίας παρώξυνον, πρὶν ἢ τὴν
ἐσχάτην τινὶ ἐφεστηκέναι μοῖραν, ἀντιδράσαντα ὅ τι καὶ δύναιτο σὺν
ἡδονῇ δέχεσθαι τὸ πεπρωμένον· οἱ δὲ ὁπότε αἴσθοιντο οἱ τραυματίαι
τὴν ἰσχὺν σφᾶς ὑπολείπουσαν καὶ τὸ πνεῦμα οὐ παραμένον, διεκελεύοντο
τοῖς ἀτρῶσι μὴ χείρονας ἢ αὐτοὶ γίνεσθαι μηδὲ ἐς ἀνωφελὲς τῇ πατρίδι
καὶ τὴν ἐκείνων τελευτὴν καταστῆσαι.
[6] Λακεδαιμόνιοι δὲ προτροπῇ μὲν ἐς
ἀλλήλους [τῇ δεήσει] οὐκ ἐχρῶντο καὶ ἐς τὰ παράδοξα τῶν τολμημάτων
οὐ κατὰ ταὐτὰ ἑτοίμως τοῖς Μεσσηνίοις εἶχον· ἅτε δὲ εὐθὺς ἐκ παίδων
τὰ πολεμικὰ ἐπιστάμενοι, βαθυτέρᾳ τε τῇ φάλαγγι ἐχρῶντο καὶ τοὺς
Μεσσηνίους ἤλπιζον οὔτε χρόνον τὸν ἴσον καρτερήσειν ἀντιτεταγμένους
οὔτε πρὸς τὸν ἐν τοῖς ὅπλοις κάματον ἢ τὰ τραύματα ἀνθέξειν.
[7] Ἴδια μὲν τοιαῦτα ἐν ἑκατέρῳ τῷ
στρατεύματι ἔς τε τὰ ἔργα ἦν καὶ ἐς τὰς γνώμας τῶν μαχομένων, κοινὰ
δὲ ἀπ' ἀμφοτέρων· οὔτε γὰρ ἱκεσίαις οἱ φονευόμενοι καὶ χρημάτων
ὑποσχέσεσιν ἐχρῶντο, τάχα μέν που μὴ πείσειν διὰ τὸ ἔχθος
ἀπεγνωκότες, τὸ δὲ πλεῖστον ἀπαξιοῦντες ὡς οὐ τὰ πρότερά γε
κακιοῦσιν· οἵ τε ἀποκτείνοντες ἀπείχοντο καὶ αὐχήματος ὁμοίως καὶ
ὀνειδῶν, οὐκ ἔχοντές πω βεβαίαν οὐδέτεροι τὴν ἐλπίδα εἰ κρατήσουσι.
Παραδοξότατα δὲ ἀπέθνησκον οἱ τῶν κειμένων σκυλεύειν τινὰ
ἐπιχειροῦντες· ἢ γὰρ τοῦ σώματος γυμνόν τι ὑποφήναντες ἠκοντίζοντο
καὶ ἐτύπτοντο οὐ προορώμενοι διὰ τὴν ἐν τῷ παρόντι ἀσχολίαν, ἢ καὶ
ὑπὸ τῶν σκυλευομένων ἔτι ἐμπνεόντων διεφθείροντο.
[8] Ἐμάχοντο δὲ καὶ οἱ βασιλεῖς ἀξίως
λόγου, Θεόπομπος δὲ καὶ ἀκρατέστερον ὥρμητο ὡς αὐτὸν ἀποκτενῶν
Εὐφαῆ. Εὐφαὴς δὲ ὁρῶν ἐπιόντα εἶπεν ἄρα πρὸς τὸν Ἄντανδρον οὐδὲν
εἶναι τὰ Θεοπόμπου διάφορα ἢ ὁ πρόγονος αὐτοῦ Πολυνείκης ἐτόλμησε·
Πολυνείκην τε γὰρ στρατιὰν ἐπὶ τὴν πατρίδα ἀγαγόντα ἐξ Ἄργους
ἀποκτεῖναι τὸν ἀδελφὸν αὐτοχειρὶ καὶ ἀποθανεῖν ὑπὸ ἐκείνου,
Θεόπομπόν τε ἐθέλειν ἐς τὸ ἴσον καταστῆσαι μιάσματος τοῖς ἀπὸ Λαί̈ου
καὶ Οἰδίποδος τὸ Ἡρακλειδῶν γένος· οὐ μέντοι χαίροντά γε ἀπὸ τῆς
μάχης διακριθήσεσθαι. Τοιαῦτα ἐπιλέγων ἀντεπῄει καὶ οὗτος.
[9] Ἐνταῦθα ἥ τε πᾶσα μάχη κεκμηκότων
ὅμως ἐς τὸ ἀκμαιότατον αὖθις ἤρθη, καὶ τοῖς τε σώμασιν ἀνερρώννυντο
καὶ τὸ ἀφειδὲς ἐς τὸν θάνατον παρ' ἀμφοτέρων ηὐξάνετο, ὥστε εἰκάσαι
ἄν τις τοῦ ἔργου τότε σφᾶς πρῶτον ἅπτεσθαι. Τέλος δὲ οἱ περὶ τὸν
Εὐφαῆ τῆς τε ἀπονοίας τῷ ὑπερβάλλοντι μανίας ὄντες ἐγγύτατα καὶ ὑπ'
ἀνδραγαθίας -- πᾶν γὰρ δὴ τὸ περὶ τὸν βασιλέα οἱ λογάδες τῶν
Μεσσηνίων ἦσαν -- βιάζονται τοὺς ἀντιτεταγμένους· καὶ αὐτόν τε
Θεόπομπον ἀπώσαντο καὶ Λακεδαιμονίων τοὺς καθ' αὑτοὺς ἐτρέψαντο.
[10] Τὸ δὲ ἕτερον κέρας τοῖς
Μεσσηνίοις ἐταλαιπώρει. Πυθάρατός τε γὰρ ὁ στρατηγὸς ἐτεθνήκει καὶ
αὐτοὶ διὰ τὴν ἀναρχίαν ἀτακτότερον καὶ ἀθύμως εἶχον οὐδ' οὗτοι.
Φεύγουσι δὲ οὔτε τοῖς Μεσσηνίοις ὁ Πολύδωρος οὔτε οἱ περὶ τὸν Εὐφαῆ
τοῖς Λακεδαιμονίοις ἠκολούθησαν· Εὐφαεῖ γὰρ καὶ τοῖς περὶ αὐτὸν
αἱρετώτερα ἐφαίνετο ἀμύνειν τοῖς ἡττωμένοις - οὐ μέντοι
Πολυδώρῳ γὲ οὐδὲ τοῖς περὶ αὐτὸν συμμίσγουσιν, ἐν σκότῳ γὰρ ἤδη τὰ
γινόμενα ἦν -
[11] καὶ τοὺς Λακεδαιμονίους ἅμα εἶργε
μὴ πρόσω τοῖς ἀποχωροῦσιν ἐπακολουθεῖν οὐχ ἥκιστα καὶ ἡ ἀπειρία τῶν
τόπων. Ἦν δὲ αὐτοῖς καὶ ἄλλως πάτριον σχολαιοτέρας τὰς διώξεις
ποιεῖσθαι, μὴ διαλῦσαι τὴν τάξιν πλείονα ἔχοντας πρόνοιαν ἤ τινα
ἀποκτεῖναι φεύγοντα. Τὰ δὲ μέσα ἀμφοτέροις, ᾗ Λακεδαιμονίων ὁ
Εὐρυλέων, Μεσσηνίοις δὲ Κλέοννις ἡγεῖτο, ἰσοπαλῶς μὲν ἠγωνίζοντο,
διέλυσε δὲ ἀπ' ἀλλήλων καὶ τούτους ἐπελθοῦσα ἡ νύξ.
[12] Ταύτην τὴν μάχην παρὰ ἀμφοτέρων ἢ
μόνα ἢ μάλιστα ἐμαχέσαντο τὰ ὁπλιτικά. Οἱ δὲ ἐπὶ τῶν ἵππων ὀλίγοι τε
ἦσαν καὶ οὐδὲν ὥστε καὶ μνημονευθῆναι διεπράξαντο· οὐ γάρ τοι ἀγαθοὶ
τότε ἱππεύειν ἦσαν οἱ Πελοποννήσιοι. Τῶν δὲ Μεσσηνίων οἱ ψιλοὶ καὶ
οἱ παρὰ Λακεδαιμονίοις Κρῆτες οὐδὲ συνέμιξαν ἀρχήν· τῷ γὰρ πεζῷ τῷ
σφετέρῳ κατὰ τρόπον ἔτι ἑκάτεροι τὸν ἀρχαῖον ἐπετάχθησαν.
[13] Ἐς δὲ τὴν ἐπιοῦσαν μάχης μὲν
οὐδέτεροι διενοοῦντο ἄρχειν οὐδὲ ἱστάναι πρότεροι τρόπαιον,
προϊούσης δὲ τῆς ἡμέρας ὑπὲρ ἀναιρέσεως τῶν νεκρῶν ἐπεκηρυκεύοντο,
καὶ ἐπειδὴ παρὰ ἀμφοτέρων συνεχωρήθη, θάψειν ἔμελλον ἤδη τὸ
ἐντεῦθεν. |
CHAPITRE IX.
Ithome, montagne et ville de ce nom. Tisis,
devin. Oracle. Lyciscus. Epébolus, devin. Aristodème.
[1] Les affaires des Messéniens
commencèrent à prendre une fort mauvaise tournure après ce combat.
Ils ne pouvaient suffire à la dépense qu'entraînait l'entretien des
garnisons dans les villes, et leurs esclaves désertaient vers les
Lacédémoniens. Enfin, une maladie qui survint donna beaucoup
d'inquiétude, parce qu'on la crut épidémique ; elle ne fut cependant
pas générale. Après avoir tenu conseil sur les circonstances où, ils
se trouvaient, les Messéniens prirent le parti d'abandonner toutes
les villes de l'intérieur, pour s'établir sur le mont Ithome,
[2] où il y avait déjà une petite
ville, qui est, à ce qu'ils prétendent, celle dont Homère dit dans
le catalogue ; et l'escarpée Ithome. Ils se retirèrent dans
cette ville dont ils agrandirent l'ancienne enceinte pour que tout
le monde pût s'y mettre en sûreté ; ce qui ne fut pas difficile, ce
lieu étant par lui-même très fort ; car le mont Ithome, qui est l'un
des plus grands du Péloponnèse, est de ce côté-là d'un accès fort
difficile.
[3] Ils crurent aussi devoir consulter
l'oracle de Delphes, et ils y envoyèrent pour député Tisis, fils
d'Alcis, fort considéré parmi eux, et qui passait pour s'occuper de
la divination. Les Lacédémoniens de la garnison d'Amphée se mirent
en embuscade pour le prendre à son retour de Delphes ; Tisis, se
voyant surpris, et ne voulant pas se rendre prisonnier, se défendit
et fut blessé ; mais une voix, partie on ne sait d'où, ayant ordonné
aux Lacédémoniens de laisser passer le porteur d'oracle, ils lui
ouvrirent le passage.
[4] Arrivé à Ithome, Tisis remit au
roi la réponse de l'oracle et mourut, peu de temps après, de ses
blessures. Euphaès, rassembla les Messéniens, et leur montra cet
oracle qui était ainsi conçu : choisissez par le sort, une
vierge pure, de la race d'Epytus, sacrifiez-la pendant la nuit aux
dieux infernaux , si elle prend la fuite, sacrifiez en une autre
qu'on viendra offrir volontairement.
[5] Le dieu ayant ainsi manifesté sa
volonté, on fit tirer au sort toutes les filles de la race d'Epytus
: le sort tomba sur la fille de Lyciscus : mais Epébolus dit qu'on
ne pouvait l'offrir en sacrifice, parce qu'elle n'appartenait pas à
Lyciscus, dont la femme stérile avait supposé cet enfant. Tandis
qu'Epébolus faisait ce récit au peuple, Lyciscus s'enfuit à Sparte,
emmenant sa fille avec lui.
[6] Cette évasion consternait les
Messéniens, lorsqu'Aristodème, l'un des Epytides, mais bien
supérieur à Lyciscos, par sa considération personnelle et par ses
talents militaires, offrit volontairement sa propre fille pour être
sacrifiée. La fortune semble se plaire à obscurcir les actions
généreuses, de même qu'un fleuve couvre de son limon une pierre
précieuse ; voici en effet l'obstacle qu'elle mit au dévouement
sublime par lequel Aristodème s'efforçait de sauver sa patrie.
[7] Un Messénien dont on ignore le
nom, amoureux de cette jeune fille, devait bientôt l'épouser. Il
commença par contester les droits que le père prétendait avoir
encore sur sa fille, il soutint qu'en la lui accordant, il avait
renoncé à ce droit, et que lui seul désormais pouvait disposer
d'elle. Comme il vit que ce raisonnement ne réussissait pas,
[8] il eut l'impudence d'avancer qu'il
avait eu commerce avec cette fille et qu'elle était enceinte. Enfin,
il poussa tellement à bout Aristodème, que celui-ci ne se possédant
plus, tua sa fille, l'ouvrit et fit voir qu'elle n'était pas
enceinte. Epébolus présent à cette scène, demanda aussitôt qu'un
autre offrit sa fille, celle d'Aristodème étant morte sans utilité
pour l'état, puisque son père l'avait tuée, et non sacrifiée aux
dieux que la Pythie avait désignés.
[9] A ce discours, le peuple se
précipita sur le jeune homme pour le mettre à mort, comme ayant
forcé Aristodème à se souiller d'un meurtre inutile, et compromis le
salut de la Patrie ; mais Euphaès, qui avait beaucoup d'amitié pour
ce jeune Messénien, persuada au peuple que l'oracle se trouvait
accompli par la mort de cette jeune fille, et que ce qu'Aristodème
avait fait, suffisait pour apaiser les dieux.
[10] Tous les Epytides approuvèrent ce
discours, chacun d'eux se réjouissant de n'avoir rien à craindre
pour ses filles ; se rangeant donc à l'avis du roi, ils rompirent
l'assemblée, et les Messéniens allèrent, au sortir de là, offrir des
sacrifices et célébrer la fête des dieux. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Θ'.
Ἰθώμη ὄρος καὶ πόλις. Τίσις μάντισ.
Χρησμός. Λυκίσκος. Ἐπήβολος μάντις. Ἀριστόδημος.
IX. [1] Τοῖς δὲ Μεσσηνίοις μετὰ τὴν
μάχην πονηρὰ γίνεσθαι τὰ πράγματα ἤρχετο· δαπάνῃ τε γὰρ χρημάτων
ἀπειρήκεσαν, ἃ τῶν πόλεων ἀνήλισκον ἐς τὰς φρουράς, καὶ οἱ δοῦλοι
παρὰ τοὺς Λακεδαιμονίους ηὐτομόλουν, τοῖς δὲ καὶ νόσος ἐνέπεσε καὶ
ταραχὰς μὲν παρέσχεν ὡς εἴη λοιμώδης, οὐ μὴν ἐς ἅπαντάς γε ἐχώρησεν.
Βουλευομένοις δὲ πρὸς τὰ παρόντα ἐδόκει τὰ μὲν πολλὰ πολίσματα τὰ ἐς
μεσόγαιαν πάντα ἐκλείπειν, ἐς δὲ τὸ ὄρος ἀνοικίζεσθαι τὴν Ἰθώμην.
[2] Ἦν δὲ καὶ πόλισμα αὐτόθι οὐ μέγα,
ὃ καὶ Ὅμηρόν φασιν ἔχειν ἐν καταλόγῳ· καὶ Ἰθώμην κλιμακόεσσαν. Ἐς
τοῦτο τὸ πόλισμα ἀνῳκίζοντο, ἐπεκτείνοντες τὸν ἀρχαῖον περίβολον
ἔρυμα εἶναι πᾶσιν αὔταρκες. Ἦν δὲ τὸ χωρίον καὶ ἄλλως ἐχυρόν· ἡ γὰρ
Ἰθώμη μεγέθει τε οὐδενὸς ἀποδεῖ τῶν ὀρῶν ὁπόσα ἐντός ἐστιν ἰσθμοῦ
καὶ δύσβατος κατὰ τοῦτο μάλιστα ἦν.
[3] Ἐδόκει δὲ καὶ θεωρὸν πέμψαι σφίσιν
ἐς Δελφούς. Ἀποστέλλουσιν οὖν Τῖσιν τὸν Ἄλκιδος, καὶ ἀξιώματι
οὐδενὸς ὕστερον καὶ ὅτι προσκεῖσθαι μαντικῇ μάλιστα ἐνομίζετο.
Τοῦτον τὸν Τῖσιν ἐπανιόντα ἐκ Δελφῶν λοχῶσιν ἄνδρες Λακεδαιμονίων
ἀπὸ τῆς ἐν Ἀμφείᾳ φρουρᾶς· λοχήσαντες δὲ -- οὐ γὰρ ὑπεῖκεν
αἰχμάλωτος γενέσθαι -- περιμένοντα οὖν ἀμύνεσθαι καὶ ἀνθεστηκότα
ἐτίτρωσκον, ἐς ὃ γίνεται βοή σφισιν ἐξ ἀφανοῦς « τὸν χρησμοφόρον
μέθες. »
[4] καὶ Τῖσις μὲν ὡς ἀπεσώθη τάχιστα
ἐς Ἰθώμην καὶ τὴν μαντείαν παρὰ τὸν βασιλέα ἀνήνεγκε, μετ' οὐ πολὺ
ὑπὸ τῶν τραυμάτων τελευτᾷ· τοὺς δὲ Μεσσηνίους συναθροίσας ὁ Εὐφαὴς
ἐπεδείκνυ τὸν χρησμόν·
Κόρην ἄχραντον νερτέροισι δαίμοσι,
κλήρῳ λαχοῦσαν Αἰπυτιδῶν ἀφ' αἵματος,
θυηπολεῖτε νυκτέροισιν ἐν σφαγαῖς.
Ἢν δὲ σφαλῆτε, καὶ παρ' ἀλλοίου τότε
θύειν, διδόντος ἐς σφαγὴν ἑκουσίως.
[5] Ταῦτα τοῦ θεοῦ δηλώσαντος αὐτίκα
ἐκληροῦντο ὅσαι παρθένοι τοῦ Αἰπυτιδῶν γένους ἦσαν· καὶ ἐπελάμβανε
γὰρ Λυκίσκου θυγατέρα ὁ κλῆρος, ταύτην Ἐπήβολος ὁ μάντις ἀπηγόρευεν
ὡς οὐ δέοι θύειν, οὐ γὰρ εἶναι Λυκίσκου· τὴν δὲ γυναῖκα ἣ Λυκίσκῳ
συνῴκησεν, ὡς τεκεῖν οὔκουν οἵα τε ἦν, [ἐν τούτῳ] τὴν παῖδα
ὑποβαλέσθαι. Ἐν ὅσῳ δὲ οὗτος ἀνεδίδασκε τὰ ἐς αὐτήν, ἐν τοσῷδε ὁ
Λυκίσκος ἀπαγόμενος ἅμα καὶ τὴν παρθένον ηὐτομόλησεν ἐς Σπάρτην.
[6] Ἐχόντων δὲ ἀθύμως τῶν Μεσσηνίων ὡς
Λυκίσκον ἀποδράντα ᾔσθοντο, ἐνταῦθά σφισιν Ἀριστόδημος ἀνὴρ καὶ
γένους τοῦ Αἰπυτιδῶν καὶ Λυκίσκου τῇ τε ἄλλῃ δόξῃ καὶ τὰ ἐς πόλεμον
ἐπιφανέστερος ἐδίδου τὴν θυγατέρα ἑκὼν θῦσαι. Τὰ δὲ ἀνθρώπων καὶ οὐχ
ἥκιστα τὸ πρόθυμον ἡ πεπρωμένη κατὰ ταὐτὰ ἐπικρύπτει καὶ εἰ ψηφῖδα
ἐπιλαβοῦσα ἰλὺς ποταμοῦ, ὅπου καὶ τότε Ἀριστοδήμῳ διασώσασθαι
Μεσσήνην ἀγώνισμα ποιουμένῳ [τὸ] ἐμπόδιον ἐπήγαγε τοιόνδε.
[7] Ἀνὴρ τῶν Μεσσηνίων -- τὸ δὲ ὄνομα
οὐ λέγουσιν -- ἐρῶν ἔτυχε τοῦ Ἀριστοδήμου τῆς θυγατρός, τότε δὲ ἤδη
ἔμελλε καὶ γυναῖκα ἄξεσθαι. Οὗτος κατ' ἀρχὰς μὲν ἐς ἀμφισβήτησιν
Ἀριστοδήμῳ προῆλθεν, ἐκεῖνον μὲν ἐγγυήσαντά οἱ μηκέτι εἶναι κύριον
τῆς παιδός, αὐτὸς δὲ ἐγγυησάμενος κυριώτερος ἐκείνου γίνεσθαι.
Δεύτερα δὲ ὡς τοῦτο οὐχ ἑώρα οἱ κατορθούμενον, ἐπ' ἀναίσχυντον
τρέπεται λόγον·
[8] ξυγγενέσθαι τε τῇ παιδὶ καὶ κύειν
ἐξ αὐτοῦ. Τέλος δὲ ἐς τοσοῦτον Ἀριστόδημον προήγαγεν ὡς ἐκμανέντα
ὑπὸ τοῦ θυμοῦ τὴν θυγατέρα ἀποκτεῖναι· μετὰ δὲ ἀνέτεμνε καὶ
ἐπεδείκνυεν αὐτὴν οὐκ ἔχουσαν ἐν γαστρί. Παρὼν δὲ Ἐπήβολος ἐκέλευεν
ἄλλον τινὰ τὸν θυγατέρα ἐπιδώσοντα γενέσθαι· τῆς γὰρ τοῦ Ἀριστοδήμου
πλέον εἶναί σφισιν ἀποθανούσης οὐδέν· φονεῦσαι γὰρ τὸν πατέρα αὐτήν,
θεοῖς δὲ οἷς ἡ Πυθία προσέταξεν οὐ θῦσαι.
[9] Τοιαῦτα εἰπόντος τοῦ μάντεως τὸ
πλῆθος τῶν Μεσσηνίων ὥρμησεν ἀποκτενοῦντες τὸν μνηστῆρα τῆς παιδός,
ὡς Ἀριστοδήμῳ τε μίασμα εἰκαῖον προσάψαντα καὶ σφίσι τῆς σωτηρίας
τὴν ἐλπίδα ἀμφίβολον πεποιηκότα. Ἢν δὲ ὁ ἀνὴρ οὗτος ἐς τὰ μάλιστα τῷ
Εὐφαεῖ φίλος· πείθει τοὺς Μεσσηνίους Εὐφαὴς τόν τε χρησμὸν ἔχειν
τέλος ἀποθανούσης τῆς παιδὸς καὶ σφίσιν ἀποχρᾶν τὰ ὑπὸ Ἀριστοδήμου
πεποιημένα.
[10] Λέγοντος δὲ ταῦτα ἔφασαν τὰ ὄντα
λέγειν ὅσοι τοῦ Αἰπυτιδῶν γένους ἦσαν· ἀπεῖναι γάρ σφισι τὸ δέος τὸ
ἐπὶ τῇ θυγατρὶ ἕκαστος ἔσπευδε. Καὶ οἱ μὲν τοῦ βασιλέως τῇ
παραινέσει πειθόμενοι τὴν ἐκκλησίαν διαλύουσι καὶ ἀπ' αὐτῆς πρός τε
θυσίας θεῶν καὶ ἑορτὴν τρέπονται· |
CHAPITRE
X.
Mort d'Euphaès. Ophionéus, devin. Aristodème, roi.
[1] Les Lacédémoniens, ayant eu
connaissance de l'oracle rendu aux Messéniens, tombèrent dans le
découragement, eux et leurs rois, et n'osèrent plus rien
entreprendre ni même livrer bataille. Cependant, la sixième année
après la fuite de Lyciscos, les sacrifices leur ayant offert des
présages favorables, ils marchèrent vers Ithome. Ils n'avaient point
pour cette fois de Crétois avec eux ; les alliés des Messéniens
étaient aussi en retard ; car les Spartiates donnaient déjà de
l'ombrage aux autres peuples du Péloponnèse, et surtout aux
Arcadiens et aux Argiens : aussi ces derniers devaient-ils envoyer
des secours à l'insu des Lacédémoniens, mais des secours
particuliers, qui n'avaient été promis par aucune délibération
publique. Quant aux Arcadiens, ils rassemblaient ouvertement une
armée, mais elle n'était pas non plus arrivée. Néanmoins la
réputation de l'oracle décida les Messéniens à risquer le combat
sans leurs alliés.
[2] Tout se passa à peu près comme
dans la première bataille, et on combattait encore lorsque la nuit
vint. On ne dit cependant pas qu'aucune des ailes, qu'aucun
bataillon ait été forcé de plier ; mais on convient que les armées
ne conservèrent point l'ordre dans lequel elles s'étaient rangées,
car de chaque côté, les plus braves s'avancèrent les uns contre les
autres au milieu du champ de bataille ; là fut le plus fort du
combat.
[3] Euphaès qui s'exposant plus qu'il
ne convenait à un roi, s'acharnait sans précaution sur Théopompe et
sur ceux qui l'entouraient, reçut plusieurs blessures mortelles. Les
Lacédémoniens, le voyant tomber sans connaissance quoiqu'il respirât
encore, firent les derniers efforts pour s'emparer de sa personne :
mais enchaînés par leur amour pour leur roi, par le sentiment de
l'opprobre dont ils se couvriraient en le laissant au pouvoir des
ennemis, les Messéniens s'animèrent et résolurent de périr plutôt
sur son corps que de lui survivre en l'abandonnant.
[4] Ainsi Euphaès, par sa chute même,
prolongea le combat, et donna aux uns et aux autres l'occasion de
faire de nouveaux prodiges de valeur. Il reprit bientôt
connaissance, et apprit que dans cette extrémité, ses troupes
n'avaient point fléchi. Il mourut peu de jours après, ayant régné
sur les Messéniens treize ans, durant lesquels il avait toujours eu
la guerre avec les Lacédémoniens.
[5] Comme il ne laissa point
d'enfants, il fallut que le peuple s'occupât du choix d'un
souverain. Cléonnis et Damis, tous deux distingués par de grandes
qualités et par leurs talents militaires, se présentèrent pour
disputer la couronne à Aristodème ; car pour Antandros, il avait été
tué en défendant Euphaès. Les deux devins Epébolus et Ophionéus
s'accordaient à dire qu'il ne fallait pas donner la dignité d'Epytus
et de ses descendants à un homme souillé du sang de sa fille ;
[6] mais Aristodème n'en fut pas moins
élu roi. Ophionéus, l'un de ces devins était aveugle de naissance ;
sa manière de prédire consistait à s'informer d'abord de ce qui
s'était passé, pour annoncer en conséquence au peuple, ou aux
particuliers, ce qui devait leur arriver. Aristodème monté sur le
trône, continua de se rendre agréable au peuple, sans blesser
l'ordre ; il traitait avec distinction les principaux Messéniens,
surtout Cléonnis et Damis ; et pour cultiver aussi l'amitié des
alliés, il envoyait des présents aux principaux de l'Arcadie, à
Argos et à Sicyone.
[7] D'abord on se borna sous son
règne, à une guerre de brigandage, en allant piller en petites
bandes ; et en faisant des incursions les uns chez les autres,
principalement à l'époque des moissons. Quelques Arcadiens même
prirent part aux courses que les Messéniens firent dans la Laconie ;
quant aux Argiens, ne voulant pas manifester d'avance la haine
qu'ils portaient aux Spartiates, ils se contentaient de se préparer
pour se trouver à la bataille, s'il venait à s'en livrer une. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ι'.
Εὐφάους θάνατος. Ὀφιονεὺς μάντις. Ἀριστόδημος
βασιλεύς.
X. [1] Λακεδαιμόνιοι δὲ ἀκούσαντες τὸν
γενόμενον Μεσσηνίοις χρησμὸν ἀθύμως διέκειντο καὶ αὐτοὶ καὶ οἱ
βασιλεῖς ἔς τε τὰ λοιπὰ καὶ ἄρχειν ὀκνοῦντες μάχης. Ἔτει δὲ ἕκτῳ
μετὰ τὸν ἐξ Ἰθώμης Λυκίσκου δρασμὸν οἱ Λακεδαιμόνιοι -- τὰ γὰρ ἱερὰ
ἐγίνετο αὐτοῖς αἴσια --στρατεύουσιν ἐπὶ τὴν Ἰθώμην· οἱ δὲ Κρῆτες
οὐκέτι παρόντες σφίσιν ἔτυχον. Ὑστέρησαν δὲ καὶ οἱ τῶν Μεσσηνίων
σύμμαχοι -- δι' ὑποψίας γὰρ οἱ Σπαρτιᾶται καὶ ἄλλοις ἤδη
Πελοποννησίων καὶ Ἀρκάσιν ἦσαν καὶ Ἀργείοις μάλιστα -- καὶ οἱ μὲν
Ἀργεῖοι κρύφα ἔμελλον τῶν Λακεδαιμονίων ἀφίξεσθαι καὶ ἰδίᾳ δὴ μᾶλλον
μετὰ δόγματος κοινοῦ, τοῖς δὲ Ἀρκάσιν ἡ στρατεία μὲν ἀνείρητο ἐκ τοῦ
φανεροῦ, παρέτυχον δὲ οὐδ' οὗτοι. Τοὺς γὰρ Μεσσηνίους καὶ ἄνευ
συμμάχων κινδυνεῦσαι προήγαγεν ἡ δόξα τοῦ χρησμοῦ.
[2] Τὰ μὲν οὖν πολλὰ οὐδέν τι ἐγένετο
διάφορα ἢ καὶ ἐπὶ τῆς προτέρας μάχης, ἥ τε ἡμέρα καὶ τότε μαχομένους
προαπέλιπεν· οὐ μέντοι βιασθῆναί γε οὐδέτερον κέρας ἢ καὶ λόχον
μνημονεύουσιν, ἐπεὶ μηδὲ τὴν τάξιν, ὡς ἀπ' ἀρχῆς ἐτάχθησαν,
συμμεῖναί φασιν, ἀλλ' ἀφ' ἑκατέρων τοὺς ἀρίστους συνελθόντας ἐς τὸ
μεσαίτατον ἐνταῦθα τὸν πάντα ἔχειν πόνον.
[3] Ὁ γὰρ Εὐφαὴς πλέον τι ἢ βασιλέα
εἰκὸς ἦν προθυμούμενος καὶ ἀφειδῶς τοῖς περὶ τὸν Θεόπομπον
ἐγκείμενος τραύματα [τε] πολλά τε καὶ οὐκ ἰάσιμα λαμβάνει·
λιποψυχήσαντα δὲ αὐτὸν καὶ πεσόντα οἱ Λακεδαιμόνιοι καὶ ὀλίγον ὅμως
ἐμπνέοντα ἐποιοῦντο παρ' αὑτοὺς ἑλκύσαι σπουδήν. Ἐπήγειρε δὲ καὶ
τοὺς Μεσσηνίους ἥ τε ἐς τὸν Εὐφαῆ προϋπάρχουσα εὔνοια καὶ τὰ ὀνείδη
τὰ μέλλοντα· φονευομένοις τε ὑπὲρ τοῦ βασιλέως ἄμεινόν σφισιν
ἐφαίνετο προί̈εσθαι τὰς ψυχὰς ἢ ἐκεῖνον προεμένων ἀποσωθῆναί τινα.
[4] Τότε μὲν δὴ πεσὼν ὁ Εὐφαὴς τήν τε
μάχην ἐπεμήκυνε καὶ προήγαγεν ἐς πλέον παρὰ ἑκατέρων τὰ τολμήματα·
ὕστερον δὲ ἀνήνεγκε μὲν καὶ ᾔσθετο ὅτι οὐκ ἔλαττον ἐσχήκασιν ἐν τῷ
ἔργῳ, ἡμέραις δὲ οὐ πολλαῖς ἀποθνήσκει, βασιλεύσας Μεσσηνίων τρία
ἔτη καὶ δέκα καὶ πολεμήσας Λακεδαιμονίοις τὸν πάντα τῆς βασιλείας
χρόνον.
[5] Εὐφαεῖ δὲ οὐκ ὄντων παίδων τὸν
αἱρεθέντα ὑπὸ τοῦ δήμου κατελείπετο ἔχειν τὴν ἀρχήν, Κλέοννίς τε καὶ
Δᾶμις ἐς ἀμφισβήτησιν Ἀριστοδήμῳ προῆλθον, τά τε ἄλλα καὶ τὰ ἐς
πόλεμον διαφέρειν νομιζόμενοι· τὸν δὲ Ἄντανδρον οἱ πολέμιοι
κατειργάσαντο ἐν τῇ μάχῃ προκινδυνεύοντα Εὐφαοῦς. Ἦσαν δὲ καὶ τῶν
μάντεων αἱ γνῶμαι κατὰ ταὐτὰ ἀμφοτέρων, Ἐπηβόλου καὶ Ὀφιονέως, μὴ
σφᾶς ἀνδρὶ ἐναγεῖ καὶ θυγατρὸς μίασμα ἐπικειμένῳ δοῦναι τὴν Αἰπύτου
καὶ τῶν ἀπογόνων τιμήν·
[6] ᾑρέθη δὲ ὅμως καὶ ἐβασίλευσεν
Ἀριστόδημος. Ὁ δὲ Ὀφιονεὺς οὗτος ὁ τῶν Μεσσηνίων μάντις τυφλὸς ὢν
εὐθὺς ἐκ γενετῆς μαντικήν τινα εἶχε τοιαύτην· πυνθανόμενος τὰ
γινόμενα ἑκάστοις ἰδίᾳ τε καὶ ἐν κοινῷ προέλεγεν οὕτω τὰ μέλλοντα.
Οὗτος μὲν τρόπον ἐμαντεύετο τὸν εἰρημένον, Ἀριστόδημος δὲ βασιλεύσας
τῷ τε δήμῳ διέμεινε τὰ εἰκότα χαρίζεσθαι προθυμούμενος καὶ τοὺς ἐν
τέλει τούς τε ἄλλους καὶ μάλιστα Κλέοννιν καὶ Δᾶμιν ἦγεν ἐν τιμῇ·
διὰ θεραπείας δὲ εἶχε καὶ τὰ τῶν συμμάχων, Ἀρκάδων τε τοῖς δυνατοῖς
καὶ ἐς Ἄργος καὶ Σικυῶνα ἀποστέλλων δῶρα.
[7] Τὸν δὲ πόλεμον ἐπὶ τῆς Ἀριστοδήμου
βασιλείας ἐπολέμουν λῃστείαις τε κατ' ὀλίγους ἀεὶ καὶ περὶ τὴν
ὡραίαν καταδρομαῖς ἐς τὴν ἀλλήλων χρώμενοι, συνεσέβαλλον δὲ καὶ παρὰ
τῶν Ἀρκάδων τοῖς Μεσσηνίοις ἐς τὴν Λακωνικήν· Ἀργεῖοι δὲ προαναφῆναι
μὲν τὸ ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους ἔχθος οὐκ ἠξίουν, γινομένου δὲ ἀγῶνος
παρεσκευάζοντο ὡς μεθέξοντες. |
CHAPITRE XI.
Alliés des Lacédémoniens et des Messéniens.
Bataille.
[1] La cinquième année du règne
d'Aristodème, les deux peuples, fatigués de la durée de cette guerre
et des dépenses qu'elle entraînait, convinrent d'en venir à une
bataille. De part et d'autre leurs alliés les secondèrent.
Toutefois, des peuples du Péloponnèse, les Corinthiens seuls prirent
les armes pour Lacédémone. Les Arcadiens vinrent avec toutes leurs
forces au secours des Messéniens, qui reçurent aussi quelques
troupes d'élite de Sicyone et d'Argos. Les Lacédémoniens, ayant
placé au centre les Corinthiens, les Ilotes et toutes les troupes
des pays circonvoisins qui avaient pris les armes avec eux, se
mirent aux deux ailes avec leurs rois, et formèrent une phalange
plus profonde et plus serrée que jamais ils ne l'avaient fait.
[2] Quant à Aristodème, voici comment
il disposa ses troupes. Après avoir choisi les meilleures armes, il
les distribua à ceux des Messéniens fit des Arcadiens qui en étaient
mal pourvus, mais qui joignaient la force du corps à l'intrépidité.
Lorsqu'on en fut au moment de l'action, il les rangea en bataille
avec les Argiens et les Sicyoniens ; il donna beaucoup de front et
peu de profondeur à cette phalange, pour que les ennemis ne pussent
pas l'envelopper, et il prit la précaution de l'adosser au mont
Ithome. Il en confia le commandement à Cléonnis,
[3] et retint avec Damis celui des
troupes légères parmi lesquelles se trouvaient quelques archers et
quelques gens armés de frondes, mais dont le plus grand nombre était
d'hommes très propres par leur agilité à fondre à l'improviste sur
l'ennemi, et à faire une prompte retraite. Ils étaient armés à
la légère, n'ayant chacun que la cuirasse ou le bouclier ; ceux qui
n'avaient ni l'un ni l'autre, étaient couverts de peaux de chèvres
ou de brebis ; quelques-uns même, surtout les montagnards de
l'Arcadie, de peaux de bêtes féroces, comme de loup ou d'ours.
[4] Ils étaient armés, chacun de
plusieurs traits, et quelques uns de lances. Ils se mirent tous en
embuscade dans les endroits du mont Ithome où ils pouvaient être le
moins en vue. Les Messéniens et leurs alliés qui formaient la
phalange soutinrent avec beaucoup de valeur le premier choc des
Lacédémoniens, et n'en montrèrent pas moins pendant tout le combat.
Inférieurs en nombre, ils étaient du moins tous gens d'élite, tandis
que l'armée Lacédémonienne était une multitude sans choix. Les
Messéniens, supérieurs en courage et en habileté dans l'art
militaire, tinrent donc tête longtemps.
[5] Cependant leurs troupes légères à
un signal donné, fondirent sur les Lacédémoniens et les prenant de
côté, les accablèrent de traits : quelques uns plus hardis encore
s'approchaient d'eux et en venaient aux mains. Les Lacédémoniens,
quoiqu'ils ne s'attendissent point à cette nouvelle attaque,
gardèrent leurs rangs, et pour se défendre, se tournèrent contre ces
agresseurs : mais cette troupe agile s'échappait aisément, et les
laissait dans un embarras extrême qui se changea bientôt en fureur ;
car il est dans la nature de l'homme de s'irriter des revers non
mérités.
[6] Ceux des Spartiates qui avaient
reçu des blessures, et ceux qui se trouvaient exposés les premiers
aux escarmouches, à mesure que la mort de leurs compagnons
dégarnissait le flanc de l'armée, s'élançaient hors du rang à
l'aspect de l'ennemi, et dans leur colère, le poursuivaient fort
loin : mais les Messéniens, fidèles au même système de manoeuvres,
les accablaient de coups et de traits tant qu'ils les voyaient
immobiles, se hâtaient de fuir au premier mouvement qui s'opérait
pour leur poursuite, et de nouveau fondaient sur les Spartiates dès
que ceux-ci retournaient sur leurs pas.
[7] Tandis que les troupes légères des
Messéniens attaquaient de toutes parts les phalanges ennemies, leurs
hoplites et ceux de leurs alliés les pressaient de front avec la
plus grande audace ; ainsi excédés de fatigue par la longueur du
combat, accablés de blessures et mis en désordre, contre leur
coutume, par ces troupes légères, les Spartiates rompirent enfin
leurs rangs, se mirent en fuite, et n'en furent que plus maltraités.
[8] Il n'est pas possible de connaître
la perte que les Lacédémoniens essuyèrent dans ce combat, mais je
crois qu'elle fut très considérable. Tous les autres regagnèrent
leur pays sans être inquiétés, à l'exception pourtant des
Corinthiens, à qui la retraite dut être très difficile, puisqu'ils
ne pouvaient la faire qu'à travers le pays des Argiens, ou celui des
Sicyoniens, peuples qui étaient tous deux leurs ennemis. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΑ'.
Κακεδαιμονίων καὶ Μεσσηνίων σύμμαχοι. Μάχη.
XI. [1] Πέμπτῳ δὲ ἔτει τῆς Ἀριστοδήμου
μελλόντων ἐκ προρρήσεως συμβολὴν ποιήσεσθαι--τῷ τε γὰρ μήκει τοῦ
πολέμου καὶ τοῖς δαπανήμασιν ἀπειρήκεσαν--οὕτω παρεγένοντο
ἀμφοτέροις καὶ οἱ σύμμαχοι, Λακεδαιμονίοις μὲν Κορίνθιοι
Πελοποννησίων μόνοι, τοῖς δὲ Μεσσηνίοις οἵ τε Ἀρκάδες πανστρατιᾷ καὶ
Ἀργείων καὶ Σικυωνίων λογάδες. Λακεδαιμόνιοι μὲν οὖν Κορινθίοις καὶ
τοῖς εἵλωσι καὶ ὅσοι περίοικοι συνεστρατεύοντο τὸ μέσον
ἐπιτρέψαντες, ἐπὶ τοῖς κέρασιν αὐτοί τε καὶ οἱ βασιλεῖς ἐτάσσοντο
βαθείᾳ τε ὡς οὔπω πρότερον καὶ πυκνῇ τῇ φάλαγγι.
[2] Τῷ δὲ Ἀριστοδήμῳ καὶ τοῖς περὶ
αὐτὸν διετάχθη τὰ ἐς τὴν μάχην οὕτως. Ὅσοι τῶν Ἀρκάδων ἢ τῶν
Μεσσηνίων τὰ μὲν σώματα ἦσαν ἐρρωμένοι καὶ ἀγαθοὶ τὰς ψυχάς, ὅπλα δὲ
οὐκ εἶχον ἰσχυρά, τούτοις τῶν ὅπλων τὰ χρησιμώτατα ἐπέλεξε, καὶ ὡς
τὸ ἔργον ἤπειγεν, ὁμοῦ τοῖς Ἀργείοις καὶ Σικυωνίοις καὶ τούτους
ἔτασσε· τὴν δὲ φάλαγγα ἐπὶ πλέον ἥπλωσεν, ὡς μὴ κυκλωθεῖεν ὑπὸ τῶν
ἐναντίων. Προείδετο δὲ καὶ ὅπως τεταγμένοις σφίσι τὸ ὄρος ἡ Ἰθώμη
κατὰ νώτου γίνοιτο. Καὶ τούτοις μὲν Κλέοννιν ἐπέταξεν ἡγεμόνα·
[3] αὐτὸς δὲ καὶ ὁ Δᾶμις ὑπέμενον
ἔχοντες τοὺς ψιλούς, σφενδονήτας μὲν ἢ τοξότας ὀλίγους, ὁ δὲ ὄχλος ὁ
πολὺς τοῖς τε σώμασιν ἦσαν ἐς τὰς ἐπιδρομὰς καὶ ἀναχωρήσεις
ἐπιτήδειοι καὶ τῇ ὁπλίσει κοῦφοι· θώρακα γὰρ ἢ ἀσπίδα εἶχεν ἕκαστος,
ὅσοι δὲ ἠπόρουν τούτων, περιεβέβληντο αἰγῶν νάκας καὶ προβάτων, οἱ
δὲ καὶ θηρίων δέρματα καὶ μάλιστα οἱ ὀρεινοὶ τῶν Ἀρκάδων λύκων τε
καὶ ἄρκτων.
[4] Ἀκόντια δὲ ἕκαστος πολλά, οἱ δὲ
καὶ λόγχας αὐτῶν ἔφερον. Καὶ οὗτοι μὲν ἐλόχων τῆς Ἰθώμης ἔνθα
ἔμελλον ἥκιστα ἔσεσθαι σύνοπτοι· οἱ δὲ ὁπλῖται τῶν Μεσσηνίων καὶ
συμμάχων τήν τε ἔφοδον τὴν πρώτην τῶν Λακεδαιμονίων ὑπέμειναν καὶ
μετὰ τοῦτο ἦσαν ἤδη καὶ τὰ ἄλλα ἀνδρεῖοι. Ἀριθμῷ μὲν δὴ τῶν ἐναντίων
ἀπελείποντο, λογάδες δὲ ὄντες ἐμάχοντο πρὸς δῆμον καὶ οὐχ ὁμοίως
πρὸς κρείττους, ᾗ καὶ μᾶλλον τῇ τε ἄλλῃ προθυμίᾳ καὶ ταῖς ἐμπειρίαις
ἐπὶ πολὺ ἀντεῖχον.
[5] Ἐνταῦθα καὶ ὁ στρατὸς τῶν
Μεσσηνίων ὁ εὔζωνος, ἀφ' οὗ καὶ τούτοις ἤρθη τὰ σημεῖα, ἐχρῶντο ἐπὶ
τοὺς Λακεδαιμονίους δρόμῳ καὶ περιστάντες ἠκόντιζον ἐς τὰ πλάγια·
ὅσοις δὲ καὶ ἐπὶ πλέον μετῆν τόλμης, προσέθεόν τε καὶ ἔτυπτον ἐκ
χειρός. Οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι, κίνδυνόν σφισι δεύτερον ἐν τῷ αὐτῷ καὶ
οὕτως ἀνέλπιστον ὁρῶντες παρόντα, ὅμως οὔτε ἐταράχθησαν
ἐπιστρεφόμενοί τε ἐς τοὺς ψιλοὺς ἀμύνεσθαι μὲν ἐπειρῶντο, διὰ δὲ τὴν
κουφότητα οὐ χαλεπῶς ἀποφευγόντων ἀπορία τοῖς Λακεδαιμονίοις καὶ ἀπ'
αὐτῆς ἤδη καὶ ὀργὴ γίνεται.
[6] Πεφύκασι δέ πως οἱ ἄνθρωποι
μάλιστα ἔχειν ἀκρατῶς πρὸς τὰ παρ' ἀξίαν· καὶ δὴ καὶ τότε οἵ τε ἤδη
τραύματα τῶν Σπαρτιατῶν εἰληφότες καὶ ὅσοι κειμένων τῶν παραστατῶν
ἐγίνοντο πρὸς τὴν ἔφοδον τῶν ψιλῶν πρῶτοι προεξέθεόν τε, ὁπότε
ἴδοιεν ἐπιφερομένους τοὺς ψιλούς, καὶ ὑπὸ θυμοῦ μακροτέρας τὰς
διώξεις ἐποιοῦντο ἀποχωρούντων. Οἱ δὲ ψιλοὶ τῶν Μεσσηνίων ὡς τὸ
πρῶτον ἤρξαντο, κατὰ χώραν τε μένοντας ἔτυπτον καὶ ἐσηκόντιζον καὶ
διωκόντων ἔφθανον ἀποφεύγοντες καὶ πειρωμένοις ἀναστρέφειν αὖθις
ἐπῄεσαν.
[7] Ταῦτα δὲ ἔδρων σποράδην καὶ ἄλλοι
κατ' ἄλλο τῆς τῶν ἐναντίων τάξεως· οἵ τε ὁπλῖται τῶν Μεσσηνίων καὶ
συμμάχων θρασύτερον ἐν τῷ τοιῷδε τοῖς κατὰ στόμα αὐτῶν ἐπέκειντο.
Τέλος δὲ οἱ Λακεδαιμόνιοι τῷ τε χρόνῳ καὶ τοῖς τραύμασιν
ἀπαγορεύοντες καὶ ἅμα παρὰ τὸ εἰωθὸς ὑπὸ τῶν ψιλῶν ταρασσόμενοι
διαλύουσι τὴν τάξιν· τραπέντων δέ, ἐνταῦθά σφισι πλείω παρεῖχον κακὰ
οἱ ψιλοί.
[8] Τοὺς δὲ τῶν Λακεδαιμονίων
διαφθαρέντας ἐν τῇ μάχῃ συλλαβεῖν μὲν οὐχ οἷά τε ἦν ἀριθμῷ, πείθομαι
δὲ εἶναι καὶ αὐτὸς πολλούς. Ἡ δὲ οἴκαδε ἀναχώρησις τοῖς μὲν ἄλλοις
καθ' ἡσυχίαν, Κορινθίοις δὲ ἔμελλεν ἔσεσθαι χαλεπή· διὰ πολεμίας γὰρ
ἐγίνετο ὁμοίως διά τε τῆς Ἀργείας πειρωμένοις καὶ παρὰ Σικυῶνα
ἀνασωθῆναι. |
CHAPITRE XII.
Oracle donné aux Lacédémoniens. Oracle donne aux
Messéniens. Lyciscus. Prêtresse de Junon. Autre oracle. Ebalus.
[1] Les Lacédémoniens très affligés de
cette défaite et de la perte de tant d'hommes distingués, qui
avaient été tués tombèrent dans le découragement, et désespérant du
succès de cette guerre, ils envoyèrent à Delphes des députés, à qui
la Pythie fit la réponse suivante : Phébus ne vous a pas
dit de compter uniquement sur la force de vos armes ; c'est par la
ruse qu'un autre possède le pays de Messène ; c'est par une ruse
pareille qu'il sera conquis.
[2] En recevant cette réponse, les
rois et les éphores auraient bien voulu trouver quelque stratagème,
mais il ne leur en venait aucun dans l'esprit ; réduits à imiter
celui qu'Odysseus avait employé contre Troie, ils firent partir pour
Ithome cent hommes qui, s'y présentant comme déserteurs, devaient
examiner ce que faisaient les Messéniens : on les bannit même avec
éclat pour donner plus de vraisemblance à leur désertion. Mais à
peine se furent-ils présentés, qu'Aristodème les renvoya, en disant
que les crimes des Lacédémoniens étaient nouveaux, mais que leurs
ruses étaient vieilles.
[2] Cette tentative n'ayant pas
réussi, les Lacédémoniens cherchèrent à mettre la désunion entre les
Messéniens et leurs alliés. Des ambassadeurs se rendirent d'abord
dans l'Arcadie, y firent des propositions qu'on n'écouta point, et
ne crurent pas devoir les porter à Argos. Instruit de leurs menées,
Aristodème envoya aussi consulter l'oracle de Delphes, et la Pythie
répondit :
[4] Les Dieux vous donnent
tout l'honneur de cette guerre, mais tenez vous en garde contre la
fraude, et craignez que les bataillons ennemis n'obtiennent la
victoire par trahison. Mars rendra leurs armes triomphantes, et
plongera dans la tristesse les habitants de vos murs, lorsque d’eux
sortiront ensemble de leur embuscade secrète, mais la guerre ne
finira que lorsque la nature aura rétabli l'ordre.
Aristodème et ses devins ne surent pas
pour le moment ce que voulait dire l'oracle, mais les dieux devaient
en dévoiler le sens et lui donner son accomplissement peu d'années
après.
[5] Dans ces entrefaites, il se passa
d'autres événements chez les Messéniens. Lyciscus, qui, fuyant de
Messène avec sa fille, s'était établi à Sparte, eut le malheur de la
perdre, et comme il venait souvent à son tombeau, quelques cavaliers
Arcadiens se mirent aux aguets dans les environs et le prirent.
Amené à Ithome, et conduit devant l'assemblée, il essaya de se
justifier, en disant qu'il n'avait point quitté sa patrie pour la
trahir, mais que, persuadé par les discours du devin, il avait cru,
que cette fille n'était pas la sienne.
[6] Cette apologie n'inspirait pas
beaucoup de confiance, lorsque la prêtresse de Junon, alors en
exercice, vint au théâtre où se tenait l'assemblée et s'avoua la
mère de cette fille : elle l'avait, disait-elle, donnée à la femme
de Lyciscus, et celle-ci s'en était déclarée la mère. Je viens,
ajouta-t-elle, vous dévoiler ce secret, et me démettre du sacerdoce.
Ces dernières paroles tiennent un usage qui exigeait, chez les
Messéniens, que toute personne, homme ou femme, revêtue d'un
sacerdoce, s'en démît, si un de ses enfants venait à mourir avant
elle. Convaincus de la vérité de ce que venait de dire cette femme,
les Messéniens choisirent une autre prêtresse, et convinrent que
Lyciscus était excusable d'en avoir agi ainsi.
[7] Quelques temps après, et dans la
vingtième année de la guerre, les Messéniens jugèrent à propos
d'envoyer de nouveau demander à l'oracle de Delphes s'ils finiraient
par obtenir la victoire. La Pythie leur répondit : Les
dieux donneront le pays de Messène à ceux qui placeront les premiers
cent trépieds autour de l'autel de Jupiter Ithomate ; ce dieu l'a
décidé ainsi. Le Lacédémonien par la fraude, les placera avant toi,
mais la punition suivra, et il ne pourrra tromper les dieux. Fais ce
que le destin ordonne ; la vengeance divine frappe d'abord les uns,
ensuite les autres.
[8] Les Messéniens accueillirent cet
oracle comme favorable ; ils crurent qu'il annonçait que la guerre
se terminerait à leur avantage. Le temple de Jupiter Ithomate étant
dans l'intérieur de leurs murs, il paraissait impossible que les
Lacédémoniens y consacrassent des trépieds avant eux ; et comme il
ne leur restait plus assez d'argent pour en faire en bronze, ils en
commandèrent en bois. Quelque Delphien ayant communiqué cet oracle
aux Spartiates, ils délibérèrent en commun sans pouvoir trouver
aucun expédient ;
[9] alors, un certain Ebalus, homme
d'une classe obscure, mais doué d'une grande sagacité, dont il donna
la preuve en cette occasion, fit, tant bien que mal, cent trépieds
de terre, les cacha dans un sac, et prenant des filets comme un
chasseur, se mêla aux gens de la campagne et entra avec eux dans
Ithome : il ne lui fut pas difficile de se cacher aux Messéniens,
lui qui était inconnu même à la plupart des Lacédémoniens. A peine
la nuit venue, il offrit ses trépieds aux dieux, et retourna sur le
champ à Sparte annoncer ce qu'il venait de faire.
[10] La vue de ces trépieds alarma les
Messéniens ; ils se doutèrent bien que c'était une ruse
Lacédémonienne : cependant, Aristodème les consola par toutes les
paroles qu'une pareille circonstance peut permettre, mais surtout en
plaçant autour de l'autel les trépieds de bois, qui se trouvaient
faits. A cette même époque, le devin Ophionéos, qui était aveugle de
naissance, recouvra la vue de la manière la plus étrange : il lui
prit un violent mal de tête, à la suite duquel ses yeux s'ouvrirent
à la lumière. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΒ'.
Χρησμὸς Λακεδαιμονίοις δοθείς. Χρησμὸς Μεσσηνιοις
δοθείς. Λυκίσκος, ἕρεαια τῆς Ἥρας. Ἄλλος χρησμός. Οἰβάλος.
XII. Λακεδαιμονίους δὲ ἐλύπει μὲν καὶ
τὸ γεγονὸς πταῖσμα, τεθνεώτων ἐν τῇ μάχῃ πολλῶν τε καὶ ἀξίων λόγου,
παρίστατο δὲ καὶ ἐς τὴν πᾶσαν ἐλπίδα τοῦ πολέμου σφίσιν ἀθύμως
ἔχειν· καὶ διὰ τοῦτο θεωροὺς ἀποστέλλουσιν ἐς Δελφούς. Τούτοις
ἐλθοῦσιν ἡ Πυθία χρᾷ τάδε·
Οὔ σε μάχης μόνον ἔργ' ἐφέπειν χερὶ Φοῖβος ἄνωγεν,
ἀλλ' ἀπάτῃ μὲν ἔχει γαῖαν Μεσσηνίδα λαός,
ταῖς δ' αὐταῖς τέχναισιν ἁλώσεται αἷσπερ ὑπῆρξεν.
[2] [Ὁ] πρὸς ταῦτα τοῖς βασιλεῦσι καὶ
τοῖς ἐφόροις τέχνας μὲν [οὖν] προθυμουμένοις οὐκ ἐγίνετο ἀνευρεῖν·
οἱ δὲ Ὀδυσσέως τῶν ἔργων ἀπομιμούμενοι τὸ ἐπὶ Ἰλίῳ πέμπουσιν ἄνδρας
ἑκατὸν ἐς Ἰθώμην συνήσοντας ἃ μηχανῶνται, λόγῳ δὲ αὐτομόλους· ἦν δὲ
καὶ φυγὴ τῶν ἀνδρῶν ἐκ τοῦ φανεροῦ κατεγνωσμένη. Τούτους ἥκοντας
ἀπέπεμπεν αὐτίκα Ἀριστόδημος, Λακεδαιμονίων φήσας τὰ ἀδικήματα καινὰ
εἶναι, τὰ δὲ σοφίσματα ἀρχαῖα.
[3] Ἁμαρτόντες δὲ οἱ Λακεδαιμόνιοι τοῦ
ἐγχειρήματος δεύτερα ἐπειρῶντο τῶν Μεσσηνίων διαλῦσαι τὸ συμμαχικόν·
ἀντειπόντων δὲ τῶν Ἀρκάδων --παρὰ γὰρ τούτους πρότερον ἀφίκοντο οἱ
πρέσβεις --οὕτω τὴν ἐπ' Ἄργος ἐπέσχον πορείαν. Ἀριστόδημος δὲ
πυνθανόμενος τὰ πρασσόμενα ὑπὸ τῶν Λακεδαιμονίων πέμπει καὶ αὐτὸς
ἐρησομένους τὸν θεόν, ἡ δὲ Πυθία σφίσιν ἔχρησε·
[4] Κῦδός σοι
πολέμοιο διδοῖ θεός· ἀλλ' ἀπάταισι
φράζεο μὴ Σπάρτης δόλιος λόχος ἐχθρὸς ἀνέλθῃ
κρείσσων· ἦ γὰρ Ἄρης κείνων εὐήρεα τεύχη
καί χορῶν στεφάνωμα πικροὺς οἰκήτορας ἕξει,
τῶν δύο συντυχίαις κρυπτὸν λόχον ἐξαναδύντων.
Οὐ πρόσθεν δὲ τέλος τόδ' ἐπόψεται ἱερὸν ἦμαρ,
πρὶν τὰ παραλλάτα φύσιν τὸ[ξαν] χρεὼν ἀφίκηται.
Τότε μὲν δὴ Ἀριστόδημος καὶ οἱ μάντεις
ἀπείρως εἶχον συμβαλέσθαι τὸ εἰρημένον· ἔτεσι δὲ ὕστερον οὐ πολλοῖς
ἀναφαίνειν τε καὶ ἐς τέλος ἄξειν ἔμελλεν ὁ θεός.
[5] Ἕτερα δὲ ἐν τῷ τότε τοῖς
Μεσσηνίοις συνέβαινε τοιαῦτα. Λυκίσκου μετοικοῦντος ἐν Σπάρτῃ τὴν
θυγατέρα ἐπέλαβεν ἀποθανεῖν, ἣν ἅμα ἀγόμενος ἔφυγεν ἐκ Μεσσήνης.
Πολλάκις δὲ αὐτὸν φοιτῶντα ἐπὶ τὸ μνῆμα τῆς παιδὸς λοχήσαντες ἱππεῖς
τῶν Ἀρκάδων αἱροῦσιν· ἀναχθεὶς δὲ ἐς τὴν Ἰθώμην καὶ ἐς ἐκκλησίαν
καταστὰς ἀπελογεῖτο ὡς οὐ προδιδοὺς τὴν πατρίδα ἀποχωρήσαι,
πειθόμενος δὲ τοῖς ῥηθεῖσιν ὑπὸ τοῦ μάντεως ἐς τὴν παῖδα ὡς οὖσαν οὐ
γνησίαν.
[6] Ταῦτα ἀπολογούμενος οὐ πρότερον
ἔδοξεν ἀληθῆ λέγειν πρὶν ἢ παρῆλθεν ἐς τὸ θέατρον ἡ τὴν ἱερωσύνην
τότε τῆς Ἥρας ἔχουσα. Αὕτη δὲ τεκεῖν τε τὴν παῖδα ὡμολόγει καὶ τῇ
Λυκίσκου γυναικὶ ὑποβαλέσθαι δοῦναι· « Νῦν δὲ » ἔφη « τό τε
ἀπόρρητον ἐκφαίνουσα ἥκω καὶ παύσουσα ἐμαυτὴν ἱερωμένην. » Ταῦτα δὲ
ἔλεγεν, ὅτι ἦν ἐν τῇ Μεσσήνῃ καθεστηκός, ἢν γυναικὸς ἱερωμένης ἢ καὶ
ἀνδρὸς προαποθάνῃ τις τῶν παίδων, ἐς ἄλλον τὴν ἱερωσύνην μεταχωρεῖν.
Νομίζοντες οὖν τὴν γυναῖκα ἀληθῆ λέγειν, τῇ θεῷ τε εἵλοντο
ἱερατευσομένην ἀντ' ἐκείνης καὶ Λυκίσκον συγγνωστὰ ἔφασαν εἰργάσθαι.
[7] Μετὰ δὲ ταῦτα ἐδόκει σφίσι -- καὶ
γὰρ εἰκοστὸν ἔτος ἐπῄει τῷ πολέμῳ -- πέμπειν αὖθις ἐς Δελφοὺς
ἐρησομένους ὑπὲρ νίκης. Ἐρομένοις δὲ ἔχρησεν ἡ Πυθία·
Τοῖς τρίποδας περὶ βωμὸν Ἰθωμάτᾳ Διὶ πρώτοις
στήσασιν δεκάδων ἀριθμὸν δὶς πέντε δίδωσι
σὺν κύδει πολέμου γαῖαν Μεσσηνίδα δαίμων.
Ζεὺς γὰρ ἔνευσ' οὕτως. Ἁπάτη δέ σε πρόσθε τίθησιν
ἥ τ' ὀπίσω τίσις ἐστί, καὶ ἔνθεον ἐξαπατῴης.
Ἕρδ' ὅππῃ τὸ χρεών· ἄτη δ' ἄλλοισι πρὸ ἄλλων.
[8] Ταῦτ' ἀκούσαντες γεγονέναι τε
ἡγοῦντο ὑπὲρ αὑτῶν τὴν μαντείαν καὶ σφίσι διδόναι τοῦ πολέμου
κράτος· οὐ γὰρ αὐτῶν γε ἐχόντων ἐντὸς τείχους τοῦ Ἰθωμάτα τὸ ἱερὸν
Λακεδαιμονίους προτέρους ἀναθέντας φθήσεσθαι. Καὶ οἱ μὲν ξυλίνους
κατασκευάσεσθαι τρίποδας ἔμελλον, οὐ γάρ σφισι περιῆν χρήματα ὡς
χαλκοῦς ποιήσασθαι· τῶν δέ τις Δελφῶν τὸν χρησμὸν ἐξήγγειλεν ἐς
Σπάρτην. Πυθομένοις δὲ ἐν κοινῷ μὲν οὐδέν σφισιν ἐξεγένετο ἀνευρεῖν
σοφόν, Οἴβαλος δὲ
[9] τὰ μὲν ἄλλα οὐ τῶν ἐπιφανῶν,
γνώμην δὲ ὡς ἐδήλωσεν ἀγαθός, ποιησάμενος ὡς ἔτυχε πηλοῦ τρίποδας
ἑκατόν, τούτους τε ἀποκεκρυμμένους ἐν πήρᾳ καὶ δίκτυα ἅμα αὐτοῖς
ἔφερεν ὡς ἀνὴρ θηρευτής. Ἅτε δὲ ὢν ἀγνὼς καὶ Λακεδαιμονίων τοῖς
πολλοῖς, ῥᾷον Μεσσηνίους ἐλάνθανεν· ἀναμίξας δὲ αὑτὸν ἀνδράσιν
ἀγροίκοις ἐσῆλθέ τε μετ' αὐτῶν ἐς τὴν Ἰθώμην καὶ ὡς νὺξ τάχιστα
ἐπελάμβανεν ἀναθεὶς τοὺς τρίποδας τῷ θεῷ τούτους δὴ τοὺς πηλίνους
αὖθις ἐς Σπάρτην ἀπαγγελῶν Λακεδαιμονίοις ᾤχετο.
[10] Μεσσηνίους δέ, ὡς εἶδον, ἐτάραξε
μὲν μεγάλως, καὶ εἴκαζον -- ὥσπερ ἦν -- παρὰ Λακεδαιμονίων εἶναι·
παρεμυθεῖτο δὲ ὅμως αὐτοὺς ὁ Ἀριστόδημος λέγων ἄλλα τε ἃ ἐν τοῖς
παροῦσιν εἰκὸς ἦν καὶ τοὺς ξυλίνους τρίποδας -- ἐπεποίηντο γὰρ ἤδη
-- περὶ τοῦ Ἰθωμάτα τὸν βωμὸν ἔστησε. Συνέβη δὲ καὶ Ὀφιονέα τὸν
μάντιν τοῦτον, τὸν ἐκ γενετῆς τυφλόν, ἀναβλέψαι παραλόγως δὴ μάλιστα
ἀνθρώπων· ἐπέλαβε γὰρ τῆς κεφαλῆς ἄλγημα αὐτὸν ἰσχυρόν, καὶ
ἀνέβλεψεν ἀπ' αὐτοῦ. |
CHAPITRE
XIII.
Prise d'Ithome. Fin de la guerre de Messène.
[1] A partir de là, le temps fixé par
les destins pour la prise de Messène, étant arrivé, les dieux
annoncèrent cet événement aux Messéniens par divers prodiges. La
statue de Diane qui était de bronze, ainsi que ses armes, laissa
tomber son bouclier. Un jour qu'Aristodème voulait sacrifier à
Jupiter Ithomate, les béliers allèrent d'eux même heurter l'autel de
leurs cornes, avec tant de violence qu'ils en moururent sur le champ
; et pour troisième prodige, les chiens se rassemblaient toutes les
nuits en faisant des hurlements, et finirent par s'en aller en
troupe vers le camp des Lacédémoniens.
[2] De si funestes présages
inspirèrent à Aristodème des alarmes qu'un songe vint augmenter. Il
se vit armé, prêt à marcher au combat; devant lui sur une table,
étaient les entrailles des victimes, quand sa fille lui apparut,
vêtue d'une robe noire, et montrant sa poitrine et son ventre
ouverts ; renversant les objets placés sur la table, elle lui
arracha ses armes, les remplaça par une couronne d'or, qu'elle posa
sur la tête de son père, et par un habit blanc qu'elle lui fît
prendre.
[3] Aristodème, déjà découragé par
tout le reste, l'était surtout par ce songe qui lui semblait un
présage de sa mort : car les Messéniens, lorsqu'ils enterraient des
personnages d'un rang éminent, leur mettaient une couronne sur la
tête, et les revêtaient d'habits blancs. Dans ces entrefaites on
vint lui annoncer que le devin Ophionéus était redevenu subitement
aveugle comme auparavant.
[4] On comprit alors l'oracle, et l'on
vit que la Pythie avait parlé des yeux d'Ophionéus en disant que
d'eux sortiraient ensemble de leur embuscade secrète et y
rentreraient ensuite. Récapitulant donc tous ses malheurs
particuliers, reconnaissant qu'il avait tué sa fille sans aucun
avantage pour l'état, et n'espérant plus le salut de sa patrie,
Aristodème se tua sur le tombeau de sa fille :
[5] il avait fait tout ce que la
prudence humaine pouvait suggérer pour sauver les Messéniens, et
avait vu le fruit de toutes ses actions, et de ses conseils anéanti
par la fortune. Il avait régné six années entières et la plus grande
partie de la septième. Les Messéniens tombèrent alors dans un tel
découragement, qu'ils furent sur le point d'envoyer des députés aux
Spartiates, pour implorer leur clémence, tant ils étaient consternés
de la mort d'Aristodème : mais leurs anciens ressentiments les
arrêtèrent. S'étant donc réunis en assemblée, ils ne nommèrent point
de roi et se contentèrent de choisir pour général, Damis, qui prit
Cléonnis et Phyléus pour lieutenants, et se prépara autant que le
permettaient les circonstances, à un combat que rendaient
inévitable, le siège et surtout la famine, parvenue au dernier excès
: chacun craignait d'y succomber.
[6] La valeur et l'audace des
Messéniens ne se démentirent point, même dans ces derniers moments,
car tous les généraux et les plus braves guerriers cherchèrent et
trouvèrent la mort. Cinq mois s'étaient écoulés depuis la bataille,
que les Messéniens résistaient encore : ils n'abandonnèrent Ithome,
que vers la fin de l'année, après une guerre de vingt ans, ainsi que
Tyrtée l'a dit : Après vingt ans, ils abandonnèrent leurs
campagnes fertiles, et s'éloignèrent des montagnes d'Ithome.
[7] Cette guerre finit la première
année de la quatorzième Olympiade, dans laquelle Dasmon de Corinthe
remporta le prix de la course. L'administration décennale des
Médontides durait encore à Athènes, et Hippoménes finissait la
quatrième année de son archontat. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΓ'.
Ἰθώμης ἅλωσις. Μεσσηνιακοῦ πολέμου τέλος.
XIII. [1] Τὰ δὲ ἐντεῦθεν -- ἔρρεπε γὰρ
ἤδη τὸ χρεὼν ἐς ἅλωσιν τῶν Μεσσηνίων -- προεσήμαινεν αὐτοῖς τὰ
μέλλοντα ὁ θεός. Τό τε γὰρ τῆς Ἀρτέμιδος ἄγαλμα, ὂν χαλκοῦν καὶ αὐτὸ
καὶ τὰ ὅπλα, παρῆκε τὴν ἀσπίδα· καὶ Ἀριστοδήμου τῷ Διὶ τῷ Ἰθωμάτᾳ
θύειν μέλλοντος τὰ ἱερεῖα, οἱ κριοὶ ἐπὶ τὸν βωμὸν αὐτόματοι καὶ βίᾳ
τὰ κέρατα ἐνράξαντες ἀποθνήσκουσιν ὑπὸ τῆς πληγῆς. Τρίτον δὲ ἄλλο
συνέβη σφίσιν· οἱ κύνες συνιόντες ἐς τὸ αὐτὸ ἀνὰ πᾶσαν νύκτα
ὠρύοντο, τέλος δὲ καὶ ἀπεχώρησαν ἀθρόοι πρὸς τὸ τῶν Λακεδαιμονίων
στρατόπεδον.
[2] Ταῦτά τε δὴ τὸν Ἀριστόδημον
ἐτάρασσε καὶ ὀνείρατος ὄψις ἐπιγενομένη τοιάδε. Ἔδοξεν ἐξιέναι οἱ
μέλλοντι ἐς μάχην καὶ ὡπλισμένῳ τῶν ἱερείων τὰ σπλάγχνα ἐπὶ τραπέζῃ
προκεῖσθαι, τὴν δέ οἱ θυγατέρα ἐπιφανῆναι μέλαιναν ἐσθῆτα ἔχουσαν
καὶ φαίνουσαν τό τε στέρνον καὶ τὴν γαστέρα ἀνατετμημένα,
ἀναφανεῖσαν δὲ ἀπορρῖψαι μὲν τὰ ἀπὸ τῆς τραπέζης, ἀφελέσθαι δὲ αὐτοῦ
τὰ ὅπλα, ἀντὶ τούτων δὲ στέφανον ἐπιθεῖναι χρυσοῦν καὶ ἱμάτιον
ἐπιβαλεῖν λευκόν.
[3] Ἔχοντος δὲ Ἀριστοδήμου τά τε ἄλλα
ἀθύμως καὶ τὸν ὄνειρον ἡγουμένου προλέγειν οἱ τοῦ βίου τελευτήν, ὅτι
οἱ Μεσσήνιοι τῶν ἐπιφανῶν τὰς ἐκφορὰς ἐποιοῦντο ἐστεφανωμένων καὶ
ἱμάτια ἐπιβεβλημένων λευκά, ἀπαγγέλλει τις Ὀφιονέα τὸν μάντιν οὐχ
ὁρᾶν ἔτι ἀλλ' ἐξαίφνης γενέσθαι τυφλόν, ὥσπερ γε καὶ ἦν τὸ ἐξ ἀρχῆς.
Συνιᾶσι δὴ καὶ τοῦ χρησμοῦ τότε, ὡς τοὺς ἀναδύντας δύο ἐκ τοῦ λόχου
καὶ ἐς τὸ χρεὼν αὖθις ἐλθόντας τοῦ Ὀφιονέως τοὺς ὀφθαλμοὺς εἶπεν ἡ
Πυθία.
[4] Ἐνταῦθα Ἀριστόδημος τά τε οἰκεῖα
ἀναλογιζόμενος, ὡς οὐδὲν ὠφέλιμον γένοιτο φονεὺς θυγατρός, καὶ τῇ
πατρίδι οὐχ ὁρῶν ἔτι ὑποῦσαν σωτηρίας ἐλπίδα, ἐπικατέσφαξεν ἑαυτὸν
τῆς παιδὸς τῷ τάφῳ, τὰ μὲν ἐς ἀνθρώπου λογισμὸν ἥκοντα Μεσσηνίους
σώσας, τῆς τύχης δὲ ἐς τὸ μηδὲν ἀγαγούσης τά τε ἔργα αὐτοῦ καὶ τὰ
βουλεύματα. Ἀπέθανε δὲ βασιλεύσας ἔτη τε ἓξ καὶ ἐκ τοῦ ἑβδόμου μῆνας
ἐπιλαβὼν πολλούς.
[5] Τοῖς δὲ Μεσσηνίοις ἀπεγνωκέναι τὰ
πράγματα παρίστατο, ὥστε καὶ ὥρμησαν ἱκεσίαν ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους
ἀποστέλλειν· οὕτω σφόδρα κατέπληξεν αὐτοὺς ἡ τοῦ Ἀριστοδήμου
τελευτή. Καὶ τοῦτο μὲν ὁ θυμὸς ἐπέσχεν αὐτοὺς μὴ ποιῆσαι·
συλλεγέντες δὲ ἐς ἐκκλησίαν βασιλέα μὲν οὐδένα, Δᾶμιν δὲ στρατηγὸν
αὐτοκράτορα εἵλοντο. Ὁ δὲ Κλέοννίν τε αὑτῷ καὶ Φυλέα ἑλόμενος
συνάρχοντας παρεσκευάζετο ὡς καὶ ἐκ τῶν παρόντων συνάψων [ἐς] μάχην·
ἐπηνάγκαζε γὰρ ἥ τε πολιορκία καὶ οὐχ ἥκιστα ὁ λιμὸς καὶ ἀπ' αὐτοῦ
δέος, μὴ καὶ προδιαφθαρῶσιν ὑπὸ ἐνδείας.
[6] Ἀρετῇ μὲν δὴ καὶ τολμήμασιν οὐδὲ
τότε ἀπεδέησε τὰ τῶν Μεσσηνίων· ἀπέθανον δὲ οἵ τε στρατηγοί σφισιν
ἅπαντες καὶ τῶν ἄλλων οἱ λόγου μάλιστα ἄξιοι. Τὸ δὲ ἀπὸ τούτου μῆνας
μέν που πέντε μάλιστα ἀντέσχον, περὶ δὲ τὸν ἐνιαυτὸν λήγοντα
ἐξέλιπον τὴν Ἰθώμην, πολεμήσαντες ἔτη τὰ πάντα εἴκοσι, καθὰ καὶ
Τυρταίῳ πεποιημένα ἐστίν·
Εἰκοστῷ δ' οἱ μὲν κατὰ πίονα ἔργα λιπόντες
φεῦγον Ἰθωμαίων ἐκ μεγάλων ὀρέων.
[7] Ὁ δὲ πόλεμος ἔλαβεν οὗτος τέλος
ἔτει πρώτῳ τῆς τετάρτης καὶ δεκάτης Ὀλυμπιάδος, ἣν Δάσμων Κορίνθιος
ἐνίκα στάδιον, Ἀθήνῃσι Μεδοντιδῶν τὴν ἀρχὴν ἔτι ἐχόντων τὴν δεκέτιν
καὶ ἔτους Ἱππομένει τετάρτου τῆς ἀρχῆς ἠνυσμένου. |
CHAPITRE XIV.
Punition des Messéniens. Aristomène.
[1] Tous les Messéniens, qui avaient
eu des liaisons d'hospitalité, à Argos, à Sicyone, ou dans quelques
villes de l'Arcadie, s'y retirèrent. Ceux qui tenaient à la race des
prêtres et au culte secret des grandes déesses, allèrent à Éleusis :
la plus grande partie du peuple regagna ses anciennes villes.
[2] Les Lacédémoniens commencèrent par
raser Ithome jusqu'aux fondements, et s'emparèrent ensuite des
autres villes. Du produit du butin, ils offrirent trois trépieds de
bronze à Apollon Amycléen : on voit sous le premier une Vénus
debout, une Diane sous le second, Cérès et sa fille sous le
troisième.
[3] Ils donnèrent ensuite aux
Asinéens, que les Argiens avaient forcés à s'expatrier, la portion
maritime de la Messénie, qu'ils habitent encore maintenant. Les
descendants d'Androclès, reçurent des Lacédémoniens le pays appelé
Hyamie. Androclès en effet avait une fille, qui prit la fuite quand
il mourut, et vint s'établir avec ses enfants à Sparte.
[4] Quant aux Messéniens eux-mêmes,
voici comment ils furent traités par les Lacédémoniens. D'abord on
exigea d'eux le serment de ne jamais se révolter, et de
n'entreprendre aucun mouvement. En second lieu, sans les soumettre à
un tribut d'une valeur fixe, on leur prescrivit d'apporter à Sparte
la moitié de toutes les productions de leur territoire. On les
obligea de plus, hommes et femmes, à venir de la Messénie à Sparte,
pour assister en robes noires aux funérailles des rois et des grands
personnages : des peines étaient portées contre ceux qui
manqueraient de s'y rendre.
[5] Tyrtée parle dans les vers
suivants, des outrages que les Messéniens essuyèrent de la part des
Spartiates. Courbés sous le faix comme des ânes, ils sont dans la
dure nécessité d'apporter à leurs maîtres la moitié des fruits que
produisent leurs champs. Il parle aussi de l'obligation où
ils étaient de porter le deuil. Ils pleurent, eux et leurs femmes
; longue la Parque tranche les jours de quelqu'un de leurs maîtres.
[6] Les Messéniens, se voyant dans un
état si déplorable, et sans espérances d'être traités à l'avenir
d'une manière plus humaine par les Lacédémoniens, crurent qu'il
valait mieux mourir les armes à la main, ou se faire bannir du
Péloponnèse ; et ils résolurent de se révolter, quoiqu'il dût en
arriver. Ils étaient principalement excités par les jeunes gens,
qui, n'ayant pas encore éprouvé les maux de la guerre, se livraient
à l'enthousiasme, et préféraient la mort dans une patrie libre à la
servitude, même la plus heureuse.
[7] Une jeunesse brillante s'était
élevée dans toute la Messénie ; mais la plus nombreuse et la plus
vaillante habitait Andanie et les environs de cette ville. Là vivait
Aristomène que les Messéniens révèrent encore maintenant comme un
héros ; pour élever sa naissance au dessus de celle d'un simple
mortel, ils le disent né du commerce de Nicotéleia sa mère, avec un
génie ou un dieu, qui avait pris la forme d'un serpent. On en dit
autant dans la Macédoine, d'Olympias ; et à Sicyone, d'Aristodama,
mère d'Aratos,
[8] avec cette différence que les
Messéniens ne donnent pas Jupiter ni Hercule pour père à Aristomène,
tandis que les Macédoniens prétendent qu'Alexandre était fils de
Jupiter Ammon, et les Sicyoniens, qu'Aratus était fils d'Esculape.
La plupart des Grecs font Aristomène fils de Pyrrhus, cependant je
sais que les Messéniens, lorsqu'ils lui font des libations,
rappellent du nom de fils de Nicomède. Quoiqu'il en soit, Aristomène
jeune et bouillant de courage, et avec lui quelques autres citoyens
d'un ordre distingué excitaient les Messéniens à la révolte. D'abord
aucune entreprise n’éclata, mais ils demandèrent d'abord en secret
chez les Argiens, et chez les Arcadiens, pour savoir s'ils
prendraient leur parti ouvertement et avec autant de vigueur que
dans la première guerre. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΔ'.
Μεσσηνίων τιμωρίαι. Ἀριστομένης.
XIV. [1] Μεσσηνίων δὲ ὅσοις μὲν ἔτυχον
ἐν Σικυῶνι οὖσαι καὶ ἐν Ἄργει προξενίαι καὶ παρὰ τῶν Ἀρκάδων τισίν,
οὗτοι μὲν ἐς ταύτας τὰς πόλεις ἀπεχώρησαν, ἐς Ἐλευσῖνα δὲ οἱ τοῦ
γένους τῶν ἱερέων καὶ θεαῖς ταῖς Μεγάλαις τελοῦντες τὰ ὄργια· ὁ δὲ
ὄχλος ὁ πολὺς κατὰ τὰς πατρίδας ἕκαστοι τὰς ἀρχαίας ἐσκεδάσθησαν.
[2] Λακεδαιμόνιοι δὲ πρῶτα μὲν τὴν
Ἰθώμην καθεῖλον ἐς ἔδαφος, ἔπειτα καὶ τὰς λοιπὰς πόλεις ἐπιόντες
ᾕρουν. Ἀνέθεσαν δὲ καὶ ἀπὸ τῶν λαφύρων τῷ Ἀμυκλαίῳ τρίποδας χαλκοῦς·
Ἀφροδίτης ἄγαλμά ἐστιν ἑστηκὸς ὑπὸ τῷ τρίποδι τῷ πρώτῳ, Ἀρτέμιδος δὲ
ὑπὸ τῷ δευτέρῳ, Κόρης δὲ ἢ Δήμητρος ὑπὸ τῷ τρίτῳ.
[3] Ταῦτα μὲν δὴ ἀνέθεσαν ἐνταῦθα, τῆς
δὲ γῆς τῆς Μεσσηνίας Ἀσιναίοις μὲν ἀνεστηκόσιν ὑπὸ Ἀργείων διδόασιν
ἐπὶ θαλάσσῃ ταύτην ἣν καὶ νῦν ἔτι οἱ Ἀσιναῖοι νέμονται· τοῖς δὲ
Ἀνδροκλέους ἀπογόνοις -- ἦν γὰρ δὴ καὶ θυγάτηρ Ἀνδροκλεῖ καὶ παῖδες
τῆς θυγατρός, φεύγοντες δὲ ὑπὸ τὴν τελευτὴν τοῦ Ἀνδροκλέους ᾤχοντο
ἐς Σπάρτην -- τούτοις τὴν Ὑαμίαν καλουμένην ἀπονέμουσι.
[4] Τὰ δὲ ἐς αὐτοὺς Μεσσηνίους παρὰ
Λακεδαιμονίων ἔσχεν οὕτως. Πρῶτον μὲν αὐτοῖς ἐπάγουσιν ὅρκον μήτε
ἀποστῆναί ποτε ἀπ' αὐτῶν μήτε ἄλλο ἐργάσασθαι νεώτερον μηδέν·
δεύτερα δὲ φόρον μὲν οὐδένα ἐπέταξαν εἰρημένον, οἳ δὲ τῶν
γεωργουμένων τροφῶν σφισιν ἀπέφερον ἐς Σπάρτην πάντων τὰ ἡμίσεα.
Προείρητο δὲ καὶ ἐπὶ τὰς ἐκφορὰς τῶν βασιλέων καὶ ἄλλων τῶν ἐν τέλει
καὶ ἄνδρας ἐκ τῆς Μεσσηνίας καὶ τὰς γυναῖκας ἐν ἐσθῆτι ἥκειν
μελαίνῃ· καὶ τοῖς παραβᾶσιν ἐπέκειτο ποινή.
[5] Τιμωρίας δὲ ἃς ὕβριζον ἐς τοὺς
Μεσσηνίους, Τυρταίῳ πεποιημένα ἐστὶν
Ὥσπερ ὄνοι μεγάλοις ἄχθεσι τειρόμενοι,
δεσποσύνοισι φέροντες ἀναγκαίης ὑπὸ λυγρῆς
ἥμισυ πᾶν ὅσσων καρπὸν ἄρουρα φέρει.
Ὅτι δὲ καὶ συμπενθεῖν ἔκειτο αὐτοῖς
ἀνάγκη, δεδήλωκεν ἐν τῷδε·
Δεσπότας οἰμώζοντες, ὁμῶς ἄλοχοί τε καὶ αὐτοί,
εὖτέ τιν' οὐλομένη μοῖρα κίχοι θανάτου.
[6] Τοιούτων οὖν οἱ Μεσσήνιοι
κατειληφότων καὶ ἅμα ἐς τὰ μέλλοντα οὐδὲν ἐνορῶντες παρὰ τῶν
Λακεδαιμονίων φιλάνθρωπον, πρό τε δὴ τῶν παρόντων τεθνάναι
μαχομένους ἢ καὶ τὸ παράπαν ἐκ Πελοποννήσου φεύγοντας οἴχεσθαι
νομίζοντες αἱρετώτερα, ἀφίστασθαι πάντως ἐγίνωσκον. Ἐνῆγον δὲ οὐχ
ἥκιστα ἐς τοῦτο καὶ οἱ νεώτεροι, πολέμου μὲν ἔτι ἀπείρως ἔχοντες,
λαμπροὶ δὲ ὄντες τὰ φρονήματα καὶ ἀποθανεῖν προτιμῶντες ἐν ἐλευθέρᾳ
τῇ πατρίδι, εἰ καὶ τὰ ἄλλα εὐδαιμόνως δουλεύειν παρείη.
[7] Ἐπετράφη δὲ νεότης καὶ ἀλλαχοῦ τῆς
Μεσσηνίας, οἱ δὲ ἄριστοι καὶ ἀριθμὸν πλεῖστοι περὶ τὴν Ἀνδανίαν, ἐν
δὲ αὐτοῖς καὶ Ἀριστομένης, ὃς καὶ νῦν ἔτι ὡς ἥρως ἔχει παρὰ
Μεσσηνίοις τιμάς. Καί οἱ καὶ τὰ τῆς γενέσεως ἐπιφανέστερα ὑπάρξαι
νομίζουσι· Νικοτελείᾳ γὰρ τῇ μητρὶ αὐτοῦ δαίμονα ἢ θεὸν δράκοντι
εἰκασμένον συγγενέσθαι λέγουσι. Τοιαῦτα δὲ καὶ Μακεδόνας ἐπὶ
Ὀλυμπιάδι καὶ ἐπὶ Ἀριστοδάμᾳ Σικυωνίους οἶδα εἰρηκότας, διάφορα δὲ
τοσόνδε ἦν·
[8] Μεσσήνιοι γὰρ οὐκ ἐσποιοῦσιν
Ἀριστομένην Ἡρακλεῖ παῖδα ἢ Διί, ὥσπερ Ἀλέξανδρον Ἄμμωνι οἱ
Μακεδόνες καὶ Ἄρατον Ἀσκληπιῷ Σικυώνιοι· Ἀριστομένει δὲ πατέρα
Ἑλλήνων μὲν οἱ πολλοὶ Πύρρον φασὶν εἶναι, Μεσσηνίους δὲ οἶδα αὐτὸς
ἐπὶ ταῖς σπονδαῖς Ἀριστομένην Νικομήδους καλοῦντας. Οὗτος μὲν οὖν
ἀκμάζων ἡλικίᾳ καὶ τόλμῃ καὶ ἄλλοι τῶν ἐν τέλει παρώξυνον ἐπὶ τὴν
ἀπόστασιν· ἐπράσσετο δὲ ταῦτα οὐκ εὐθὺς ἐκ τοῦ φανεροῦ, κρύφα δὲ ἐς
Ἄργος καὶ παρὰ τοὺς Ἀρκάδας ἀπέστελλον, εἴ σφισιν ἀπροφασίστως καὶ
μηδὲν ἐνδεεστέρως ἢ ἐπὶ τοῦ πολέμου τοῦ προτέρου ἀμῦναι θελήσουσιν. |
CHAPITRE XV.
Bataille de Déré. Trait d'audace d'Aristomène.
Tyrtée. Monument du Sanglier.
[1] Ayant tout préparé pour la guerre,
et voyant leurs alliés montrer encore plus d'ardeur qu'ils n'avaient
osé l'espérer (car la haine des Argiens et des Arcadiens contre les
Lacédémoniens était à son comble), les Messéniens se révoltèrent la
trente-neuvième année après la prise d'Ithome, quatrième de la
vingt-troisième olympiade, dans laquelle Icarus d'Hypérésie avait
remporté le prix de la course. Athènes était déjà gouvernée par des
Archontes annuels, et Tlésias remplissait alors cette fonction.
[2] Tyrtée ne nous a pas transmis les
noms de ceux qui en ce temps régnaient à Lacédémone. Rhianus dit,
dans ses vers, que cette guerre se poursuivit sous le règne de
Léotychides, mais je ne puis être de son avis, et il me semble que,
sans nommer celui qui était roi à cette époque, Tyrtée l'a désigné
par les vers suivants de son élégie sur la première guerre :
Nos vaillants aïeux, les pères de nos pères y combattirent pour
s'emparer de ce pays, dix neuf ans entiers, avec un courage
infatigable.
[3] Il est clair, d'après cela,
que les Messéniens se révoltèrent à la troisième génération après la
première guerre, et la suite de l'histoire nous apprend que Sparte
avait alors pour rois, d'une part, Anaxandre , fils d'Eurycrate,
fils de Polydore et de l'autre, Anaxidamos, fils de Zeuxidamus, fils
d'Archidamus, fils de Théopompe. Je remonte jusqu'au quatrième
degré, parce qu'Archidamus mourut avant son père, qui laissa la
couronne à Zeuxidamos, son petit-fils. Quant à Léotychides, il
paraît qu'il régna après Démarate, fils d'Ariston ; or, Ariston
descendait de Théopompe à la septième génération.
[4] Les Messéniens, dès la première
année après leur rébellion, livrèrent bataille aux Lacédémoniens,
dans un lieu de la Messénie appelé Déré. Les alliés étaient absents
de part et d'autre, et la victoire fut indécise. On dit
qu'Aristomène se distingua dans ce combat par des exploits
surnaturels : aussi voulut-on le nommer roi après l'action, car il
était du sang des Epytides ;
[5] mais il refusa ce titre, et on le
nomma général en chef. Aristomène avait pour maxime, qu'à la guerre
il ne faut pas craindre de s'exposer aux périls d'une action
mémorable ; mais il crut devoir, plus que tout autre, ouvrir la
campagne par un coup d'éclat, qui pût frapper d'effroi les
Lacédémoniens et le rendre à l'avenir plus redoutable. Dans ce
dessein, il entra de nuit à Lacédémone, et attacha au temple de
Minerve Chalcioicos, un bouclier qui portait cette inscription :
Aristomène à Minerve, des dépouilles des Spartiates.
[6] L'oracle de Delphes avait ordonné
aux Lacédémoniens de faire venir un Athénien pour prendre ses
conseils. Ils communiquèrent par des envoyés cet oracle au peuple
d'Athènes, et demandèrent un homme qui pût les diriger. Les
Athéniens, ne voulant pas désobéir à Apollon, ne voulant pas non
plus que les Lacédémoniens s'emparassent si facilement de la plus
belle partie du Péloponnèse, imaginèrent l'expédient que voici. Il y
avait à Athènes un maître d'école nommé Tyrtée, qui boitait d'un
pied et passait pour n'avoir pas la tête bien saine ; ils
l'envoyèrent à Sparte. Tyrtée, y étant arrivé, s'adressa d'abord en
particulier aux hommes éminents ; puis, rassemblant tous ceux qu'il
rencontrait, il leur chantait des élégies et d'autres pièces en vers
anapeste.
[7] Un an après la bataille de Déré,
les deux peuples, ayant reçu des secours de leurs alliés, se
disposèrent à livrer un combat vers l'endroit nommé le monument du
Sanglier. Les Messéniens avaient pour auxiliaires, les Eléens, les
Arcadiens et des troupes d'Argos et de Sicyone : ils avaient vu
d'ailleurs rentrer dans leurs rangs ceux de leurs compatriotes qui
jadis étaient sortis volontairement de la Messénie, ainsi que les
familles en possession du sacerdoce des grandes déesses, qui avaient
quitté Éleusis, pour se rendre auprès d'eux. Les descendants même
d'Androclès, réunis à leurs concitoyens, se montraient les plus
ardents à les encourager.
[9] De l'autre côté, les Corinthiens
et quelques Lépréates, par haine pour les Eléens, étaient venus au
secours des Spartiates. Quant aux Asinéens, des serments les liaient
à l'un et à l'autre peuple. L'endroit nommé le monument du Sanglier,
est vers Stenyklaros, dans la Messénie ; son nom vient, dit-on, de
ce qu'Hercule et les fils de Nélée y firent un traité qu'ils
jurèrent mutuellement sur les entrailles d'un sanglier. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΕ'.
Μάχη ἐν Δέραις. Ἀριστομένους τόλμημα.
Τυρταῖος. Κάρπου σῆμα.
XV. [1] Ὡς δὲ τά τε ἄλλα ἐς τὸν
πόλεμον ἕτοιμα ἦν αὐτοῖς καὶ τὰ ἀπὸ τῶν συμμάχων προθυμότερα ἢ
προσεδόκων--καὶ γὰρ Ἀργείοις ἤδη καὶ Ἀρκάσι λαμπρῶς τὸ ἐς τοὺς
Λακεδαιμονίους ἔχθος ἐξῆπτο--οὕτως ἀπέστησαν ἔτει τριακοστῷ μὲν καὶ
ἐνάτῳ μετὰ Ἰθώμης ἅλωσιν, τετάρτῳ δὲ τῆς τρίτης Ὀλυμπιάδος καὶ
εἰκοστῆς, ἣν Ἴκαρος Ὑπερησιεὺς ἐνίκα στάδιον· Ἀθήνῃσι δὲ οἱ κατ'
ἐνιαυτὸν ἦσαν ἤδη τότε ἄρχοντες, καὶ Ἀθηναίοις Τλησίας ἦρχεν.
[2] Ἐν δὲ Λακεδαίμονι οἵ τινες
τηνικαῦτα ἔτυχον βασιλεύοντες, Τυρταῖος μὲν τὰ ὀνόματα οὐκ ἔγραψε,
Ῥιανὸς δ' ἐποίησεν ἐν τοῖς ἔπεσι Λεωτυχίδην βασιλέα ἐπὶ τοῦδε εἶναι
τοῦ πολέμου. Ῥιανῷ μὲν οὖν ἔγωγε οὐδαμῶς κατά γε τοῦτο συνθήσομαι·
Τυρταῖον δὲ καὶ οὐ λέγοντα ὅμως εἰρηκέναι τις ἂν ἐν τῷδε ἡγοῖτο.
Ἐλεγεῖα γὰρ ἐς τὸν πρότερόν ἐστιν αὐτῷ πόλεμον·
Ἀμφ' αὐτῇ δ' ἐμάχοντ' ἐννέα καὶ δέκ' ἔτη
νωλεμέως, αἰεὶ ταλασίφρονα θυμὸν ἔχοντες,
αἰχμηταὶ πατέρων ἡμετέρων πατέρες.
[3] Δῆλα οὖν ἐστιν ὡς ὕστερον τρίτῃ
γενεᾷ τὸν πόλεμον οἱ Μεσσήνιοι τόνδε ἐπολέμησαν, ἀποδείκνυσί τε τοῦ
χρόνου τὸ συνεχὲς βασιλεύοντας τηνικαῦτα ἐν Σπάρτῃ Ἀνάξανδρον
Εὐρυκράτους τοῦ Πολυδώρου, τῆς δὲ οἰκίας τῆς ἑτέρας Ἀναξίδαμον
Ζευξιδάμου τοῦ Ἀρχιδάμου τοῦ Θεοπόμπου. Κατέβην δὲ ἐς ἀπόγονον
Θεοπόμπου τέταρτον, ὅτι Ἀρχίδαμος ὁ Θεοπόμπου προαπέθανε τοῦ πατρὸς
καὶ ἐς Ζευξίδαμον υἱιδοῦν ὄντα ἡ Θεοπόμπου περιῆλθεν ἀρχή.
Λεωτυχίδης δὲ μετὰ Δημάρατον βασιλεύσας φαίνεται τὸν Ἀρίστωνος·
Θεοπόμπου δὲ Ἀρίστων ἀπόγονος ἕβδομος.
[4] Τότε δὲ οἱ Μεσσήνιοι
Λακεδαιμονίοις συμβάλλουσιν ἐν Δέραις καλουμέναις τῆς σφετέρας, ἔτει
πρώτῳ μετὰ τὴν ἀπόστασιν· ἀπῆσαν δὲ ἀμφοτέροις οἱ σύμμαχοι. Καὶ νίκη
μὲν ἐγένετο οὐδετέρων σαφής, Ἀριστομένην δὲ ἔργα φασὶν ἀποδείξασθαι
πλέον τι ἢ ἄνδρα ἕνα εἰκὸς ἦν, ὥστε καὶ βασιλέα μετὰ τὴν μάχην
ᾑροῦντο αὐτόν, ἦν γὰρ καὶ γένους τῶν Αἰπυτιδῶν·
[5] παραιτουμένου τε, οὕτω στρατηγὸν
αὐτοκράτορα εἵλοντο. Ἀριστομένει δὲ παρίστατο μηδ' ἂν ἄλλον
ἀπαξιῶσαι παθεῖν τι ἐν πολέμῳ δράσαντα ἄξια μνήμης· αὑτῷ μέντοι καὶ
πρὸ παντὸς ἐνόμιζεν εἶναι, ἔτι ἀρχομένου τοῦ πολέμου Λακεδαιμονίους
καταπλήξαντα φαίνεσθαι καὶ ἐς τὰ μέλλοντά σφισι φοβερώτερον. Ἅτε δὲ
οὕτως ἔχων, ἀφικόμενος νύκτωρ ἐς τὴν Λακεδαίμονα ἀνατίθησιν ἀσπίδα
πρὸς τὸν τῆς Χαλκιοίκου ναόν· ἐπεγέγραπτο δὲ Ἀριστομένην ἀπὸ
Σπαρτιατῶν διδόναι τῇ θεῷ.
[6] Ἐγένετο δὲ καὶ Λακεδαιμονίοις
μάντευμα ἐκ Δελφῶν τὸν Ἀθηναῖον ἐπάγεσθαι σύμβουλον. Ἀποστέλλουσιν
οὖν παρὰ τοὺς Ἀθηναίους τόν τε χρησμὸν ἀπαγγελοῦντας καὶ ἄνδρα
αἰτοῦντας παραινέσοντα ἃ χρή σφισιν. Ἀθηναῖοι δὲ οὐδέτερα θέλοντες,
οὔτε Λακεδαιμονίους ἄνευ μεγάλων κινδύνων προσλαβεῖν μοῖραν τῶν ἐν
Πελοποννήσῳ τὴν ἀρίστην οὔτε αὐτοὶ παρακοῦσαι τοῦ θεοῦ, πρὸς ταῦτα
ἐξευρίσκουσι· καὶ ἦν γὰρ Τυρταῖος διδάσκαλος γραμμάτων νοῦν τε
ἥκιστα ἔχειν δοκῶν καὶ τὸν ἕτερον τῶν ποδῶν χωλός, τοῦτον
ἀποστέλλουσιν ἐς Σπάρτην. Ὁ δὲ ἀφικόμενος ἰδίᾳ τε τοῖς ἐν τέλει καὶ
συνάγων ὁπόσους τύχοι καὶ τὰ ἐλεγεῖα καὶ τὰ ἔπη σφίσι τὰ ἀνάπαιστα
ᾖδεν.
[7] Ἐνιαυτῷ δὲ ὕστερον τοῦ περὶ τὰς
Δέρας ἀγῶνος, ἡκόντων ἀμφοτέροις καὶ τῶν συμμάχων, παρεσκευάζοντο ὡς
μάχην συνάψοντες ἐπὶ τῷ καλουμένῳ Κάπρου σήματι. Μεσσηνίοις μὲν οὖν
Ἠλεῖοι καὶ Ἀρκάδες, ἔτι δὲ ἐξ Ἄργους ἀφίκετο καὶ Σικυῶνος βοήθεια.
Παρῆσαν δὲ καὶ ὅσοι πρότερον τῶν Μεσσηνίων ἔφευγον ἑκουσίως, ἐξ
Ἐλευσῖνός τε, οἷς πάτριον δρᾶν τὰ ὄργια τῶν Μεγάλων θεῶν, καὶ οἱ
Ἀνδροκλέους ἀπόγονοι· καὶ γὰρ οἱ συσπεύσαντες μάλιστά σφισιν ἦσαν
οὗτοι.
[8] Λακεδαιμονίοις δὲ ἦλθον Κορίνθιοι
συμμαχήσοντες καὶ Λεπρεατῶν τινες κατὰ ἔχθος τὸ Ἠλείων· Ἀσιναίοις δὲ
ὅρκοι πρὸς ἀμφοτέρους ἦσαν. Τὸ δὲ χωρίον τοῦτο, Κάπρου σῆμα, ἔστι
μὲν ἐν Στενυκλήρῳ τῆς Μεσσηνίας, Ἡρακλέα δὲ αὐτόθι ὅρκον ἐπὶ τομίων
κάπρου τοῖς Νηλέως παισὶ δοῦναι καὶ λαβεῖν παρὰ ἐκείνων λέγουσιν. |
CHAPITRE XVI.
Bataille. Valeur d'Aristomène. Découragement des
Lacédémoniens.
[1] Les devins offrirent des
sacrifices de part et d'autre avant le combat. Ces devins étaient,
pour les Lacédémoniens, Hécas, descendant d'Hécas qui était venu à
Sparte avec les fils d'Aristodèrne ; et pour les Messéniens,
Théoclès, descendant d'Eumantis, Eléen, de la race des Iamides, que
Cresphontes avait amené à Messène ; et leur présence inspirait aux
deux armées la plus grande ardeur pour le combat.
[2] Tous en général montraient
beaucoup de courage, chacun en raison de son âge et de ses forces,
mais on distinguait particulièrement Anaxandre, roi des
Lacédémoniens, ainsi que les Spartiates qui l'entouraient ; et du
côté des Messéniens, Phintas et Androclès descendants d'Androclès,
et leurs compagnons d'armes qui s'efforçaient tous de se comporter
en hommes de Courage. Tyrtée et les Hiérophantes des grandes
déesses, ne prirent aucune part à l'action, et se contenaient
d'animer ceux qui étaient à la queue de chaque armée.
[3] Quant à Aristomène, il avait
autour de lui quatre-vingts Messéniens d'élite, tous du même âge que
lui, et qui se croyaient fort honorés du choix qu'il avait fait
d'eux pour combattre auprès de sa personne. Ils étaient très habiles
à deviner au moindre signe ce que chacun d'eux et surtout leur
général faisait ou se disposait à faire. On les vit les premiers,
eux et Aristomène, engager le combat contre les ennemis qu'ils
avaient en tête, c'est-à-dire contre Anaxandre et les plus braves
Lacédémoniens, s'exposer aux coups sans pâlir, se battre en
désespérés, et parvenir à force de temps et d'audace, à faire plier
la troupe d'Anaxandre.
[4] Aristomène, dès qu'il la voit en
fuite, la fait poursuivre par un autre bataillon de Messéniens :
lui-même il se porte avec les siens au point où l'ennemi résiste le
plus vivement ; à peine en a-t-il triomphé, qu'il court attaquer
d'autres corps, les culbute avec une rapidité qui redouble son
ardeur, et s'élance sur tout le reste jusqu'à ce qu'il ait mis en
déroute l'armée entière des Spartiates et de leurs alliés : les
voyant fuir sans pudeur et même sans vouloir se rallier, il
s'acharne à les poursuivre et les frappe d’une épouvante que jamais
homme n'a inspirée.
[5] Quand il fut arrivé près d'un
poirier sauvage planté sur un point de la plaine, le devin Théoclès
lui défendit d'aller plus avant, parce que, disait-il, les Dioscures
étaient assis sur cet arbre ; mais Aristomène, entraîné par son
ardeur, ne lui laissa pas le temps d'achever son discours, poussa
jusqu'à cet arbre, et y perdit son bouclier. Un petit nombre de
Lacédémoniens dut à cet accident le bonheur d'échapper aux coups
d'Aristomène : ils profitèrent, pour s'enfuir, du temps qu'il mit à
chercher son bouclier.
[6] Abattus par cette défaite, les
Spartiates ne voulaient plus continuer la guerre, mais Tyrtée ranima
leur courage par ses élégies ; et, pour remplacer dans les
bataillons les soldats qu'on avait perdus, lui-même il choisit des
Ilotes. Quant à Aristomène, lorsqu'il revint à Andanie, les femmes
jetaient des guirlandes et des fleurs sur son passage, en chantant
ces vers qui se répètent encore aujourd'hui : A travers les
champs de Stenyklaros, et jusque sur le sommet de la montagne,
Aristomène a poursuivi les Lacédémoniens. Aristomène peu après
se rendit à Delphes ;
[7] et, descendu dans l'antre de
Trophonius à Lebadie, ainsi que la Pythie le lui avait ordonné, il
retrouva son bouclier, que dans la suite il consacra à Lebadie où je
l'ai vu moi-même. Un aigle, les ailes éployées, les étend de chaque
côté jusqu'au bord du bouclier. Aristomène, de retour de la Béotie
et de l'antre de Trophonius où il avait recouvré son armure, médita
bientôt de plus grandes entreprises.
[8] Suivi de sa troupe d'élite et de
quelques autres Messéniens qu'il avait rassemblés, il attendit que
le soleil fût couché, et marcha sur une ville de la Laconie nommée
anciennement Pharis, comme on le voit dans le catalogue des
vaisseaux d'Homère, et connue maintenant par les Spartiates et les
peuples des environs sous le nom de Pharé. Arrivé à cette ville, il
tua ceux qui voulurent se mettre en défense, et repartit, emportant
beaucoup de butin. Il mit en fuite Anaxandre et les Hoplites
Lacédémoniens qui l'attaquèrent à son retour, et il se disposait à
les poursuivre, lorsqu'il fut blessé d'un trait au haut de la cuisse
; ce qui l'obligea de s'arrêter. Il n'abandonna cependant pas son
butin.
[9] Ne s'étant reposé que le temps
nécessaire pour la guérison de sa blessure, il fit durant la nuit
une entreprise sur la ville même de Sparte, mais il en fut détourné
par l'apparition d'Hélène et des Dioscures. Une autre fois, s'étant
mis en embuscade vers la fin du jour, il prit à Caryes les filles
qui dansaient en choeurs en l'honneur de Diane. Il emmena dans un
bourg de la Messénie celles qui appartenaient à des gens riches ou
puissants ; et, les ayant données en garde à quelques soldats de son
bataillon, il alla se reposer le reste de la nuit.
[10] Bientôt s'étant enivrés, ces
jeunes gens qui, hors de l'ivresse même, n'étaient pas, je crois,
très retenus, entreprirent de violer ces filles. En vain Aristomène
voulut les détourner d'un attentat aussi contraire aux lois reçues
dans la Grèce ; ils n'en tinrent compte, de sorte qu'il fut obligé
de tuer ceux qui avaient le moins conservé leur raison. Il rendit
ensuite ces jeunes filles moyennant de fortes rançons, mais sans que
leur honneur eût éprouvé aucune atteinte. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ι
Μάχη. Ἀριστομένους ἀνδρεία. Λακεδαιμονίων
ἀθυμία.
XVI. [1] Ὡς δὲ ἀμφοτέροις προεθύσαντο
οἱ μάντεις, Λακεδαιμονίοις μὲν Ἕκας ἀπόγονός τε καὶ ὁμώνυμος Ἕκα τοῦ
σὺν τοῖς Ἀριστοδήμου παισὶν ἐλθόντος ἐς Σπάρτην, τοῖς δὲ Μεσσηνίοις
Θέοκλος--ἐγεγόνει δὲ ὁ Θέοκλος οὗτος ἀπὸ Εὐμάντιδος, Εὔμαντιν δὲ
ὄντα Ἠλεῖον τῶν Ἰαμιδῶν Κρεσφόντης ἐπηγάγετο ἐς Μεσσήνην--τότε δὲ
παρόντων καὶ τῶν μάντεων σὺν φρονήματι ἀμφότεροι μᾶλλον ἠπείγοντο ἐς
τὴν μάχην.
[2] Καὶ ἦν μὲν καὶ τὰ τῶν ἄλλων
πρόθυμα, ὡς ἡλικίας ἕκαστος εἶχεν ἢ ῥώμης, μάλιστα δὲ Ἀνάξανδρός τε
ὁ τῶν Λακεδαιμονίων βασιλεὺς καὶ οἱ περὶ αὐτὸν τῶν Σπαρτιατῶν· παρὰ
Μεσσηνίων δὲ οἱ Ἀνδροκλέους ἀπόγονοι Φίντας καὶ Ἀνδροκλῆς καὶ οἱ
συντεταγμένοι σφίσιν ἐπειρῶντο ἄνδρες ἀγαθοὶ γίνεσθαι. Τυρταῖος δὲ
καὶ οἱ τῶν θεῶν ἱεροφάνται τῶν Μεγάλων ἔργου μὲν ἥπτοντο οὐδενός,
τοὺς τελευταίους δὲ τῆς ἑαυτῶν ἑκάτεροι στρατιᾶς ἐπήγειρον.
[3] Κατὰ δὲ αὐτὸν Ἀριστομένην εἶχεν
οὕτω. Λογάδες περὶ αὐτὸν ὀγδοήκοντα ἦσαν Μεσσηνίων, ἡλικίαν τε
γεγονότες ἐκείνῳ τὴν αὐτὴν καὶ ἕκαστος προτετιμῆσθαι μεγάλως νομίζων
ὅτι ἠξίωτο Ἀριστομένει συντετάχθαι· ἦσαν δὲ καὶ αἰσθέσθαι δι' ὀλίγου
δεινοὶ τά τε παρ' ἀλλήλων καὶ μάλιστα ἐκείνου καὶ ἀρχομένου τι δρᾶν
καὶ ἔτι μέλλοντος. Οὗτοι μὲν πρῶτον καὶ αὐτοὶ καὶ Ἀριστομένης πόνον
εἶχον πολὺν κατ' Ἀνάξανδρον καὶ τῶν Λακεδαιμονίων τεταγμένοι τοὺς
ἀρίστους· λαμβάνοντες δὲ τραύματα ἀφειδῶς καὶ ἐς πᾶν προϊόντες
ἀπονοίας τῷ τε χρόνῳ καὶ τοῖς τολμήμασιν ἐτρέψαντο τοὺς περὶ
Ἀνάξανδρον.
[4] Τούτοις μὲν δὴ φεύγουσι διώκειν
ἐπέταξεν ὁ Ἀριστομένης ἕτερον τῶν Μεσσηνίων λόχον· αὐτὸς δὲ ὁρμήσας
πρὸς τὸ μάλιστα ἀνθεστηκός, ὡς ἐβιάσατο καὶ τούτους, ἐπ' ἄλλους
ἐτράπετο αὖθις. Ταχὺ δὲ καὶ τούτους ὠσάμενος ἑτοιμότερον ἤδη πρὸς
τοὺς ὑπομένοντας ἐπεφέρετο, ἐς ὃ πᾶσαν τῶν Λακεδαιμονίων τὴν τάξιν
καὶ αὐτῶν τῶν συμμάχων συνέχεε· καὶ οὐχὶ σὺν αἰδοῖ φευγόντων οὐδὲ
ἀναμένειν θελόντων ἔτι ἀλλήλους, ἐπέκειτό σφισι φοβερώτερος ἢ κατὰ
ἀνδρὸς ἑνὸς εἶναι μανίαν.
[5] Ἔνθα δὴ καὶ παρ' ἀχράδα πεφυκυῖάν
που τοῦ πεδίου, παρὰ ταύτην Ἀριστομένην οὐκ εἴα παραθεῖν ὁ μάντις
Θέοκλος· καθέζεσθαι γὰρ τοὺς Διοσκούρους ἔφασκεν ἐπὶ τῇ ἀχράδι.
Ἀριστομένης δὲ εἴκων τῷ θυμῷ καὶ οὐκ ἀκροώμενος τὰ πάντα τοῦ μάντεως
ὡς κατὰ τὴν ἀχράδα ἐγίνετο, ἀπόλλυσι τὴν ἀσπίδα, Λακεδαιμονίοις τε
τὸ ἁμάρτημα τοῦ Ἀριστομένους παρέσχεν αὐτῶν ἀποσωθῆναί τινας ἐκ τῆς
φυγῆς· διέτριψε γὰρ τὴν ἀσπίδα ἀνευρεῖν πειρώμενος.
[6] Λακεδαιμονίων δὲ ἐχόντων ἀθύμως
μετὰ τὴν πληγὴν καὶ ὡρμημένων καταθέσθαι τὸν πόλεμον, Τυρταῖός τε
ἐλεγεῖα ᾄδων μετέπειθεν αὐτοὺς καὶ ἐς τοὺς λόχους ἀντὶ τῶν τεθνεώτων
κατέλεγεν ἄνδρας ἐκ τῶν εἱλώτων. Ἀριστομένει δέ, ὡς ἀνέστρεψεν ἐς
τὴν Ἀνδανίαν, ταινίας αἱ γυναῖκες καὶ τὰ ὡραῖα ἐπιβάλλουσαι τῶν
ἀνθῶν ἐπέλεγον ᾆσμα τὸ καὶ ἐς ἡμᾶς ἔτι ᾀδόμενον
Ἔς τε μέσον πεδίον Στενυκλήριον ἔς τ' ὄρος ἄκρον
εἵπετ' Ἀριστομένης τοῖς Λακεδαιμονίοις.
Ἀνεσώσατο δὲ καὶ τὴν ἀσπίδα ἐκείνην,
ἔς τε Δελφοὺς
[7] ἀφικόμενος καὶ ὥς οἱ προσέταξεν ἡ
Πυθία καταβὰς ἐς τὸ ἄδυτον ἱερὸν τοῦ Τροφωνίου τὸ ἐν Λεβαδείᾳ.
Ὕστερον δὲ τὴν ἀσπίδα ἀνέθηκεν ἐς Λεβάδειαν φέρων, ᾗ δὴ καὶ αὐτὸς
εἶδον ἀνακειμένην· ἐπίθημα δέ ἐστιν αὐτῆς ἀετὸς τὰ πτερὰ ἑκατέρωθεν
ἐκτετακὼς ἐς ἄκραν τὴν ἴτυν. Τότε δὲ Ἀριστομένης ὡς ἐπανῆκεν ἐκ
Βοιωτίας εὑρών τε παρὰ τῷ Τροφωνίῳ καὶ κομισάμενος τὴν ἀσπίδα,
αὐτίκα ἔργων μειζόνων ἥπτετο.
[8] Συλλέξας δὲ ἄλλους τε τῶν
Μεσσηνίων καὶ τοὺς περὶ ἑαυτὸν ἅμα ἔχων λογάδας, φυλάξας τὰ μετὰ
ἑσπέραν ἦλθεν ἐπὶ πόλιν τῆς Λακωνικῆς, τὸ μὲν ἀρχαῖον ὄνομα καὶ ἐν
Ὁμήρου καταλόγῳ Φᾶριν, ὑπὸ δὲ τῶν Σπαρτιατῶν καὶ προσοίκων
καλουμένην Φαράς· ἐπὶ ταύτην ἀφικόμενος τούς τε πειρωμένους
ἀμύνεσθαι διέφθειρε καὶ λείαν περιβαλλόμενος ἀπήλαυνεν ἐς τὴν
Μεσσήνην. Λακεδαιμονίων δὲ ὁπλιτῶν καὶ Ἀναξάνδρου τοῦ βασιλέως
ἐπιθεμένων καθ' ὁδόν, ἐτρέψατό τε καὶ τούτους καὶ διώκειν τὸν
Ἀνάξανδρον ὥρμητο· βληθεὶς δὲ ἀκοντίῳ τὸν γλουτὸν τὴν δίωξιν
ἐπέσχεν, οὐ μέντοι τὴν λείαν γε ἣν ἤλαυνεν ἀφῃρέθη.
[9] Διαλιπὼν δὲ ὅσον ἀκεσθῆναι τὸ
τραῦμα, ἐς μὲν αὐτὴν Σπάρτην ἔξοδον ποιούμενος νύκτωρ ἀπετράπετο ὑπὸ
φασμάτων Ἑλένης καὶ Διοσκούρων, τὰς δ' ἐν Καρύαις παρθένους
χορευούσας τῇ Ἀρτέμιδι. Ἐλόχησε μεθ' ἡμέραν καὶ συνέλαβεν ὅσαι
χρήμασιν αὐτῶν καὶ ἀξιώματι πατέρων προεῖχον· ἀγαγὼν δὲ ἐς κώμην τῆς
Μεσσηνίας τὴν νύκτα ἀνεπαύετο, ἀνδράσι τῶν ἐκ τοῦ λόχου τὴν φρουρὰν
ἐπιτρέψας τῶν παρθένων.
[10] Ἐνταῦθα ὑπὸ μέθης οἱ νεανίσκοι
δοκεῖν ἐμοὶ καὶ ἄλλως ἀκρατῶς ἔχοντες λογισμοῦ πρὸς βίαν ἐτρέποντο
τῶν παρθένων, Ἀριστομένους δὲ ἀπείργοντος οὐ νομιζόμενα Ἕλλησι
δρῶντας οὐδένα ἐποιοῦντο λόγον, ὥστε ἠναγκάσθη καὶ ἀποκτεῖναι τοὺς
παροινοῦντας μάλιστα ἐξ αὐτῶν. Τὰς δὲ αἰχμαλώτους λαβὼν ἀπέλυσε
χρημάτων πολλῶν, παρθένους ὥσπερ γε καὶ εἷλεν. |
CHAPITRE XVII.
Trahison d'Aristocrate roi des Arcadiens. Punition de
Néoptolème. Malheur des Messéniens. Siège d'Ira.
[1] Egila est un endroit de la
Laconie, où Cérès a un temple très vénéré. Aristomène et sa troupe,
sachant que les femmes y célébraient la fête de la déesse, tentèrent
de les enlever ; mais ces femmes, animées sans doute par Cérès, se
mirent en défense, blessèrent la plupart des Messéniens avec les
couteaux et les broches qui leur servaient à égorger les victimes et
à les rôtir, et prirent Aristomène vivant, en le frappant avec des
torches. Il s'échappa néanmoins dès la même nuit, et revint dans la
Messénie. Archidamie, prêtresse de Cérès, fut accusée d'avoir
facilité son évasion, non pour de l'argent, mais entraînée par
l'amour que depuis longtemps elle avait conçu pour lui. Elle
s'excusa, en disant qu'il s'était échappé, après avoir brûlé ses
liens.
[2] Dans la troisième année de la
guerre, un combat devant se livrer vers la Grande Fosse, et les
Arcadiens étant venus de toutes leurs villes au secours des
Messéniens, les Spartiates corrompirent à prix d'argent Aristocrate
de Trapézonte, fils d'Hicetas, roi des Arcadiens, qui les commandait
en cette occasion. Les Lacédémoniens sont, à ma connaissance, les
premiers qui aient fait des présents à leurs ennemis, et qui aient
acheté à prix d'argent les succès militaires ;
[3] avant qu'ils eussent ainsi violé
les lois dans la guerre de Messène, et avant la trahison
d'Aristocrate l'Arcadien, la valeur des combattants et la volonté
des dieux décidaient seules des succès des batailles. Il paraît que
les Lacédémoniens en firent autant, pendant que leur escadre était
en présence de l'escadre Athénienne, vers Égos Potamos ; ils
achetèrent plusieurs généraux Athéniens, particulièrement Adimante,
et subirent dans la suite la punition dite de Néoptolème :
[4] en effet, Néoptolème, fils
d'Achille, pour avoir tué Priam sur l'autel de Jupiter Hercien, fut
égorgé lui-même à Delphes sur celui d'Apollon, et depuis ce temps-là
on nomme punition de Néoptolème, toute punition pareille à
l'offense.
[5] Les Lacédémoniens la subirent
donc, même au plus haut degré de leur puissance : ils avaient
anéanti la marine des Athéniens ; Agésilas s'était rendu maître de
la plus grande partie de l'Asie ; cependant ils ne parvinrent pas à
détruire l'empire des Mèdes, et le roi tourna contre eux leur propre
invention, en semant de l'argent dans Corinthe, Argos, Athènes et
Thèbes. Il alluma par ce moyen la guerre Corinthiaque, si bien
qu'Agésilas fut obligé d'abandonner ses conquêtes en Asie.
[6] Ainsi fallait-il qu'un jour le
destin fît tourner au malheur des Lacédémoniens, la fraude qu'ils
avaient employée contre les Messéniens. Aristocrate, ayant reçu
l'argent des Lacédémoniens, cacha d'abord aux Arcadiens la trahison
qu'il méditait ; mais, lorsqu'on fut sur le point d'en venir aux
mains, il les épouvanta, en leur disant qu'ils se trouvaient engagés
dans un très mauvais pas, d'où la retraite serait impossible s'ils
venaient à être vaincus ; que d'ailleurs les entrailles des victimes
n'annonçaient rien de bon : il ordonna donc que chacun eût à prendre
la fuite aussitôt qu'il en aurait donné le signal.
[7] Les Lacédémoniens avaient attaqué,
et les Messéniens songeaient à se défendre, quand Aristocrate,
voyant le combat engagé, emmena les Arcadiens, et dégarnit ainsi
l'aile gauche et le centre de l'armée, que les Arcadiens occupaient
seuls, vu l'absence des Eléens, des Sicyoniens et des Argiens :
Aristocrate ne s'en tint pas là, mais il prit la fuite tout au
travers des Messéniens
[8] qui furent si troublés par cet
événement imprévu, et par le désordre où les jetaient les Arcadiens
en passant au milieu d'eux, qu'oubliant pour la plupart qu'ils
avaient l'ennemi sur les bras, ils tournaient leurs regards moins
sur ceux qui les attaquaient que sur les Arcadiens fuyards, tantôt
pour les supplier de ne pas les abandonner, tantôt pour les accabler
d'injures et les appeler traîtres et méchants.
[9] Les Messéniens étant ainsi restés
seuls, il ne fut pas difficile aux Lacédémoniens de les envelopper,
et de remporter la victoire la plus complète et la plus prompte.
Aristomène et les siens résistaient cependant, et tâchaient de
soutenir l'effort de ceux des Lacédémoniens qui les pressaient le
plus vivement; mais ils étaient en petit nombre, et leur résistance
fut inutile. Les Messéniens perdirent tant de monde, qu'eux qui
naguère se promettaient de devenir, d'esclaves qu'ils étaient, les
maîtres des Lacédémoniens, se virent presque sans espoir de salut.
Parmi beaucoup de leurs principaux guerriers qui périrent en cette
occasion, furent Androclès et Phintas, et Phanas qui avait remporté
aux jeux Olympiques le prix de la course du Dolichus, et qui
combattit avec la plus grande valeur.
[10] Aristomène rassembla, après le
combat, ceux des Messéniens qui avaient dû leur salut à la fuite,
leur inspira la résolution d'abandonner Andanie et les autres villes
de l'intérieur, pour se retirer sur le mont Ira. Dès qu'il s'y
furent réunis, les Lacédémoniens allèrent camper auprès, croyant
bien que le siège ne serait pas long ; mais les Messéniens se
défendirent et résistèrent pendant onze ans depuis leur défaite à la
Grande Fosse.
[11] La durée de ce siège est fixée
d'une manière précise par Rhianos, qui dit: Vingt deux saisons se
succédèrent et ramenèrent alternativement les glaces et la verdure,
tandis qu'ils campaient autour de cette montagne blanchissante.
On voit qu'il a compté les hivers et les étés ; il entend en effet
par la verdure, les blés qui sont verts un peu avant la moisson. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΖ'.
Ἀριστοκράτους Ἀρκάδψν βασιλέως προδοσία Νεοπτωλέμειος
τίσις. Μεσσηνίων συμφορά. Εἴρας πυλιορκία.
XVII. [1] Ἔστι δὲ Αἴγιλα τῆς
Λακωνικῆς, ἔνθα ἱερὸν ἵδρυται ἅγιον Δήμητρος. Ἐνταῦθα ἐπιστάμενος ὁ
Ἀριστομένης καὶ οἱ σὺν αὐτῷ τὰς γυναῖκας ἀγούσας ἑορτὴν ἀΜύνεσθαι
τῶν γυναικῶν οὐκ ἄνευ τῆς θεοῦ προαχθεισῶν λαμβάνουσιν οἱ πολλοὶ τῶν
Μεσσηνίων τραύματα μαχαίραις τε, αἷς τὰ ἱερεῖα αἱ γυναῖκες ἔθυον,
καὶ ὀβελοῖς, οἷς τὰ κρέα ἔπειρον ὀπτῶσαι· τὸν δὲ Ἀριστομένην
τύπτουσαι ταῖς δᾳσὶ ζῶντα αἱροῦσιν. Ἀπεσώθη δὲ ὅμως τῆς αὐτῆς
ἐκείνης νυκτὸς ἐς τὴν Μεσσηνίαν. Ἀφεῖναι δὲ αὐτὸν ἱέρεια τῆς
Δήμητρος αἰτίαν ἔσχεν Ἀρχιδάμεια· ἀφῆκε δὲ οὐκ ἐπὶ χρήμασιν, ἀλλὰ
ἐρῶσα ἔτυχεν αὐτοῦ πρότερον ἔτι, προὐφασίζετο δὲ ὡς Ἀριστομένης
διακούσας τὰ δεσμὰ ἀποδρὰς οἴχοιτο.
[2] Τρίτῳ δὲ ἔτει τοῦ πολέμου
μελλούσης γίνεσθαι συμβολῆς ἐπὶ τῇ καλουμένῃ Μεγάλῃ τάφρῳ καὶ
Μεσσηνίοις Ἀρκάδων βεβοηθηκότων ἀπὸ πασῶν τῶν πόλεων, Ἀριστοκράτην
τὸν Ἱκέτα Τραπεζούντιον, βασιλέα τῶν Ἀρκάδων καὶ στρατηγὸν ὄντα ἐν
τῷ τότε, διαφθείρουσιν οἱ Λακεδαιμόνιοι χρήμασι. Πρῶτοι γὰρ ὧν ἴσμεν
Λακεδαιμόνιοι πολεμίῳ ἀνδρὶ δῶρα ἔδοσαν, καὶ ὤνιον πρῶτοι
κατεστήσαντο εἶναι τὸ κράτος τὸ ἐν τοῖς ὅπλοις·
[3] πρὶν δὲ ἢ παρανομῆσαι
Λακεδαιμονίους ἐς τὸν Μεσσηνίων πόλεμον καὶ Ἀριστοκράτους τοῦ
Ἀρκάδος τὴν προδοσίαν, ἀρετῇ τε οἱ μαχόμενοι καὶ τύχαις ἐκ τοῦ θεοῦ
διεκρίνοντο. Φαίνονται δὲ οἱ Λακεδαιμόνιοι καὶ ὕστερον, ἡνίκα ἐπὶ
Αἰγὸς ποταμοῖς ταῖς Ἀθηναίων ναυσὶν ἀνθώρμουν, ἄλλους τε τῶν
στρατηγούντων Ἀθηναίοις καὶ Ἀδείμαντον ἐξωνησάμενοι.
[4] Περιῆλθε μέντοι καὶ αὐτοὺς
Λακεδαιμονίους ἀνὰ χρόνον ἡ Νεοπτολέμειος καλουμένη τίσις.
Νεοπτολέμῳ γὰρ τῷ Ἀχιλλέως, ἀποκτείναντι Πρίαμον ἐπὶ τῇ ἐσχάρᾳ τοῦ
Ἑρκείου, συνέπεσε καὶ αὐτὸν ἐν Δελφοῖς πρὸς τῷ βωμῷ τοῦ Ἀπόλλωνος
ἀποσφαγῆναι· καὶ ἀπὸ τούτου τὸ παθεῖν ὁποῖόν τις καὶ ἔδρασε
Νεοπτολέμειον τίσιν ὀνομάζουσι.
[5] Τοῖς οὖν Λακεδαιμονίοις, ὅτε δὴ
μάλιστα ἤνθησαν καὶ Ἀθηναίων τε τὸ ναυτικὸν καθῃρήκεσαν καὶ
Ἀγησίλαος κεχείρωτο τὰ πολλὰ ἤδη τῆς Ἀσίας, τότε σφίσι τὴν ἀρχὴν
πᾶσαν οὐκ ἐξεγένετο ἀφελέσθαι τὸν Μῆδον, ἀλλὰ σφᾶς ὁ βάρβαρος
περιῆλθε τῷ ἐκείνων εὑρήματι, ἐς Κόρινθον καὶ Ἄργος καὶ ἐς Ἀθήνας τε
καὶ Θήβας χρήματα ἀποστείλας· ὅ τε ὀνομαζόμενος Κορινθιακὸς πόλεμος
ἀπὸ τούτων ἐξήφθη τῶν χρημάτων, ὡς ἀπολείπειν Ἀγησίλαον ἀναγκασθῆναι
τὰ ἐν τῇ Ἀσίᾳ.
[6] Λακεδαιμονίοις μὲν τὸ ἐς
Μεσσηνίους σόφισμα ὁ δαίμων ἔμελλεν αὐτοῖς ἀποφανεῖν συμφοράν·
Ἀριστοκράτης δὲ ὡς τὰ χρήματα ἐδέξατο ἐκ Λακεδαίμονος, τὸ μὲν
παραυτίκα ἔκρυπτεν ἐς τοὺς Ἀρκάδας οἷα ἐπεβούλευε, μελλόντων δὲ ἐς
χεῖρας ἤδη συνέρχεσθαι, τηνικαῦτα ἐξεφόβησεν αὐτοὺς ὡς ἐν δυσχωρίᾳ
τέ εἰσιν ἀπειλημμένοι καὶ ἀναχώρησις οὐκ ἔσται αὐτοῖς, ἢν
κρατηθῶσιν, τά τε ἱερά σφισιν οὐκ ἔφη γεγονέναι κατὰ γνώμην.
Ἐκέλευεν οὖν πάντα τινά, ἐπειδὰν αὐτὸς σημήνῃ, φυγῇ χρῆσθαι.
[7] Ὡς δὲ οἱ Λακεδαιμόνιοι συνέμισγον
καὶ ἦσαν ἐς τὸ κατ' αὐτοὺς οἱ Μεσσήνιοι τετραμμένοι, ἐνταῦθα
Ἀριστοκράτης ἀρχομένης τῆς μάχης ἀπῆγε τοὺς Ἀρκάδας, καὶ τοῖς
Μεσσηνίοις τό τε ἀριστερὸν καὶ μέσον ἠρήμωτο· οἱ γὰρ Ἀρκάδες σφίσιν
εἶχον ἀμφότερα ἅτε ἀπόντων μὲν Ἠλείων τῆς μάχης, ἀπόντων δὲ Ἀργείων
καὶ Σικυωνίων. Προσεξειργάσθη δὲ καὶ ἄλλο τῷ Ἀριστοκράτει· διὰ γὰρ
Μεσσηνίων ἐποιεῖτο τὴν φυγήν.
[8] Οἱ δὲ πρὸς τὸ ἀνέλπιστον τῶν
παρόντων ἐγένοντο ἔκφρονες καὶ ἅμα ὑπὸ τῆς διεξόδου τῆς κατὰ σφᾶς
τῶν Ἀρκάδων ἐταράσσοντο, ὥστε αὐτῶν ἐδέησαν οἱ πολλοὶ καὶ
ἐπιλαθέσθαι τῶν ἐν χερσίν· ἀντὶ γὰρ τῶν Λακεδαιμονίων ἐπιφερομένων
ἤδη πρὸς τοὺς Ἀρκάδας ἀφεώρων φεύγοντας, καὶ οἱ μὲν παραμεῖναί
σφισιν ἱκέτευον, οἱ δὲ καὶ λοιδορίαις ἐς αὐτοὺς ὡς ἐς ἄνδρας
προδότας καὶ οὐ δικαίους ἐχρῶντο.
[9] Λακεδαιμονίοις δὲ ἥ τε κύκλωσις
τῶν Μεσσηνίων μονωθέντων ἐγένετο οὐ χαλεπὴ καὶ νίκην ἑτοιμοτάτην
πασῶν καὶ ἀπονώτατα ἀνείλοντο. Ἀριστομένης δὲ καὶ οἱ σὺν αὐτῷ
συνέμειναν μὲν καὶ τῶν Λακεδαιμονίων τοὺς μάλιστα ἐγκειμένους
ἀνείργειν ἐπειρῶντο, ὀλίγοι δὲ ὄντες οὐ μεγάλα ὠφέλουν. Τῶν δὲ
Μεσσηνίων τοῦ μὲν δήμου τοσοῦτον πλῆθος ἀνηλώθησαν, ὡς τὰ πρῶτα
Λακεδαιμονίων δεσπότας ἀντὶ δούλων ἔσεσθαι νομίζοντας τότε μηδὲ ἐς
τὴν σωτηρίαν αὐτὴν ἔτι ἔχειν ἐλπίδα· ἀπέθανον δὲ καὶ τῶν πρωτευόντων
ἄλλοι τε καὶ Ἀνδροκλῆς καὶ Φίντας καὶ λόγου μάλιστα ἀξίως
ἀγωνισάμενος Φάνας, ὃς πρότερον τούτων ἔτι δολίχου νίκην Ὀλυμπίασιν
ἦν ἀνῃρημένος.
[10] Ἀριστομένης δὲ μετὰ τὴν μάχην
τοὺς διαπεφευγότας τῶν Μεσσηνίων συνήθροιζε, καὶ Ἀνδανίαν μὲν καὶ εἴ
τι ἄλλο ἐν μεσογαίᾳ πόλισμα ἔπεισε τὰ πολλὰ ἐκλείπειν, ἐς δὲ τὴν
Εἶραν τὸ ὄρος ἀνοικίζεσθαι. Συνεληλαμένοις δὲ ἐς τοῦτο τὸ χωρίον
προσεκάθηντο οἱ Λακεδαιμόνιοι πολιορκίᾳ σφᾶς αὐτίκα ἐξαιρήσειν
νομίζοντες· ἀντήρκεσαν δὲ ὅμως οἱ Μεσσήνιοι καὶ μετὰ τὴν ἐν τῇ τάφρῳ
συμφορὰν ἑνί τε καὶ δέκα ἔτεσιν ἀμυνόμενοι.
[11] Τὸν δὲ χρόνον τῆς πολιορκίας
γενέσθαι τοσοῦτον δηλοῖ καὶ τάδε ἔπη Ῥιανοῦ πεποιημένα ἐς τοὺς
Λακεδαιμονίους·
Οὔρεος ἀργεννοῖο περὶ πτύχας ἐστρατόωντο
χείματά τε ποίας τε δύω καὶ εἴκοσι πάσας·
χειμῶνας γὰρ καὶ θέρη κατέλεξε, πόας
εἰπὼν τὸν χλωρὸν σῖτον ἢ ὀλίγον πρὸ ἀμητοῦ. |
CHAPITRE XVIII.
Aristomène pris par les Lacédémoniens, et jeté dans
le Kaiadas se sauve d'une manière merveilleuse.
[1] Les Messéniens s'étant
établis à Ira, se voyaient exclus de tout le reste du pays, excepté
de quelques cantons voisins de la mer, qui étaient occupés par les
Pyliens et les Mothoniens. Ils se mirent en conséquence à ravager la
Laconie et la Messénie elle-même, qu'ils regardaient déjà comme pays
ennemi. Les autres se réunissaient au hasard pour faire ces
incursions, mais Aristomène porta sa troupe d'élite au nombre de
trois cents hommes
[2] qui pillaient et emportaient,
chacun où il pouvait, tout ce qui appartenait aux Lacédémoniens ;
consommaient le blé, le vin et les bestiaux, et rendaient pour de
l'argent les hommes et les meubles. Leurs ravages furent portés à un
tel point, que les Spartiates voyant qu'ils ne cultivaient plus les
terres pour leur propre compte, mais pour ceux qui étaient dans Ira,
défendirent par une loi d'ensemencer la Messénie et les cantons
limitrophes de la Laconie, tant que la guerre durerait.
[3] Cette loi occasionna une disette à
Sparte, et en même-temps une émeute, ceux à qui ces terres
appartenaient ne voulant pas qu'elles restassent, incultes ; Tyrtée
leur rendit aussi le service de terminer ces différends. Une
fois Aristomène, sortit vers la nuit close avec son bataillon, et
marcha avec tant de célérité, qu'ayant atteint Amycles avant le
lever du soleil, il prit cette ville, la pilla, et avait déjà fait
sa retraite quand les secours envoyés de Sparte arrivèrent.
[4] Il continua de faire des
incursions dans le pays, jusqu'à ce qu'ayant rencontré les deux rois
de Sparte avec plus de moitié de leurs bataillons, il reçut en se
défendant différentes blessures, et entre autres un coup de pierre à
la tête qui lui fit perdre connaissance. Il ne fut pas plutôt tombé
que les Lacédémoniens se précipitèrent sur lui, et l'ayant pris
vivant avec environ cinquante hommes de sa troupe, les condamnèrent
tous à être précipités dans le Céadas, endroit où ils jettent ceux
qu'ils punissent pour les forfaits les plus graves.
[5] Les autres Messéniens périrent de
leur chute ; mais la divinité qui avait veillé sur Aristomène en
autres conjonctures, le sauva encore de ce péril. Ceux qui veulent
relever l'histoire d'Aristomène par du merveilleux, disent que
lorsqu'on le précipita dans le Céadas, un aigle se plaça sous lui et
le soutint avec ses ailes, de sorte qu'il arriva au fond sans se
briser, et même sans recevoir aucune blessure. Il fallait aussi que
la divinité lui donnât les moyens de sortir du gouffre, et voici
l'histoire de sa délivrance.
[6] Descendu au fond du
précipice, il se coucha, et, s'étant enveloppé de son manteau, il
attendait la mort qu'il regardait comme inévitable ; mais le
troisième jour ayant entendu quelque bruit, il se découvrit la tête,
et comme ses yeux étaient accoutumés à l'obscurité, il vit un renard
qui mangeait des cadavres ; imaginant bien que cet animal devait
avoir quelque issue, il le laisse approcher, le saisit d'une main,
de l'autre, chaque fois que le renard se retourne, lui présente son
manteau à mordre, le suit ainsi presque toujours, et se laisse
traîner dans les endroits difficiles.
[7] Enfin, sur le tard, il aperçoit le
trou par lequel le renard est entré, et qui laisse passer quelque
faible lueur ; il lâcha alors l'animal qui regagna son terrier. Mais
l'ouverture étant trop étroite pour y pouvoir passé Aristomène
l'élargit avec ses mains, se sauve, et retourne chez lui à Ira. Un
hasard bien étrange avait pu le livrer aux mains de ses ennemis, car
il avait trop d'élévation dans l'âme et trop d'audace pour qu'on eût
jamais espéré de le prendre vivant ; mais la manière dont il
s'échappa du Céadas est encore plus extraordinaire, et prouve bien
qu'il était protégé par quelque dieu. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΗ'.
Ἀριστομένης ὑπὸ Λακεδαιμονίων ἁλοὺς, καὶ εἰς τὸν
Καιάδαν ἐμβληθεὶς, παροδόξως σώζεται.
XVIII. [1] Μεσσήνιοι δὲ ὡς ἐς τὴν
Εἶραν τῆς δὲ ἄλλης ἐξείργοντο πλὴν ὅσον σφίσιν οἱ Πύλιοι τὰ ἐπὶ
θαλάσσῃ καὶ οἱ Μοθωναῖοι διέσωζον, [ἢ] ἐλῄστευον τήν τε Λακωνικὴν
καὶ τὴν σφετέραν, πολεμίαν ἤδη καὶ ταύτην νομίζοντες· ἄλλοι τε δὴ
συνίσταντο ἐς τὰς καταδρομάς, ὡς ἕκαστοι τύχοιεν, καὶ Ἀριστομένης δὲ
τοὺς περὶ αὑτὸν λογάδας ἐς τριακοσίων ἀριθμὸν προήγαγεν.
[2] Ἦγον μὲν δὴ τὰ Λακεδαιμονίων καὶ
ἔφερον ὅ τι καὶ δύναιτο αὐτῶν ἕκαστος, ἑλόντες δὲ σῖτον καὶ
βοσκήματα καὶ οἶνον ἀνήλισκον, ἔπιπλα δὲ καὶ ἀνθρώπους ἀπεδίδοσαν
χρημάτων· ὥστε καὶ ἐποιήσαντο οἱ Λακεδαιμόνιοι δόγμα, ἅτε τοῖς ἐν τῇ
Εἴρᾳ μᾶλλον ἢ σφίσιν αὐτοῖς γεωργοῦντες, τὴν Μεσσηνίαν καὶ τῆς
Λακωνικῆς τὴν προσεχῆ, ἕως ἂν πολεμῶσιν, ἐᾶν ἄσπορον.
[3] Καὶ ἀπὸ τούτου σιτοδεία ἐγένετο ἐν
Σπάρτῃ καὶ ὁμοῦ τῇ σιτοδείᾳ στάσις· οὐ γὰρ ἠνείχοντο οἱ ταύτῃ τὰ
κτήματα ἔχοντες τὰ σφέτερα ἀργὰ εἶναι. Καὶ τούτοις μὲν τὰ διάφορα
διέλυε Τυρταῖος· Ἀριστομένης δὲ ἔχων τοὺς λογάδας τὴν μὲν ἔξοδον
περὶ βαθεῖαν ἐποιήσατο ἑσπέραν, ἔφθη δὲ ὑπὸ τάχους τὴν ἐς Ἀμύκλας
ἀνύσας πρὸ ἀνίσχοντος ἡλίου, καὶ Ἀμύκλας τὸ πόλισμα εἷλέ τε καὶ
διήρπασε καὶ τὴν ἀποχώρησιν ἐποιήσατο πρὶν ἢ τοὺς ἐκ τῆς Σπάρτης
προσβοηθῆσαι.
[4] Κατέτρεχε δὲ καὶ ὕστερον τὴν
χώραν, ἐς ὃ Λακεδαιμονίων λόχοις πλέον ἢ τοῖς ἡμίσεσι καὶ τοῖς
βασιλεῦσιν ἀμφοτέροις συμβαλὼν ἄλλα τε ἔσχεν ἀμυνόμενος τραύματα καὶ
πληγέντι ὑπὸ λίθου τὴν κεφαλὴν αὐτῷ σκοτοδινιῶσιν οἱ ὀφθαλμοί. Καὶ
πεσόντα ἀθρόοι τῶν Λακεδαιμονίων ἐπιδραμόντες ζῶντα αἱροῦσιν· ἥλωσαν
δὲ καὶ τῶν περὶ αὐτὸν ἐς πεντήκοντα. Τούτους ἔγνωσαν οἱ
Λακεδαιμόνιοι ῥῖψαι πάντας ἐς τὸν Κεάδαν· ἐμβάλλουσι δὲ ἐνταῦθα οὓς
ἂν ἐπὶ μεγίστοις τιμωρῶνται.
[5] Οἱ μὲν δὴ ἄλλοι Μεσσηνίων
ἐσπίπτοντες ἀπώλλυντο αὐτίκα, Ἀριστομένην δὲ ἔς τε τὰ ἄλλα θεῶν τις
καὶ δὴ καὶ τότε ἐφύλασσεν· οἱ δὲ ἀποσεμνύνοντες τὰ κατ' αὐτὸν
Ἀριστομένει φασὶν ἐμβληθέντι ἐς τὸν Κεάδαν ὄρνιθα τὸν ἀετὸν
ὑποπέτεσθαι καὶ ἀνέχειν ταῖς πτέρυξιν, ἐς ὃ κατήνεγκεν αὐτὸν ἐς τὸ
πέρας οὔτε πηρωθέντα οὐδὲν τοῦ σώματος οὔτε τραῦμά τι λαβόντα.
Ἔμελλε δὲ ἄρα καὶ αὐτόθεν ὁ δαίμων ἔξοδον ἀποφαίνειν αὐτῷ.
[6] Καὶ ὁ μὲν ὡς ἐς τὸ τέρμα ἦλθε τοῦ
βαράθρου, κατεκλίθη τε καὶ ἐφελκυσάμενος τὴν χλαμύδα ἀνέμενεν ὡς
πάντως οἱ ἀποθανεῖν πεπρωμένον· τρίτῃ δὲ ὕστερον ἡμέρᾳ ψόφου τε
αἰσθάνεται καὶ ἐκκαλυψάμενος--ἐδύνατο δὲ ἤδη διὰ τοῦ σκότους
διορᾶν--ἀλώπεκα εἶδεν ἁπτομένην τῶν νεκρῶν. Ὑπονοήσας δὲ ἔσοδον
εἶναι τῷ θηρίῳ ποθέν, ἀνέμενεν ἐγγύς οἱ τὴν ἀλώπεκα γενέσθαι,
γενομένης δὲ λαμβάνεται· τῇ δὲ ἑτέρᾳ χειρί, ὁπότε ἐς αὐτὸν
ἐπιστρέφοιτο, τὴν χλαμύδα προὔβαλλέν οἱ καὶ δάκνειν παρεῖχε. Τὰ μὲν
δὴ πλείω θεούσῃ συνέθει, τὰ δὲ ἄγαν δυσέξοδα καὶ ἐφείλκετο ὑπ'
αὐτῆς· ὀψὲ δέ ποτε ὀπήν τε εἶδεν ἀλώπεκι ἐς διάδυσιν ἱκανὴν καὶ
φέγγος δι' αὐτῆς.
[7] Καὶ τὴν μέν, ὡς ἀπὸ τοῦ
Ἀριστομένους ἠλευθερώθη, τὸ φωλίον ἔμελλεν ὑποδέξεσθαι· Ἀριστομένης
δὲ -- οὐ γάρ τι ἡ ὀπὴ καὶ τούτῳ παρέχειν ἐδύνατο ἔξοδον -- εὐρυτέραν
τε ταῖς χερσὶν ἐποίησε καὶ οἴκαδε ἐς τὴν Εἶραν ἀποσώζεται, παραδόξῳ
μὲν τῇ τύχῃ καὶ ἐς τὴν ἅλωσιν χρησάμενος, τὸ γάρ οἱ φρόνημα ἦν καὶ
τὰ τολμήματα μείζονα ἢ ὡς ἐλπίσαι τινὰ Ἀριστομένην αἰχμάλωτον ἂν
γενέσθαι, παραδοξοτέρα δέ ἐστι καὶ πάντων προδηλότατα οὐκ ἄνευ θεοῦ
ἡ ἐκ τοῦ Κεάδα σωτηρία. |
CHAPITRE XIX.
Aristomène offre le sacrifice nommé
Hécatomphonie. Il tue les Crétois qui l'avaient lié après l'avoir
pris.
[1] Les Lacédémoniens apprirent
aussitôt de quelques transfuges, qu'Aristomène était retourné sain
et sauf au milieu des siens. Son retour leur parut aussi incroyable
que la résurrection d'un mort, mais on va voir comment il les
convainquit bientôt lui-même de son existence. Les Corinthiens
envoyaient aux Lacédémoniens quelques troupes pour le siège d’Ira ;
[2] Aristomène, ayant su par ses
espions qu'ils marchaient dans le plus grand désordre et campaient
sans poser de sentinelles, les attaqua durant la nuit, les surprit
plongés dans le sommeil, en fit un grand carnage, tua Hypermenides,
Achladaius, Lysistrate, Sidecte, leurs généraux, et pilla leurs
tentes. Les Spartiates, alors, ne doutèrent plus qu'il ne fût vivant
; il était en effet le seul Messénien capable d'une action si
hardie.
[3] Il offrit à Jupiter Ithomate le
sacrifice nommé Hécatomphonie, institué dès les temps les plus
anciens, et qui ne pouvait être offert que par ceux des Messéniens
qui avaient tué cent ennemis. Aristomène l'avait déjà offert une
fois après la bataille vers le monument du Sanglier ; il l'offrit
une seconde après cette boucherie qu'il fit des Corinthiens durant
la nuit. On dit même qu'il l'offrit une troisième après de nouvelles
incursions.
[4] Dans ces entrefaites, la fête des
Hyacinthies étant arrivée, les Lacédémoniens firent une trêve de
quarante jours avec les assiégés, et retournèrent chez eux pour
célébrer cette fête. Des archers de Lyctus et des autres villes de
l'île de Crète qu'ils avaient pris à leur solde, continuèrent à
parcourir la Messénie. Sept d'entre eux se mirent en embuscade pour
prendre Aristomène qui sur la foi des traités s'était écarté d'Ira
et marchait sans précaution ; l'ayant saisi, ils le lièrent avec les
courroies de leurs carquois,
[5] et comme la soirée était déjà
avancée, deux d'entre eux allèrent à Sparte annoncer cette heureuse
nouvelle, et les autres emmenèrent Aristomène dans une métairie de
la Messénie. Là demeurait une veuve avec sa fille ; celle-ci avait,
dans la nuit précédente, vu en songe un lion que des loups amenaient
enchaîné et sans ongles dans leur demeure. Elle l'avait délivré de
ses chaînes, et ayant trouvé ses ongles les lui avait rendus ; alors
le lion avait mis les loups en pièces.
[6] A la vue d'Aristomène amené par
les Crétois, elle pensa que son songe de la nuit précédente se
réalisait, et ayant appris de sa mère qui il était, elle fut
confirmée dans son opinion. Instruite par Aristomène de ce qu'elle
avait à faire, elle se mit à verser du vin à ces Crétois, et
lorsqu'ils furent ivres, elle prit le poignard de celui qui s'était
le plus profondément endormi, et coupa les liens d'Aristomène, qui
du même poignard, les égorgea tous ; il récompensa cette jeune fille
de ce qu'elle avait fait pour sa délivrance, en la mariant avec
Gorgus son fils, quoiqu'il n'eût pas encore dix-huit ans. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΘ'.
Ἀριστομένης θύει Ἑκατομφόνια. Τοὺς συλλαβόντας
καὶ δήσαντας αὐτὸν Κρῆτας ἀποκτείνει.
XIX. Λακεδαιμονίοις δὲ παραυτίκα μὲν
ὑπὸ ἀνδρῶν ἀπηγγέλλετο αὐτομόλων, ὡς Ἀριστομένης ἐπανήκοι σῶς·
νομιζομένου δὲ ἀπίστου κατὰ ταὐτὰ ἢ εἴ τινα τεθνεῶτα ἐλέγετο
ἀναβιῶναι, παρ' αὐτοῦ τοιόνδε Ἀριστομένους ὑπῆρξεν ἐς πίστιν.
Κορίνθιοι Λακεδαιμονίοις δύναμιν ὡς συνεξαιρήσοντας τὴν Εἶραν
ἀποστέλλουσι.
[2] Τούτους παρὰ τῶν κατασκόπων
πυνθανόμενος ὁ Ἀριστομένης τῇ πορείᾳ τε ἀτακτότερον χρῆσθαι καὶ ταῖς
στρατοπεδείαις ἀφυλάκτως, ἐπιτίθεται νύκτωρ σφίσι· καὶ τῶν τε ἄλλων
καθευδόντων ἔτι ἐφόνευσε τοὺς πολλοὺς καὶ τοὺς ἡγεμόνας Ὑπερμενίδην
καὶ Ἀχλαδαῖον καὶ Λυσίστρατον καὶ Σίδεκτον ἀποκτίννυσι. Διαρπάσας δὲ
καὶ τὴν σκηνὴν τὴν στρατηγίδα παρέστησεν εὖ εἰδέναι Σπαρτιάταις ὡς
Ἀριστομένης καὶ οὐκ ἄλλος Μεσσηνίων ἐστὶν ὁ ταῦτα εἰργασμένος.
[3] Ἔθυσε δὲ καὶ τῷ Διὶ τῷ Ἰθωμάτᾳ τὴν
θυσίαν ἣν ἑκατομφόνια ὀνομάζουσιν. Αὕτη δὲ καθεστήκει μὲν ἐκ
παλαιοτάτου, θύειν δὲ αὐτὴν Μεσσηνίων ἐνομίζετο ὁπόσοι πολεμίους
ἄνδρας κατεργάσαιντο ἑκατόν. Ἀριστομένει δέ, ὅτε ἐπὶ Κάπρου σήματι
ἐμαχέσατο, θύσαντι ἑκατομφόνια πρῶτον, δεύτερα ἤδη θῦσαι καὶ ὁ ἐν τῇ
νυκτὶ τῶν Κορινθίων παρέσχε φόνος. Τοῦτον μὲν δὴ λέγουσι καὶ ἐπὶ
ταῖς ὕστερον θῦσαι καταδρομαῖς θυσίαν τρίτην, Λακεδαιμόνιοι δὲ --
ἐπῄει γὰρ
[4] Ὑακίνθια -- πρὸς τοὺς ἐν τῇ Εἴρᾳ
τεσσαράκοντα ἐποιήσαντο ἡμερῶν σπονδάς· καὶ αὐτοὶ μὲν ἀναχωρήσαντες
οἴκαδε ἑώρταζον, Κρῆτες δὲ τοξόται -- μετεπέμψαντο γὰρ ἔκ τε Λύκτου
καὶ ἑτέρων πόλεων μισθωτούς--οὗτοί σφισιν ἀνὰ τὴν Μεσσηνίαν
ἐπλανῶντο. Ἀριστομένην οὖν, ἅτε ἐν σπονδαῖς ἀπωτέρω τῆς Εἴρας
γενόμενον καὶ προϊόντα ἀδεέστερον, ἑπτὰ ἄνδρες ἀπὸ τῶν τοξοτῶν
τούτων ἐλόχησαν, συλλαβόντες δὲ τοῖς ἱμᾶσιν οἷς εἶχον ἐπὶ ταῖς
φαρέτραις δέουσιν·
[5] ἑσπέρα γὰρ ἐπῄει. Δύο μὲν οὖν ἐς
Σπάρτην ἀπ' αὐτῶν ἐλθόντες Λακεδαιμονίοις Ἀριστομένην εὐηγγελίζοντο
ἡλωκέναι· οἱ λοιποὶ δὲ ἀποχωροῦσιν ἐς ἀγρὸν τῶν ἐν τῇ Μεσσηνίᾳ.
Ἐνταῦθα ᾤκει κόρη σὺν μητρὶ παρθένος, πατρὸς ὀρφανή. Τῇ δὲ προτέρᾳ
νυκτὶ εἶδεν ὄψιν ἡ παῖς· λέοντα ἐς τὸν ἀγρὸν λύκοι σφίσιν ἤγαγον
δεδεμένον καὶ οὐκ ἔχοντα ὄνυχας, αὐτὴ δὲ τοῦ δεσμοῦ τὸν λέοντα
ἀπέλυσε καὶ ἀνευροῦσα ἔδωκε τοὺς ὄνυχας, οὕτω τε διασπασθῆναι τοὺς
λύκους ἔδοξεν ὑπὸ τοῦ λέοντος.
[6] Τότε δὲ ὡς τὸν Ἀριστομένην
ἐσάγουσιν οἱ Κρῆτες, συνεφρόνησεν ἡ παρθένος ὕπαρ ἥκειν τὸ ἐν τῇ
νυκτί οἱ πεφηνὸς καὶ ἀνηρώτα τὴν μητέρα ὅστις εἴη· μαθοῦσα δὲ
ἐπερρώσθη τε καὶ ἀπιδοῦσα ἐς αὐτὸν τὸ προσταχθὲν συνῆκεν. Οἶνον οὖν
τοῖς Κρησὶν ἐγχέουσα ἀνέδην, ὡς σφᾶς ἡ μέθη κατελάμβανεν, ὑφαιρεῖται
τοῦ μάλιστα ὑπνωμένου τὸ ἐγχειρίδιον· τὰ μὲν δὴ δεσμὰ τοῦ
Ἀριστομένους ἔτεμεν ἡ παρθένος, ὁ δὲ παραλαβὼν τὸ ξίφος διειργάσατο.
Ταύτην τὴν παρθένον λαμβάνει γυναῖκα Γόργος Ἀριστομένους· ἐδίδου δὲ
Ἀριστομένης τῇ παιδὶ ἐκτίνων σῶστρα, ἐπεὶ Γόργῳ οὐκ ἦν πω δέκατον
καὶ ὄγδοον ἔτος, ὅτε ἔγημεν. |
CHAPITRE XX.
Oracle au sujet du bouc. Objet secret des
Messéniens. Le bouvier d'Emperamus trahit les Messéniens.
[1] Il était dans l'ordre des destins
qu'Ira fût prise dans la onzième année du siège, et que les
Messéniens fussent chassés de leur pays ; et l'oracle rendu à
Aristomène et à Théoclus fut accompli. En effet, après la déroute de
la Grande Fosse, ils étaient allés consulter l'oracle de Delphes sur
ce qu'il fallait faire pour le salut de leur patrie, et la Pythie
leur avait répondu : lorsqu'un bouc boira dans la tortueuse Néda,
je ne défendrai plus les Messéniens, et leur ruine sera prochaine.
[2] La Néda prend sa source dans le
mont Lycée, passe à travers l'Arcadie, et retournant de là dans la
Messénie, forme, dans le voisinage de la mer, la ligne de
démarcation entre ce pays et celui des Eléens. Les Messéniens,
d'après cet oracle, craignaient seulement que des boucs n'allassent
boire dans la Néda, mais ce n'était pas là ce que le dieu voulait
dire. Le figuier sauvage que quelques Grecs nomment Olynthos, porte
le nom de Tragus ( bouc) chez les Messéniens. Un de ces figuiers
venu sur le bord de la Néda, au lieu de s'élever, prit son
accroissement horizontalement du côté du fleuve dans les eaux duquel
il trempait l'extrémité de ses feuilles.
[3] Le devin Théoclus, ayant vu cet
arbre, comprit que c'était là le bouc dont l'oracle avait voulu
parler, et que le terme fatal de Messène approchait. Il garda sur
cela le plus grand secret, excepté pour Aristomène qu'il conduisit
vers ce figuier : là il lui apprit qu'il n'y avait plus d'espoir de
salut. Aristomène en fut convaincu, et le temps ne permettant plus
de différer, il se hâta de prendre les mesures que les circonstances
commandaient.
[3] Les Messéniens conservaient en
secret un objet dont l'anéantissement devait entraîner la
destruction totale et éternelle de Messène, mais dont la
conservation devait au contraire, selon la prédiction de Lycus, fils
de Pandion, ramener un jour les Messéniens dans leur pays.
Aristomène, connaissant ces prédictions, emporta ces objets lorsque
la nuit fut venue, et alla les enterrer sur le mont Ithome, dans
1'endroit le plus désert de la ville de ce nom, dans l'espérance que
Jupiter protecteur d'Ithome et les dieux qui avaient jusque là
veillé sur les Messéniens, seraient les gardiens de ce dépôt, et ne
laisseraient pas tomber entre les mains des Lacédémoniens le seul
gage que les Messéniens eussent de leur retour.
[5] Bientôt après, les malheurs des
Messéniens commencèrent, comme l'avaient fait jadis ceux des
Troyens, par un adultère. Les Messéniens, quoique vaincus ; étaient
encore maîtres de la montagne et des environs d'Ira jusqu'à la Néda,
et quelques-uns d'entre eux avaient leur habitation hors de la
ville. Il ne leur était venu de la Laconie aucun autre transfuge,
qu'un pâtre esclave d'Emperamos, qui leur amena les boeufs de son
maître : cet Emperamus était un des principaux citoyens de Sparte.
[6] Ce pâtre menait paître ses boeufs
dans les environs de la Néda ; il rencontra un jour la femme d'un de
ces Messéniens logés hors de la ville, qui allait puiser de l'eau.
Il conçut pour elle une passion qu'il osa lui déclarer, et il la
séduisit par quelques présents. L'ayant ainsi gagnée, il épiait le
moment où son mari allait à la citadelle ; comme c'était l'endroit
par où l'on craignait le plus que les ennemis n'entrassent dans la
ville, les Messéniens y montaient la garde tour à tour. Quand donc
le mari partait pour s'y rendre, le pâtre allait trouver la femme.
[7] Un jour que ce Messénien était de
garde avec plusieurs autres, il vint à pleuvoir d'une telle force,
qu'ils laissèrent leur poste, l'eau qui tombait du ciel à flots ne
leur permettant pas d'y rester, parce que les fortifications ayant
été faites à la hâte, il n'y avait ni tours ni créneaux pour se
mettre à l'abri. Ils ne croyaient pas d'ailleurs que les
Lacédémoniens osassent rien entreprendre pendant une nuit aussi
orageuse et sans lune.
[8] D'un autre côté, Aristomène ne
pouvait pas aller visiter les postes, comme il avait coutume de le
faire, car il avait été blessé quelques jours auparavant, en allant
délivrer un marchand Céphallénien son hôte, et qui apportait à Ira
toutes les choses dont on avait besoin ; ce marchand avait été pris
par des Lacédémoniens et des archers d'Aptère que commandait
Euryalus Spartiate. Aristomène le délivra et reprit toutes ses
marchandises ; mais il reçut une blessure qui le retint pendant
quelque temps chez lui, ce qui fut la principale cause de l'abandon
où se trouva la citadelle.
[9] Ceux qui composaient la garde
s'étant tous retirés, le mari de la femme séduite par le pâtre en
fit de même, et retourna chez lui ; l'entendant rentrer, sa femme se
hâta de cacher l'amant qui se trouvait alors auprès d'elle, et
prodiguant au mari plus de caresses que jamais lui demanda la cause
de son retour. Celui-ci qui ne soupçonnait rien de l'infidélité de
son épouse, ni du pâtre qu'elle avait caché, dit naïvement la
vérité, et raconta comment il avait, ainsi que tous les autres,
abandonné la garde de la citadelle à cause de la violence de la
pluie.
[10] Le pâtre n'eut pas plutôt entendu
ce récit, que, désertant une seconde fois, il repassa du côté des
Lacédémoniens ; Emperamus son maître avait alors, dans l'absence des
deux rois, le commandement des troupes qui assiégeaient Ira : le
pâtre alla le trouver, et après lui avoir demandé pardon de sa
fuite, lui apprit de quelle manière il pouvait dès ce moment,
s'emparer aisément de la forteresse, et l'en convainquit par les
détails que le Messénien avait révélés. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Κ'.
Χρησμὸς περὶ τράγου. Μεσσηνίων ἀπόρρητον.
Ἐμπεράμου βουκόλος προδίδωσι Μεσσηνίους.
XX. [1] Ἐνδεκάτῳ δὲ ἔτει τῆς
πολιορκίας τήν τε Εἶραν ἐπέπρωτο ἁλῶναι καὶ ἀναστάτους γενέσθαι
Μεσσηνίους, καὶ δή σφισιν ἐπετέλεσεν ὁ θεὸς Ἀριστομένει καὶ Θεόκλῳ
χρησθέν τι. Τούτοις γὰρ ἐλθοῦσιν ἐς Δελφοὺς μετὰ τὴν ἐπὶ τῇ τάφρῳ
πληγὴν καὶ ἐπερομένοις ὑπὲρ σωτηρίας τοσόνδε εἶπεν ἡ Πυθία·
Εὖτε τράγος πίνῃσι Νέδης ἑλικόρροον ὕδωρ,
οὐκέτι Μεσσήνην ῥύομαι· σχεδόθεν γὰρ ὄλεθρος.
[2] Εἰσὶ δὲ αἱ πηγαὶ τῆς Νέδας ἐν ὄρει
τῷ Λυκαίῳ· προελθὼν δὲ ὁ ποταμὸς διὰ τῆς Ἀρκάδων καὶ ἐπιστρέψας
αὖθις ἐς τὴν Μεσσηνίαν ὁρίζει τὰ ἐπὶ θαλάσσῃ Μεσσηνίοις καὶ Ἠλείοις
τὴν γῆν. Τότε δὲ οἳ μὲν τοὺς αἶγας τοὺς ἄρρενας ἐδεδοίκεσαν μὴ
πίνωσιν ἀπὸ τῆς Νέδας· τοῖς δὲ ἄρα ὁ δαίμων προεσήμαινε τοιόνδε. Τὸ
δένδρον τὸν ἐρινεόν εἰσιν Ἑλλήνων οἳ καλοῦσιν ὀλύνθην, Μεσσήνιοι δὲ
αὐτοὶ τράγον. Τότε οὖν πρὸς τῇ Νέδᾳ πεφυκὼς ἐρινεὸς οὐκ ἐς εὐθὺ
ηὔξητο, ἀλλὰ ἔς τε τὸ ῥεῦμα ἐπέστρεφε καὶ τοῦ ὕδατος ἄκροις τοῖς
φύλλοις ἐπέψαυε.
[3] Θεασάμενος δὲ ὁ μάντις Θέοκλος
συνεβάλετο ὡς τὸν τράγον τὸν πίνοντα ἐκ τῆς Νέδας προεῖπεν ἡ Πυθία
τὸν ἐρινεὸν τοῦτον καὶ ὡς ἤδη Μεσσηνίοις ἥκει τὸ χρεών· καὶ ἐς μὲν
τοὺς ἄλλους εἶχεν ἐν ἀπορρήτῳ, Ἀριστομένην δὲ πρός τε τὸν ἐρινεὸν
ἤγαγε καὶ ἀνεδίδασκεν ὡς τῆς σωτηρίας ἐξήκοι σφίσιν ὁ χρόνος.
Ἀριστομένης δὲ ἔχειν οὕτω πείθεται καὶ ἀναβολὴν οὐκέτι εἶναί σφισι,
προενοήσατο δὲ καὶ ἐκ τῶν παρόντων.
[4] Καὶ ἦν γάρ τι ἐν ἀπορρήτῳ τοῖς
Μεσσηνίοις, ἔμελλε δὲ ἀφανισθὲν ὑποβρύχιον τὴν Μεσσήνην κρύψειν τὸν
πάντα αἰῶνα, φυλαχθὲν δὲ οἱ Λύκου τοῦ Πανδίονος χρησμοὶ Μεσσηνίους
ἔλεγον χρόνῳ ποτὲ ἀνασώσεσθαι τὴν χώραν· τοῦτο δὴ ὁ Ἀριστομένης ἅτε
ἐπιστάμενος τοὺς χρησμούς, ἐπεὶ νὺξ ἐγίνετο, ἐκόμιζε. Παραγενόμενος
δὲ ἔνθα τῆς Ἰθώμης ἦν τὸ ἐρημότατον, κατώρυξεν ἐς Ἰθώμην τὸ ὄρος,
καὶ Δία Ἰθώμην ἔχοντα καὶ θεοὺς οἳ Μεσσηνίους ἐκεῖνο ἔσωζον φύλακας
μεῖναι τῆς παρακαταθήκης αἰτούμενος, μηδὲ ἐπὶ Λακεδαιμονίοις ποιῆσαι
τὴν μόνην καθόδου Μεσσηνίοις ἐλπίδα.
[5] Μετὰ δὲ τοῦτο τοῖς Μεσσηνίοις
ἤρχετο, καθὸ καὶ Τρωσὶν ἔτι πρότερον, γίνεσθαι κακὰ ἀπὸ μοιχείας.
Ἐπεκράτουν μὲν αὐτοὶ [ἐπεὶ ἐκράτουν] τοῦ τε ὄρους καὶ τοῦ πρὸς τὴν
Εἶραν ἄχρι τῆς Νέδας, ἦσαν δὲ οἰκήσεις καὶ ἔξω πυλῶν ἐνίοις.
Αὐτόμολος δὲ ἐς αὐτοὺς ἐκ τῆς Λακωνικῆς ἄλλος μὲν ἀφίκετο οὐδείς,
οἰκέτης δὲ Ἐμπεράμου βουκόλος ἐλαύνων τοῦ δεσπότου τὰς βοῦς· ὁ δὲ
Ἐμπέραμος ἦν ἀνὴρ ἐν Σπάρτῃ δόκιμος.
[6] Οὗτος ὁ βουκόλος ἔνεμεν οὐ πόρρω
τῆς Νέδας. Ἀνδρὸς οὖν τῶν Μεσσηνίων τῶν οὐκ ἐντὸς τείχους ἐχόντων
οἴκησιν γυναῖκα εἶδεν ἐφ' ὕδωρ ἐλθοῦσαν· ἐρασθεὶς δὲ διαλεχθῆναί τε
ἐτόλμησε καὶ δοὺς δῶρα συγγίνεται. Καὶ ἀπὸ τούτου τὸν ἄνδρα
παρεφύλασσεν αὐτῆς, ὁπότε ἀποχωρήσειεν ἐς τὴν φρουράν. Ἀνὰ μέρος δὲ
τοῖς Μεσσηνίοις τῆς ἀκροπόλεως ἐπήγετο ἡ φυλακή· ταύτῃ γὰρ τοὺς
πολεμίους μάλιστα ἐδεδοίκεσαν μὴ ὑπερβῶσιν αὐτοῖς ἐς τὴν πόλιν.
Ὁπότε οὖν οὗτος ἀποχωρήσειε, τηνικαῦτα ὁ βουκόλος ἐφοίτα παρὰ τὴν
γυναῖκα.
[7] Καί ποτε ἔτυχε σὺν ἄλλοις ἐς
ἐκεῖνον περιήκουσα ἐν τῇ νυκτὶ φυλακή, ἔτυχε δὲ καὶ ὕειν πολλῷ τὸν
θεόν, καὶ ἐκλείπουσιν οἱ Μεσσήνιοι τὴν φρουράν· τὸ γὰρ ὕδωρ ἐβιάζετο
σφᾶς ἀθρόον ἐκ τοῦ οὐρανοῦ καταχεόμενον, οὔτε ἐπάλξεων
ἐνῳκοδομημένων οὔτε πύργων ὑπὸ σπουδῆς τοῦ τειχισμοῦ, καὶ ἅμα οὐδὲ
κινήσεσθαι τοὺς Λακεδαιμονίους ἤλπιζον ἐν ἀσελήνῳ νυκτὶ καὶ οὕτω
χειμερίῳ.
[8] Ἀριστομένης δὲ οὐ πολλαῖς πρότερον
ἡμέραις Κεφαλλῆνα ἔμπορον, ἑαυτῷ ξένον καὶ ἐσάγοντα ἐς τὴν Εἶραν
ὁπόσων ἐδέοντο, ἑαλωκότα ὑπὸ Λακεδαιμονίων καὶ τοξοτῶν Ἀπτεραίων ὧν
ἦρχεν Εὐρύαλος Σπαρτιάτης, τοῦτον τὸν Κεφαλλῆνα ἀφαιρούμενος ἐκεῖνον
μὲν καὶ τὰ χρήματα ὁπόσα ἦγεν ἀπέσωσεν, αὐτὸς δὲ ἐτέτρωτο καὶ οὐκ
ἐδύνατο ἐπιφοιτᾶν τοῖς φυλάσσουσι καθάπερ εἰώθει. Τοῦτο μάλιστα
αἴτιον ἐγένετο ἐκλειφθῆναι τὴν ἀκρόπολιν·
[9] τῶν τε δὴ ἄλλων ἕκαστος ἀνεχώρησεν
ἀπὸ τῆς φρουρᾶς καὶ τῆς ὑπὸ τοῦ βουκόλου μοιχευομένης ὁ ἀνήρ. Ἡ δὲ
τηνικαῦτα ἔνδον εἶχε τὸν βουκόλον, αἰσθάνεταί τε τοῦ ἀνδρὸς ἐπιόντος
καὶ αὐτίκα ὡς τάχους εἶχεν ἀποκρύπτει τὸν ἄνθρωπον. Ἐσελθόντα δὲ τὸν
ἄνδρα ἐφιλοφρονεῖτο ὡς οὔπω πρότερον καὶ ἠρώτα καθ' ἥν τινα αἰτίαν
ἥκοι. Ὁ δὲ οὔτε μεμοιχευμένην εἰδὼς οὔτε ἔνδον ὄντα τὸν βουκόλον
ἐχρῆτο τῷ ἀληθεῖ λόγῳ, καὶ αὐτός τε διὰ τοῦ ὄμβρου τὸ βίαιον καὶ τῶν
ἄλλων ἕκαστον ἔφασκεν ἀπολελοιπέναι τὴν φρουράν.
[10] Ἐπηκροᾶτο δὲ λέγοντος ὁ βουκόλος,
καὶ ὡς ἀκριβῶς ἐπύθετο ἕκαστα, αὖθις ἐκ τῶν Μεσσηνίων ἐς τοὺς
Λακεδαιμονίους ἀφίκετο αὐτόμολος. Λακεδαιμονίοις δὲ οἱ μὲν βασιλεῖς
ἀπὸ στρατοπέδου τηνικαῦτα ἀπῆσαν, πολεμαρχῶν δὲ τότε Ἐμπέραμος ὁ τοῦ
βουκόλου δεσπότης προσεκάθητο τῇ Εἴρᾳ. Ἀφικόμενος οὖν ἐς τοῦτον
πρῶτα μὲν τὸ ἐπὶ τῷ δρασμῷ παρῃτεῖτο ἁμάρτημα, δεύτερα δὲ
ἀνεδίδασκεν ὡς τὴν Εἶραν ἐν τῷ παρόντι μάλιστα αἱρήσουσιν, αὐτὰ
ἕκαστα ὁπόσα ᾔσθετο τοῦ Μεσσηνίου διηγούμενος. |
CHAPITRE XXI.
Prise d'Ira.
[1] Comme ce pâtre paraissait dire la
vérité, Emperamus et les Spartiates le suivirent. Leur marche fut
très pénible à cause de la nuit et de la pluie qui tombait sans
discontinuer ; ils surmontèrent cependant tous ces obstacles, et
étant arrivés à la citadelle d'Ira, ils y montèrent, soit en y
appliquant des échelles, soit par tout autre moyen que chacun put
imaginer. Les Messéniens furent avertis de leur malheur par
différents indices, et surtout par les chiens qui, au lieu d'aboyer
comme à l'ordinaire, faisaient entendre des hurlements plus forts et
plus prolongés. Se voyant dans la nécessité de combattre, et sans
doute pour la dernière fois, ils ne prirent même pas toutes leurs
armes, et saisissant chacun tout ce qui tombait sous la main, ils
coururent à la défense de la place, la seule qui leur restât de
toute la Messénie.
[2] Les premiers qui s'aperçurent de
l'entrée des ennemis, les premiers aussi qui se mirent en défense,
furent Aristomène, Gorgus son fils, Théoclus le devin, Manticlus son
fils, et Evergétidas, qui, jouissant déjà de beaucoup de
considération à Messène, en avait acquis encore plus par son mariage
avec Hagnagora soeur d'Aristomène. Quoique pris comme dans un filet,
les autres Messéniens avaient encore, en se réunissant, quelque
espoir de sauver leur patrie,
[3] mais Aristomène et le devin qui
connaissaient la réponse de la Pythie où il était question du bouc,
prévoyaient bien que la ruine de Messène ne pouvait plus être
différée : ils n'en disaient cependant rien, et gardaient le secret
sur ce qu'ils savaient ; parcourant la ville en hâte, ils
exhortaient tous les Messéniens qu'ils rencontraient à se conduire
en hommes de courage, et appelaient ceux qui étaient encore dans
leurs maisons ;
[4] la nuit se passa sans qu'il se fit
rien de remarquable de part ni d'autre, l'ignorance des lieux et
l'audace d'Aristomène arrêtant les Lacédémoniens ; les Messéniens,
de leur côté, n'ayant pas eu le temps de prendre le mot d'ordre de
leurs généraux, et la pluie éteignant sur-le-champ les torches et
les flambeaux qu'on allumait ;
[5] mais lorsque le jour fut venu, et
qu'on put se reconnaître, Aristomène et Théoclus s'efforcèrent
d'animer au plus haut degré le courage des Messéniens, par tous ses
discours qu'on peut tenir dans de pareilles circonstances, et par le
souvenir de la bravoure des Smyrnéens qui, n'étant qu'une portion
des Ioniens, parvinrent par leur valeur et leur dévouement, à
repousser Gygès, fils de Dascylus, et les Lydiens qui s'étaient déjà
emparés de leur ville.
[6] A ces paroles, les Messéniens se
sentirent transportés de fureur, et réunis en troupes, selon qu'ils
se rencontraient, ils fondirent de toutes parts sur les
Lacédémoniens ; montées sur les toits malgré la violence de la
pluie, les femmes leur jetaient des tuiles, et tout ce qu'elles
trouvaient sous leurs mains ; quelques-unes même osèrent prendre les
armes et inspirèrent par là une nouvelle ardeur aux hommes, en leur
prouvant qu'elles aimaient mieux périr avec leur patrie, que d'être
emmenées captives à Lacédémone. Tant de courage aurait peut-être
vaincu le destin lui-même,
[7] mais la pluie dont la violence
redoublait sans cesse, le fracas épouvantable du tonnerre, les
éclairs qui leur frappaient les yeux à chaque instant, tout
s'opposait à leurs efforts, et ranimait au contraire ceux des
Lacédémoniens, qui disaient que les dieux combattaient en leur
faveur, et à qui le devin Hécatus faisait remarquer comme un heureux
présage, les éclairs brillants à leur droite.
[8] Hécatus imagina aussi le
stratagème que je vais exposer. Les Lacédémoniens étaient plus
nombreux que les Messéniens ; mais, comme l'emplacement n'était pas
assez spacieux pour qu'on pût se ranger en bataille, et qu'il
fallait combattre en même temps dans plusieurs endroits de la ville,
les derniers rangs de chaque bataillon devenaient inutiles : le
devin les renvoya prendre de la nourriture et du repos dans le camp,
en leur ordonnant de revenir avant le soir remplacer ceux qui
auraient combattu pendant la journée,
[9] en sorte que se reposant
alternativement, les Lacédémoniens reprenaient de nouvelles forces,
tandis que tout contrariait les Messéniens. C'était la troisième
nuit que ceux-ci combattaient sans relâche ; le jour paraissait
déjà, et les trouvait accablés à la fois par la pluie, l'insomnie,
le froid, la faim et la soif. Les femmes surtout, peu accoutumées
aux travaux de la guerre, étaient anéanties par des fatigues
continuelles.
[10] Théoclus alors se tournant vers
Aristomène lui dit : « A quoi bon vous donner tant de peine ? le
destin veut absolument que Messène soit prise ; le malheur présent
nous avait été prédit depuis longtemps par la Pythie, et le figuier
sauvage nous a dernièrement appris que l'époque fatale était
arrivée. Les dieux veulent que je périsse avec ma patrie ; pour
vous, employez tous vos moyens à sauver les Messéniens et à vous
sauver vous-même. » En finissant ce discours, il se précipita au
milieu des Lacédémoniens et leur criant : Vous n'aurez pas
toujours sujet de vous réjouir de la possession de la Messénie,
[11] il se jeta sur ceux qui étaient
devant lui, les tua, et blessé lui-même, rendit le dernier soupir
après avoir assouvi sa fureur dans le sang de ses ennemis. Alors
Aristomène rappela du combat tous les Messéniens, excepté ceux que
leur courage avait réunis autour de lui, et qu'il laissa sous les
armes. Il ordonna aux autres de mettre les femmes et les enfants au
milieu de leur bataillon et de le suivre partout où il leur
ouvrirait le passage.
[12] Il donna à Gorgus et à Manticlus
le commandement de l'arrière-garde de ce bataillon, et courant à
ceux qu'il avait laissés en avant, il fît connaître par un signe de
tête et par le mouvement de sa lance, qu'il demandait passage, et
consentait enfin à se retirer ; alors Emperamus et les Spartiates
qui se trouvaient avec lui, crurent devoir laisser aller les
Messéniens pour ne pas exaspérer outre mesure des forcenés dont le
désespoir était à son comble. Ce fut également l'avis du devin
Hécatus. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΑ'
Εἴρας ἅλωσς.
XXI. [1] Ἔδοξέ τε δὴ λέγειν πιστὰ καὶ
ἡγεῖτο Ἐμπεράμῳ καὶ τοῖς Σπαρτιάταις. Ἦν δὲ ἡ πορεία χαλεπή σφισιν
ἅτε ἐν σκότῳ καὶ οὐκ ἀνιέντος τοῦ ὑετοῦ· ὅμως δὲ ὑπὸ προθυμίας
ἤνυσαν, καὶ ὡς κατὰ τὴν ἀκρόπολιν τῆς Εἴρας ἐγένοντο, ὑπερέβαινον
κλίμακάς τε προστιθέντες καὶ ὅτῳ τις ἐδύνατο ἄλλῳ τρόπῳ. Τοῖς δὲ
Μεσσηνίοις παρείχετο μὲν τοῦ παρόντος κακοῦ καὶ ἄλλα αἴσθησιν,
μάλιστα δὲ οἱ κύνες οὐ κατὰ τὰ εἰωθότα ὑλακτοῦντες, ἀλλὰ συνεχεστέρᾳ
καὶ βιαιοτέρᾳ τῇ κραυγῇ χρώμενοι. Γνόντες οὖν τὸν ὕστατον ὁμοῦ καὶ
ἀναγκαιότατον σφᾶς ἀγῶνα ἐπειληφότα, οὐδὲ τὰ ὅπλα ἅπαντα
ἀνελάμβανον, ἀλλ' ὅτῳ προχείρῳ μάλιστα ἐντύχοι τις, ἁρπάζοντες
ἤμυνον τῇ πατρίδι, ἣ μόνη σφίσιν ἐλείπετο ἐκ τῆς Μεσσηνίας πάσης.
[2] Πρῶτοι δὲ ᾔσθοντο ἔνδον τῶν
πολεμίων ὄντων καὶ ἐβοήθουν ἐπ' αὐτοὺς πρῶτοι Γόργος τε ὁ
Ἀριστομένους καὶ Ἀριστομένης αὐτὸς Θέοκλός τε ὁ μάντις καὶ Μάντικλος
ὁ Θεόκλου, σὺν δὲ αὐτοῖς Εὐεργετίδας ἀνὴρ καὶ ἄλλως ἐν Μεσσήνῃ
τιμώμενος καὶ διὰ τὴν γυναῖκα ἐπὶ πλέον ἀξιώματος ἥκων· ἀδελφὴν γὰρ
εἶχεν Ἀριστομένους Ἁγναγόραν. Τότε δὲ οἱ μὲν ἄλλοι, συνιέντες ὡς ἐν
δικτύοις εἰσὶν ἐσχημένοι, ὅμως καὶ ἐκ τῶν παρόντων εἶχόν τινα
ἐλπίδα·
[3] Ἀριστομένης δὲ καὶ ὁ μάντις
ἠπίσταντο μὲν οὐδεμίαν ἔτι ἀναβολὴν ὀλέθρου Μεσσηνίοις οὖσαν, ἅτε
εἰδότες καὶ τὸν χρησμὸν ὃν ᾐνίξατο ἐς τὸν τράγον· ἡ Πυθία,
ἐπέκρυπτον δὲ οὐδὲν ἧσσον, καὶ ἦν σφισιν ἐς τοὺς ἄλλους ἀπόρρητον.
Ἐπιόντες δὲ τὴν πόλιν σπουδῇ καὶ ἐπὶ πάντας ἐρχόμενοι τοῖς τε
ἐντυγχάνουσιν, ὁπότε αἰσθάνοιντο ὄντας Μεσσηνίους, παρεκελεύοντο
ἄνδρας ἀγαθοὺς εἶναι καὶ ἐκ τῶν οἰκιῶν ἀνεκάλουν τοὺς ἔτι
ὑπολειπομένους.
[4] Ἐν μὲν δὴ νυκτὶ οὐδὲν ἄξιον
ἐπράχθη λόγου παρ' οὐδετέρων· τοῖς μὲν γὰρ ἡ ἀπειρία τῶν τόπων καὶ ἡ
τόλμα τοῦ Ἀριστομένους παρεῖχε μελλησμόν, τοῖς δὲ Μεσσηνίοις οὔτε
παρὰ τῶν στρατηγῶν σύνθημα ἐγεγόνει φθάνοντας εἰληφέναι τάς τε
δᾷδας, ἢ εἴ τινα λαμπτῆρα ἀλλοῖον ἅψαιτό τις, ὕων ἂν ἐσβέννυεν ὁ
θεός.
[5] Ἐπειδὴ δὲ ἡμέρα τε ἦν καὶ ἀλλήλους
καθορᾶν ἐδύναντο, ἐνταῦθα Ἀριστομένης καὶ Θέοκλος ἐπειρῶντο ἐς πᾶσαν
ἀπόνοιαν προάγειν τοὺς Μεσσηνίους, ἄλλα τε ὁπόσα εἰκὸς ἦν
διδάσκοντες καὶ Σμυρναίων τὰ τολμήματα ἀναμιμνήσκοντες, ὡς Ἰώνων
μοῖρα ὄντες Γύγην τὸν Δασκύλου καὶ Λυδοὺς ἔχοντας σφῶν τὴν πόλιν ὑπὸ
ἀρετῆς καὶ προθυμίας ἐκβάλοιεν.
[6] Οἱ Μεσσήνιοι δὲ ἀκούοντες ἀπονοίας
τε ἐνεπίμπλαντο καὶ συνιστάμενοι καθ' ὁπόσους ἕκαστοι τύχοιεν
ἐφέροντο ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους· ὥρμησαν δὲ καὶ γυναῖκες τῷ κεράμῳ
καὶ ὅτῳ δύναιτο ἑκάστη τοὺς πολεμίους βάλλειν. Τοῦτο μὲν δὴ μὴ
δρᾶσαι σφᾶς μηδὲ ἐπιβῆναι τῶν τεγῶν τοῦ ὄμβρου τὸ βίαιον ἐπεκώλυε·
λαβεῖν δὲ ὅπλα ἐτόλμησαν καὶ τοῖς ἀνδράσιν ἐπὶ πλέον αὗται τὴν
τόλμαν ἐξῆψαν, ὁπότε καὶ τὰς γυναῖκας ἑώρων προτιμώσας συναπολέσθαι
τῇ πατρίδι ἢ ἀχθῆναι δούλας ἐς Λακεδαίμονα, ὥστε κἂν παρελθεῖν
ἐδυνήθησαν τὸ πεπρωμένον·
[7] ἀλλὰ ὁ θεὸς τὸ ὕδωρ ἐπήγαγεν
ἀθρόον μᾶλλον μετὰ ἰσχυροῦ τῶν βροντῶν τοῦ ψόφου καὶ τοὺς ὀφθαλμοὺς
αὐτῶν ἐναντίαις ταῖς ἀστραπαῖς ἐξέπλησσε. Τοῖς δὲ Λακεδαιμονίοις
ταῦτα πάντα παρίστη φρόνημα, καὶ αὐτὸν ἀμύνειν σφίσιν ἔφασαν τὸν
θεόν· καὶ--ἤστραπτε γὰρ τούτοις κατὰ δεξιὰ--ἀπέφαινεν Ἕκας ὁ μάντις
ὡς αἴσιον εἴη τὸ σημεῖον.
[8] Οὗτος δὲ καὶ στρατήγημα ἐξεῦρε
τοιόνδε. Ἀριθμῷ καὶ πολὺ οἱ Λακεδαιμόνιοι περιῆσαν· ἅτε δὲ οὐκ ἐν
εὐρυχωρίᾳ σφίσιν οὐδὲ κατὰ σύνταγμα ἐγγινομένης τῆς μάχης, ἄλλων δὲ
ἐν ἄλλῳ τῆς πόλεως ποιουμένων τὸν ἀγῶνα, ἀχρείους ἀπὸ ἑκάστης τάξεως
συνέβαινεν εἶναι τοὺς τελευταίους. Τούτους ἐκέλευεν ἀποχωρήσαντας ἐς
τὸ στρατόπεδον σιτίων μεταλαβεῖν καὶ ὕπνου καὶ αὖθις πρὸ ἑσπέρας
ἥκειν τοῖς ὑπομενοῦσιν αὐτῶν διαδεξομένους τὸν πόνον.
[9] Καὶ οἳ μὲν ἀναπαυόμενοί τε καὶ ἀνὰ
μέρος μαχόμενοι μᾶλλον ἀντήρκουν, τοῖς δὲ Μεσσηνίοις πανταχόθεν
παρίστατο ἀπορία· μεθ' ἡμέραν γὰρ ἀεὶ καὶ νύκτα συνεχῶς οἱ αὐτοὶ
τρίτην ἠμύνοντο. Ἤδη τε ἡμέρα ἦν καὶ ἥ τε ἀυπνία καὶ ἐκ τοῦ οὐρανοῦ
τὸ ὕδωρ τε καὶ ῥῖγος ἐπίεζε σφᾶς, ὅ τε λιμὸς καὶ ἡ δίψα ἐπέκειτο·
μάλιστα δὲ αἱ γυναῖκες ἀηθείᾳ τε πολέμου καὶ τῇ συνεχείᾳ τῆς
ταλαιπωρίας ἀπειρήκεσαν.
[10] Παραστὰς οὖν ὁ μάντις
Θέοκλος πρὸς Ἀριστομένην εἶπε· « τί μάτην τόνδε ἔχεις τὸν πόνον;
ἁλῶναι Μεσσήνην πάντως ἐστὶ πεπρωμένον, συμφορὰν δὲ τὴν ἐν ὀφθαλμοῖς
πάλαι τε ἡμῖν προεσήμαινεν ἡ Πυθία καὶ ἔναγχος ὁ ἐρινεὸς ἔδειξεν.
Ἐμοὶ μὲν οὖν ὁ θεὸς αὐτῷ κοινὴν πρὸς τὴν πατρίδα ἐπάγει τὴν
τελευτήν· σὺ δὲ σώζειν μὲν ὡς δυνάμεως ἥκεις Μεσσηνίους, σώζειν δὲ
καὶ σαυτόν. » Ἐπεὶ δὲ εἶπε πρὸς τοῦτον, ἐπὶ τοὺς πολεμίους ἔθει· καί
οἱ καὶ ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους ἔπεισιν ἐκβοῆσαι τοσόνδε· « ἀλλ' οὔ
τοι τὸν πάντα γε χρόνον χαίροντες καρπώσεσθε τὰ Μεσσηνίων. »
[11] Μετὰ τοῦτο τοῖς καθ' αὑτὸν
ἀνθεστηκόσιν ἐμπεσὼν ἐκείνους τε ἔκτεινε καὶ αὐτὸς ἐτιτρώσκετο,
προεμπλήσας δὲ τὸν θυμὸν τῷ φόνῳ τῶν ἐχθρῶν ἀφίησι τὴν ψυχήν.
Ἀριστομένης δὲ ἀπὸ τῆς μάχης ὀπίσω τοὺς Μεσσηνίους ἀνεκάλει, πλὴν
ὅσοι κατὰ ἀνδραγαθίαν αὐτῶν προεμάχοντο· τούτους δὲ εἴα κατὰ χώραν
μένειν· τοῖς δὲ λοιποῖς προσέταξε τὰς γυναῖκας καὶ τὰ τέκνα ἐντὸς
τῆς τάξεως ἔχοντας ἐπακολουθεῖν, ᾗπερ ἂν αὐτὸς παρέχηται διέξοδον.
[12] Καὶ τούτων μὲν τοῖς τελευταίοις
Γόργον καὶ Μάντικλον ἐπέστησεν ἄρχοντας· αὐτὸς δὲ ἀναδραμὼν ἐς τοὺς
προτεταγμένους τῆς τε κεφαλῆς τῷ νεύματι καὶ τοῦ δόρατος τῇ κινήσει
δῆλος ἦν διέξοδόν τε αἰτούμενος καὶ ἀποχωρεῖν ἤδη βεβουλευμένος. Τῷ
τε οὖν Ἐμπεράμῳ καὶ Σπαρτιατῶν τοῖς παροῦσι διεῖναι τοὺς Μεσσηνίους
ἤρεσκε μηδὲ λυσσῶντας ἀνθρώπους καὶ ἐς τὸ ἔσχατον ἀπονοίας ἥκοντας
ἐξαγριᾶναι πέρα· καὶ ἅμα οὕτω σφᾶς ποιεῖν Ἕκας ὁ μάντις ἐκέλευεν. |
CHAPITRE XXII.
Projet d'Aristomène. Trahison et punition
d'Aristocrate.
[1] Dès que les Arcadiens avaient su
qu'Ira était prise, ils avaient demandé à Aristocrate de les y
conduire pour sauver les Messéniens ou périr avec eux ; mais
celui-ci, corrompu par les dons des Lacédémoniens, refusa de
marcher, sachant bien, disait-il, qu'il ne restait plus aucun
Messénien à défendre.
[2] Ayant appris alors plus
positivement qu'ils n'avaient pas tous péri, mais qu'ils s'étaient
vus forcés d'abandonner Ira, les Arcadiens allèrent vers le mont
Lycée pour les recevoir, avec des habits et des vivres qu'ils
avaient préparés, et ils envoyèrent leurs principaux vers les
Messéniens pour les consoler et leur servir de guides. A leur
arrivée sur le Lycée, ils leur donnèrent l'hospitalité, leur
montrèrent en tout le reste la plus grande cordialité, et voulurent
même les répartir dans leurs villes et faire un nouveau partage de
leur territoire avec eux.
[3] Quant à Aristomène, voici le
projet qui lui fut inspiré par le chagrin de voir Ira au pillage, et
par sa haine pour les Lacédémoniens. Ayant choisi cinq cents
Messéniens qu'il connaissait pour les plus déterminés, et ne
soupçonnant point la trahison d'Aristocrate, dont il attribuait la
fuite à un mouvement de faiblesse ou de lâcheté, et non à de
mauvaises intentions, il demanda en présence d'Aristocrate et des
Arcadiens, il demanda, dis-je, à ces cinq cents Messéniens s'ils
étaient disposés à sacrifier leur vie avec lui, pour venger leur
patrie ; tous répondirent qu'ils le voulaient bien,
[4] et à l'instant il leur exposa le
projet qu'il avait conçu, de les conduire à Sparte même avant la fin
du jour. Les Lacédémoniens, leur dit-il, sont dans ce moment pour la
plupart à Ira ; beaucoup d'autres sont sur la route occupés pour
remporter et emmener le butin des Messéniens ; si nous pouvons
prendre Sparte et nous y maintenir, aisément nous reprendrons notre
bien des mains des Lacédémoniens, en leur rendant le leur ; si nous
manquons notre coup, nous mourrons tous ensemble après avoir
immortalisé notre mémoire.
[5] A peine eut-il fini de parler,
qu'environ trois cents Arcadiens s'offrirent pour partager la gloire
de cette entreprise ; mais les sacrifices n'offrant pas des présages
satisfaisants, on suspendit pour le moment l'exécution de ce projet.
On sut le lendemain qu'il était connu des Lacédémoniens, et qu'on
avait été trahi pour la seconde fois par Aristocrate. Celui-ci, dès
qu'il eut connaissance des desseins d'Aristomène, écrivit ce qu'il
lui avait entendu dire, sur des tablettes qu'il fit remettre par le
plus affidé de ses esclaves à Anaxandre, dans les murs de Sparte.
[6] Quelques Arcadiens qui avaient eu
précédemment des différends avec Aristocrate, ayant conçu alors
quelques soupçons contre lui, guettèrent cet esclave à son retour,
le prirent, l'amenèrent devant le peuple Arcadien, et produisirent
la réponse qu'il rapportait de Lacédémone. Anaxandre écrivait à
Aristocrate que déjà récompensé par les Lacédémoniens de sa fuite au
combat de la Grande Fosse, il devait s'attendre à de nouveaux
témoignages de reconnaissance pour l'avis qu'il venait de leur
donner.
[7] Les Arcadiens n'eurent pas plutôt
découvert cette trahison, qu'ils accablèrent Aristocrate de pierres,
et pressèrent les Messéniens d'en faire autant : ceux-ci regardèrent
Aristomène qui baissa les yeux et se mit à pleurer. Les
Arcadiens, après avoir lapidé Aristocrate, jetèrent son corps hors
de leurs limites et le laissèrent sans sépulture. Ils érigèrent
ensuite dans l'enceinte de Jupiter Lycéen, un cippe portant
l'inscription suivante : « Un roi cruel a enfin trouvé le prix de
ses forfaits, et grâce à Jupiter, les Messéniens ont découvert le
perfide qui les trahissait. Un parjure peut difficilement cacher son
crime aux dieux. Grâces te soient rendues, souverain Jupiter ; sois
toujours propice aux Arcadiens.» |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΒ'.
Ἀριστομένους βούλευμα. Ἀριστοκράτους προδοσία
καὶ κόλασις.
XXII. [1] Οἱ δὲ Ἀρκάδες παραυτίκα τε
τὴν κατάληψιν ἐπυνθάνοντο τῆς Εἴρας καὶ αὐτίκα τὸν Ἀριστοκράτην
ἐκέλευον σφᾶς ἄγειν ὡς ἢ σώσοντας Μεσσηνίους ἢ σὺν αὐτοῖς
ἀπολουμένους. Ὁ δὲ ἅτε ἐκ τῆς Λακεδαίμονος δεδεγμένος δῶρα, οὔτε
ἄγειν ἤθελεν εἰδέναι τε ἔφασκεν οὐδένα ἔτι Μεσσηνίων ὅτῳ καὶ
ἀμυνοῦσιν ὄντα ὑπόλοιπον.
[2] Τότε δὲ ὡς σαφέστερον ᾐσθάνοντο
περιόντας καὶ ἐκλείπειν τὴν Εἶραν βεβιασμένους, αὐτοὶ μὲν περὶ τὸ
ὄρος σφᾶς τὸ Λύκαιον ἔμελλον ὑποδέξεσθαι, προετοιμασάμενοι καὶ
ἐσθῆτα καὶ σιτία, ἄνδρας δὲ τῶν ἐν τέλει πέμπουσι παραμυθεῖσθαί τε
τοὺς Μεσσηνίους καὶ ἡγεμόνας ἅμα τῆς πορείας γενέσθαι. Καὶ τοὺς μέν,
ὡς ἐς τὸ Λύκαιον ἀνεσώθησαν, ἐξένιζον καὶ τὰ ἄλλα εὐνοϊκῶς
περιεῖπον οἱ Ἀρκάδες, κατανέμειν τε ἐς τὰς πόλεις ἤθελον καὶ
ἀναδάσασθαι δι' ἐκείνους τὴν γῆν·
[3] Ἀριστομένει δὲ ὅ τε οἶκτος
διαρπαζομένης τῆς Εἴρας καὶ τὸ μῖσος τὸ ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους
βούλευμα παρίστησι τοιόνδε. Πεντακοσίους τῶν Μεσσηνίων, οὓς μάλιστα
ἠπίστατο αὑτῶν ἀφειδῶς ἔχοντας, ἀποκρίνας ἀπὸ τοῦ πλήθους, ἤρετο
σφᾶς ἐν ἐπηκόῳ τῶν τε ἄλλων Ἀρκάδων καὶ Ἀριστοκράτους, ἅτε ὄντα
προδότην οὐκ εἰδώς -- ἀνανδρίᾳ γὰρ καὶ ὑπὸ δειλίας φυγεῖν τότε ἤδη
[Ἀριστοκράτην] τῆς μάχης καὶ οὐ διὰ κακίαν οὐδεμίαν ἐδόξαζεν αὐτόν,
ὥστε ἐναντίον καὶ τούτου τοὺς πεντακοσίους ἤρετο --, εἰ τιμωροῦντες
τῇ πατρίδι ἀποθνήσκειν σὺν αὑτῷ ἐθελήσουσι.
[4] Φαμένων δὲ ἐθέλειν ἀπεγύμνου τὸ
πᾶν, ὡς πάντως τῆς ἐπιούσης ἑσπέρας ἐπὶ τὴν Σπάρτην ἄγειν μέλλοι·
Λακεδαιμονίων γὰρ τότε δὴ μάλιστα ἐς τὴν Εἶραν ἀπῆσαν οἱ πολλοί, καὶ
ἄλλοι τε ἐπεφοίτων φέροντες καὶ ἄγοντες τὰ Μεσσηνίων. « Καὶ ἢν μὲν
ἑλεῖν τὴν Σπάρτην καὶ κατασχεῖν δυνηθῶμεν », ἔφασκεν ὁ Ἀριστομένης,
« ἔστιν ἡμῖν ἀποδόντας Λακεδαιμονίοις τὰ ἐκείνων κομίσασθαι τὰ
οἰκεῖα· ἁμαρτάνοντες δὲ ὁμοῦ ἀποθανούμεθά γε μνήμης καὶ τοῖς ἔπειτα
ἄξια ἐργασάμενοι. »
[5] Ταῦτα εἰπόντος τῶν Ἀρκάδων ὅσον
τριακόσιοι μετέχειν καὶ αὐτοὶ τοῦ τολμήματος ἤθελον. Καὶ τότε μὲν
ἐπεῖχον τῆς ἐξόδου, τὰ γὰρ ἱερὰ ἐγίνετο αὐτοῖς οὐ κατὰ γνώμην, τῇ δὲ
ἐπιούσῃ τό τε ἀπόρρητον ἔγνωσαν σφῶν τοὺς Λακεδαιμονίους
προπεπυσμένους καὶ αὐτοὶ δεύτερον ὑπὸ Ἀριστοκράτους προδεδομένοι· τὰ
γὰρ τοῦ Ἀριστομένους βουλεύματα αὐτίκα ὁ Ἀριστοκράτης ἐγγράψας
βιβλίῳ, καὶ τὸ βιβλίον ἐπιθεὶς τῶν οἰκετῶν ὃν ἠπίστατο ὄντα
εὐνούστατον, παρὰ Ἀνάξανδρον ἀπέστελλεν ἐς Σπάρτην.
[6] Ἐπανιόντα δὲ τὸν οἰκέτην λοχῶσιν
ἄνδρες τῶν Ἀρκάδων διάφοροι καὶ πρότερον τῷ Ἀριστοκράτει, σχόντες δέ
τι καὶ ὕποπτον τότε ἐς αὐτόν. Λοχήσαντες δὲ τὸν οἰκέτην ἐπανάγουσιν
ἐς τοὺς Ἀρκάδας καὶ ἐπεδείκνυον ἐς τὸν δῆμον τὰ ἀντεπεσταλμένα ἐκ
Λακεδαίμονος· ἐπέστελλε δὲ ὁ Ἀνάξανδρος, φυγήν τε αὐτῷ τὴν πρότερον
ἀπὸ τῆς Μεγάλης τάφρου φάμενος οὐκ ἀνόνητον ἐκ Λακεδαιμονίων
γενέσθαι, προσέσεσθαι δέ οἱ χάριν καὶ τῶν ἐν τῷ παρόντι μηνυμάτων.
[7] Ὡς δὲ ἀπηγγέλθη ταῦτα ἐς ἅπαντας,
αὐτοί τε τὸν Ἀριστοκράτην ἔβαλλον οἱ Ἀρκάδες καὶ τοῖς Μεσσηνίοις
διεκελεύοντο· οἱ δὲ ἐς τὸν Ἀριστομένην ἀπέβλεπον. Καὶ ὁ μὲν ἐς τὴν
γῆν ἀφορῶν ἔκλαιεν· τὸν δὲ Ἀριστοκράτην οἱ Ἀρκάδες καταλιθώσαντες
τὸν μὲν τῶν ὅρων ἐκτὸς ἐκβάλλουσιν ἄταφον, στήλην δὲ ἀνέθεσαν ἐς τὸ
τέμενος τοῦ Λυκαίου λέγουσαν·
Πάντως ὁ χρόνος εὗρε δίκην ἀδίκῳ βασιλῆι,
εὗρε δὲ Μεσσήνης σὺν Διὶ τὸν προδότην
ῥηιδίως. Χαλεπὸν δὲ λαθεῖν θεὸν ἄνδρ' ἐπίορκον.
Χαῖρε Ζεῦ βασιλεῦ, καὶ σάω Ἀρκαδίαν. |
CHAPITRE
XXIII.
Les Messéniens mandés par Anaxilas, tyran de Rhégium,
prennent Zancle, ville de la Sicile.
[1] Les Lacédémoniens répartirent
parmi les Hilotes tous les Messéniens qui se trouvèrent dans les
environs d'Ira ou dans le reste de la Messénie ; les Pyliens, les
Mothoniens et tous ceux qui habitaient les côtes, s'embarquèrent dès
qu'ils surent la prise d'Ira, et se rendirent à Cyllène qui est le
port des Eléens, d'où ils envoyèrent proposer aux Messéniens qui
étaient dans l'Arcadie, de venir s'embarquer avec eux, et d'aller
tous ensemble chercher quelque pays pour s'y établir ; ils prièrent
aussi Aristomène de se mettre à la tête de leur expédition.
[2] Il leur répondit que tant qu'il
conserverait un souffle de vie, il ferait la guerre aux
Lacédémoniens, et qu'il était bien assuré de faire encore beaucoup
de mal à Sparte ; et il leur donna pour chefs Gorgus et Manticlus.
Pour Evergétidas, il s'était bien rendu avec les autres sur le mont
Lycée, mais lorsqu'il vit que le projet d'Aristomène pour s'emparer
de Sparte, avait échoué, il décida environ cinquante Messéniens à le
suivre, et de retour à Ira, il trouva les Lacédémoniens occupés à
piller, fondit sur eux, changea leurs chants de victoire en larmes,
et perdit la vie en combattant.
[3] Aristomène, après avoir donné des
chefs aux Messéniens, ordonna à tous ceux qui voulaient faire
portion de la colonie, de se rendre à Cyllène. Tous s'y trouvèrent,
excepté ceux qui, trop âgés, ou privés des moyens de faire les frais
du voyage, restèrent avec les Arcadiens.
[4] La ville d'Ira fut prise et la
seconde guerre des Messéniens et des Lacédémoniens, terminée la
première année de la vingt-huitième olympiade, dans laquelle Chionis
de la Laconie avait remporté le prix de la course. Autosthène était
alors archonte à Athènes.
[5] Comme l'hiver approchait, les
Messéniens se décidèrent à le passer à Cyllène où ils s'étaient
rassemblés : ils n'y manquèrent, grâce aux soins des Eléens, ni
d'argent ni de vivres. A l'entrée du printemps, ils tinrent conseil
sur le choix du lieu où ils iraient s'établir. Gorgus leur proposa
de s'emparer de Zacynthe, au-dessus de Céphallénie, d'abandonner le
continent pour devenir insulaires, et d'aller ravager avec leurs
vaisseaux toutes les côtes de la Laconie. Manticlus leur conseillait
d'oublier Messène, leur haine pour les Lacédémoniens, et de se
rendre maîtres de la Sardaigne, l'une des premières îles pour
l'étendue et la fertilité.
[6] Dans ces entrefaites, Anaxilas
envoya vers eux pour les inviter à venir en Italie. Cet Anaxilas,
tyran de Rhégium, descendait à la quatrième génération d'Alcidamidas
qui quitta Messène pour aller s'établir à Rhégium, après la mort
d'Aristodème et la prise d'Ithome. Il appela donc les Messéniens
auprès de lui, et lorsqu'ils furent arrivés, il leur dit qu'il était
en guerre avec les Zancléens qui possédaient dans la Sicile un pays
excellent et une ville très bien située ; qu'il voulait s'en emparer
de concert avec eux, et la leur donner. Cette offre ayant été
acceptée, il transporta les Messéniens dans la Sicile.
[7] Zancle au commencement avait servi
de retraite à des corsaires, qui, trouvant le pays désert, s'étaient
bornés à fortifier le port, qui leur servait de place d'armes pour
se livrer à la piraterie sur terre et sur mer. Leurs premiers chefs
furent Cratémènes de Samos et Périérès de Chalcis, qui dans la suite
jugèrent à propos d'inviter d'autres Grecs à venir s'établir parmi
eux.
[8] Les Zancléens, ayant été vaincus
sur mer par Anaxilas, et sur terre par les Messéniens, se
réfugièrent dans leur ville où ils furent bientôt assiégés par les
forces navales de Rhégium, et par les troupes des Messéniens ;
lorsqu'ils virent leurs murs pris, ils se réfugièrent dans les
temples et au pied des autels des dieux. Anaxilas recommanda aux
Messéniens de massacrer ceux qui étaient dans les temples, et de
réduire en servitude tout le reste, y compris les enfants et les
femmes ;
[9] mais Gorgus et Manticlus le
supplièrent de ne pas exiger d'eux qu'ils traitassent des peuples
Grecs avec la barbarie qu'avait exercée contre eux-mêmes un peuple
Dorien d'origine comme eux. Ils rappelèrent ensuite les Zancléens du
pied des autels, et s'étant liés avec eux par des serments mutuels,
ils habitèrent ensemble le pays et donnèrent à la ville le nom de
Messène au lieu de celui de Zancle qu'elle portait auparavant.
[10] Cela se passa dans la
vingt-neuvième olympiade, en laquelle Chionis de la Laconie fut
vainqueur pour la seconde fois. Miltiade était alors archonte à
Athènes. Manticlus érigea pour les Messéniens un temple d'Hercule
qui se voit hors de la ville. Ce dieu y a pris le nom de Manticlus,
de même que Jupiter a pris celui d'Ammon dans la Libye, et celui de
Bélus à Babylone, noms qui viennent de Bélus Égyptien, fils de
Libye, et d'Ammon, berger qui érigea le temple de Jupiter Ammon. Ce
fut le terme des voyages de ceux des Messéniens qui avaient pris la
fuite. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΓ'.
Μεσσηνίοι μεταπεμφθέντες ὑπ' Ἀναξίλα τοῦ Ῥηγίνων
τυράννου, Ζάγκλην τὴν ἐν Σικελίᾳ καταλαμβάνουσι.
XXIII. [1] Τῶν δὲ Μεσσηνίων ὁπόσοι
περὶ τὴν Εἶραν ἢ καὶ ἑτέρωθί που τῆς Μεσσηνίας ἐγκατελήφθησαν,
τούτους μὲν οἱ Λακεδαιμόνιοι προσένειμαν ἐς τὸ εἱλωτικόν· Πύλιοι δὲ
καὶ Μοθωναῖοι καὶ ὅσοι τὰ παραθαλάσσια ᾤκουν, [καὶ] ναυσὶν ὑπὸ τὴν
ἅλωσιν τῆς Εἴρας ἀπαίρουσιν ἐς Κυλλήνην τὸ ἐπίνειον τὸ Ἠλείων.
Ἐκεῖθεν δὲ παρὰ τοὺς ἐν Ἀρκαδίᾳ Μεσσηνίους ἀπέστελλον, ἐθέλοντες
κοινῷ στόλῳ χώραν ἔνθα οἰκήσουσιν ἀναζητεῖν, καὶ Ἀριστομένην
ἐκέλευον ἡγεῖσθαί σφισιν ἐς ἀποικίαν.
[2] Ὁ δὲ αὐτὸς μὲν ἕως ἂν περιῇ,
πολεμήσειν Λακεδαιμονίοις ἔφασκεν, ἐπίστασθαι δὲ ἀκριβῶς ὡς ἀεί τι
ἀναφύσεται τῇ Σπάρτῃ δι' αὐτοῦ κακόν· ἐκείνοις δὲ Γόργον καὶ
Μάντικλον ἔδωκεν ἡγεμόνας. Ὁ δὲ Εὐεργετίδας ἐς μὲν τὸ Λύκαιον σὺν
τοῖς ἄλλοις Μεσσηνίοις καὶ αὐτὸς ἀπεχώρησεν· ἐκεῖθεν δέ, ὡς ἑώρα τὸ
βούλευμα διαπεπτωκὸς τῷ Ἀριστομένει τὸ ἐς τὴν κατάληψιν τῆς Σπάρτης,
ἀναπείσας τῶν Μεσσηνίων ὡς πεντήκοντα ἐπάνεισιν ἐπὶ τοὺς
Λακεδαιμονίους ἐς τὴν Εἶραν, καὶ ἐντυχὼν διαρπάζουσιν ἔτι τὰ
ἐπινίκια
[3] πένθος σφίσιν ἐποίησε. Καὶ τὸν μὲν
ἐνταῦθα ἐπιλαμβάνει τὸ χρεών, Ἀριστομένης δὲ ὡς τοὺς ἡγεμόνας τοῖς
Μεσσηνίοις ἐπέταξεν ἐς Κυλλήνην, ὅστις ἐθέλοι μετέχειν τῆς ἀποικίας.
Καὶ μετέσχον ἅπαντες, πλὴν εἰ γῆράς τινα ἀπεῖργεν ἢ μηδὲ εὐπορῶν
ἔτυχεν ἐς τὴν ἀποδημίαν· οὗτοι δὲ αὐτοῦ κατέμειναν παρὰ τοῖς
Ἀρκάσιν.
[4] Ἑάλω δὲ ἡ Εἶρα καὶ ὁ πόλεμος ὁ
δεύτερος Λακεδαιμονίων καὶ Μεσσηνίων τέλος ἔσχεν Ἀθηναίοις ἄρχοντος
Αὐτοσθένους, ἔτει πρώτῳ τῆς ὀγδόης τε καὶ εἰκοστῆς Ὀλυμπιάδος, ἣν
ἐνίκα Χίονις Λάκων.
[5] Ὡς δὲ ἐς τὴν Κυλλήνην οἱ Μεσσήνιοι
συνελέχθησαν, τὸν μὲν παρόντα χειμῶνα ἔδοξεν αὐτοῦ χειμάζειν, καὶ
τὴν ἀγοράν σφισι καὶ χρήματα οἱ Ἠλεῖοι παρεῖχον· ἅμα δὲ τῷ ἦρι
ἐβουλεύοντο ποῖ χρὴ σταλῆναι. Γνῶμαι δὲ ἦσαν Γόργου μὲν Ζάκυνθον τὴν
ὑπὲρ Κεφαλληνίας καταλαβόντας καὶ νησιώτας ἀντὶ ἠπειρωτῶν γενομένους
ναυσὶν ἐς τὰ παραθαλάσσια τῆς Λακωνικῆς ἐπιπλέοντας κακοῦν τὴν γῆν·
Μάντικλος δὲ ἐκέλευε Μεσσήνης μὲν καὶ τοῦ Λακεδαιμονίων ἔχθους
λαβεῖν λήθην, πλεύσαντας δὲ ἐς Σαρδὼ κτήσασθαι μεγίστην τε νῆσον καὶ
εὐδαιμονίᾳ πρώτην.
[6] Ἐν τοσούτῳ δὲ Ἀναξίλας παρὰ τοὺς
Μεσσηνίους ἀπέστελλεν ἐς Ἰταλίαν καλῶν. Ὁ δὲ Ἀναξίλας ἐτυράννει μὲν
Ῥηγίου, τέταρτος δὲ ἀπόγονος ἦν Ἀλκιδαμίδου· μετῴκησε δὲ Ἀλκιδαμίδας
ἐκ Μεσσήνης ἐς Ῥήγιον μετὰ τὴν Ἀριστοδήμου τοῦ βασιλέως τελευτὴν καὶ
Ἰθώμης τὴν ἅλωσιν. Οὗτος οὖν ὁ Ἀναξίλας τοὺς Μεσσηνίους μετεπέμπετο·
ἐλθοῦσί τε ἔλεγεν ὡς Ζαγκλαῖοι διάφοροι μέν εἰσιν αὐτῷ, χώραν δὲ
εὐδαίμονα καὶ πόλιν ἐν καλῷ τῆς Σικελίας ἔχουσιν, ἃ δὴ σφίσιν
ἐθέλειν ἔφη συγκατεργασάμενος δοῦναι. Προσεμένων δὲ τὸν λόγον, οὕτως
Ἀναξίλας διεβίβασεν ἐς Σικελίαν αὐτούς.
[7] Ζάγκλην δὲ τὸ μὲν ἐξ ἀρχῆς
κατέλαβον λῃσταί, καὶ ἐν ἐρήμῳ τῇ γῇ τειχίσαντες ὅσον περὶ τὸν
λιμένα ὁρμητηρίῳ πρὸς τὰς καταδρομὰς καὶ ἐς τοὺς ἐπίπλους ἐχρῶντο·
ἡγεμόνες δὲ ἦσαν αὐτῶν Κραταιμένης Σάμιος καὶ Περιήρης ἐκ Χαλκίδος.
Περιήρει δὲ ὕστερον καὶ Κραταιμένει καὶ ἄλλους ἐπαγαγέσθαι τῶν
Ἑλλήνων ἔδοξεν οἰκήτορας.
[8] Τότε δὲ τοὺς Ζαγκλαίους ὅ τε
Ἀναξίλας ναυσὶν ἀνταναγομένους ἐνίκησε καὶ οἱ Μεσσήνιοι μάχῃ πεζῇ·
Ζαγκλαῖοι δὲ κατὰ γῆν τε ὑπὸ Μεσσηνίων καὶ ναυσὶν ἅμα ἐκ θαλάσσης
ὑπὸ Ῥηγίνων πολιορκούμενοι, καὶ ἁλισκομένου σφίσιν ἤδη τοῦ τείχους,
ἐπί τε βωμοὺς θεῶν καὶ πρὸς τὰ ἱερὰ καταφεύγουσιν. Ἀναξίλας μὲν οὖν
τοῖς Μεσσηνίοις παρεκελεύετο τούς τε ἱκετεύοντας Ζαγκλαίων
ἀποκτείνειν καὶ τοὺς λοιποὺς γυναιξὶν ὁμοῦ καὶ παισὶν
ἀνδραποδίσασθαι·
[9] Γόργος δὲ καὶ Μάντικλος παρῃτοῦντο
Ἀναξίλαν μὴ σφᾶς, ὑπὸ συγγενῶν ἀνδρῶν πεπονθότας ἀνόσια, ὅμοια
αὐτοὺς ἐς ἀνθρώπους Ἕλληνας ἀναγκάσαι δρᾶσαι. Μετὰ δὲ τοῦτο ἤδη τοὺς
Ζαγκλαίους ἀνίστασαν ἀπὸ τῶν βωμῶν καὶ ὅρκους δόντες καὶ αὐτοὶ παρ'
ἐκείνων λαβόντες ᾤκησαν ἀμφότεροι κοινῇ· ὄνομα δὲ τῇ πόλει μετέθεσαν
Μεσσήνην ἀντὶ Ζάγκλης καλεῖσθαι.
[10] Ταῦτα δὲ ἐπὶ τῆς Ὀλυμπιάδος
ἐπράχθη τῆς ἐνάτης καὶ εἰκοστῆς, ἣν Χίονις Λάκων τὸ δεύτερον ἐνίκα,
Μιλτιάδου παρ' Ἀθηναίοις ἄρχοντος. Μάντικλος δὲ καὶ τὸ ἱερὸν
Μεσσηνίοις τοῦ Ἡρακλέους ἐποίησε, καὶ ἔστιν ἐκτὸς τείχους ὁ θεὸς
ἱδρυμένος, Ἡρακλῆς καλούμενος Μάντικλος, καθάπερ γε καὶ Ἄμμων ἐν
Λιβύῃ καὶ ὁ ἐν Βαβυλῶνι Βῆλος ὁ μὲν ἀπὸ ἀνδρὸς Αἰγυπτίου Βήλου τοῦ
Λιβύης ὄνομα ἔσχεν, Ἄμμων δὲ ἀπὸ τοῦ ἱδρυσαμένου ποιμένος.
Μεσσηνίοις μὲν οὖν τοῖς φεύγουσιν ἐγεγόνει πέρας τῆς ἄλης· |
CHAPITRE XXIV.
Mort d'Aristomène. Révolte des Messéniens.
[1] Aristomène, ayant refusé le
commandement des Messéniens qui partaient pour une colonie, maria
l'aînée de ses filles à Damothoïdas de Leprée, la seconde à
Théopompe d'Hérée, et Hagnagora sa propre soeur à Tharyx de
Phigalie. Il se rendit ensuite à Delphes pour consulter l'oracle, et
la réponse qu'il en reçut n'est pas connue.
[2] Damagétus, roi d'Ialysus dans
l'île de Rhodes, vint dans le même temps à Delphes, et consulta
Apollon sur le choix d'une épouse ; la Pythie lui ayant dit
d'épouser la fille du plus vaillant des Grecs, il pensa qu'il n'y
avait personne dans la Grèce qu'on pût comparer pour la bravoure, à
Aristomène, et ayant appris qu'il lui restait encore une fille, il
l'épousa. Aristomène se rendit avec elle dans l'île de Rhodes. Il
comptait passer à Sardes, auprès d'Ardys, fils de Gygès, et pousser
même son voyage jusqu'à Ecbatane dans la Médie, vers Phraorte roi
des Mèdes ;
[3] mais il tomba malade, et
mourut sans avoir pu exécuter ses projets, le destin ne voulant pas
que les Lacédémoniens éprouvassent de nouveaux maux de sa part.
Damagétus et les Rhodiens lui érigèrent un monument magnifique ;
depuis on lui décerna les honneurs héroïques.
Ce n'est pas ici le lieu de parler des Diagorides de Rhodes qui
descendaient de Damagétus, fils de Doriéos, fils de Damagétus et de
la fille d'Aristomène.
[4] Les Lacédémoniens, s'étant ainsi
emparés de la Messénie, se la partagèrent toute au sort à
l'exception du pays des Asinéens, et ils donnèrent Mothone aux
Naupliens, qui venaient d'être chassés de leur ville par les
Argiens.
[5] Ceux des Messéniens qui étaient
restés dans le pays, et qu'on avait classés, malgré eux, parmi les
Hilotes, se révoltèrent dans la soixante-dix-neuvième olympiade, où
Xénophon de Corinthie avait remporté le prix, sous l'archontat
d'Archidémides a Athènes. Voici quelle fut l'occasion de leur
révolte. Quelques Lacédémoniens, ayant été condamnés à mort pour je
ne sais quel crime, se refugièrent à Ténare comme suppliants. Les
éphores les arrachèrent de l'autel de Poséidon et les firent mourir
;
[6] et le dieu, irrité contre les
Spartiates de ce qu'ils n'avaient pas eu plus d'égards pour ceux
qu'il avait reçus sous sa protection, renversa leur ville de fond en
comble. A la suite de ce malheur, tous les Messéniens qui faisaient
depuis longtemps partie des Hilotes, se retirèrent sur le mont
Ithome. Pour les réduire, les Lacédémoniens demandèrent des secours
à leurs alliés, et particulièrement aux Athéniens. Ceux-ci leur
envoyèrent quelques troupes, commandées par Cimon, fils de Miltiade
qui était uni aux Lacédémoniens par les liens de l'hospitalité. Mais
lorsque ces troupes furent arrivées, les Lacédémoniens, craignant
quelque entreprise de leur part, les renvoyèrent bientôt après
d'Ithome, sur ce seul soupçon.
[7] Les Athéniens, piqués de
cette méfiance s'allièrent aux Argiens ; maîtres de Naupacte qu'ils
avaient prise aux Locriens Ozoles, peuple voisin de l'Étolie, ils la
donnèrent aux Messéniens au moment où ces derniers, assiégés dans
Ithome, avaient obtenu la permission d'en sortir. Les Spartiates y
avaient consenti, d'abord parce que la place était difficile à
réduire ; en second lieu, la Pythie leur avait prédit qu'ils
seraient punis s'ils se permettaient des violences envers les
suppliants de Jupiter Ithomate. Ces divers motifs les déterminèrent
à laisser aux Messéniens la liberté de sortir du Péloponnèse. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΔ'.
Ἀριστομένους τελευτή. Μεσσηνίων ἀπόστασις.
XXIV. [1] Ἀριστομένης δὲ ὡς τὴν
ἡγεμονίαν ἀπείπατο τῶν ἐς τὴν ἀποικίαν στελλομένων, τὰς θυγατέρας
τὴν πρεσβυτάτην καὶ τὴν ἐπὶ ταύτῃ καὶ Ἁγναγόραν τὴν ἀδελφὴν τὴν μὲν
Θάρυκι ἐς Φιγαλίαν, Δαμοθοί̈δᾳ δὲ Λεπρεάτῃ καὶ Ἡραιεῖ Θεοπόμπῳ τὰς
θυγατέρας συνῴκισεν· αὐτὸς δὲ ἀφικόμενος ἐς Δελφοὺς ἐχρῆτο τῷ θεῷ.
Καὶ τὸ μὲν τῷ Ἀριστομένει γενόμενον μάντευμα οὐ λέγεται·
[2] Δαμαγήτῳ δὲ Ῥοδίῳ βασιλεύοντι ἐν
Ἰαλυσῷ, τότε δὲ ἥκοντι παρὰ τὸν Ἀπόλλωνα καὶ ἐρωτῶντι ὁπόθεν
ἀγαγέσθαι χρὴ γυναῖκα, ἔχρησεν ἡ Πυθία θυγατέρα ἀνδρὸς τῶν Ἑλλήνων
τοῦ ἀρίστου λαβεῖν. Ὁ δὲ -- ἦν γὰρ καὶ τρίτη τῷ Ἀριστομένει θυγάτηρ
-- γαμεῖ ταύτην, Ἑλλήνων τῶν τότε ἐκεῖνον μακρῷ δή τινι ἄριστον
νομίζων. Ἀριστομένης δὲ ἐς μὲν τὴν Ῥόδον ἀφίκετο σὺν τῇ θυγατρί,
ἐκεῖθεν δὲ ἔς τε Σάρδεις ἐνενόει παρὰ Ἄρδυν τὸν Γύγου καὶ ἐς
Ἐκβάτανα τὰ Μηδικὰ ἀναβῆναι παρὰ τὸν βασιλέα Φραόρτην·
[3] ἀλλὰ γὰρ πρότερον τούτων συνέπεσεν
ἀποθανεῖν αὐτῷ νοσήσαντι, οὐ γὰρ ἔδει συμφορὰν οὐδεμίαν
Λακεδαιμονίοις ἔτι ἐξ Ἀριστομένους γενέσθαι. Τελευτήσαντι δὲ αὐτῷ
Δαμάγητος καὶ οἱ Ῥόδιοι μνῆμά τε ἐπιφανὲς ἐποίησαν καὶ ἔνεμον ἀπὸ
ἐκείνου τιμάς. Τὰ μὲν δὴ λεγόμενα ἐς τοὺς Διαγορίδας καλουμένους ἐν
Ῥόδῳ, γεγονότας δὲ ἀπὸ Διαγόρου τοῦ Δαμαγήτου τοῦ Δωριέως τοῦ
Δαμαγήτου τε καὶ τῆς Ἀριστομένους θυγατρός, παρῆκα, μὴ οὐ κατὰ
καιρὸν δοκοίην γράφειν·
[4] Λακεδαιμόνιοι δὲ τότε, ὡς
ἐπεκράτησαν τῆς Μεσσηνίας, τὴν μὲν ἄλλην πλὴν τῆς Ἀσιναίων αὐτοὶ
διελάγχανον, Μοθώνην δὲ Ναυπλιεῦσιν ἐδίδοσαν ἐκπεπτωκόσιν ἐκ
Ναυπλίας ἔναγχος ὑπὸ Ἀργείων.
[5] Μεσσηνίων δὲ τοὺς ἐγκαταληφθέντας
ἐν τῇ γῇ, συντελοῦντας κατὰ ἀνάγκην ἐς τοὺς εἵλωτας, ἐπέλαβεν ἀπὸ
Λακεδαιμονίων ὕστερον ἀποστῆναι κατὰ τὴν ἐνάτην Ὀλυμπιάδα καὶ
ἑβδομηκοστήν, ἣν Κορίνθιος ἐνίκα Ξενοφῶν, Ἀρχιμήδους Ἀθήνῃσιν
ἄρχοντος· ἀπέστησαν δὲ καιρὸν τοιόνδε εὑρόντες. Λακεδαιμονίων ἄνδρες
ἀποθανεῖν ἐπὶ ἐγκλήματι ὅτῳ δὴ καταγνωσθέντες ἱκέται καταφεύγουσιν
ἐς Ταίναρον· ἐντεῦθεν δὲ ἡ ἀρχὴ τῶν ἐφόρων ἀπὸ τοῦ βωμοῦ σφᾶς
ἀποσπάσασα ἀπέκτεινε.
[6] Σπαρτιάταις δὲ ἐν οὐδενὶ λόγῳ
θεμένοις τοὺς ἱκέτας ἀπήντησεν ἐκ Ποσειδῶνος μήνιμα, καί σφισιν ἐς
ἔδαφος τὴν πόλιν πᾶσαν κατέβαλεν ὁ θεός. Ἐπὶ δὲ τῇ συμφορᾷ ταύτῃ καὶ
τῶν εἱλώτων ὅσοι Μεσσήνιοι τὸ ἀρχαῖον ἦσαν, ἐς τὸ ὄρος τὴν Ἰθώμην
ἀπέστησαν. Λακεδαιμόνιοι δὲ ἄλλα τε μετεπέμποντο συμμαχικὰ ἐπ'
αὐτοὺς καὶ Κίμωνα τὸν Μιλτιάδου πρόξενόν σφισιν ὄντα καὶ Ἀθηναίων
δύναμιν· ἀφικομένους δὲ τοὺς Ἀθηναίους ὑποπτεῦσαι δοκοῦσιν ὡς τάχα
νεωτερίσοντας καὶ ὑπὸ τῆς ὑποψίας ἀποπέμψασθαι μετ' οὐ πολὺ ἐξ
Ἰθώμης.
[7] Ἀθηναῖοι δὲ τὴν ἐς αὐτοὺς τῶν
Λακεδαιμονίων ὑπόνοιαν συνέντες Ἀργείοις τε φίλοι δι' αὐτὸ ἐγένοντο
καὶ Μεσσηνίων τοῖς ἐν Ἰθώμῃ πολιορκουμένοις ἐκπεσοῦσιν ὑποσπόνδοις
ἔδοσαν Ναύπακτον, ἀφελόμενοι Λοκροὺς τοὺς πρὸς Αἰτωλίᾳ καλουμένους
Ὀζόλας. Τοῖς δὲ Μεσσηνίοις παρέσχεν ἀπελθεῖν ἐξ Ἰθώμης τοῦ τε χωρίου
τὸ ἐχυρὸν καὶ ἅμα Λακεδαιμονίοις προεῖπεν ἡ Πυθία ἦ μὴν εἶναί σφισι
δίκην ἁμαρτοῦσιν ἐς τοῦ Διὸς τοῦ Ἰθωμάτα τὸν ἱκέτην. Ὑπόσπονδοι μὲν
ἐκ Πελοποννήσου τούτων ἕνεκα ἀφείθησαν· |
CHAPITRE
XXV.
Éniades. Guerre entre les Messéniens et les
Acarnaniens.
[1] Lorsque les Messéniens furent à
Naupacte, ils ne s'en tinrent pas à la ville et au territoire que
les Athéniens leur avaient donnés ; il leur prit envie de prouver
qu'ils pouvaient faire par eux-mêmes quelque conquête importante.
Ayant appris que les Éniades, qui occupaient un excellent canton de
l'Acarnanie, étaient de tout temps en guerre avec les Athéniens, ils
allèrent les attaquer : égaux en forces, mais supérieurs en courage,
ils les vainquirent et les assiégèrent dans la ville où ils
s'étaient renfermés.
[2] Ils n'oublièrent rien de ce qui
avait été inventé jusqu'alors pour prendre les villes, soit en
appliquant des échelles aux murs, soit en creusant des mines, soit
en employant celles des machines qu'on pouvait facilement se
procurer, et ils ruinaient chaque jour quelque partie des
fortifications. Alors les habitants, craignant de périr eux-mêmes,
et de voir leurs femmes et leurs enfants réduits en esclavage, si
leur ville était prise d'assaut, aimèrent mieux l'abandonner par
capitulation.
[3] Les Messéniens, s'étant emparés de
cette ville et de son territoire, en jouirent un an tout au plus.
L'année suivante, les Acarnaniens, ayant rassemblé toutes leurs
forces, eurent d'abord envie d'aller attaquer Naupacte, mais il
fallait passer à travers le pays des Étoliens, leurs ennemis
éternels ; ils conjecturaient d'ailleurs, ce qui était vrai, que les
Naupactiens avaient quelques forces navales, et que maîtres, de la
mer, il leur était aisé de se défendre contre une armée de terre :
[4] ils renoncèrent donc à cette
entreprise, et tournèrent sur-le-champ leurs forces contre les
Messéniens établis à Éniades, qu'ils se préparèrent à assiéger,
n'imaginant pas qu'une poignée d'hommes fût assez téméraire pour
oser livrer le combat à toutes les troupes réunies de l'Acarnanie.
Les Messéniens avaient amassé des vivres et tous les
approvisionnements nécessaires pour soutenir un siège qu'ils
espéraient faire durer longtemps ;
[5] ils voulurent cependant tenter
auparavant le hasard d'un combat, persuadés qu'ils n'avaient pas à
redouter un ramas (ramassis de brigands) venu de l'Acarnanie, eux
sur qui les Spartiates n'avaient eu que l'avantage de la fortune et
non celui de la valeur. Il se rappelèrent aussi du combat de
Marathon où trois cent mille Mèdes avaient été défaits par environ
dix mille hommes.
[6] Ils se rangèrent donc en bataille,
et voici, dit-on, comment les choses se passèrent. Les Acarnaniens,
beaucoup plus nombreux, enveloppèrent assez facilement les
Messéniens, excepté par derrière, l'armée Messénienne étant appuyée
contre les portes de la ville, et défendue avec courage par les
soldats postés sur les murs. Les Acarnaniens les ayant entourés de
tous côtés, excepté par là, les accablaient de traits ;
[7] les Messéniens se tenant serrés,
leur fondaient dessus, mettaient en désordre tout ce qui se trouvait
devant eux, tuaient, blessaient beaucoup de monde, sans pouvoir
cependant mettre les Acarnaniens en pleine déroute, parce que
ceux-ci, dès qu'ils voyaient leurs rangs rompus quelque part, y
portaient du secours et contenaient les Messéniens par leur nombre.
[8] Ces derniers, repoussés d'un côté,
se portaient ailleurs, et cherchaient encore à rompre les phalanges
Acarnaniennes : ils éprouvaient la même résistance. Par leurs
attaques, ils mettaient l'ennemi en désordre, et même en fuite pour
quelques instants, mais le voyant aussitôt accourir de toutes parts,
ils étaient forcés de reculer. Le combat s'était ainsi soutenu
jusqu'au soir sans avantage décidé, lorsque l'arrivée de nouvelles
troupes Acarnaniennes vers la nuit, décida les Messéniens à soutenir
un siège.
[9] Ils ne craignaient point que les
Acarnaniens prissent leur ville d'assaut, en escaladant les murs ou
en les forçant d'en abandonner la défense. Au huitième mois, tous
leurs vivres étant consommés, ils n'en continuèrent pas moins de
railler les Acarnaniens : ils leur disaient du haut des murs, qu'ils
avaient assez de provisions, le siège dût-il durer dix ans encore.
[10] Toutefois ils profitèrent de
l'heure du premier sommeil pour sortir d'Éniades. L'ennemi s'étant
aperçu de leur retraite, ils eurent à soutenir un combat, où ils
perdirent trois cents hommes, mais ils en tuèrent bien davantage aux
Acarnaniens, à travers lesquels ils parvinrent à s'échapper, du
moins pour la plupart : ayant atteint le pays des Étoliens, leurs
alliés, ils retournèrent à Naupacte. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΕ'.
Οἰνιάδαι. Μεσσηνίων καὶ Ἀκαρνάνων πόλεμος.
XXV. [1] Ἐπεὶ δὲ ἔσχον τὴν Ναύπακτον,
οὐκ ἀπέχρη πόλιν τε αὐτοῖς καὶ χώραν εἰληφέναι παρὰ Ἀθηναίων, ἀλλὰ
σφᾶς πόθος εἶχεν ἰσχυρὸς χερσὶ ταῖς αὑτῶν φανῆναι λόγου τι
κεκτημένους ἄξιον. Καὶ ἠπίσταντο γὰρ Οἰνιάδας Ἀκαρνάνων γῆν τε
ἔχοντας ἀγαθὴν καὶ Ἀθηναίοις διαφόρους τὸν πάντα ὄντας χρόνον,
στρατεύουσιν ἐπ' αὐτούς. Ὄντες δὲ ἀριθμῷ μὲν οὐ πλείους, ἀρετῇ δὲ
καὶ πολὺ ἀμείνονες [ὄντες] τῇ σφετέρᾳ νικῶσι, καὶ ἐπολιόρκουν
κατακεκλειμένους ἐς τὸ τεῖχος.
[2] Τὸ δὲ ἐντεῦθεν, οὐ γάρ τι τῶν τοῖς
ἀνθρώποις εὑρημένων ἐς πολιορκίαν οἱ Μεσσήνιοι παρίεσαν, ἀλλὰ καὶ
κλίμακας προστιθέντες ἐπειρῶντο ὑπερβαίνειν ἐς τὴν πόλιν καὶ
ὑπώρυσσον κάτωθεν τὸ τεῖχος, μηχανήματά τε, ὁποῖα ἐνῆν δι' ὀλίγου
παρασκευάσασθαι, προσαγαγόντες ἀεί τι ἤρειπον· δείσαντες δὲ οἱ ἔνδον
μὴ ἁλούσης τῆς πόλεως αὐτοί τε ἀπόλωνται καὶ αἱ γυναῖκές σφισι καὶ
οἱ παῖδες ἐξανδραποδισθῶσιν, εἵλοντο ἀπελθεῖν ὑπόσπονδοι.
[3] Καὶ ἐνιαυτὸν μὲν μάλιστα οἱ
Μεσσήνιοι κατέσχον τὴν πόλιν καὶ ἐνέμοντο τὴν χώραν· τῷ δὲ ἔτει τῷ
ὑστέρῳ δύναμιν οἱ Ἀκαρνᾶνες ἀπὸ πασῶν συλλέξαντες τῶν πόλεων
ἐβουλεύοντο ἐπὶ τὴν Ναύπακτον στρατεύειν. Καὶ τοῦτο μὲν ἀπέδοξεν
αὐτοῖς τήν τε πορείαν ὁρῶσιν, ὅτι ἔσεσθαι δι' Αἰτωλῶν ἔμελλε
πολεμίων ἀεί ποτε ὄντων, καὶ ἅμα τοὺς Ναυπακτίους κεκτῆσθαί τι
ναυτικὸν ὑπώπτευον, ὥσπερ γε καὶ εἶχον, ἐπικρατούντων δὲ ἐκείνων τῆς
θαλάσσης οὐδὲν εἶναι κατεργάσασθαι μέγα οὐδὲ στρατῷ πεζῷ·
[4] μετεβουλεύετό τε δή σφισι αὐτίκα
ἐπὶ Μεσσηνίους τρέπονται τοὺς ἐν Οἰνιάδαις. Καὶ οἱ μὲν ὡς
πολιορκήσοντες παρεσκευάζοντο· οὐ γάρ ποτε ὑπελάμβανον ἄνδρας οὕτως
ὀλίγους ἐς τοσοῦτον ἀπονοίας ἥξειν ὡς μαχέσασθαι πρὸς τὴν Ἀκαρνάνων
ἁπάντων στρατιάν. Οἱ δὲ Μεσσήνιοι προητοιμασμένοι μὲν καὶ σῖτον καὶ
τὰ ἄλλα ἦσαν ὁπόσα εἰκὸς ἦν, πολιορκίας πειράσεσθαι μακροτέρας
ἐλπίζοντες·
[5] παρίστατο δέ σφισι πρὸ τῆς
μελλούσης πολιορκίας ἀγῶνα ἐκ τοῦ φανεροῦ ποιήσασθαι, μηδὲ ὄντας
Μεσσηνίους, οἳ μηδὲ Λακεδαιμονίων ἀνδρίᾳ, τύχῃ δὲ ἠλαττώθησαν,
καταπεπλῆχθαι τὸν ἥκοντα ὄχλον ἐξ Ἀκαρνανίας· τό τε Ἀθηναίων ἐν
Μαραθῶνι ἔργον ἀνεμιμνήσκοντο, ὡς μυριάδες τριάκοντα ἐφθάρησαν τῶν
Μήδων ὑπὸ ἀνδρῶν οὐδὲ ἐς μυρίους ἀριθμόν.
[6] Καθίσταντό τε δὴ τοῖς Ἀκαρνᾶσιν ἐς
ἀγῶνα καὶ ὁ τρόπος λέγεται τῆς μάχης γενέσθαι τοιόσδε. Οἳ μέν, ἅτε
πλήθει προέχοντες πολύ, οὐ χαλεπῶς περιέβαλον τοὺς Μεσσηνίους, πλὴν
ὅσον αἱ πύλαι τε ἀπεῖργον κατὰ νώτου τοῖς Μεσσηνίοις γινόμεναι καὶ
οἱ ἀπὸ τοῦ τείχους τοῖς σφετέροις προθύμως ἀμύνοντες· ταύτῃ μὲν δὴ
μὴ περισχεθῆναι σφᾶς ἐκώλυε, τὰ δὲ πλευρὰ ἀμφότερα ἐκυκλώσαντο αὐτῶν
οἱ Ἀκαρνᾶνες καὶ ἐσηκόντιζον πανταχόθεν.
[7] Οἱ δὲ Μεσσήνιοι συνεστραμμένοι
μετ' ἀλλήλων, ὁπότε ἀθρόοι τοῖς Ἀκαρνᾶσιν ἐμπέσοιεν, ἐτάρασσον μὲν
τοὺς κατὰ ταὐτὸ ἑστηκότας καὶ ἐφόνευόν τε αὐτῶν καὶ ἐτίτρωσκον
πολλούς, τελέαν δὲ οὐκ ἐδύναντο ἐργάσασθαι φυγήν· ὅπου γὰρ τῆς
τάξεως αἴσθοιντό τι οἱ Ἀκαρνᾶνες τῆς αὑτῶν ὑπὸ τῶν Μεσσηνίων
διασπώμενον, κατὰ τοῦτο ἀμύνοντες τοῖς βιαζομένοις αὑτῶν ἀνεῖργον
τοὺς Μεσσηνίους ἐπικρατοῦντες τῷ πλήθει.
[8] Οἱ δὲ ὁπότε ἀνακοπεῖεν, κατ' ἄλλο
αὖθις πειρώμενοι διακόψαι τὴν Ἀκαρνάνων φάλαγγα τὸ αὐτὸ ἂν ἔπασχον·
ὅτῳ μὲν προσβάλλοιεν, διέσειόν τε καὶ τροπὴν ἐπὶ βραχὺ ἐποίουν,
ἐπιρρεόντων δὲ αὖθις κατὰ τοῦτο σπουδῇ τῶν Ἀκαρνάνων ἀπετρέποντο
ἄκοντες. Γενομένου δὲ ἰσορρόπου τοῦ ἀγῶνος ἄχρι ἑσπέρας καὶ
Ἀκαρνᾶσιν ὑπὸ τὴν ἐπιοῦσαν νύκτα ἐπελθούσης δυνάμεως ἀπὸ τῶν πόλεων,
οὕτω τοῖς Μεσσηνίοις περιειστήκει πολιορκία.
[9] Καὶ ἁλῶναι μὲν κατὰ κράτος τὸ
τεῖχος ἢ ὑπερβάντων τῶν Ἀκαρνάνων ἢ καὶ ἀπολιπεῖν βιασθεῖσιν αὐτοῖς
τὴν φρουρὰν δέος ἦν οὐδέν· τὰ δὲ ἐπιτήδειά σφισι πάντα ὁμοίως ὀγδόῳ
μηνὶ ἐξανήλωτο. Ἐς μὲν δὴ τοὺς Ἀκαρνᾶνας ἐχρῶντο ἀπὸ τοῦ τείχους
χλευασίᾳ, μὴ σφᾶς τὰ σιτία προδοῦναί ποτε ἂν μηδὲ ἐς ἔτος δέκατον
πολιορκουμένους·
[10] αὐτοὶ δὲ περὶ ὕπνον πρῶτον
ἐξελθόντες ἐκ τῶν Οἰνιαδῶν, γενομένης τοῦ δρασμοῦ σφῶν τοῖς
Ἀκαρνᾶσιν αἰσθήσεως [καὶ] ἐς μάχην ἀναγκασθέντες ἀφικέσθαι, περὶ
τριακοσίους μὲν ἀποβάλλουσι καὶ πλείονας ἔτι αὐτοὶ τῶν ἐναντίων
κατεργάζονται, τὸ δὲ πολὺ αὐτῶν διεκπίπτουσι διὰ τῶν Ἀκαρνάνων καὶ
ἐπιλαμβανόμενοι τῆς Αἰτωλῶν ἐχόντων σφίσιν ἐπιτηδείως ἐς τὴν
Ναύπακτον ἀνασώζονται. |
CHAPITRE XXVI.
Les Messéniens chassés de Naupacte, retournent dans
le Péloponnèse après la bataille de Leuctres.
[1] A partir de là, leur haine pour
les Lacédémoniens ne se ralentit dans aucun temps, et ils en
donnèrent surtout des preuves dans la guerre du Péloponnèse.
Naupacte devint une place d'armes contre le Péloponnèse, et les
Spartiates enfermés dans l'île de Sphactérie, furent tués par des
frondeurs Messéniens de Naupacte, au service des Athéniens.
[2] Mais les Lacédémoniens, devenus
maîtres de la mer après la défaite des Athéniens à Égos Potamos,
chassèrent de Naupacte les Messéniens. Les uns allèrent dans la
Sicile auprès de leurs concitoyens, et de là passèrent à Rhégium. Le
plus grand nombre se rendit dans la Libye, chez les Evesperites qui,
ayant beaucoup souffert par la guerre contre les barbares de leur
voisinage, invitaient tous les Grecs, de quelque pays qu'ils
fussent, à venir s'établir parmi eux. Les Messéniens y allèrent pour
la plupart, sous la conduite de Comon qui les avait commandés à
Sphactérie.
[3] Les dieux pronostiquèrent aux
Messéniens leur retour dans le Péloponnèse, un an avant la victoire
des Thébains à Leuctres. D'une part, dit-on, le prêtre d'Hercule à
Messène, vers le détroit, vit en songe Jupiter qui invitait Hercule
Manticlus à venir chez lui à Ithome ; d'un autre côté, chez les
Evesperites, Comon dont la mère était morte, rêva qu'ayant eu
commerce avec elle, il la rappelait à la vie. Il crut que cette
vision annonçait seulement que les Athéniens, alors très puissants
sur mer, rameneraient les Messéniens à Naupacte ; mais le songe lui
présageait clairement le rétablissement de Messène.
[4] Le malheur réservé aux
Lacédémoniens ne tarda pas à les frapper, et Leuctres en fut le
théâtre. En effet, l'oracle rendu à Aristodème, roi des Messéniens,
finissait ainsi : fais ce que le destin ordonne ; la
vengeance divine frappe d'abord les uns, puis les autres.
C'était dire que les Messéniens devaient d'abord être malheureux,
mais qu'ensuite la vengeance divine poursuivrait les Spartiates.
[5] Les Thébains, après la victoire de
Leuctres, envoyèrent en Italie, en Sicile, chez les Evesperites et
dans les autres lieux qui pouvaient servir d'asile à des Messéniens,
pour les inviter à revenir dans le Péloponnèse. L'amour de la patrie
et leur haine pour les Lacédémoniens, les rassemblèrent bien plus
promptement qu'on ne s'y serait attendu.
[6] Épaminondas ne croyait
nullement facile de fonder une ville en état de tenir tête aux
Lacédémoniens, et il ne voyait pas trop dans quel endroit du pays la
placer, car les Messéniens ne voulaient s'établir ni à Andanie ni à
Échalie, à cause des malheurs qu'ils avaient éprouvés dans ces deux
villes. Il ne savait quel parti prendre, lorsqu'il vit, dit-on, en
songe, un vieillard ressemblant tout à fait à un Hiérophante, qui
lui dit : « Thébain, la victoire qui suit les armes partout, est un
de mes dons ; lorsque tu ne seras plus du nombre des vivants, je
rendrai ton nom et ta gloire immortels. Rétablis donc les Messéniens
dans leur patrie et dans leurs villes, car la colère des Dioscures
contre eux est apaisée. »
[7] Le même vieillard apparut aussi à
Epitélès, fils d'Éschine que les Argiens avaient nommé général et
avaient chargé de présider au rétablissement de Messène, et lui
ordonna en songe de se transporter sur le mont Ithome, à l'endroit
où il trouverait un if et un myrte, de faire fouiller la terre entre
ces deux arbres, et de délivrer une vieille qui, renfermée dans une
chambre d'airain, qui souffrait extrêmement, et allait rendre l'âme.
Epitélès, dès qu'il fait jour, arrive au lieu indiqué ; des fouilles
qu'il commande lui découvrent une urne d'airain que par son ordre on
porte sur-le-champ à Épaminondas, auquel il va lui-même raconter son
songe, le priant d'ôter le couvercle à l'urne pour voir ce qu'elle
renfermait. Épaminondas ayant offert un sacrifice,
[8] et adressé des prières à celui qui
avait apparu en songe, ouvrit l'urne où il trouva des feuilles
d'étain très minces, roulées comme un livre, et sur lesquelles
étaient écrits les mystères des grandes déesses. Le vase était le
dépôt d'Aristomène, et le vieillard qui apparut en songe à Epitélès
et à Épaminondas, passe pour Caucon jadis venu d'Athènes à Andanie,
vers Messène, fille de Triopas. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Κ
Μεσσσήνιοι ἐκ Ναυπάκτου ἐκβληθέντες, μετὰ τὰ
Λευκτρικὰ ἐπανήκουσιν εἰς Πελοπόννησον.
XXVI. [1] Τὸ δὲ ἀπὸ τούτου τόν τε
ἄλλον χρόνον ἐνέκειτό σφισι τὸ ἐς Λακεδαιμονίους μῖσος καὶ τὴν
ἔχθραν ἐς αὐτοὺς μάλιστα ἐπεδείξαντο ἐπὶ τοῦ γενομένου
Πελοποννησίοις πρὸς Ἀθηναίους πολέμου· τήν τε γὰρ Ναύπακτον
ὁρμητήριον ἐπὶ τῇ Πελοποννήσῳ παρείχοντο καὶ τοὺς ἐν τῇ Σφακτηρίᾳ
Σπαρτιατῶν ἀποληφθέντας Μεσσηνίων σφενδονῆται τῶν ἐκ Ναυπάκτου
συνεξεῖλον.
[2] Ἐπεὶ δὲ τὸ πταῖσμα ἐγένετο
Ἀθηναίων ἐν Αἰγὸς ποταμοῖς, οὕτω καὶ ἐκ Ναυπάκτου τοὺς Μεσσηνίους
ἐκβάλλουσιν οἱ Λακεδαιμόνιοι ναυσὶν ἐπικρατοῦντες, οἳ ἐς Σικελίαν τε
παρὰ τοὺς συγγενεῖς καὶ ἐς Ῥήγιον ἐστάλησαν, τὸ πλεῖστον δὲ αὐτῶν ἔς
τε Λιβύην ἀφίκετο καὶ Λιβύης ἐς Εὐεσπερίτας· οἱ γὰρ Εὐεσπερῖται
πολέμῳ κακωθέντες ὑπὸ βαρβάρων προσοίκων πάντα τινὰ Ἕλληνα
ἐπεκαλοῦντο σύνοικον. Ἐς τούτους τῶν Μεσσηνίων τὸ πολὺ ἀπεχώρησεν·
ἡγεμὼν δέ σφισιν ἦν Κόμων, ὃς καὶ περὶ τὴν Σφακτηρίαν ἐστρατήγησεν
αὐτοῖς.
[3] Ἐνιαυτῷ δὲ πρότερον ἢ κατορθῶσαι
Θηβαίους τὰ ἐν Λεύκτροις, προεσήμαινεν ὁ δαίμων Μεσσηνίοις τὴν ἐς
Πελοπόννησον κάθοδον. Τοῦτο μὲν γὰρ ἐν Μεσσήνῃ πρὸς τῷ πορθμῷ τὸν
ἱερέα τοῦ Ἡρακλέους λέγουσιν ὀνείρατος ἰδεῖν ὄψιν--τὸν Ἡρακλέα ἔδοξε
κληθῆναι τὸν Μάντικλον ἐπὶ ξενίᾳ ἐς Ἰθώμην ὑπὸ τοῦ Διός--, τοῦτο δὲ
ἐν Εὐεσπερίταις Κόμων συγγενέσθαι νεκρᾷ τῇ μητρὶ ἐδόκει,
συγγενομένου δὲ αὖθίς οἱ τὴν μητέρα ἀναβιῶναι. Καὶ ὁ μὲν ἐπήλπιζεν
Ἀθηναίων δυνηθέντων ναυτικῷ κάθοδον ἔσεσθαί σφισιν ἐς Ναύπακτον· τὸ
δὲ ἄρα ἐδήλου τὸ ὄνειρον ἀνασώσεσθαι Μεσσήνην.
[4] Ἐγένετό τε οὐ μετὰ πολὺ ἐν
Λεύκτροις Λακεδαιμονίων τὸ ἀτύχημα ὀφειλόμενον ἐκ παλαιοῦ·
Ἀριστοδήμῳ γὰρ τῷ βασιλεύσαντι Μεσσηνίων ἐπὶ τελευτῇ τοῦ χρησμοῦ τοῦ
δοθέντος ἐστὶν
Ἕρδ' ὅππῃ τὸ χρεών· ἄτη δ' ἄλλοισι πρὸ ἄλλων·
ὡς ἐν μὲν τῷ παρόντι ἐκεῖνον δέον καὶ
Μεσσηνίους κακῶς πρᾶξαι, χρόνῳ δὲ ὕστερον καὶ Λακεδαίμονα
ἐπιληψομένης τῆς ἄτης.
[5] Τότε δὲ ἐν Λεύκτροις οἱ Θηβαῖοι
νενικηκότες ἀγγέλους ἐς Ἰταλίαν τε καὶ Σικελίαν καὶ παρὰ τοὺς
Εὐεσπερίτας ἀπέστελλον, ἔκ τε τῆς ἄλλης, εἴ πού τις Μεσσηνίων εἴη,
πανταχόθεν ἀνεκάλουν ἐς Πελοπόννησον. Οἱ δὲ θᾶσσον ἢ ὡς ἄν τις
ἤλπισε συνελέχθησαν γῆς τε τῆς πατρίδος πόθῳ καὶ διὰ τὸ ἐς
Λακεδαιμονίους μῖσος παραμεῖναν ἀεί σφισιν.
[6] Ἐπαμινώνδᾳ δὲ οὔτε ἄλλως ἐφαίνετο
ῥᾴδια ἀξιόμαχον πόλιν ἐποικίσαι Λακεδαιμονίοις οὔτε ὅπου χρὴ κτίσαι
τῆς χώρας ἐξευρίσκει· τὴν γὰρ Ἀνδανίαν οἱ Μεσσήνιοι καὶ Οἰχαλίαν οὐκ
ἔφασαν ἀνοικιεῖν, ὅτι αἱ συμφοραί σφισιν ἐγεγόνεσαν ἐνταῦθα
οἰκοῦσιν. Ἀποροῦντι οὖν αὐτῷ πρεσβύτην ἄνδρα, ἱεροφάντῃ μάλιστα
εἰκασμένον, νύκτωρ φασὶν ἐπιστάντα εἰπεῖν· « σοὶ μὲν δῶρά ἐστι παρ'
ἐμοῦ κρατεῖν ὅτῳ ἂν μεθ' ὅπλων ἐπέρχῃ· καὶ ἢν ἐξ ἀνθρώπων γένῃ,
ἔγωγε ὦ Θηβαῖε ποιήσω μή ποτε ἀνώνυμον μηδὲ ἄδοξόν γενέσθαι. Σὺ δὲ
Μεσσηνίοις γῆν τε πατρίδα καὶ πόλεις ἀπόδος, ἐπειδὴ καὶ τὸ μήνιμα
ἤδη σφίσι πέπαυται τὸ Διοσκούρων ».
[7] Ἐπαμινώνδᾳ μὲν ταῦτα ἔλεγεν,
Ἐπιτέλει δὲ τῷ Αἰσχίνου τάδε ἐμήνυε -- στρατηγεῖν δὲ αὐτὸν οἱ
Ἀργεῖοι τὸν Ἐπιτέλην καὶ Μεσσήνην ἀνοικίζειν ᾕρηντο -- τοῦτον οὖν
τὸν ἄνδρα ἐκέλευεν ὁ ὄνειρος, ἔνθα ἂν τῆς Ἰθώμης εὕρῃ πεφυκυῖαν
σμίλακα καὶ μυρσίνην, τὸ μέσον ὀρύξαντα αὐτῶν ἀνασῶσαι τὴν γραῦν·
κάμνειν γὰρ ἐν τῷ χαλκῷ καθειργμένην θαλάμῳ καὶ ἤδη λιποψυχεῖν
αὐτήν. Ὁ δὲ Ἐπιτέλης, ὡς ἐπελάμβανεν ἡμέρα, παραγενόμενος ἐς τὸ
εἰρημένον χωρίον ἐπέτυχεν ὀρύσσων ὑδρίᾳ χαλκῇ, καὶ αὐτίκα παρὰ τὸν
Ἐπαμινώνδαν
[8] κομίσας τό τε ἐνύπνιον ἐξηγεῖτο
καὶ αὐτὸν ἐκεῖνον τὸ πῶμα ἀφελόντα ἐκέλευεν ὅ τι ἐνείη σκοπεῖσθαι. Ὁ
δὲ θύσας καὶ εὐξάμενος τῷ πεφηνότι ὀνείρατι ἤνοιγε τὴν ὑδρίαν,
ἀνοίξας δὲ εὗρε κασσίτερον ἐληλασμένον ἐς τὸ λεπτότατον· ἐπείλικτο
δὲ ὥσπερ τὰ βιβλία. Ἐνταῦθα τῶν Μεγάλων θεῶν ἐγέγραπτο ἡ τελετή, καὶ
τοῦτο ἦν παρακαταθήκη τοῦ Ἀριστομένους. Τοῦτον τὸν ἐπελθόντα τῷ
Ἐπιτέλει καὶ Ἐπαμινώνδᾳ καθεύδουσι Καύκωνα εἶναι λέγουσιν, ὃς
ἀφίκετο ἐξ Ἀθηνῶν ἐς Ἀνδανίαν παρὰ Μεσσήνην τὴν Τριόπα. |
CHAPITRE XXVII.
Colère des Dioscures contre les Messéniens.
Prédiction de Bacis. Fondation de Messène.
[1] Le courroux des fils de Tyndarée
contre les Messéniens avait commencé dès avant la bataille de
Stenyclaros, et voici, je crois, d'où il provenait. Panormus et
Gonippus d'Andanie, tous les deux jeunes et remarquables par leur
beauté, avaient beaucoup d'amitié l'un pour l'autre, et sortaient
toujours ensemble pour aller combattre, ou faire des courses dans la
Laconie.
[2] Un jour que les Lacédémoniens
célébraient vers leur camp la fête des Dioscures, et qu'ils en
étaient déjà à boire et à jouer ensemble après le repas, Gonippus et
Panormus, tous les deux vêtus de tuniques blanches et de manteaux de
pourpre, montés sur des chevaux de la plus grande beauté, le piléus
sur la tête, et la lance à la main, se montrèrent à l'improviste aux
Lacédémoniens qui se prosternèrent dès qu'ils les aperçurent, et
leur adressèrent des prières, croyant que les Dioscures eux-mêmes
étaient venus à leur sacrifice ;
[3] ces deux jeunes gens les ayant
joints, poussèrent tout à coup leurs chevaux au milieu d'eux, en les
frappant avec leurs lances, et après en avoir tué plusieurs, ils
retournèrent à Andanie. Cette profanation du sacrifice qu'on leur
offrait, irrita, je crois, les Dioscures contre les Messéniens ;
mais à l'époque dont nous parlons, ils ne s'opposaient plus à leur
retour dans leur patrie, comme ce songe le fit connaître à
Épaminondas.
[4] Ce général fut principalement
décidé par les prédictions de Bacis. Inspiré par les nymphes, ce
Bacis a fait des prédictions relatives à différents peuples de la
Grèce, et particulièrement au retour des Messéniens : Alors,
dit-il, Sparte perdra la brillante fleur de sa jeunesse, et
Messène sera rétablie pour tous les siècles à venir. J'ai
découvert que Bacis avait même prédit la manière dont Ira serait
prise, car il dit dans ses oracles : et ceux de Messène
domptée par le fracas des tempêtes et par des torrents d'eau.
[5] Les mystères ayant été retrouvés,
les Messéniens de la race des prêtres, les transcrivirent dans des
livres. Épaminondas ayant reconnu que la place où est maintenant
Messène, était la mieux située pour la fondation d'une ville, il
ordonna aux devins d'employer leur art à savoir si la volonté des
dieux était d'accord avec ses projets. Leur réponse ayant été que
les sacrifices offraient des présages favorables, il disposa tout
pour cette fondation en faisant apporter des pierres et en appelant
auprès de lui des architectes pour tracer les rues, construire les
temples et les maisons, et entourer la ville de murs ;
[6] tout étant prêt et les Arcadiens
ayant fourni des victimes, on commença par des sacrifices.
Épaminondas et les Thébains en offrirent à Bacchus et à Apollon
Isménien, suivant leurs rites particuliers ; les Argiens à Junon
Argienne et à Jupiter Néméen ; les Messéniens à Jupiter Ithomate et
aux Dioscures ; et leurs prêtres aux grandes déesses et à Caucon.
Ils invoquèrent ensuite en commun leurs héros, et les invitèrent à
revenir demeurer avec eux. Ils appelèrent d'abord Messène, fille de
Triopas, ensuite Eurytus, Apharée et ses fils, Cresphonte et Épytus
de la race des Junonclides, et enfin Aristomène qu'on invita avec le
plus d'instances et au nom de tous.
[7] Cette journée se passa toute en
sacrifices et en prières ; dans les suivantes, on bâtit d'abord
l'enceinte des murs, ensuite les maisons et les temples de
l'intérieur. Les travailleurs étaient animés par une musique où l'on
n'avait admis que les flûtes Béotiennes et Argiennes : les airs de
Sacadas et ceux de Pronomus parurent en cette occasion les plus
dignes d'entrer en concurrence. Le nom de Messène fut imposé à cette
ville, et l'on en rétablit quelques autres.
[8] Les Messéniens laissèrent les
Naupliens à Mothone, et les Asinéens dans le pays qu'ils occupaient
: ceux-ci par reconnaissance de ce qu'ils n'avaient pas voulu
prendre les armes contre eux avec les Lacédémoniens ; et les
Naupliens, parce qu'après avoir adressé aux dieux des voeux
continuels pour le retour des Messéniens, à la rentrée de ceux-ci
dans le Péloponnèse, ils leur avaient offert le plus de présents
qu'ils pouvaient, et qu'ils avaient d'ailleurs imploré leur clémence
pour se maintenir dans le pays.
[9] Les Messéniens revinrent dans le
Péloponnèse et recouvrèrent leur patrie deux cent quatre-vingt-sept
ans après la prise d'Ira ; la troisième année de la cent deuxième
olympiade en laquelle Dasmon avait été couronné pour la seconde fois
; Dyscinetus était alors archonte à Athènes. Plus d'un peuple s'est
vu arraché à son pays : ainsi les Platéens ont été privés du leur
pendant un long espace de temps ; les Déliens, chassés de leur île
par les Athéniens allèrent s'établir à Adramyttion ;
[10] les Minyens d'Orchomène ont
quitté leur ville, dont les Thébains s'étaient emparés après la
bataille de Leuctres, et n'y sont rentrés que sous le règne de
Philippe, fils d'Amyntas ; à leur tour, les Thébains ont vu leur
ville rasée par Alexandre, et peu d'années après rétablie par
Cassandre, fils d'Antipater. Mais de tous ces peuples, les Platéens
étaient ceux dont l'exil avait été le plus long ; il ne dura
cependant que deux générations,
[11] tandis que les Messéniens ont
erré près de trois cents ans hors du Péloponnèse : ils conservèrent
pendant tout ce temps-là, leurs coutumes particulières, et
n'oublièrent même pas le dialecte Dorien qu'ils parlent encore
maintenant avec plus de pureté que tous les autres peuples du
Péloponnèse. |
ΚΕΦΑΚΑΙΟΝ ΚΖ'.
Διοσκούρων μήνιμα ἐς τοὺς Μεσσηνίους. Βάκιδος
χρησμοί. Μεσσήνης οἰκισμός.
XXVII. [1] Τὸ δὲ τῶν Τυνδάρεω
παίδων μήνιμα ἐς τοὺς Μεσσηνίους ἤρξατο μὲν πρὸ τῆς ἐν Στενυκλήρῳ
μάχης, γενέσθαι αὐτὸ δι' αἰτίαν τοιάνδε εἰκάζω. Μειράκια ὡραῖα ἐξ
Ἀνδανίας, Πάνορμος καὶ Γώνιππος, τά τε ἄλλα οἰκείως εἶχον ἀλλήλοις
καὶ κοινὰς ἐπὶ τὰς μάχας ἐξόδους καὶ καταδρομὰς ἐποιοῦντο ἐς τὴν
Λακωνικήν.
[2] Λακεδαιμονίων δὲ ἐπὶ στρατοπέδου
Διοσκούροις ἑορτὴν ἀγόντων καὶ ἤδη πρὸς πότον καὶ παιδιὰς
τετραμμένων μετὰ τὸ ἄριστον, ὁ Γώνιππος καὶ ὁ Πάνορμος χιτῶνας
λευκοὺς καὶ χλαμύδας πορφυρᾶς ἐνδύντες ἐπί τε ἵππων τῶν καλλίστων
ὀχούμενοι καὶ ἐπὶ ταῖς κεφαλαῖς πίλους, ἐν δὲ ταῖς χερσὶ δόρατα
ἔχοντες ἐπιφαίνονται Λακεδαιμονίοις. Οἱ δὲ ὡς εἶδον, προσεκύνουν τε
καὶ εὔχοντο, ἀφῖχθαι δοκοῦντές σφισιν αὐτοὺς ἐς τὴν θυσίαν τοὺς
Διοσκούρους.
[3] Οἱ νεανίσκοι δὲ ὡς ἅπαξ
ἀνεμίχθησαν, διεξήλαυνον διὰ πάντων παίοντες τοῖς δόρασι, καὶ ἤδη
κειμένων πολλῶν ἀποχωροῦσιν ἐς Ἀνδανίαν, καθυβρίσαντες τῶν
Διοσκούρων τῇ θυσίᾳ. Τοῦτο ἐμοὶ δοκεῖν προήγαγε τοὺς Διοσκούρους ἐς
τὸ ἔχθος τὸ Μεσσηνίων· τότε δέ, ὡς ἐδήλου τῷ Ἐπαμινώνδᾳ τὸ ὄνειρον,
οὐκ ἦν ἔτι τοῖς Διοσκούροις ἀκούσιος τῶν Μεσσηνίων ἡ κάθοδος.
[4] Μάλιστα δὲ τὸν Ἐπαμινώνδαν ἐς τὸν
οἰκισμὸν οἱ Βάκιδος ἐνῆγον χρησμοί. Βάκιδι γὰρ μανέντι ἐκ Νυμφῶν ἐς
ἄλλους τέ ἐστιν Ἑλλήνων καὶ ἐς τὴν Μεσσηνίων κάθοδον προειρημένα·
Καὶ τότε δὴ Σπάρτης μὲν ἀπ' ἀγλαὸν ἄνθος ὀλεῖται,
Μεσσήνη δ' αὖτις οἰκήσεται ἤματα πάντα.
Ἐγὼ δὲ καὶ περὶ τῆς Εἴρας, ὅντινα
ἁλώσοιτο τρόπον, Βάκιν ἐφώρασα εἰρηκότα· καί οἱ καὶ τόδε ἐστὶ τῶν
χρησμῶ·
Οἵ τ' ἀπὸ Μεσσήνης πατάγῳ κρουνοῖς τε δαμείσης.
[5] Ὡς δὲ ἡ τελετή σφισιν ἀνεύρητο,
ταύτην μέν, ὅσοι τοῦ γένους τῶν ἱερέων ἦσαν, κατετίθεντο ἐς βίβλους·
Ἐπαμινώνδας δέ, ὥς οἱ τὸ χωρίον, ἔνθα νῦν ἔχουσιν οἱ Μεσσήνιοι τὴν
πόλιν, μάλιστα ἐς οἰκισμὸν ἐφαίνετο ἐπιτήδειον, ἐκέλευεν
ἀνασκοπεῖσθαι τοῖς μάντεσιν, οἱ βουλήσεται ταύτῃ καὶ τὰ τῶν θεῶν
ἐπιχωρῆσαι. Φαμένων δὲ καὶ τούτων εἶναι τὰ ἱερὰ αἴσια, οὕτω
παρεσκευάζετο ἐς τὸν οἰκισμόν, λίθους τε ἄγεσθαι κελεύων καὶ ἄνδρας
μεταπεμπόμενος, οἷς τέχνη στενωποὺς κατατέμνεσθαι καὶ οἰκίας καὶ
ἱερὰ οἰκοδομεῖσθαι καὶ τείχη περιβάλλεσθαι.
[6] Ὡς δὲ ἐγεγόνει τὰ πάντα ἐν ἑτοίμῳ,
τὸ ἐντεῦθεν -- ἱερεῖα γὰρ παρεῖχον οἱ Ἀρκάδες -- αὐτὸς μὲν
Ἐπαμινώνδας καὶ οἱ Θηβαῖοι Διονύσῳ καὶ Ἀπόλλωνι ἔθυον Ἰσμηνίῳ τὸν
νομιζόμενον τρόπον, Ἀργεῖοι δὲ τῇ τε Ἥρᾳ τῇ Ἀργείᾳ καὶ Νεμείῳ Διί,
Μεσσήνιοι δὲ Διί τε Ἰθωμάτᾳ καὶ Διοσκούροις, οἱ δέ σφισιν ἱερεῖς
θεαῖς ταῖς Μεγάλαις καὶ Καύκωνι. Ἐπεκαλοῦντο δὲ ἐν κοινῷ καὶ ἥρωάς
σφισιν ἐπανήκειν συνοίκους, Μεσσήνην μὲν τὴν Τριόπα μάλιστα, ἐπὶ
ταύτῃ δὲ Εὔρυτον καὶ Ἀφαρέα τε καὶ τοὺς παῖδας, παρὰ δὲ Ἡρακλειδῶν
Κρεσφόντην τε καὶ Αἴπυτον· πλείστη δὲ καὶ παρὰ πάντων ἀνάκλησις
ἐγίνετο Ἀριστομένους.
[7] Καὶ τὴν μὲν τότε ἡμέραν πρὸς
θυσίαις τε καὶ εὐχαῖς ἦσαν, ταῖς δὲ ἐφεξῆς τοῦ τείχους τὸν περίβολον
ἤγειρον καὶ ἐντὸς οἰκίας καὶ τὰ ἱερὰ ἐποιοῦντο. Εἰργάζοντο δὲ καὶ
ὑπὸ μουσικῆς ἄλλης μὲν οὐδεμιᾶς, αὐλῶν δὲ Βοιωτίων καὶ Ἀργείων· τά
τε Σακάδα καὶ Προνόμου μέλη τότε δὴ προήχθη μάλιστα ἐς ἅμιλλαν. Αὐτῇ
μὲν δὴ τῇ πόλει Μεσσήνην ἔθεντο ὄνομα, ἀνῴκιζον δὲ καὶ ἄλλα
πολίσματα.
[8] Ναυπλιεῖς δὲ ἐκ Μοθώνης οὐκ
ἀνέστησαν· κατὰ χώραν δὲ καὶ Ἀσιναίους μένειν εἴων, τούτοις μὲν καὶ
εὐεργεσίαν ἀπομνημονεύοντες πολεμῆσαι μετὰ Λακεδαιμονίων πρὸς σφᾶς
οὐ θελήσασι, Ναυπλιεῖς δὲ κατιοῦσιν ἐς Πελοπόννησον Μεσσηνίοις τε
δῶρα ἤγαγον ὁποῖα εἶχον καὶ ἅμα μὲν ὑπὲρ καθόδου τῆς ἐκείνων
συνεχέσιν ἐς τὸ θεῖον ταῖς εὐχαῖς, ἅμα δὲ ὑπὲρ σωτηρίας τῆς σφετέρας
δεήσεσιν ἐς ἐκείνους ἐχρῶντο.
[9] Κατῆλθον δὲ ἐς Πελοπόννησον οἱ
Μεσσήνιοι καὶ ἀνεσώσαντο τὴν αὑτῶν ἑπτὰ καὶ ὀγδοήκοντα καὶ
διακοσίοις ἔτεσιν ὕστερον μετὰ Εἴρας ἅλωσιν, Δυσκινήτου μὲν Ἀθήνῃσιν
ἄρχοντος, τρίτῳ δὲ ἔτει τῆς δευτέρας καὶ ἑκατοστῆς Ὀλυμπιάδος, ἣν
Δάμων Θούριος τὸ δεύτερον ἐνίκα. Οὐκ ὀλίγος μὲν οὖν ὁ χρόνος καὶ
Πλαταιεῦσιν ἐγένετο, ἐφ' ὅσον καὶ ἐκεῖνοι τὴν αὑτῶν ἔφευγον, καὶ
Δηλίοις, ἡνίκα ᾤκησαν Ἀδραμύττιον ἐκβληθέντες ἐκ τῆς σφετέρας ὑπὸ
Ἀθηναίων [καὶ Ὀρχομενίων]·
[10] οἱ δὲ Μινύαι, μετὰ τὴν μάχην τὴν
ἐν Λεύκτροις ἐκπεσόντες ὑπὸ Θηβαίων ἐξ Ὀρχομενοῦ, κατήχθησαν ἐς
Βοιωτίαν ὑπὸ Φιλίππου τοῦ Ἀμύντου, καὶ οὗτοι καὶ οἱ Πλαταιεῖς.
Θηβαίων δὲ αὐτῶν ἐρημώσαντος Ἀλεξάνδρου τὴν πόλιν, αὖθις ἔτεσιν οὐ
πολλοῖς ὕστερον Κάσσανδρος Ἀντιπάτρου τὰς Θήβας ἔκτισεν. Φαίνεται
μὲν δὴ τῶν κατειλεγμένων ἐπὶ μακρότατον ἡ Πλαταϊκὴ φυγὴ συμβᾶσα, οὐ
μέντοι περαιτέρω γε ἢ ἐπὶ δύο ἐγένετο οὐδ' αὐτὴ γενεάς.
[11] Μεσσήνιοι δὲ ἐκτὸς Πελοποννήσου
τριακόσια ἔτη μάλιστα ἠλῶντο, ἐν οἷς οὔτε ἐθῶν εἰσι δῆλοι
παραλύσαντές τι τῶν οἴκοθεν οὔτε τὴν διάλεκτον τὴν Δωρίδα
μετεδιδάχθησαν, ἀλλὰ καὶ ἐς ἡμᾶς ἔτι τὸ ἀκριβὲς αὐτῆς Πελοποννησίων
μάλιστα ἐφύλασσον. |
CHAPITRE XXVIII.
Guerre des Messéniens et des Lacédémoniens. Les
Messéniens surprennent les Eléens par un stratagème qui se trouve
dans Homère.
[1] Les Lacédémoniens contenus par la
crainte des Thébains n'avaient osé s'opposer ni au rétablissement
des Messéniens, ni à la réunion des Arcadiens dans une seule ville :
il savaient laissé les Messéniens assez tranquilles pendant quelque
temps ; mais ils reprirent courage lorsqu'ils virent les Thébains
occupés hors du Péloponnèse par la guerre des Phocéens, autrement
nommée la guerre sacrée, et ne purent se tenir d'attaquer les
Messéniens,
[2] qui se préparèrent à la guerre de
concert avec les Argiens et les Arcadiens. Les Athéniens à qui les
Messéniens avaient aussi demandé des secours, leur répondirent
qu'ils ne se permettraient jamais de faire avec eux une invasion
dans la Laconie, mais que si les Lacédémoniens commençaient la
guerre, et venaient attaquer la Messénie, ils prendraient les armes
pour leur défense. Enfin, les Messéniens firent aussi une alliance
avec les Macédoniens et Philippe, fils d'Amyntas, et c'est pour
cela, dit-on, qu'ils ne se trouvèrent pas avec les autres Grecs à la
bataille de Chéronée ; ils ne voulurent cependant pas non plus
prendre les armes contre les Grecs.
[3] Ceux-ci, après la mort
d'Alexandre, ayant déclaré la guerre une seconde fois aux
Macédoniens, les Messéniens y prirent part, comme je l'ai dit dans
la description de l'Attique. Ils n'allèrent pas avec le reste de la
Grèce combattre les Gaulois, parce que Cléonyme et les Lacédémoniens
ne voulurent pas faire de trêve avec eux.
[4] Ils s'emparèrent peu de temps
après d'Élis, en employant la ruse et l'audace tout à la fois. Les
Eléens étaient anciennement le peuple le mieux gouverné du
Péloponnèse ; mais Philippe, fils d'Amyntas, qui fit beaucoup
d'autres maux à la Grèce, ainsi que je l'ai dit, corrompit aussi à
prix d'argent les principaux de l'Élide, et ce pays se trouva alors
pour la première fois déchiré par des factions qui même en vinrent
aux armes, à ce que disent les Eléens.
[5] Depuis ce temps-là, il s'éleva
encore de nouveaux sujets de haine entre eux ; ils se divisèrent en
effet d'opinion au sujet des Lacédémoniens, et la guerre civile
s'alluma parmi eux.
Les Lacédémoniens l'ayant appris, se disposaient à secourir leurs
partisans, mais tandis qu'ils se formaient en compagnies et en
bataillons, mille Messéniens d'élite prirent l'avance, et arrivèrent
à Élis portant des boucliers sur lesquels ils avaient mis la marque
des Lacédémoniens.
[6] Les amis de ces derniers s'y
trompèrent, crurent que c'était un renfort qui leur survenait, et
reçurent dans la ville ces Messéniens qui les chassèrent pour placer
l'autorité entre les mains des leurs.
[7] Ce stratagème est de l'invention
d'Homère, et les Messéniens surent l'imiter à propos. Ce poète dit
en effet dans l'Iliade que Patrocle s'étant revêtu des armes
d'Achille, les barbares crurent que ce héros venait lui-même les
attaquer ; ce qui mit en désordre ceux des Troyens qui étaient en
avant. On trouve dans Homère d'autres stratagèmes ; c'est ainsi que
les Grecs ne se contentent pas d'un seul espion, ils en ont deux
dans le camp des Troyens ; et peu après, ils font entrer dans Ilion
un prétendu transfuge, chargé de pénétrer les plus secrets desseins
des Troyens.
[8] Ailleurs, les Troyens confient la
garde des murs à des citoyens trop jeunes ou trop âgés pour
combattre, tandis que les autres passent la nuit campés en présence
des Grecs. Enfin, Homère nous dit que les Grecs blessés, pour ne pas
rester tout à fait oisifs, armaient ceux qui pouvaient combattre. On
voit par là que les ouvrages d'Homère sont utiles aux hommes de
toutes les conditions. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΗ'.
Μεσσηνίων καὶ Λακεδαιμωνίων πόλεμος. Ἠλεῖοι
καταστρατηγοῦνται ὑπὸ Μεσσηνίων στραταγήματι, οὗ μνημονεύει καὶ
Ὅμηρος.
XXVIII. [1] Λατελθοῦσι δὲ αὐτοῖς κατ'
ἀρχὰς μὲν ἀπὸ Λακεδαιμονίων δεινὸν ἦν οὐδέν· κατεχόμενοι γὰρ οἱ
Λακεδαιμόνιοι φόβῳ τῷ Θηβαίων Μεσσήνης τε ἠνείχοντο ἐποικιζομένης
καὶ Ἀρκάδων ἐς μίαν ἠθροισμένων πόλιν. Ὡς δὲ ὁ πόλεμος ὁ Φωκικός,
καλούμενος δὲ αὐτὸς οὗτος καὶ ἱερός, ἀπήγαγεν ἐκ Πελοποννήσου
Θηβαίους, ἀνεθάρρησάν τε οἱ Λακεδαιμόνιοι καὶ τῶν Μεσσηνίων οὐκέτι
ἐδύναντο ἀπέχεσθαι.
[2] Μεσσήνιοι δὲ αὐτοί τε μετὰ Ἀργείων
καὶ Ἀρκάδων ἀντεῖχον τῷ πολέμῳ καὶ Ἀθηναίων ἀμῦναί σφισιν ἐδεήθησαν·
οἱ δὲ ἐς μὲν τὴν Λακωνικὴν οὔποτε μετὰ ἐκείνων ἐσβαλεῖν ἔφασαν,
ἀρχόντων δὲ Λακεδαιμονίων πολέμου καὶ ἐπιστρατευόντων τῇ Μεσσηνίᾳ
παρέσεσθαι καὶ αὐτοί σφισιν ἐπηγγέλλοντο. Τέλος δὲ οἱ Μεσσήνιοι
Φιλίππῳ σύμμαχοι τῷ Ἀμύντου καὶ Μακεδόσιν ἐγένοντο, καὶ τοῦτο σφᾶς
λέγουσιν ἀποκωλῦσαι τοῦ συμβάντος τοῖς Ἕλλησιν ἀγῶνος ἐν Χαιρωνείᾳ
μὴ μετασχεῖν· οὐ μὴν οὐδὲ τοῖς Ἕλλησιν ἐναντία θέσθαι τὰ ὅπλα
ἠθέλησαν.
[3] Ἀλεξάνδρου δὲ ἀποθανόντος καὶ τῶν
Ἑλλήνων πόλεμον δεύτερον τότε ἀνῃρημένων πρὸς Μακεδόνας, μετέσχον
καὶ οἱ Μεσσήνιοι τοῦ πολέμου, καθὰ καὶ πρότερον ἐδήλωσα ἐν τῇ Ἀτθίδι
συγγραφῇ. Γαλάταις δὲ μεθ' Ἑλλήνων οὐκ ἐμαχέσαντο, Κλεωνύμου καὶ
Λακεδαιμονίων σπείσασθαι σπονδάς σφισιν οὐ θελησάντων.
[4] Οὐ πολλῷ δὲ ὕστερον ἔσχον Ἦλιν
Μεσσήνιοι, σοφίᾳ τε ὁμοῦ χρησάμενοι καὶ τολμήματι. Ἠλεῖοι γὰρ τὰ μὲν
παλαιότατα εὐνομώτατοι Πελοποννησίων ἦσαν· Φιλίππου δὲ τοῦ Ἀμύντου
τά τε ἄλλα ὁπόσα εἴρηται κακουργήσαντος τὴν Ἑλλάδα καὶ Ἠλείων τοὺς
δυνατοὺς διαφθείραντος χρήμασι, στασιάζουσι πρῶτον τότε Ἠλεῖοι καὶ
ἐς ὅπλα, ὡς λέγουσι, χωροῦσι.
[5] Τὸ δὲ ἀπὸ τούτου ῥᾷον ἔτι ἔμελλον
ἀπεχθήσεσθαι πρὸς ἀλλήλους, οἷς γε καὶ Λακεδαιμονίων ἕνεκα διέστη τὰ
βουλεύματα, καὶ ἐς ἔμφυλον προῆλθον πόλεμον. Πυνθανόμενοι δὲ ταῦτα
οἱ Λακεδαιμόνιοι παρεσκευάζοντο ὡς Ἠλείων τοῖς φρονοῦσι τὰ σφέτερα
ἀμυνοῦντες. Καὶ οἱ μὲν κατὰ τέλη τε ἐτάσσοντο καὶ διενέμοντο ἐς τοὺς
λόχους· τῶν δὲ Μεσσηνίων λογάδες χίλιοι φθάνουσιν ἀφικόμενοι πρὸς
τὴν Ἦλιν, σημεῖα ἐπὶ ταῖς ἀσπίσι Λακωνικὰ ἔχοντες.
[6] Ὡς δὲ τὰς ἀσπίδας ἐθεάσαντο ὅσοι
τοῖς Σπαρτιάταις εὖνοι τῶν Ἠλείων ἦσαν, συμμαχίαν τε ἀφῖχθαί σφισιν
ἤλπισαν καὶ τοὺς ἄνδρας ἐδέχοντο ἐς τὸ τεῖχος· ἐσελθόντες δὲ τρόπον
οἱ Μεσσήνιοι τὸν εἰρημένον τοὺς τὰ Λακεδαιμονίων φρονοῦντας ἐδίωξαν,
καὶ ἐπιτρέπουσι τοῖς στασιώταις τοῖς αὑτῶν τὴν πόλιν.
[7] Ἔστι μὲν δὴ τὸ σόφισμα Ὁμήρου,
φαίνονται δὲ αὐτὸ ἐν δέοντι μιμησάμενοι καὶ οἱ Μεσσήνιοι, ἐπεὶ
Πάτροκλόν γε ἐποίησεν ἐν Ἰλιάδι Ὅμηρος Ἀχιλλέως τὰ ὅπλα ἐνδύντα, καὶ
ἐγγενέσθαι τε ἔφη τοῖς βαρβάροις δόξαν ὡς Ἀχιλλεὺς ἐπίοι καὶ τοὺς
προτεταγμένους αὐτῶν ταραχθῆναι. Εὕρηται δὲ καὶ ἄλλα Ὁμήρῳ
στρατηγήματα, δύο τε παρὰ τῶν Ἑλλήνων κατασκόπους ἐν τῇ νυκτὶ ἀνθ'
ἑνὸς ἐς τοὺς Τρῶας ἀφικέσθαι καὶ ἄνδρα ὕστερον λόγῳ μὲν αὐτόμολον,
ἔργῳ δὲ τὰ ἀπόρρητα πολυπραγμονήσοντα ἐς τὸ Ἴλιον ἐσελθεῖν.
[8] Ἔτι δὲ τοὺς διὰ νεότητα ἐν τοῖς
Τρωσὶν ἢ γῆρας οὐχ ὡραίους μάχεσθαι, τούτους μὲν τὸ τεῖχος φρουρεῖν
ἔταξε, τῶν ἐν ἡλικίᾳ τοῖς Ἕλλησιν ἐπηυλισμένων· Ἑλλήνων δὲ οἱ τὰ
τραύματα ἔχοντες ὁπλίζουσιν αὐτῷ τὸ μάχιμον, ἵνα μηδὲ αὐτοὶ
παντάπασιν ἀργοῖεν. Τὰ Ὁμήρου μὲν οὖν ὠφέλιμα ἐγένετο ἐς ἅπαντα
ἀνθρώποις· |
CHAPITRE XXIX.
Les
Macédoniens et Démétrius, fils de Philippe, prennent Messène. Les
Megalopolitains se retirent à Messène. Mort de Philopémen.
[1] Peu de temps après cette
entreprise sur Élis, les Macédoniens commandés par Démétrius, fils
de Philippe, fils de Démétrius, s'emparèrent de Messène. J'ai parlé
très au long, dans la description de Sicyone, de Philippe lui-même,
et de l'attentat de Persée contre Démétrius, fils de Philippe. Voici
ce qui concerne la prise de Messène.
[2] Philippe, ayant absolument
besoin d'argent, et voulant s'en procurer, envoya Démétrius avec des
vaisseaux dans le Péloponnèse. Démétrius, ayant relâché dans
quelqu'un des ports les plus déserts de l'Argolide, conduisit
sur-le-champ ses troupes à Messène par le chemin le plus court, mit
à la tête tout ce qu'il avait d'armé à la légère, et marcha droit à
Ithome dont il connaissait bien la route, et le jour commençait à
peine qu'il avait déjà escaladé, sans qu'on s'en fût aperçu, le mur
qui est entre la ville et le sommet d'Ithome.
[3] Le plein jour découvrit aux
Messéniens le danger qu'ils couraient : s'imaginant d'abord que les
Lacédémoniens étaient entrés en armes dans leur ville, ils fondirent
sur eux avec toute la fureur que pouvait inspirer la haine la plus
invétérée ; mais ayant reconnu aux armes et à la voix les
Macédoniens et Démétrius, fils de Philippe, l'idée qu'ils avaient de
leur habileté dans l'art militaire, et de la fortune qui les
secondait dans toutes leurs entreprises, les plongea dans la
consternation.
[4] Néanmoins la grandeur du péril
leur inspira un courage surnaturel ; ils concevaient en même temps
quelque espoir, leur retour dans le Péloponnèse après un si long
exil étant une preuve manifeste de la protection spéciale des dieux.
Les Messéniens de la ville marchèrent donc avec beaucoup de courage
contre les Macédoniens, tandis que ceux qui gardaient la citadelle
les pressaient avec tout l'avantage que leur donnait la situation
des lieux.
[5] Toutefois les Macédoniens se
défendirent d'abord avec beaucoup de valeur et d'habileté ; mais
fatigués de la route, vivement pressés par les hommes, en même temps
accablés de pierres et de tuiles par les femmes, ils prirent enfin
la fuite dans le plus grand désordre, et périrent pour la plupart en
se précipitant sur les rochers (car la montagne d'Ithome est très
escarpée de ce côté là ), et quelques uns seulement échappèrent en
jetant leurs armes.
[6] Voici, je pense, pourquoi les
Messéniens ne voulurent pas entrer dès le principe dans la
confédération Achéenne. On les vit, quand Pyrrhus, fils d'Éacides,
vint attaquer les Lacédémoniens, voler à leur secours ; et dès lors,
en considération de ce service, les Spartiates montrèrent pour eux
des dispositions plus pacifiques : les Messéniens ne voulurent donc
pas réveiller la haine des Lacédémoniens en entrant dans une
confédération ouvertement déclarée contre eux ;
[7] car je n'ignore pas, et les
Messéniens le savaient bien eux-mêmes, quoiqu'ils n'en fussent pas
membres, que la confédération Achéenne s'était formée contre les
Lacédémoniens, puisque les Argiens et les Arcadiens n'en étaient pas
la partie la moins considérable. Les Messéniens y entrèrent aussi
dans la suite ; peu de temps après leur association aux Achéens,
Cléomène, fils de Léonidas, fils de Cléonyme, prit, contre la foi
des traités, Mégalopolis, ville des Arcadiens ;
[8] près d'un tiers des habitants fut
massacré au moment même : le reste qui formait, dit-on, plus des
deux tiers des Megalopolitains se retira avec Philopémen, fils de
Craugis, et les Messéniens se rappelant les services que les
Arcadiens leur avaient rendus du temps d'Aristomène, et plus
récemment lors de la fondation de Messène, leur rendirent la
pareille en recevant ces fugitifs.
[9] Combien peu de stabilité ont les
choses humaines ! Les Messéniens donnèrent à leur tour un asile aux
Arcadiens, et, ce qui pouvait encore moins se prévoir, les dieux
voulurent qu'ils prissent Sparte, car ils combattirent contre
Cléomène à Sellasie, et ils prirent Lacédémone, avec Aratus et les
Achéens.
[10] Les Lacédémoniens délivrés de
Cléomène tombèrent bientôt sous la tyrannie de Machanidas, et après
sa mort sous celle de Nabis. Ce dernier pilla non seulement les
particuliers, mais encore les temples des dieux, et amassa en peu de
temps des richesses immenses, qu'il employa à soudoyer une armée. Ce
Nabis ayant pris Messène, Philopémen et les Megalopolitains y
arrivèrent dans la même nuit,
[11] et le tyran se retira après avoir
capitulé. Les Achéens ayant eu dans la suite quelques sujets de
plainte contre les Messéniens, marchèrent contre eux avec toutes
leurs forces, et ravagèrent la plus grande partie de leur pays. Ils
se rassemblèrent de nouveau aux approches de la moisson, pour faire
une invasion dans la Messénie ; mais Deinocrate, chef du parti
populaire, et qui se trouvait alors le principal magistrat de
Messène, à la tête des Messéniens de la ville, et de ceux du pays
qui étaient venus à leur secours, s'empara des défilés par où l'on
passait de l'Arcadie dans la Messénie, de sorte que Lycortas et son
armée furent obligés de se retirer sans rien faire.
[12] Philopémen, avec un petit nombre
de cavaliers ; étant arrivé peu de temps après la retraite de
Lycortas dont il n'avait pas pu avoir connaissance, fut défait par
les Messéniens qui avaient l'avantage du terrain ; il tomba, même
vivant entre leurs mains. Je raconterai dans la description de
l'Arcadie, comment il fut pris et comment il mourut. Ceux des
Messéniens qui avaient contribué à sa mort, en furent punis, et
Messène rentra de nouveau dans la confédération Achéenne.
[13] J'ai fait jusqu'à présent
l'histoire des nombreux malheurs des Messéniens. On a vu comment la
fortune, après les avoir dispersés jusqu'aux extrémités de la terre,
et dans les pays les plus éloignés du Péloponnèse, les ramena
ensuite dans leur patrie. Je vais passer à la description de leur
pays et de leurs villes. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΘ'.
Μακεδόνες καὶ Δημήτριος ὁ Φιλίππου Μεσσήνην
καταλαμβάνουσι. Μεγαλοπολῖται ἐς Μεσσήνην ἀποχωροῦσι.
Φιλοποίμενος θάνατος.
XXIX. [1] Μετὰ δὲ οὐ πολὺν χρόνον τοῦ
ἔργου τοῦ πρὸς Ἤλιδι Μακεδόνες καὶ Δημήτριος ὁ Φιλίππου τοῦ
Δημητρίου Μεσσήνην καταλαμβάνουσι. Τὰ μὲν δὴ πολλὰ ἔς τε αὐτὸν
Φίλιππον καὶ τὰ ἐς Δημήτριον τὸν Φιλίππου τολμηθέντα ἐκ Περσέως ἐν
τοῖς Σικυωνίοις ἔγραψα ἤδη λόγοις· τὰ δὲ ἐς τὴν κατάληψιν τὴν
Μεσσήνης ἔσχεν οὕτω.
[2] Χρημάτων ἐσπανίζετο Φίλιππος, καὶ
-- ἔδει γὰρ πάντως οἱ γενέσθαι χρήματα -- ἀποστέλλει Δημήτριον
ναυσὶν ἐς Πελοπόννησον. Δημήτριος δὲ κατήγετό που τῆς Ἀργείας ἐς
λιμένα τῶν ἐρημοτέρων· αὐτίκα δὲ ὡς εἶχε διὰ τῶν ἐπιτομωτάτων τῆς
χώρας τὴν στρατιὰν ἦγεν ἐπὶ Μεσσήνης. Προτάξας δὲ ὅσον ἦν τῶν τε
ὅπλων τῇ σκευῇ κοῦφον καὶ τῆς ἐς τὴν Ἰθώμην εἶχεν ὁδοῦ οὐκ ἀπείρως,
λανθάνει περὶ ὄρθρον μάλιστα ὑπερβὰς τὸ τεῖχος, καθὸ τῆς τε πόλεως
μεταξὺ ἦν καὶ ἄκρας τῆς Ἰθώμης.
[3] Ὡς δὲ ἡμέρα τε ἐπέσχε καὶ ἤδη τοῖς
ἔνδον αἴσθησις ἐγεγόνει τοῦ κατειληφότος κινδύνου, τὸ μὲν πρῶτον
αὐτοὺς ἐσῆλθεν ὑπόνοια ὡς οἱ Λακεδαιμόνιοι σὺν ὅπλοις παρέλθοιεν
αὐτῶν ἐς τὴν πόλιν, ὥστε καὶ ὥρμησαν ἐπ' αὐτοὺς ἀφειδέστερον διὰ τὸ
μῖσος τὸ ἐξ ἀρχῆς. Ἐπεὶ δὲ ἐκ τε τῶν ὅπλων καὶ τῆς φωνῆς Μακεδόνας
καὶ Δημήτριον τὸν Φιλίππου γνωρίζουσιν ὄντας, δεῖμα ἰσχυρὸν παρέστη
σφίσι λογιζομένοις τήν τε ἐς τὰ πολεμικὰ τῶν Μακεδόνων μελέτην καὶ
τύχην ᾗ πρὸς ἅπαντα ἑώρων χρωμένους αὐτούς.
[4] Ὅμως δὲ τοῦ τε παρόντος κακοῦ τὸ
μέγεθος ἐδίδασκεν ἀνδρίαν τινὰ καὶ πέρα τοῦ δυνατοῦ γίνεσθαι καὶ ἅμα
τὰ ἀμείνω παρίστατο αὐτοῖς ἐλπίζειν· οὐ γὰρ δὴ ἄνευ θεοῦ διὰ
τοσούτου σφίσιν ὑπάρξαι τὴν ἐς Πελοπόννησον κάθοδον. Οἵ τε οὖν ἐκ
τῆς πόλεως Μεσσήνιοι θυμῷ παντὶ ἐς τοὺς Μακεδόνας ἐχώρουν καὶ οἱ
φρουροῦντες τὴν ἀκρόπολιν ἐπέκειντο ἐξ ὑπερδεξίων.
[5] Ὡσαύτως δὲ καὶ οἱ Μακεδόνες ὑπό τε
ἀρετῆς καὶ ἐμπειρίας τὸ κατ' ἀρχὰς ἠμύνοντο ἐρρωμένως· ἅτε δὲ
ὁδοιπορίᾳ προαπειρηκότες καὶ ὁμοῦ τῶν τε ἀνδρῶν σφισιν ἐγκειμένων
καὶ ὑπὸ τῶν γυναικῶν κεράμῳ καὶ λίθοις βαλλόμενοι, σὺν οὐδενὶ
ἔφευγον κόσμῳ. Καὶ τὸ μὲν πολὺ αὐτῶν ἀπώλετο ὠθούμενοι κατὰ τῶν
κρημνῶν, ἀπότομος γὰρ δὴ ταύτῃ μάλιστά ἐστιν ἡ Ἰθώμη· ὀλίγοι δέ
τινες καὶ ῥίψαντες τὰ ὅπλα ἀπεσώθησαν.
[6] Ἐς δὲ τὸ συνέδριον οἱ Μεσσήνιοι τὸ
Ἀχαιῶν ἐπὶ τῷδε οὔ μοι δοκοῦσιν ἐσελθεῖν κατ' ἀρχάς. Λακεδαιμονίοις
αὐτεπάγγελτοι βοηθήσοντες ἀφίκοντο ὑπὸ Πύρρου τοῦ Αἰακίδου
πολεμουμένοις, καί σφισιν ἀπὸ τῆς εὐεργεσίας ταύτης ἤδη τὰ ἐκ τῆς
Σπάρτης εἰρηνικώτερα ὑπῆρχεν. Οὔκουν ἀνακινῆσαι τὸ ἔχθος ἐβούλοντο
ἐς τὸ συνέδριον συγχωρήσαντες, οἳ Λακεδαιμονίων μάλιστα πολέμιοι ἐκ
τοῦ φανεροῦ καθεστήκεσαν.
[7] Ὃ δὲ οὐ λέληθεν ἐμέ, οὐδὲ
Μεσσηνίους ἐλελήθει δήπου, καὶ μὴ συντελοῦσιν αὐτοῖς ἐς τὸ συνέδριον
ὡς ἐπὶ Λακεδαιμονίους τὰ Ἀχαιῶν ὑπάρχοι· ἐν γὰρ δὴ τοῖς Ἀχαιοῖς καὶ
Ἀργεῖοι καὶ τὸ Ἀρκαδικὸν οὐκ ἐλαχίστη μοῖρα ἦσαν. Ἀνὰ χρόνον μέντοι
προσεχώρησαν ἐς τὸ Ἀχαϊκόν. Οὐ πολλῷ δὲ ὕστερον Κλεομένης ὁ
Λεωνίδου τοῦ Κλεωνύμου Μεγάλην πόλιν εἷλεν Ἀρκάδων ἐν σπονδαῖς·
[8] τῶν δὲ οἱ καταληφθέντες οἳ μὲν
ἀπώλοντο ὑπὸ τὴν ἅλωσιν, Φιλοποίμενα δὲ τὸν Κραύγιδος καὶ ὅσοι μετὰ
Φιλοποίμενος ἀπεχώρησαν -- γενέσθαι δὲ τῶν Μεγαλοπολιτῶν τὸ διαφυγὸν
καὶ ὑπὲρ τὰς δύο μοίρας λέγουσι -- τούτους ὑπεδέξαντο οἱ Μεσσήνιοι
τῶν τε ἀρχαίων ἔργων ἕνεκα ὁπόσα ἐπὶ Ἀριστομένους ὑπῆρκτο Ἀρκάσι καὶ
ὕστερον ἐπὶ τοῦ οἰκισμοῦ τοῦ Μεσσήνης, ἀποδιδόντες σφίσι τὴν ὁμοίαν.
[9] Πέφυκε δὲ ἄρα ὡς ἐπίπαν
μεταπίπτειν τὰ ἀνθρώπινα, εἰ δὴ Μεσσηνίοις Ἀρκάδας τε ἀντισῶσαι καὶ
τὸ ἀδοκητότερον ἔτι ἑλεῖν Σπάρτην ὁ δαίμων ἔδωκεν· Κλεομένει γὰρ
περὶ Σελλασίαν ἐμαχέσαντο ἐναντία καὶ τὴν Σπάρτην Ἀράτῳ καὶ Ἀχαιοῖς
συγκαθεῖλον.
[10] Λακεδαιμονίοις δὲ ἀπηλλαγμένοις
Κλεομένους ἐπανίσταται τύραννος Μαχανίδας, ἐκείνου δὲ ἀποθανόντος
Νάβις ἀνέφυ σφίσιν αὖθις τύραννος· ἅτε δὲ οὐ τὰ ἀνθρώπων ἀναρπάζοντι
αὐτῷ μόνον, ἀλλὰ καὶ ἱερὰ συλῶντι, ἐν οὐ πολλῷ χρόνῳ χρήματά τε
ἄφθονα καὶ ἀπ' αὐτῶν στρατιὰ συνείλεκτο. Τούτου τοῦ Νάβιδος Μεσσήνην
καταλαβόντος Φιλοποίμην καὶ οἱ Μεγαλοπολῖται νυκτὸς ἀφίκοντο τῆς
αὐτῆς·
[11] καὶ ὁ μὲν Σπαρτιάτης τύραννος
ἀπῆλθεν ὑπόσπονδος, Ἀχαιοὶ δὲ ὕστερον τούτων μεμφόμενοί τι
Μεσσηνίοις στρατεύουσιν ἐπ' αὐτοὺς παρασκευῇ τῇ πάσῃ καὶ τὰ πολλὰ
ἔτεμον τῆς χώρας. Καὶ οἳ μὲν αὖθις περὶ ἀκμὴν σίτου συνελέγοντο ὡς
ἐς τὴν Μεσσηνίαν ἐσβαλοῦντες· Δεινοκράτης δὲ δήμου τε προεστηκὼς καὶ
Μεσσηνίων ἄρχειν ἐν τῷ τότε ᾑρημένος Λυκόρταν μὲν καὶ τὴν σὺν αὐτῷ
στρατιὰν ἀναχωρῆσαι παρεσκεύασεν ἄπρακτον, τὰς ἐς τὴν Μεσσηνίαν ἐκ
τῆς Ἀρκαδίας παρόδους προλαβὼν τοῖς τε ἐκ τῆς πόλεως Μεσσηνίοις καὶ
ὅσοι τῶν περιοίκων σφίσιν ἤμυναν·
[12] Φιλοποίμενος δὲ σὺν ἱππεῦσιν
ὀλίγοις ἀφικομένου πολὺ ὕστερον ἢ ὁ μετὰ Λυκόρτα στρατός, πυθέσθαι
δὲ οὐδέν πω τῶν ἐς αὐτοὺς δεδυνημένου, νικῶσιν οἱ Μεσσήνιοι
γινομένης σφίσιν ὑπερδεξίων τῆς μάχης καὶ ζῶντα αἱροῦσι Φιλοποίμενα.
Τρόπον δὲ ὅντινα ὁ Φιλοποίμην ἑάλω καὶ ὡς ἐτελεύτησε, τάδε μὲν ἡμῖν
καὶ ὕστερον ὁ Ἀρκαδικὸς λόγος ἐπέξεισι· Μεσσηνίων δὲ οἵ τε
Φιλοποίμενι αἴτιοι τῆς τελευτῆς ἔδοσαν δίκας καὶ ἡ Μεσσήνη
συνετέλεσεν αὖθις ἐς τὸ Ἀχαϊκόν.
[13] Ἄχρι μὲν δὴ τοῦδε ὁ λόγος ἐπῆλθέ
μοι Μεσσηνίων τὰ πολλὰ παθήματα, καὶ ὡς ὁ δαίμων σφᾶς ἐπί τε γῆς τὰ
ἔσχατα καὶ ἐπὶ τὰ πορρώτατα Πελοποννήσου σκεδάσας ὕστερον χρόνῳ καὶ
ἐς τὴν οἰκείαν ἀνέσωσε· τὸ δὲ ἀπὸ τούτου τῆς χώρας καὶ πόλεων
τραπώμεθα ἐς ἀφήγησιν. |
CHAPITRE
XXX.
Abia. Phares. Pharis. Ortilochus. Gorgasus et
Nicomachus, Temple et statue de la Fortune.
[1] Ιl y a dans la Messénie, sur les
bords de la mer, à vingt stades au plus de la forêt de Chérios, une
ville dont le nom actuel est Abia. On dit qu'elle se nommait
anciennement Iré, et qu'elle était une des sept villes que, suivant
Homère, Agamemnon promettait à Achille, Hyllus et les Doriens ayant
été vaincus par les Achéens, Abia, nourrice d'Hyllos, se retira,
dit-on, à Iré, s'y établit, et y érigea un temple à Hercule, père
d'Hyllus ; c'est pour cela que Cresphonte lui décerna depuis divers
honneurs et donna son nom à la ville · on y remarque le temple
d'Hercule et celui d'Esculape. Phares est à soixante et dix stades
d'Abia ; on trouve sur la route une source d'eau salée. L'empereur
Auguste a réuni à la Laconie les Messéniens de Phares.
[2] Cette ville avait été fondée,
dit-on, par Pharis, fils de Mercure et de Philodameia, fille de
Danaüs ; on ajoute que ce Pharis n'eut point de fils, mais seulement
une fille nommée Télegoné, dont Homère, dans l'Iliade, nous fait
connaître les descendants, en disant que Créthon et Ortilochus
étaient fils jumeaux de Dioclès, né lui-même d'Ortilochus, fils
d'Alpheius. Il ne parle point de Télegoné ; mais, suivant les
Messéniens, ce fut d'elle qu'Alpheius eut Ortilochus.
[3] J'ai aussi entendu dire à Phares
qu'outre ces deux jumeaux, Dioclès eut une fille nommée Anticlée
dont Machaon, fils d'Esculape, eut deux fils, Nicomachus et
Gorgasos, qui restèrent dans le pays, et montèrent sur le trône
après la mort de Dioclès. Ils sont encore maintenant en possession
de guérir les malades et les estropiés ; on leur fait, en
conséquence, des sacrifices, et des offrandes. Vous verrez aussi à
Phares un temple de la Fortune et une statue très ancienne.
[4] Je crois qu'Homère est le premier
qui ait fait mention de la Fortune (Tyché) dans ses vers ; c'est
dans l'hymne à Cérès où il la nomme parmi les filles de l'Océan, qui
jouaient avec Cérès : voici ses expressions : nous étions toutes
ensemble dans l'agréable prairie, Leucippe, Phéna, Electre, Ianthé,
Mélobosis, Tyché et la vermeille Ocyrhoé.
[5] Il ne nous apprend rien de plus :
il ne dit point que de toutes les divinités elle est celle qui a le
plus d'influence sur les événements de la vie, et qui donne le plus
de force à ceux qu'elle favorise ; il nous apprend cependant dans
l'Iliade que Minerve et Enyo président aux combats, que Diane est
redoutable aux femmes en couches, et que les plaisirs de l'hymen
sont sous la direction de Vénus ; mais il ne dit rien de plus de la
Fortune.
[6] Boupalus célèbre par ses talents
en sculpture et en architecture, qui a fait pour les Smyrnéens une
statue de la Fortune, est le premier, à ma connaissance, qui l'ait
représentée avec le Polus sur la tête, et tenant de la main gauche,
ce que les Grecs nomment la corne d'Amalthée. Il a voulu exprimer
par là les attributions de cette déesse. Pindare, après lui, l'a
célébrée dans plusieurs de ses poèmes, et lui a donné le surnom de
Phérépolis. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Λ'.
Ἀλβία. Φαραί. Φάρις. Ὀρτίλοχος. Γόργασος καὶ
Νικόμαχος. Τύχης ναὸς καὶ ἄγαλμα.
XXX. [1] Ἔστιν ἐφ' ἡμῶν ἐν τῇ Μεσσηνίᾳ
τῆς νάπης τῆς Χοιρίου στάδια εἴκοσι μάλιστα ἀπέχουσα Ἀβία ἐπὶ
θαλάσσῃ πόλις. Ταύτην Ἴρην καλεῖσθαι πάλαι καὶ τῶν ἑπτά φασιν εἶναι
πόλεων, ἃς Ἀχιλλεῖ πεποίηκεν Ὅμηρος Ἀγαμέμνονα ὑπισχνούμενον. Ὕλλου
δὲ καὶ Δωριέων μάχῃ κρατηθέντων ὑπὸ Ἀχαιῶν, ἐνταῦθα Ἀβίαν Γλήνου τοῦ
Ἡρακλέους τροφὸν ἀποχωρῆσαι λέγουσιν ἐς τὴν Ἴρην καὶ οἰκῆσαί τε
αὐτόθι καὶ Ἡρακλέους ἱερὸν ἱδρύσασθαι, καί οἱ διὰ ταῦτα ὕστερον
Κρεσφόντην ἄλλα τε γέρα νεῖμαι καὶ τῇ πόλει μεταθέσθαι τὸ ὄνομα ἀπὸ
τῆς Ἀβίας. Ἡρακλεῖον δὲ ἦν αὐτόθι ἐπιφανὲς καὶ Ἀσκληπιεῖον.
[2] Φαραὶ δὲ ἀφεστήκασιν Ἀβίας
σταδίους ἑβδομήκοντα, καὶ ὕδωρ κατὰ τὴν ὁδόν ἐστιν ἁλμυρόν· βασιλεὺς
δὲ Αὔγουστος τοὺς ἐν Φαραῖς Μεσσηνίους συντελεῖν ἀπέταξεν ἐς τὸ
Λακωνικόν. Τὸν δὲ οἰκιστὴν Φᾶριν Ἑρμοῦ τε καὶ Φυλοδαμείας λέγουσιν
εἶναι τῆς Δαναοῦ· Φάρει δὲ ἄρρενας μὲν οὔ φασι γενέσθαι, θυγατέρα δὲ
Τηλεγόνην. Τοὺς δὲ ἐφεξῆς ἐγενεαλόγησεν Ὅμηρος ἐν Ἰλιάδι διδύμους
Κρήθωνα καὶ Ὀρτίλοχον εἶναι Διοκλεῖ, Διοκλέα δὲ αὐτὸν Ὀρτιλόχου τοῦ
Ἀλφειοῦ· τὰ δὲ ἐς Τηλεγόνην παρεῖδεν, αὕτη γὰρ λόγῳ τῷ Μεσσηνίων
ἐστὶν ἡ τεκοῦσα Ἀλφειῷ τὸν Ὀρτίλοχον.
[3] Καὶ τάδε ἄλλα ἤκουσα ἐν Φαραῖς,
Διοκλεῖ θυγατέρα ἐπὶ τοῖς διδύμοις παισὶν Ἀντίκλειαν γενέσθαι, τῆς
δὲ Νικόμαχόν τε εἶναι καὶ Γόργασον, πατρὸς δὲ Μαχάονος τοῦ
Ἀσκληπιοῦ· τούτους καταμεῖναί τε αὐτοῦ καὶ ὡς ὁ Διοκλῆς ἐτελεύτησε
τὴν βασιλείαν ἐκδέξασθαι. Διαμεμένηκε δὲ αὐτοῖς καὶ ἐς τόδε ἔτι
νοσήματά τε καὶ τοὺς πεπηρωμένους τῶν ἀνθρώπων ἰᾶσθαι· καί σφισιν
ἀντὶ τούτων θυσίας ἐς τὸ ἱερὸν καὶ ἀναθήματα ἄγουσιν. Ἔστι δὲ καὶ
Τύχης ναὸς Φαραιάταις καὶ ἄγαλμα ἀρχαῖον.
[4] Πρῶτος δὲ ὧν οἶδα ἐποιήσατο ἐν
τοῖς ἔπεσιν Ὅμηρος Τύχης μνήμην· ἐποιήσατο δὲ ἐν ὕμνῳ τῷ ἐς τὴν
Δήμητρα ἄλλας τε τῶν Ὠκεανοῦ θυγατέρας καταριθμούμενος, ὡς ὁμοῦ Κόρῃ
τῇ Δήμητρος παίζοιεν, καὶ Τύχην ὡς Ὠκεανοῦ καὶ ταύτην παῖδα οὖσαν·
καὶ οὕτως ἔχει τὰ ἔπη·
Ἡμεῖς μὲν μάλα πᾶσαι ἀν' ἱμερτὸν λειμῶνα,
Λευκίππη Φαινώ τε καὶ Ἠλέκτρη καὶ Ἰάνθη
Μηλόβοσίς τε Τύχη τε καὶ Ὠκυρόη καλυκῶπις.
[5] Πέρα δὲ ἐδήλωσεν οὐδὲν ἔτι,
ὡς ἡ θεός ἐστιν αὕτη μεγίστη θεῶν ἐν τοῖς ἀνθρωπίνοις πράγμασι καὶ
ἰσχὺν παρέχεται πλείστην, ὥσπερ γε ἐν Ἰλιάδι ἐποίησεν Ἀθηνᾶν μὲν καὶ
Ἐνυὼ πολεμούντων ἡγεμονίαν ἔχειν, Ἄρτεμιν δὲ γυναικῶν ὠδῖσιν εἶναι
φοβερὰν, Ἀφροδίτῃ δὲ τὰ ἔργα μέλειν τῶν γάμων. Ἀλλ' οὗτος μὲν οὐδὲν
ἄλλο ἐποίησεν ἐς τὴν Τύχην·
[6] Βούπαλος δέ, ναούς τε
οἰκοδομήσασθαι καὶ ζῷα ἀνὴρ ἀγαθὸς πλάσαι, Σμυρναίοις ἄγαλμα
ἐργαζόμενος Τύχης πρῶτος ἐποίησεν ὧν ἴσμεν πόλον τε ἔχουσαν ἐπὶ τῇ
κεφαλῇ καὶ τῇ ἑτέρᾳ χειρὶ τὸ καλούμενον Ἀμαλθείας κέρας ὑπὸ Ἑλλήνων.
Οὗτος μὲν ἐπὶ τοσοῦτο ἐδήλωσε τῆς θεοῦ τὰ ἔργα· ᾖσε δὲ καὶ ὕστερον
Πίνδαρος ἄλλα τε ἐς τὴν Τύχην καὶ δὴ καὶ Φερέπολιν ἀνεκάλεσεν αὐτήν. |
CHAPITRE XXXI.
Thuria. Temple de Diane Limnatis. Ville de Messène.
Diane Laphria. Diane d'Éphèse. Temple d'Esculape.
[1] Le bois Carnion consacré à
Apollon, est un peu plus loin que Phares, et renferme une fontaine.
En avançant quatre-vingts stades dans l'intérieur de la Messénie, on
trouve la ville de Thuria, qui passe pour la même que l'Anthéa dont
parle Homère. Elle appartient maintenant aux Lacédémoniens de Sparte
à qui l'empereur Auguste l'a donnée, parce qu'au temps où Antoine,
Romain lui-même, lui fit la guerre, les Messéniens, ainsi que
d'autres peuples de la Grèce, avaient pris le parti d'Antoine par
haine pour les Lacédémoniens qui étaient dans celui d'Auguste :
[2] ce prince punit plus ou moins
sévèrement les Messéniens et les autres peuples qui avaient porté
les armes contre lui. Thuria était anciennement sur la hauteur, elle
est maintenant dans la plaine. La ville haute n'est cependant pas
entièrement abandonnée, car on y voit encore quelques restes des
murs et un temple de la déesse de Syrie. Le fleuve Aris passe auprès
de la ville qui est dans la plaine.
[3] Le bourg de Calâmes est dans
le milieu des terres, ainsi que Limnéa ( les marais), endroit où se
trouve le temple d'Diane Limnatis ; c'est là, dit-on, que fut tué
Téléclos, roi de Lacédémone.
[4] En allant de Thuria du côté de
l'Arcadie, vous trouvez les sources du Pamisus qui sont très
salutaires pour les petits enfants. En avançant à gauche, à quarante
stades ou environ de ces sources, on arrive à Messène au pied du
mont Ithome. Messène est entourée, en partie par ce mont, et du côté
du Pamisos, par le mont Eva qui a pris son nom du cri bachique Evoé,
cet endroit étant le premier où Bacchus et les femmes de sa suite
l'aient fait entendre.
[5] Les murs de Messène sont
entièrement en pierres, avec des tours et des créneaux. Je n'ai pas
vu les murs de Babylone, ni ceux de Suses en Perse, qui portent le
nom de Memnon ; je n'en ai même entendu parler à personne qui les
ait vus : mais ceux d'Ambrysse dans la Phocide, de Byzance et de
Rhodes, places qui passent pour les mieux fortifiées, ne sont pas
aussi forts que ceux de Messène.
[6] Il y a sur la place publique
de Messène, une statue de Jupiter Sauveur, et la fontaine Arsinoé,
qui a pris ce nom d'une des filles de Leucippe. L'eau y vient d'une
source nommée Clepsydre. On y voit aussi le temple de Poséidon,
celui d'Aphrodite, et, ce qui mérite le plus d'être cité, une statue
de la Mère des Dieux en marbre de Paros. Elle est l'ouvrage de
Damophon qui restaura parfaitement à Olympie la statue de Jupiter,
dont les parties en ivoire ne se joignaient plus ; et les Eléens lui
décernèrent différents honneurs.
[7] La statue de Laphria, qui se voit
à Messène, est du même artiste : voici comment le culte de cette
déesse s'est introduit chez les Messéniens. Laphria est le surnom
que les Calydoniens donnent à Diane qui est le principal objet de
leur adoration. Ils firent connaître ce surnom à ceux des Messéniens
que les Athéniens établirent à Naupacte, ville voisine de l'Étolie.
Je parlerai ailleurs de la forme de cette statue. Le nom de Laphria
n'est parvenu qu'aux Messéniens et aux Achéens de Patras, tandis
qu'il n'y a pas de ville où la Diane d'Éphèse ne soit connue,
[8] et les particuliers
eux-mêmes l'honorent partout d'un culte spécial : ce qui vient, je
crois, de la célébrité des Amazones qui passent pour avoir érigé sa
statue, et de la haute antiquité de son temple. La renommée de la
déesse est encore due à trois autres causes : à la magnificence de
son temple qui est le plus grand de tous les édifices connus ; à
l'état florissant de la ville d'Éphèse, et à la présence de la
déesse elle-même.
[9] Messène possède aussi un temple
d'Ilithye avec sa statue en marbre. La chapelle des Curètes est tout
auprès de ce temple : on y sacrifie toutes sortes d'animaux, en
commençant par les boeufs et les chèvres, et en finissant par les
oiseaux. Toutes ces victimes sont jetées dans le feu. Les Messéniens
ont un temple de Cérès, qui est très révéré ; on y voit les statues
des Dioscures enlevant les filles de Leucippe. J'ai déjà dit dans le
livre précédent, que les Messéniens prétendent que les fils de
Tyndarée leur appartiennent plutôt qu'aux Lacédémoniens.
[10] Le temple d'Esculape est celui
qui renferme le plus de statues, et les plus belles : d'un côté,
celles d'Esculape et de ses enfants ; de l'autre, Apollon, les
Muses, Hercule, la ville de Thèbes, Épaminondas fils de Polymnos, la
Fortune, et Diane Phosphorus (porte flambeaux). Celles de ces
statues qui sont en marbre ont été faites par Damophon, le seul
Messénien que je connaisse, dont les ouvrages méritent d'être cités.
La statue d'Épaminondas est en fer, et n'a pas été faite par
Damophon.
[11] Les Messéniens ont aussi érigé un
temple à Messène, fille de Triopas, avec une statue en or et en
marbre de Paros. Sur le derrière du temple sont des peintures
représentant les rois de Messène, savoir : Apharéus et ses fils, qui
régnèrent avant l'expédition des Doriens dans le Péloponnèse ;
Cresphontes, l'un des chefs des Doriens, qui fut roi après le retour
des Junonclides. De ceux qui régnèrent à Pylos, on ne retrouve ici
que Nestor avec Thrasymède et Antilochus, qui sont, entre ses fils
les plus honorés, et comme les aînés et comme ayant combattu au
siège de Troie.
[12] On y distingue encore Leucippe,
frère d'Apharéos, Hilaire, Phébe et Arsinoé, filles de Leucippe ;
Esculape qui, suivant la tradition des Messéniens, était fils
d'Arsinoé ; enfin, Machaon et Podalire, placés là pour s'être
trouvés au même siège de Troie. Ces tableaux ont été peints par
Omphalion, élève de Nicias, fils de Nicomède. Quelques personnes
disent même qu'il avait été l'esclave de Nicias, et avait servi à
ses plaisirs. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΑ'.
Θουρία. Ἀρτέμιδος Λιμνάτιδος ἱερόν. Μεσσήνη
πόλις. Ἄρτεμις Λαφρία. Ἄρτεμις Ἐφεσία. Ἀσκληπίου ἱερόν.
XXXI. [1] Ὀλίγον δὲ ἀπωτέρω Φαρῶν
Ἀπόλλωνος ἄλσος ἐστὶ Καρνείου καὶ ὕδατος ἐν αὐτῷ πηγή· θαλάσσης δὲ
ἕξ που στάδια ἀπέχουσιν αἱ Φαραί. Ἐντεῦθεν πρὸς μεσόγαιαν τῆς
Μεσσηνίας σταδίους προελθόντι ὀγδοήκοντα, ἔστιν ἡ Θουριατῶν πόλις,
Ἄνθειαν δὲ αὐτὴν ἐν τοῖς ἔπεσιν ὠνομάσθαι τοῖς Ὁμήρου λέγουσι·
Λακεδαιμονίοις δὲ ἔχειν τοῖς ἐν Σπάρτῃ τὴν Θουρίαν ἔδωκεν Αὔγουστος.
Αὐγούστῳ γὰρ βασιλεύοντι Ῥωμαίων ἐπολέμησεν Ἀντώνιος, γένει καὶ
οὗτος Ῥωμαῖος· καί οἱ τῶν ἐν τῇ Ἑλλάδι ἄλλοι τε καὶ οἱ Μεσσήνιοι
προσέθεντο, ὅτι ἐφρόνουν Λακεδαιμόνιοι τὰ Αὐγούστου.
[2] Καὶ ὁ μὲν τούτων ἕνεκα Μεσσηνίοις
καὶ τῶν ἄλλων τῶν ἀντιταξαμένων τοῖς μὲν αὐτῶν ἔλαττον, τοῖς δὲ καὶ
ἐς πλέον ἐπεξῆλθε· Θουριᾶται δὲ ἐκ τῆς πόλεως ἐν μετεώρῳ τὸ ἀρχαῖον
οἰκουμένης ἐς τὸ πεδίον κατελθόντες οἰκοῦσιν. Οὐ μὴν παντάπασί γε
οὐδὲ τὴν ἄνω πόλιν ἐκλελοίπασιν, ἀλλὰ καὶ τείχους ἐρείπια καὶ ἱερόν
ἐστιν αὐτόθι ὀνομαζόμενον θεοῦ Συρίας· τὴν δὲ ἐν τῷ πεδίῳ πόλιν
ποταμὸς καλούμενος Ἄρις παρέξεισιν.
[3] Ἔστι δὲ ἐν τῇ μεσογαίῳ κώμη
Καλάμαι καὶ Λίμναι χωρίον· ἐν δὲ αὐτῷ Λιμνάτιδος ἱερόν ἐστιν
Ἀρτέμιδος, ἔνθα Τηλέκλῳ βασιλεύοντι ἐν Σπάρτῃ τὴν τελευτὴν συμβῆναι
λέγουσιν.
[4] Ἰόντι δὲ ἐκ Θουρίας ὡς ἐπὶ
Ἀρκαδίας εἰσὶν αἱ πηγαὶ τοῦ Παμίσου· καὶ ἐπ' αὐταῖς παισὶ μικροῖς
ἀκέσματα γίνεται. Ἰοῦσι δὲ ἀπὸ τῶν πηγῶν ἐν ἀριστερᾷ καὶ προελθόντι
ὡς τεσσαράκοντα στάδια, ἔστι Μεσσηνίοις ἡ ὑπὸ τῇ Ἰθώμῃ πόλις·
περιέχεται δὲ οὐ τῇ Ἰθώμῃ μόνον ἀλλὰ καὶ ἐπὶ τὸν Πάμισον τὰ
τετραμμένα ὑπὸ τῆς Εὔας· τὸ δὲ ὄνομα γενέσθαι τῷ ὄρει φασὶ Βακχικόν
τι ἐπίφθεγμα εὐοῖ Διονύσου πρῶτον ἐνταῦθα αὐτοῦ τε εἰπόντος καὶ τῶν
ὁμοῦ τῷ Διονύσῳ γυναικῶν.
[5] Περὶ δὲ τὴν Μεσσήνην τεῖχος,
κύκλος μὲν πᾶς λίθου πεποίηται, πύργοι δὲ καὶ ἐπάλξεις εἰσὶν
ἐνῳκοδομημένοι. Τὰ μὲν οὖν Βαβυλωνίων ἢ τὰ Μεμνόνεια τὰ ἐν Σούσοις
τείχη τοῖς Περσικοῖς οὔτε εἶδον οὔτε ἄλλων περὶ αὐτῶν ἤκουσα
αὐτοπτούντων· τὰ δὲ ἐν Ἀμβρόςῳ τῇ Φωκικῇ ἔν τε Βυζαντίῳ καὶ Ῥόδῳ --
ταῦτα γὰρ δὴ τετείχισται τὰ χωρία ἄριστα -- τούτων Μεσσηνίοις ἐστὶν
ἐχυρώτερον.
[6] Μεσσηνίοις δὲ ἐν τῇ ἀγορᾷ
Διός ἐστιν ἄγαλμα Σωτῆρος καὶ Ἀρσινόη κρήνη· τὸ μὲν δὴ ὄνομα ἀπὸ τῆς
Λευκίππου θυγατρὸς εἴληφεν, ὑπορρεῖ δὲ ἐς αὐτὴν ὕδωρ ἐκ πηγῆς
καλουμένης Κλεψύδρας. Θεῶν δὲ ἱερὰ Ποσειδῶνος, τὸ δὲ Ἀφροδίτης ἐστί·
καὶ οὗ μάλιστα ἄξιον ποιήσασθαι μνήμην, ἄγαλμα Μητρὸς θεῶν λίθου
Παρίου, Δαμοφῶντος δὲ ἔργον, ὃς καὶ τὸν Δία ἐν Ὀλυμπίᾳ διεστηκότος
ἤδη τοῦ ἐλέφαντος συνήρμοσεν ἐς τὸ ἀκριβέστατον· καί οἱ δεδομέναι
τιμαὶ παρὰ Ἠλείων εἰσί.
[7] Δαμοφῶντος δέ ἐστι τούτου καὶ ἡ
Λαφρία καλουμένη παρὰ Μεσσηνίοις· σέβεσθαι δέ σφισιν ἀπὸ τοιοῦδε
αὐτὴν καθέστηκε. Καλυδωνίοις ἡ Ἄρτεμις -- ταύτην γὰρ θεῶν μάλιστα
ἔσεβον -- ἐπίκλησιν εἶχε Λαφρία· Μεσσηνίων δὲ οἱ λαβόντες Ναύπακτον
παρὰ Ἀθηναίων -- τηνικαῦτα γὰρ Αἰτωλίας ἐγγύτατα ᾤκουν -- παρὰ
Καλυδωνίων ἔλαβον. Τὸ σχῆμα ἑτέρωθι δηλώσω. Τὸ μὲν δὴ τῆς Λαφρίας
ἀφίκετο ὄνομα ἔς τε Μεσσηνίους καὶ ἐς Πατρεῖς Ἀχαιῶν μόνους, Ἐφεσίαν
δὲ Ἄρτεμιν πόλεις τε νομίζουσιν αἱ
[8] πᾶσαι καὶ ἄνδρες ἰδίᾳ θεῶν μάλιστα
ἄγουσιν ἐν τιμῇ· τὰ δὲ αἴτια ἐμοὶ δοκεῖν ἐστὶν Ἀμαζόνων τε κλέος, αἳ
φήμην τὸ ἄγαλμα ἔχουσιν ἱδρύσασθαι, καὶ ὅτι ἐκ παλαιοτάτου τὸ ἱερὸν
τοῦτο ἐποιήθη. Τρία δὲ ἄλλα ἐπὶ τούτοις συνετέλεσεν ἐς δόξαν,
μέγεθός τε τοῦ ναοῦ τὰ παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις κατασκευάσματα
ὑπερηρκότος καὶ Ἐφεσίων τῆς πόλεως ἡ ἀκμὴ καὶ ἐν αὐτῇ τὸ ἐπιφανὲς
τῆς θεοῦ.
[9] Πεποίηται δὲ καὶ Εἰλειθυίας
Μεσσηνίοις ναὸς καὶ ἄγαλμα λίθου, πλησίον δὲ Κουρήτων μέγαρον, ἔνθα
ζῷα τὰ πάντα ὁμοίως καθαγίζουσιν· ἀρξάμενοι γὰρ ἀπὸ βοῶν τε καὶ
αἰγῶν καταβαίνουσιν ἐς τοὺς ὄρνιθας ἀφιέντες ἐς τὴν φλόγα. Καὶ
Δήμητρος ἱερὸν Μεσσηνίοις ἐστὶν ἅγιον καὶ Διοσκούρων ἀγάλματα
φέροντες τὰς Λευκίππου· καί μοι καὶ ταῦτα ἐν τοῖς προτέροις ἐστὶν
ἤδη δεδηλωμένα, ὡς οἱ Μεσσήνιοι τοὺς Τυνδάρεω παῖδας ἀμφισβητοῦσιν
αὑτοῖς καὶ οὐ Λακεδαιμονίοις προσήκειν.
[10] Πλεῖστα δέ σφισι καὶ θέας μάλιστα
ἀγάλματα ἄξια τοῦ Ἀσκληπιοῦ παρέχεται τὸ ἱερόν· χωρὶς μὲν γὰρ τοῦ
θεοῦ καὶ τῶν παίδων ἐστὶν ἀγάλματα, χωρὶς δὲ Ἀπόλλωνος καὶ Μουσῶν
καὶ Ἡρακλέους· πόλις τε ἡ Θηβαίων καὶ Ἐπαμινώνδας ὁ Κλεόμμιδος Τύχη
τε καὶ Ἄρτεμις Φωσφόρος, τὰ μὲν δὴ τοῦ λίθου Δαμοφῶν αὐτοῖς
εἰργάσατο -- Μεσσήνιον δὲ ὅτι μὴ τοῦτον ἄλλον γε οὐδένα λόγου
ποιήσαντα ἀξίως οἶδα ἀγάλματα --, ἡ δὲ εἰκὼν τοῦ Ἐπαμινώνδου ἐκ
σιδήρου τέ ἐστι καὶ ἔργον ἄλλου, οὐ τούτου.
[11] Ἔστι δὲ καὶ Μεσσήνης τῆς Τριόπα
ναὸς καὶ ἄγαλμα χρυσοῦ καὶ λίθου Παρίου· γραφαὶ δὲ κατὰ τοῦ ναοῦ τὸ
ὄπισθεν αἱ βασιλεύσαντές εἰσι Μεσσήνης, πρὶν μὲν ἢ στόλον ἀφικέσθαι
τὸν Δωριέων ἐς Πελοπόννησον Ἀφαρεὺς καὶ οἱ παῖδες, κατελθόντων δὲ
Ἡρακλειδῶν Κρεσφόντης ἐστίν, ἡγεμὼν καὶ οὗτος τοῦ Δωρικοῦ, τῶν δὲ
οἰκησάντων ἐν Πύλῳ Νέστωρ καὶ Θρασυμήδης καὶ Ἀντίλοχος,
προτετιμημένοι παίδων τῶν Νέστορος ἡλικίᾳ καὶ ἐπὶ Τροίαν
μετεσχηκότες τῆς στρατείας.
[12] Λεύκιππός τε Ἀφαρέως ἀδελφὸς καὶ
Ἱλάειρά ἐστι καὶ Φοίβη, σὺν δέ σφισιν Ἀρσινόη. Γέγραπται δὲ καὶ
Ἀσκληπιός, Ἀρσινόης ὢν λόγῳ τῷ Μεσσηνίων, καὶ Μαχάων καὶ
Ποδαλείριος, ὅτι ἔργου τοῦ πρὸς Ἰλίῳ καὶ τούτοις μέτεστι. Ταύτας τὰς
γραφὰς ἔγραψεν Ὀμφαλίων, Νικίου τοῦ Νικομήδους μαθητής· οἱ δὲ αὐτὸν
καὶ δουλεῦσαι παρὰ τῷ Νικίᾳ καὶ παιδικὰ γενέσθαι φασὶν αὐτοῦ. |
CHAPITRE XXXII.
Hiérothysion. Éthidas. Tombeau d'Aristomène.
[1] Les Messéniens donnent le nom
d'Hiérothysion à un édifice où se voient les statues de tous les
dieux reconnus par les Grecs, et une statue d'Épaminondas, en
bronze. On y remarque aussi d'anciens trépieds, de ceux qu'Homère
nomme apyrous (qui ne peuvent pas supporter le feu). Les statues qui
sont dans le Gymnase ont été faites par des sculpteurs Égyptiens :
elles représentent Mercure, Hercule et Thésée, qui sont honorés
d'une manière plus spéciale dans les Gymnases et dans les palestres,
non seulement chez tous les peuples Grecs, mais même à présent, chez
la plupart des Barbares.
[2] Éthidas s'offre encore à nos yeux
dans cet édifice, Éthidas qui vivait peu de temps avant nous, selon
ce que j'ai pu découvrir. Il était devenu si puissant par ses
richesses, que les Messéniens lui décernèrent des honneurs comme à
un héros. Quelques uns d'entre eux disent qu'à la vérité cet Éthidas
avait acquis une immense fortune, que ce n'est pourtant pas lui qui
est représenté sur ce cippe, mais bien un de ses ancêtres du même
nom que lui. Ils racontent que cet ancien Éthidas commandait les
Messéniens lorsqu'ils repoussèrent Démétrius, fils de Philippe, qui
avait pénétré dans leur ville avec son armée durant la nuit et sans
qu'ils s'y attendissent.
[3] Le monument d'Aristomène est dans
le même endroit, et les Messéniens disent que ses os y sont
renfermés ; je leur demandai comment et d'où ils les avaient
apportés ; ils me dirent qu'ils les avaient apportés de Rhodes,
d'après les ordres de l'oracle de Delphes. Ils me donnèrent ensuite
le détail de tout ce qu'ils font vers ce tombeau. On amène le
taureau qui doit-être sacrifié ; à peine se sent-il attaché à la
colonne qui s'élève sur le monument, que, sauvage encore, et non
accoutumés à de tels liens, il cherche à s'échapper. Si en se
débattant et en sautant il ébranle la colonne, les Messéniens en
tirent un heureux présage ; ils se croient au contraire menacés de
quelque malheur lorsqu'elle reste immobile.
[4] Ils prétendent qu'Aristomène ;
quoiqu'il ne fût plus parmi les mortels, se trouva à la bataille de
Leuctres, y combattit pour les Thébains, et eut la principale part à
la défaite des Lacédémoniens. Les Chaldéens et les Mages de l'Inde
sont, à ma connaissance, les premiers qui aient dit que l'âme est
immortelle ; cette opinion a été adoptée par plusieurs Grecs, et
surtout par Platon, fils d'Ariston. Si tout le monde veut
l'admettre, il n'y a plus de raison pour se refuser à croire
qu'Aristomène ait toujours conservé sa haine pour les Lacédémoniens
; et le récit que j'ai entendu à Thèbes confirme celui des
Messéniens, quoiqu'il n'y soit pas tout à fait conforme.
[5] Les Thébains disent en effet
qu'avant la bataille de Leuctres, ils envoyèrent consulter les
différents oracles, entre autres celui de Trophonius à Lebadie. Ils
rapportent les réponses d'Apollon Isménien, d'Apollon Ptoos, de
celui qui rend ses oracles à Abais et à Delphes, et ils ajoutent que
Trophonius fît la réponse suivante, en vers hexamètres.
Avant d'en venir aux mains avec les Lacédémoniens, érigez un trophée
et ornez-le de mon bouclier que le vaillant Aristomène Messénien a
consacré dans mon temple ; de mon côté, je détruirai l'armée de vos
ennemis.
[6] Cet oracle étant arrivé au camp,
Xénocrate, à la prière d'Épaminondas, envoya chercher ce bouclier,
et en orna un trophée placé de manière à être vu des Lacédémoniens ;
ceux-ci connaissaient bien ce bouclier, les uns pour l'avoir examiné
à loisir à Lebadie, les autres pour en avoir entendu parler. Les
Thébains le renvoyèrent à Trophonius après la victoire. Il y a aussi
une statue en bronze d'Aristomène dans le stade de Messène. Le
temple de Sarapis et d'Isis est à peu de distance du théâtre. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΒ'.
Ἱεροθύσιον. ΑἰΘίδας. Ἀριστομένους μνῆμα.
XXXII. [1] Τὸ δὲ ὀνομαζόμενον παρὰ
Μεσσηνίων ἱεροθέσιον ἔχει μὲν θεῶν ἀγάλματα ὁπόσους νομίζουσιν
Ἕλληνες, ἔχει δὲ χαλκῆν εἰκόνα Ἐπαμινώνδου. Κεῖνται δὲ καὶ ἀρχαῖοι
τρίποδες· ἀπύρους αὐτοὺς καλεῖ Ὅμηρος. Τὰ δὲ ἀγάλματα ἐν τῷ γυμνασίῳ
ποιήματά ἐστιν ἀνδρῶν Αἰγυπτίων, Ἑρμῆς καὶ Ἡρακλῆς τε καὶ Θησεύς.
Τούτους μὲν δὴ τοῖς πᾶσιν Ἕλλησι καὶ ἤδη τῶν βαρβάρων πολλοῖς περί
τε γυμνάσια καὶ ἐν παλαίστραις καθέστηκεν ἔχειν ἐν τιμῇ·
[2] Αἰθίδαν δὲ ἐμαυτοῦ πρεσβύτερον
ὄντα εὕρισκον, γενομένῳ δέ οἱ χρήμασιν οὐκ ἀδυνάτῳ τιμαὶ παρὰ
Μεσσηνίων ὑπάρχουσιν ἅτε ἥρωι. Εἰσὶ δὲ τῶν Μεσσηνίων οἳ τῷ Αἰθίδᾳ
χρήματα μὲν γενέσθαι πολλὰ ἔλεγον, οὐ μέντοι τοῦτόν γε εἶναι τὸν
ἐπειργασμένον τῇ στήλῃ, πρόγονον δὲ καὶ ὁμώνυμον ἄνδρα τῷ Αἰθίδᾳ·
Αἰθίδαν δὲ τὸν πρότερον ἡγήσασθαι τοῖς Μεσσηνίοις φασίν, ἡνίκα ἐν τῇ
νυκτὶ Δημήτριός σφισιν ὁ Φιλίππου μηδαμῶς ἐλπίσασιν αὐτός τε καὶ ἡ
στρατιὰ λανθάνουσιν ἐσελθόντες ἐς τὴν πόλιν.
[3] Καὶ Ἀριστομένους δὲ μνῆμά ἐστιν
ἐνταῦθα· κενὸν δὲ εἶναι τὸ μνῆμα λέγουσιν, ἀλλ' ἐρομένου μου τρόπον
τε ὅντινα καὶ ὁπόθεν Ἀριστομένους κομίσαιντο τὰ ὀστᾶ, μεταπέμψασθαι
μὲν ἐκ Ῥόδου φασί, τὸν δὲ ἐν Δελφοῖς θεὸν τὸν κελεύσαντα εἶναι. Πρός
τε δὴ τούτοις ἐδίδασκόν με ὁποῖα ἐπὶ τῷ τάφῳ δρῶσι. Ταῦρον ὅντινα
ἐναγίζειν μέλλουσιν, ἀγαγόντες ἐπὶ τὸ μνῆμα ἔδησαν πρὸς τὸν ἑστηκότα
ἐπὶ τῷ τάφῳ κίονα· ὁ δὲ ἅτε ἄγριος καὶ ἀήθης δεσμῶν οὐκ ἐθέλει
μένειν· θορυβουμένῳ δέ οἱ καὶ σκιρτῶντι ἢν ὁ κίων κινηθῇ, Μεσσηνίοις
ἐστὶν αἴσιον, οὐ κινηθέντος δὲ ἀσύμφορα ἐπαγγέλλει τὸ σημεῖον.
[4] Παραγενέσθαι δὲ Ἀριστομένην καὶ τῷ
περὶ Λεῦκτρα ἀγῶνι ἐθέλουσιν οὐ μετὰ ἀνθρώπων ἔτι ὄντα, καὶ ἀμῦναί
τε αὐτόν φασι Θηβαίοις καὶ μάλιστα γενέσθαι τοῦ ἀτυχήματος
Λακεδαιμονίοις αἴτιον. Ἐγὼ δὲ Χαλδαίους καὶ Ἰνδῶν τοὺς μάγους
πρώτους οἶδα εἰπόντας ὡς ἀθάνατός ἐστιν ἀνθρώπου ψυχή, καί σφισι καὶ
Ἑλλήνων ἄλλοι τε ἐπείσθησαν καὶ οὐχ ἥκιστα Πλάτων ὁ Ἀρίστωνος· εἰ δὲ
ἀποδέχεσθαι καὶ οἱ πάντες ἐθελήσουσιν, ἐκεῖνό γε ἀντειπεῖν οὐκ
ἔνεστι μὴ οὐ τὸν πάντα αἰῶνα Ἀριστομένει τὸ μῖσος τὸ ἐς
Λακεδαιμονίους ἐνεστάχθαι.
[5] Ἃ δὲ αὐτὸς ἤκουσα ἐν Θήβαις, εἰκὸς
μέν τι παρείχετο ἐς τὸν Μεσσηνίων λόγον, οὐ μὴν παντάπασί γέ ἐστιν
αὐτοῖς ὡμολογηκότα. Φασὶ δὲ οἱ Θηβαῖοι μελλούσης τῆς μάχης ἔσεσθαί
σφισιν ἐν Λεύκτροις ἐς ἄλλα τε ἀποστεῖλαι χρηστήρια καὶ ἐρησομένους
τὸν ἐν Λεβαδείᾳ θεόν. Λέγεται μὲν οὖν καὶ τὰ παρὰ τοῦ Ἰσμηνίου καὶ
τοῦ Πτῴου, πρὸς δὲ τὰ ἐν Ἄβαις τε χρησθέντα καὶ τὰ ἐν Δελφοῖς·
Τροφώνιον δέ φασιν εἰπεῖν ἑξαμέτρῳ·
Πρὶν δορὶ συμβαλέειν ἐχθροῖς, στήσασθε τρόπαιον,
ἀσπίδα κοσμήσαντες ἐμήν, τὴν εἵσατο νηῷ
θοῦρος Ἀριστομένης Μεσσήνιος. Αὐτὰρ ἐγώ τοι
ἀνδρῶν δυσμενέων φθίσω στρατὸν ἀσπιστάων.
[6] Ἀφικομένου δὲ τοῦ χρησμοῦ δεηθῆναι
Ξενοκράτους λέγουσιν Ἐπαμινώνδαν· ὁ δὲ τήν τε ἀσπίδα μεταπέμπεται
τοῦ Ἀριστομένους καὶ ἐκόσμησεν ἀπ' αὐτῆς τρόπαιον, ὅθεν τοῖς
Λακεδαιμονίοις ἔσεσθαι σύνοπτον ἔμελλεν. ᾜδεσαν δὲ ἄρα τὴν ἀσπίδα οἱ
μὲν αὐτῶν ἐν Λεβαδείᾳ καθ' ἡσυχίαν ἑωρακότες, ἀκοῇ δὲ καὶ πάντες· ὡς
δὲ ἐγένετο ἡ νίκη Θηβαίοις, ἀποδιδόασιν αὖθις τῷ Τροφωνίῳ τὸ
ἀνάθημα. Ἀριστομένους δὲ καὶ χαλκοῦς ἀνδριάς ἐστιν ἐν τῷ Μεσσηνίων
σταδίῳ· τοῦ θεάτρου δὲ οὐ πόρω Σαράπιδός ἐστι καὶ Ἴσιδος ἱερόν. |
CHAPITRE XXXIII.
Temple de Jupiter Ithomate. Thamyris. Bois Carnasius,
Ruines d'Andanie.
[1] En allant à la citadelle de
Messène qui est au sommet du mont Ithome, vous trouvez la fontaine
Clepsydre. Lors même qu'on voudrait le faire, on ne saurait dire
combien de peuples prétendent que Jupiter est né et a été nourri
chez eux ; les Messéniens ont aussi cette prétention. Ils disent
qu'Ithome et Néda furent ses nourrices et donnèrent leur nom, l'une
au fleuve et l'autre à la montagne. Les Curètes ayant soustrait
Jupiter à la barbarie de son père, ces deux nymphes le lavèrent dans
la fontaine Clepsydre, qui prit son nom de ce larcin. Ils portent
tous les jours de l'eau de cette fontaine dans le temple de Jupiter
Ithomate.
[2] La statue du dieu est l'ouvrage
d'Ageladas qui la fit pour les Messéniens établis à Naupacte. On lui
choisit tous les ans un prêtre qui la garde dans sa maison. Les
Messéniens célèbrent aussi tous les ans des fêtes nommées Ithoméa,
et on y décernait anciennement un prix de musique : on en trouve la
preuve dans d'autres poèmes, et dans ceux d'Eumélus qui dit dans son
hymne pour Délos : la muse qui enfante des chants purs et
généreux, a toujours plu au dieu d'Ithome. Il savait donc,
lorsqu'il faisait ces vers, qu'il y avait un concours pour la
musique à Ithome.
[3] En sortant de la ville par la
porte qui conduit à Mégalopolis, en Arcadie, vous trouvez un
Mercure, ouvrage Athénien, car les Athéniens donnent la forme carrée
aux Mercure, et c'est d'eux que les autres peuples ont appris à les
représenter ainsi. En sortant, dis-je, par cette porte, si vous
descendez trente stades, vous arrivez à la rivière Balyra, dont le
nom vient, dit-on, de ce que Thamyris y perdit sa lyre après avoir
été privé de la vue. Il était, suivant les Messéniens, fils de
Philammon et de la nymphe Argiopé. Cette nymphe avait toujours
habité le Parnasse et ses environs ; mais étant devenue enceinte ,
et Philammon ne voulant pas l'épouser, elle se retira, disent-ils,
dans le pays des Odryses, et c'est pour cela que Thamyris passe pour
Odryse de la Thrace. La Leucasie et l'Amphitus se jettent dans la
Balyra ;
[4] en les traversant, vous entrez
dans la plaine nommée Stenyclarus : on dit qu'il y a eu un héros de
ce nom. Vis-à-vis cette plaine est le canton qu'on nommait
anciennement Échalie, et qui est maintenant le bois Carnasion planté
en grande partie de cyprès. On y voit différentes statues de dieux ;
savoir, Apollon Carnion, Mercure portant un bélier ; et Hagné (la
chaste), c'est un des surnoms de la fille de Cérès. L'eau sort d'une
fontaine au pied même de la statue.
[5] Je ne me permettrai pas de parler
des grandes déesses dont on célèbre les mystères dans le bois
Carnasion, car je mets ces mystères au premier rang après ceux
d'Éleusis ; mais le songe qui m'empêche d'en parler, ne m'a pas
défendu de dire qu'on y conserve l'urne d'airain que trouva le
général Argien, et les os d'Eurytos, fils de Mélanéus. Le fleuve
Charadrus passe vers le Carnasion ; en avançant à gauche, huit
stades au plus, on trouve les ruines d'Andanie.
[6] Les Exégètes du pays s'accordent à
dire que cette ville a pris son nom d'Andanie, femme dont les
parents et l'époux me sont absolument inconnus. En allant d'Andanie
à Cyparissia, on trouve sur la route une ville nommée Polichne, et
les rivières Electre et Céos, qui ont peut-être pris leur nom
d'Electre, fille d'Atlas, et de Céus père de Latone ; peut-être
aussi de deux héros du pays.
[7] Après avoir traversé l'Électre,
vous voyez la fontaine Achaia et les ruines de Dorion. Homère dit
que c'est à Dorion que Thamyris eut le malheur de perdre la vue pour
avoir osé dire qu'il chantait mieux que les Muses. Prodicus de
Phocée ( si toutefois la Minyade est de lui) dit qu'il est puni dans
les enfers d’avoir osé rivaliser les Muses. Je pense que Thamyris
perdit les yeux par quelque maladie, ce qui arriva aussi à Homère ;
mais celui-ci supporta courageusement son malheur, et continua
toujours à faire des vers, tandis que Thamyris abattu par son mal
cessa absolument de chanter. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΓ'.
Διὸς τοῦ Ἰθωμάτα ἱερόν. Θάμυρις. Καρνάσιον
ἅλσος. Ἀνδανίας ἐρείπα.
XXXIII. [1] Ἐς δὲ τὴν κορυφὴν ἐρχομένῳ
τῆς Ἰθώμης, ἣ δὴ Μεσσηνίοις ἐστὶν ἀκρόπολις, πηγὴ Κλεψύδρα γίνεται.
Πάντας μὲν οὖν καταριθμήσασθαι καὶ προθυμηθέντι ἄπορον, ὁπόσοι
θέλουσι γενέσθαι καὶ τραφῆναι παρὰ σφίσι Δία· μέτεστι δ' οὖν καὶ
Μεσσηνίοις τοῦ λόγου· φασὶ γὰρ καὶ οὗτοι τραφῆναι παρὰ σφίσι τὸν
θεόν, Ἰθώμην δὲ εἶναι καὶ Νέδαν τὰς θρεψαμένας, κεκλῆσθαι δὲ ἀπὸ μὲν
τῆς Νέδας τὸν ποταμόν, τὴν δὲ ἑτέραν τῷ ὄρει τὴν Ἰθώμην δεδωκέναι τὸ
ὄνομα. Ταύτας δὲ τὰς νύμφας τὸν Δία, κλαπέντα ὑπὸ Κουρήτων διὰ τὸ ἐκ
τοῦ πατρὸς δεῖμα, ἐνταῦθα λοῦσαι λέγουσι καὶ τὸ ὄνομα εἶναι τῷ ὕδατι
ἀπὸ τῶν Κουρήτων τῆς κλοπῆς· φέρουσί τε ἀνὰ πᾶσαν ἡμέραν ὕδωρ ἀπὸ
τῆς πηγῆς ἐς τοῦ Διὸς τοῦ Ἰθωμάτα τὸ ἱερόν.
[2] Τὸ δὲ ἄγαλμα τοῦ Διὸς Ἀγελάδα μέν
ἐστιν ἔργον, ἐποιήθη δὲ ἐξ ἀρχῆς τοῖς οἰκήσασιν ἐν Ναυπάκτῳ
Μεσσηνίων· ἱερεὺς δὲ αἱρετὸς κατὰ ἔτος ἕκαστον ἔχει [δὲ] τὸ ἄγαλμα
ἐπὶ τῆς οἰκίας. Ἄγουσι δὲ καὶ ἑορτὴν ἐπέτειον Ἰθωμαῖα, τὸ δὲ ἀρχαῖον
καὶ ἀγῶνα ἐτίθεσαν μουσικῆς· τεκμαίρεσθαι δ' ἔστιν ἄλλοις τε καὶ
Εὐμήλου τοῖς ἔπεσιν, ἐποίησε γοῦν καὶ τάδε ἐν τῷ προσοδίῳ τῷ ἐς
Δῆλον·
Τῷ γὰρ Ἰθωμάτα καταθύμιος ἔπλετο μοῖσα
ἁ καθαρὰ καὶ ἐλεύθερα σάμβαλ' ἔχοισα.
Οὐκοῦν ποιῆσαί μοι δοκεῖ τὰ ἔπη καὶ
μουσικῆς ἀγῶνα ἐπιστάμενος τιθέντας.
[3] Ἰόντι δὲ τὴν ἐπ' Ἀρκαδίας ἐς
Μεγάλην πόλιν ἐστὶν ἐν ταῖς πύλαις Ἑρμῆς τέχνης τῆς Ἀττικῆς·
Ἀθηναίων γὰρ τὸ σχῆμα τὸ τετράγωνόν ἐστιν ἐπὶ τοῖς Ἑρμαῖς, καὶ παρὰ
τούτων μεμαθήκασιν οἱ ἄλλοι. Σταδίους δὲ καταβάντι ἀπὸ τῶν πυλῶν
τριάκοντα τὸ ῥεῦμά ἐστι τῆς Βαλύρας. Γενέσθαι δὲ τὸ ὄνομα τῷ ποταμῷ
λέγουσι Θαμύριδος τὴν λύραν ἐνταῦθα ἀποβαλόντος ἐπὶ τῇ πηρώσει·
παῖδα δὲ αὐτὸν Φιλάμμωνος καὶ Ἀργιόπης τῆς νύμφης εἶναι. Τὴν δὲ
Ἀργιόπην τέως μὲν περὶ τὸν Παρνασσὸν οἰκεῖν, ἐπεὶ δὲ εἶχεν ἐν
γαστρί, ἐς Ὀδρύσας λέγουσι μετοικῆσαι· Φιλάμμωνα γὰρ οὐκ ἐθέλειν ἐς
τὸν οἶκον αὐτὴν ἄγεσθαι. Καὶ Θάμυριν μὲν Ὀδρύσην τε καὶ Θρᾷκα ἐπὶ
τούτῳ καλοῦσιν· ἡ δὲ Λευκασία καὶ Ἄμφιτος συμβάλλουσιν ἐς τὸ αὐτὸ τὰ
ῥεύματα.
[4] Διαβάντι δὲ τούτους πεδίον ἐστὶν
ὀνομαζόμενον Στενυκληρικόν· εἶναι δὲ ἥρωα Στενύκληρον λέγουσι. Τοῦ
πεδίου δέ ἐστιν ἀπαντικρὺ καλουμένη τὸ ἀρχαῖον Οἰχαλία, τὸ δὲ ἐφ'
ἡμῶν Καρνάσιον ἄλσος, κυπαρίσσων μάλιστα πλῆρες. Θεῶν δὲ ἀγάλματα
Ἀπόλλωνός ἐστι Καρνείου καὶ Ἑρμῆς φέρων κριόν. Ἡ δὲ Ἁγνὴ Κόρης τῆς
Δήμητρός ἐστιν ἐπίκλησις· ὕδωρ δὲ ἄνεισιν ἐκ πηγῆς παρ' αὐτὸ τὸ
ἄγαλμα.
[5] Τὰ δὲ ἐς τὰς θεὰς τὰς Μεγάλας --
δρῶσι γὰρ καὶ ταύταις ἐν Καρνασίῳ τὴν τελετήν -- ἀπόρρητα ἔστω μοι·
δεύτερα γάρ σφισι νέμω σεμνότητος μετά γε Ἐλευσίνια. Ὅτι δ' ὑδρία τε
ἡ χαλκῆ, τὸ εὕρημα τοῦ Ἀργείου στρατηγοῦ, καὶ Εὐρύτου τοῦ Μελανέως
τὰ ὀστᾶ ἐφυλάσσετο ἐνταῦθα, δηλῶσαί με καὶ ἐς ἅπαντας οὐκ ἀπεῖργε τὸ
ὄνειρον. Ῥεῖ δὲ ποταμὸς παρὰ τὸ Καρνάσιον Χάραδρος, καὶ προελθόντι
ἐν ἀριστερᾷ σταδίους ὀκτὼ
[6] μάλιστα ἐρείπιά ἐστιν Ἀνδανίας.
Καὶ ὅτι μὲν τῇ πόλει τὸ ὄνομα ἀπὸ γυναικὸς γέγονεν Ἀνδανίας,
ὁμολογεῖται ὑπὸ τῶν ἐξηγητῶν· οὐ μὴν τά γε ἐς τοὺς γονέας αὐτῆς οὐδὲ
τῷ συνῴκησεν ἔχω λέγειν. Ἰόντων δὲ ὡς ἐπὶ Κυπαρισσιὰς ἀπὸ Ἀνδανίας
Πολίχνη τέ ἐστι καλουμένη καὶ ποταμὸς Ἠλέκτρα καὶ Κοῖος ῥέουσι· τάχα
δ' ἄν τινα καὶ λόγον ἐς Ἠλέκτραν τὴν Ἄτλαντος λέγοιεν καὶ ἐς Κοῖον
τὸν Λητοῦς πατέρα, ἢ καὶ τῶν ἐπιχωρίων ἡρώων εἶεν Ἠλέκτρα τε καὶ
Κοῖος.
[7] Διαβάντων δὲ Ἠλέκτραν Ἀχαί̈α τε
ὀνομαζομένη πηγὴ καὶ πόλεώς ἐστιν ἐρείπια Δωρίου. Πεποίηκε δὲ Ὅμηρος
μὲν Θαμύριδι ἐνταῦθα ἐν τῷ Δωρίῳ γενέσθαι τὴν συμφοράν, ὅτι καὶ
αὐτὰς Μούσας νικήσειν ἔφασκεν ᾀδούσας· Πρόδικος δὲ Φωκαεὺς -- εἰ δὴ
τούτου τὰ ἐς τὴν Μινυάδα ἔπη -- προσκεῖσθαί φησι Θαμύριδι ἐν Ἅιδου
δίκην τοῦ ἐς τὰς Μούσας αὐχήματος. Διεφθάρη δὲ ὁ Θάμυρις ἐμοὶ δοκεῖν
ὑπὸ νόσου τοὺς ὀφθαλμούς, τὸ δὲ αὐτὸ καὶ Ὁμήρῳ συνέπεσεν ὕστερον·
ἀλλ' ὁ μὲν καὶ ἐς ἅπαν διετέλει ποιῶν, οὐ γάρ τι εἶκε τῇ συμφορᾷ,
Θάμυρις δὲ καὶ τὴν ᾠδὴν ὑπὸ κακοῦ τοῦ παρόντος ἐξέλιπεν. |
CHAPITRE XXXIV.
Pamisus, fleuve. La ville de Coronée, Temple
d'Apollon Corynthus. Asinéens. Dryopes.
[1] Il y a quatre-vingts stades de
Messène à l'embouchure du Pamisus. Les eaux de ce fleuve sont très
belles, ses bords bien cultivés, et les vaisseaux le remontent à dix
stades au-dessus de son embouchure. Il y entre aussi des poissons de
mer, principalement au printemps, ce qui arrive également au Rhin et
au Méandre, et surtout à l'Achélous qui se jette dans la mer vers
les îles Echinades.
[2] Mais les poissons qui remontent le
Pamisus dont les eaux sont très limpides, diffèrent beaucoup de ceux
qui nagent dans les eaux bourbeuses des fleuves que je viens de
nommer. Les mulets, par exemple, aiment le limon et recherchent les
rivières dont les eaux sont troubles. Les fleuves de la Grèce ne
nourrissent point de ces monstres homicides qui infestent l'Indus,
le Nil, même le Rhin, le Danube, l'Euphrate et le Phase. On
rencontre en effet dans ces fleuves des monstres extrêmement avides
de chair humaine, qui, plus forts et plus noirs que les Silures de
l'Hermus et du Méandre, ont d'ailleurs la même forme.
[3] L'Indus et le Nil nourrissent tous
deux des crocodiles, et il y a de plus dans le Nil des chevaux
marins qui ne sont pas moins redoutables aux hommes. Il n'y a rien à
craindre de pareil dans les fleuves de la Grèce, car les chiens
(requins) qui se trouvent dans l'Aous, fleuve de la Thesprotide,
viennent de la mer et ne sont point des poissons nés dans la
rivière.
[4] Coronée est une ville vers la mer
à droite du Pamisus et au pied du mont Témathia. Au bord de la mer
sur la même route est un endroit consacré à Ino ; c'est là, dit-on,
qu'elle sortit des flots pour monter au ciel, après avoir été mise
au rang des dieux sous le nom de Leucothée au lieu de celui d'Ino
qu'elle portait avant. En avançant un peu vous arrivez à
l'embouchure du Bias, qui a pris, à ce qu'on dit, le nom de Bias,
fils d'Amythaon. La source du Plataniston est à vingt stades de la
route ; l'eau sort du creux d'un gros platane, dont l'ouverture est
presque aussi large qu'une petite caverne. Cette eau est celle qu'on
boit à Coronée.
[5] Cette ville se nommait
anciennement Épeia ; Epimélides envoyé pour la fonder, après que les
Thébains eurent ramené les Messéniens dans leur pays, lui donna le
nom de sa propre patrie ; il était de Coronée dans la Béotie : mais
dès l'origine les Messéniens prononcèrent Coronée, et cette
prononciation, quoique vicieuse, finit par l'emporter. On dit aussi
que ce nom vient d'une corneille (coroné) de bronze, trouvée en
creusant les fondations des murs.
[6] Diane Paidotrophus (qui nourrit
des enfants), Bacchus et Esculape y ont des temples. Les statues de
ces deux derniers sont en marbre ; Jupiter Sauveur est en bronze sur
la place publique. Une Minerve de même métal est en plein air dans
la citadelle, et tient une corneille à la main. J'y ai vu aussi le
tombeau d'Epimélides. Je ne sais pas pourquoi on a donné au port le
nom de port des Achéens.
[7] En allant plus loin, à
quatre-vingts stades ou environ de Coronée, on trouve sur les bords
de la mer un temple d'Apollon assez célèbre. Les Messéniens disent
qu'il est très ancien ; les malades y vont chercher la guérison. Le
dieu se nomme Apollon Corynthus ; sa statue est en bois. Celle
d'Apollon Argeus est en bronze, et a été dédiée, à ce qu'on dit, par
les Argonautes.
[8] Dans le voisinage de Coronée est
Colonides dont les habitants se prétendent Athéniens d'origine, et
non Messéniens. Ils disent que Colénus qui les amena de l'Attique
prit, d'après un oracle, une alouette pour guide de son expédition.
Il n'est pas surprenant qu'ils aient pris avec le temps, le langage
et les moeurs des Doriens. Cette ville est sur une hauteur à peu de
distance de la mer.
[9] Les Asinéens habitaient
anciennement le Parnasse, dans le voisinage de Lycorité. Ils avaient
pris de leur fondateur le nom de Dryopes, qu'ils conservèrent même
dans le Péloponnèse. A la troisième génération après Dryopes, sous
le règne de Phylas ils furent vaincus par Hercule qui les conduisit
à Delphes, et en fit offrande à Apollon ; emmenés dans le
Péloponnèse d'après un oracle rendu à Hercule, ils s'établirent
d'abord à Asiné près d'Hermione ; chassés de là par les Argiens, ils
obtinrent des Lacédémoniens un canton de la Messénie, qui depuis
leur fut laissé par les Messéniens rentrés dans le Péloponnèse.
[10] Les Asinéens ne conviennent pas
de tout cela : ils avouent bien qu'Hercule les ayant vaincus, prit
leur ville sur le Parnasse, mais ils ne furent, disent-ils, ni faits
esclaves, ni conduits à Apollon ; ils abandonnèrent leur ville
lorsqu'ils virent leurs murs au pouvoir d'Hercule, et se réfugièrent
sur les sommets du Parnasse ; ayant ensuite passé par mer dans le
Péloponnèse, ils se mirent sous la protection d'Eurysthée qui, par
haine pour Hercule, leur donna Asiné dans l'Argolide.
[11] De tous les Dryopes, les seuls
qui se glorifient encore aujourd'hui de ce nom, sont les Asinéens :
les Eubéens de Stryra le dédaignent : Dryopes d'origine, il est
vrai, mais n'ayant pas combattu contre Hercule, parce que leurs
habitations étaient éloignées de la ville, ils font comme les
Delphiens qui ne veulent pas s'appeler Phocéens. Les Asinéens, au
contraire, aiment beaucoup à s'entendre appeler Dryopes, et les plus
vénérés de leurs temples ont été évidemment érigés en mémoire de
ceux qu'ils avaient sur le Parnasse ; car ils sont consacrés, l'un à
Apollon, et l'autre à Dryopes dont la statue est très ancienne. Ils
y célèbrent tous les ans des mystères, et ils disent que Dryopes
était fils d'Apollon.
[12] Leur ville est sur les bords de
la mer et dans la même situation qu'Asiné dans l'Argolide. Elle est
à quarante stades de Colonides ; et à la même distance, Acritas,
promontoire que regarde une petite île déserte nommée Théganussa :
vient ensuite le port Phoinicos, près duquel sont les îles Énusses. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΔ'.
Πάμισος ποταμός. Κορώνη πόλις. Ἀπόλλωνος Κορύνθου
ἱερόν. Ἀσιναῖοι. Δρύοπες.
XXXIV. [1] Ἐκ δὲ Μεσσήνης ὑπὸ τοῦ
Παμίσου τὸ στόμα ὁδὸς μὲν σταδίων ἐστὶν ὀγδοήκοντα, ῥεῖ δὲ ὁ Πάμισος
διά τε ἀρουμένης καὶ καθαρὸς καὶ ἀναπλεῖται ναυσὶν ἐκ θαλάσσης ἐπὶ
δέκα που σταδίους· ἀναθέουσι δὲ ἐς αὐτὸν καὶ οἱ θαλάσσιοι τῶν ἰχθύων
περὶ ὥραν μάλιστα τοῦ ἦρος. Τὸ δὲ αὐτὸ ἐς Ῥῆνόν τε καὶ ἐς τὸν
Μαίανδρον ποιοῦσιν οἱ ἰχθῦς· μάλιστα δὲ ἀνὰ τὸ ῥεῦμα τὸ Ἀχελῴου
νήχονται τοῦ ἐκδιδόντος κατὰ νήσους τὰς Ἐχινάδας.
[2] Διάφοροι δὲ τὸ εἶδος μάλιστα ἰχθῦς
ἀναθέουσιν ἐς τὸν Πάμισον ἅτε ἐς ὕδωρ καθαρὸν καὶ οὐ κατὰ αὐτὰ τοῖς
κατειλεγμένοις ποταμοῖς ἰλυῶδες· οἱ κέφαλοι δέ, ἅτε ἰχθύων ὄντες τῶν
πηλαίων, ποταμῶν φίλοι τῶν θολερωτέρων εἰσί. Θηρία δὲ ἐς ὄλεθρον
ἀνθρώπων οὐ πεφύκασιν οἱ Ἑλλήνων ποταμοὶ φέρειν, καθάπερ γε Ἰνδὸς
καὶ Νεῖλος ὁ Αἰγύπτιος, ἔτι δὲ Ῥῆνος καὶ Ἴστρος Εὐφράτης τε καὶ
Φᾶσις· οὗτοι γὰρ δὴ θηρία ὅμοια τοῖς μάλιστα ἀνδροφάγα αὔξουσι, ταῖς
ἐν Ἕρμῳ καὶ Μαιάνδρῳ γλάνισιν ἐοικότα ἰδέας πλὴν χρόας τε μελαντέρας
καὶ ἀλκῆς· ταῦτα δὲ αἱ γλάνεις ἀποδέουσιν.
[3] Ὁ δὲ Ἰνδὸς καὶ ὁ Νεῖλος
κροκοδείλους μὲν ἀμφότεροι, Νεῖλος δὲ παρέχεται καὶ ἵππους, οὐκ
ἔλασσον ἢ ὁ κροκόδειλος κακὸν ἀνθρώποις. Οἱ δὲ Ἑλλήνων ποταμοὶ
δείματα ὡς ἀπὸ θηρίων εἰσὶν οὐδέν, ἐπεὶ καὶ Ἀώῳ τῷ διὰ τῆς
Θεσπρωτίδος ῥέοντι ἠπείρου θηρία οὐ ποτάμια οἱ κύνες, ἀλλὰ ἐπήλυδές
εἰσιν ἐκ θαλάσσης.
[4] Κορώνη δέ ἐστι πόλις ἐν δεξιᾷ τοῦ
Παμίσου πρὸς θαλάσσῃ τε καὶ ὑπὸ τῷ ὄρει τῇ Μαθίᾳ. Κατὰ δὲ τὴν ὁδὸν
ταύτην ἐστὶν ἐπὶ θαλάσσῃ χωρίον, ὃ Ἰνοῦς ἱερὸν εἶναι νομίζουσιν·
ἐπαναβῆναι γὰρ ἐνταῦθα ἐκ θαλάσσης φασὶν αὐτὴν θεόν τε ἤδη
νομιζομένην καὶ Λευκοθέαν καλουμένην ἀντὶ Ἰνοῦς. Προελθόντων δὲ οὐ
πολὺ Βίας ἐκδίδωσιν ἐς θάλασσαν ποταμός· γενέσθαι δὲ αὐτῷ λέγουσι τὸ
ὄνομα ἀπὸ Βίαντος τοῦ Ἀμυθάονος. Καὶ Πλατανιστῶνος δὲ ἡ πηγὴ στάδια
μὲν εἴκοσίν ἐστιν ἀπωτέρω τῆς ὁδοῦ, ῥεῖ δὲ ἐκ πλατάνου τὸ ὕδωρ
πλατείας καὶ τὰ ἐντὸς κοίλης· κατὰ σπήλαιον μάλιστά που μικρὸν τὸ
εὖρός ἐστι τοῦ δένδρου, καὶ τὸ ὕδωρ αὐτόθεν ἐς Κορώνην τὸ πότιμον
κάτεισι.
[5] Τὸ μὲν δὴ ὄνομα τὸ ἀρχαῖον εἶχεν
Αἴπεια· ἐπεὶ δὲ ὑπὸ Θηβαίων κατήχθησαν ἐς Πελοπόννησον, Ἐπιμηλίδην
φασὶν ἀποσταλέντα οἰκιστὴν καλέσαι Κορώνειαν, εἶναι γὰρ αὐτὸν ἐκ
Κορωνείας τῆς Βοιωτῶν, τοὺς δὲ Μεσσηνίους ἐξ ἀρχῆς τε οὐ κατορθοῦν
περὶ τὸ ὄνομα καὶ μᾶλλον ἔτι ἀνὰ χρόνον ἐκνικῆσαι τὸ ἐκείνων
ἁμάρτημα. Λέγεται δὲ καὶ ἕτερος λόγος, ὡς τοῦ τείχους τὰ θεμέλια
ὀρύσσοντες ἐπιτύχοιεν κορώνῃ χαλκῇ.
[6] Θεῶν δέ ἐστιν ἐνταῦθα Ἀρτέμιδός τε
καλουμένης Παιδοτρόφου καὶ Διονύσου καὶ Ἀσκληπιοῦ ναός· τῷ μὲν δὴ
Ἀσκληπιῷ καὶ Διονύσῳ λίθου, Διὸς δὲ Σωτῆρος χαλκοῦν ἄγαλμα ἐπὶ τῆς
ἀγορᾶς πεποίηται. Χαλκοῦν δὲ καὶ ἐν ἀκροπόλει τῆς Ἀθηνᾶς τὸ ἄγαλμά
ἐστιν ἐν ὑπαίθρῳ, κορώνην ἐν τῇ χειρὶ ἔχουσα. Εἶδον δὲ καὶ τοῦ
Ἐπιμηλίδου μνῆμα· ἐφ' ὅτῳ δὲ τὸν λιμένα Ἀχαιῶν καλοῦσιν, οὐκ οἶδα.
[7] Ἐκ Κορώνης δὲ ὡς ὀγδοήκοντα
σταδίους προελθόντι Ἀπόλλωνός ἐστιν ἱερὸν πρὸς θαλάσσῃ τιμὰς ἔχον·
ἀρχαιότατόν τε γὰρ λόγῳ τῷ Μεσσηνίων ἐστὶ καὶ νοσήματα ὁ θεὸς ἰᾶται,
Κόρυνθον δὲ Ἀπόλλωνα ὀνομάζουσι. Τοῦτο μὲν δὴ ξόανον, τοῦ Ἀργεώτα δὲ
χαλκοῦν ἐστι τὸ ἄγαλμα· ἀναθεῖναι δέ φασι τοὺς ἐν τῇ Ἀργοῖ
πλεύσαντας.
[8] Τῇ Κορωναίων δὲ πόλει ἐστὶν ὅμορος
Κολωνίδες· οἱ δὲ ἐνταῦθα οὐ Μεσσήνιοί φασιν εἶναι, ἀλλὰ ἐκ τῆς
Ἀττικῆς ἀγαγεῖν σφᾶς Κόλαινον λέγουσι, Κολαίνῳ δὲ κόρυδον τὴν ὄρνιθα
ἐκ μαντεύματος ἐς τὴν ἀποικίαν ἡγήσασθαι. Ἔμελλον δὲ ἄρα διάλεκτόν
τε ἀνὰ χρόνον καὶ ἔθη μεταμαθήσεσθαι τὰ Δωριέων. Κεῖται δὲ τὸ
πόλισμα αἱ Κολωνίδες ἐπὶ ὑψηλοῦ, μικρὸν ἀπὸ θαλάσσης.
[9] Ἀσιναῖοι δὲ τὸ μὲν ἐξ ἀρχῆς
Λυκωρίταις ὅμοροι περὶ τὸν Παρνασσὸν ᾤκουν· ὄνομα δὲ ἦν αὐτοῖς, ὃ δὴ
καὶ ἐς Πελοπόννησον διεσώσαντο, ἀπὸ τοῦ οἰκιστοῦ Δρύοπες. Γενεᾷ δὲ
ὕστερον τρίτῃ βασιλεύοντος Φύλαντος μάχῃ τε οἱ Δρύοπες ὑπὸ Ἡρακλέους
ἐκρατήθησαν καὶ τῷ Ἀπόλλωνι ἀνάθημα ἤχθησαν ἐς Δελφούς· ἀναχθέντες
δὲ ἐς Πελοπόννησον χρήσαντος Ἡρακλεῖ τοῦ θεοῦ πρῶτα μὲν τὴν πρὸς
Ἑρμιόνι Ἀσίνην ἔσχον, ἐκεῖθεν δὲ ἐκπεσόντες ὑπὸ Ἀργείων οἰκοῦσιν ἐν
τῇ Μεσσηνίᾳ, Λακεδαιμονίων δόντων καὶ ὡς ἀνὰ χρόνον οἱ Μεσσήνιοι
κατήχθησαν οὐ γενομένης σφίσιν ὑπ' αὐτῶν ἀναστάτου τῆς πόλεως.
[10] Ἀσιναῖοι δὲ αὐτοὶ περὶ σφῶν οὕτω
λέγουσι· κρατηθῆναι μὲν ὑπὸ Ἡρακλέους μάχῃ συγχωροῦσιν ἁλῶναί τε τὴν
ἐν τῷ Παρνασσῷ πόλιν, αἰχμάλωτοι δὲ γενέσθαι καὶ ἀχθῆναι παρὰ τὸν
Ἀπόλλωνα οὔ φασιν· ἀλλ' ὡς ἡλίσκετο ὑπὸ τοῦ Ἡρακλέους τὸ τεῖχος,
ἐκλιπεῖν τὴν πόλιν καὶ ἀναφυγεῖν ἐς τὰ ἄκρα τοῦ Παρνασσοῦ, διαβάντες
δὲ ὕστερον ναυσὶν ἐς Πελοπόννησον γενέσθαι φασὶν Εὐρυσθέως ἱκέται,
καὶ σφίσιν Εὐρυσθέα ἅτε ἀπεχθανόμενον τῷ Ἡρακλεῖ δοῦναι τὴν ἐν τῇ
Ἀργολίδι Ἀσίνην.
[11] Μόνοι δὲ τοῦ γένους τοῦ Δρυόπων
οἱ Ἀσιναῖοι σεμνύνονται καὶ ἐς ἡμᾶς ἔτι τῷ ὀνόματι, οὐδὲν ὁμοίως καὶ
Εὐβοέων οἱ Στύρα ἔχοντες. Εἰσὶ γὰρ καὶ οἱ Στυρεῖς Δρύοπες τὸ ἐξ
ἀρχῆς, ὅσοι τῆς πρὸς τὸν Ἡρακλέα οὐ μετέσχον μάχης, ἀπωτέρω τῆς
πόλεως ἔχοντες τὰς οἰκήσεις· ἀλλὰ οἱ μὲν Στυρεῖς καλεῖσθαι Δρύοπες
ὑπερφρονοῦσι, καθάπερ γε καὶ οἱ Δελφοὶ πεφεύγασιν ὀνομάζεσθαι
Φωκεῖς, Ἀσιναῖοι δὲ Δρύοπές τε τὰ μάλιστα χαίρουσι καλούμενοι καὶ
τῶν ἱερῶν τὰ ἁγιώτατά εἰσι δῆλοι κατὰ μνήμην πεποιημένοι τῶν ποτὲ ἐν
Παρνασσῷ σφισιν ἱδρυμένων. Τοῦτο μὲν γὰρ Ἀπόλλωνός ἐστιν αὐτοῖς
ναός, τοῦτο δὲ Δρύοπος ἱερὸν καὶ ἄγαλμα ἀρχαῖον· ἄγουσι καὶ παρὰ
ἔτος αὐτῷ τελετήν, παῖδα τὸν Δρύοπα Ἀπόλλωνος εἶναι λέγοντες.
[12] Κεῖται δὲ ἐπὶ θαλάσσῃ καὶ αὐτὴ
κατὰ τὰ αὐτὰ τῇ ποτὲ ἐν μοίρᾳ τῇ Ἀργολίδι Ἀσίνῃ· σταδίων δὲ
τεσσαράκοντά ἐστιν ἐκ Κολωνίδων ἐς αὐτὴν ὁδός, τοσαύτη δὲ καὶ ἐκ τῆς
Ἀσίνης πρὸς τὸν Ἀκρίταν καλούμενον. Ἀνέχει δὲ ἐς θάλασσαν ὁ Ἀκρίτας,
καὶ νῆσος Θηγανοῦσσά ἐστιν ἔρημος πρὸ αὐτοῦ· μετὰ δὲ τὸν Ἀκρίταν
λιμήν τε Φοινικοῦς καὶ νῆσοι κατ' αὐτὸν Οἰνοῦσσαι. |
CHAPITRE XXXV.
Mothone. Naupliens. Temple de Minerve Anémotide.
Eaux, remarquables par leurs couleurs et leurs qualités.
[1] Mothone se nommait Pédasus avant
la guerre de Troie, et même pendant cette guerre ; depuis elle
changea de nom : suivant les Mothonéens elle prit celui qu'elle
porte de Mothone, fille d'Énée, fils de Porthaon ; ils disent que ce
prince s'étant retiré dans le Péloponnèse avec Diomède, après le
siège de Troie, eut Mothone d'une concubine ; mais à mon avis, le
nom de la ville vient du rocher Mothon, qui forme le port ; car, en
s'avançant sous la mer, il ne laisse qu'un passage étroit pour les
vaisseaux, et empêche en même temps que l'agitation des flots ne se
communique au fond de la mer.
[2] On a déjà vu qu'au temps où
Damocratidas régnait à Argos, les Naupliens furent chassés de leur
pays, comme attachés aux Lacédémoniens, et que ceux-ci leur
donnèrent Mothone qui leur fut laissée par les Messéniens revenus
dans le Péloponnèse. Les Naupliens sont, à ce que je crois,
Egyptiens d'origine ; ils vinrent par mer dans l'Argolide avec
Danaüs : après trois générations, Nauplios, fils d'Amymone, les
emmena à Nauplie où ils s'établirent.
[3] L'empereur Trajan leur a donné la
liberté et leur a permis de se gouverner par leurs propres lois. A
une époque plus reculée, ils éprouvèrent un malheur que ne
partagèrent point les autres Messéniens des bords de la mer. La
Thesprotide de l'Épire était livrée à l'anarchie : Déidamie se
voyant sans enfants, avait remis, avant de mourir, l'autorité entre
les mains du peuple. Elle était fille de Pyrrhus, fils de Ptolémée,
fils d’Alexandre, fils de Pyrrhus ;
[4] ce dernier était fils d'Éacide, et
j'ai déjà parlé de lui, dans la description de l'Attique. Proclès de
Carthage dit que les faveurs de la fortune et des succès éclatants,
placèrent au premier rang Alexandre, fils de Philippe, mais que
Pyrrhus était plus habile à ranger l'infanterie et la cavalerie en
bataille, et à inventer des stratagèmes contre ses ennemis.
[5] Les Epirotes n'ayant plus de
rois, le peuple devenu insolent, ne voulut plus reconnaître
l'autorité de ses magistrats, et les Illyriens qui habitent les
bords du golfe Ionien au dessus de l'Épire, les soumirent par une
seule invasion. Je ne connais guère que les Athéniens dont la
puissance se soit accrue par la démocratie ; elle leur procura une
grande supériorité, ce qui vient sans doute de ce qu'ils étaient
doués d'une intelligence supérieure à celle de tous les autres
Grecs, et s'écartaient le moins possible des lois établies.
[6] Une fois que les Illyriens eurent
goûté la douceur du commandement, leur ambition s'accrut ; ils
construisirent des vaisseaux et allèrent piller çà et là les pays
qu'ils abordaient. Descendus chez les Mothonéens, ils se
présentèrent comme amis, et envoyèrent à la ville prier qu'on, leur
apportât du vin sur leurs vaisseaux. Comme les vendeurs n'étaient
pas venus en grand nombre, les Illyriens achetèrent le vin au prix
demandé par les Mothonéens, et leur vendirent des marchandises
qu'ils avaient apportées. Le lendemain, le concours des Mothoniens
fut plus grand, et on leur laissa un profit raisonnable :
[7] à la fin, hommes et femmes
accoururent sur les vaisseaux pour vendre du vin et acheter des
marchandises ; alors les barbares levant le masque, enlevèrent
beaucoup d'hommes, bien plus de femmes, les embarquèrent, et les
emmenèrent dans le golfe Ionien, laissant la ville de Mothone
presque vide d'habitants.
[8] On voit à Mothone un temple de
Minerve Anémotide. On dit que c'est Diomède qui a érigé cette statue
et donné ce nom à la déesse. Le pays était dévasté par des vents
violents et qui soufflaient hors de saison ; Diomède adressa des
prières à Minerve et depuis ce temps-là les vents ne firent plus de
ravage dans le pays. Il y a aussi à Mothone un temple d'Diane avec
un puits dont l'eau est mêlée d'une espèce de poix, et ressemble
assez au baume de Cyzique, elle en a en effet toute la couleur et
l'odeur.
[9] J'ai vu de l'eau très bleue aux
Thermopyles ; elle ne l'est cependant pas toute, mais seulement
celle qui se rend dans le réservoir nommé le bain des femmes. Il y a
dans le pays des Hébreux, près de Joppé, de l'eau rouge comme du
sang, elle est tout auprès de la mer, et les gens du pays disent que
Persée ayant tué le monstre marin auquel on avait exposé la fille de
Céphée, se lava dans cette fontaine du sang dont il était souillé.
J'ai vu moi-même à Astyra une fontaine dont l'eau est noire. On
nomme Astyra, des bains chauds, vis-à-vis Lesbos, dans le canton
nommé Atarnée, que le roi des Mèdes donna aux habitants de Chios,
pour prix de ce qu'ils lui avaient livré Pactyas le Lydien qui
s'était mis sous leur protection.
[10] Ces eaux-là sont noires, on en
voit au contraire de blanches, au-dessus de la ville de Rome, après
avoir traversé l'Anio. En y entrant, vous êtes saisi de froid
jusqu'à trembler : si vous y restez quelque temps, vous en recevez
autant de chaleur que du médicament le plus ardent. Ces sources sont
les seules, à ma connaissance, qui offrent quelque chose de
merveilleux ou de singulier ; j'en connais de moins merveilleuses
dont je ne dirai rien.
[11] Ce n'est pas un grand miracle, en
effet, que de trouver des eaux salées et acres. Il faut cependant
que je parle encore de deux fontaines d'un genre très différent. Il
y a dans le territoire de Cardie une plaine nommée Leucus ; on y
trouve, vers le bourg de Dascyle une fontaine dont l'eau est chaude,
et plus agréable à boire que du lait. L'autre fontaine que je ne
connais que par Hérodote, se jette dans l'Hypanis et son eau est
amère au goût. Je ne vois pas pourquoi on ferait difficulté de
croire cet historien, puisqu'on a découvert de mon temps à
Dicéarchia dans l'Etrurie, une source d'eau chaude, si acide qu'elle
corrode en peu d'années les tuyaux de plomb par où elle passe. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΕ'.
Μοθώνη. Ναυπλιεῖς. Ἀθηνᾶς Ἀνεμωτίδος ναός.
Διάφορα ὑδάτων χρόαι καὶ ἐνέργια.
XXXV. [1] Μοθώνη δέ, πρὶν ἢ τὴν
στρατιὰν ἐς Τροίαν ἀθροισθῆναι καὶ ἐπὶ τοῦ πρὸς Ἰλίῳ πολέμου
καλουμένη Πήδασος, μεταβέβληκεν ὕστερον τὸ ὄνομα, ὡς μὲν αὐτοὶ
Μοθωναῖοι λέγουσιν, ἀπὸ τῆς Οἰνέως θυγατρός· Οἰνεῖ γὰρ τῷ Πορθάονος
μετὰ ἅλωσιν Ἰλίου παρὰ Διομήδην ἀναχωρήσαντι ἐς Πελοπόννησον
θυγατέρα φασὶν ἐκ παλλακῆς Μοθώνην γενέσθαι· δόξῃ δὲ ἐμῇ δέδωκε τῷ
χωρίῳ τὸ ὄνομα ὁ Μόθων λίθος. Οὗτος δέ σφισι καὶ ὁ ποιῶν τὸν λιμένα
ἐστί· τόν τε γὰρ ἔσπλουν στενώτερον ταῖς ναυσὶν ἐργάζεται παρήκων
ὕφαλος καὶ ἅμα μὴ ἐκ βυθοῦ ταράσσεσθαι τὸν κλύδωνα ἔρυμα ἕστηκεν.
[2] Ἐδήλωσα δὲ καὶ ἐν τοῖς ἔμπροσθεν
λόγοις ὅτι Ναυπλιεῦσιν ἐπὶ λακωνισμῷ διωχθεῖσι Δαμοκρατίδα
βασιλεύοντος ἐν Ἄργει Μοθώνην Λακεδαιμόνιοι διδόασι καὶ ὡς οὐδὲ ἐκ
τῶν Μεσσηνίων κατελθόντων ἐγένετο οὐδὲν ἐς αὐτοὺς νεώτερον· ἦσαν δὲ
οἱ Ναυπλιεῖς ἐμοὶ δοκεῖν Αἰγύπτιοι τὰ παλαιότερα, παραγενόμενοι δὲ
ὁμοῦ Δαναῷ ναυσὶν ἐς τὴν Ἀργολίδα ὕστερον γενεαῖς τρισὶν ὑπὸ
Ναυπλίου τοῦ Ἀμυμώνης κατῳκίσθησαν ἐν Ναυπλίᾳ.
[3] Μοθωναίοις δὲ βασιλεὺς μὲν
Τραϊανὸς ἔδωκεν ἐλευθέρους ὄντας ἐν αὐτονομίᾳ πολιτεύεσθαι· τὰ δὲ
ἔτι παλαιότερα μόνοις σφίσι Μεσσηνίων τῶν ἐπὶ θαλάσσῃ τοιόνδε
ἀτύχημα ἰδίᾳ συνέβη γενέσθαι. Τὰ ἐν Ἠπείρῳ τῇ Θεσπρωτίδι ὑπὸ
ἀναρχίας ἐφθάρη· Δηιδαμείᾳ γὰρ τῇ Πύρρου παῖδες οὐκ ἐγένοντο, ἀλλὰ
ὡς τελευτᾶν ἔμελλεν, ἐπιτρέπει τῷ δήμῳ τὰ πράγματα. Θυγάτηρ δὲ ἦν
Πύρρου τοῦ Πτολεμαίου τοῦ Ἀλεξάνδρου τοῦ Πύρρου·
[4] τὰ δὲ ἐς Πύρρον τὸν Αἰακίδου
πρότερον ἔτι ἐν τῷ λόγῳ τῷ ἐς Ἀθηναίους ἐδήλωσα, Προκλῆς δὲ ὁ
Καρχηδόνιος τύχης μὲν χρηστῆς ἕνεκα καὶ διὰ λαμπρότητα ἔργων ἔνεμεν
Ἀλεξάνδρῳ τᾷ Φιλίππου πλέον, τάξαι δὲ ὁπλίτας τε καὶ ἱππικὸν καὶ
στρατηγήματα ἐπὶ ἄνδρας πολεμίους εὑρεῖν Πύρρον ἔφασκεν ἀμείνονα
γενέσθαι.
[5] Ἠπειρῶται δὲ ὡς ἐπαύσαντο
βασιλεύεσθαι, τά τε ἄλλα ὁ δῆμος ὕβριζε καὶ ἀκροᾶσθαι τῶν ἐν ταῖς
ἀρχαῖς ὑπερεώρων· καὶ σφᾶς οἱ Ἰλλυριοὶ τὰ πρὸς τοῦ Ἰονίου τὴν
Ἤπειρον ὑπεροικοῦντες παρεστήσαντο ἐξ ἐπιδρομῆς. Οὐ γάρ πω
δημοκρατίαν ἴσμεν ἄλλους γε ἢ Ἀθηναίους αὐξήσαντας, Ἀθηναῖοι δὲ
προήχθησαν ἐπὶ μέγα ἀπ' αὐτῆς· συνέσει γὰρ οἰκείᾳ τὸ Ἑλληνικὸν
ὑπερεβάλλοντο καὶ νόμοις τοῖς καθεστηκόσιν ἐλάχιστα ἠπείθουν.
[6] Οἱ δὲ Ἰλλυριοί, ἀρχῆς τε
γεγευμένοι καὶ ἐπιθυμοῦντες ἀεὶ τοῦ πλείονος, ναῦς τε ἐπήξαντο καὶ
ἐληίζοντο ἄλλους τε ὡς ἑκάστους τύχοιεν καὶ ἐς τὴν Μοθωναίαν σχόντες
ὡρμίσαντο οἷα ἐς φιλίαν· στείλαντες δὲ ἄγγελον ἐς τὴν πόλιν ἄγειν
σφίσιν οἶνον ἐπὶ τὰ πλοῖα ἐδεήθησαν. Ὡς δὲ ἄγοντες ἀφίκοντο ἄνδρες
οὐ πολλοί, τόν τε οἶνον ὠνοῦντο ἐπιτιμώντων τῶν Μοθωναίων καὶ αὐτοί
σφισιν ἐπίπρασκον ὧν ἐπήγοντο.
[7] Ἐς δὲ τὴν ἐπιοῦσαν ἀφικομένων ἐκ
τῆς πόλεως πλειόνων παρέχουσι καὶ τοῖσδε κερδᾶναι· τέλος δὲ γυναῖκες
καὶ ἄνδρες κατίασιν ἐπὶ τὰ πλοῖα οἶνόν τε ἀποδόσθαι καὶ ἐκ τῶν
βαρβάρων ἀντιληψόμενοι. Ἔνθα νῦν ἀποτολμήσαντες οἱ Ἰλλυριοὶ καὶ
ἄνδρας πολλοὺς καὶ ἔτι πλείονας τῶν γυναικῶν ἁρπάζουσιν· ἐσθέμενοι
δὲ ἐς τὰς ναῦς ἔπλεον τὴν ἐπὶ Ἰονίου, Μοθωναίων ἐρημώσαντες τὸ ἄστυ.
[8] Ἐν Μοθώνῃ δὲ ναός ἐστιν Ἀθηνᾶς
Ἀνεμώτιδος· Διομήδην δὲ τὸ ἄγαλμα ἀναθεῖναι καὶ τὸ ὄνομα τῇ θεῷ φασι
θέσθαι. Βιαιότεροι γὰρ καὶ οὐ κατὰ καιρὸν πνέοντες ἐλυμαίνοντο οἱ
ἄνεμοι τὴν χώραν· Διομήδους δὲ εὐξαμένου τῇ Ἀθηνᾷ, τὸ ἀπὸ τούτου
συμφορά σφισιν οὐδεμία ἀνέμων γε ἕνεκα ἦλθεν ἐς τὴν γῆν. Καὶ
Ἀρτέμιδος δ' ἱερόν ἐστιν ἐνταῦθα καὶ ὕδωρ ἐν φρέατι κεκραμένον
πίσσῃ, Κυζικηνῷ μύρῳ μάλιστα ἰδεῖν ἐμφερές· παράσχοιτο δ' ἂν πᾶσαν
καὶ χρόαν ὕδωρ καὶ ὀσμήν.
[9] Γλαυκότατον μὲν οἶδα ὕδωρ
θεασάμενος τὸ ἐν Θερμοπύλαις, οὔτι που πᾶν, ἀλλ' ὅσον κάτεισιν ἐς
τὴν κολυμβήθραν ἥντινα ὀνομάζουσιν οἱ ἐπιχώριοι Χύτρους γυναικείους·
ξανθὸν δὲ ὕδωρ, οὐδέν τι ἀποδέον τὴν χρόαν αἵματος, Ἑβραίων ἡ γῆ
παρέχεται πρὸς Ἰόππῃ πόλει· θαλάσσης μὲν ἐγγυτάτω τὸ ὕδωρ ἐστί,
λόγον δὲ ἐς τὴν πηγὴν λέγουσιν οἱ ταύτῃ, Περσέα ἀνελόντα τὸ κῆτος, ᾧ
τὴν παῖδα προκεῖσθαι τοῦ Κηφέως, ἐνταῦθα τὸ αἷμα ἀπονίψασθαι.
[10] Ὕδωρ δὲ ἀπὸ πηγῶν ἀνερχόμενον
μέλαν ἰδὼν οἶδα ἐν Ἀστύροις· τὰ δὲ Ἄστυρα ἀπαντικρὺ Λέσβου λουτρά
ἐστι θερμὰ ἐν τῷ Ἀταρνεῖ καλουμένῳ. Τὸ δὲ χωρίον ἐστὶν ὁ Ἀταρνεὺς ὁ
Χίων μισθός, ὃν παρὰ τοῦ Μήδου λαμβάνουσιν ἄνδρα ἐκδόντες ἱκέτην,
Πακτύην τὸν Λυδόν. Τοῦτο μὲν δὴ μελαίνεται, Ῥωμαίοις δὲ ὑπὲρ τὴν
πόλιν, διαβάντων τὸν Ἄνιον ὀνομαζόμενον ποταμόν, ὕδωρ λευκόν ἐστιν·
ἀνδρὶ δὲ ἐσβάντι ἐς αὐτὸ τὸ μὲν παραυτίκα ψυχρόν τε πρόσεισι καὶ
ἐμποιεῖ φρίκην, ἐπισχόντι δὲ ὀλίγον ἅτε φάρμακον θερμαίνει τὸ
πυρωδέστατον.
[11] Καὶ ὅσαις μὲν πηγαῖς θαῦμά τι ἦν
καὶ ἰδόντι, τοσαύτας θεασάμενος οἶδα, τὰς γὰρ δὴ ἐλάσσονος θαύματος
ἐπιστάμενος παρίημι· ἁλμυρὸν δὲ ὕδωρ καὶ στρυφνὸν οὐ μέγα θαῦμα
ἐξευρεῖν. Δύο δὲ ἀλλοῖα· τὸ μὲν τῆς Καρίας ἐν πεδίῳ καλουμένῳ Λευκῷ
θερμόν ἐστιν ὕδωρ παρὰ κώμην ὀνομαζομένην Δασκύλου, πιεῖν καὶ
γάλακτος ἥδιον· τὸν δὲ Ἡρόδοτον οἶδα εἰπόντα ὡς ἐς τὸν ποταμὸν τὸν
Ὕπανιν ἐκδίδωσιν ὕδατος πικροῦ πηγή. Πῶς δ' ἂν οὐκ ἀποδεξαίμεθα
ἀληθεύειν αὐτῷ τὸν λόγον, ὅπου γε καὶ ἐφ' ἡμῶν ἐν Δικαιαρχίᾳ τῇ
Τυρρηνῶν ἐξεύρηται ὕδωρ σφίσι θερμὸν οὕτω δή τι ὀξὺ ὥστε τὸν
μόλυβδον--διεξῄει γὰρ διὰ μολύβδου ῥέον --ἔτεσι κατέτηξεν οὐ
πολλοῖς; |
CHAPITRE XXXVI.
Pylos, ville de Nélée. Sphactérie, île. Cyparissia.
[1] Il y a tout au plus cent stades de
Mothone au promontoire Coryphasium sur lequel Pylos est située.
Cette ville fut fondée par Pylos fils de Cléson ; il y amena une
colonie de Léléges qui habitaient alors la Mégaride. Il n'en jouit
pas longtemps, en ayant été chassé par Nélée et les Pélasges
d'Iolcos; il se retira dans le voisinage et fonda Pylos dans
l'Élide. Celle de la Messénie devint si florissante par les soins de
Nélée, qu'Homère la nomme la ville de Nélée.
[2] On y voit le temple de Minerve
Coryphasia, la maison qui porte le nom de Nestor, où son portrait
est peint ; son tombeau est aussi dans la ville. On dit que celui de
Thrasymède est à peu de distance de Pylos. Il y a dans la ville une
caverne qui avait servi, dit-on, à Nélée, et ensuite à Nestor,
d'étable pour leurs boeufs.
[3] Ces boeufs étaient de race
Thessalienne, et avaient appartenu jadis à Iphiclos, père de
Protésilas. Nélée les demandait pour présent de noce à ceux qui
voulaient sa fille en mariage, et Mélampus voulant faire plaisir à
Bias son frère, alla dans la Thessalie pour les avoir ; les bergers
d'Iphiclus le garrottèrent, mais il obtint ensuite ces boeufs pour
prix de quelque prédiction qu'il fit à la demande d'Iphiclus. Les
troupeaux de boeufs et de chevaux étaient alors les richesses qu'on
recherchait le plus, car Nélée eut envie des boeufs d'Iphiclos, et
Eurysthée, sur la réputation des boeufs de l'Iberie, envoya Hercule
chercher le troupeau de Géryon.
[4] Ce même troupeau tenta tellement
Eryx qui régnait alors dans la Sicile, qu'il voulut lutter avec
Hercule, et consentit que ces boeufs d'une part, son royaume de
l'autre, fussent le prix. Homère dit aussi dans l'Iliade que cent
boeufs furent le premier présent qu'Iphidamas, fils d'Anténor fit à
son beau père. Tout cela prouve, ainsi que je l'ai dit, que ce genre
de richesses était alors le plus recherché.
[5] Les boeufs de Nélée paissaient
sans doute la plupart du temps hors de ses états, car les environs
de Pylos sont sablonneux et ne produisent point assez d'herbe pour y
faire paître des boeufs. J'en prends à témoin Homère qui dit
toujours, en parlant de Nestor, le roi de la sablonneuse Pylos.
[6] L'île de Sphactérie est devant le
port, située de même que Rhénea devant l'île de Délos. Les
vicissitudes humaines rendent souvent célèbres des lieux qui avaient
été inconnus jusque là. Le Capharée promontoire de l'Eubée est
devenu fameux par la tempête que les Grecs y essuyèrent en revenant
avec Agamemnon du siège de Troie ; le nom de Psyttalie, près de
Salamine n'est connu que par les Mèdes qui y périrent. Il en est de
même de Sphactérie que le malheur des Lacédémoniens a fait connaître
à tout le monde. Les Athéniens érigèrent dans leur citadelle une
statue de la Victoire, en bronze, en mémoire de cet événement.
[7] En arrivant à Cyparissia du côté
de Pylos, on voit près de la mer, au dessous de la ville, une
fontaine que Bacchus fit, dit-on, jaillir en frappant la terre de
son thyrse ; c'est pourquoi elle se nomme la fontaine Dionysiade. Il
y a aussi à Cyparissia un temple d'Apollon et un temple de Minerve
Cyparissia. On trouve à Aulôn un temple et une statue d'Esculape
Aulonius. C'est vers cet endroit que la Néda commence à couler entre
l'Élide et le pays des Messéniens. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Λ
Πύλος. Νηληῖον ἄστυ. Σφακτηρία νῆσος.
Κυπαρισσίαι.
XXXVI. [1] Ἔστι δὲ ἐκ Μοθώνης ὁδὸς
σταδίων μάλιστα ἑκατὸν ἐπὶ τὴν ἄκραν τὸ Κορυφάσιον· ἐπ' αὐτῇ δὲ ἡ
Πύλος κεῖται. Ταύτην ᾤκισε Πύλος ὁ Κλήσωνος ἀγαγὼν ἐκ τῆς Μεγαρίδος
τοὺς ἔχοντας τότε αὐτὴν Λέλεγας· καὶ τῆς μὲν οὐκ ὤνατο ὑπὸ Νηλέως
καὶ τῶν ἐξ Ἰωλκοῦ Πελασγῶν ἐκβληθείς, ἀποχωρήσας δὲ ἐς τὴν ὅμορον
ἔσχεν ἐνταῦθα Πύλον τὴν ἐν τῇ Ἠλείᾳ. Νηλεὺς δὲ βασιλεύσας ἐς τοσοῦτο
προήγαγεν ἀξιώματος τὴν Πύλον ὡς καὶ Ὅμηρον ἐν τοῖς ἔπεσιν ἄστυ
ἐπονομάσαι Νηλήιον.
[2] Ἐνταῦθα ἱερόν ἐστιν Ἀθηνᾶς
ἐπίκλησιν Κορυφασίας καὶ οἶκος καλούμενος Νέστορος· ἐν δὲ αὐτῷ καὶ ὁ
Νέστωρ γέγραπται· καὶ μνῆμα ἐντὸς τῆς πόλεώς ἐστιν αὐτῷ, τὸ δὲ
ὀλίγον ἀπωτέρω τῆς Πύλου Θρασυμήδους φασὶν εἶναι. Καὶ σπήλαιόν ἐστιν
ἐντὸς τῆς πόλεως· βοῦς δὲ ἐνταῦθα τὰς Νέστορος καὶ ἔτι πρότερον
Νηλέως φασὶν αὐλίζεσθαι.
[3] Εἴη δ' ἂν Θεσσαλικὸν τὸ γένος τῶν
βοῶν τούτων, Ἰφίκλου ποτὲ τοῦ Πρωτεσιλάου πατρός· ταύτας γὰρ δὴ τὰς
βοῦς Νηλεὺς ἕδνα ἐπὶ τῇ θυγατρὶ ᾔτει τοὺς μνωμένους, καὶ τούτων
ἕνεκα ὁ Μελάμπους χαριζόμενος τῷ ἀδελφῷ Βίαντι ἀφίκετο ἐς τὴν
Θεσσαλίαν, καὶ ἐδέθη μὲν ὑπὸ τῶν βουκόλων τοῦ Ἰφίκλου, λαμβάνει δὲ
μισθὸν ἐφ' οἷς αὐτῷ δεηθέντι ἐμαντεύσατο. Ἐσπουδάκεσαν δὲ ἄρα οἱ
τότε πλοῦτόν τινα συλλέγεσθαι τοιοῦτον, ἵππων καὶ βοῶν ἀγέλας, εἰ δὴ
Νηλεύς τε γενέσθαι οἱ βοῦς ἐπεθύμησε τὰς Ἰφίκλου καὶ Ἡρακλεῖ κατὰ
δόξαν τῶν ἐν Ἰβηρίᾳ βοῶν προσέταξεν Εὐρυσθεὺς ἐλάσαι τῶν Γηρυόνου
βοῶν τὴν ἀγέλην.
[4] Φαίνεται δὲ καὶ Ἔρυξ τότε ἐν
Σικελίᾳ δυναστεύων δριμὺν οὕτως ἔχων ἐς τὰς βοῦς τὰς ἐξ Ἐρυθείας
ἔρωτα, ὥστε καὶ ἐπάλαισε πρὸς τὸν Ἡρακλέα ἆθλα ἐπὶ τῇ πάλῃ
καταθέμενος τάς τε βοῦς ταύτας καὶ ἀρχὴν τὴν ἑαυτοῦ. Πεποίηκε δὲ καὶ
Ὅμηρος ἐν Ἰλιάδι, ὡς Ἰφιδάμας ὁ Ἀντήνορος τὰ πρῶτα τῶν ἕδνων ἑκατὸν
βοῦς τῷ πενθερῷ δοίη. Ταῦτα μὲν τὸν λόγον μοι βεβαιοῖ, βουσὶ τοὺς
τότε χαίρειν μάλιστα ἀνθρώπους·
[5] ἐνέμοντο δὲ ἐμοὶ δοκεῖν αἱ τοῦ
Νηλέως βοῦς ἐν τῇ ὑπερορίᾳ τὰ πολλά· ὑπόψαμμός τε γάρ ἐστιν ὡς
ἐπίπαν ἡ τῶν Πυλίων χώρα καὶ πόαν βουσὶν οὐχ ἱκανὴ τοσαύτην
παρασχέσθαι. Μαρτυρεῖ δέ μοι καὶ Ὅμηρος ἐν μνήμῃ Νέστορος ἐπιλέγων
ἀεὶ βασιλέα αὐτὸν ἠμαθόεντος εἶναι Πύλου.
[6] Τοῦ λιμένος δὲ ἡ Σφακτηρία νῆσος
προβέβληται, καθάπερ τοῦ ὅρμου τοῦ Δηλίων ἡ Ῥήνεια· ἐοίκασι δὲ αἱ
ἀνθρώπειαι τύχαι καὶ χωρία τέως ἄγνωστα ἐς δόξαν προῆχθαι. Καφηρέως
τε γάρ ἐστιν ὄνομα τοῦ ἐν Εὐβοίᾳ τοῖς σὺν Ἀγαμέμνονι Ἕλλησιν
ἐπιγενομένου χειμῶνος ἐνταῦθα, ὡς ἐκομίζοντο ἐξ Ἰλίου· Ψυττάλειάν τε
τὴν ἐπὶ Σαλαμῖνι ἴσμεν ἀπολομένων ἐν αὐτῇ τῶν Μήδων. Ὡσαύτως δὲ καὶ
τὴν Σφακτηρίαν τὸ ἀτύχημα τὸ Λακεδαιμονίων γνώριμον τοῖς πᾶσιν
ἐποίησεν· Ἀθηναῖοι δὲ καὶ Νίκης ἀνέθηκαν ἄγαλμα ἐν ἀκροπόλει χαλκοῦν
ἐς μνήμην τῶν ἐν τῇ Σφακτηρίᾳ.
[7] Ἀφικομένων δὲ ἐς Κυπαρισσιὰς ἐκ
Πύλου σφίσι πηγὴ ὑπὸ τῇ πόλει πλησίον θαλάσσης ἐστί· ῥυῆναι δὲ
Διονύσῳ τὸ ὕδωρ λέγουσι θύρσῳ πλήξαντι ἐς τὴν γῆν, καὶ ἐπὶ τούτῳ
Διονυσιάδα ὀνομάζουσι τὴν πηγήν. Ἔστι δὲ καὶ Ἀπόλλωνος ἐν
Κυπαρισσιαῖς ἱερὸν καὶ Ἀθηνᾶς ἐπίκλησιν Κυπαρισσίας. Ἐν δὲ Αὐλῶνι
καλουμένῳ ναὸς Ἀσκληπιοῦ καὶ ἄγαλμά ἐστιν Αὐλωνίου· κατὰ τοῦτο ὁ
ποταμὸς ἡ Νέδα μεταξὺ τῆς τε Μεσσηνίας ἤδη καὶ τῆς Ἠλείας διέξεισιν. |
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