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des matières de PAUSANIAS
PAUSANIAS
DESCRIPTION DE LA GRÈCE, PAR PAUSANIAS.
LIVRE VII.
ACHAÏE.
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CHAPITRE I.
Situation de l'Achaïe nommée autrefois Égiale. Ses premiers
rois. Xuthus et Ion. Les Achéens chassés par les Doriens, entrent sous la
conduite de Tisamène dans l'Égiale. Les Ioniens dans l'Attique.
1. LA contrée située entre l'Élide et la Sicyonie, le
long de la mer qui s'étend à l'orient, a pris de ses habitants le nom d'Achaïe,
qu'elle porte encore maintenant; on la nommait anciennement Égiale, et ses
habitants s'appelaient Égialéens, nom qu'ils avaient pris, suivant les
Sicyoniens, d'Égialéus, jadis roi de la Sicyonie ; ou, suivant d'autres, de la
nature de leur pays qui est en grande partie sur les bords de la mer. 2. Dans la
suite des temps Hellen étant mort, ses autres fils chassèrent de la Thessalie
Xuthus, leur frère, qu'ils accusaient d'avoir détourné pour son compte
particulier, une partie des richesses de leur père. Xuthus s'étant réfugie à
Athènes, eut l'honneur d'épouser une fille d'Érechthée ; il en eut deux
fils, Achéus et Ion. Érechthée étant mort, ses fils choisirent Xuthus pour juge
de leurs prétentions au trône ; il prononça en faveur de Cécrops, qui était
l'aîné ; ce qui le fit chasser du pays par les autres. 3. Xuthus alla s'établir
dans l'Égiale où il termina ses jours. Achéus, l'un de ses fils, ayant
rassemblé quelques troupes dans l'Égiale et dans l'Attique, entra dans la
Thessalie et recouvra les états de son père. Quant à Ion, il levait une armée
pour aller attaquer les Égialéens et Sélinus, leur roi, lorsque ce prince lui
envoya des ambassadeurs pour lui proposer Hélice, sa fille, en mariage; et lui
offrir en même temps de l'adopter pour son successeur. 4. Comme ces
propositions étaient assez du goût d'Ion, il les accepta et devint roi des
Égialéens après la mort de Sélinus; il fonda dans l'Égiale une ville à qui il
donna le nom de sa femme, et ses sujets prirent de lui celui d'Ioniens ; ce ne
fut cependant pas un changement de nom, car ils conservèrent aussi l'ancien, et
on les nommait Égialéens Ioniens. Le pays garda encore plus longtemps son
premier nom, et Homère dans le catalogue des vaisseaux qui suivirent Agamemnon,
n'en a pas employé d'autre pour les désigner ; car il dit : Ceux qui habitent
toute l'Égiale et les environs de la puissante Hélice. 5. Les Athéniens sous
le règne d'Ion, étant en guerre avec les Eleusiniens, le firent venir pour lui
donner le commandement de leurs troupes ; il termina ses jours dans l'Attique,
et son tombeau est dans le bourg de Potamos. Ses descendants régnèrent sur les
Ioniens jusqu'à l'époque où ils furent, ainsi que leurs sujets, chassés de cette
contrée par les Achéens, qui venaient eux-mêmes d'être expulsés de Lacédémone et
d'Argos par les Doriens. 6. Je raconterai tout ce qui se fit de part et d'autre
entre les Ioniens et les Achéens, lorsque j'aurai expliqué pour quelle raison
les habitants d'Argos et de Lacédémone étaient, avant le retour des Doriens, les
seuls qui portassent le nom d'Achéens. Archandrus, fils d'Achéus, et Architélès
vinrent de la Phtliiotide à Argos, et ils y épousèrent savoir: Archandrus,
Scéa; et Architélès, Automaté; toutes deux filles de Danaüs.7. Il est certain
qu'ils restèrent à Argos; car, entre autres preuves, Archandrus donna à son fils
le nom de Métanastes. Les fils d'Achéus ayant ainsi obtenu quelque autorité à
Argos et à Lacédémone, le nom d'Achéens prévalut dans ces deux villes, et devint
leur nom commun; mais les Argiens conservèrent en outre celui de Danéens. Les
Achéens ayant été chassés d'Argos et de Lacédémone par les Doriens, Tisamène,
fils d'Oreste, leur roi, envoya en son nom et au nom de son peuple, demander aux
Ioniens s'ils voulaient de bon accord et sans guerre, les recevoir dans leur
pays. 8. mais les rois de ces derniers craignant que lorsque les Achéens seraient
confondus avec leurs sujets, Tisamène ne fût à cause de sa valeur et de l'éclat
de sa race, choisi pour roi par les deux peuples d'un commun consentement,
empêchèrent les Ioniens d'avoir aucun égard aux propositions des Achéens ; ils
prirent donc les armes et allèrent à leur rencontre; Tisamène fut tué dans le
combat ; mais les Achéens ayant remporté la victoire, assiégèrent les Ioniens
dans Hélice où ils s'étaient réfugiés, et les laissèrent ensuite par
capitulation s'en aller où ils voudraient. Le corps de Tisamène fut enterré à
Hélice par les Achéus mais longtemps après, les Lacédémoniens apportèrent ses os
à Sparte, en exécution de ce qui leur avait été ordonné par l'oracle de Delphes
; on y voyait encore de mon temps son tombeau dans l'endroit où se font les
repas que les Lacédémoniens nomment Phidities. 9. Les Ioniens étant allés dans
l'Attique, les Athéniens et Mélanthus, fils d'Andropompus, leur roi, les
reçurent parmi eux à cause d'Ion, et de tout ce qu'il avait fait en commandant
leurs troupes. On dit aussi que les Athéniens n'étant pas sans inquiétude du
côte des Doriens, par lesquels ils craignaient de se voir attaqués, reçurent les
Ioniens plutôt pour la propre sûreté de l'Attique, que par amitié pour eux.
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ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Α'.
Θέσις Ἀχαίας τὸ πάλαι Αἰγιαλός. Πρῶτοι αὑτῆς
βασιλεῖς. Ξοῦθος, Ἴων. Ἀχαιοὶ ὑπὸ Δωρέ´ρων ἐκπεπτωκότες, Τισσαμενοῦ
ὁδηγίᾳ ἔρχονται ἐς Αἰγιαλόν. Ἴωνες ἐς τὴν Ἀττικήν.
Ἡ δὲ τῆς Ἠλείας μέση καὶ Σικυωνίας,
καθήκουσα μὲν ἐπὶ τὴν πρὸς ἕω θάλασσαν, Ἀχαΐαν δὲ ὄνομα τὸ ἐφ´ ἡμῶν
ἔχουσα ἀπὸ τῶν ἐνοικούντων, αὐτή τε Αἰγιαλὸς τὸ ἀρχαῖον καὶ οἱ
νεμόμενοι τὴν γῆν ἐκαλοῦντο Αἰγιαλεῖς, λόγῳ μὲν τῷ Σικυωνίων ἀπὸ
Αἰγιαλέως βασιλεύσαντος ἐν τῇ νῦν Σικυωνίᾳ, εἰσὶ δὲ οἵ φασιν ἀπὸ τῆς
χώρας, εἶναι γὰρ τὰ πολλὰ αὐτῆς αἰγιαλόν. (2) Χρόνῳ δὲ ὕστερον
ἀποθανόντος Ἕλληνος Ξοῦθον οἱ λοιποὶ τοῦ Ἕλληνος παῖδες διώκουσιν ἐκ
Θεσσαλίας, ἐπενεγκόντες αἰτίαν ὡς ἰδίᾳ χρήματα ὑφελόμενος ἔχοι τῶν
πατρῴων· ὁ δὲ ἐς Ἀθήνας φυγὼν θυγατέρα Ἐρεχθέως ἠξιώθη λαβεῖν καὶ
παῖδας Ἀχαιὸν καὶ Ἴωνα ἔσχεν ἐξ αὐτῆς. Ἀποθανόντος δὲ Ἐρεχθέως τοῖς
παισὶν αὐτοῦ δικαστὴς Ξοῦθος ἐγένετο ὑπὲρ τῆς ἀρχῆς, καὶ - ἔγνω γὰρ
τὸν πρεσβύτατον Κέκροπα βασιλέα εἶναι - οἱ λοιποὶ τοῦ Ἐρεχθέως
παῖδες ἐξελαύνουσιν ἐκ τῆς χώρας αὐτόν· (3) ἀφικομένῳ δὲ ἐς τὸν
Αἰγιαλὸν καὶ οἰκήσαντι αὐτῷ μὲν ἐγένετο ἐνταῦθα ἡ τελευτή, τῶν δέ οἱ
παίδων Ἀχαιὸς μὲν ἐκ τοῦ Αἰγιαλοῦ παραλαβὼν καὶ ἐξ Ἀθηνῶν ἐπικούρους
κατῆλθεν ἐς Θεσσαλίαν καὶ ἔσχε τὴν πατρῴαν ἀρχήν, Ἴωνι δὲ ἐπὶ τοὺς
Αἰγιαλεῖς στρατιὰν καὶ ἐπὶ Σελινοῦντα τὸν βασιλέα αὐτῶν ἀθροίζοντι
ἀγγέλους ἔπεμπεν ὁ Σελινοῦς, τὴν θυγατέρα Ἑλίκην, ἣ μόνη οἱ παῖς ἦν,
γυναῖκα αὐτῷ διδοὺς καὶ αὐτὸν Ἴωνα ἐπὶ τῇ ἀρχῇ παῖδα ποιούμενος. (4)
Καί πως ταῦτα τῷ Ἴωνι ἐγένετο οὐκ ἄπο γνώμης, καὶ τῶν Αἰγιαλέων τὴν
ἀρχὴν Ἴων ἔσχεν ἀποθανόντος Σελινοῦντος, καὶ Ἑλίκην τε ἀπὸ τῆς
γυναικὸς ᾤκισεν ἐν τῷ Αἰγιαλῷ πόλιν καὶ τοὺς ἀνθρώπους ἐκάλεσεν
Ἴωνας ἀφ´ αὑτοῦ. Τοῦτο οὐ μεταβολὴ τοῦ ὀνόματος, προσθήκη δέ σφισιν
ἐγένετο· Αἰγιαλεῖς γὰρ ἐκαλοῦντο Ἴωνες. Τῇ χώρᾳ δὲ ἔτι καὶ μᾶλλον
διέμεινεν ὄνομα τὸ ἐξ ἀρχῆς· Ὁμήρῳ γοῦν ἐν καταλόγῳ τῶν μετὰ
Ἀγαμέμνονος ἐξήρκεσε τὸ ἀρχαῖον δηλῶσαι τῆς γῆς ὄνομα·
Αἰγιαλόν τ´ ἀνὰ πάντα καὶ ἀμφ´ Ἑλίκην
εὐρεῖαν.
(5) Τότε δὲ ἐπὶ τῆς Ἴωνος βασιλείας
πολεμησάντων Ἀθηναίοις Ἐλευσινίων καὶ Ἀθηναίων Ἴωνα ἐπαγαγομένων ἐπὶ
ἡγεμονίᾳ τοῦ πολέμου, τὸν μὲν ἐν τῇ Ἀττικῇ τὸ χρεὼν ἐπιλαμβάνει, καὶ
Ἴωνος ἐν τῷ δήμῳ μνῆμα τῷ Ποταμίων ἐστίν· οἱ δὲ ἀπόγονοι τοῦ Ἴωνος
τὸ Ἰώνων ἔσχον κράτος, ἐς ὃ ὑπ´ Ἀχαιῶν ἐξέπεσον καὶ αὐτοὶ καὶ ὁ
δῆμος. Τοῖς δὲ Ἀχαιοῖς τηνικαῦτα ὑπῆρξε καὶ αὐτοῖς ἐκ Λακεδαίμονος
καὶ Ἄργους ὑπὸ Δωριέων ἐξεληλάσθαι· (6) τὰ δὲ ἐς Ἴωνας καὶ Ἀχαιούς,
ὁπόσα ἐπράχθη σφίσιν ἐπ´ ἀλλήλους, ἐπέξεισιν αὐτίκα ὁ λόγος μοι
προδιηγησαμένῳ καθ´ ἥντινα αἰτίαν τοῖς Λακεδαίμονα οἰκοῦσι καὶ Ἄργος
πρὸ τῆς τῶν Δωριέων καθόδου μόνοις Πελοποννησίων ὑπῆρξεν Ἀχαιοῖς
καλεῖσθαι. Ἄρχανδρος Ἀχαιοῦ καὶ Ἀρχιτέλης ἐς Ἄργος ἀφίκοντο ἐκ τῆς
Φθιώτιδος, ἐλθόντες δὲ ἐγένοντο Δαναοῦ γαμβροί, καὶ Αὐτομάτην μὲν
Ἀρχιτέλης, Σκαιὰν δὲ ἔλαβεν Ἄρχανδρος. Δηλοῦσι δὲ ἐν Ἄργει
καταμείναντες οὐχ ἥκιστα ἐν τῷδε· Μετανάστην γὰρ τῷ παιδὶ ὄνομα
ἔθετο Ἄρχανδρος. (7) Δυνηθέντων δὲ ἔν τε Ἄργει καὶ Λακεδαίμονι τῶν
Ἀχαιοῦ παίδων, τοὺς ἀνθρώπους τοὺς ἐνταῦθα ἐξενίκησεν Ἀχαιοὺς
κληθῆναι· τοῦτο μέν σφισιν ὄνομα ἦν ἐν κοινῷ, Δαναοὶ δὲ Ἀργείοις
ἰδίᾳ. Τότε δὲ ὑπὸ Δωριέων ἐκπεπτωκότες ἔκ τε Ἄργους καὶ ἐκ
Λακεδαίμονος ἐπεκηρυκεύοντο Ἴωσιν αὐτοί τε καὶ ὁ βασιλεὺς Τισαμενὸς
ὁ Ὀρέστου γενέσθαι σύνοικοί σφισιν ἄνευ πολέμου· τῶν δὲ Ἰώνων τοὺς
βασιλέας ὑπῄει δέος, μὴ Ἀχαιῶν ἀναμιχθέντων αὐτοῖς Τισαμενὸν ἐν
κοινῷ βασιλέα ἕλωνται κατά τε ἀνδραγαθίαν καὶ γένους δόξαν. (8)
Ἰώνων δὲ οὐ προσεμένων τοὺς Ἀχαιῶν λόγους ἀλλὰ ἐπεξελθόντων σὺν
ὅπλοις, Τισαμενὸς μὲν ἔπεσεν ἐν τῇ μάχῃ, Ἴωνας δὲ Ἀχαιοὶ κρατήσαντες
ἐπολιόρκουν καταπεφευγότας ἐς Ἑλίκην καὶ ὕστερον ἀφιᾶσιν ἀπελθεῖν
ὑποσπόνδους. Τισαμενοῦ δὲ τὸν νεκρὸν Ἀχαιῶν ἐν Ἑλίκῃ θαψάντων,
ὕστερον χρόνῳ Λακεδαιμόνιοι τοῦ ἐν Δελφοῖς σφισιν ἀνειπόντος
χρηστηρίου κομίζουσι τὰ ὀστᾶ ἐς Σπάρτην, καὶ ἦν καὶ ἐς ἐμὲ ἔτι αὐτῷ
τάφος, ἔνθα τὰ δεῖπνα Λακεδαιμονίοις ἐστὶ τὰ Φειδίτια καλούμενα. (9)
Ἴωνας δὲ ἀφικομένους ἐς τὴν Ἀττικὴν Ἀθηναῖοι καὶ ὁ βασιλεὺς αὐτῶν
Μέλανθος Ἀνδροπόμπου συνοίκους ἐξεδέξαντο Ἴωνός τε δὴ ἕνεκα καὶ
ἔργων ἃ ἔπραξε πολεμαρχῶν Ἀθηναίοις· λέγεται δὲ ὡς ἐν ὑπονοίᾳ
ποιούμενοι τοὺς Δωριέας οἱ Ἀθηναῖοι, μὴ οὐδὲ αὐτῶν ἐθέλωσιν
ἀπέχεσθαι, ἰσχύος μᾶλλον οἰκείας ἕνεκα ἢ εὐνοίᾳ τῇ ἐς τοὺς Ἴωνας
συνοίκους σφᾶς ἐδέξαντο. |
CHAPITRE II.
Les fils de Codrus avec les Ioniens et autres Grecs
fondent une colonie dans l'Asie. Les trois premières colonies
de la Grèce. Niléus à Milet. Les Milsiens. Temple d'Apollon a
Didymes. Diane d'Éphèse. Androclus, fils de Codrus, à Éphèse.
Sa mort et son tombeau. Les Ioniens à Myonte et à Priène.
1. Peu d'années après, Médon et Niléus,
les deux fils aînés de Codrus, entrèrent en contestation au sujet de
la couronne ; Niléus disait qu'il ne consentirait jamais à
reconnaître pour roi Médon, parce qu'il était boiteux du pied
gauche. Ils convinrent cependant de s'en rapporter à l'oracle de
Delphes, et la Pythie prononça en faveur de Médon ; ainsi Niléus et
les autres fils de Codrus partirent pour aller fonder une colonie,
emmenant avec eux tous ceux des Athéniens qui voulurent les suivre ;
mais la plus grande partie de leur armée était composée d'Ioniens.
2. C'est la troisième expédition partie de la Grèce, composée de
troupes de divers pays commandées par des chefs qui étaient
eux-mêmes d'une autre contrée. Dans des temps plus anciens, lolas de
Thèbes, neveu d'Hercule, conduisit dans l'île de Sardaigne une
colonie d'Athéniens et de Thespiens. Une génération avant l'époque
où les Ioniens sortirent d' Athènes, Théras, fils d'Antésion, avait
conduit des Lacédémoniens et des Minyens chassés de Lemnos
par les Pélasges, dans l'île Calliste qui prit de lui le nom de
Théra qu'elle porte encore maintenant ; 3. dans celle-ci qui fut la
troisième, les fils de Codrus se mirent à la tête des Ioniens,
quoiqu'ils ne fussent pas Ioniens eux-mêmes, mais originaires de
Pylos dans la Messénie par Codrus et Mélantlms, et Athéniens du côté
de leur mère. Les peuples grecs qui prirent part à cette expédition
furent les Thébains avec Philatus, l'un des descendants de Pénéléus;
les Minyens d'Orchomène qui suivirent les fils de Codrus, parce
qu'ils avaient une origine commune ; 4. les Phocéens, excepté ceux de
Delphes, et les Abantes de l'Eubée ; Philogènes et Damon, fils
dEuctémon, Athéniens, fournirent aux Phocéens les vaisseaux dont ils
avaient besoin, et furent leurs chefs dans cette expédition.
Lorsqu'on fut arrivé en Asie avec les vaisseaux, chacun de son côté
se dirigea contre les différentes villes voisines de la mer; Niléus
s'établit à Milet, avec les troupes qu'il avait avec lui. 5. Voici ce
que les Milésiens disent des plus hautes antiquités de leur ville ;
ils prétendent que leur pays porta, pendant plusieurs générations,
le nom d'Anactorie, sous les règnes d'Anax qui en était originaire,
et d'Astérius, son fils. Milétus étant venu avec une armée de
Crétois, la ville et le pays prirent son nom. Milétus et les siens
avaient quitté la Crète pour fuir la domination de Minos, fils
d'Europe ; les Cariens qui habitaient auparavant ce pays, y étaient
restés avec les Crétois; 6. mais lorsque les Ioniens eurent vaincu les
anciens Milésiens, ils tuèrent tous les hommes de quelque âge qu'ils
fussent, excepté ceux qui s'échappèrent lorsque la ville fut prise,
et ils épousèrent leurs femmes et leurs filles. Le tombeau de Niléus
est à gauche du chemin, à peu de distance des portes de Milet, par
lesquelles on sort pour aller à Didymes. Le temple d'Apollon à
Didymes et son oracle sont plus anciens que l'arrivée des Ioniens
dans ce pays là ; mais le culte de Diane d'Éphèse est d'une époque
encore bien plus reculée. 7. Pindare n'a pas bien connu, ce qu'il me
semble, tout ce qui concerne cette déesse ; car il dit que les
Amazones élevèrent son temple lorsqu'elles firent leur expédition
contre Thésée et les Athéniens ; les Amazones, à la vérité,
offrirent alors des sacrifices à Diane d'Éphèse, dont elles
connaissaient le temple depuis longtemps, s'y étant réfugiées après
avoir été vaincues par Hercule, et plus anciennement encore,
lorsqu'elles l'avaient été par Bacchus ; mais il n'avait pas été
construit par elles ; un certain Crésus, originaire du pays, et
Ephésus qui était, à ce qu'on dit, fils du fleuve Caystre, sont ceux
qui ont bâti ce temple, et c'est d'Ephésus que la ville a pris son
nom. 8. Lorsque les Ioniens y vinrent, le pays était habité par des
Lélèges, qui faisaient partie du peuple Carien, et par des Lydiens
qui étaient les plus nombreux : il y avait aussi dans les environs
du temple, quelques gens qui y demeuraient à titre de suppliants, et
des femmes de la race des Amazones. Androclus, fils de Codrus, que
les Ioniens qui s'embarquèrent pour Éphèse, avaient nommé roi,
chassa du pays les Lélèges et les Lydiens qui tenaient la ville
haute. Quant à ceux qui demeuraient autour du temple, ils n'avaient
aucune crainte ; car après s'être liés avec les Ioniens par des
serments mutuels, ils restèrent étrangers à cette guerre. Androclus
enleva dans la suite Samos aux Samiens, et les Éphésiens possédèrent
pendant quelque temps cette île et les îles voisines. 9. Lorsque les
Samiens furent revenus dans leur pays, Androclus alla au secours des
Priénéens contre les Cariens ; les Grecs remportèrent la victoire ;
mais Androclus fut tué dans le combat. Les Éphésiens ayant enlevé
son corps lui donnèrent la sépulture dans leur pays ; on montrait
encore de mon temps, son tombeau sur le chemin qui conduit du temple
de Diane à celui de Jupiter Olympien, vers les portes Magnétides ;
on voit sur ce tombeau un homme armé de toutes pièces. 10. Les Ioniens
qui allèrent s'établir à Myonte et à Priène, chassèrent aussi les
Cariens de ces deux villes. Myonte fut fondée par Cyarétus,
fils de Codrus ; et Priène, par des Ioniens et des Thébains, qui
avaient pour chefs Philotas, descendant de Pénéléus, et Égyptus,
fils de Nilus. Les Priénéens furent réduits aux dernières
extrémités, d'abord par Tabutus, Persan, et dans la suite par
Hiéron, naturel du pays ; ils sont cependant toujours comptés au
nombre des Ioniens. Quant à Myonte, elle fut abandonnée par ses
habitants, et voici à quelle occasion : 11. la mer formait un petit
golfe dans le pays de Myonte, le fleuve Méandre en fit un lac en
obstruant par son limon l'entrée de ce golfe; cette eau étant
devenue stagnante, et la mer n'y entrant plus, il y pullula une si
grande quantité de cousins, que les habitants furent forcés
d'abandonner la ville et de se retirer à Milet, où ils portèrent
tout ce qui pouvait se transporter, et particulièrement les statues
de leurs dieux. Il n'y avait plus de mon temps à Myonte, qu'un
temple de Bacchus en marbre blanc. Il en est aussi arrivé
autant aux habitants d'Atarné sous Pergame. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Β'.
Κόδρου παῖδες σὺν Ἴωσι καὶ ἄλλοις Ἑλλησι ἤγαγον
ἀποικίαν ἐς τὴν Ἀσίαν. Ἀποικίαι τρεῖς ἐκ Ἐλλάδος. Νειλεὺς ἐς
Μίλητον. Μιλήσιοι. Ἀπόλλωνος ἐν Διδύμοις ἱερόν. Ἄρτεμις ἡ
Ἐφεσία. Ἄνδροκλος ὁ Κόδρου ἐς Ἔφεσον. Θάνατος αὐτοῦ καὶ
μνῆμα. Ἴωνες ἐς Μυοῦντα καὶ Πριήρην.
(1) ἔτεσι δὲ οὐ πολλοῖς ὕστερον Μέδων
καὶ Νειλεὺς πρεσβύτατοι τῶν Κόδρου παίδων ἐστασίασαν ὑπὲρ τῆς ἀρχῆς,
καὶ οὐκ ἔφασκεν ὁ Νειλεὺς ἀνέξεσθαι βασιλευόμενος ὑπὸ τοῦ Μέδοντος,
ὅτι ὁ Μέδων τὸν ἕτερον ἦν τῶν ποδῶν χωλός· δόξαν δέ σφισιν
ἀνενεγκεῖν ἐς τὸ χρηστήριον τὸ ἐν Δελφοῖς, δίδωσι Μέδοντι ἡ Πυθία
βασιλείαν τὴν Ἀθηναίων. Οὕτω δὴ ὁ Νειλεὺς καὶ οἱ λοιποὶ τῶν Κόδρου
παίδων ἐς ἀποικίαν ἀπεστάλησαν, ἀγαγόντες μὲν καὶ αὐτῶν Ἀθηναίων τὸν
βουλόμενον, τὸ δὲ πλεῖστόν σφισιν ἦσαν τοῦ στρατεύματος οἱ Ἴωνες.
(2) Ἐκ δὲ τῆς Ἑλλάδος τρίτος δὴ οὗτος στόλος ὑπὸ βασιλεῦσιν ἀλλοίοις
ὄχλοις τε ἀλλοίοις ἐστάλησαν. Τὰ μὲν γὰρ ἀρχαιότατα Ἰόλαος Θηβαῖος,
ἀδελφιδοῦς ὁ Ἡρακλέους, Ἀθηναίοις ἐς Σαρδὼ καὶ Θεσπιεῦσιν ἡγήσατο·
γενεᾷ δὲ μιᾷ πρότερον ἢ ἐξέπλευσαν ἐξ Ἀθηνῶν Ἴωνες, Λακεδαιμονίους
τε καὶ Μινύας τοὺς ἐκβληθέντας ὑπὸ Πελασγῶν ἐκ Λήμνου Θήρας ὁ
Αὐτεσίωνος Θηβαῖος ἤγαγεν ἐς τὴν νῆσον τὴν νῦν μὲν ἀπὸ τοῦ Θήρα
τούτου, πρότερον δὲ ὀνομαζομένην Καλλίστην. (3) Τρίτον δὲ τότε οἱ
Κόδρου παῖδες ἐπετάχθησαν Ἴωσιν ἄρχοντες, οὐδέν σφισι γένους τοῦ
Ἴωνος μετόν, ἀλλὰ Μεσσήνιοι μὲν τῶν ἐκ Πύλου τὰ πρὸς Κόδρου καὶ
Μελάνθου, Ἀθηναῖοι δὲ ὄντες τὰ πρὸς μητρός. Ἴωσι δὲ τοῦ στόλου
μετασχόντες ἦσαν οἵδε Ἑλλήνων, Θηβαῖοί τε οἱ ὁμοῦ Φιλώτᾳ γεγονότι
ἀπογόνῳ Πηνέλεω καὶ Ὀρχομένιοι Μινύαι συγγενείᾳ τῶν Κόδρου παίδων·
(4) μετέσχον δὲ καὶ Φωκεῖς οἱ ἄλλοι πλὴν Δελφῶν καὶ Ἄβαντες ἐξ
Εὐβοίας. Τοῖς δὲ Φωκεῦσι Φιλογένης καὶ Δάμων οἱ Εὐκτήμονος Ἀθηναῖοι
ναῦς τε διδόασιν ἐς τὸν πλοῦν καὶ αὐτοί σφισιν ἐς τὴν ἀποικίαν
ἐγένοντο ἡγεμόνες· ὡς δὲ ταῖς ναυσὶν ἐς τὴν Ἀσίαν κατῆραν, ἐπ´ ἄλλην
ἐτρέποντο ἄλλοι τῶν ἐπὶ θαλάσσῃ πόλεων, Νειλεὺς δὲ καὶ ἡ σὺν αὐτῷ
μοῖρα ἐς Μίλητον. (5) Μιλήσιοι δὲ αὐτοὶ τοιάδε τὰ ἀρχαιότατά σφισιν
εἶναι λέγουσιν· ἐπὶ γενεὰς μὲν δύο Ἀνακτορίαν καλεῖσθαι τὴν γῆν
Ἄνακτός τε αὐτόχθονος καὶ Ἀστερίου βασιλεύοντος τοῦ Ἄνακτος, Μιλήτου
δὲ κατάραντος στόλῳ Κρητῶν ἥ τε γῆ τὸ ὄνομα μετέβαλεν ἀπὸ τοῦ
Μιλήτου καὶ ἡ πόλις. Ἀφίκετο δὲ ἐκ Κρήτης ὁ Μίλητος καὶ ὁ σὺν αὐτῷ
στρατὸς Μίνω τὸν Εὐρώπης φεύγοντες, οἱ δὲ Κᾶρες οἱ πρότερον
νεμόμενοι τὴν χώραν σύνοικοι τοῖς Κρησὶν ἐγένοντο· (6) τότε δὲ ὡς
ἐκράτησαν τῶν ἀρχαίων Μιλησίων οἱ Ἴωνες, τὸ μὲν γένος πᾶν τὸ ἄρσεν
ἀπέκτειναν πλὴν ὅσοι τῆς πόλεως ἁλισκομένης ἐκδιδράσκουσι, γυναῖκας
δὲ καὶ θυγατέρας τὰς ἐκείνων γαμοῦσι. Τοῦ δὲ Νειλέως ὁ τάφος ἰόντων
ἐς Διδύμους ἐστὶν οὐ πόρρω τῶν πυλῶν ἐν ἀριστερᾷ τῆς ὁδοῦ· τὸ δὲ
ἱερὸν τὸ ἐν Διδύμοις τοῦ Ἀπόλλωνος καὶ τὸ μαντεῖόν ἐστιν ἀρχαιότερον
ἢ κατὰ τὴν Ἰώνων ἐσοίκησιν, πολλῷ δὲ πρεσβύτερα ἔτι ἢ κατὰ Ἴωνας τὰ
ἐς τὴν Ἄρτεμιν τὴν Ἐφεσίαν ἐστίν. (7) Οὐ μὴν πάντα γε τὰ ἐς τὴν θεὸν
ἐπύθετο ἐμοὶ δοκεῖν Πίνδαρος, ὃς Ἀμαζόνας τὸ ἱερὸν ἔφη τοῦτο
ἱδρύσασθαι στρατευομένας ἐπὶ Ἀθήνας τε καὶ Θησέα. Αἱ δὲ ἀπὸ
Θερμώδοντος γυναῖκες ἔθυσαν μὲν καὶ τότε τῇ Ἐφεσίᾳ θεῷ, ἅτε
ἐπιστάμεναι {τε} ἐκ παλαιοῦ τὸ ἱερόν, καὶ ἡνίκα Ἡρακλέα ἔφυγον, αἱ
δὲ καὶ Διόνυσον τὰ ἔτι ἀρχαιότερα, ἱκέτιδες ἐνταῦθα ἐλθοῦσαι· οὐ μὴν
ὑπὸ Ἀμαζόνων γε ἱδρύθη, Κόρησος δὲ αὐτόχθων καὶ Ἔφεσος - Καΰστρου δὲ
τοῦ ποταμοῦ τὸν Ἔφεσον παῖδα εἶναι νομίζουσιν -, οὗτοι τὸ ἱερόν
εἰσιν οἱ ἱδρυσάμενοι, καὶ ἀπὸ τοῦ Ἐφέσου τὸ ὄνομά ἐστι τῇ πόλει. (8)
Λέλεγες δὲ τοῦ Καρικοῦ μοῖρα καὶ Λυδῶν τὸ πολὺ οἱ νεμόμενοι τὴν
χώραν ἦσαν· ᾤκουν δὲ καὶ περὶ τὸ ἱερὸν ἄλλοι τε ἱκεσίας ἕνεκα καὶ
γυναῖκες τοῦ Ἀμαζόνων γένους. Ἄνδροκλος δὲ ὁ Κόδρου - οὗτος γὰρ δὴ
ἀπεδέδεικτο Ἰώνων τῶν ἐς Ἔφεσον πλευσάντων βασιλεύς - Λέλεγας μὲν
καὶ Λυδοὺς τὴν ἄνω πόλιν ἔχοντας ἐξέβαλεν ἐκ τῆς χώρας· τοῖς δὲ περὶ
τὸ ἱερὸν οἰκοῦσι δεῖμα ἦν οὐδέν, ἀλλὰ Ἴωσιν ὅρκους δόντες καὶ ἀνὰ
μέρος παρ´ αὐτῶν λαβόντες ἐκτὸς ἦσαν πολέμου. Ἀφείλετο δὲ καὶ Σάμον
Ἄνδροκλος Σαμίους, καὶ ἔσχον Ἐφέσιοι χρόνον τινὰ Σάμον καὶ τὰς
προσεχεῖς νήσους· (9) Σαμίων δὲ ἤδη κατεληλυθότων ἐπὶ τὰ οἰκεῖα
Πριηνεῦσιν ἤμυνεν ἐπὶ τοὺς Κᾶρας ὁ Ἄνδροκλος, καὶ νικῶντος τοῦ
Ἑλληνικοῦ ἔπεσεν ἐν τῇ μάχῃ. Ἐφέσιοι δὲ ἀνελόμενοι τοῦ Ἀνδρόκλου τὸν
νεκρὸν ἔθαψαν τῆς σφετέρας ἔνθα δείκνυται καὶ ἐς ἐμὲ ἔτι τὸ μνῆμα
κατὰ τὴν ὁδὸν τὴν ἐκ τοῦ ἱεροῦ παρὰ τὸ Ὀλυμπιεῖον καὶ ἐπὶ πύλας τὰς
Μαγνήτιδας· ἐπίθημα δὲ τῷ μνήματι ἀνήρ ἐστιν ὡπλισμένος. (10) Οἱ δὲ
Ἴωνες οἱ Μυοῦντα ἐσοικισάμενοι καὶ Πριήνην, Κᾶρας μὲν καὶ οὗτοι τὰς
πόλεις ἀφείλοντο· οἰκισταὶ δὲ Μυοῦντος μὲν Κυάρητος ἐγένετο ὁ
Κόδρου, Πριηνεῖς δὲ Ἴωσιν ἀναμεμιγμένοι Θηβαῖοι Φιλώταν τε τὸν
ἀπόγονον Πηνέλεω καὶ Αἴπυτον Νειλέως παῖδα ἔσχον οἰκιστάς. Πριηνεῖς
μὲν δὴ ὑπὸ Ταβούτου τε τοῦ Πέρσου καὶ ὕστερον ὑπὸ Ἱέρωνος ἀνδρὸς
ἐπιχωρίου κακωθέντες ἐς τὸ ἔσχατον ὅμως τελοῦσιν ἐς Ἴωνας· Μυοῦντος
δὲ οἱ οἰκήτορες ἐπὶ τύχῃ τοιᾷδε ἐξέλιπον τὴν πόλιν. (11) Κατὰ τὴν
Μυουσίαν χώραν θαλάσσης κόλπος ἐσεῖχεν οὐ μέγας· τοῦτον λίμνην ὁ
ποταμὸς ἐποίησεν ὁ Μαίανδρος, ἀποτεμόμενος τὸν ἔσπλουν τῇ ἰλύι· ὡς
δὲ ἐνόστησε τὸ ὕδωρ καὶ οὐκέτι ἦν θάλασσα, οἱ κώνωπες ἄπειρον πλῆθος
ἐγίνοντο ἐκ τῆς λίμνης, ἐς ὃ τοὺς ἀνθρώπους ἠνάγκασαν ἐκλιπεῖν τὴν
πόλιν. Ἀπεχώρησαν δὲ ἐς Μίλητον Μυούσιοι τά τε ἄλλα ἀγώγιμα καὶ τῶν
θεῶν φερόμενοι τὰ ἀγάλματα, καὶ ἦν κατ´ ἐμὲ οὐδὲν ἐν Μυοῦντι ὅτι μὴ
Διονύσου ναὸς λίθου λευκοῦ· Μυουσίοις δέ γε κατέλαβεν ἐοικότα καὶ
Ἀταρνείτας παθεῖν τοὺς ὑπὸ Περγάμῳ. |
CHAPITRE III.
Ville de Claros et Colophoniens. Lebédiens. Téos et
ses habitants. Érythréens. Clazoméniens et Phocéens.
1. LES Colophoniens croient que le temple
de Claros et son oracle sont de la plus hante antiquité; ils disent
que lorsque les Cariens habitaient encore ce pays, il y vint des
Crétois qui avaient Rhacius pour chef, ils furent les premiers Grecs
qui y abordèrent. Ils se rendirent maîtres des côtes par le moyen de
leurs vaisseaux, et devinrent assez puissants ; mais les Cariens
occupaient encore la plus grande partie du pays. Thersandre, fils de
Polynice, et les Argiens s'étant emparés de Thèbes, envoyèrent à
Delphes, et consacrèrent à Apollon plusieurs captifs, entre autres
Manto, fille de Tirésias ; Tirésias lui-même était mort en chemin
dans le pays d'Haliarte. 2. Le dieu ayant ordonné à ces captifs d'aller
fonder une colonie, ils s'embarquèrent et passèrent en Asie ;
lorsqu'ils furent arrivés vers Claros, les Crétois prirent les
armes, marchèrent contre eux, et les amenèrent à Rhacius, qui,
lorsqu'il eut appris de Manto d'où ils venaient et quelle était la
cause de leur voyage, prit Manto pour épouse, et admit ceux qui
l'accompagnaient parmi ses sujets. Mopsus, fils de Rhacius et de
Manto, expulsa entièrement les Cariens du pays. 3. Les Ioniens s'étant
liés par des serments avec les Grecs qui étaient à Colophone,
formèrent un seul état avec eux sans exiger aucune préférence; on
décerna la royauté à Damasichthon et à Prométhus, fils de Codrus,
chefs des Ioniens. Prométhus, dans la suite ayant tué Damasichthon,
son frère, s'enfuit à Naxos où il finit ses jours; 4. on rapporta à
Colophone son corps qui fut reçu par les fils de Damasichthon,
l'endroit où est son tombeau se nomme Polytichides. J'ai déjà dit en
parlant de Lysimaque, comment les Colophoniens se virent forcés
d'abandonner leur ville; de tous ceux que Lysimaque avait établis à
Éphèse, ils étaient les seuls qui eussent pris les armes contre les
Macédoniens et contre lui ; le tombeau des Colophoniens et des
Smyrnéens qui furent tués dans cette occasion, se voit en allant à
Claros, a gauche du chemin. 5. Lysimaque détruisit aussi la ville de
Lébédos, pour augmenter la puissance de celle d'Éphèse. Le
territoire de Lébédos est très fertile ; on y trouve sur les bords
de la mer des bains chauds très nombreux et très agréables. Les
Cariens occupèrent aussi Lébédos depuis sa fondation, jusqu'au temps
où les Ioniens commandés par Andrémon, fils de Codrus, les en
cassèrent. Le tombeau d'Andrémon est à gauche du chemin de
Colophone à Téos, un peu au-delà du fleuve Calaon. 6. Téos était
habitée par des Minyens d'Orchomène, qui y étaient venus avec
Athamas ; cet Athamas descendait, à ce qu'on dit, d'Athamas, fils
d'Éolus ; les Cariens y étaient aussi mélangés avec les Grecs.
Apécus, descendant de Mélanthus à la quatrième génération, y amena
des Ioniens qui ne cherchèrent à inquiéter ni les Orchoméniens ni
les anciens Téiens. Peu d'années après, quelques Athéniens et
quelques Béotiens y vinrent aussi ; les première avaient pour chefs
Damasus et Nauclus, fils de Codrus ; et les Béotiens, Gérés aussi
Béotien. Apécus et les Téiens voulurent bien les recevoir tous au
nombre de leurs concitoyens. 7. Les Érythréens se prétendent
originaires de l'île de Crète, d'où ils étaient venus avec Erythras,
fils de Rhadamanthe ; ils disent que cet Erythras fut le fondateur
de leur ville ; les Lyciens, les Cariens et les Pamphyliens y
demeuraient conjointement avec les Crétois; les Lyciens parce qu'ils
étaient Crétois d'origine, descendants de ceux qui avaient quitté
cette île avec Sarpédon ; les Cariens à cause de leurs anciennes
liaisons avec Minos ; et les Pamphyliens, parce qu'ils étaient Grecs
d'origine : ils descendaient en effet de ceux qui, après le siège de
Troie, errèrent quelque temps avec Calchas. Erythres étant ainsi
habitée par tous ces peuples, Cnopus, fils de Codrus, y amena aussi
des habitants qu'il avait emmenés de toutes les villes de l'Ionie,
je ne sais combien de chacune. 8. Clazomènes et Phocée, n'existaient
point avant l'arrivée des Ioniens dans l'Asie ; quelques-uns de ces
Ioniens se trouvant errants, demandèrent aux Colophoniens Parphorus
pour chef; et ayant fondé une ville au pied du mont Ida, ils
l'abandonnèrent bientôt ; étant retournés dans l'Ionie, ils
fondèrent Scyppium dans le pays de Colophone. 9. Ils la quittèrent
aussi volontairement, et ils allèrent s'établir dans l'endroit ou
ils sont encore maintenant; ils y bâtirent sur le continent la ville
de Clazomènes, et ils passèrent dans l'île voisine dans la crainte
des Perses. Plus tard, Alexandre, fils de Philippe, réunit par une
jetée cette île au continent. Ces Clazoméniens étaient pour la
plupart, non des Ioniens, mais des habitants de Cléones et de
Phlionte, qui avaient abandonné leurs villes lors du retour des
Doriens dans le Péloponnèse. 10. Les Phocéens tirent leur origine de la
contrée au-dessous du Parnasse, qui porte encore maintenant le nom
de Phocide ; ils passèrent en Asie avec Philogènes et Damon,
Athéniens ; ils ne s'emparèrent pas du pays où ils sont, par la voie
des armes ; mais les Cuméens le leur cédèrent par un traité. Les
Ioniens n'ayant pas voulu les admettre dans le Panionium, qu'ils
n'eussent pris des rois de la famille de Codrus, ils firent venir
d'Erythres et de Téos, Étès, Périclus et Abartus. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Γ'
Κλάρος καὶ Κολοφώνιοι. Λεβέδοι. Τέως καὶ
οἰκοῦντες αὐτήν. Ἐρυθραῖοι. Κλαζομένοι καὶ Φωκαεῖς.
(1) Κολοφώνιοι δὲ τὸ μὲν ἱερὸν τὸ ἐν
Κλάρῳ καὶ τὸ μαντεῖον ἐκ παλαιοτάτου γενέσθαι νομίζουσιν· ἐχόντων δὲ
ἔτι τὴν γῆν Καρῶν ἀφικέσθαι φασὶν ἐς αὐτὴν πρώτους τοῦ Ἑλληνικοῦ
Κρῆτας, Ῥάκιον καὶ ὅσον εἵπετο ἄλλο τῷ Ῥακίῳ {καὶ ὅσον ἔτι} πλῆθος,
ἔχον τὰ ἐπὶ θαλάσσῃ καὶ ναυσὶν ἰσχῦον· τῆς δὲ χώρας τὴν πολλὴν
ἐνέμοντο ἔτι οἱ Κᾶρες. Θερσάνδρου δὲ τοῦ Πολυνείκους καὶ Ἀργείων
ἑλόντων Θήβας {καὶ} ἄλλοι τε αἰχμάλωτοι καὶ ἡ Μαντὼ τῷ Ἀπόλλωνι
ἐκομίσθησαν ἐς Δελφούς· Τειρεσίαν δὲ κατὰ τὴν πορείαν τὸ χρεὼν
ἐπέλαβεν ἐν τῇ Ἁλιαρτίᾳ. (2) Ἐκπέμψαντος δὲ σφᾶς ἐς ἀποικίαν τοῦ
θεοῦ, περαιοῦνται ναυσὶν ἐς τὴν Ἀσίαν, καὶ ὡς κατὰ τὴν Κλάρον
ἐγένοντο, ἐπεξίασιν αὐτοῖς οἱ Κρῆτες μετὰ ὅπλων καὶ ἀνάγουσιν ὡς τὸν
Ῥάκιον· ὁ δὲ - μανθάνει γὰρ παρὰ τῆς Μαντοῦς οἵτινές τε ἀνθρώπων
ὄντες καὶ κατὰ αἰτίαν ἥντινα ἥκουσι - λαμβάνει μὲν γυναῖκα τὴν
Μαντώ, ποιεῖται δὲ καὶ τοὺς σὺν αὐτῇ συνοίκους. Μόψος δὲ ὁ Ῥακίου
καὶ Μαντοῦς καὶ τὸ παράπαν τοὺς Κᾶρας ἐξέβαλεν ἐκ τῆς γῆς. (3) Ἴωνες
δὲ ὅρκους ποιησάμενοι πρὸς τοὺς ἐν Κολοφῶνι Ἕλληνας συνεπολιτεύοντο,
οὐδὲν ἔχοντες πλέον· βασιλείαν δὲ Ἰώνων ἡγεμόνες Δαμασίχθων λαμβάνει
καὶ Πρόμηθος Κόδρου παῖδες. Πρόμηθος δὲ ὕστερον τὸν ἀδελφὸν
Δαμασίχθονα ἀποκτείνας ἔφυγεν ἐς Νάξον, καὶ ἀπέθανε μὲν αὐτόθι ἐν τῇ
Νάξῳ, τὸν νεκρὸν δὲ οἴκαδε ἀπαχθέντα κατεδέξαντο οἱ Δαμασίχθονος
παῖδες· καὶ ἔνθα ὁ τοῦ Προμήθου τάφος, Πολυτειχίδες ὄνομά ἐστι τῷ
χωρίῳ. (4) Κολοφωνίοις δὲ ὅπως μὲν τὴν πόλιν συνέπεσεν ἐρημωθῆναι,
προεδήλωσέ μοι τοῦ λόγου τὰ ἐς Λυσίμαχον· ἐμαχέσαντο δὲ Λυσιμάχῳ καὶ
Μακεδόσι Κολοφώνιοι τῶν ἀνοικισθέντων ἐς Ἔφεσον μόνοι, τοῖς δὲ
ἀποθανοῦσιν ἐν τῇ μάχῃ Κολοφωνίων τε αὐτῶν καὶ Σμυρναίων ἐστὶν ὁ
τάφος ἰόντι ἐς Κλάρον ἐν ἀριστερᾷ τῆς ὁδοῦ. (5) Λεβεδίοις δὲ ἐποίησε
μὲν Λυσίμαχος ἀνάστατον τὴν πόλιν, ἵνα δὴ συντέλεια ἐς μέγεθος τῇ
Ἐφέσῳ γένοιτο· χώρα δέ σφισιν ἔς τε τὰ λοιπά ἐστιν εὐδαίμων καὶ
λουτρὰ παρέχεται θερμὰ πλεῖστα τῶν ἐπὶ θαλάσσῃ καὶ ἥδιστα. Τὸ δὲ ἐξ
ἀρχῆς καὶ τὴν Λέβεδον ἐνέμοντο οἱ Κᾶρες, ἐς ὃ Ἀνδραίμων σφᾶς ὁ
Κόδρου καὶ Ἴωνες ἐλαύνουσι. Τῷ δὲ Ἀνδραίμονι ὁ τάφος ἐκ Κολοφῶνος
ἰόντι ἐστὶν ἐν ἀριστερᾷ τῆς ὁδοῦ, διαβάντι τὸν Καλάοντα ποταμόν. (6)
Τέων δὲ ᾤκουν μὲν Ὀρχομένιοι Μινύαι σὺν Ἀθάμαντι ἐς αὐτὴν ἐλθόντες·
λέγεται δὲ ὁ Ἀθάμας οὗτος ἀπόγονος Ἀθάμαντος εἶναι τοῦ Αἰόλου.
Ἀναμεμιγμένοι μὲν τῷ Ἑλληνικῷ καὶ ἐνταῦθα ἦσαν οἱ Κᾶρες· ἐσήγαγε δὲ
Ἴωνας ἐς τὴν Τέων Ἄποικος ἀπόγονος Μελάνθου τέταρτος, ὃς τοῖς
Ὀρχομενίοις οὐδὲ τοῖς Τηίοις νεώτερον ἐβούλευσεν οὐδέν. Ἔτεσι δὲ οὐ
πολλοῖς ὕστερον ἔκ τε Ἀθηναίων καὶ ἐκ Βοιωτίας ἀφίκοντο ἄνδρες·
ἡγοῦντο δὲ τοῦ μὲν Ἀττικοῦ Δάμασος καὶ Νάοκλος Κόδρου παῖδες, τῶν δὲ
Βοιωτῶν Γέρης Βοιωτός· καὶ σφᾶς συναμφοτέρους ὅ τε Ἄποικος καὶ οἱ
Τήιοι συνοίκους ἐδέξαντο. (7) Ἐρυθραῖοι δὲ τὸ μὲν ἐξ ἀρχῆς ἀφικέσθαι
σὺν Ἐρύθρῳ τῷ Ῥαδαμάνθυός φασιν ἐκ Κρήτης καὶ οἰκιστὴν τῇ πόλει
γενέσθαι τὸν Ἔρυθρον· ἐχόντων δὲ αὐτὴν ὁμοῦ τοῖς Κρησὶ Λυκίων καὶ
Καρῶν τε καὶ Παμφύλων, Λυκίων μὲν κατὰ συγγένειαν τὴν Κρητῶν - καὶ
γὰρ οἱ Λύκιοι τὸ ἀρχαῖόν εἰσιν ἐκ Κρήτης, οἳ Σαρπηδόνι ὁμοῦ ἔφυγον
-, Καρῶν δὲ κατὰ φιλίαν ἐκ παλαιοῦ πρὸς Μίνω, Παμφύλων δὲ ὅτι γένους
μέτεστιν Ἑλληνικοῦ καὶ τούτοις - εἰσὶ γὰρ δὴ καὶ οἱ Πάμφυλοι τῶν
μετὰ ἅλωσιν Ἰλίου πλανηθέντων σὺν Κάλχαντι -, τούτων τῶν
κατειλεγμένων ἐχόντων Ἐρυθράς, Κλέοπος ὁ Κόδρου συλλέξας ἐξ ἁπασῶν
τῶν ἐν Ἰωνίᾳ πόλεων ὅσους δὴ παρὰ ἑκάστων ἐπεισήγαγεν Ἐρυθραίοις
συνοίκους. (8) Κλαζομενίοις δὲ καὶ Φωκαεῦσι, πρὶν μὲν ἢ Ἴωνας ἐς τὴν
Ἀσίαν ἐλθεῖν, οὐκ ᾠκοῦντο αἱ πόλεις· Ἰώνων δὲ ἀφικομένων μοῖρα ἐξ
αὐτῶν πλανωμένη μετεπέμψατο ἡγεμόνα παρὰ Κολοφωνίων Πάρφορον, καὶ
πόλιν κτίσαντες ὑπὸ τῇ Ἴδῃ τὴν μὲν οὐ μετὰ πολὺ ἐκλείπουσιν,
ἐπανιόντες δὲ ἐς Ἰωνίαν Σκύππιον τῆς Κολοφωνίας ἔκτισαν. (9)
Ἀπελθόντες δὲ ἑκουσίως καὶ ἐκ τῆς Κολοφωνίας, οὕτω γῆν τε ἔσχον, ἣν
καὶ νῦν ἔτι ἔχουσι, καὶ κατεσκευάσαντο ἐν τῇ ἠπείρῳ Κλαζομενὰς
πόλιν· ἐς δὲ τὴν νῆσον διέβησαν δὴ κατὰ τὸ Περσῶν δέος. Ἀλέξανδρος
δὲ ἀνὰ χρόνον ἔμελλεν ὁ Φιλίππου χερρόνησον Κλαζομενὰς ἐργάσεσθαι
χώματι ἐς τὴν νῆσον ἐκ τῆς ἠπείρου. Τούτων τῶν Κλαζομενίων τὸ πολὺ
οὐκ Ἴωνες, Κλεωναῖοι δὲ ἦσαν καὶ ἐκ Φλιοῦντος, ὅσοι Δωριέων ἐς
Πελοπόννησον κατελθόντων ἐξέλιπον τὰς πόλεις· (10) οἱ δὲ Φωκαεῖς
γένος μὲν τὸ ἀνέκαθέν εἰσιν ἐκ τῆς ὑπὸ τῷ Παρνασσῷ καλουμένης καὶ ἐς
ἡμᾶς ἔτι Φωκίδος, οἳ Φιλογένει καὶ Δάμωνι ὁμοῦ τοῖς Ἀθηναίοις
διέβησαν ἐς τὴν Ἀσίαν. Τὴν χώραν δὲ οὐ πολέμῳ, κατὰ δὲ ὁμολογίαν
λαμβάνουσι παρὰ Κυμαίων· Ἰώνων δὲ οὐ δεχομένων σφᾶς ἐς Πανιώνιον
πρὶν ἢ τοῦ γένους βασιλέας τοῦ Κοδριδῶν λάβωσιν, οὕτω παρὰ Ἐρυθραίων
καὶ ἐκ Τέω Δεοίτην καὶ Πέρικλον λαμβάνουσι καὶ Ἄβαρτον. |
CHAPITRE IV.
Villes des Ioniens dans les îles de Samos et de Chios. Emblèmes de
Samos et de Samie. Les habitants de Samos. Samothrace. Junon
Samienne. Dédale. Origine du nom de Chios et ses habitants.
1. LES villes que les Ioniens ont dans
les îles sont Samos, au-dessus de Mycale, et Chios, vis-à-vis
le mont Mimas. Asius de Samos, fils d'Amphiptolémus, dit, dans ses
vers, que Phénix eut de Périmède, fille d'Oenée, deux filles,
Astypalée et Europe. De Neptune et d'Astypalée, naquit Ancée, qui
fut roi des Lélèges ; il épousa Samia, fille du fleuve Méandre, et
il en eut plusieurs enfants, savoir : Périlaüs, Enoudus, Samus,
Alithersès et une fille nommée Parthénopé; Lycomède était fils
d'Apollon et de Parthénopé, fille d'Ancée. 2. Voilà tout ce que dit
Asius dans ses vers. Ceux qui habitaient cette île à l'époque dont
nous parlons, reçurent
les Ioniens parmi eux, plutôt par force que
par amitié ; ces Ioniens avaient pour chef Proclès, fils de
Pityréus, Épidauriens lui-même, ainsi que la plupart de ceux qu'il
avait sous ses ordres ; ils avaient été chassés d'Épidaure par
Déiphonte et les Argiens. Ce Proclès descendait d'Ion, fils de
Xanthius; Androclus et les Éphésiens allèrent attaquer Léogorus,
fils de Proclès, qui était devenu roi après son père, et l'ayant
défait, ils chassèrent les Samiens de leur île, les accusant de
s'entendre avec les Cariens contre les Ioniens. 3. De ces fugitifs,
les uns s'établirent à Dardanie, île voisine de la Thrace, qui prit
d'eux le nom de Samothrace, les autres passèrent avec Léogorus sur
le continent voisin où ils se réfugièrent dans un endroit nommé
Anéa qu'ils fortifièrent; dix ans après, ayant repassé à Samos, ils
en chassèrent les Éphésiens et se remirent en possession de leur
île. 4. Quelques personnes disent que le temple de Junon qui est à
Samos, a été érigé par les Argonautes, et qu'ils avaient apporté
d'Argos la statue de la déesse ; mais les Samiens disent que Junon
est née dans leur île, vers le fleuve Imbrasus, et sous un saule
qu'on voit encore maintenant dans l'enceinte de son temple ; ils
croient que ce temple est extrêmement ancien, opinion fondée sur
l'origine même de la statue ; car elle est l'ouvrage de Smilis, fils
d'Euclide, d'Égine, et contemporain de Dédale, quoique bien moins
célèbre ; 5. Dédale en effet était né à Athènes, de la famille
royale, de la branche des Métionides, ce qui avec ses voyages et ses
malheurs ne contribua pas moins que son talent à répandre partout
son nom ; car ayant tué le fils de sa sœur, et connaissant les lois
de sa patrie, il s'exila volontairement, et se retira dans l'île de
Crète auprès de Minos ; il y fit plusieurs statues tant pour lui que
pour ses filles, comme le dit Homère dans l'Iliade. 6. Minos l'ayant
jugé coupable de quelque crime, le mit en prison avec son fils, mais
il trouva moyen de s'échapper, et se réfugia à Inyque en Sicile,
vers Cocalus, ce qui occasionna une grande guerre entre les
Siciliens et les Crétois, parce que Cocalus ne voulut pas le livrer
à Minos, qui le redemandait. Son talent le fit tellement chérir des
filles de Cocalus, qu'à cause de lui, elles tramèrent la mort de
Minos. 7. Il est évident d'après cela, que son nom dut se répandre
dans toute la Sicile et dans la plus grande partie de l'Italie ;
quant à Smilis, on ne voit pas qu'il ait fait d'autres voyages qu'à
Samos et dans l'Élide ; ce fut dans son voyage à Samos, qu'il fît la
statue de Junon.
8. Voici ce qu'Ion, poète tragique,
dit dans son ouvrage sur Chios. Neptune vint dans cette île alors
déserte, où il eut commerce avec une nymphe; ce fut à cause de la
neige (chion) qui tomba au moment des couches de cette nymphe, que
Neptune donna le nom de Chios à cet enfant. Il eut ensuite commerce
avec une autre nymphe qui lui donna deux fils, Angélus et Mêlas.
Dans la suite Enopion passa avec quelques vaisseaux de l'île de
Crète dans celle de Chios ; il y amena ses fils, Talus, Evanthès,
Mélas, Salagus et Athamas; il y vint aussi sous le règne d'Oenopion,
des Cariens et des Abantes de l'Eubée. 9. Les fils d'Oenopion étant
morts, la couronne passa à Amphiclus qui était Venu d'Histiée dans
l'Eubée, par ordre de l'oracle de Delphes. Hector, descendant
d'Amphiclus à la quatrième génération, et roi de l'île, fit la
guerre à ceux des Abantes et des Cariens qui y demeuraient, en tua
une partie dans différents combats, et força les autres à capituler
et à quitter le pays. 10. La guerre étant terminée, Hector se
souvint qu'il fallait que les habitants de Chios se réunissent aux
Ioniens pour sacrifier dans le Panionium ; la confédération Ionienne
lui donna, à ce qu'on dit, un trépied comme prix de sa valeur. Voilà
ce que j'ai trouvé dans Ion, sur les habitants de Chios ; mais il ne
nous dit pas par quelle raison ils font partie des Ioniens.
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ΗΕΦΑΛΑΙΟΝ Δ'.
Ἰώνων πόλεις ἐν Σάμῳ καὶ Χίῳ νήσοις. Σάμον καὶ
Σαμίας ἐμβλήματα. Οἱ τὴν Σάμον οἰκοῦντες. Σαμουρᾷκη. Ἡ ἐν Σάμῳ
Ἧρα. Δαίδαλος. Αἰτία τοῦ τῆς Χίου ὀνόματος, καὶ οἰκοῦντες
αὐτήν.
(1) αἱ δὲ ἐν ταῖς νήσοις εἰσὶν Ἰώνων
πόλεις Σάμος ἡ ὑπὲρ Μυκάλης καὶ Χίος ἡ ἀπαντικρὺ τοῦ Μίμαντος. Ἄσιος
δὲ ὁ Ἀμφιπτολέμου Σάμιος ἐποίησεν ἐν τοῖς ἔπεσιν ὡς Φοίνικι ἐκ
Περιμήδης τῆς Οἰνέως γένοιτο Ἀστυπάλαια καὶ Εὐρώπη, Ποσειδῶνος δὲ
καὶ Ἀστυπαλαίας εἶναι παῖδα Ἀγκαῖον, βασιλεύειν δὲ αὐτὸν τῶν
καλουμένων Λελέγων· Ἀγκαίῳ δὲ τὴν θυγατέρα τοῦ ποταμοῦ λαβόντι τοῦ
Μαιάνδρου Σαμίαν γενέσθαι Περίλαον καὶ Ἔνουδον καὶ Σάμον καὶ
Ἀλιθέρσην καὶ θυγατέρα ἐπ´ αὐτῷ Παρθενόπην, Παρθενόπης δὲ τῆς
Ἀγκαίου καὶ Ἀπόλλωνος Λυκομήδην γενέσθαι. (2) Ἄσιος μὲν ἐς τοσοῦτο
ἐν τοῖς ἔπεσιν ἐδήλωσε· τότε δὲ οἱ τὴν νῆσον οἰκοῦντες ἀνάγκῃ πλέον
ἐδέξαντο ἢ εὐνοίᾳ συνοίκους Ἴωνας. Ἡγεμὼν δὲ ἦν τοῖς Ἴωσι Προκλῆς ὁ
Πιτυρέως, αὐτός τε Ἐπιδαύριος καὶ Ἐπιδαυρίους {ἦν} τὸ πολὺ ἄγων, οἳ
ὑπὸ Δηιφόντου καὶ Ἀργείων ἐκ τῆς Ἐπιδαυρίας ἐξεπεπτώκεσαν· τούτῳ τῷ
Προκλεῖ γένος ἦν ἀπὸ Ἴωνος τοῦ Ξούθου. Ἄνδροκλος δὲ καὶ Ἐφέσιοι
στρατεύουσιν ἐπὶ Λεώγορον τὸν Προκλέους, βασιλεύοντα μετὰ τὸν πατέρα
ἐν Σάμῳ, καὶ μάχῃ νικήσαντες ἐξελαύνουσιν ἐκ τῆς νήσου Σαμίους·
αἰτίαν δὲ ἐπέφερον μετὰ Καρῶν σφᾶς ἐπιβουλεύειν Ἴωσι. (3) Σαμίων δὲ
τῶν φευγόντων οἱ μὲν ἐπὶ τῇ Θρᾴκῃ νῆσον ᾤκησαν, καὶ ἀπὸ τούτων τῆς
ἐνοικήσεως Σαμοθρᾴκην τὴν νῆσον καλοῦσιν ἀντὶ Δαρδανίας· οἱ δὲ ὁμοῦ
Λεωγόρῳ περὶ Ἀναίαν τὴν ἐν τῇ ἠπείρῳ τῇ πέραν βαλόμενοι τεῖχος, δέκα
ἔτεσιν ὕστερον διαβάντες ἐν τῇ Σάμῳ τούς τε Ἐφεσίους ἐκβάλλουσι καὶ
ἀνεσώσαντο τὴν νῆσον. (4) Τὸ δὲ ἱερὸν τὸ ἐν Σάμῳ τῆς Ἥρας εἰσὶν οἳ
ἱδρύσασθαί φασι τοὺς ἐν τῇ Ἀργοῖ πλέοντας, ἐπάγεσθαι δὲ αὐτοὺς τὸ
ἄγαλμα ἐξ Ἄργους· Σάμιοι δὲ αὐτοὶ τεχθῆναι νομίζουσιν ἐν τῇ νήσῳ τὴν
θεὸν παρὰ τῷ Ἰμβράσῳ ποταμῷ καὶ ὑπὸ τῇ λύγῳ τῇ ἐν τῷ Ἡραίῳ κατ´ ἐμὲ
ἔτι πεφυκυίᾳ. Εἶναι δ´ οὖν τὸ ἱερὸν τοῦτο ἐν τοῖς μάλιστα ἀρχαῖον
{ὃ} οὐχ ἥκιστα ἄν τις καὶ ἐπὶ τῷ ἀγάλματι τεκμαίροιτο· ἔστι γὰρ δὴ
ἀνδρὸς ἔργον Αἰγινήτου Σμίλιδος τοῦ Εὐκλείδου. Οὗτος ὁ Σμῖλίς ἐστιν
ἡλικίαν κατὰ Δαίδαλον, δόξης δὲ οὐκ ἐς τὸ ἴσον ἀφίκετο· (5) Δαιδάλῳ
μὲν γὰρ γένους τε Ἀθήνῃσιν ὑπῆρχεν εἶναι τοῦ βασιλικοῦ τῶν
καλουμένων Μητιονιδῶν καὶ ὁμοῦ τῇ τέχνῃ τῆς πλάνης τε ἕνεκα καὶ ἐπὶ
ταῖς συμφοραῖς ἐπιφανέστερος ἐγένετο ἐς ἅπαντας ἀνθρώπους.
Ἀποκτείνας μὲν ἀδελφῆς παῖδα καὶ ἐπιστάμενος τὰ οἴκοι νόμιμα
ἑκουσίως παρὰ Μίνω ἔφυγεν ἐς Κρήτην, καὶ αὐτῷ τε ἀγάλματα Μίνῳ καὶ
τοῦ Μίνω ταῖς θυγατράσιν ἐποίησε, καθότι καὶ Ὅμηρος ἐν Ἰλιάδι
ἐδήλωσε· (6) καταγνωσθεὶς δὲ ἀδικεῖν ὑπὸ τοῦ Μίνω καὶ ἐς δεσμωτήριον
ὁμοῦ τῷ παιδὶ ἐμβληθεὶς ἐκδιδράσκει τε ἐκ Κρήτης καὶ ἐς Ἴνυκον
Σικελῶν πόλιν ἀφικνεῖται παρὰ Κώκαλον, καὶ πολέμου παρέσχε τοῖς
Σικελοῖς αἰτίαν πρὸς τοὺς Κρῆτας, ὅτι ἐξαιτοῦντος Μίνω μὴ πρόοιτο
αὐτὸν ὁ Κώκαλος· καὶ ἐς τοσοῦτο ὑπὸ τοῦ Κωκάλου τῶν θυγατέρων
ἐσπουδάσθη κατὰ τὴν τέχνην, ὡς καὶ θάνατον τῷ Μίνῳ βουλεῦσαι τὰς
γυναῖκας ἐς χάριν Δαιδάλου. (7) Δῆλά τε ὡς ἀνὰ πᾶσαν μὲν τὴν
Σικελίαν, ἐπὶ πλεῖστον δὲ καὶ Ἰταλίας ἀφίκετο τοῦ Δαιδάλου τὸ ὄνομα.
Ὁ δὲ Σμῖλις, ὅτι μὴ παρὰ Σαμίους καὶ ἐς τὴν Ἠλείαν, παρ´ ἄλλους γε
οὐδένας φανερός ἐστιν ἀποδημήσας· ἐς τούτους δὲ ἀφίκετο, καὶ τὸ
ἄγαλμα ἐν Σάμῳ τῆς Ἥρας ὁ ποιήσας ἐστὶν οὗτος. (8) - - - Ἴωνι δὲ τῷ
ποιήσαντι τραγῳδίαν ἐστὶν ἐν τῇ συγγραφῇ τοιάδε εἰρημένα, Ποσειδῶνα
ἐς τὴν νῆσον ἔρημον οὖσαν ἀφικέσθαι καὶ νύμφῃ τε ἐνταῦθα συγγενέσθαι
καὶ ὑπὸ τὰς ὠδῖνας τῆς νύμφης χιόνα ἐξ οὐρανοῦ πεσεῖν ἐς τὴν γῆν,
καὶ ἀπὸ τούτου Ποσειδῶνα τῷ παιδὶ ὄνομα θέσθαι Χίον· συγγενέσθαι δὲ
αὐτὸν καὶ ἑτέρᾳ νύμφῃ, καὶ γενέσθαι οἱ παῖδας Ἄγελόν τε καὶ Μέλανα·
ἀνὰ χρόνον δὲ καὶ Οἰνοπίωνα ἐς τὴν Χίον κατᾶραι ναυσὶν ἐκ Κρήτης,
ἕπεσθαι δέ οἱ καὶ τοὺς παῖδας Τάλον καὶ Εὐάνθην καὶ Μέλανα καὶ
Σάλαγόν τε καὶ Ἀθάμαντα. Ἀφίκοντο δὲ καὶ Κᾶρες ἐς τὴν νῆσον ἐπὶ τῆς
Οἰνοπίωνος βασιλείας καὶ Ἄβαντες ἐξ Εὐβοίας. Οἰνοπίωνος δὲ καὶ τῶν
παίδων ἔλαβεν ὕστερον Ἄμφικλος τὴν ἀρχήν· (9) ἀφίκετο δὲ ἐξ Ἱστιαίας
ὁ Ἄμφικλος τῆς ἐν Εὐβοίᾳ κατὰ μάντευμα ἐκ Δελφῶν. Ἕκτωρ δὲ ἀπὸ
Ἀμφίκλου τετάρτῃ γενεᾷ - βασιλείαν γὰρ ἔσχε καὶ οὗτος - ἐπολέμησεν
Ἀβάντων καὶ Καρῶν τοῖς οἰκοῦσιν ἐν τῇ νήσῳ, καὶ τοὺς μὲν ἀπέκτεινεν
ἐν ταῖς μάχαις, τοὺς δὲ ἀπελθεῖν ἠνάγκασεν ὑποσπόνδους. (10)
Γενομένης δὲ ἀπαλλαγῆς πολέμου Χίοις, ἀφικέσθαι τηνικαῦτα ἐς μνήμην
Ἕκτορι ὡς σφᾶς καὶ Ἴωσι δέοι συνθύειν ἐς Πανιώνιον· τρίποδα δὲ ἆθλον
λαβεῖν αὐτὸν ἐπὶ ἀνδραγαθίᾳ παρὰ τοῦ κοινοῦ φησι τοῦ Ἰώνων. Τοσαῦτα
εἰρηκότα ἐς Χίους Ἴωνα εὕρισκον· οὐ μέντοι ἐκεῖνό γε εἴρηκε, καθ´
ἥντινα αἰτίαν Χῖοι τελοῦσιν ἐς Ἴωνας. |
CHAPITRE V.
Nouvelle ville de Smyrne fondée par Alexandre, fils
de Philippe. Culte des Némèses. Situation de l'Ionie; ses temples
magnifiques. Temple d'Hercule à Érythres ; de Minerve à Priène et à
Érythres. Choses remarquables et Bains dans l'ionie. Caverne
d'Homère.
1. SMYRNE était autrefois une des
douze villes de d'Eolide ; elle était située dans l'endroit qu'on
nomme encore maintenant la vieille Ville. Des Ioniens venus par mer
de Colophone, l'enlevèrent aux Eoliens et la gardèrent. Dans la
suite des temps, les Ioniens admirent les Smyrnéens dans le
Panionium. La ville qu'ils habitent maintenant, a été fondée par
Alexandre, fils de Philippe, à cause d'un songe. 2. On raconte en
effet que chassant sur le mont Pagus, il s'écarta du reste de la
chasse, et arriva vers le temple des Némèses, devant lequel il y
avait une fontaine ombragée par un platane sous lequel il s'endormit
; on ajoute que les Némèses lui apparurent durant son sommeil, lui
ordonnèrent de bâtir une ville dans cet endroit, et de faire quitter
aux Smyrnéens leur ancienne ville pour venir s'y établir. 3. Les
Smyrnéens envoyèrent à Claros consulter l'oracle sur ce qu'ils
avoient à faire ; le dieu leur répondit, à ce qu'on prétend :
trois et quatre fois heureux ceux gui habitent Pagus au-delà du
divin Mêles. D'après cela, ils changèrent volontairement de
ville. Ils reconnaissent plusieurs Némèses au lieu d'une seule, et
leur donnent la Nuit pour mère ; les Athéniens disent que l'Océan
est père de Némèses, qu'ils adorent à Rhamnonte.
4. L'Ionie est le pays le plus
heureusement situé quant à la température des saisons ; elle
renferme des temples tels qu'on n'en voit nulle part ailleurs. Celui
de Diane d'Ephèse est le premier de tous, soit par la grandeur, soit
par la magnificence. Il y en a deux d'Apollon qui ne sont pas
terminés, l'un à Branchidès près Milet, et l'autre à Claros auprès
de Colophon ; deux autres temples de l'Ionie ont été brûlés par les
Perses; celui de Junon à Samos, et celui de Minerve à Phocée;
quoique endommagés par le feu, ils excitent encore l'admiration. 5.
On voit aussi avec plaisir celui d'Hercule à Erythres, et celui de
Minerve à Priène ; ce dernier à cause de sa statue, et celai
d'Hercule à cause de son antiquité ; la statue qui est érigée à ce
dieu, ne ressemble ni aux ouvrages qui portent le nom d'Egine, ni à
ceux de la plus ancienne école Attique ; elle est plutôt dans le
style Egyptien que dans tout autre; elle vint de Tyr en Phénicie sur
un radeau de bois ; les Erythréeens eux-mêmes n'en savent pas la
cause. 6. Lorsque ce radeau fut entré dans la mer d'Ionie, il aborda
au promontoire Mésaté, qui tient au continent, et qu'on trouve à
moitié chemin en allant par mer du port d'Erythres à l'île de Chios.
Lorsque le radeau eut touché à ce promontoire, les Erythréens d'un
côté, les habitants de Chios de l'autre, se donnaient beaucoup de
peine par l'empressement qu'ils avaient chacun d'emporter la statue
chez eux ; 7. à la fin, un homme d'Erythres, nommé Phormion, qui
tirait sa subsistance de la mer et de la pêche, ayant perdu la vue
dans une maladie, fut averti en songe qu'il fallait que les femmes
d'Erythres coupassent leurs cheveux, et que les hommes en fissent un
cable avec lequel ils emmméneraient le radeau chez eux. Les
Erythréennes ne voulurent en aucune manière tenir compte de ce songe
; 8. mais toutes les femmes d'origine Thrace, tant les esclaves que
celles qui, étant libres, demeuraient dans le pays, consentirent à
se laisser raser. Les Erythréens emmenèrent ainsi le radeau; aussi
les femmes Thraces sont-elles les seules qui puissent entrer dans le
temple d'Hercule, Les habitants gardent encore maintenant le cable
qui fut fait avec ces cheveux. On ajoute que le pêcheur recouvra la
vue qu'il conserva jusqu'à la mort. 9. Il y a aussi à Erythres au
temple de Minerve Poliade. La statue de la déesse est en bois et
très grande; elle est assise sur un trône, tient une quenouille de
chaque main, et a le Polus sur la tête. Différentes circonstances me
font conjecturer qu'elle est d'Endéus, entre autres le travail qu'on
voit dans l'intérieur de la statue, et surtout les Grâces et les
Saisons en marbre blanc, qui sont en plein air devant l'entrée du
temple. On a aussi de mon temps érigé à Smyrne un temple à Esculape,
entre le mont Coriphée et une mer dont l'eau ne se mêle à aucune
autre. 10. Les temples et la température de l'air ne sont pas les
seules choses remarquables dans l'Ionie. Au territoire d'Ephèse se
trouvent le fleuve Cenchrius, le mont Prion, qui est d'une nature
particulière, et la fontaine Halitéa. La fontaine Biblis, dans le
pays de Milet, est célèbre par tout ce qu'on chante de l'amour de
Biblis. Il y a dans le pays de Colophone, un bois consacré à
Apollon, planté en frênes ; et, à peu de distance de ce bois, le
fleuve Halès, le plus froid de ceux qui arrosent l'Ionie. 11. Les
bains du pays de Lébédos sont admirables, et en même temps très
salutaires. Les Téiens ont aussi des bains sur le promontoire
Macria, dont les uns, en terre cuite, sont sur des rochers baignés
par la mer ; les autres sont construits avec magnificence. II y en a
également à Clazomènes, où l'on rend un culte à Agamemnon. On y voit
aussi l'antre qu'ils nomment l'antre de la mère de Pyrrhus; ils
racontent une histoire de ce Pyrrhus, berger. 12. Il y a chez les
Erythréens un canton nommé Chalcitis, d'où la troisième de leurs
tribus a pris son nom. On trouve sur le promontoire tenant à
Chalcitis, et qui s'avance dans la mer, des bains d'eau de nier qui
sont les plus salutaires de tous les bains de l'Ionie. Les Smyrnéens
ont le fleuve Mêlés dont l'eau est très belle ; il y a vers la
source une caverne où Homère, à ce qu'on dit, a composé ses vers.
13. Le tombeau d'Oenopion qu'on montre à Chios, mérite d'être vu, et
donne lieu à raconter les actions d'Oenopion. Vous remarquerez à
Samos, sur le chemin du temple de Junon, le tombeau de Rhadiné et de
Léontichus ; il est d'usage que les amants malheureux aillent faire
des prières sur ce tombeau. Enfin, il y a dans l'Ionie beaucoup de
choses admirables, et elles n'y sont pas moins, nombreuses que dans
le reste de la Grèce, |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ε'.
Νέας Σμύρνης Ἀλέξανδρος ὁ Φιλίππου οἰκιστής.
Νεμέδεων λατρεία. Ἰωνίας ὡραία θέσις καὶ ἱερὰ λαμκρά.Ἡράκλειον ἐν
Ἐρυθραῖς. Ἀθηνᾶς ἱερὸν ἐν Πριήνῃ καὶ ἐν Ἐρυθραῖς. Ἀξιοθεώρητα ἐν
Ἰωνίας ταῖς πόλεσι καὶ Λουτρά. Ὁμήρου σπήλαιον.
(1) Σμύρναν δὲ ἐν ταῖς δώδεκα πόλεσιν
οὖσαν Αἰολέων καὶ οἰκουμένην τῆς χώρας, καθ´ ἃ καὶ ἐς ἐμὲ ἔτι πόλιν
{ἣν} καλοῦσιν ἀρχαίαν, Ἴωνες ἐκ Κολοφῶνος ὁρμηθέντες ἀφελόμενοι τοὺς
Αἰολεῖς ἔσχον· χρόνῳ δὲ ὕστερον καὶ Ἴωνες μετέδοσαν Σμυρναίοις τοῦ
ἐν Πανιωνίῳ συλλόγου. Ἀλέξανδρος δὲ ὁ Φιλίππου τῆς ἐφ´ ἡμῶν πόλεως
ἐγένετο οἰκιστὴς κατ´ ὄψιν ὀνείρατος· (2) Ἀλέξανδρον γὰρ θηρεύοντα
ἐν τῷ ὄρει τῷ Πάγῳ, ὡς ἐγένετο ἀπὸ τῆς θήρας, ἀφικέσθαι πρὸς
Νεμέσεων λέγουσιν ἱερόν, καὶ πηγῇ τε ἐπιτυχεῖν αὐτὸν καὶ πλατάνῳ πρὸ
τοῦ ἱεροῦ, πεφυκυίᾳ δὲ ἐπὶ τοῦ ὕδατος. Καὶ ὑπὸ τῇ πλατάνῳ καθεύδοντι
κελεύειν φασὶν αὐτῷ τὰς Νεμέσεις ἐπιφανείσας πόλιν ἐνταῦθα οἰκίζειν
καὶ ἄγειν ἐς αὐτὴν Σμυρναίους ἀναστήσαντα ἐκ τῆς προτέρας· (3)
ἀποστέλλουσιν οὖν ἐς Κλάρον θεωροὺς οἱ Σμυρναῖοι περὶ τῶν παρόντων
σφίσιν ἐρησομένους, καὶ αὐτοῖς ἔχρησεν ὁ θεός·
Τρισμάκαρες κεῖνοι καὶ τετράκις ἄνδρες ἔσονται,
οἳ Πάγον οἰκήσουσι πέρην ἱεροῖο Μέλητος.
Οὕτω μετῳκίσαντο ἐθελονταὶ καὶ δύο
Νεμέσεις νομίζουσιν ἀντὶ μιᾶς καὶ μητέρα αὐταῖς φασιν εἶναι Νύκτα,
ἐπεὶ Ἀθηναῖοί γε τῇ ἐν Ῥαμνοῦντι θεῷ πατέρα λέγουσιν εἶναι Ὠκεανόν.
(4) Ἴωσι δὲ ἔχει μὲν ἐπιτηδειότατα ὡρῶν κράσεως ἡ χώρα, ἔχει δὲ καὶ
ἱερὰ οἷα οὐχ ἑτέρωθι, πρῶτον μὲν τὸ τῆς Ἐφεσίας μεγέθους τε ἕνεκα
καὶ ἐπὶ τῷ ἄλλῳ πλούτῳ, δύο δὲ οὐκ ἐξειργασμένα Ἀπόλλωνος, τό τε ἐν
Βραγχίδαις τῆς Μιλησίας καὶ ἐν Κλάρῳ τῇ Κολοφωνίων. Δύο δὲ ἄλλους ἐν
Ἰωνίᾳ ναοὺς ἐπέλαβεν ὑπὸ Περσῶν κατακαυθῆναι, τόν τε ἐν Σάμῳ τῆς
Ἥρας καὶ ἐν Φωκαίᾳ τῆς Ἀθηνᾶς· θαῦμα δὲ ὅμως ἦσαν καὶ ὑπὸ τοῦ πυρὸς
λελυμασμένοι. (5) Ἡσθείης δ´ ἂν καὶ τῷ ἐν Ἐρυθραῖς Ἡρακλείῳ καὶ
Ἀθηνᾶς τῷ ἐν Πριήνῃ ναῷ, τούτῳ μὲν τοῦ ἀγάλματος ἕνεκα, Ἡρακλείῳ δὲ
τῷ ἐν Ἐρυθραῖς κατὰ ἀρχαιότητα· τὸ δὲ ἄγαλμα οὔτε τοῖς καλουμένοις
Αἰγιναίοις οὔτε τῶν Ἀττικῶν τοῖς ἀρχαιοτάτοις ἐμφερές, εἰ δέ τι καὶ
ἄλλο, ἀκριβῶς ἐστιν Αἰγύπτιον. Σχεδία γὰρ ἦν ξύλων, καὶ ἐπ´ αὐτῇ ὁ
θεὸς ἐκ Τύρου τῆς Φοινίκης ἐξέπλευσε· καθ´ ἥντινα δὲ αἰτίαν, οὐδὲ
αὐτοὶ τοῦτο οἱ Ἐρυθραῖοι λέγουσιν. (6) Ὡς δὲ ἐς τὴν θάλασσαν ἀφίκετο
ἡ σχεδία τὴν Ἰώνων, φασὶν αὐτὴν ὁρμίσασθαι πρὸς ἄκρᾳ καλουμένῃ
Μεσάτῃ· ἡ δὲ ἔστι μὲν τῆς ἠπείρου, τοῖς δὲ ἐκ τοῦ Ἐρυθραίων λιμένος
ἐς νῆσον τὴν Χίων πλέουσι τοῦτό ἐστι μεσαίτατον. Ἐπεὶ δὲ ἡ σχεδία
κατὰ τὴν ἄκραν ἔσχεν, ἐνταῦθα πολὺν μὲν οἱ Ἐρυθραῖοι πόνον, οὐκ
ἐλάσσονα δὲ ἔσχον οἱ Χῖοι ποιούμενοι σπουδὴν παρὰ σφᾶς καταγαγεῖν
ἑκάτεροι τὸ ἄγαλμα· (7) τέλος δὲ Ἐρυθραῖος ἄνθρωπος, ᾧ βίος μὲν ἦν
ἀπὸ θαλάσσης γεγονὼς καὶ ἄγρας ἰχθύων, διέφθαρτο δὲ ὑπὸ νόσου τοὺς
ὀφθαλμούς, ὄνομα δέ οἱ Φορμίων ἦν, οὗτος ὁ ἁλιεὺς εἶδεν ὄψιν
ὀνείρατος ὡς τὰς Ἐρυθραίων γυναῖκας ἀποκείρασθαι δέοι τὰς κόμας καὶ
οὕτω τοὺς ἄνδρας πλεξαμένους κάλον ἐκ τῶν τριχῶν τὴν σχεδίαν παρὰ
σφᾶς κατάξειν. Αἱ μὲν δὴ ἀσταὶ τῶν γυναικῶν οὐδαμῶς ὑπακούειν τῷ
ὀνείρατι ἐβούλοντο· (8) ὁπόσαι δὲ τοῦ Θρᾳκίου γένους ἐδούλευον καὶ
οὔσαις σφίσιν ἐλευθέραις ἦν ἐνταῦθα βίος, ἀποκεῖραι παρέχουσιν
αὑτάς· καὶ οὕτως οἱ Ἐρυθραῖοι τὴν σχεδίαν καθέλκουσιν. Ἔσοδός τε δὴ
ταῖς Θρᾴσσαις ἐς τὸ Ἡράκλειόν ἐστι γυναικῶν μόναις, καὶ τὸ καλῴδιον
τὸ ἐκ τῶν τριχῶν καὶ ἐς ἐμὲ ἔτι οἱ ἐπιχώριοι φυλάσσουσι· καὶ δὴ καὶ
τὸν ἁλιέα οἱ αὐτοὶ οὗτοι ἀναβλέψαι τε καὶ ὁρᾶν τὸ λοιπὸν τοῦ βίου
φασίν. (9) Ἔστι δὲ ἐν Ἐρυθραῖς καὶ Ἀθηνᾶς Πολιάδος ναὸς καὶ ἄγαλμα
ξύλου μεγέθει μέγα καθήμενόν τε ἐπὶ θρόνου καὶ ἠλακάτην ἐν ἑκατέρᾳ
τῶν χειρῶν ἔχει καὶ ἐπὶ τῆς κεφαλῆς πόλον· τοῦτο Ἐνδοίου τέχνην καὶ
ἄλλοις ἐτεκμαιρόμεθα εἶναι καὶ ἐς τὴν ἐργασίαν ὁρῶντες ἔνδον τοῦ
ἀγάλματος καὶ οὐχ ἥκιστα ἐπὶ ταῖς Χάρισί τε καὶ Ὥραις, αἳ πρὶν
ἐσελθεῖν ἑστήκασιν ἐν ὑπαίθρῳ λίθου λευκοῦ. Ἐποιήθη δὲ καὶ κατ´ ἐμὲ
Σμυρναίοις ἱερὸν Ἀσκληπιοῦ μεταξὺ Κορυφῆς τε ὄρους καὶ θαλάσσης
ἀμιγοῦς ὕδατι ἀλλοίῳ. (10) Ἡ δὲ Ἰωνία παρὲξ τῶν τε ἱερῶν καὶ τῆς τοῦ
ἀέρος κράσεως παρέχεται καὶ ἄλλα ἐς συγγραφήν, ἡ μέν γε Ἐφεσία χώρα
τόν τε Κέγχριον ποταμὸν καὶ τοῦ Πίονος τοῦ ὄρους τὴν φύσιν καὶ πηγὴν
τὴν Ἁλιταίαν· ἐν δὲ τῇ Μιλησίᾳ πηγή τέ ἐστι Βιβλὶς καὶ ὅσα ἐς τῆς
Βιβλίδος τὸν ἔρωτα ᾄδουσιν· ἐν δὲ τῇ Κολοφωνίων ἄλσος τε τοῦ
Ἀπόλλωνος, δένδρα μελίαι, καὶ οὐ πόρρω τοῦ ἄλσους Ἄλης ποταμὸς
ψυχρότατος τῶν ἐν Ἰωνίᾳ. (11) Λεβεδίοις δὲ τὰ λουτρὰ ἐν τῇ γῇ θαῦμα
ἀνθρώποις ὁμοῦ καὶ ὠφέλεια γίνεται· ἔστι δὲ καὶ Τηίοις ἐπὶ τῇ ἄκρᾳ
λουτρὰ τῇ Μακρίᾳ, τὰ μὲν ἐπὶ τῷ κλύδωνι ἐν πέτρας χηραμῷ, τὰ δὲ καὶ
ἐς ἐπίδειξιν πλούτου πεποιημένα. Κλαζομενίοις δὲ λουτρά ἐστιν - ἐν
δὲ αὐτοῖς Ἀγαμέμνων ἔχει τιμάς - καὶ ἄντρον μητρός σφισι Πύρρου
καλούμενον, καὶ λόγον ἐπὶ τῷ Πύρρῳ λέγουσι τῷ ποιμένι· (12)
Ἐρυθραίοις δὲ ἔστι μὲν χώρα Χαλκίς, ἀφ´ ἧς καὶ τῶν φυλῶν σφισιν ἡ
τρίτη τὸ ὄνομα ἔσχηκεν, ἔστι δὲ τῆς Χαλκίδος κατατείνουσα ἐς τὸ
πέλαγος ἄκρα καὶ ἐν αὐτῇ λουτρὰ θαλάσσια, μάλιστα τῶν ἐν Ἰωνίᾳ
λουτρῶν ὠφέλιμα ἀνθρώποις. Σμυρναίοις δὲ ποταμὸς Μέλης ὕδωρ ἐστὶ
κάλλιστον καὶ σπήλαιον ἐπὶ ταῖς πηγαῖς, ἔνθα Ὅμηρον ποιῆσαι τὰ ἔπη
λέγουσι· (13) Χίοις δὲ ὁ τοῦ Οἰνοπίωνος τάφος θέαν τε παρέχεται καί
τινας καὶ λόγους ἐς τοῦ Οἰνοπίωνος τὰ ἔργα· Σαμίοις δὲ κατὰ τὴν ὁδὸν
τὴν ἐς τὸ Ἡραῖον τὸ Ῥαδίνης καὶ Λεοντίχου μνῆμά ἐστι, καὶ τοῖς ὑπὸ
ἔρωτος ἀνιωμένοις εὔχεσθαι καθέστηκεν ἰοῦσιν ἐπὶ τὸ μνῆμα. Τὰ μὲν δὴ
ἐν Ἰωνίᾳ θαύματα πολλά τε καὶ οὐ πολλῷ τινι τῶν ἐν τῇ Ἑλλάδι
ἀποδέοντά ἐστιν· |
CHAPITRE VI.
Les Achéens après la sortie des Ioniens, occupent
leur pays. Les douze villes connues. Chefs des Achéens ; ville de
Patréus. Guerres auxquelles les Achéens prirent part. Le lutteur
Chilon et Adraste le Lydien. État de la Grèce après l'expédition des
Gaulois dans l'Asie.
1. LORSQUE les Ioniens se furent
retirés, les Achéens partagèrent leur pays au sort, et s'établirent
dans leurs villes ; il n'y en avait que douze qui fussent connues du
reste de la Grèce, savoir : Dymé, la première du côté de l'Élide;
Olene, qui se trouve après; Phares, Tritée, Rhypes, Égium, Cérynée
et Bura; ensuite Hélice, Eges, Egira et Pellène, qui est la
dernière du côté de la Sicyonie. Les Achéens et leur roi
s'établirent dans ces villes qui étaient auparavant habitées par les
Ioniens. 2. La plus grande partie de l'autorité chez les Achéens,
appartenait principalement aux fils de Tisamène, qui étaient
Daïmènes, Sparton, Tellis et Léontomènes. Comètes, leur aîné,
s'était embarqué avant ces événements ; il était allé en Asie. Ses
frères gouvernaient donc les Achéens, conjointement avec Damasias,
fils de Penthilus, fils d'Oreste, et cousin paternel des fils de
Tisamène. Ils partageaient aussi le pouvoir avec Preygènes et
Patréus, son fils, Achéeron de Lacédémone ; ils leur permirent même
de fonder dans le pays une ville, à laquelle Patréus donna son nom.
3. Voici ce que les Achéens ont fait de remarquable en ce qui
concerne la guerre. A l'époque de l'expédition d'Agamemnon contre
Troie, ils occupaient encore Argos et Lacédémone, et formaient une
grande partie de l'armée grecque. Lorsque Xerxès et les Mèdes
vinrent attaquer la Grèce, on ne voit pas qu'ils aient marché avec
Léonidas aux Thermopyles, ni qu'ils se soient trouvés avec les
Athéniens et Thémistocle aux deux batailles navales vers l'Eubée et
vers Salamine, on ne les trouve dans le catalogue ni des alliés de
Lacédémone, ni de ceux d'Athènes ; 4. enfin, ils ne prirent aucune
part à la bataille de Platées ; cela est évident, car leur nom n'est
pas non plus inscrit sur l'offrande faite par les Grecs à Olympie.
Ils étaient ; à ce que je crois, restés dans leur pays, pour
défendre chacun leurs villes, et aussi parce qu'ayant commandé les
Grecs lors de la guerre de Troie, ils ne voulurent pas se trouver
sous les ordres des Doriens de Lacédémone. Cela devint évident avec
le temps ; car la guerre s'étant allumée dans la suite entre les
Lacédémoniens et les Athéniens, les Achéens furent les alliés très
fidèles des Patréens, et ne témoignèrent pas moins de bonne volonté
aux Athéniens ; 5. dans les guerres qui furent ensuite soutenues par
toute la Grèce en commun, ils se trouvèrent à la bataille de
Chéronée contre Philippe et les Macédoniens, ils n'allèrent point
dans la Thessalie, ni à la guerre connue sous le nom de Lamiaque,
parce que, disent-ils, ils n'étaient pas encore remis de l'échec
qu'ils avoient éprouvé dans la Béotie. L'Exégète qui montre ce qu'il
y a de curieux à Patras, m'a appris que Chilon, athlète lutteur, fut
le seul des Achéens qui se trouva au combat de Lamie. 6. J'ai appris
aussi qu'un Lydien nommé Adraste vint au secours des Grecs de son
propre mouvement, et sans y avoir été envoyé par les Lydiens ; ils
lui ont cependant érigé une statue en bronze, devant le temple de
Diane Persique, et y ont mis une inscription portant qu'il mourut en
combattant pour les Grecs contre Léonnatus. 7. Aucun des peuples du
Péloponnèse ne crut devoir se mêler de l'expédition que firent les
autres Grecs vers les Thermopyles, pour s'opposer à l'irruption des
Gaulois; comme ils savaient que ces barbares n'avaient point de
vaisseaux, ils croyaient n'avoir rien à craindre d'eux, en fermant
l'isthme de Corinthe par un mur, depuis la mer, vers Léchée jusqu'à
Cenchrées : telle fut la résolution commune des Péloponnésiens.
Lorsque les Gaulois, s'étant procuré des vaisseaux on ne sait
comment, eurent passé en Asie, les affaires de la Grèce se
trouvèrent dans la situation suivante : les Lacédémoniens, après le
désastre qu'ils avaient éprouvé à Leuctres, n'avaient pu recouvrer
leur ancienne puissance, étant sans cesse harcelés par les Arcadiens
qui s'étaient réunis à Mégalopolis, et par les Messéniens qui
étaient revenus dans leur voisinage. 8. Quant aux Thébains, leur
ville avait été tellement dévastée par Alexandre, que bien que
Cassandre l'eût rétablie peu d'années après, ils avaient à peine des
forces suffisantes pour leur propre défense. Les Athéniens s'étaient
acquis la bienveillance de toute la Grèce par tout ce qu'ils avaient
fait dans les derniers temps ; mais ils ne pouvaient pas se remettre
de leur guerre contre les Macédoniens. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ
Ϛ'.
Ἀχαιοὶ μετὰ τὴν ἔξοδον τῶν Ἰώνων, εἰσέρχονται ἐν τῇ
χώρᾳ τούτων· δύο καὶ δέκα καὶ πατρεὺς πόλις. Ἐν ποίοις
πολέμοις Ἀχαιοὶ μετεσχηκότες. Χείλων παλειστὴς καὶ Ἄδραστος
Λυδός. Ἑλλήνων ὑποθέσις μετὰ τὴν τῶν Γαλατων στρατείαν ἐν τῇ Ἀσίᾳ.
(1) Τότε δὲ ἀπεληλυθότων Ἰώνων τήν τε
γῆν οἱ Ἀχαιοὶ τὴν Ἰώνων διελάγχανον καὶ ἐσῳκίζοντο ἐς τὰς πόλεις. Αἱ
δὲ δύο τε καὶ δέκα ἦσαν ἀριθμόν, ὁπόσαι γε καὶ ἐς ἅπαν τὸ Ἑλληνικὸν
γνώριμοι, Δύμη μὲν πρὸς Ἤλιδος πρώτη, μετὰ δὲ αὐτὴν Ὤλενος καὶ Φαραὶ
καὶ Τρίτεια καὶ Ῥύπες καὶ Αἴγιον καὶ Κερύνεια καὶ Βοῦρα, ἐπὶ ταύταις
δὲ Ἑλίκη καὶ Αἰγαί τε καὶ Αἴγειρα καὶ Πελλήνη πρὸς τῆς Σικυωνίας
ἐσχάτη· ἐς ταύτας οἱ Ἀχαιοὶ καὶ οἱ βασιλεῖς αὐτῶν ἐσῳκίζοντο
πρότερον ἔτι ὑπὸ Ἰώνων οἰκουμένας. (2) Ἦσαν δὲ οἱ τὸ μέγιστον ἐν
τοῖς Ἀχαιοῖς ἔχοντες κράτος οἵ τε Τισαμενοῦ παῖδες Δαϊμένης καὶ
Σπάρτων καὶ Τέλλις τε καὶ Λεοντομένης· Κομήτης δὲ ὁ πρεσβύτατος τῶν
Τισαμενοῦ παίδων πρότερον ἔτι διεβεβήκει ναυσὶν ἐς τὴν Ἀσίαν. Οὗτοί
τε δὴ τηνικαῦτα ἐν τοῖς Ἀχαιοῖς ἐδυνάστευον καὶ Δαμασίας ὁ Πενθίλου
τοῦ Ὀρέστου, τοῖς Τισαμενοῦ παισὶν ἀνεψιὸς πρὸς πατρός. Ἴσχυον δὲ
ἐπ´ ἴσης τοῖς κατειλεγμένοις καὶ Ἀχαιῶν τῶν ἐκ Λακεδαίμονος
Πρευγένης καὶ ὁ υἱός, ὄνομα δέ οἱ ἦν Πατρεύς· καί σφισιν ὑπὸ τῶν
Ἀχαιῶν ἐδόθη κτίσασθαι πόλιν ἐν τῇ χώρᾳ, καὶ τὸ ὄνομα ἀπὸ τοῦ
Πατρέως ἐτέθη τῇ πόλει. (3) Τὰ δὲ ἐς πόλεμον τοιάδε ἦν τοῖς Ἀχαιοῖς.
Κατὰ μὲν τὴν ἐς Ἴλιον ἐπιστρατείαν Ἀγαμέμνονος Λακεδαίμονα ἔτι καὶ
Ἄργος οἰκοῦντες μεγίστη τοῦ Ἑλληνικοῦ μοῖρα ἦσαν· κατὰ δὲ τὴν Ξέρξου
καὶ Μήδων ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα {ὁδὸν} οὔτε Λεωνίδᾳ τῆς ἐξόδου τῆς ἐς
Θερμοπύλας εἰσὶν οἱ Ἀχαιοὶ δῆλοι μετεσχηκότες οὔτε Ἀθηναίοις ὁμοῦ
καὶ Θεμιστοκλεῖ πρὸς Εὐβοίᾳ καὶ Σαλαμῖνι ναυμαχήσαντες, οὐδὲ σφᾶς
κατάλογος συμμάχων ἔχει Λακωνικὸς ἢ Ἀττικός. (4) Ὑστέρησαν δὲ καὶ
ἔργου τοῦ Πλαταιᾶσι· δῆλα γὰρ δὴ ὅτι ἐπὶ τῷ ἀναθήματι τῷ ἐν Ὀλυμπίᾳ
τῶν Ἑλλήνων μετῆν ἂν καὶ Ἀχαιοῖς γεγράφθαι. Δοκεῖν δέ μοι τὰς
πατρίδας τε ὑπολειφθέντες ἕκαστοι τὰς αὑτῶν ἔσωζον καὶ ἅμα διὰ τὸ
ἔργον τὸ πρὸς Τροίαν Λακεδαιμονίους Δωριεῖς ἀπηξίουν σφίσιν
ἡγεῖσθαι. Ἐδήλωσαν δὲ καὶ ἀνὰ χρόνον· Λακεδαιμονίων γὰρ ἐς τὸν πρὸς
Ἀθηναίους πόλεμον καταστάντων ὕστερον, ἐς τὴν συμμαχίαν ἦσαν οἱ
Ἀχαιοὶ πρόθυμοι Πατρεῦσι, καὶ ἐς τοὺς Ἀθηναίους οὐχ ἧσσον εἶχον
γνώμην. (5) Πολέμων δὲ τῶν πολεμηθέντων ὕστερον ὑπὸ τοῦ Ἕλλησι
κοινοῦ τοῦ μὲν ἐν Χαιρωνείᾳ Φιλίππου τε ἐναντία καὶ Μακεδόνων οἱ
Ἀχαιοὶ μετέσχον, ἐς δὲ τὴν Θεσσαλίαν καὶ ἐπὶ τὸν πρὸς Λαμίᾳ
καλούμενον πόλεμον οὔ φασιν ἐκστρατεύσασθαι, οὐ γάρ πω μετὰ τὸ
πταῖσμα ἀνενηνοχέναι τὸ ἐν Βοιωτοῖς· ὁ δὲ τῶν ἐπιχωρίων Πατρεῦσιν
ἐξηγητὴς τὸν παλαιστὴν Χίλωνα Ἀχαιῶν μόνον μετασχεῖν ἔφασκε τοῦ
ἔργου τοῦ περὶ Λάμιαν. (6) Οἶδα δὲ καὶ ἄνδρα αὐτὸς Λυδὸν Ἄδραστον
ἰδίᾳ καὶ οὐκ ἀπὸ τοῦ κοινοῦ τοῦ Λυδῶν ἀμύναντα Ἕλλησι· τοῦ δὲ
Ἀδράστου τούτου χαλκῆν εἰκόνα ἀνέθεσαν οἱ Λυδοὶ πρὸ ἱεροῦ Περσικῆς
Ἀρτέμιδος, καὶ ἔγραψαν ἐπίγραμμα ὡς τελευτήσειεν ὁ Ἄδραστος ἐναντίον
Λεοννάτῳ μαχόμενος ὑπὲρ Ἑλλήνων. (7) Ἡ δὲ ἐς Θερμοπύλας ἐπὶ τὴν
Γαλατῶν στρατιὰν ἔξοδος καὶ τοῖς πᾶσιν ὁμοίως παρώφθη
Πελοποννησίοις· ἅτε γὰρ πλοῖα οὐκ ἐχόντων τῶν βαρβάρων, δεινὸν
ἔσεσθαί σφισιν ἀπ´ αὐτῶν οὐδὲν ἤλπιζον, εἰ τὸν Κορινθίων ἰσθμὸν ἐκ
θαλάσσης τῆς κατὰ Λέχαιον ἀποτειχίσειαν ἐς τὴν ἑτέραν τὴν ἐπὶ
Κεγχρέαις θάλασσαν. (8) Τοῦτο μὲν δὴ Πελοποννησίων ἦν τότε ἁπάντων
βούλευμα· ἐπεὶ δὲ Γαλάται ναυσὶν ὅντινα δὴ τρόπον διαβεβήκεσαν ἐς
τὴν Ἀσίαν, ἐνταῦθα εἶχεν οὕτω τὰ Ἑλλήνων. Προεστήκεσαν κατ´ ἰσχὺν
οὐδένες ἔτι τοῦ Ἑλληνικοῦ· Λακεδαιμονίους μὲν γὰρ τὸ ἐν Λεύκτροις
πταῖσμα καὶ ἅμα οἵ τε Ἀρκάδες συνεληλυθότες ἐς Μεγάλην πόλιν καὶ οἱ
Μεσσήνιοι παροικοῦντες ἀνασώσασθαι τὴν προτέραν ἔτι εὐδαιμονίαν
ἐκώλυον· (8) Θηβαίοις δὲ ἐς τοσοῦτο ἠρήμωσεν Ἀλέξανδρος τὴν πόλιν,
ὡς ἔτεσιν ὕστερον οὐ πολλοῖς καταχθέντας ὑπὸ Κασσάνδρου μηδὲ σώζειν
τὰ οἰκεῖα ἀξιόχρεως εἶναι· Ἀθηναίοις δὲ εὔνοια μὲν παρὰ τοῦ
Ἑλληνικοῦ τῶν ἔργων μάλιστα ὑπῆρχε τῶν ὕστερον, ἀναπαύσασθαι δὲ οὔ
ποτε ἐκ τοῦ Μακεδόνων πολέμου παρῆν αὐτοῖς. |
CHAPITRE VII.
Puissance des Achéens. Conseil Achéen. Guerre des
Lacédémoniens contre les Achéens. Perfidie de Philippe, fils de
Démétrius ; il fait la guerre aux Athéniens ; les Romains leur
envoient des secours.
1. LES Grecs alors n'étant plus réunis
en commun, et chaque peuple ne s'occupant plus que de ses affaires
particulières, les Achéens se trouvaient les plus puissants ; car à
l'exception de Pellène, leurs autres villes n'avaient jamais subi le
joug d'aucun tyran ; ni la guerre, ni la maladie épidémique, ne les
avaient autant affligés que les autres Grecs. Ils étaient gouvernés
par un Conseil, nommé le Conseil Achéen ; toutes les affaires s'y
décidaient en commun, et tout s'exécutait de même. 2. Ils avaient
jugé à propos de se rassembler à Egium qui, depuis que Hélice avait
été submergée, l'emportait de beaucoup sur les autres villes de
l'Achaïe par son ancienne réputation et par sa puissance alors très
grande. Les Sicyoniens furent les premiers parmi les Grecs qui
entrèrent dans la confédération des Achéens ; d'autres peuples du
Péloponnèse cherchèrent aussi à y entrer, les uns immédiatement
après les Sicyoniens, les autres après avoir attendu quelque temps ;
ceux même qui demeuraient hors de l'isthme, voyant que la ligue
Achéenne acquérait tous les jours plus de force, se décidèrent aussi
à en faire partie. 3. Les Lacédémoniens, seuls de tous les Grecs,
étaient toujours en différent avec les Achéens, et leur firent enfin
la guerre ouvertement; car Agis, fils d'Eudamidas, et foi de Sparte,
leur prit la ville de Pellène, dont il fut bientôt chassé par Aratus
de Sicyone ; mais Cléomène, fils de Léonidas fils de Cléonyme, et
roi de l'autre branche, ayant remporté une victoire signalée sur
Aratus et les Achéens, avec qui il en était venu aux mains auprès de
Dymé, fit dans la suite la paix avec Antigone et les Achéens. 4. Cet
Antigone gouvernait alors les Macédoniens en qualité de tuteur de
Philippe, fils de Démétrius, et encore enfant ; il était lui-même
cousin de Philippe, et de plus il avait épousé sa mère. Cléomène
après avoir fait la paix avec Antigone et les Achéens, viola bientôt
ses serments, prit Mégalopolis, ville des Arcadiens, et réduisit ses
habitants à l'esclavage; les Lacédémoniens furent punis de ce manque
de foi de Cléomène, par l'échec qu'ils éprouvèrent à Sellasie où ils
furent battus par Antigone et les Achéens. Je parlerai encore de
Cléomène dans mon livre sur l'Arcadie. 5. Philippe, fils de
Démétrius, lorsqu'il fut parvenu à l'âge viril, ayant reçu le
royaume de Macédoine gré, se rendit redoutable à tous les Grecs, en
cherchant à imiter en tout Philippe, fils d'Amyntas, qui
n'était pas un de ses ancêtres ; mais à qui ses ancêtres avoient
obéi. Il l'imita surtout, en corrompant ceux qui étaient disposés à
trahir leur patrie pour de l'argent. Il savait fort bien en offrant
à boire dans des repas où il invitait les Grecs avec l'apparence de
l'amitié et de la franchise, leur donner, au lieu de vin, du poison;
ce qui ne vint jamais, je crois, à l'esprit du fils d'Amyntas; mais
c'était une bagatelle aux yeux du fils de Démétrius. 6. Il tenait
des garnisons dans trois villes de la Grèce, qui lui servaient de
forteresses pour la ravager ; aussi, pour insulter les Grecs, et
pour leur témoigner son mépris, nommait-il ces trois villes les
clefs de la Grèce. Ces villes étaient Corintne, dont il avait
fortifié la citadelle, et qui lui servait à contenir tout le
Péloponnèse ; Chalcis vers l'Euripe, d'où il menaçait l'Eubée, la
Béotie et la Phocide; et Magnésie au pied du mont Pélion, qui lui
servait à tenir les Thessaliens et les Étoliens en respect. Il
fatiguait surtout les Athéniens et les Étoliens par des invasions
fréquentes et par des incursions pour les piller. 7. On a vu
précédemment dans mon livre sur l'Attique, quels furent les peuples
grecs et barbares qui assistèrent les Athéniens contre Philippe, et
comment la faiblesse de tous ces alliés força les Athéniens à
recourir aux Romains, et à leur demander des secours. Les Romains,
peu de temps auparavant, avaient fait marcher quelques troupes, sous
prétexte de soutenir les Étoliens contre Philippe, et dans la
réalité pour observer la situation des affaires dans la Macédoine;
8. à cette occasion, ils envoyèrent aux Athéniens une armée sous le
commandement d'Atilius (c'est le nom sous lequel il est le plus
connu, car les Romains ne joignent pas comme les Grecs le nom de
leur père au leur; mais ils donnent à chacun au moins trois noms et
quelque fois davantage). 9. Les Romains avaient ordonné à Atilius de
protéger les Athéniens et les Étoliens contre les armes de Philippe.
Il exécuta pour tout le reste les ordres qu'on lui avait donnés;
mais il les outrepassa en ceci ; ayant pris Hestiée, ville de
l'Eubée, et Anticyre, ville de la Phocide, qui étaient soumises à
Philippe malgré elles, il les détruisit de fond en comble;
voilà, je crois, pourquoi le sénat ayant appris ce qu'il avait fait,
lui envoya Flaminius pour successeur. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ζ'.
Ἀχαιῶν ἰσχύς. Ἀχαικὸν συνέδριον. Λακεδαιμονίων
πόλεμος κατὰ Ἀχαιῶν. Φιλίππου τοῦ Δημητρίου ῥᾳδιουργίαι. Αὐτοῦ κατ'
Ἀθηναίων πόλεμος, ἐν ᾧ οὗτοι ἔλαβον βοήθειαν ἐκ τῶν Ῥομαίων.
(1) Ἑλλήνων δὲ οὐ τασσομένων τηνικαῦτα
ἔτι ἐν κοινῷ, ἰδίᾳ δὲ ἑκάστων κατὰ σφᾶς συνισταμένων, οἱ Ἀχαιοὶ
μάλιστα ἴσχυον· τυράννων τε γὰρ πλὴν Πελλήνης αἱ ἄλλαι πόλεις τὸν
χρόνον ἅπαντα ἀπείρως ἐσχήκεσαν αἵ τε ἐκ πολέμων καὶ ἀπὸ τῆς νόσου
συμφοραὶ τῆς λοιμώδους οὐκ ἐς τοσοῦτο Ἀχαιοῖς ἐφ´ ὅσον τοῖς ἄλλοις
ἐγένοντο Ἕλλησι. Συνέδριόν τε οὖν Ἀχαϊκὸν καλούμενον καὶ ἀπὸ κοινοῦ
λόγου βουλεύματά τε ἦν Ἀχαιοῖς καὶ τὰ ἔργα. (2) Ἀθροίζεσθαι δὲ ἐς
Αἴγιόν σφισιν ἔδοξεν· αὕτη γὰρ μετὰ Ἑλίκην ἐπικλυσθεῖσαν πόλεων ἐν
Ἀχαΐᾳ τῶν ἄλλων δόξῃ προεῖχεν ἐκ παλαιοῦ καὶ ἴσχυεν ἐν τῷ τότε.
Ἑλλήνων δὲ τῶν λοιπῶν Σικυώνιοι συνεδρίου πρῶτοι τοῦ Ἀχαιῶν
μετέσχον, μετὰ δὲ Σικυωνίους ἐσῄεσαν ἤδη καὶ τῶν ἄλλων Πελοποννησίων
οἱ μὲν αὐτίκα, οἱ δὲ χρόνον τινὰ ἐπισχόντες· τοὺς δὲ καὶ ἐκτὸς
οἰκοῦντας τοῦ ἰσθμοῦ συντελεῖν ἐς Ἀχαιοὺς ἔπειθεν, ὅτι ἐς πλέον
ἰσχύος προϊὸν ἑώρων ἀεὶ τὸ Ἀχαϊκόν. (3) Λακεδαιμόνιοι δὲ Ἑλλήνων
μόνοι διάφοροί τε Ἀχαιοῖς τὰ μάλιστα ἦσαν καὶ ἐκ τοῦ φανεροῦ πόλεμόν
σφισιν ἐπῆγον. Πελλήνην μέν γε Ἀχαιῶν πόλιν Ἆγις εἷλεν ὁ Εὐδαμίδου
βασιλεύων ἐν {τῇ} Σπάρτῃ, καὶ ἐξέπεσεν αὐτίκα ἐκ Πελλήνης ὑπὸ Ἀράτου
καὶ Σικυωνίων· Κλεομένης δὲ ὁ Λεωνίδου τοῦ Κλεωνύμου, βασιλεὺς
οἰκίας τῆς ἑτέρας, ἀντικαθημένους Ἄρατον καὶ Ἀχαιοὺς πρὸς Δύμῃ παρὰ
πολύ τε ἐκράτησεν ἐλθόντας ἐς χεῖρας καὶ ὕστερον Ἀχαιοῖς καὶ
Ἀντιγόνῳ συνέθετο εἰρήνην. (4) Ἀντίγονος δὲ οὗτος τηνικαῦτα ἀρχὴν
τὴν Μακεδόνων εἶχεν, ἐπιτροπεύων Φίλιππον τὸν Δημητρίου παῖδα ἔτι
ἡλικίαν ὄντα· ἦν δὲ καὶ ἀνεψιὸς τῷ Φιλίππῳ καὶ μητρὶ αὐτοῦ συνῴκει.
Πρὸς τοῦτον οὖν τὸν Ἀντίγονον καὶ Ἀχαιοὺς ποιησάμενος ὁ Κλεομένης
σπονδὰς καὶ αὐτίκα παραβὰς ὅσα ὤμοσεν ἠνδραποδίσατο Ἀρκάδων Μεγάλην
πόλιν· Λακεδαιμονίοις τε τὸ ἐν Σελλασίᾳ πταῖσμα πρὸς Ἀχαιοὺς καὶ
Ἀντίγονον Κλεομένους ἕνεκα καὶ ἐπιορκίας τῆς ἐκείνου συνέβη.
Κλεομένους μὲν δὴ καὶ αὖθις ἐν λόγοις τοῖς Ἀρκαδικοῖς ἀφιξόμεθα ἐς
μνήμην· (5) Φίλιππος δὲ ὁ Δημητρίου τὴν Μακεδόνων ἀρχήν, ὡς ἀφίκετο
ἐς ἄνδρας, παρὰ ἑκόντος Ἀντιγόνου λαβὼν φόβον τοῖς πᾶσιν Ἕλλησιν
ἐνεποίησε, τὰ Φιλίππου τοῦ Ἀμύντου, προγόνου μὲν οὐκ ὄντος αὐτῷ, τῷ
δὲ ἀληθεῖ λόγῳ δεσπότου, τά τε ἄλλα αὐτοῦ μιμούμενος καὶ τὰ ἐς
θεραπείαν ὅσοις πατρίδας ἀρεστὰ ἦν ἐπ´ οἰκείοις προδιδόναι κέρδεσι.
Προπίνειν δὲ παρὰ τὰ συμπόσια ἐπὶ δεξιότητι καὶ φιλίᾳ κύλικας οὐκ
οἴνου, φαρμάκων δὲ ἐς ὄλεθρον ἀνθρώποις, ἃ δὴ ὁ μὲν τοῦ Ἀμύντου
Φίλιππος οὐδ´ ἐπενόησεν ἐμοὶ δοκεῖν ἀρχήν, Φιλίππῳ δὲ τῷ Δημητρίου
τὰ φάρμακα τόλμημα ἦν ἐλαφρότατον. (6) Κατεῖχε δὲ καὶ τρεῖς πόλεις
φρουραῖς ὁρμητήρια εἶναί οἱ κατὰ τῆς Ἑλλάδος, καὶ ὠνόμαζε δὲ ὑπὸ τῆς
ὕβρεως καὶ τῆς ἐς τὸ Ἑλληνικὸν ὑπεροψίας κλεῖς τῆς Ἑλλάδος τὰς
πόλεις ταύτας· ἐπὶ μέν γε Πελοποννήσῳ Κόρινθος καὶ ἡ Κορινθίων
ἀκρόπολις ἐτετείχιστο, ἐπὶ δὲ Εὐβοίᾳ καὶ Βοιωτοῖς τε καὶ Φωκεῦσι
Χαλκὶς ἡ πρὸς τῷ Εὐρίπῳ, κατὰ δὲ Θεσσαλῶν τε αὐτῶν καὶ τοῦ Αἰτωλῶν
ἔθνους Μαγνησίαν τὴν ὑπὸ τὸ Πήλιον κατεῖχεν ὁ Φίλιππος. Μάλιστα δὲ
Ἀθηναίους καὶ τὸ Αἰτωλικὸν ἐπιστρατείαις τε συνεχέσιν ἐπίεζε καὶ
λῃστῶν καταδρομαῖς· (7) ἐμνημόνευσε δέ μοι καὶ πρότερον ὁ λόγος ἐν
τῇ Ἀτθίδι συγγραφῇ, ὅσοι τε Ἑλλήνων ἢ βαρβάρων ἐναντία Φιλίππου
συνήραντο Ἀθηναίοις καὶ ὡς ὑπὸ ἀσθενείας τῶν συμμάχων ἐπὶ Ῥωμαίους
καὶ ἐπικουρίαν τὴν ἐκεῖθεν κατέφευγον οἱ Ἀθηναῖοι. Ῥωμαῖοι δὲ
ἐπεπόμφεσαν καὶ οὐ πολλῷ τινι ἔμπροσθεν λόγῳ μὲν ἐπικουρήσοντας
Αἰτωλοῖς ἐναντία Φιλίππου, τῷ δὲ ἔργῳ μᾶλλόν τι ἐπὶ κατασκοπῇ τῶν ἐν
Μακεδονίᾳ πραγμάτων· (8) τότε δὲ ἀποστέλλουσιν Ἀθηναίοις στρατιάν τε
καὶ ἡγεμόνα Ὀτίλιον· τοῦτο γάρ οἱ τῶν ὀνομάτων ἦν τὸ ἐκδηλότατον,
ἐπεὶ καλοῦνταί γε οὐ πατρόθεν οἱ Ῥωμαῖοι κατὰ ταὐτὰ Ἕλλησιν, ἀλλὰ
καὶ τρία ὁπότε ὀλίγιστα καὶ ἔτι πλέονα ὀνόματα ἑκάστῳ τίθενται. Τῷ
δὲ Ὀτιλίῳ προσετέτακτο ὑπὸ Ῥωμαίων ἀπείργειν ἀπὸ Ἀθηναίων καὶ τοῦ
Αἰτωλικοῦ τὸν Φιλίππου πόλεμον. (9) Ὀτίλιος δὲ τὰ μὲν ἄλλα τοῖς
πράγμασι κατὰ τὰ ἐπιτεταγμένα ἐχρῆτο, τάδε δὲ οὐ κατὰ γνώμην οἱ τὴν
Ῥωμαίων ἐστὶν εἰργασμένα· Εὐβοέων γὰρ Ἑστίαιαν πόλιν καὶ Ἀντίκυραν
τὴν ἐν τῇ Φωκίδι ἑλών, ὑπηκόους κατ´ ἀνάγκην οὔσας Φιλίππου,
ἐποίησεν ἀναστάτους. Καὶ τοῦδε ἕνεκα ἐμοὶ δοκεῖν, ἐπεὶ ἐπύθετο ἡ
βουλή, ἀποστέλλουσιν Ὀτιλίῳ διάδοχον τῆς ἀρχῆς Φλαμίνιον. |
CHAPITRE VIII.
Prise de Corinthe par les Romains et les Achéens.
Alliance des deux peuples. Les Achéens abattent les murs de Sparte.
Les Lacédémoniens ont recours à Métellus. Affaires des Macédoniens
dérangées par les Romains.
1. FLAMINIUS, à son arrivée, livra au
pillage Érétrie, après avoir défait les Macédoniens qui la
gardaient. Il marcha ensuite contre Corinthe, où Philippe avait une
garnison. Il y mit le siège et envoya inviter les Achéens à venir
devant Corinthe avec leur armée, tant pour se rendre dignes du titre
d'alliés des Romains, que par bienveillance pour les autres Grecs.
2. Les Achéens étaient irrités contre Flaminius, et ils
l'avaient été auparavant contre Atilius de ce qu'ils avaient tous
deux traité avec tant de cruauté des villes grecques et anciennes
qui n'avaient point offensé les Romains, et qui étaient soumises
malgré elles aux Macédoniens. Ils prévoyaient aussi qu'au lieu de
Philippe et des Macédoniens, les Romains venaient s'établir maîtres
dans la Grèce et lui commander. Beaucoup de choses s'étant dites
pour et contre dans l'assemblée, ceux qui étaient pour les Romains
remportèrent à la fin, et les Achéens se réunirent à Flaminius pour
assiéger Corinthe. 3. Les Corinthiens, délivrés du joug des
Macédoniens, se rangèrent aussitôt dans la confédération Achéenne
dont ils avaient déjà fait partie précédemment, lorsque Aratus
et les Sicyoniens avaient chassé de l'Acrocorinthe la garnison qui y
était, et avaient tué Persée, à qui Antigone en avait donné le
commandement. Les Achéens prirent à cette époque le titre
d'alliés des Romains, et en remplirent les devoirs avec le plus
grand zèle ; ils les suivirent en effet dans la Macédoine contre
Philippe, ils marchèrent avec eux contre les Étoliens, et en
troisième lieu, combattirent conjointement avec les Romains contre
Antiochus et les Syriens; 4. ce fut uniquement par amitié pour les
Romains que les Achéens prirent les armes contre les Macédoniens et
les Syriens; il n'en fut pas de même lorsqu'ils les prirent contre
les Lacédémoniens avec qui ils avaient d'anciennes querelles. Après
le renversement de la tyrannie de Nabis, qui avait exercé son
pouvoir avec une cruauté inouïe, 5. les Achéens rappelant tous leurs
griefs contre les Lacédémoniens, les firent entrer à cette époque
dans leur confédération, exigèrent d'eux une réparation exacte de
tout ce qu'ils avaient souffert, et firent raser les murs de Sparte
qui avaient été construits à la hâte quelque temps auparavant ;
d'abord lors de l'expédition de Démétrius, ensuite à l'époque de
celle des Épirotes, commandés par Pyrrhus, et qui avaient été
réparés et rendus beaucoup plus solides par Nabis durant sa
tyrannie. Les Achéens les firent donc abattre, abolirent les lois de
Lycurgue relatives à l'éducation des jeunes gens, et ordonnèrent
qu'ils fussent élevés comme les jeunes Achéens. 6. Au reste je
parlerai plus au long de ces événements dans mon livre sur
l'Arcadie. Les Lacédémoniens, outrés au dernier point des lois que
leur imposaient les Achéens, eurent recours à Métellus et à ceux qui
étaient venus de Rome en ambassade avec lui; on ne les avait point
envoyés pour faire la guerre à Philippe et aux Macédoniens, la paix
ayant été jurée auparavant entre les Romains et lui ; mais pour
prendre connaissance des plaintes que formaient contre lui les
Thessaliens et quelques peuples de l'Épire. Ils venaient à titre de
juges ; 7. car la puissance de Philippe et des Macédoniens avait été
détruite par les Romains. Philippe en effet, ayant voulu livrer
bataille à Flaminius et aux Romains à Cynocéphale, s'était assez
bien soutenu dans les premières rencontres; mais en combattant avec
toutes ses forces, il perdit la plus grande partie de son armée, et,
suivant ses conventions avec les Romains, il retira ses garnisons de
toutes les villes de la Grèce dont ils s'était emparé. 8. Pour
nommer les choses d'une manière honorable, il obtint des Romains la
paix à force de sollicitations de tout genre et de dépenses
incalculables. La Sybille avait prédit, non sans l'inspiration
divine, que la puissance des Macédoniens, acquise sous Philippe,
fils d'Amynïas, serait détruite sous un autre Philippe qui viendrait
dans la suite. Voici sa prédiction :
9. Macédoniens, qui tirez vanité de ce que vos rois sont originaires
d'orges, un Philippe fera votre bonheur en régnant sur vous, et un
autre Philippe sera votre ruine. Le premier en effet donnera des
rois à des villes et même à des peuples, et le dernier, vaincu par
des troupes venues de l'occident et de l'orient, perdra absolument
tout son honneur. En effet cet empire fut détruit par les
Romains qui habitent l'occident de l'Europe, et qui comptaient entre
leurs alliés Attale, et de plus une armée de la Mysie, pays plus
rapproché du soleil levant.
|
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Η'.
Ῥωμαῖοι μετ' Ἀχαιῶν Κόρινθον ἐκυρίευσαν. Ἀχαιοὶ
Ῥωμαίων σύμμαχοι. Ἀχαιοὶ κατηδάφησαν τὰ τείχη τῆς Σπάρτης καὶ
κατέθλιψαν τοὺς Λακεδαιμονίους. Λακεδαιμόνιοι καταφεύγουσιν
ἐπὶ Μέτελλον. Τὰ τῶν Μακεδόνων ὑπὸ τῶν Ῥωμαίων ἀνατραπέντα.
(1) Τότε δὲ ἥκων ὁ Φλαμίνιος Ἐρέτριάν
τε διήρπασε, τοὺς φρουροῦντας Μακεδόνων μάχῃ νικήσας, καὶ αὖθις
ἐλάσας ἐπὶ Κόρινθον κατεχομένην ὑπὸ Φιλίππου φρουρᾷ αὐτός τε
προσεκάθητο πολιορκῶν καὶ παρὰ Ἀχαιοὺς ἅμα ἀποστέλλων ἐπήγγελλέ
σφισιν ἀφικνεῖσθαι πρὸς Κόρινθον στρατιᾷ, συμμάχους τε
ἀξιωθησομένους καλεῖσθαι Ῥωμαίων καὶ ἅμα εὐνοίᾳ τῇ ἐς τὸ Ἑλληνικόν.
(2) Ἀχαιοὶ δὲ ἐποιοῦντο μὲν μεγάλως καὶ αὐτὸν ἐν αἰτίᾳ Φλαμίνιον καὶ
ἔτι πρότερον Ὀτίλιον, οἳ μετεχειρίσαντο ὠμῶς οὕτω πόλεις Ἑλληνίδας
καὶ ἀρχαίας, ἀναμαρτήτους τε οὔσας πρὸς Ῥωμαίους καὶ οὐ κατὰ γνώμην
ὑπὸ Μακεδόνων ἀρχομένας· προεωρῶντο δὲ καὶ ὡς ἀντὶ Φιλίππου καὶ
Μακεδόνων Ῥωμαῖοι σφίσι τε ἥκοιεν καὶ τῷ Ἑλληνικῷ δεσπόται
προστάττειν. Ῥηθέντων δὲ ἐν τῷ συνεδρίῳ πολλῶν καὶ ἐναντίων
ἀλλήλοις, τέλος οἱ εὖνοι Ῥωμαίοις ἐνίκησαν καὶ Ἀχαιοὶ Φλαμινίῳ
Κόρινθον συνεπολιόρκησαν. (3) Κορίνθιοι δὲ ἀπὸ Μακεδόνων
ἐλευθερωθέντες μετέσχον αὐτίκα συνεδρίου τοῦ Ἀχαιῶν, μετασχόντες καὶ
πρότερον, ὅτε Ἄρατος καὶ Σικυώνιοι φρουρὰν ἐκ τοῦ Ἀκροκορίνθου τὴν
πᾶσαν ἐξήλασαν καὶ ἀπέκτειναν Περσαῖον ὑπὸ Ἀντιγόνου ταχθέντα ἐπὶ τῇ
φρουρᾷ. Ἀχαιοὶ δὲ τὸ ἀπὸ τούτου σύμμαχοί τε ὠνομάζοντο Ῥωμαίων καὶ
ἐς τὰ πάντα ἦσαν πρόθυμοι· καί σφισιν εἵποντο μὲν ἐς Μακεδονίαν καὶ
ἐπὶ Φίλιππον, μετέσχον δὲ καὶ στρατείας ἐς Αἰτωλούς, τρίτα δὲ ὁμοῦ
Ῥωμαίοις ἐμαχέσαντο ἐναντία Ἀντιόχου καὶ Σύρων. (4) Ὅσα μὲν δὴ
Ἀχαιοὶ Μακεδόσιν ἢ στρατιᾷ τῇ Σύρων ἐναντία ἐτάξαντο, φιλίᾳ τῇ πρὸς
Ῥωμαίους ἔπραξαν· ἐς δὲ Αἰτωλοὺς ἐκ παλαιοῦ σφισιν ἦν οἰκεῖα
ἐγκλήματα. Ἐπεὶ δὲ ἡ Νάβιδος ἐν Σπάρτῃ τυραννὶς κατελέλυτο, ἐς
πλείστην ὠμότητα ἀνδρὸς ἀφικομένου, τὰ ἐς τοὺς Λακεδαιμονίους αὐτίκα
ἐνεπεπτώκει· (5) καὶ σφᾶς ὑπὸ τὸν χρόνον οἱ Ἀχαιοὶ τοῦτον ἐς
σύλλογον ὑπάγονται τὸν Ἀχαϊκὸν καὶ δίκας τε ἐδίκαζόν σφισιν ἐς τὸ
ἀκριβέστατον καὶ τὰ τείχη τῆς Σπάρτης καταβάλλουσιν ἐς ἔδαφος,
οἰκοδομηθέντα μὲν καὶ πρότερον ἔτι αὐτοσχεδίως {καὶ} ἐπί τε τῆς
Δημητρίου καὶ ὕστερον τῆς Πύρρου καὶ Ἠπειρωτῶν στρατείας, ἐπὶ δὲ τῆς
τυραννίδος τῆς Νάβιδος καὶ ἐς τὸ ἀσφαλέστατον ὀχυρωθέντα. Τά τε οὖν
τείχη τῆς Σπάρτης οἱ Ἀχαιοὶ καθεῖλον καὶ τὰ ἐς μελέτην τοῖς ἐφήβοις
ἐκ τῶν Λυκούργου νόμων καταλύσαντες ἐπέταξαν τοῖς Ἀχαιῶν ἐφήβοις τὰ
αὐτὰ ἐπιτηδεύειν. (6) Ταῦτα μὲν δὴ καὶ ἐς πλέον ἐπέξεισιν αὖθίς μοι
τὰ ἐς Ἀρκάδας· Λακεδαιμόνιοι δὲ ἅτε μεγάλως τοῖς ἐπιτάγμασιν
ἀχθόμενοι τοῖς Ἀχαιῶν καταφεύγουσιν ἐπὶ Μέτελλον καὶ ὅσοι σὺν
Μετέλλῳ κατὰ πρεσβείαν ἧκον ἐκ Ῥώμης. Ἀφίκοντο δὲ οὗτοι Φιλίππῳ καὶ
Μακεδόσι πόλεμον μὲν οὐδένα ἐπάξοντες ἅτε εἰρήνης πρότερον ἔτι
Φιλίππῳ καὶ Ῥωμαίοις ὀμωμοσμένης, ὁπόσα δὲ ἢ Θεσσαλοῖς ἢ τῶν ἐξ
Ἠπείρου τισὶν ἐγκλήματα ἦν ἐς Φίλιππον, ταῦτα ἧκον οἱ ὁμοῦ Μετέλλῳ
κρινοῦντες. (7) Ἔργῳ μὲν δὴ Φίλιππός τε αὐτὸς καὶ ἡ Μακεδόνων ἀκμὴ
καθῄρητο ὑπὸ Ῥωμαίων - μαχεσάμενος γὰρ Φλαμινίου καὶ Ῥωμαίων ἐναντία
Φίλιππος ἐν Κυνὸς καλουμέναις κεφαλαῖς {ἐν λόγοις} τὸ ἧττον
ἠνέγκατο, ἀλλ´ ἅτε δὴ κατὰ δύναμιν ἀγωνισάμενος αὐτὸς οὗτος ὁ
Φίλιππος τοσοῦτον ἐκρατήθη τῇ συμβολῇ, ὡς στρατιᾶς τε ἣν ἦγεν
ἀποβαλεῖν τὸ πολὺ καὶ ἐκ τῶν πόλεων, ὅσας εἷλεν ἐν τῇ Ἑλλάδι πολέμῳ
παραστησάμενος, ἐξήγαγεν ἐξ ἁπασῶν τὰς φρουρὰς κατὰ ὁμολογίαν πρὸς
Ῥωμαίους -, (8) κατὰ μέντοι τοῦ λόγου τὸ εὐπρεπὲς παρὰ Ῥωμαίων
εὕρητο εἰρήνην δεήσεσί τε παντοίαις καὶ δαπάναις χρημάτων μεγάλαις.
Τὰ δὲ ἐς Μακεδόνας δύναμίν τε, ἣν ἐπὶ Φιλίππου περιεβάλοντο τοῦ
Ἀμύντου, καὶ ὡς ἐπὶ Φιλίππου τοῦ ὑστέρου τὰ πράγματά σφισιν ἐφθάρη,
Σίβυλλα οὐκ ἄνευ θεοῦ προεθέσπισεν· ἔχει δὲ οὕτω τὰ χρησθέντα·
(9) Αὐχοῦντες βασιλεῦσι Μακεδόνες Ἀργεάδῃσιν,
ὑμῖν κοιρανέων ἀγαθὸν καὶ πῆμα Φίλιππος.
Ἤτοι ὁ μὲν πρότερος πόλεσιν λαοῖσί τ´ ἄνακτας
θήσει· ὁ δ´ ὁπλότερος τιμὴν ἀπὸ πᾶσαν ὀλέσσει,
δμηθεὶς ἑσπερίοισιν ὑπ´ ἀνδράσιν ἠῴοις τε.
Ῥωμαῖοί τε δὴ τὰ πρὸς ἑσπέραν
νεμόμενοι τῆς Εὐρώπης καθεῖλον τὴν Μακεδόνων ἀρχὴν καὶ τῶν ἐς τὸ
συμμαχικὸν ταχθέντων Ἄτταλος τῆς ἐκ Περγάμου συλλεχθείσης ἡγεμὼν καὶ
ἔτι ἐκ Μυσίας στρατιᾶς· πρὸς δὲ ἀνίσχοντα ἥλιον μᾶλλόν τι ἡ Μυσία
τέτραπται. |
CHAPITRE IX.
Métellus et ses collègues accusent les Achéens.
Députés des Lacédémoniens a Rome. Les Romains envoient des juges
pour prononcer sur les différents entre les Lacédémoniens et les
Achéens. Murs de Sparte rétablis. Les Romains, aidés par les
Lacédémoniens, s'opposent aux Achéens.
1. DANS ces circonstances, Métellus et
ceux qui étaient avec lui crurent devoir prendre en quelque
considération les plaintes des Lacédémoniens, ils invitèrent les
magistrats des Achéens à convoquer l'assemblée générale de la
confédération, pour pouvoir les exhorter en commun à mettre plus de
douceur dans leur conduite envers les Lacédémoniens ; ceux-ci leur
répondirent qu'ils ne convoqueraient l'assemblée ni pour eux, ni
pour tout autre qui n'aurait pas un décret du Sénat romain sur
l'affaire qui devait donner lieu à la convocation. Métellus et ceux
qui étaient avec lui se croyant insultés par les Achéens, ne
manquèrent pas, lorsqu'ils furent à Rome, de les accuser auprès du
Sénat, et de dire contre eux beaucoup de choses qui n'étaient pas
toutes conformes à la vérité. 2. Ces accusations furent aggravées
par Aréus et Alcibiade, Lacédémoniens qui jouissaient à Sparte de la
plus grande considération, mais qui n'étaient pas justes envers les
Achéens ; car, exilés par Nabis, les Achéens les avaient reçus, et
après sa mort les avaient fait rentrer à Sparte contre le vœu du
peuple. Aréus et Alcibiade se trouvaient alors à Rome, où
poursuivaient devant le Sénat avec une extrême chaleur les Achéens.
Ceux-ci, après leur départ, tinrent une assemblée, et déclarèrent
les deux Lacédémoniens dignes de la peine de mort. 3. Le Sénat
romain envoya de nouveaux députés, parmi lesquels était Appius pour
prononcer sur le différent entre les Achéens et les Spartiates.
Appius et ceux qui étaient avec lui ne pouvaient pas être vus avec
plaisir par les Achéens, parce qu'ils ramenaient avec eux Aréus et
Alcibiade, leurs plus grands ennemis; mais les Achéens s'offensèrent
encore plus du ton que l'on prit dans leur assemblée; c'était celui
de la colère plutôt que celui de la persuasion. 4. Lycortas de
Mégalopolis, qui par son rang ne le cédait à aucun des Arcadiens, et
à qui l'amitié de Philopémen donnait quelque courage, développa dans
son discours les droits des Achéens, et y mêla même quelques
reproches contre les Romains; mais Appius et ceux qui
l'accompagnaient tournèrent son discours en ridicule,
déchargèrent Aréus et Alcibiade de la sentence qui avait été portée
contre eux, en disant qu'ils n'avaient fait aucun tort aux Achéens,
et permirent aux Lacédémoniens d'envoyer des députés à Rome, ce qui
était contraire aux traités établis entre les Romains et les
Achéens, par lesquels il était dit que les Achéens en commun
pouvaient envoyer des députés à Rome, mais qu'aucune des villes qui
composaient la confédération ne pourrait jouir de ce droit. 5. Les
Achéens envoyèrent aussi des ambassadeurs de leur côté, et le Sénat
ayant entendu les uns et les autres, renvoya les mêmes commissaires
pour juger le différent qui existait entre les Lacédémoniens et les
Achéens. Appius et ses collègues, à leur arrivée, firent rentrer à
Sparte ceux qui en avaient été chassés par les Achéens, ainsi que
tous ceux qui s'étant enfuis avant le jugement, avaient été
condamnés comme coupables, et ils les déchargèrent des amendes
prononcées contre eux. Ils ne firent pas sortir les Lacédémoniens de
la confédération, mais ils leur permirent de porter devant un
tribunal étranger toutes les causes capitales, et ils ordonnèrent
que toutes les autres seraient comme auparavant portées devant le
Conseil Achéen; les Spartiates rétablirent alors l'enceinte de leurs
murs, comme elle était auparavant. Ceux des Lacédémoniens qui
étaient rentrés dans leurs pays, roulant dans leur tête toutes
sortes de projets contre les Achéens, regardèrent ce que je vais
dire comme le meilleur moyen de les chagriner. 6. Les Achéens
avaient exilé tous ceux des Messéniens qu'on croyait complices de la
mort de Philopémen ; ils leur persuadèrent, ainsi qu'à tous les
autres exilés Achéens, d'aller à Rome; et y étant allés eux-mêmes
avec eux, ils firent tout ce qu'ils purent pour leur faire accorder
la faculté de retourner dans leurs pays; et comme Appius, qui
favorisait ouvertement les Lacédémoniens, cherchait à contrarier les
Achéens en tout, il ne fut pas difficile aux exilés Messéniens et
Achéens de réussir dans leur demande. Le Sénat envoya donc aussitôt
des ordres à Athènes et dans l'Étolie pour qu'on renvoyât dans leur
patrie les Messéniens et les Achéens qui en avaient été exilés. 7.
Ce qui affligea le plus les Achéens, fut de voir qu'en tout le reste
ils n'éprouvaient que des injustices de la part des Romains, et que
c'était inutilement qu'ils leur avaient rendu tant de services,
puisque après avoir combattu pour eux contre Philippe, contre les
Étoliens et contre Antiochus, ils se voyaient préférer des hommes
exilés et souillés de crimes. Cependant ils crurent encore devoir
céder. Voilà ce qui se passait alors. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Θ'.
Μετέλλου καὶ τῶν σὺν αὐτῷ κατηγορίᾳ κατ' Ἀχαιῶν ἐς
Ῥώμην. Λακεδαιμονίων πρέσβεις ἐς Ῥώμην κατ' Ἀχαιῶν. Ῥωμαῖοι
ἀποστέλλουσι δικαστὰς ἐπὶ Λακεδαιμονίων καὶ Ἀχαιῶν. Τείχη τοῦ
Σπαρτιατῶν ἄστεως ἀνακαινισθέντα. Ῥωμαῖοι συμβοηθούμενοι ὑπὸ
Λακεφαιμινίων ἐναντιοῦνται.
(1) Τότε δὲ τῷ Μετέλλῳ καὶ τῇ ἄλλῃ
πρεσβείᾳ μὴ ὑπεριδεῖν Λακεδαιμονίων ἤρεσε καὶ Ἀχαιῶν, τοὺς δὲ τὰς
ἀρχὰς ἔχοντας ἐς τὸ συνέδριον ἠξίουν συγκαλέσαι τοὺς Ἀχαιούς, ἵνα ἐν
κοινῷ διδάξωσιν αὐτοὺς ἠπιώτερον μεταχειρίζεσθαι τὰ ἐν Λακεδαίμονι.
Οἱ δέ σφισιν ἀπεκρίναντο μήτε ἐκείνοις Ἀχαιοὺς ἐς σύλλογον μήτε ἄλλῳ
συνάξειν, ὅστις μὴ ἐπὶ τῷ πράγματι ἐφ´ ὅτῳ ποιεῖται τὴν πρόσοδον
παρὰ τῆς Ῥωμαίων βουλῆς ἔχει δόγμα. Μέτελλος δὲ καὶ οἱ σὺν αὐτῷ ὑπὸ
τῶν Ἀχαιῶν περιυβρίσθαι νομίζοντες, ἐπειδὴ ἀφίκοντο ἐς Ῥώμην, πολλὰ
ἐπὶ τῆς βουλῆς καὶ οὐ τὰ πάντα ἀληθῆ κατηγόρουν τῶν Ἀχαιῶν. (2)
Τούτων δὲ πλείονα ἐνεκάλουν Ἀχαιοῖς Ἀρεὺς καὶ Ἀλκιβιάδας, {ὡς}
Λακεδαιμόνιοι μὲν καὶ δόκιμοι τὰ μάλιστα ἐν τῇ Σπάρτῃ, τὰ δὲ ἐς
Ἀχαιοὺς οὐ δίκαιοι· γενομένους γὰρ ὑπὸ Νάβιδος φυγάδας ὑπεδέξαντο
αὐτοὺς οἱ Ἀχαιοὶ καὶ ἀποθανόντος Νάβιδος παρὰ γνώμην Λακεδαιμονίων
τοῦ δήμου κατάγουσιν ἐς Σπάρτην. Τότε οὖν ἀναβεβηκότες καὶ οὗτοι
παρὰ τὴν βουλὴν προθυμότατα ἐνέκειντο Ἀχαιοῖς· Ἀχαιοὶ δέ σφισιν
ἀπελθοῦσιν ἐπιβάλλουσιν ἐν τῷ συνεδρίῳ θάνατον ζημίαν. (3) Ῥωμαίων
δὲ ἡ βουλὴ πέμπουσιν ἄλλους τε ἄνδρας καὶ Ἄππιον Λακεδαιμονίοις καὶ
Ἀχαιοῖς τὰ δίκαια ὁρίσαι. Ἄππιος δὲ καὶ οἱ σὺν αὐτῷ ἔμελλον μὲν οὐδὲ
ὀφθέντες Ἀχαιοῖς ἔσεσθαι καθ´ ἡδονήν, οἳ Ἀρέα καὶ Ἀλκιβιάδαν ἅμ´
αὐτοῖς ἐπήγοντο ἐν τῷ τότε Ἀχαιοῖς ἐχθίστους· ἐλύπησαν δὲ καὶ ἐς
πλέον τοὺς Ἀχαιούς, ἐπειδὴ ἐς τὸν σύλλογον αὐτῶν ἐπελθόντες σὺν ὀργῇ
μᾶλλον ἐποιοῦντο ἢ πειθοῖ τοὺς λόγους. (4) Λυκόρτας δὲ ὁ
Μεγαλοπολίτης, οὔτε ἀξιώματι οὐδενὸς Ἀρκάδων ὕστερος καί τι καὶ
φρόνημα κατὰ φιλίαν προσειληφὼς τὴν Φιλοποίμενος, λόγῳ τε ἀπέφαινε
τὰ ὑπὲρ τῶν Ἀχαιῶν δίκαια καὶ ὁμοῦ τοῖς λόγοις καὶ μέμψιν τινὰ
ὑπέτεινεν ἐς τοὺς Ῥωμαίους. Ἄππιος δὲ καὶ οἱ σὺν αὐτῷ Λυκόρταν
λέγοντα ἐποιοῦντο ἐν χλευασμῷ καὶ Ἀρέως ἀποψηφίζονται καὶ Ἀλκιβιάδα
μηδὲν ἀδίκημα ἐξ αὐτῶν ἐς Ἀχαιοὺς εἶναι, Λακεδαιμονίοις τε
ἀποστεῖλαι πρέσβεις ἐφιᾶσιν ἐς Ῥώμην, ἐναντία ἐφιέντες ἢ Ῥωμαίοις
συγκείμενα ἦν καὶ Ἀχαιοῖς· Ἀχαιῶν μὲν γὰρ εἴρητο ἀπὸ τοῦ κοινοῦ παρὰ
τὴν Ῥωμαίων βουλὴν ἀπιέναι πρέσβεις, ἰδίᾳ δὲ ἀπείρητο μὴ
πρεσβεύεσθαι τὰς πόλεις ὅσαι συνεδρίου τοῦ Ἀχαιῶν μετεῖχον. (5)
Ἀντιπρεσβευσαμένων δὲ καὶ Ἀχαιῶν Λακεδαιμονίοις καὶ λόγων ῥηθέντων
ὑπὸ ἀμφοτέρων ἐπὶ τῆς βουλῆς, τοὺς αὐτοὺς ἀποστέλλουσιν αὖθις οἱ
Ῥωμαῖοι Λακεδαιμονίοις γενέσθαι καὶ Ἀχαιοῖς δικαστάς, Ἄππιον καὶ
ὅσοι σὺν ἐκείνῳ πρότερον ἐς τὴν Ἑλλάδα ἀφίκοντο. Οἱ δὲ τούς τε
ἐκβληθέντας ὑπὸ Ἀχαιῶν κατάγουσιν ἐς Σπάρτην καὶ ὅσων πρὸ κρίσεως
ἀπελθόντων κατέγνωστο ὑπὸ τῶν Ἀχαιῶν ἀδικεῖν, καὶ τὰ ἐπὶ τούτοις
τιμήματα ἔλυσαν· καὶ συντελείας μὲν Λακεδαιμονίους τῆς ἐς τὸ Ἀχαϊκὸν
οὐκ ἀφιᾶσι, περὶ δὲ τῇ ἑκάστου ψυχῇ ξενικά σφισι διδόασιν εἶναι
δικαστήρια, ὅσα δὲ ἄλλα ἐγκλήματα, λαμβάνειν τε αὐτοὺς καὶ ἐν τῷ
Ἀχαϊκῷ ὑπέχειν τὰς κρίσεις. Ἐτειχίσθη δὲ καὶ ἐξ ἀρχῆς αὖθις
Σπαρτιάταις ὁ κύκλος τοῦ ἄστεως. (6) Λακεδαιμονίων δὲ οἱ
κατελθόντες, βουλεύοντες παντοῖα ἐπὶ Ἀχαιοῖς, λυπήσειν σφᾶς ἐπὶ
τοιῷδε μάλιστα ἤλπιζον. Μεσσηνίους τοὺς Φιλοποίμενι θανάτου
συναιτίους γενέσθαι νομισθέντας καὶ κατὰ τὴν αἰτίαν ταύτην ὑπὸ
Ἀχαιῶν ἐκπεπτωκότας, τούτους τε καὶ Ἀχαιῶν αὐτῶν τοὺς φεύγοντας
ἀναβῆναι πείθουσιν ἐς Ῥώμην· σὺν δέ σφισιν ἀνεληλυθότες καὶ αὐτοὶ
γενέσθαι τοῖς ἀνδράσιν ἔπρασσον κάθοδον. Ἅτε δὲ τοῦ Ἀππίου
Λακεδαιμονίοις συμπροθυμουμένου μεγάλως, Ἀχαιοῖς δὲ ἐπὶ παντὶ
ἀντιβαίνοντος, ἔμελλεν οὐ χαλεπῶς Μεσσηνίων καὶ Ἀχαιῶν τοῖς φεύγουσι
τὰ βουλεύματα ἐς δέον χωρήσειν· γράμματά τε αὐτίκα ὑπὸ τῆς βουλῆς ἔς
τε Ἀθήνας κατεπέμπετο καὶ ἐς Αἰτωλίαν κατάγειν σφᾶς Μεσσηνίους καὶ
Ἀχαιοὺς ἐπὶ τὰ οἰκεῖα. (7) Τοῦτο Ἀχαιοὺς ἐς τὰ μάλιστα ἠνίασεν, ὡς
οὔτε ἄλλως πάσχοντας δίκαια ὑπὸ Ῥωμαίων καὶ ἐς τὸ ἀνωφελὲς
προϋπηργμένων σφίσιν ἐς αὐτούς, οἳ ἐπὶ τὰ Φιλίππου καὶ Αἰτωλῶν
ἐναντία καὶ αὖθις Ἀντιόχου στρατεύσαντες χάριτι τῇ ἐς Ῥωμαίους
ἐγίνοντο ὕστεροι φυγάδων ἀνθρώπων καὶ οὐ καθαρῶν χεῖρας· ὅμως δὲ
εἴκειν σφίσιν ἐδόκει. |
CHAPITRE X.
Exemples de traîtres à la patrie. Les Achéens, trahis
par Callicrate leur concitoyen, sont soumis aux Romains.
1. IL était aussi de la destinée des
Achéens que leurs malheurs commençassent par le plus impie de tous
les forfaits, la perfidie de ces hommes qui sont toujours prêts à
trahir leur patrie et leurs concitoyens pour leur intérêt
particulier. Les hommes de cette espèce n'ont jamais manqué dans la
Grèce ; car sous le règne de Darius, fils d'Hystape, les affaires
des Ioniens furent ruinées par les Samiens, dont tous les capitaines
de vaisseaux, à l'exception de onze, abandonnèrent l'armée navale.
2. Les Ioniens étant soumis, les Mèdes réduisirent en esclavage les
habitants de l'Erétrie qui furent trahis par deux des principaux
d'entre eux, Philagrus, fils de Cynéus, et Euphorbe, fils
d'Alcimachus. Lorsque Xerxès fit son expédition dans la Grèce, la
Thessalie lui fut livrée par les Aleuades; Attagilus et Timagénidas
trahirent Thèbes, où ils tenaient le premier rang : pendant la
guerre du Péloponnèse, Xénias, Éléen, tenta de trahir l'Élide en la
livrant à Agis et aux Lacédémoniens ; 3. et ceux qu'on nommait les
hôtes de Lysandre, ne cessaient de travailler pour lui asservir
leurs pays : sous le règne de Philippe, fils d'Amyntas, Lacédémone
fut la seule ville grecque qui ne fut pas trahie, les autres
éprouvèrent beaucoup plus de maux par les trahisons qu'elles n'en
avaient essuyé auparavant par les ravages des maladies contagieuses.
Alexandre, fils de Philippe, était si heureux, qu'il eut peu besoin
d'employer des traîtres, il n'en fit pas un grand usage ; 4. mais
après l'échec que les Grecs éprouvèrent à Lamie, Antipater, qui
était très pressé de passer en Asie où la guerre l'appelait, voulait
promptement faire la paix, et il lui importait peu de laisser la
liberté à Athènes et au reste de la Grèce : il fut détourné de ses
desseins par Démades et les autres traîtres qui se trouvaient à
Athènes ; ils l'empêchèrent de se livrer à des sentiments d'humanité
envers la Grèce, et en épouvantant le peuple d'Athènes, ils furent
cause que cette ville et la plupart des autres reçurent des
garnisons macédoniennes; 5. la preuve de ce que j'avance, c'est que
les Athéniens ne se soumirent point à Philippe après la défaite de
Chéronée, quoiqu'on leur eût pris deux mille hommes après le combat,
et qu'on leur en eût tué mille dans l'action même. Ils n'en avaient
perdu à Lamie que deux cents tout au plus, et cependant ils furent
asservis aux Macédoniens ; c'est ainsi que les traîtres n'ont jamais
manqué dans la Grèce. Quant aux Achéens, ce fut un Achéen nommé
Callicrate qui les mit entièrement dans la dépendance des Romains.
Leurs malheurs commencèrent à l'époque où Persée et le royaume de
Macédoine furent soumis par les Romains. 6. Persée, fils de
Philippe, étant en paix avec les Romains, suivant le traité que son
père avait conclu, viola ce traité, en conduisant une armée contre
Abrupolis, roi des Sapéens, et en les chassant de leur pays,
quoiqu'ils fussent alliés des Romains. Archiloque a parlé de ces
Sapéens dans ses vers iambiques. 7. Les Romains ayant pris Persée et
conquis la Macédoine à cause de l'injustice faite aux Sapéens, y
envoyèrent dix sénateurs pour en régler le gouvernement de la
manière la plus convenable à leurs intérêts. Ces sénateurs étant
venus dans la Grèce, Callicrate s'insinua auprès d'eux et n'oublia,
soit en paroles, soit en actions, rien de ce qui pouvait les
flatter. Il circonvint même un de ces sénateurs, qui n'avait pas une
très grande réputation d'intégrité, au point de l'engager à se
présenter devant l'assemblée des Achéens; 8. et là, ce sénateur dit
que les plus puissants d'entre les Achéens avaient fourni de
l'argent à Persée pour faire la guerre aux Romains, et l'avaient
aidé en tout le reste. Il ordonna donc aux Achéens de les condamner
à mort, et il ajouta qu'après leur condamnation, il ferait connaître
leurs noms. Comme ce qu'il disait paroissait de la plus grande
injustice, ceux qui étaient déjà arrivés dans l'assemblée, le
prièrent de désigner nominativement chacun de ceux des Achéens qui
pouvaient avoir favorisé Persée, en observant qu'il n'était pas
juste de les condamner auparavant. 9. Le Romain se voyant ainsi
contredit, eut l'audace de dire que tous ceux qui avaient été
préteurs des Achéens étaient coupables, et que tous avaient favorisé
Persée et les Macédoniens. Ces paroles lui avaient été suggérées par
Callicrate. Xénon, qui jouissait déjà d'un assez grand crédit parmi
les Achéens, s'étant levé après lui, prit la parole et dit: « II n'y
a rien de vrai dans tout ceci; j'ai été moi-même préteur des
Achéens, et je n'ai rien fait pour offenser les Romains, ni pour
favoriser Persée; je consens à être jugé sur ce point par
l'assemblée des Achéens, je consens même à être jugé par les
Romains. » II parlait ainsi d'après le témoignage de sa consience;
10. mais le Romain saisit tout de suite ce prétexte, et envoya à
Rome pour y être jugés par le sénat, tout ceux que Callicrate avait
accusés d'avoir favorisé Persée. Cela n'était pas encore arrivé aux
Grecs; car ceux même des rois de Macédoine qui avaient eu le plus de
pouvoir, comme Philippe, fils d'Amyntas, et Alexandre, ne forçaient
pas ceux des Grecs qui leur étaient opposés, à venir dans la
Macédoine ; mais ils permettaient qu'ils rendissent compte de leur
conduite devant les Ampliictyons. 11. Il fut alors ordonné que tous
ceux des Achéens qu'il plairait à Callicrate d'accuser, quelque
innocents qu'ils fussent, seraient conduits à Rome ; leur nombre se
monta à plus de mille. Les Romains croyant qu'ils avaient déjà été
condamnés par le peuple Achéen, les envoyèrent dans les différentes
villes de l'Étrurie, et ne tinrent aucun compte des ambassades que
leur adressèrent les Achéens, et des prières qu'ils leur firent
faire en faveur de ces malheureux. 12. Enfin dix-sept ans après, ils
en relâchèrent trois cents tout au plus, les seuls qui fussent
restés en Italie; ils les renvoyèrent pensant qu'ils avaient été
assez punis. Quant à ceux qui s'échappèrent au moment même qu'on les
conduisait à Rome, ou qui s'enfuirent dans la suite des villes où
les Romains les avoient envoyés, on les punissait sur-le-champ, sans
écouter aucun prétexte. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ι'.
Παραδειγμάτων ἀπαρίθμησις περί τινων πολιτῶν τῶν
προδιδόντων τὴν πατριδα. Ἀχαιοὶ ὑπὸ τοῦ Ἀχαιοῦ Καλλιστράτους
προδοθέντες Ῥψμαίοις ὑποχείριοι κατεστάθησαν.
(1) Τότε μὲν δὴ ἐς τοσοῦτο ἐπράχθη·
τολμημάτων δὲ τὸ ἀνοσιώτατον, τὴν πατρίδα καὶ ἄνδρας προδιδόναι
πολίτας ἐπὶ οἰκείοις κέρδεσιν, ἔμελλε καὶ Ἀχαιοῖς κακῶν ἄρξειν,
οὔποτε ἐκ τοῦ χρόνου παντὸς τὴν Ἑλλάδα ἐκλιπόν. Ἐπὶ μέν γε Δαρείου
τοῦ Ὑστάσπου βασιλεύοντος Περσῶν Ἴωσι τὰ πράγματα ἐφθάρη Σαμίων πλὴν
ἑνός τε καὶ δέκα ἀνδρῶν τῶν ἄλλων τριηράρχων τὸ ναυτικὸν τὸ Ἰώνων
προδόντων· (2) μετὰ δὲ Ἴωνας κεχειρωμένους ἠνδραποδίσαντο καὶ
Ἐρέτριαν Μῆδοι, προδόται δὲ ἐγένοντο οἱ εὐδοκιμοῦντες μάλιστα ἐν
Ἐρετρίᾳ Φίλαγρος Κυνέου καὶ Εὔφορβος Ἀλκιμάχου. Ξέρξῃ δὲ ἐπὶ τὴν
Ἑλλάδα ἐλαύνοντι Θεσσαλία τε δι´ Ἀλευάδου προεδόθη, Θήβας δὲ
Ἀτταγῖνος καὶ Τιμηγενίδας προδιδόασι φερόμενοι τὰ πρῶτα ἐν Θήβαις.
Πελοποννησίων δὲ καὶ Ἀθηναίων πολεμησάντων Ξενίας Ἠλεῖος ἐπεχείρησεν
Ἦλιν Λακεδαιμονίοις καὶ Ἄγιδι προδοῦναι, (3) οἵ τε Λυσάνδρου
καλούμενοι ξένοι χρόνον οὐδένα ἀνίεσαν πατρίδας ἐγχειρίζοντες
Λυσάνδρῳ τὰς ἑαυτῶν. Κατὰ δὲ τὴν Φιλίππου βασιλείαν τοῦ Ἀμύντου
Λακεδαίμονα πόλεων μόνην οὐ προδοθεῖσαν τῶν ἐν Ἕλλησιν εὕροι τις ἄν·
αἱ δὲ ἄλλαι πόλεις αἱ ἐν τῇ Ἑλλάδι ὑπὸ προδοσίας μᾶλλον ἢ ὑπὸ νόσου
πρότερον τῆς λοιμώδους ἐφθάρησαν. Ἀλεξάνδρῳ δὲ τῷ Φιλίππου παρέσχεν
ἡ εὐτυχία μικρὰ ἀνδρῶν προδοτῶν καὶ οὐκ ἄξια λόγου προσδεηθῆναι. (4)
Ἐπεὶ δὲ τὸ ἐν Λαμίᾳ πταῖσμα ἐγένετο Ἕλλησιν, Ἀντίπατρος μέν, ἅτε
διαβῆναι ποιούμενος σπουδὴν πρὸς τὸν ἐν τῇ Ἀσίᾳ πόλεμον, ἐβούλετο
εἰρήνην ἐν τάχει συντίθεσθαι, καί οἱ διέφερεν οὐδὲν εἰ Ἀθήνας τε
ἐλευθέραν καὶ τὴν πᾶσαν Ἑλλάδα ἀφήσει· Δημάδης δὲ καὶ ὅσον προδοτῶν
Ἀθήνῃσιν ἄλλο ἦν, ἀναπείθουσιν Ἀντίπατρον μηδὲν ἐς Ἕλληνας φρονῆσαι
φιλάνθρωπον, ἐκφοβήσαντες δὲ Ἀθηναίων τὸν δῆμον ἔς τε Ἀθήνας καὶ
πόλεων τῶν ἄλλων τὰς πολλὰς ἐγένοντο αἴτιοι Μακεδόνων ἐσαχθῆναι
φρουράς. Βεβαιοῖ δέ μοι καὶ τόδε τὸν λόγον· (5) Ἀθηναῖοι γὰρ μετὰ τὸ
ἀτύχημα τὸ ἐν Βοιωτοῖς οὐκ ἐγένοντο Φιλίππου κατήκοοι, ἁλόντων μέν
σφισι δισχιλίων, ὡς ἐκρατήθησαν, παρὰ τὸ ἔργον, χιλίων δὲ
φονευθέντων· ἐν Λαμίᾳ δὲ περὶ διακοσίους πεσόντων καὶ οὐ πλέον τι,
Μακεδόσιν ἐδουλώθησαν. Οὕτω μὲν οὔποτε τὴν Ἑλλάδα ἐπέλειπον οἱ ἐπὶ
προδοσίᾳ νοσήσαντες· Ἀχαιοὺς δὲ ἀνὴρ Ἀχαιὸς Καλλικράτης τηνικαῦτα ἐς
ἅπαν ἐποίει Ῥωμαίοις ὑποχειρίους. Ἀρχὴ δέ σφισιν ἐγίνετο κακῶν
Περσεὺς καὶ ἡ Μακεδόνων ἀρχὴ καταλυθεῖσα ὑπὸ Ῥωμαίων. (6) Περσεῖ τῷ
Φιλίππου πρὸς Ῥωμαίους ἄγοντι εἰρήνην κατὰ συνθήκας, ἃς ὁ πατήρ οἱ
Φίλιππος ἐποιήσατο, ἐπῆλθεν ὑπερβῆναι τοὺς ὅρκους καὶ ἐπί τε
Σαπαίους καὶ Σαπαίων τὸν βασιλέα Ἀβρούπολιν στράτευμα ἀγαγὼν
ἐποίησεν ἀναστάτους Ῥωμαίων συμμάχους ὄντας· Σαπαίων δὲ τούτων καὶ
Ἀρχίλοχος ἐν ἰάμβῳ μνήμην ἔσχε. (7) Μακεδόνων δὲ καὶ Περσέως
κεχειρωμένων πολέμῳ διὰ τὸ ἐς Σαπαίους ἀδίκημα, ἄνδρες τῆς Ῥωμαίων
βουλῆς δέκα ἐπέμφθησαν καταστησόμενοι πρὸς τὸ ἐπιτηδειότατον
Ῥωμαίοις τὰ ἐν Μακεδονίᾳ. Ἥκοντας δὲ ἐς τὴν Ἑλλάδα ὑπήρχετο ὁ
Καλλικράτης οὔτε ἔργον τῶν ἐς τὴν κολακείαν οὔτε λόγον οὐδένα ἐς
αὐτοὺς παριείς· ἕνα δέ τινα ἐξ αὐτῶν ἄνδρα οὐδαμῶς ἐς δικαιοσύνην
πρόθυμον, τοῦτον τὸν ἄνδρα προσεποιήσατο ὁ Καλλικράτης ἐς τοσοῦτον
ὥστε αὐτὸν καὶ ἐς τὸ συνέδριον ἐσελθεῖν τὸ Ἀχαιῶν ἔπεισεν. (8) Ὁ δὲ
ὡς ἐς τὸν σύλλογον ἐσῆλθεν, ἔλεγεν ὡς πολεμοῦντι πρὸς Ῥωμαίους
Περσεῖ χρήματα οἱ δυνατώτατοι τῶν Ἀχαιῶν παράσχοιεν, συνάραιντο δὲ
καὶ ἐς τὰ ἄλλα· ἐκέλευσεν οὖν καταγνῶναι τοὺς Ἀχαιοὺς θάνατον· εἰ δὲ
ἐκεῖνοι καταγνοῖεν, τότε καὶ αὐτὸς τὰ ὀνόματα ἐρεῖν ἔφασκε τῶν
ἀνδρῶν. Λέγειν τε δὴ ἐδόκει παντάπασιν ἄδικα καὶ αὐτὸν ἠξίουν οἱ ἐς
τὸν σύλλογον ἐληλυθότες ἤδη, εἰ Περσεῖ τὰ αὐτὰ Ἀχαιῶν τινες ἔπραξαν,
ὀνομαστὶ αὐτῶν ἑκάστου μνησθῆναι, πρότερον δὲ οὐ σφᾶς καταγινώσκειν
εἰκὸς εἶναι. (9) Ἔνθα δὴ ὡς ἠλέγχετο ὁ Ῥωμαῖος, ἀπετόλμησεν εἰπεῖν
ὡς οἱ ἐστρατηγηκότες Ἀχαιῶν ἐνέχονται πάντες τῇ αἰτίᾳ· πάντας γὰρ
φρονῆσαι τὰ Μακεδόνων τε καὶ Περσέως. Ὁ μὲν δὴ ταῦτα ἔλεγεν ὑπὸ
διδασκαλίᾳ Καλλικράτους· ἀναστὰς δὲ μετ´ αὐτὸν Ξένων - ἦν δὲ ὁ Ξένων
οὗτος οὐκ ἐλαχίστου λόγου παρὰ Ἀχαιοῖς -
« Οὕτως
» ἔφη
«
κατὰ τὴν αἰτίαν ἔχει ταύτην· ἐστρατήγησα μὲν Ἀχαιῶν καὶ
ἐγώ, ἀδικίας δὲ οὐδὲν ἐς Ῥωμαίους οὔτε εὐνοίας μοι μέτεστιν ἐς Περσέα· καὶ τοῦδε
ἕνεκα ἐθέλω μὲν ἐν συνεδρίῳ τῷ Ἀχαιῶν, ἐθέλω δὲ καὶ ἐν αὐτοῖς Ῥωμαίοις ὑπέχειν
κρίσιν.
»
Ὁ μὲν δὴ ὑπὸ συνειδότος ἐπαρρησιάζετο
ἀγαθοῦ· (10) ὁ δὲ ἐπελάβετο αὐτίκα ὁ Ῥωμαῖος τῆς προφάσεως, καὶ
ὁπόσοις Καλλικράτης ἐπῆγεν αἰτίαν Περσεῖ σφᾶς φρονῆσαι τὰ αὐτά,
ἀνέπεμπεν ἐν δικαστηρίῳ κρίσιν τῷ Ῥωμαίων ὑφέξοντας. Ὃ μή πω
κατειλήφει πρότερον Ἕλληνας· οὐδὲ γὰρ {παρὰ} Μακεδόνων οἱ ἰσχύσαντες
μέγιστον, Φίλιππος Ἀμύντου καὶ Ἀλέξανδρος, τοὺς ἀνθεστηκότας σφίσιν
Ἑλλήνων ἐς Μακεδονίαν ἐβιάσαντο ἀποσταλῆναι, διδόναι δὲ αὐτοὺς ἐν
Ἀμφικτύοσιν εἴων λόγον. (11) Τότε δὲ ἐκ τοῦ Ἀχαιῶν ἔθνους ὅντινα καὶ
ἀναίτιον Καλλικράτης ἐθελήσειεν αἰτιάσασθαι, ἀνάγεσθαι πάντα τινὰ
ἐκεκύρωτο ἐς Ῥώμην· καὶ ἐγένοντο ὑπὲρ χιλίους οἱ ἀναχθέντες. Τούτους
ὑπὸ Ἀχαιῶν οἱ Ῥωμαῖοι προκατεγνῶσθαι νομίζοντες ἔς τε Τυρσηνίαν καὶ
ἐς τὰς ἐκεῖ διέπεμψαν πόλεις, καὶ Ἀχαιῶν ἄλλοτε ἄλλας ὑπὲρ τῶν
ἀνδρῶν πρεσβείας τε καὶ ἱκεσίας ἐπιπεμπόντων λόγον ἐποιοῦντο οὐδένα.
(12) Ἑπτακαιδεκάτῳ δὲ ὕστερον ἔτει τριακοσίους ἢ καὶ ἐλάσσονας, οἳ
μόνοι περὶ Ἰταλίαν Ἀχαιῶν ἔτι ἐλείποντο, ἀφιᾶσιν, ἀποχρώντως
κολασθῆναι σφᾶς ἡγούμενοι. Ὅσοι δὲ ἀποδράντες ᾤχοντο ἢ εὐθὺς ἡνίκα
ἀνήγοντο ἐς Ῥώμην ἢ ὕστερον ἐκ τῶν πόλεων ἐς ἃς ὑπὸ Ῥωμαίων
ἐπέμφθησαν, πρόφασις οὐδεμία ἦν τούτους ἁλόντας μὴ ὑποσχεῖν δίκην. |
CHAPITRE XI.
Les Romains envoyant Gallus dans la Grèce. Plusieurs villes se
séparent de la confédération Achéenne. Différents entre les
Athéniens et les Oropiens. Les Achéens secourent les Oropiens contre
les Athéniens.
1. LES Romains envoyèrent de nouveau
un sénateur dans la Grèce pour juger une contestation qui s'était
élevée entre les Lacédémoniens et les Argiens au sujet d'une
portion de territoire. Ce sénateur, nommé
Gallus, témoigna, soit par ses paroles, soit par ses actions, le
plus grand mépris pour tous les Grecs ; il se moqua tout-à-fait des
Lacédémoniens et des Argiens ; 2. car ces deux peuples, qui étaient
parvenus à un si haut degré de considération ; qui dans les temps
les plus reculés avaient soutenu, l'un contre l'autre, au sujet de
leurs limites, une guerre assez célèbre, et dans laquelle ils
s'étaient distingués par des actions d'éclat; dont plus tard
Philippe, fils d'Amyntas, n'avait pas dédaigné d'être l'arbitre dans
une pareille circonstance ; 3. ces peuples, dis-je, ne parurent pas
à Gallus dignes de l'avoir pour juge, et il confia la décision de
cette affaire à Callicrate, cet homme si funeste à toute la Grèce.
Il vint aussi vers Gallus des députés des Étoliens de Pleuron pour
demander à sortir de la confédération Achéenne ; à cet effet il leur
permit d'envoyer en leur propre nom une ambassade à Rome; les
Romains accueillirent leur demande. Le sénat envoya même des ordres
à Gallus pour qu'il détachât de la ligue Achéenne le plus de villes
qu'il pourrait ; et Gallus exécuta les ordres qu'on lui avait
donnés. 4. Dans ces entrefaites les Athéniens, pressés par le besoin
plutôt que de propos délibéré, pillèrent la ville d'Orope qui leur
était soumise; ils se trouvaient en effet alors dans la misère la
plus profonde, étant de tous les Grecs ceux qui avaient le plus
souffert des guerres contre les Macédoniens. Les Oropiens eurent
alors recours au sénat romain, et comme le traitement
qu'ils avaient éprouvé paraissait injuste, 5. le sénat chargea les
Sicyoniens de fixer l'amende que les Athéniens dévoient payer aux
Oropiens en réparation du dommage qu'ils leur avaient fait. Les
Athéniens ne s'étant pas présentés à l'époque fixée pour le
jugement, les Sicyoniens les condamnèrent à une amende de cinq cents
talents. A la prière des Athéniens le sénat romain réduisit cette
amende à cent talents. Les Athéniens ne la payèrent pas non plus;
mais ayant, à force de présents et de promesses, circonvenu les
Oropiens, ils les amenèrent à consentir à recevoir une garnison
Athénienne, et à leur donner des otages ; il était convenu que si
les Oropiens avaient de nouveau quelques plaintes à former contre
les Athéniens, ces derniers seraient obligés de retirer leur
garnison et de rendre les otages. 6. Il ne s'était pas encore
écoulé beaucoup de temps, lorsque les soldats de cette garnison
maltraitèrent quelques Oropiens, qui envoyèrent alors à Athènes
demander que d'après les conventions on retirât la garnison, et
qu'on leur rendît leurs otages. Les Athéniens dirent qu'ils ne
feraient ni l'un ni l'autre ; que ce qui s'était passé était le
délit de la garnison et non du peuple ; ils déclarèrent qu'ils
puniraient les coupables. 7. Les Oropiens eurent recours à la
protection des Achéens et les prièrent de les venger. Ceux-ci par
amitié et par déférence pour les Athéniens ne voulurent point
s'en mêler. Les Oropiens s'adressèrent à Ménalcidas, Lacédémonien,
alors préteur des Achéens, et lui promirent dix talents s'il
décidait les Achéens à prendre leur défense. Ménalcidas promit la
moitié de cette somme à Callicrate à qui l'amitié des Romains
donnait beaucoup d'autorité parmi les Achéens. 8. Callicrate s'étant
rangé à l'avis de Ménalcidas, il fut décidé qu'on secourrait
les Oropiens contre les Athéniens. Quelqu'un en ayant informé ces
derniers, ils se hâtèrent d'aller à Orope, et après en avoir enlevé
tout ce qui avait échappé à leurs précédents pillages, ils
emmenèrent leur garnison. Les Achéens étant ainsi arrivés trop tard,
Ménalcidas et Callicrates voulaient faire une invasion dans
l'Attique ; mais comme d'autres, et surtout les Lacédémoniens, s'y
opposaient, leur armée se retira. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΑ'.
Γάλλου πεμφθέντος δικαστοῦ ἐς Ἑλλάδα ὑπὸ Ῥωμαίων,
πολλαὶ πόλεις ἀπεστάτησαν συνεδρίου Ἀχαιῶν. Διχόνοιαι Ἀθηναίων
καὶ Ὠρωπίων. Ἀχαιοὶ μεθ' Ὠρωπίων κατ' Ἀθηναίων.
(1) Ῥωμαῖοι δὲ αὖθις ἄνδρα ἐκ τῆς
βουλῆς καταπέμπουσιν ἐς τὴν Ἑλλάδα· ὄνομα μὲν τῷ ἀνδρὶ ἦν Γάλλος,
ἀπέσταλτο δὲ Λακεδαιμονίοις καὶ Ἀργείοις ὑπὲρ γῆς ἀμφισβητουμένης
γενέσθαι δικαστής. Οὗτος ὁ Γάλλος ἐς τὸ Ἑλληνικὸν πολλὰ μὲν εἶπε,
πολλὰ δὲ καὶ ἔπραξεν ὑπερήφανα, Λακεδαιμονίους δὲ καὶ Ἀργείους τὸ
παράπαν ἔθετο ἐν χλευασίᾳ· (2) πόλεσι γὰρ ἐς τοσοῦτο ἡκούσαις
ἀξιώματος καὶ ὑπὲρ τῶν ὅρων τῆς χώρας τὰ μὲν παλαιότερα ἐς οὐκ ἀφανῆ
πόλεμον καὶ ἔργα οὕτως ἀφειδῆ προαχθείσαις, κριθείσαις δὲ καὶ
ὕστερον παρὰ δικαστῇ κοινῷ Φιλίππῳ τῷ Ἀμύντου, αὐτὸς μέν σφισιν ὁ
Γάλλος ἀπηξίωσε δικαστὴς καταστῆναι, Καλλικράτει δὲ ἁπάσης τῆς
Ἑλλάδος ἀνδρὶ ἀλάστορι ἐπιτρέπει τὴν κρίσιν. (3) Ἀφίκοντο δὲ ὡς τὸν
Γάλλον καὶ Αἰτωλῶν οἱ Πλευρῶνα οἰκοῦντες, συντελείας τῆς ἐς Ἀχαιοὺς
ἐθέλοντες ἄφεσιν εὕρασθαι· καὶ αὐτοῖς ἐπετράπη μὲν ὑπὸ τοῦ Γάλλου
πρεσβείαν ἐπὶ σφῶν αὐτῶν ἰδίᾳ παρὰ Ῥωμαίους ἀποστεῖλαι, ἐπετράπη δὲ
ὑπὸ Ῥωμαίων συνεδρίου τοῦ Ἀχαιῶν ἀποστῆναι. Προσεπεστάλη δὲ ὑπὸ τῆς
βουλῆς τῷ Γάλλῳ πόλεις ὁπόσας ἐστὶν οἷός τε {ὡς} πλείστας ἀφεῖναι
συλλόγου τοῦ Ἀχαιῶν. (4) Ὁ μὲν δὴ τὰ ἐντεταλμένα ἐποίει, Ἀθηναίων δὲ
ὁ δῆμος ἀνάγκῃ πλέον ἢ ἑκουσίως διαρπάζουσιν Ὠρωπὸν ὑπήκοόν σφισιν
οὖσαν· πενίας γὰρ ἐς τὸ ἔσχατον Ἀθηναῖοι τηνικαῦτα ἧκον ἅτε ὑπὸ
Μακεδόνων πολέμῳ πιεσθέντες μάλιστα Ἑλλήνων. Καταφεύγουσιν οὖν ἐπὶ
τὴν Ῥωμαίων βουλὴν οἱ Ὠρώπιοι· καὶ δόξαντες παθεῖν οὐ δίκαια, {καὶ}
ἐπεστάλη Σικυωνίοις ὑπὸ τῆς βουλῆς ἐπιβάλλειν σφᾶς Ἀθηναίοις ἐς
Ὠρωπίους ζημίαν κατὰ τῆς βλάβης ἧς ἦρξαν τὴν ἀξίαν. (5) Σικυώνιοι
μὲν οὖν οὐκ ἀφικομένοις ἐς καιρὸν τῆς κρίσεως Ἀθηναίοις ζημίαν
πεντακόσια τάλαντα ἐπιβάλλουσι, Ῥωμαίων δὲ ἡ βουλὴ δεηθεῖσιν
Ἀθηναίοις ἀφίησι πλὴν ταλάντων ἑκατὸν τὴν ἄλλην ζημίαν· ἐξέτισαν δὲ
οὐδὲ ταῦτα οἱ Ἀθηναῖοι, ἀλλὰ ὑποσχέσεσι καὶ δώροις ὑπελθόντες
Ὠρωπίους ὑπάγονται σφᾶς ἐς ὁμολογίαν φρουράν τε Ἀθηναίων ἐσελθεῖν ἐς
Ὠρωπὸν καὶ ὁμήρους λαβεῖν παρὰ Ὠρωπίων Ἀθηναίους· ἢν δὲ αὖθις ἐς
Ἀθηναίους γένηται ἔγκλημα Ὠρωπίοις, τὴν φρουρὰν τότε ἀπάγειν παρ´
αὐτῶν Ἀθηναίους, ἀποδοῦναι δὲ καὶ ὀπίσω τοὺς ὁμήρους. (6) Χρόνος τε
δὴ οὐ πολὺς ὁ μεταξὺ ἤνυστο, καὶ τῶν φρουρῶν ἀδικοῦσιν ἄνδρες
Ὠρωπίους. Οἱ μὲν δὴ ἐς τὰς Ἀθήνας ἀπέστελλον ὁμήρους τε ἀπαιτήσοντας
καὶ φρουράν σφισιν ἐξάγειν κατὰ τὰ συγκείμενα ἐροῦντας· Ἀθηναῖοι δὲ
οὐδέτερα ἔφασαν ποιήσειν, ἀνθρώπων γὰρ τῶν ἐπὶ τῇ φρουρᾷ καὶ οὐ τοῦ
Ἀθηναίων δήμου τὸ ἁμάρτημα εἶναι· τοὺς μέντοι αὐτὰ εἰργασμένους
ἐπηγγέλλοντο ὑφέξειν δίκην. (7) Οἱ δὲ Ὠρώπιοι καταφεύγοντες ἐπὶ
Ἀχαιοὺς ἐδέοντο τιμωρῆσαί σφισιν· Ἀχαιοῖς δὲ ἤρεσκε μὴ τιμωρεῖν
φιλίᾳ τε καὶ αἰδοῖ τῇ Ἀθηναίων. Ἐνταῦθα οἱ Ὠρώπιοι Μεναλκίδᾳ,
Λακεδαιμονίῳ μὲν γένος, στρατηγοῦντι δὲ ἐν τῷ τότε Ἀχαιῶν,
ὑπισχνοῦνται δέκα ταλάντων δόσιν, ἤν σφισιν ἐπικουρεῖν Ἀχαιοὺς ἄγῃ·
ὁ δὲ ἀπὸ τῶν χρημάτων μεταδώσειν Καλλικράτει τὸ ἥμισυ ὑπισχνεῖτο,
ἰσχύοντι διὰ φιλίαν τὴν Ῥωμαίων ἐν Ἀχαιοῖς μέγιστον. (8)
Προσγενομένου δὲ τοῦ Καλλικράτους πρὸς τὴν Μεναλκίδου γνώμην
ἐκεκύρωτο κατὰ Ἀθηναίων ἀμύνειν Ὠρωπίοις. Καί τις ἐξαγγέλλει ταῦτα
ἐς τοὺς Ἀθηναίους· οἱ δὲ ὡς ἕκαστος τάχους εἶχεν ἐς τὸν Ὠρωπὸν
ἐλθόντες καὶ αὖθις κατασύραντες εἴ τι ἐν ταῖς προτέραις παρεῖτό
σφισιν ἁρπαγαῖς, ἀπάγουσι τὴν φρουράν. Ἀχαιοὺς δὲ ὑστερήσαντας τῆς
βοηθείας Μεναλκίδας μὲν καὶ Καλλικράτης ἐσβάλλειν ἐς τὴν Ἀττικὴν
ἔπειθον· ἀνθισταμένων δὲ ἄλλων τε αὐτοῖς καὶ οὐχ ἥκιστα τῶν ἐκ
Λακεδαίμονος, ἀνεχώρησεν ὀπίσω τὸ στράτευμα. |
CHAPITRE XII.
Ménalcidas surpasse Callicrate en perfidie. Diéus,
par ses fourberies, est cause de la guerre entre les Achéens et les
Lacédémoniens. Les Romains leur envoient des députés pour rétablir
la paix.
1. QUOIQUE les Oropiens n'eussent tiré
aucun avantage des secours des Achéens, Ménalcidas ne laissa pas
d'exiger d'eux l'argent qu'ils lui avaient promis. Lorsqu'il l'eut
entre les mains, il lui parut dur d'être obligé de le partager avec
Callicrate; il l'amusa d'abord par des délais et par toutes sortes
de ruses, et bientôt après il lui dit ouvertement qu'il ne voulait
rien lui donner; 2. ce qui est confirmé par les vers suivants qui
coururent alors : Il y a donc un feu plus brûlant qu'un autre
feu, un loup plus féroce que les autres loups, et un épervier plus
léger au vol que les autres éperviers, puisque Ménalcidas a vaincu
en fourberie Callicrate, le plus scélérat de tous ses contemporains.
Callicrate qui tenait beaucoup à l'argent, et qui voyait qu'il
s'était attiré la haine des Athéniens sans y rien gagner, poursuivit
devant les Achéens Ménalcidas, aussitôt qu'il fut sorti de charge,
pour le faire condamner à mort, l'accusant d'être allé en ambassade
à Rome contre les Achéens, et d'avoir sollicité pour faire sortir
Sparte de la confédération Achéenne, 3. Ménalcidas alors voyant à
quel danger il se trouvait exposé, donna trois talents de l'argent
qu'il avait reçu des Oropiens, à Diéus de Mégalopolis qui lui avait
succédé dans la charge de préteur des Achéens; Diéus séduit par cet
argent parvint à sauver Ménalcidas malgré les Achéens eux-mêmes, qui
ne cessèrent depuis, soit en commun, soit chacun en particulier, de
se déchaîner contre lui pour avoir fait absoudre un homme si
coupable. Diéus alors pour détourner les reproches qu'on lui
faisait, se mit à les entretenir des plus grandes espérances, et se
servit du prétexte suivant pour les tromper. 4. Les Lacédémoniens
avaient eu recours au sénat romain au sujet d'un territoire dont la
possession était en litige, le sénat leur répondit que toutes les
affaires, excepté les causes capitales, devaient être portées devant
le Conseil des Achéens. Telle fut sa réponse ; mais Diéus ne la
rendit pas ainsi aux Achéens; il leur dit, pour les flatter, que le
sénat romain leur rendait la faculté de prononcer même sur la vie
des citoyens de Sparte, et les Achéens se mirent en devoir d'exercer
ce droit. 5. Les Lacédémoniens prétendaient de leur côté que Diéus
n'avait pas dit la vérité, et voulaient en référer au sénat romain;
les Achéens leur opposaient une autre raison, soutenant qu'aucune
des villes faisant partie de la confédération ne pouvait envoyer de
son chef des députés à Rome sans le consentement commun. 6. Toutes
ces contestations allaient entraîner une guerre, mais les
Lacédémoniens ne se sentant pas assez forts pour résister aux
Achéens, envoyèrent des députés aux différentes villes en
particulier, et firent même parler à Diéus. Les villes répondirent
que dès que le préteur avait ordonné de se mettre en campagne, il ne
leur était pas permis de désobéir. Quant à Diéus qui était préteur,
il leur dit que ce n'était pas à Sparte, mais a ceux qui y mettaient
le trouble qu'on voulait faire la guerre. 7. Les vieillards l'ayant
prié de les désigner, il leur envoya les noms de vingt-quatre
personnages, principaux citoyens de Sparte. Alors Agasisthène, qui
jouissait déjà d'une grande considération, ouvrit un avis qui fut
suivi et qui augmenta beaucoup la bonne opinion qu'on avait de lui;
ce fut d'engager ceux qui avaient été désignés par Diéus, à
s'exiler volontairement de Lacédémone, plutôt que d'occasioner une
guerre en y restant; il leur conseilla de se retirer à Rome, leur
faisant espérer qu'ils seraient sous peu rétablis dans leur patrie
par les Romains : 8. ils quittèrent donc la ville, et lorsqu'ils
furent partis, les Spartiates les mirent en jugement et les
condamnèrent à mort, pour la forme seulement. Les Achéens envoyèrent
à Rome Callicrate et Diéus afin de poursuivre devant le sénat ceux
qui s'étaient enfuis de Sparte. Callicrate mourut de maladie à
Rhodes : en supposant qu'il fût allé jusqu'à Rome, je ne sais s'il
aurait été d'une grande utilité aux Achéens, ou s'il ne leur aurait
pas causé de plus grands maux. 9. Diéus s'étant trouvé devant le
sénat en opposition avec Ménalcidas, ils se dirent mutuellement
beaucoup d'injures sans aucune pudeur; le sénat leur répondit qu'il
enverrait des députés pour connaître des différents qui s'étaient
élevés entre les Achéens et les Lacédémoniens. Ces députés étant
partis de Rome et faisant la route un peu lentement, les Achéens et
les Lacédémoniens furent encore trompés par Diéus et Ménalcidas ;
le premier fit croire aux Achéens que le sénat avait ordonné que les
Lacédémoniens leur obéissent en tout, et Ménalcidas fit croire aux
Lacédémoniens que les Romains leur avaient permis de se retirer
entièrement de la confédération Achéenne. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΒ'.
Μεναλκίδας ὑπερῇσε δολιότητι Καλλικράτην.
Διαίου ἀπάτῃ πόλεμος ἄρχεται Ἀχαιοῖς καὶ Λακεδαιμονίοις. Ῥωμαῖοι
ἀποστέλλουσιν αὐτοῖς πρέσβεις ἐν συμβινασμῷ.
(1) Ὠρώπιοι δὲ καὶ ὠφελείας σφίσιν οὐ
γενομένης τῆς παρὰ Ἀχαιῶν, ὅμως ὑπὸ Μεναλκίδα τὰ χρήματα
ἐξεπράχθησαν· ὁ δὲ ὡς τὸ δωροδόκημα εἶχεν ἐν χειρί, ἐποιεῖτο
συμφορὰν εἰ καὶ Καλλικράτει μεταδώσει τῶν λημμάτων. Τὰ μὲν δὴ πρῶτα
ἀναβολαῖς καὶ ἀπάταις ἐχρῆτο ἐς τὴν δόσιν, μετὰ δὲ οὐ πολὺ ἐτόλμησεν
ἀποστερεῖν ἐκ τοῦ εὐθέος. (2) Βεβαιοῖ δὴ τὸ λεγόμενον
Ὡς ἄρ´ ἦν καὶ πῦρ ἐς πλέον ἄλλου πυρὸς καῖον
καὶ λύκος ἀγριώτερος λύκων ἄλλων
καὶ ὠκύτερος ἱέραξ ἱέρακος πέτεσθαι,
εἴγε καὶ Καλλικράτην ἀνοσιώτατον τῶν τότε
Μεναλκίδας {μὲν} ὑπερῆρεν ἀπιστίᾳ, Καλλικράτην,
ὃς ἐλάσσων παντοίου λήμματος καὶ ἐπὶ
οὐδενὶ οἰκείῳ κέρδει πόλει τῇ Ἀθηναίων ἀπηχθημένος παυσάμενον {μὲν}
τῆς ἀρχῆς Μεναλκίδαν ἐδίωκεν ἐν τοῖς Ἀχαιοῖς θανάτου δίκην·
πρεσβεῦσαί τε γὰρ Ἀχαιῶν ἐναντία ἔφασκεν αὐτὸν ἐς Ῥώμην καὶ ἐς τὰ
μάλιστα γενέσθαι πρόθυμον ἐξελέσθαι τὴν Σπάρτην συνεδρίου τοῦ
Ἀχαιῶν. (3) Ἐνταῦθα ὡς ἀφικνεῖτο ἐς πᾶν ὁ Μεναλκίδας κινδύνου,
μεταδίδωσι τάλαντα τρία τῶν ἐξ Ὠρωποῦ Μεγαλοπολίτῃ Διαίῳ. Ἐγεγόνει
δὲ αὐτῷ καὶ ἀρχῆς διάδοχος τῆς Ἀχαιῶν ὁ Δίαιος· τότε δὲ ὑπὲρ τοῦ
λήμματος προθυμούμενος ἔμελλε Μεναλκίδᾳ καὶ ἀκόντων Ἀχαιῶν σωτηρίαν
παρέξειν. Ἀχαιοὶ δὲ ἐπὶ μὲν τῇ ἀφέσει τοῦ Μεναλκίδα ἰδίᾳ τε ἕκαστος
καὶ ἐν κοινῷ Δίαιον ἐποιοῦντο ἐν αἰτίᾳ· Δίαιος δὲ σφᾶς ἀπὸ τῶν ἐς
αὐτὸν ἐγκλημάτων μετῆγεν ἐς πραγμάτων ἐλπίδα μειζόνων, προφάσει
χρώμενος τοιᾷδε ἐς τὴν ἀπάτην. (4) Λακεδαιμόνιοι περὶ ἀμφισβητησίμου
χώρας καταφεύγουσιν ἐπὶ τὴν Ῥωμαίων βουλήν· καταφεύγουσι δὲ αὐτοῖς
προεῖπεν ἡ βουλὴ δικάζεσθαι τὰ ἄλλα πλὴν ψυχῆς ἐν συνεδρίῳ τῷ
Ἀχαιῶν. Ἡ μὲν δὴ ταῦτα ἀπεκρίνατο· Δίαιος δὲ οὐ τὸν ὄντα ἔλεγεν
Ἀχαιοῖς λόγον, ψυχαγωγῶν δὲ αὐτοὺς ἔφασκε παρὰ τῆς Ῥωμαίων σφίσιν
ἐφεῖσθαι βουλῆς καὶ θάνατον ἀνδρὸς καταγνῶναι τῶν ἐκ Σπάρτης. (5) Οἱ
μὲν δὴ δικάζειν Λακεδαιμονίοις ἠξίουν καὶ ὑπὲρ τῆς ἑκάστου ψυχῆς,
Λακεδαιμόνιοι δὲ οὔτε ἀληθῆ συνεχώρουν Δίαιον λέγειν καὶ ἀνάγειν
ἤθελον ἐπὶ τὴν Ῥωμαίων βουλήν. Ἀχαιοὶ δὲ ἀντελαμβάνοντο αὖθις ἄλλου
λόγου, πόλεις ὅσαι τελοῦσιν ἐς Ἀχαιοὺς μηδεμίαν ἐφ´ ἑαυτῆς
καθεστηκέναι κυρίαν ἄνευ τοῦ κοινοῦ τοῦ Ἀχαιῶν παρὰ Ῥωμαίους ἰδίᾳ
πρεσβείαν ἀποστέλλειν. (6) Πόλεμός τε δὴ ἀπὸ τῶν ἀμφισβητημάτων
τούτων Ἀχαιοῖς καὶ Λακεδαιμονίοις ἤρχετο καὶ Λακεδαιμόνιοι συνιέντες
οὐκ ἀξιόμαχοι πρὸς Ἀχαιοὺς εἶναι πρεσβείαις ἐχρῶντο πρὸς τὰς πόλεις
αὐτῶν καὶ ἰδίᾳ πρὸς τὸν Δίαιον λόγοις. Αἱ μὲν δὴ κατὰ τὰ αὐτὰ αἱ
πόλεις ἐποιοῦντο τὰς ἀποκρίσεις, οὔ σφισιν ἔξοδον ἐπαγγέλλοντος
στρατηγοῦ παρακούειν εἶναι νόμον· Δίαιος γὰρ ἦρχε τῶν Ἀχαιῶν καὶ
ἔφασκεν οὐ τῇ Σπάρτῃ, τοῖς δὲ ταράσσουσιν αὐτὴν πολεμήσων ἀφίξεσθαι.
(7) Ἐρομένων δὲ τῶν γερόντων ὁπόσους ἡγοῖτο ἀδικεῖν, ἐσπέμπει σφίσι
τεσσάρων ὀνόματα ἀνδρῶν καὶ εἴκοσι πρωτευόντων τὰ πάντα ἐν Σπάρτῃ.
Ἐνταῦθα Ἀγασισθένους ἐνίκησε γνώμη δοκίμου καὶ τὰ πρότερα ὄντος, ἀπὸ
δὲ τῆς παραινέσεως ταύτης προελθόντος καὶ ἐς πλέον δόξης· ὃς τοὺς
ἄνδρας τούτους ἐκέλευσεν ἐκ Λακεδαίμονος ἐθελοντὰς φεύγειν μηδὲ
αὐτοῦ μένοντας ἐργάσασθαι τῇ Σπάρτῃ πόλεμον, φυγόντας δὲ ἐς Ῥώμην
καταχθήσεσθαι σφᾶς οὐ μετὰ πολὺ ἔφασκεν ὑπὸ Ῥωμαίων. (8) Καὶ οἱ μὲν
ἀπελθόντες ὑπήγοντο ὑπὸ Σπαρτιατῶν ἐς δικαστήριον τῷ λόγῳ καὶ
ἀποθανεῖν ἦσαν κατεγνωσμένοι· ἀπεστάλησαν δὲ καὶ ὑπὸ Ἀχαιῶν
Καλλικράτης ἐς Ῥώμην καὶ Δίαιος τοῖς φεύγουσιν ἐκ Σπάρτης
ἀντιδικήσοντες ἐπὶ τῆς βουλῆς. Καὶ αὐτῶν ὁ μὲν κατὰ τὴν ὁδὸν
Καλλικράτης τελευτᾷ νόσῳ, οὐδὲ οἶδα εἰ ἀφικόμενος ἐς Ῥώμην ὠφέλησεν
ἄν τι Ἀχαιοὺς ἢ κακῶν σφισιν ἐγένετο μειζόνων ἀρχή· Δίαιος δὲ ἐς
ἀντιλογίαν Μεναλκίδᾳ καταστὰς ἐπὶ τῆς βουλῆς πολλὰ μὲν εἶπε, τὰ δὲ
ἤκουσεν οὐ σὺν κόσμῳ. (9) Καί σφισιν ἀπεκρίνατο ἡ βουλὴ ἀποστέλλειν
πρέσβεις, οἳ κρινοῦσιν ὅσα Λακεδαιμονίοις καὶ Ἀχαιοῖς διάφορα ἦν ἐς
ἀλλήλους. Καὶ τοῖς ἐκ Ῥώμης πρέσβεσι σχολαιτέρα πως ἐγίνετο ἡ ὁδός,
ὥστε ἐξαπατᾶν ὑπῆρχεν ἐξ ἀρχῆς Διαίῳ τε Ἀχαιοὺς καὶ Μεναλκίδᾳ
Λακεδαιμονίους· τοὺς μὲν δὴ παρῆγεν ὁ Δίαιος ὡς τὰ πάντα ἕπεσθαι
Λακεδαιμόνιοί σφισιν ὑπὸ τῆς Ῥωμαίων βουλῆς εἰσιν ἐγνωσμένοι,
Λακεδαιμονίους δὲ ὁ Μεναλκίδας ἠπάτα παντελῶς τοῦ συνεδρεύειν ἐς τὸ
Ἀχαϊκὸν ὑπὸ Ῥωμαίων αὐτοὺς ἀπηλλάχθαι. |
CHAPITRE XIII.
Armée des Achéens contre Sparte. Les Lacédémoniens
prennent la fuite. Damocritus, accusé de trahison, quitte le
Péloponnèse. Subterfuge de Diéus. Ménalcidas, général des
Lacédémoniens, prend la ville de lasus ; haï de ses concitoyens,
il s'empoisonne et meurt.
1. D'APRÈS toutes ces contradictions,
les Achéens se décidèrent à faire la guerre aux Lacédémoniens, et
Damocritus qu'ils avaient alors pour préteur, rassembla à cet effet
une armée pour marcher contre Sparte; les Romains avaient à peu près
vers le même temps envoyé dans la Macédoine, contre Andriscus, fils
de Persée fils de Philippe, qui s'était révolté contre eux,
une armée dont ils avaient donné le commandement à Métellus;
mais cette guerre de la Macédoine ne tarda pas à être terminée de la
manière la plus avantageuse aux Romains. 2. Métellus ordonna à ceux
que le sénat romain envoyait en Asie, pour y régler les affaires,
d'aller, avant de passer en Asie, parler aux chefs des Achéens, leur
défendre de tourner leurs armes contre Sparte, et de leur dire
d'attendre l'arrivée des députés envoyés de Rome tout exprès pour
être juges entre les Achéens et les Lacédémoniens. 3. Ils
signifièrent ces ordres à Damocritus et aux Achéens qui déjà étaient
en campagne pour aller attaquer Lacédémone, et ne les voyant pas
disposés à s'arrêter, ils passèrent en Asie. Les Lacédémoniens
comptant bien plus sur leur courage que sur leurs forces, prirent
les armes et allèrent à la rencontre des Achéens pour défendre leur
pays ; mais ils furent bientôt repoussés ; et ayant perdu environ
mille hommes, qui par leur jeunesse et leur bravoure étaient l'élite
de leur armée, ils se réfugièrent dans leur ville avec la plus
grande précipitation. 4. Si Damocrite y avait mis un peu de bonne
volonté, les Achéens seraient entrés dans Sparte aussitôt que les
Lacédémoniens ; mais il rappela ses troupes qui les poursuivaient,
et ne s'occupa ensuite qu'a faire des incursions dans le pays et à
le piller, plutôt qu'à former un siège réglé ; 5. aussi lorsqu'il
eut ramené son armée, les Achéens le condamnèrent-ils, comme
coupable de trahison, à une amende de cinq cents talents ; hors
d'état de la payer, il s'enfuit du Péloponnèse. Diéus ayant été
nommé préteur après lui, Métellus lui envoya de nouveau des députés;
il promit de ne plus pousser la guerre contre les Lacédémoniens, et
d'attendre ceux qui venaient de Rome pour les mettre d'accord; 6.
mais il imagina contre les Lacédémoniens un autre stratagème que
voici. Il entraîna dans l'alliance des Achéens toutes les petites
villes qui entouraient Sparte, et y mit des garnisons, afin de s'en
servir comme de forteresses pour l'attaquer. Les Lacédémoniens
nommèrent Ménalcidas général pour l'opposer à Diéus, et quoiqu'ils
ne fussent nullement préparés à la guerre, soit par le défaut
d'argent, soit parce que leur territoire était resté non ensemencé,
7. Ménalcidas les engagea néanmoins à rompre la trêve, et ayant pris
d'emblée lasus, petite ville sur les frontières de la Laconie, mais
qui était alors soumise aux Achéens, il la livra au pillage; 8.
après avoir ainsi rallumé la guerre entre les deux peuples, il se
vit en butte aux reproches de ses concitoyens; et ne trouvant aucun
moyen de les tirer de la position fâcheuse où il les avait mis, il
se donna volontairement la mort avec un breuvage empoisonné: ainsi
finit Ménalcidas, après s'être montré le plus inepte des chefs en
commandant les Lacédémoniens, et le plus scélérat des hommes,
lorsque auparavant il avait été préteur des Achéens.
|
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΓ'
Ἀχαικοῦ στρατοῦ συνάθροισις κατὰ Σπάρτην.
Λακεδαιμονίων ἧττα καὶ δίωξις. Δαμοκρίτου, προδοσίᾳ
κατηγορηθέντος, ἀναχώρησις ἐκ Πελοποννήσου. Διαίου στρατήγημα.
Μεναλκίδας, Λακεδαιμονίων στρατηγὸς, ἁλοῖ τὸ πόλισμα Ἴασον· μισηθεὶς
δὲ ὑπὸ τῶν πολιτῶν αὐτοῦ, πίων φάρμακον τελευτᾷ.
Αὖθις οὖν ἐκ τῶν ἀντιλογιῶν
Λακεδαιμονίοις ὥρμηντο Ἀχαιοὶ πολεμεῖν, καὶ στρατὸς ἐπὶ τὴν Σπάρτην
ἠθροίζετο ὑπὸ Δαμοκρίτου στρατηγεῖν τηνικαῦτα Ἀχαιῶν ᾑρημένου. Περὶ
δὲ τὸν αὐτὸν χρόνον τοῦτον ἀφίκετο ἐς Μακεδονίαν στρατιά τε Ῥωμαίων
καὶ ἡγεμὼν ἐπ´ αὐτῇ Μέτελλος, Ἀνδρίσκῳ τῷ Περσέως τοῦ Φιλίππου
πολεμήσοντες ἀφεστηκότι ἀπὸ Ῥωμαίων. Καὶ ὁ μὲν ἐν Μακεδονίᾳ πόλεμος
ἔμελλεν ὡς ῥᾷστα κατὰ τὸ ἐπιτηδειότατον Ῥωμαίοις κριθήσεσθαι· (2)
Μέτελλος δὲ ἄνδρας ὑπὸ τῆς Ῥωμαίων ἀπεσταλμένους βουλῆς ἐπὶ τὰ ἐν τῇ
Ἀσίᾳ πράγματα ἐκέλευε, πρὶν ἢ ἐς τὴν Ἀσίαν διαβῆναι, τοῖς ἡγεμόσιν
αὐτοὺς τοῖς Ἀχαιῶν ἐς λόγους ἐλθεῖν, ὅπλα μὲν ἐπὶ τὴν Σπάρτην μὴ
ἐπιφέρειν σφίσιν ἀπαγορεύσοντας, τὴν δὲ ἐκ Ῥώμης παρουσίαν τῶν
ἀνδρῶν προεροῦντας μένειν, οἳ κατὰ τοῦτο ἦσαν ἀπεσταλμένοι
Λακεδαιμονίοις δικασταὶ καὶ Ἀχαιοῖς γενέσθαι. (3) Οἱ μὲν δὴ τὰ
ἐντεταλμένα Δαμοκρίτῳ καὶ Ἀχαιοῖς ἐπήγγελλον ἐφθακόσιν ἔξοδον ἐπὶ
Λακεδαίμονα πεποιῆσθαι καὶ - ἑώρων γὰρ {τὰ} πρὸς τὴν παραίνεσιν
ἀνθεστηκότα τὰ Ἀχαιῶν - ἀπηλλάσσοντο ἐς τὴν Ἀσίαν· Λακεδαιμόνιοι δὲ
ὑπὸ φρονήματος μᾶλλον ἢ ἰσχύος ἔλαβον μὲν τὰ ὅπλα καὶ ἐπεξῆλθον
ἀμυνοῦντες τῇ οἰκείᾳ, βιασθέντες δὲ οὐ μετὰ πολύ, ὅσον μὲν ἐς
χιλίους οἱ ἡλικίᾳ μάλιστα αὐτῶν καὶ τόλμαις ἀκμάζοντες πίπτουσιν ἐν
τῇ μάχῃ, τὸ δὲ ἄλλο στρατιωτικόν, ὡς ἕκαστος τάχους εἶχεν, ἔφευγον
πρὸς τὴν πόλιν. (4) Εἰ δὲ ὁ Δαμόκριτος προθυμίαν ἐποιήσατο, τοῖς
φεύγουσιν ἐκ τῆς παρατάξεως ὁμοῦ καὶ Ἀχαιοῖς ἐσδραμεῖν ὑπῆρξεν ἂν ἐς
τὸ τεῖχος τῆς Σπάρτης {εἰς Σπάρτην}· νῦν δὲ αὐτίκα τε ἀνεκάλεσεν ἀπὸ
τῆς διώξεως τοὺς Ἀχαιοὺς καὶ ἐχρῆτο καὶ ἐς τὸ ἔπειτα καταδρομαῖς
μᾶλλον καὶ ἁρπαγαῖς ἐκ τῆς χώρας ἢ συντόνῳ πολιορκίᾳ. (5) Δαμοκρίτῳ
μὲν οὖν ἀπαγαγόντι ὀπίσω τὴν στρατιὰν ἐπιβάλλουσιν οἱ Ἀχαιοὶ ζημίαν
πεντήκοντα ἅτε ἀνδρὶ προδότῃ τάλαντα, καὶ - οὐ γὰρ εἶχεν ἐκτῖσαι -
φεύγων ᾤχετο ἐκ Πελοποννήσου· Δίαιος δὲ Ἀχαιῶν μετὰ Δαμόκριτον
στρατηγεῖν ᾑρημένος ἀποστείλαντι αὖθις Μετέλλῳ πρέσβεις ὡμολόγησε
μηδένα ἐπάξειν Λακεδαιμονίοις πόλεμον, ἀλλὰ ἔστ´ ἂν ἥκωσιν ἐκ Ῥώμης,
ἀναμενεῖν τοὺς διαλλακτάς. (6) Στρατήγημα δὲ ἄλλο ἐς τοὺς
Λακεδαιμονίους παρεῦρε τοιόνδε· τὰ ἐν κύκλῳ τῆς Σπάρτης πολίσματα ἐς
τὴν Ἀχαιῶν ὑπηγάγετο εὔνοιαν, ἐσήγαγε δὲ ἐς αὐτὰ καὶ φρουράς,
ὁρμητήρια ἐπὶ τὴν Σπάρτην Ἀχαιοῖς εἶναι. (7) Μεναλκίδας δὲ ᾕρητο μὲν
ὑπὸ Λακεδαιμονίων ἐναντία Διαίῳ στρατηγεῖν· ἐχόντων δὲ αὐτῶν ἔς τε
τὴν πᾶσαν πολέμου παρασκευὴν καὶ οὐχ ἥκιστα τοῖς χρήμασιν ἀσθενῶς,
πρὸς δὲ καὶ τῆς γῆς σφισιν ἀσπόρου μεμενηκυίας, διας ὅμως τὰς
σπονδὰς ὑπερβῆναι καὶ πόλισμα Ἴασον ἑλὼν ἐξ ἐπιδρομῆς ἐπόρθησεν, ἐν
ὅροις μὲν χώρας τῆς Λακωνικῆς, Ἀχαιῶν δὲ ἐν τῷ τότε ὑπήκοον. (8)
Ἐξεγείρας δὲ αὖθις Λακεδαιμονίοις καὶ Ἀχαιοῖς πόλεμον ἐν ἐγκλήμασί
τε ἦν ὑπὸ τῶν πολιτῶν καὶ - οὐ γάρ τινα ἐκ τοῦ προσδοκωμένου
κινδύνου Λακεδαιμονίοις σωτηρίαν εὕρισκεν - ἀφίησιν ἑκουσίως τὴν
ψυχὴν πιὼν φάρμακον. Καὶ Μεκαλκίδᾳ μὲν τέλος τοιοῦτον ἐγένετο,
ἄρξαντι ἐν τῷ {ἑαυτοῦ νῷ} τότε μὲν Λακεδαιμονίων ὡς ἂν ὁ ἀμαθέστατος
στρατηγός, πρότερον δὲ ἔτι τοῦ Ἀχαιῶν ἔθνους ὡς ἀνθρώπων ὁ
ἀδικώτατος. |
CHAPITRE XIV.
Oreste, un des envoyés de Rome, annonce la
délibération du Sénat. Les Achéens marchent sur Corinthe contre les
Spartiates. Critolaüs trompe les députés du Sénat. Il excite les
Achéens a prendre les armes contre Sparte et les Romains. Les
Romains envoient contre eux une armée sous la conduite de Mummius.
1. ORESTE et les autres commissaires
envoyés de Rome pour prononcer sur les différents qui existaient
entre les Lacédémoniens et les Achéens, arrivèrent enfin dans la
Grèce. Oreste manda auprès de lui Diéus et les magistrats des
différentes villes des Achéens; lorsqu'ils se furent rendus au lieu
de sa résidence, il leur annonça dans son discours que l'intention
du sénat romain était que les Lacédémoniens ne fissent plus partie
de la confédération Achéenne, non plus que Corinthe; il leur ordonna
aussi d'en laisser se détacher Argos, Héraclée vers le mont Oeta,
et les Arcadiens d'Orchomène, parce que ces villes n'avaient point
une origine commune avec les Achéens, auxquels elles ne s'étaient
réunies que postérieurement. 2. Tandis qu'Oreste disait cela, les
chefs des Achéens n'attendant pas même la fin de son discours,
coururent hors de la maison, et convoquèrent en assemblée les
Achéens, qui, dès qu'ils connurent la décision des Romains,
s'élancèrent aussitôt sur tous les Spartiates qui se trouvaient
alors à Corinthe, et pillèrent indistinctement tant ceux qu'ils
connaissaient bien pour Lacédémoniens, que ceux qu'ils soupçonnaient
de l'être, soit par la manière dont leurs cheveux étaient coupés,
soit par leur chaussure, soit enfin par leurs noms ; ils tentèrent
même d'arracher de la maison où demeurait Oreste ceux qui s'y
étaient réfugiés. 3. Oreste et les autres députés, cherchèrent à
réprimer leur audace ; ils leur disaient de ne pas oublier que
c'était eux qui en venaient les premiers aux voies de fait et aux
insultes envers les Romains. Peu de jours après, les Achéens mirent
en prison tous les Lacédémoniens qu'ils avaient arrêtés, après en
avoir séparé les étrangers qu'ils relâchèrent, et ils envoyèrent à
Rome Théaridas avec d'autres de leurs magistrats, qui étant partis,
trouvèrent sur leur route d'autres députés que les Romains avaient
envoyés postérieurement à Oreste pour les affaires des Achéens et
des Lacédémoniens-, ils revinrent sur leurs pas avec eux. 4. Diéus
étant sorti de charge dans ces entrefaites, les Achéens nommèrent
préteur Critolaüs, qui avait une envie démesurée et peu réfléchie de
faire la guerre aux Romains; et comme les députés de ces derniers,
pour les affaires des Lacédémoniens et des Achéens, étaient déjà
arrivés, il alla à Tégée dans l'Arcadie, pour entrer en conférence
avec eux; il ne voulait point convoquer l'assemblée générale des
Achéens ; cependant afin de paraître obéir aux Romains, il fit
partir des envoyés pour convoquer tous les membres du conseil
Achaïque ; mais il fit dire à chacun de ces membres en particulier
de rester dans leurs villes ; 5. et comme d'après cela ils ne
vinrent pas, Critolaüs montra bien qu'il ne cherchait qu'à tromper
les Romains ; car il leur dit d'attendre l'assemblée des Achéens qui
devait avoir lieu dans six mois, ajoutant qu'il ne pouvait rien leur
communiquer en particulier sans l'aveu de cette assemblée. Les
députés s'apercevant alors qu'on les jouait, retournèrent à Rome.
Critolaüs, ensuite, ayant réuni les Achéens à Corinthe, les engagea
à prendre les armes contre les Spartiates, et à déclarer sur le
champ la guerre aux Romains. 6. Qu'un souverain, qu'une ville,
entreprennent une guerre et y éprouvent des revers, on peut souvent
les attribuer à la malignité de la fortune plutôt qu'à leur propre
faute ; mais la témérité jointe à la faiblesse doit s'appeler folie
et non infortune, et c'était le cas des Achéens et de Critolaüs. Ils
étaient excités par Pythéas, alors Béotarque à Thèbes, et les
Thébains eux-mêmes leur promettaient de prendre une part très
active à cette guerre. 7. En effet les Thébains en voulaient à
Métellus qui les avait condamnés trois fois à des amendes, la
première envers les Phocéens, parce qu'ils étaient entrés avec une
armée dans leur pays ; la seconde envers les Eubéens dont ils
avaient ravagé le territoire, et la troisième envers les Amphisséens
dont ils avaient coupé les blés au moment de la moisson. 8. Les
Romains ayant appris, tant par ceux qu'ils avaient envoyés dans la
Grèce, que par les lettres de Métellus, tout ce qui se passait,
déclarèrent que les Achéens les avaient offensés ; et ils
ordonnèrent à Mummius, qui venait d'être nommé Consul, de conduire
contre eux une escadre et des troupes de terre. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΔ'.
Ὀρέστης εἷς των ἀποσταλέντων ἐκ Ῥώμης ἀναγγέλει τὰ
ὑπὸ τῆς βουλῆς διορισθέντα. Ἀχαιοὶ ὥρμησαν ἐπὶ Κόρινθον κατὰ τῶν
Σπαρτιατῶν. Κριτόλαος ἀπατᾷ τοὺς ἀποσταλέντας τῶν Ῥψμαιῶν·
κινεῖ Ἀχαιοὺς κατὰ Σπάρτης καὶ Ῥωμαίων. Ῥωμαῖοι πέμπουσι κατ'
αὐτων Μόμμον ὕπατον μετὰ στρατοῦ.
(1) Ἀφίκοντο δὲ ἐς τὴν Ἑλλάδα καὶ οἱ
ἀποσταλέντες ἐκ Ῥώμης Λακεδαιμονίοις δικασταὶ καὶ Ἀχαιοῖς γενέσθαι,
ἄλλοι τε καὶ Ὀρέστης· ὁ δὲ τούς τε ἐν ἑκάστῃ πόλει τῶν Ἀχαιῶν
ἔχοντας τὰς ἀρχὰς καὶ Δίαιον ἐκάλει παρ´ αὑτόν. Ἀφικομένοις δὲ ἔνθα
ἔτυχεν αὐτὸς ἐσῳκισμένος, ἀπεγύμνου τὸν πάντα σφίσιν ἤδη λόγον, ὡς
δίκαια ἡγοῖτο ἡ Ῥωμαίων βουλὴ μήτε Λακεδαιμονίους τελεῖν ἐς τὸ
Ἀχαϊκὸν μήτε αὐτὴν Κόρινθον, ἀφεῖσθαι δὲ καὶ Ἄργος καὶ Ἡράκλειαν τὴν
πρὸς Οἴτῃ καὶ Ὀρχομενίους Ἀρκάδας συνεδρίου τοῦ Ἀχαιῶν· γένους τε
γὰρ αὐτοῖς οὐδὲν τοῦ Ἀχαιῶν μετεῖναι καὶ ὕστερον τὰς πόλεις
προσχωρῆσαι ταύτας πρὸς τὸ Ἀχαϊκόν. (2) Ταῦτα Ὀρέστου λέγοντος οἱ
ἄρχοντες τῶν Ἀχαιῶν οὐδὲ τὸν πάντα ὑπομείναντες ἀκοῦσαι λόγον ἔθεον
ἐς τὸ ἐκτὸς τῆς οἰκίας καὶ ἐκάλουν Ἀχαιοὺς ἐς ἐκκλησίαν· οἱ δὲ ὡς τὰ
ἐγνωσμένα ἐπύθοντο ὑπὸ Ῥωμαίων, αὐτίκα ἐτρέποντο ἐπὶ τοὺς Σπαρτιάτας
οἳ Κορίνθῳ τότε ἔτυχον ἐπιδημοῦντες, συνήρπαζον δὲ πάντα τινὰ καὶ ὃν
Λακεδαιμόνιον σαφῶς ὄντα ἠπίσταντο καὶ ὅτῳ κουρᾶς ἢ ὑποδημάτων ἕνεκα
ἢ ἐπὶ τῇ ἐσθῆτι ἢ κατ´ ὄνομα προσγένοιτο ὑπόνοια· τοὺς δὲ αὐτῶν καὶ
καταφυγεῖν ἔνθα Ὀρέστης ᾤκει φθάνοντας ὅμως καὶ ἐντεῦθεν ἐβιάζοντο
ἕλκειν. (3) Ὀρέστης δὲ καὶ οἱ σὺν αὐτῷ τῆς τε τόλμης ἐπέχειν τοὺς
Ἀχαιοὺς ἐπειρῶντο καὶ ἐκέλευον μεμνῆσθαι σφᾶς ὡς ἀδικημάτων καὶ
ὕβρεως ἄρχουσιν ἐς Ῥωμαίους. Ἡμέραις δὲ ὕστερον οὐ πολλαῖς οἱ Ἀχαιοὶ
Λακεδαιμονίων μὲν αὐτῶν ὅσους εἶχον συνειληφότες, κατατίθενται σφᾶς
ἐς δεσμωτήριον, τοὺς ξένους δὲ ἀπ´ αὐτῶν διακρίνοντες ἠφίεσαν.
Ἀποστέλλουσι δὲ καὶ ἐς Ῥώμην ἄλλους τε Ἀχαιῶν τῶν ἐν τέλει καὶ
Θεαρίδαν· ὡς δὲ ἀπῆλθον, ἐντυχόντες κατὰ τὴν ἄνοδον Ῥωμαίων
πρέσβεσιν ἐπὶ τὰ Λακεδαιμονίων καὶ Ἀχαιῶν ὕστερον ἢ Ὀρέστης
ἀπεσταλμένοις, ὀπίσω καὶ αὐτοὶ τρέπονται. (4) Διαίῳ δὲ ἐξήκοντος τοῦ
χρόνου τῆς ἀρχῆς στρατηγεῖν ὑπὸ Ἀχαιῶν ᾑρέθη Κριτόλαος. Τοῦτον
δριμὺς καὶ σὺν οὐδενὶ λογισμῷ τὸν Κριτόλαον πολεμεῖν πρὸς Ῥωμαίους
ἔρως ἔσχε· καὶ - ἔτυχον γὰρ τότε ἤδη οἱ παρὰ Ῥωμαίων ἥκοντες τὰ
Λακεδαιμονίων καὶ Ἀχαιῶν δικάσαι - ἀφίκετο μὲν ἐν Τεγέᾳ τῇ Ἀρκάδων
τοῖς ἀνδράσιν ἐς λόγους ὁ Κριτόλαος, ἀθροῖσαι δὲ Ἀχαιούς σφισιν ἐς
κοινὸν σύλλογον οὐδαμῶς ἤθελεν, ἀλλὰ ἐς μὲν ἐπήκοον τῶν Ῥωμαίων
ἔπεμπεν ἀγγέλους κελεύων τοὺς συνέδρους καλεῖν ἐς τὸ Ἀχαϊκόν, ἰδίᾳ
δὲ τοῖς συνέδροις ἐπέστελλεν ἐς τὰς πόλεις ἀπολείπεσθαι σφᾶς τοῦ
συλλόγου. Ὡς δὲ οὐκ ἀφίκοντο οἱ συνεδρεύσοντες, (5) ἐνταῦθα ὁ
Κριτόλαος μάλιστα ἐπεδείκνυτο ἀπάτῃ πρὸς Ῥωμαίους χρώμενος, ὃς ἄλλην
ἐκέλευεν ἀναμένειν αὐτοὺς Ἀχαιῶν σύνοδον, ἐς μῆνα ἐσομένην ἕκτον·
αὐτὸς δὲ οὐδὲν ἰδίᾳ διαλέξεσθαί σφισιν ἄνευ τοῦ κοινοῦ τοῦ Ἀχαιῶν
ἔφασκε. Καὶ οἱ μὲν ἐπεὶ ἀπατώμενοι συνῆκαν, ἀπηλλάσσοντο ἐς Ῥώμην·
Κριτόλαος δὲ ἐς Κόρινθον Ἀχαιοὺς ἀθροίσας ἀνέπεισε μὲν ἐπιφέρειν
ὅπλα ἐπὶ τὴν Σπάρτην, ἀνέπεισε δὲ καὶ Ῥωμαίοις ἐκ τοῦ εὐθέος πόλεμον
ἄρασθαι. (6) Τὸ μὲν δὴ ἄνδρα βασιλέα καὶ πόλιν ἀνελέσθαι πόλεμον καὶ
μὴ εὐτυχῆσαι συνέβη φθόνῳ μᾶλλον ἔκ του δαιμόνων ἢ τοῖς πολεμήσασι
ποιεῖ τὸ ἔγκλημα· θρασύτης δὲ ἡ μετὰ ἀσθενείας μανία ἂν μᾶλλον ἢ
ἀτυχία καλοῖτο. Ὃ δὴ καὶ Κριτόλαον καὶ Ἀχαιοὺς ἔβλαψε. Παρώξυνε δὲ
καὶ Ἀχαιοὺς Πυθέας βοιωταρχῶν τηνικαῦτα ἐν Θήβαις, καὶ οἱ Θηβαῖοι
συνεπιλήψεσθαι προθύμως ἐπηγγέλλοντο τοῦ πολέμου· (7) ἑαλώκεσαν δὲ
οἱ Θηβαῖοι πρώτην δίκην Μετέλλου δικάζοντος Φωκεῦσιν ἐκτῖσαι ζημίαν,
ὅτι ἐσέβαλον σὺν ὅπλοις ἐς γῆν τὴν Φωκίδα, δευτέραν Εὐβοεῦσιν,
ἐδῄωσαν γὰρ καὶ Εὐβοέων τὴν χώραν, τρίτην δὲ Ἀμφισσεῦσι, τεμόντες
καὶ τὴν Ἀμφισσέων περὶ ἀκμὴν σίτου.
(8) Ῥωμαῖοι δὲ παρά τε τῶν ἀνδρῶν διδαχθέντες οὓς ἐς τὴν Ἑλλάδα
ἀπέστειλαν καὶ ἐκ τῶν γραμμάτων ἃ Μέτελλος ἐπέστελλεν, ἀδικεῖν
Ἀχαιῶν κατέγνωσαν· καὶ ἦν γὰρ Μόμμιός σφισιν ὕπατος τότε ᾑρημένος,
τοῦτον ναῦς τε καὶ στρατιὰν πεζὴν ἐκέλευον ἐπ´ Ἀχαιοὺς ἄγειν.
|
CHAPITRE XV.
Métellus offre la paix aux Achéens. Ceux-ci, à l'instigation de
Crtolaüs, n'acceptent pas ses propositions et font des préparatifs
de guerre. Ils sont vaincus. Mort de Critolaüs. Les Achéens
continuent la guerre sous la conduite de Diéus. Metellus s'empare
de Thèbes et de Mégare.
1. METELLUS,
aussitôt qu'il sut que Mummius venait contre les Achéens avec une
armée, employa tous ses soins pour avoir l'honneur de terminer
lui-même cette guerre, avant que Mummius fût arrivé dans la Grèce.
Il envoya donc des députés aux Achéens pour leur ordonner de dégager
de leur confédération les Lacédémoniens et les autres villes qui
avaient pris
le parti des Romains, et il leur promit que ceux-ci oublieraient tout ce
qu'ils avaient fait précédemment en désobéissant à leurs ordres. 2.
Tout en leur envoyant des députés, Métellus amenait son armée de la
Macédoine, en prenant sa marche à travers la Thessalie et le long du
golfe Lamiaque. Critolaüs et les Achéens ne voulurent entendre à
aucune proposition d'accommodement, et mirent le siège devant
Héraclée, qui ne voulait pas rester dans leur confédération; 3. mais
alors Critolaüs ayant appris par ses espions que Métellus et les
Romains avaient déjà traversé le Sperchius, il s'enfuit à Scarphée,
dans le pays des Locriens, sans même oser faire prendre position aux
Achéens dans le défilé entre Héraclée et les Thermopyles, pour y
attendre Métellus ; il fut tellement épouvanté, qu'il ne fonda
point quelque espérance sur l'occupation d'un passage où, les
Lacédémoniens avaient entrepris de défendre toute la Grèce contre
l'armée des Mèdes, et où les Athéniens se distinguèrent par des
actions non moins éclatantes contre les Gaulois. 4. Métellus avec
son armée atteignit Critolaüs et les Achéens un peu avant Scarphée,
en tua un grand nombre, et fit environ mille prisonniers. Quant à
Critolaüs, il ne reparut point après la bataille, et il ne fut pas
trouvé parmi les morts ; s'il chercha à s'enfuir par les marais que
forme la mer au pied du mont Oeta, il dut y être englouti, et il
n'est pas étonnant qu'on n'en ait plus entendu parler. 5. On peut
aussi former d'autres conjectures sur la manière dont il mourut.
Mille Arcadiens d'élite, qui s'étaient trouvés au combat avec
Critolaüs, parvinrent à gagner Élatée, ville de la Phocide, où on
les reçut par égard pour quelque ancienne consanguinité; mais
lorsque les Phocéens eurent connaissance de la défaite de Critolaüs
et des Achéens, ils ordonnèrent aux Arcadiens de sortir d'Élatée ;
6. comme ils se retiraient dans le Péloponnèse, Métellus et son
année les atteignirent à Cbéronée. Là se vit un effet remarquable de
la vengeance divine ; car les Arcadiens qui avaient abandonné à
Chéronée les Grecs qui allaient combattre contre Philippe et les
Macédoniens, furent tués dans le même endroit par les Romains. 7.
Les Achéens rappelèrent de nouveau au commandement de leur armée
Diéus, qui, à l'imitation de ce que Miltiades et les Athéniens
avaient fait avant la bataille de Marathon, donna la liberté aux
esclaves et rassembla des villes de l'Achaïe et de l'Arcadie tout ce
qui était en âge de porter les armes; ces troupes, réunies aux
esclaves, formèrent une armée de six cents cavaliers tout au plus,
et de quatorze mille hommes armés de toutes pièces. 8. Il semble
qu'alors Diéus perdit absolument tout jugement; car sachant avec
combien peu de succès Critolaüs avait combattu Métellus, quoiqu'il
eut toutes les forces des Achéens, il ne laissa pas de détacher de
son armée quatre mille hommes, dont il donna le commandement à
Alcamène, et il les envoya à Mégare, tant pour servir de garnison à
cette ville, que pour empêcher Métellus et les Romains de passer
plus avant, s'ils allaient de ce côté-là. 9. Métellus, lorsqu'il eut
taillé en pièces à Chéronée le corps d'élite d'Arcadiens, fit partir
sur-le-champ son armée, et marcha contre Thèbes; car les Thébains
s'étaient trouvés au siège d'Héraclée et à la bataille de Scarphée
avec les Achéenes ; aussi abandonnèrent-ils leur ville : hommes,
femmes, enfants, vieillards, ils se dispersèrent tous dans la Béotie
et se réfugièrent sur les sommets des montagnes. 10. Métellus ne
permit pas qu'on mît le feu aux temples ni qu'on détruisît les
maisons ; il ne voulut pas qu'on tuât aucun des Thébains qui étaient
restés, ni même qu'on cherchât à prendre ceux qui s'enfuyaient; mais
il ordonna qu'on lui amenât Pythéas, si on parvenait à le saisir; on
l'eut bientôt trouvé, et on le conduisit devant Métellus. Pythéas
subit la punition qu'il méritait. Lorsque l'armée romaine fut
près de Mégare, Alcamène n'osa pas l'attendre avec ses troupes; il
se retira aussitôt en fuyant vers Corinthe dans le camp des Achéens;
11. et les Mégaréens, sans songer à se défendre, livrèrent leur
ville aux Romains. Métellus, lorsqu'il fut arrivé vers l'Isthme,
envoya encore une fois vers les Achéens pour les inviter à la paix
et à vivre en bonne intelligence avec les Romains ; car il désirait
vivement terminer en même temps les affaires de la Macédoine et de
l'Achaïe; mais l'extravagance de Diéus ne lui permit pas de réussir
dans son projet. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΕ'.
Μετέλλου ἀγγελίαι αἰρήνης πρὸς Ἀχοιούς. Κριτόλαος καὶ
Ἀχαιοὶ μὴ δεχθέντες τοὺς λόγους ἐνικήσαν πόλεμον. Ἀχαιῶν ἧττα.
Κριτολάου τελετή. Ἀχαιῶν πόλεμος. Διαίου στρατηγοῦντος.
Μέτελλος ἁλοῖ Θήβας καὶ Μέγαρα.
1. Μέτελλος δὲ παραυτίκα
ἐπέπυστο ὡς Μόμμιος καὶ ὁ σὺν αὐτῷ στρατὸς ἐπὶ Ἀχαιοὺς ἀφίκοιτο· καὶ
ἐποιεῖτο σπουδήν, εἰ ἐπιθεὶς αὐτὸς πέρας τῷ πολέμῳ φανῇ πρὶν ἢ
Μόμμιον ἐς τὴν Ἑλλάδα ἀφῖχθαι. Ἀγγέλους οὖν παρὰ τοὺς Ἀχαιοὺς
ἀπέστελλεν, ἀφιέναι κελεύων σφᾶς συντελείας Λακεδαιμονίους καὶ
πόλεις ἄλλας ὁπόσας εἴρητο ὑπὸ Ῥωμαίων, τῆς τε ἐκ τοῦ χρόνου τοῦ
προτέρου σφίσιν ἀπειθείας οὐδεμίαν παρὰ Ῥωμαίων ὑπισχνεῖτο ὀργὴν
γενήσεσθαι. 2. Ἅμα τε δὴ ταῦτα ἐπεκηρυκεύετο καὶ ἤλαυνεν ἐκ
Μακεδονίας τὸν στρατόν, διὰ Θεσσαλίας τὴν πορείαν καὶ παρὰ τὸν
Λαμιακὸν ποιούμενος κόλπον. Κριτόλαος δὲ καὶ Ἀχαιοὶ λόγον μὲν
φέροντα ἐς σύμβασιν προσίεντο οὐδένα, Ἡράκλειαν δὲ προσεκάθηντο
πολιορκοῦντες οὐ βουλομένους ἐς τὸ Ἀχαϊκὸν συντελεῖν. (3) Τότε δὲ ὡς
παρὰ τῶν κατασκόπων ἐπυνθάνετο ὁ Κριτόλαος Μέτελλον καὶ Ῥωμαίους
διαβεβηκέναι τὸν Σπερχειόν, ἀπέφευγεν ἐς Σκάρφειαν τὴν Λοκρῶν, οὐδὲ
κατὰ τὸ στενὸν τὸ Ἡρακλείας τε μεταξὺ καὶ Θερμοπυλῶν τοὺς Ἀχαιοὺς
τάξας ἐτόλμησεν ὑπομεῖναι Μέτελλον· ἀλλὰ ἐς τοσοῦτο ἀφίκετο δείματος
ὡς μηδὲ αὐτὸ ποιήσασθαι τὸ χωρίον πρὸς ἀμείνονος ἐλπίδος, ἔνθα ἦν
μὲν Λακεδαιμονίοις ὑπὲρ τῶν Ἑλλήνων τὰ ἐς Μήδους, ἦν δὲ καὶ
Ἀθηναίοις τὰ ἐς Γαλάτας οὐδὲν ἀφανέστερα ἐκείνων τολμήματα. (4)
Ὑποφεύγοντας δὲ Κριτόλαον καὶ Ἀχαιοὺς αἱροῦσιν ὀλίγον πρὸ τῆς
Σκαρφείας οἱ ὁμοῦ τῷ Μετέλλῳ, καὶ ἀπέκτεινάν τε πλήθει πολλοὺς καὶ
ἔλαβον ζῶντας ὅσον χιλίους. Κριτόλαος δὲ οὔτε ὤφθη ζῶν μετὰ τὴν
μάχην οὔτε ἐν τοῖς νεκροῖς εὑρέθη· εἰ δὲ ἐτόλμησε τῆς πρὸς τῇ Οἴτῃ
θαλάσσης ἐς ταύτης καταδῦναι τὸ τέλμα, παντάπασιν ἔμελλεν ἄγνωστός
τε καὶ ἄπυστος οἰχήσεσθαι κατὰ τοῦ βυθοῦ. (5) Ἐς μὲν οὖν τὴν
Κριτολάου τελευτὴν καὶ ἄλλα πάρεστιν εἰκάζειν· Ἀρκάδων δὲ
ἐξεστρατευμένοι λογάδες χίλιοι, οἳ Κριτολάῳ τοῦ ἔργου μετέσχον,
προῆλθον μὲν ἄχρι Ἐλατείας τῆς Φωκέων καὶ ἐς τὴν πόλιν ὑπ´ αὐτῶν
κατὰ συγγένειαν δή τινα παλαιὰν ἐδέχθησαν· ὡς δὲ τοῖς Φωκεῦσιν ἡ
Κριτολάου συμφορὰ καὶ Ἀχαιῶν ἀπηγγέλλετο, ἀπελθεῖν ἐκ τῆς Ἐλατείας
κελεύουσι τοὺς Ἀρκάδας. (6) Ἀπιοῦσι δὲ ὀπίσω σφίσιν ἐς τὴν
Πελοπόννησον Μέτελλος καὶ Ῥωμαῖοι περὶ Χαιρώνειαν ἐπιφαίνονται· ἔνθα
δὴ ἐπελάμβανε τοὺς Ἀρκάδας ἐκ θεῶν δίκη τῶν Ἑλληνικῶν, οἳ ἐν
Χαιρωνείᾳ Φιλίππου καὶ Μακεδόνων ἐναντία ἀγωνιζομένους
ἐγκαταλιπόντες Ἕλληνας τότε ἐν χωρίῳ τῷ αὐτῷ ἐκτείνοντο ὑπὸ Ῥωμαίων.
(7) Ἀχαιοῖς δὲ αὖθις ἐπὶ τὴν ἡγεμονίαν τοῦ στρατεύματος παρῄει
Δίαιος· καὶ δούλους τε ἐς ἐλευθερίαν ἠφίει, τὸ Μιλτιάδου καὶ
Ἀθηναίων βούλευμα τὸ πρὸ τοῦ ἔργου τοῦ ἐν Μαραθῶνι μιμούμενος, καὶ
Ἀχαιῶν συνέλεγε καὶ Ἀρκάδων ἀπὸ τῶν πόλεων τοὺς ἐν ἡλικίᾳ· ἐγένετο
δέ, ἀναμεμιγμένων ὁμοῦ καὶ οἰκετῶν, τὸ ἀθροισθὲν ἐς ἑξακοσίους μὲν
μάλιστα ἀριθμὸν ἱππεῖς, τὸ δὲ ὁπλιτεῦον τετρακισχίλιοί τε καὶ
μύριοι. (8) Ἐνταῦθα ὁ Δίαιος ἐς ἅπαν ἀφίκετο ἀνοίας, ὃς Κριτόλαον
καὶ πᾶσαν τὴν Ἀχαιῶν ἐπιστάμενος παρασκευὴν κακῶς οὕτως ἀγωνισαμένην
πρὸς Μέτελλον ἀπέλεξεν αὐτὸς ὅσον τετρακισχιλίους· καὶ ἄρχοντα ἐπ´
αὐτοῖς ἔταξεν Ἀλκαμένην. Ἀπεστέλλοντο δὲ ἐς Μέγαρα φρουρά τε εἶναι
Μεγαρεῦσι τοῦ ἄστεως καί, ἢν Μέτελλος ἐπίῃ καὶ οἱ Ῥωμαῖοι, τοῦ πρόσω
σφᾶς κωλύειν. (9) Μέτελλος δὲ ὡς οἱ περὶ Χαιρώνειαν λογάδες
κατέστρωντο οἱ Ἀρκάδων, ἀναστήσας τὸ στράτευμα ἤλαυνεν ἐπὶ τὰς
Θήβας· Ἡράκλειάν τε γὰρ ἐπολιόρκησαν οἱ Θηβαῖοι μετὰ Ἀχαιῶν καὶ
ἀγῶνος τοῦ πρὸς Σκάρφειαν μετεσχήκεσαν. Τότε δὲ αὐτοί τε καὶ
γυναῖκες ἐκλελοιπότες πᾶσα ἡλικία τὴν πόλιν ἐπλανῶντο ἀνὰ τὴν
Βοιωτίαν καὶ ἐς τῶν ὀρῶν τὰ ἄκρα ἀνέφευγον. (10) Μέτελλος δὲ οὔτε
ἱερὰ ἐμπιπράναι θεῶν οὔτε οἰκοδομήματα καθαιρεῖν εἴα, Θηβαίων τε τῶν
ἄλλων μήτε ἀποκτεῖναι μηδένα μήτε αἱρεῖν φεύγοντα ἀπηγόρευε· Πυθέαν
δὲ ἢν ἕλωσιν, ἀνάγειν ἐκέλευσεν ὡς αὐτόν· ἐξεύρητό τε δὴ αὐτίκα ὁ
Πυθέας καὶ ἀναχθεὶς δίκην εἶχεν. Ὡς δὲ πλησίον Μεγάρων ἐγίνετο ὁ
στρατός, οὔτε ὑπέμειναν οἱ περὶ τὸν Ἀλκαμένην καὶ αὐτίκα ἐς Κόρινθον
παρὰ τὸ στρατόπεδον τὸ Ἀχαιῶν ᾤχοντο φεύγοντες. (11) Καὶ Μεγαρεῖς
μὲν παραδιδόασιν ἀμαχεὶ Ῥωμαίοις τὴν πόλιν, Μέτελλος δὲ ὡς ἀφίκετο
παρὰ τὸν ἰσθμόν, ἐπεκηρυκεύετο καὶ τότε Ἀχαιοῖς ἐς εἰρήνην καὶ
ὁμολογίας προκαλούμενος· ἰσχυρὸς γάρ τις ἐνέκειτο αὐτῷ πόθος τὰ ἐν
Μακεδονίᾳ τε ὁμοῦ καὶ τὰ Ἀχαιῶν κατεργασθῆναι δι´ αὐτοῦ. Τούτῳ μὲν
ταῦτα ἐσπευκότι Δίαιος ἠναντιοῦτο ὑπὸ ἀγνωμοσύνης· |
CHAPITRE XVI.
Mummius
avec Oreste arrive dans l'Isthme. Diéus imite Callistrate; il
s'empoisonne et meurt. Mummius s'empare de Corinthe et la brûle. Il
établit des magistrats dans la Grèce. Les Romains rendent aux Grecs
leur ancien gouvernement, et envoyant un préteur en Achaïe.
1. DANS
ces entrefaites, Mummius amenant avec lui Oreste, qui était déjà
venu à cause des différents des Lacédémoniens et des Achéens, arriva
vers le matin dans le camp des Romains ; et ayant renvoyé dans la
Macédoine Métellus et son armée, il resta dans l'Isthme pour
attendre que toutes ses forces fussent rassemblées; il réunit trois
mille cinq cents hommes de cavalerie et vingt-trois mille
d'infanterie; il lui arriva en outre des archers Crétois et quelques
troupes que Philopémen lui amena de Pergame sur le Caïque, de la
part d'Attale. 2. Mummius plaça quelques troupes de l'Italie et tous
les alliés à environ douze
stades, de son camp, pour la sûreté de l'armée; les Achéens voyant que
les Romains trop confiants se tenaient assez mal sur leurs gardes,
fondirent sur ceux qui étaient aux avant-postes, en tuèrent une
partie, en repoussèrent un bien plus grand nombre dans le camp, et
prirent environ cinq cents boucliers. Enflés par ce succès, ils
eurent l'audace de se ranger en bataille et d'offrir le combat aux
Romains. 3. Mummius ayant aussi rangé ses troupes, la cavalerie des
Achéens s'enfuit tout de suite sans même attendre le premier choc de
celle des Romains; l'infanterie, quoique découragée par la déroute
de la cavalerie, n'en résista pas moins à la première attaque du
corps d'armée des Romains; et quoique accablée par le nombre et
couverte de blessures, son courage la faisait tenir ferme ; mais un
corps d'élite de mille Romains ayant attaqué les Achéens en flanc,
les mit dans la déroute la plus complète. 4. Si après le combat
Diéus avait osé se jeter dans Corinthe et y recueillir les débris
de son armée, les Achéens auraient pu obtenir de Mummius des
conditions plus favorables, en soutenant un siège et en traînant la
guerre en longueur ; mais à peine avoient-ils commencé à plier, que
Diéus s'était enfui à Mégalopolis, bien différent de Callistrate,
fils d'Empédus, 5. qui commandait en Sicile la cavalerie des
Athéniens : lorsqu'il les vît avec leurs alliés taillés en pièces,
vers le fleuve Asinarus, il eut l'audace de se faire jour avec sa
cavalerie à travers les ennemis. Ayant mis la plus grande partie de
son monde en sûreté à Catane, il revint par le même chemin à
Syracuse, où trouvant les habitants encore occupés à piller le camp
des Athéniens, il en tua environ cinq ; et ayant reçu ainsi que son
cheval plusieurs blessures mortelles, il expira avec lui. 6. Voilà
comme en se couvrant de gloire, et en honorant sa patrie, il périt
volontairement après avoir sauvé ceux qu'il commandait. Diéus ayant
ainsi ruiné les affaires des Achéens, apporta lui-même ces mauvaises
nouvelles aux Mégalopolitains ; il tua de sa propre main sa femme,
pour qu'elle ne devînt pas esclave, et se fit mourir en prenant du
poison ; après avoir montré durant toute sa vie la même avarice que
Ménalcidas, il termina avec la même lâcheté sa carrière. 7. Ceux des
Achéens qui s'étaient réfugiés à Corinthe après le combat, en
sortirent la nuit suivante, ainsi que la plupart des Corinthiens
eux-mêmes, cependant, quoique toutes les portes fussent ouvertes,
Mummius ne voulut pas entrer sur-le-champ dans Corinthe, craignant
qu'on ne lui eût dressé quelque embuscade dans l'intérieur des murs.
Mais le troisième jour après le combat, il la prit et la brûla ; les
Romains tuèrent la plus grande partie de ceux qui y étaient restés,
et Mummius vendit à l'encan les femmes et les enfants ; il vendit
aussi tous ceux des esclaves qui, ayant été affranchis, n'avaient
pas été tués dans la guerre; il enleva tout ce qu'il y avait de plus
remarquable en statues et en autres objets précieux, et donna ce qui
était d'un moindre prix à Philopémen, général des troupes du roi
Attale ; lorsque j'étais à Pergame, il y avait encore des
dépouilles des Corinthiens. 9. Mummius fit ensuite raser les murs de
toutes les villes qui avaient pris les armes contre les Romains et
en désarma les habitants, avant même l'arrivée de ceux qu'on lui
envoyait de Rome pour conseils; lorsqu'ils furent venus, il abolit
partout la démocratie, ordonna qu'on choisirait les magistrats parmi
les plus riches, soumit toute la Grèce à un tribut, défendit aux
gens riches de posséder des terres hors de leur pays, et interdit
toutes les assemblées confédératives qui existaient dans l'Achaïe,
la Phocide, la Béotie, et partout où il y en avait dans la Grèce;
10. cependant quelques années après, les Romains eurent pitié des
Grecs et leur permirent de rétablir les anciennes assemblées qui
avaient lieu pour chaque peuple, et de posséder des terres hors des
limites de leur pays; ils remirent aussi les amendes à tous ceux à
qui Mummius en avait imposé; car il avait condamné les Béotiens à
payer cent talents aux Héracléotes et aux Eubéens, et les Achéens à
en payer deux cents aux Lacédémoniens. Les Grecs obtinrent des
Romains la remise de toutes ces amendes. On envoie encore maintenant
un préteur qu'on nomme le préteur de l'Achaïe, et non le préteur de
la Grèce, parce que les Grecs furent soumis à l'occasion des
Achéenes qui étaient alors à leur tête. Cette guerre se termina dans
l'année où Antistbéus fut archonte à Athènes ; c'était alors la cent
soixantième olympiade, dans laquelle Diodore de Sicyone fut
couronné. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙϚ'
Μόμμιος μετ' Ὀρέστου ἦλθον ἐς τὸν ἰσθμόν. Δίαιος
γένομενος ὅμοιος Καλλιστράτῳ, τελευτᾷ πιὼν φάρμακον. Μόμμιος ἁλοῖ
καὶ πυρπολεῖ τὴν Κόρινθον, καὶ ἀρχεῖα ἐν τῇ Ἑλλάδι καθίστησι.
Ῥωμαῖοι μεταδίδουσιν Ἕλλησι τὰ ἀρχαῖα καὶ στέλλουσιν ἡφεμόνα ἐν τῇ
Ἀχαίᾳ.
(1) Μόμμιος δὲ Ὀρέστην ἅμα ἀγόμενος,
τὸν πρότερον ἐπὶ τῇ Λακεδαιμονίων διαφορᾷ καὶ Ἀχαιῶν ἐλθόντα,
ἀφίκετο μὲν περὶ ὄρθρον ἐς τὸ τῶν Ῥωμαίων στράτευμα, ἀποπέμψας δὲ ἐς
Μακεδονίαν Μέτελλον καὶ ὅσον εἵπετο ἐκείνῳ, ἀνέμενεν αὐτὸς ἐν τῷ
ἰσθμῷ τὴν πᾶσαν ἀθροισθῆναι παρασκευήν. Ἀφίκετο δὲ ἱππικὸν μὲν
πεντακόσιοί τε καὶ τρισχίλιοι, τοῦ πεζοῦ δὲ ἀριθμὸς ἐγένετο ἐς
μυριάδας δύο προσόντων καὶ τούτοις τρισχιλίων· ἐπῆλθον δὲ καὶ
τοξόται Κρῆτες καὶ ἐκ Περγάμου τῆς ὑπὲρ Καΐκου Φιλοποίμην στρατιώτας
ἄγων παρὰ Ἀττάλου. (2) Μόμμιος μὲν δὴ τῶν τε ἐξ Ἰταλίας τινὰς καὶ τὰ
ἐπικουρικὰ ἀπωτέρω δύο τε καὶ δέκα ἔταξε σταδίοις, πρὸ τοῦ παντὸς
εἶναι στρατεύματος φυλακήν· Ἀχαιοὶ δέ, ἐχόντων ἀφυλακτότερον ὑπὸ
φρονήματος τῶν Ῥωμαίων, ἐπιτίθενται {τοῖς} ἐπὶ φυλακῆς αὐτοῖς τῆς
πρώτης, καὶ τοὺς μὲν φονεύουσι, πλείονας δὲ ἔτι ἐς τὸ στρατόπεδον
κατεῖρξαν, καὶ ἀσπίδας ὅσον τε πεντακοσίας εἷλον. Ἀπὸ τούτου δὲ τοῦ
ἔργου καὶ ἐπήρθησαν οἱ Ἀχαιοὶ ποιήσασθαι τὴν ἔξοδον πρότερον πρὶν ἢ
Ῥωμαίους ἄρχειν μάχης· (3) ὡς δὲ ἀντεπῆγε καὶ ὁ Μόμμιος, οἱ μὲν ἐς
τὸ ἱππικὸν τῶν Ἀχαιῶν ταχθέντες αὐτίκα ᾤχοντο φεύγοντες, τῆς Ῥωμαίων
ἵππου μηδὲ τὴν πρώτην ἔφοδον ὑπομείναντες· ὁ δὲ πεζὸς στρατὸς ἀθύμως
μὲν εἶχεν ἐπὶ τῶν ἱππέων τῇ τροπῇ, δεξάμενοι δὲ τὴν ἐμβολὴν τοῦ
ὁπλιτικοῦ τοῦ Ῥωμαίων βιαζόμενοί τε τῷ πλήθει καὶ ἀπαγορεύοντες τοῖς
τραύμασιν ὅμως ἀντεῖχον ὑπὸ τοῦ θυμοῦ, πρίν γε δὴ Ῥωμαίων λογάδες
χίλιοι προσπεσόντες κατὰ τὰ πλάγια ἐς τελέαν τοὺς Ἀχαιοὺς φυγὴν
κατέστησαν. (4) Εἰ δὲ ἐτόλμησεν ἐσδραμεῖν μετὰ τὴν μάχην Δίαιος ἐς
Κόρινθον καὶ ὑποδέξασθαι τῷ τείχει τοὺς διαπίπτοντας ἐκ τῆς φυγῆς,
κἂν εὕρασθαί τι παρὰ Μομμίου οἱ Ἀχαιοὶ φιλάνθρωπον ἐδυνήθησαν, ἐς
πολιορκίαν καὶ τριβὴν πολέμου καταστάντες· νῦν δὲ ἀρχομένων ἔτι
ἐνδιδόναι τῶν Ἀχαιῶν εὐθὺ Μεγάλης πόλεως ἔφευγεν ὁ Δίαιος, οὐδέν τι
γενόμενος ἐς Ἀχαιοὺς ὅμοιος ἢ καὶ Καλλίστρατος ὁ Ἐμπέδου πρὸς
Ἀθηναίους. (5) Τούτῳ γὰρ τῷ ἀνδρὶ ἱππαρχήσαντι ἐν Σικελίᾳ, ὅτε
Ἀθηναῖοι καὶ ὅσοι ἄλλοι τοῦ στόλου μετεσχήκεσαν ἀπώλλυντο πρὸς τῷ
ποταμῷ {τότε} τῷ Ἀσινάρῳ, τούτῳ τότε τῷ Καλλιστράτῳ παρέστη τόλμα
διεκπαῖσαι διὰ τῶν πολεμίων ἄγοντι τοὺς ἱππέας· ὡς δὲ τὸ πολὺ
ἀπέσωσεν αὐτῶν ἐς Κατάνην, ἀνέστρεφεν ὀπίσω τὴν αὐτὴν αὖθις ὁδὸν ἐς
Συρακούσας, διαρπάζοντας δὲ ἔτι εὑρὼν τὸ Ἀθηναίων στρατόπεδον
καταβάλλει τε ὅσον πέντε ἐξ αὐτῶν, καὶ τραύματα ἐπίκαιρα αὐτὸς καὶ ὁ
ἵππος λαβόντες ἀφιᾶσι τὴν ψυχήν. (6) Οὗτος μὲν δὴ ἀγαθὴν δόξαν
Ἀθηναίοις καὶ αὑτῷ κτώμενος περιεποίησέ τε ὧν ἦρχε καὶ ἐτελεύτησεν
αὐτὸς ἑκουσίως· Δίαιος δὲ Ἀχαιοὺς ἀπολωλεκὼς Μεγαλοπολίταις κακῶν
τῶν ἐφεστηκότων ἧκεν ἄγγελος, ἀποκτείνας δὲ αὐτοχειρὶ τὴν γυναῖκα,
ἵνα δὴ μὴ γένοιτο αἰχμάλωτος, τελευτᾷ πιὼν φάρμακον, ἐοικυῖαν μὲν
παρασχόμενος Μεναλκίδᾳ τὴν ἐς χρήματα πλεονεξίαν, ἐοικυῖαν δὲ καὶ
τὴν ἐς τὸν θάνατον δειλίαν. (7) Ἀχαιῶν δὲ οἱ ἐς Κόρινθον ἀποσωθέντες
μετὰ τὴν μάχην ἀπεδίδρασκον ὑπὸ νύκτα εὐθύς· ἀπεδίδρασκον δὲ καὶ
αὐτῶν Κορινθίων οἱ πολλοί. Μόμμιος δὲ τὸ μὲν παραυτίκα,
ἀναπεπταμένων ὅμως τῶν πυλῶν, ἐπεῖχεν ἐς τὴν Κόρινθον παρελθεῖν,
ὑποκαθῆσθαί τινα ἐντὸς τοῦ τείχους ὑποπτεύων ἐνέδραν· τρίτῃ δὲ ἡμέρᾳ
μετὰ τὴν μάχην ᾕρει τε κατὰ κράτος καὶ ἔκαιε Κόρινθον. (8) Τῶν δὲ
ἐγκαταληφθέντων τὸ μὲν πολὺ οἱ Ῥωμαῖοι φονεύουσι, γυναῖκας δὲ καὶ
παῖδας ἀπέδοτο Μόμμιος· ἀπέδοτο δὲ καὶ οἰκέτας, ὅσοι τῶν ἐς
ἐλευθερίαν ἀφεθέντων καὶ μαχεσαμένων μετὰ Ἀχαιῶν μὴ εὐθὺς ὑπὸ τοῦ
πολέμου τὸ ἔργον ἐτεθνήκεσαν. Ἀναθημάτων δὲ καὶ τοῦ ἄλλου κόσμου τὰ
μὲν μάλιστα ἀνήκοντα ἐς θαῦμα ἀνήγετο, τὰ δὲ ἐκείνοις οὐχ ὁμοίου
λόγου Φιλοποίμενι ὁ Μόμμιος τῷ παρ´ Ἀττάλου στρατηγῷ δίδωσι· καὶ ἦν
Περγαμηνοῖς καὶ ἐς ἐμὲ ἔτι λάφυρα Κορίνθια. (9) Πόλεων δέ, ὅσαι
Ῥωμαίων ἐναντία ἐπολέμησαν, τείχη μὲν ὁ Μόμμιος κατέλυε καὶ ὅπλα
ἀφῃρεῖτο πρὶν ἢ καὶ συμβούλους ἀποσταλῆναι παρὰ Ῥωμαίων· ὡς δὲ
ἀφίκοντο οἱ σὺν αὐτῷ βουλευσόμενοι, ἐνταῦθα δημοκρατίας μὲν
κατέπαυε, καθίστα δὲ ἀπὸ τιμημάτων τὰς ἀρχάς· καὶ φόρος τε ἐτάχθη τῇ
Ἑλλάδι καὶ οἱ τὰ χρήματα ἔχοντες ἐκωλύοντο ἐν τῇ ὑπερορίᾳ κτᾶσθαι·
συνέδριά τε κατὰ ἔθνος τὰ ἑκάστων, Ἀχαιῶν καὶ τὸ ἐν Φωκεῦσιν ἢ
Βοιωτοῖς ἢ ἑτέρωθί που τῆς Ἑλλάδος, κατελέλυτο ὁμοίως πάντα. (10)
Ἔτεσι δὲ οὐ πολλοῖς ὕστερον ἐτράποντο ἐς ἔλεον Ῥωμαῖοι τῆς Ἑλλάδος,
καὶ συνέδριά τε κατὰ ἔθνος ἀποδιδόασιν ἑκάστοις τὰ ἀρχαῖα καὶ τὸ ἐν
τῇ ὑπερορίᾳ κτᾶσθαι, ἀφῆκαν δὲ καὶ ὅσοις ἐπιβεβλήκει Μόμμιος ζημίαν·
Βοιωτούς τε γὰρ Ἡρακλεώταις καὶ Εὐβοεῦσι τάλαντα ἑκατὸν καὶ Ἀχαιοὺς
Λακεδαιμονίοις διακόσια ἐκέλευσεν ἐκτῖσαι. Τούτων μὲν δὴ ἄφεσιν παρὰ
Ῥωμαίων εὕροντο Ἕλληνες, ἡγεμὼν δὲ ἔτι καὶ ἐς ἐμὲ ἀπεστέλλετο·
καλοῦσι δὲ οὐχ Ἑλλάδος, ἀλλὰ Ἀχαΐας ἡγεμόνα οἱ Ῥωμαῖοι, διότι
ἐχειρώσαντο Ἕλληνας δι´ Ἀχαιῶν τότε τοῦ Ἑλληνικοῦ προεστηκότων. Ὁ δὲ
πόλεμος ἔσχεν οὗτος τέλος Ἀντιθέου μὲν Ἀθήνῃσιν ἄρχοντος, ὀλυμπιάδι
δὲ ἑξηκοστῇ πρὸς ταῖς ἑκατόν, ἣν ἐνίκα Διόδωρος Σικυώνιος. |
CHAPITRE XVII.
Faible état de la Grèce. Sa situation sous Néron et Vespasien.
Limites de l'Achaïe. Ses villes, dont la principale est Dyme.
Monuments de Dyme. Démon Attès. Victoires d'Oebotas, coureur.
1. CE fut alors que la Grèce, ravagée en partie, et tourmentée dès
ses commencements par un mauvais génie, se trouva réduite à la plus
extrême faiblesse. Argos, dont la puissance s'était élevée au plus
haut degré dans les temps nommés héroïques, se vit abandonnée de la
fortune et soumise au pouvoir des Doriens; 2. le peuple Athénien
était à peine remis des maux qu'il avait soufferts, à peine
échappé aux dangers qu'il avait courus par la guerre du Péloponnèse,
et aux ravages de la maladie épidémique, lorsque peu d'années après,
la puissance des Macédoniens vint encore l'accabler; ce fut aussi de
la Macédoine que la colère d'Alexandre éclata sur la ville de Thèbes
dans la Béotie. Les Lacédémoniens furent très affaiblis d'abord par
Épaminondas le Thébain, et ensuite par la guerre contre les Achéens;
enfin lorsque, semblable aux rejetons d'un arbre qui vient d'être
mutilé, la nation Achéenne semblait renaître au sein de là Grèce, la
perversité de ses chefs l'arrêta au milieu de son accroissement. 3.
Dans la suite, Néron, devenu empereur des Romains, rendit la liberté
à toute la Grèce, en donnant en échange au peuple Romain la
Sardaigne, île des plus fertiles. Lorsque je considère cette action
de Néron, je trouve que Platon, fils d'Ariston, a dit avec beaucoup
de vérité, que les crimes remarquables par leur hardiesse et leur
atrocité, ne sont point commis par des hommes médiocres, et qu'ils
partent d'une âme forte et généreuse, corrompue par l'éducation. 4.
Les Grecs ne jouirent pas longtemps du bienfait de Néron ; car étant
retombés dans des dissensions intestines sous le règne de Vespasien,
cet empereur les rendit de nouveau tributaires des Romains, et leur
donna un préteur pour les gouverner, en disant, que les Grecs
avaient désappris la liberté. 5. C'est ainsi que tout se passa. Le
fleuve Larisus forme la limite entre les Éléens et les Achéens ; sur
les bords de ce fleuve est le temple de Minerve Larisséa. Dyme,
ville des Achéens, est à environ trois cents stades du Larisus; elle
fut la seule qui se soumit à Philippe, fils de Démétrius, lorsqu'il
fit la guerre aux Achéens, et ce fut par cette raison que Sulpicius,
général romain, la livra au pillage. Auguste la donna dans la suite
aux habitants de Patras. 6. Dyme se nommait anciennement Paléia,
elle appartenait encore aux Ioniens lorsqu'elle prit le nom qu'elle
porte maintenant; je ne sais pas au juste si ce fut de Dyme, femme
du pays, ou de Dymas, fils d'Egimius. Quelqu'un pourrait être
trompé par l'inscription en vers élégiaques qu'on voit à Olympie sur
la statue d'Oebotas; car cet Oebotas, natif de Dyme, ayant remporté
le prix de la course du stade, dans la sixième olympiade, on lui
érigea en l'olympiade quatre-vingt, d'après un oracle rendu à
Delphes, une statue à Olympie, sur laquelle on lit l'inscription
suivante : 7. Oebotas, fils d'Oenias, remporta le prix de
la course du stade, et illustra par cette victoire Paléia sa patrie.
On ne doit pas trouver étrange que cette ville soit nommée Paléia,
et non Dyme, dans cette inscription; car les Grecs ont assez l'usage
d'employer dans la poésie les noms les plus anciens, de préférence
aux nouveaux; c'est ainsi qu'Amphiaraüs et Adraste sont désignés par
le nom de Phoronéides, et Thésée par celui d'Erechthéide. 8. Un peu
en avant de Dyme, et à droite du chemin, on voit le tombeau de
Sostratus, jeune homme du pays, qui était, à ce qu'on dit, le
bien-aimé d'Hercule; il mourut tandis que ce héros était encore
parmi les mortels. Ce fut Hercule lui-même qui lui érigea ce
tombeau, et il coupa de ses propres cheveux, qu'il lui offrit comme
des prémices. Le tertre qui forme ce tombeau est encore maintenant
surmonté d'un cippe, sur lequel Hercule est représenté; et on dit
que les gens du pays sacrifient à Sostratus comme à un héros. 9. Les
Dyméens ont chez eux un temple et une statue de Minerve extrêmement
ancienne; ils ont encore un autre temple dédié à Dindymène et à
Attès. Quel était cet Attès ? c'est un mystère, et je n'ai pu
parvenir à le savoir. Hermésianax, poète élégiaque, dit dans ses
vers, qu'il était fils de Calaüs, Phrygien, et que sa mère l'avait
mis au monde incapable de se reproduire. Lorsqu'il fut devenu grand,
il alla, suivant Hermésianax, s'établir dans la Lydie, fit connaître
aux Lydiens les mystères de la mère des Dieux, et devint si cher à
cette Déesse, que Jupiter, indigné contre elle, envoya un sanglier
ravager les champs des Lydiens; 10. plusieurs d'entre eux et Attès
lui-même furent tués par ce sanglier. C'est d'après quelque
tradition de ce genre que les Galates de Pésinonte s'abstiennent
entièrement de porc. Ils ne racontent cependant pas de même
l'histoire d'Attès; ils ont à son sujet une autre tradition qui leur
est particulière. Ils disent que Jupiter endormi eut une pollution,
et que sa semence tomba sur la terre, qui, au bout de quelque temps,
enfanta un génie qui avait les deux sexes; ils disent qu'on le
nommait Agdistis. Comme il inspirait beaucoup de crainte aux Dieux,
ils lui coupèrent les parties viriles; 11. de ces parties naquit un
amandier. Lorsque ses fruits furent mûrs, la fille du fleuve
Sangaris en cueillit, et les mit dans son sein; mais ces fruits
disparurent aussitôt, et elle se trouva enceinte. Après son
accouchement, un bouc prit soin de l'enfant, qu'elle avait exposé,
et comme en grandissant il devenait d'une beauté plus qu'humaine,
Agdistis en devint amoureux. Attès étant parvenu à l'âge viril, ses
parents l'envoyèrent à Pésinonte, pour y épouser la fille du roi;
12. on chantait déjà l'hyménée, lorsque Agdistis survint, et Attès
devenu furieux, se coupa les parties viriles; le père de la fille en
fit de même. Agdistis se repentit bientôt de ce qu'il avait fait à
Attès, et il obtint de Jupiter qu'aucune partie de son corps ne pût
se pourrir ni se dessécher. 13. Voilà ce qu'il y a de plus connu sur
Attès. On voit aussi dans le pays de Dyme la statue d'Oebotas le
coureur. Ayant été le premier Achéen qui eut été couronné à Olympie,
il ne reçut aucune récompense de ses concitoyens; c'est pourquoi il
fit des imprécations, en souhaitant que dans la suite aucun Achéen
ne remportât de victoires aux jeux olympiques; et comme quelque dieu
veillait à ce que cette imprécation ne fût pas vaine, les Achéens
apprirent enfin de l'oracle de Delphes, qu'ils avaient envoyé
consulter, par quelle raison ils n'obtenaient jamais de couronnes à
Olympie. 14. A peine eurent-ils érigé une statue à Olympie, et
décerné d'autres honneurs à Oebotas, que Sostratus de Pellène fut
vainqueur à la course du stade parmi les enfants; encore aujourd'hui
les Achéens qui veulent combattre aux jeux olympiques, rendent
auparavant des honneurs à Oebotas, et s'ils remportent la victoire,
ils couronnent sa statue. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΖ'
Ἑλλάδος κατ' ἐκεῖνον τὸν καιρὸν ἀσθένεια.
Τὰ τῆς Ἑλλάδος ἐπὶ Νέρωνος καὶ Οὐεσπασιανοῦ. Ἀχαίας ὅροι καὶ πόλεις,
ὧν πρώτη Δύμη, διὰ τὰ ἐν αὐτῇ μνημεῖα. )Άττης δαίμων. Δρομέως Οἰβώτα
νίκη.
(1) ἐς ἅπαν δὲ ἀσθενείας τότε μάλιστα
κατῆλθεν ἡ Ἑλλάς, λυμανθεῖσα κατὰ μέρη καὶ διαπορθηθεῖσα ἐξ ἀρχῆς
ὑπὸ τοῦ δαίμονος. Ἄργος μέν, ἐς πλεῖστον ἀφικομένην δυνάμεως πόλιν
ἐπὶ τῶν καλουμένων ἡρώων, ὁμοῦ τῇ μεταβολῇ τῇ ἐς Δωριέας ἐπέλιπε τὸ
ἐκ τῆς τύχης εὐμενές· (2) τὸ δὲ ἔθνος τὸ Ἀττικόν, ἀπὸ τοῦ
Πελοποννησίων πολέμου καὶ νόσου τῆς λοιμώδους ἀνενεγκόν τε καὶ αὖθις
ἀνανηξάμενον, ἔτεσιν ἔμελλεν οὐ πολλοῖς ὕστερον ἡ Μακεδόνων ἀκμὴ
καθαιρήσειν· κατέσκηψε δὲ ἐκ Μακεδονίας καὶ ἐς τὰς Βοιωτίας Θήβας τὸ
Ἀλεξάνδρου μήνιμα. Λακεδαιμονίοις δὲ Ἐπαμινώνδας ὁ Θηβαῖος καὶ αὖθις
ὁ Ἀχαιῶν πόλεμος ἐγένετο· ὅτε δὲ καὶ μόγις, ἅτε ἐκ δένδρου
λελωβημένου καὶ αὔου τὰ πλείονα, ἀνεβλάστησεν ἐκ τῆς Ἑλλάδος τὸ
Ἀχαϊκόν, καὶ αὐτὸ ἡ κακία τῶν στρατηγησάντων ἐκόλουσεν ἔτι
αὐξανόμενον. (3) Χρόνῳ δὲ ὕστερον ἐς Νέρωνα ἡ βασιλεία περιῆλθεν ἡ
Ῥωμαίων, καὶ ἐλεύθερον ὁ Νέρων ἀφίησιν ἁπάντων, ἀλλαγὴν πρὸς δῆμον
ποιησάμενος τὸν Ῥωμαίων· Σαρδὼ γὰρ τὴν νῆσον ἐς τὰ μάλιστα εὐδαίμονα
ἀντὶ Ἑλλάδος σφίσιν ἀντέδωκεν. Ἀπιδόντι οὖν ἐς τοῦτό μοι τοῦ Νέρωνος
τὸ ἔργον ὀρθότατα εἰρηκέναι Πλάτων ἐφαίνετο ὁ Ἀρίστωνος, ὁπόσα
ἀδικήματα μεγέθει καὶ τολμήματί ἐστιν ὑπερηρκότα, οὐ τῶν ἐπιτυχόντων
εἶναι ταῦτα ἀνθρώπων, ψυχῆς δὲ γενναίας ὑπὸ ἀτόπου παιδείας
διεφθαρμένης. (4) Οὐ μὴν Ἕλλησί γε ἐξεγένετο ὄνασθαι τοῦ δώρου·
Οὐεσπασιανοῦ γὰρ μετὰ Νέρωνα ἄρξαντος ἐς ἐμφύλιον στάσιν προήχθησαν,
καὶ σφᾶς ὑποτελεῖς τε αὖθις ὁ Οὐεσπασιανὸς εἶναι φόρων καὶ ἀκούειν
ἐκέλευσεν ἡγεμόνος, ἀπομεμαθηκέναι φήσας τὴν ἐλευθερίαν τὸ
Ἑλληνικόν. (5) Τάδε μὲν οὕτω συμβάντα εὕρισκον· Ἀχαιοῖς δὲ ὅροι καὶ
Ἠλείοις τῆς χώρας ποταμός τε Λάρισος καὶ Ἀθηνᾶς ἐπὶ τῷ ποταμῷ ναός
ἐστι Λαρισαίας, καὶ Ἀχαιῶν πόλις Δύμη σταδίους ὅσον τε τριάκοντα
ἀπέχει τοῦ Λαρίσου. Ταύτην Φίλιππος ὁ Δημητρίου πολεμῶν μόνην τῶν
Ἀχαϊκῶν ἔσχεν ὑπήκοον, καὶ ἐπὶ τῇ αἰτίᾳ ταύτῃ Σουλπίκιος, ἡγεμὼν καὶ
οὗτος Ῥωμαίων, ἐπέτρεψε τῇ στρατιᾷ διαρπάσαι τὴν Δύμην· Αὔγουστος δὲ
ὕστερον καὶ προσένειμεν αὐτὴν Πατρεῦσιν. (6) Ἐκαλεῖτο δὲ τὰ μὲν
ἀρχαιότερα Πάλεια· ἐχόντων δὲ ἔτι Ἰώνων ὄνομά οἱ μετέθεντο τὸ ἐφ´
ἡμῶν, σαφῶς δὲ οὐκ οἶδα εἴτε ἀπὸ γυναικὸς ἐπιχωρίας Δύμης εἴτε ἀπὸ
Δύμαντος τοῦ Αἰγιμίου. Ὑπὸ δὲ τοῦ ἐλεγείου τοῦ Ὀλυμπίασιν ἐπὶ τῇ
εἰκόνι τῇ Οἰβώτα οὐ προαχθείη ἄν τις ἐς ἀλογίαν. Οἰβώτᾳ γὰρ ἀνδρὶ
Δυμαίῳ, σταδίου μὲν ἀνελομένῳ νίκην ὀλυμπιάδι ἕκτῃ, εἰκόνος δὲ ἐν
Ὀλυμπίᾳ περὶ τὴν ὀγδοηκοστὴν ὀλυμπιάδα κατὰ μάντευμα ἐκ Δελφῶν
ἀξιωθέντι, ἐπίγραμμά ἐστιν ἐπ´ αὐτῷ λέγον·
(7) Οἰνία
Οἰβώτας στάδιον νικῶν ὅδ´ Ἁχαιὸς
πατρίδα Πάλειαν θῆκ´ ὀνομαστοτέραν.
Τοῦτο οὖν οὐκ ἄν τινι ἀλογίαν
παραστήσειεν, εἰ Πάλειαν ἀλλὰ μὴ Δύμην τὸ ἐπίγραμμα καλεῖ τὴν πόλιν·
τὰ γὰρ ἀρχαιότερα ὀνόματα ἐς ποίησιν ἐπάγεσθαι τῶν ὑστέρων
καθεστηκός ἐστιν Ἕλλησι, καὶ Ἀμφιάραόν τε καὶ Ἄδραστον Φορωνείδας
καὶ Ἐρεχθείδην ἐπονομάζουσι τὸν Θησέα. (8) Ὀλίγον δὲ πρὸ τοῦ ἄστεώς
ἐστι τοῦ Δυμαίων ἐν δεξιᾷ τῆς ὁδοῦ τάφος Σωστράτου· μειράκιον δὲ ἦν
τῶν ἐπιχωρίων, γενέσθαι δὲ Ἡρακλέους ἐρώμενόν φασιν αὐτόν, καὶ -
ἀποθανεῖν γὰρ τὸν Σώστρατον Ἡρακλέους ἔτι ὄντος μετὰ ἀνθρώπων -
οὕτως οἱ τὸν Ἡρακλέα τό τε μνῆμα αὐτὸν εἶναι τὸν ποιήσαντα καὶ
ἀπαρχὰς ἀπὸ τῶν ἐν τῇ κεφαλῇ τριχῶν δοῦναι. Ἐπίθημα δὲ καὶ ἐς ἐμὲ
ἔτι στήλη τε ἦν ἐπὶ τοῦ χώματος καὶ Ἡρακλῆς ἐπειργασμένος· ἐλέγετο
δὲ ὡς οἱ ἐπιχώριοι καὶ ἐναγίζουσι τῷ Σωστράτῳ. (9) Δυμαίοις δὲ ἔστι
μὲν Ἀθηνᾶς ναὸς καὶ ἄγαλμα ἐς τὰ μάλιστα ἀρχαῖον, ἔστι δὲ καὶ ἄλλο
ἱερόν σφισι Δινδυμήνῃ μητρὶ καὶ Ἄττῃ πεποιημένον. Ἄττης δὲ ὅστις ἦν,
οὐδὲν οἷός τε ἦν ἀπόρρητον ἐς αὐτὸν ἐξευρεῖν, ἀλλὰ Ἑρμησιάνακτι μὲν
τῷ τὰ ἐλεγεῖα γράψαντι πεποιημένα ἐστὶν ὡς υἱός τε ἦν Καλαοῦ Φρυγὸς
καὶ ὡς οὐ τεκνοποιὸς ὑπὸ τῆς μητρὸς τεχθείη· ἐπεὶ δὲ ηὔξητο,
μετῴκησεν ἐς Λυδίαν τῷ Ἑρμησιάνακτος λόγῳ καὶ Λυδοῖς ὄργια ἐτέλει
Μητρός, ἐς τοσοῦτο ἥκων παρ´ αὐτῇ τιμῆς ὡς Δία αὐτῇ νεμεσήσαντα ὗν
ἐπὶ τὰ ἔργα ἐπιπέμψαι τῶν Λυδῶν. (10) Ἐνταῦθα ἄλλοι τε τῶν Λυδῶν καὶ
αὐτὸς Ἄττης ἀπέθανεν ὑπὸ τοῦ ὑός· καί τι ἑπόμενον τούτοις Γαλατῶν
δρῶσιν οἱ Πεσσινοῦντα ἔχοντες, ὑῶν οὐχ ἁπτόμενοι. Νομίζουσί γε μὴν
οὐχ οὕτω τὰ ἐς τὸν Ἄττην, ἀλλὰ ἐπιχώριός ἐστιν ἄλλος σφίσιν ἐς αὐτὸν
λόγος, Δία ὑπνωμένον ἀφεῖναι σπέρμα ἐς γῆν, τὴν δὲ ἀνὰ χρόνον
ἀνεῖναι δαίμονα διπλᾶ ἔχοντα αἰδοῖα, τὰ μὲν ἀνδρός, τὰ δὲ αὐτῶν
γυναικός· ὄνομα δὲ Ἄγδιστιν αὐτῷ τίθενται. Θεοὶ δὲ Ἄγδιστιν
δείσαντες τὰ αἰδοῖά οἱ τὰ ἀνδρὸς ἀποκόπτουσιν. (11) Ὡς δὲ ἀπ´ αὐτῶν
ἀναφῦσα ἀμυγδαλῆ εἶχεν ὡραῖον τὸν καρπόν, θυγατέρα τοῦ Σαγγαρίου
ποταμοῦ λαβεῖν φασι τοῦ καρποῦ· ἐσθεμένης δὲ ἐς τὸν κόλπον καρπὸς
μὲν ἐκεῖνος ἦν αὐτίκα ἀφανής, αὐτὴ δὲ ἐκύει· τεκούσης δὲ τράγος
περιεῖπε τὸν παῖδα ἐκκείμενον. Ὡς δὲ αὐξανομένῳ κάλλους οἱ μετῆν
πλέον ἢ κατὰ εἶδος ἀνθρώπου, ἐνταῦθα τοῦ παιδὸς ἔρως ἔσχεν Ἄγδιστιν.
Αὐξηθέντα δὲ Ἄττην ἀποστέλλουσιν ἐς Πεσσινοῦντα οἱ προσήκοντες
συνοικήσοντα τοῦ βασιλέως θυγατρί· (12) ὑμέναιος δὲ ᾔδετο καὶ
Ἄγδιστις ἐφίσταται καὶ τὰ αἰδοῖα ἀπέκοψε μανεὶς ὁ Ἄττης, ἀπέκοψε δὲ
καὶ ὁ τὴν θυγατέρα αὐτῷ διδούς· Ἄγδιστιν δὲ μετάνοια ἔσχεν οἷα Ἄττην
ἔδρασε, καί οἱ παρὰ Διὸς εὕρετο μήτε σήπεσθαί τι Ἄττῃ τοῦ σώματος
μήτε τήκεσθαι. (13) Τάδε μὲν ἐς Ἄττην τὰ γνωριμώτατα· ἐν δὲ τῇ χώρᾳ
τῇ Δυμαίᾳ καὶ τοῦ δρομέως Οἰβώτα τάφος ἐστί· τούτῳ τῷ Οἰβώτα
νικήσαντι Ὀλύμπια Ἀχαιῶν πρώτῳ γέρας οὐδὲν ἐξαίρετον παρ´ αὐτῶν
ἐγένετο εὕρασθαι· καὶ ἐπὶ τούτῳ κατάρας ὁ Οἰβώτας ἐποιήσατο μηδενὶ
Ὀλυμπικὴν νίκην ἔτι Ἀχαιῶν γενέσθαι. Καὶ - ἦν γάρ τις θεῶν ᾧ τοῦ
Οἰβώτα τελεῖσθαι τὰς κατάρας οὐκ ἀμελὲς ἦν - διδάσκονταί ποτε οἱ
Ἀχαιοὶ καθ´ ἥντινα αἰτίαν στεφάνου τοῦ Ὀλυμπίασιν ἡμάρτανον,
διδάσκονται δὲ ἀποστείλαντες ἐς Δελφούς· (14) οὕτω καὶ ἄλλα ἐς τιμήν
σφισι τοῦ Οἰβώτα ποιήσασι καὶ τὴν εἰκόνα ἀναθεῖσιν ἐς Ὀλυμπίαν
Σώστρατος Πελληνεὺς σταδίου νίκην ἔσχεν ἐν παισί. Διαμένει δὲ ἐς ἐμὲ
ἔτι Ἀχαιῶν τοῖς ἀγωνίζεσθαι μέλλουσι τὰ Ὀλύμπια ἐναγίζειν τῷ Οἰβώτᾳ,
καὶ ἢν κρατήσωσιν, ἐν Ὀλυμπίᾳ στεφανοῦν τοῦ Οἰβώτα τὴν εἰκόνα. |
CHAPITRE XVIII.
Le fleuve Pirus ; ville d'Oléne. Ville de Patras ; le
fleuve Glaucus. Ce que les Patréens rapportent de Bacchus. Couronnes
de Patras. Auguste fait rentrer à Patras ceux qui l'avaient quittée.
Monuments remarquables de Patras; temple et statue de Diane Laphria.
Fêtes annuelles en son honneur.
1. EN avançant dans le pays à environ
quarante stades de Dyme, vous trouvez l'endroit où le fleuve Pirus
se jette dans la mer; il y avait autrefois vers ce fleuve une ville
nommée Olène ; tous ceux qui ont parlé d'Hercule et de ses travaux,
se sont fort étendus sur Dexamènus, roi d'Olène, et sur
l'hospitalité qu'il donna à Hercule. Olène était dès son origine une
très petite ville, comme le témoigne Hermésianax, dans son élégie
sur le centaure Eurytion; on dit que dans la suite, les habitants se
trouvant trop faibles par leur nombre, l'abandonnèrent et allèrent
s'établir à Piras et à Eurytias. 2. La ville de Patras est à environ
quatre-vingt stades du fleuve Pirus, et à peu de distance de
l'endroit où le fleuve Glaucus se jette dans la mer. Ceux des
Patréens qui connaissent les antiquités de leur patrie, disent
qu'Eumélus Autochthone fut le premier qui habita ce pays, et qu'il
n'avait pas un grand nombre de sujets. Triptolème y vint de
l'Altique, fit connaître l'art de cultiver le blé et celui de
fonder une ville ; Eumélus en fonda une qu'il nomma Aroé, du mot
Aro, qui signifie labourer la terre. 3. Triptolème s'étant livré
au sommeil, on dit qu'Anthéas, fils d'Eumélus, attela les serpents
ailés à son char, et que voulant aussi se mêler de semer, il tomba
de ce char et se tua. Triptolème et Eumélus fondèrent conjointement
une ville qu'ils nommèrent Anthéa, en mémoire de cet enfant. 4. On
bâtit enfin entre Anthéa et Aroé une troisième ville appelée
Mésatis. Quant à tout ce que les Patréens disent au sujet de
Bacchus, qu'il fut élevé à Mésatis, et que là il lui fut dressé des
embûches par les Pans, ce qui lui fit courir les plus grands
dangers, je ne les contredirai pas là-dessus et les laisserai
expliquer à leur manière le nom de Mésatis. 5. Les Achéens ayant
dans la suite chassé les Ioniens, Patras, fils de Préygènes fils
d'Agénor, défendit aux Achéens de s'établir à Mésatis et à Anthéa ;
et après avoir entouré Aroé d'une enceinte de murs beaucoup plus
grande, afin que l'ancienne ville s'y trouvât enfermée, il lui donna
son propre nom, celui de Patras : Agénor, père de Préygènes, était
fils d'Aréus, fils d'Ampyx; Pélias, père de ce dernier, était fils
d'Eginète, fils de Déritas, fils d'Argalus, fils d'Amyclas, fils de
Lacédémon. 6. Telle était l'origine de Patras. De tous les Achéens
les Patréens sont les seuls qui, par amitié pour les Étoliens, aient
passé en Étolie lors de la guerre contre les Gaulois. Ayant été
maltraités au-delà de toute expression dans différentes guerres, et
étant en même temps pour la plupart réduits à l'extrême indigence,
ils abandonnèrent presque tous Patras, se dispersèrent dans le pays
pour y trouver de l'occupation, et s'établirent dans les petites
villes des environs, comme Mésatis, Anthéa, Boline, Argyra et Arba.
7. Auguste, trouvant que Patras était située d'une manière très
avantageuse pour la traversée, ou par quelque autre raison, y fit
rentrer les habitants de toutes les petites villes où ils s'étaient
retirés; il y transporta même tous les Achéens de Rhypes, et il rasa
entièrement cette ville. Les Patréens furent les seuls Achéens
auxquels il donna la liberté; il leur accorda différents privilèges,
outre ceux dont jouissaient les colonies romaines. 8. On voit à
Patras, dans la citadelle, un temple de Diane Laphria; ce surnom de
la déesse est étranger, et sa statue a été apportée d'ailleurs.
Auguste ayant dépeuplé Calydon et le reste de l'Étolie pour établir
la nation Etolienne à Nicopolis, ville qu'il avait fondée sur le
promontoire Actium, les Patréens eurent alors la statue de Diane
Laphria, 9. et beaucoup d'autres statues de l'Étolie et de
l'Acarnanie ; la plus grande partie de ce qui restait fut portée à
Nicopolis, mais Auguste donna aux Patréens cette statue de Laphria,
et plusieurs autres dépouilles de Calydon ; on lui rend encore
maintenant un culte dans la citadelle de Patras. On dit que ce
surnom de la déesse vient de Laphrius, Phocéen, fils de Castalius,
fils de Delphus, qui avait anciennement érigé cette statue de Diane
chez les Calydoniens. 10. D'autres disent que la colère de Diane
contre Oenée, devint avec le temps plus légère (élaphotéra)
pour les Calydoniens, et que ce fut pour cela qu'on donna ce surnom
à la déesse. Cette statue est en ivoire et en or, et la déesse est
en habit de chasse; elle a été faite par Ménéchmus et Soïdas, tous
deux de Naupacte, qui vivaient, à ce qu'on croit, peu de temps après
Canachus de Sicyone, et Gallon d'Égine. 11. Les Patréens célèbrent
tous les ans, en l'honneur de Diane Laphria, une fête dans laquelle
ils lui sacrifient d'une manière qui leur est particulière. Ils
plantent en cercle autour de l'autel des piquets de bois vert qui
ont chacun seize coudées de haut; ils mettent du bois très sec sur
l'autel qui est dans l'intérieur; vers le temps de la fête ils
pratiquent un escalier pour monter sur cet autel, sur lequel ils
répandent de la terre très fine. 12. La fête commence par une
procession très magnifique en l'honneur de Diane, et la vierge qui
lui est consacrée, comme prêtresse, vient la dernière sur un char
traîné par des cerfs. La journée suivante est destinée au sacrifice
que la ville offre en son nom, mais dans lequel les particuliers ne
cherchent pus moins à se distinguer; car ils jettent tout vivants
sur faute! des oiseaux pris dans les espèces qu'on mange, des
victimes de toutes sortes, et en outre, des sangliers, des cerfs,
des chevreuils; quelques-uns y jettent aussi des louveteaux, des
oursons, et même des loups et des ours. On met aussi sur cet autel
des fruits de toutes sortes d'arbres cultivés; 13. ensuite on met le
feu au bois. J'ai vu quelquefois un ours, ou quelque autre animal,
cherchera s'échapper, dès qu'il sentait la première impression du
feu; quelques-uns même y réussissent, mais ceux qui les ont offerts
les reprennent et les remettent sur le bûcher; ils ne se souviennent
pas que jamais personne ait été blessé par aucun de ces animaux.
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ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΗ'
Πεῖρος ποταμὸς καὶ Ὤλενος πόλις. Πατρέων πόλις καὶ
Γλαῦκος ποταμός. Τὰ ὑπὸ Πατρέων περὶ Διονύσου. Πατρέων
στέμματα. Αὔγουστος τοὺς ἐκ Πατρέων μετοικήσαντας ἐπανήγαγεν ἐς
αὐτήν. Τὰ ἐν αὐτῇ ἐξαίρετα μνημεῖα, ὁ ναὸς καὶ τὸ ἄγαλμα Λαφρίας
Ἀρτέμιδος. Ἱεραὶ ἐνιαύσιαι ἑορταὶ τῇ Ἀρτέμιδι.
(1) Σταδίους δὲ ὅσον
τεσσαράκοντα προελθόντι ἐκ Δύμης ποταμὸς Πεῖρος ἐς θάλατταν κάτεισι,
καὶ Ἀχαιῶν πόλις ποτὲ Ὤλενος ᾠκεῖτο παρὰ τῷ Πείρῳ. Ὁπόσοι δὲ ἐς
Ἡρακλέα καὶ τὰ ἔργα αὐτοῦ πεποιήκασιν, ἔστιν οὐκ ἐλάχιστά σφισι
δείγματα τοῦ λόγου Δεξαμενὸς ὁ ἐν Ὠλένῳ βασιλεὺς καὶ ὁποίων Ἡρακλῆς
παρ´ αὐτῷ ξενίων ἔτυχε. Καὶ ὅτι μὲν ἦν πόλισμα ἐξ ἀρχῆς μικρὸν ἡ
Ὤλενος, μαρτυρεῖ τῷ λόγῳ μου καὶ ἐλεγεῖον ἐς Εὐρυτίωνα Κένταυρον ὑπὸ
Ἑρμησιάνακτος πεποιημένον· ἀνὰ χρόνον δὲ τοὺς οἰκήτορας ἐκλιπεῖν ὑπὸ
ἀσθενείας φασὶ τὴν Ὤλενον καὶ ἐς Πειράς τε καὶ ἐς Εὐρυτειὰς
ἀποχωρῆσαι. (2) Τοῦ δὲ Πείρου ποταμοῦ περὶ τοὺς ὀγδοήκοντα ἀφέστηκε
σταδίους Πατρέων ἡ πόλις· οὐ πόρρω δὲ αὐτῆς ποταμὸς Γλαῦκος
ἐκδίδωσιν ἐς θάλασσαν. Πατρέων δὲ οἱ τὰ ἀρχαιότατα μνημονεύοντές
φασιν Εὔμηλον αὐτόχθονα οἰκῆσαι πρῶτον ἐν τῇ χώρᾳ, βασιλεύοντα αὐτὸν
ἀνθρώπων οὐ πολλῶν. Τριπτολέμου δὲ ἐκ τῆς Ἀττικῆς ἀφικομένου τόν τε
καρπὸν λαμβάνει τὸν ἥμερον καὶ οἰκίσαι διδαχθεὶς πόλιν Ἀρόην
ὠνόμασεν ἐπὶ τῇ ἐργασίᾳ τῆς γῆς. (3) Ὡς δὲ πρὸς ὕπνον ἐτράπετο ὁ
Τριπτόλεμος, ἐνταῦθα Ἀνθείαν παῖδα Εὐμήλου τοὺς δράκοντάς φασιν ὑπὸ
τοῦ Τριπτολέμου τὸ ἅρμα ζεύξαντα ἐθελῆσαι καὶ αὐτὸν σπεῖραι· καὶ τὸν
μὲν ἐπιλαμβάνει τὸ χρεὼν ἐκπεσόντα τοῦ ἅρματος, Τριπτόλεμος δὲ καὶ
Εὔμηλος Ἄνθειαν πόλιν οἰκίζουσιν ἐν κοινῷ, τοῦ Εὐμήλου παιδὸς
ἐπώνυμον. (4) ᾨκίσθη δὲ καὶ τρίτη μεταξὺ Ἀνθείας καὶ Ἀρόης Μεσάτις
πόλις. Ὁπόσα δὲ οἱ Πατρεῖς περὶ Διονύσου λέγουσι, τραφῆναί τε αὐτὸν
ἐν τῇ Μεσάτει καὶ ἐνταῦθα ἐπιβουλευθέντα ὑπὸ Τιτάνων ἐς παντοῖον
ἀφικέσθαι κίνδυνον, οὐκ ἐναντιούμενος τοῖς Πατρεῦσιν {τῆς Μεσάτεως
τὸ ὄνομα} αὐτοῖς σφισιν ἐξηγεῖσθαι παρίημι. (5) Ἀχαιῶν δὲ ὕστερον
ἐκβαλόντων Ἴωνας, Πατρεὺς ὁ Πρευγένους τοῦ Ἀγήνορος ἐς μὲν Ἄνθειαν
καὶ ἐς Μεσάτιν μὴ ἐνοικίζεσθαι τοῖς Ἀχαιοῖς ἀπεῖπε, περίβολον δὲ
τείχους πρὸς τῇ Ἀρόῃ βαλόμενος μείζονα, ἵνα ἐντός οἱ τοῦ περιβόλου
καὶ ἡ Ἀρόη γένηται, ὄνομα ἔθετο ἀφ´ ἑαυτοῦ Πάτρας τῇ πόλει. Ἀγήνωρ
δὲ ὁ πατὴρ τοῦ Πρευγένους Ἀρέως παῖς ἦν τοῦ Ἄμπυκος, ὁ δὲ Ἄμπυξ
Πελίου τοῦ Αἰγινήτου τοῦ Δηρείτου τοῦ Ἁρπάλου τοῦ Ἀμύκλα τοῦ
Λακεδαίμονος. (6) Πατρεῖ μὲν τοιαῦτα ἐς τοὺς προγόνους ὑπάρχοντα ἦν·
ἰδίᾳ δὲ ἀνὰ χρόνον Πατρεῖς διέβησαν ἐς Αἰτωλίαν Ἀχαιῶν μόνοι κατὰ
φιλίαν τὴν Αἰτωλῶν, τὸν πόλεμόν σφισι τὸν πρὸς Γαλάτας
συνδιοίσοντες. Προσπταίσαντες δ´ ἐν ταῖς μάχαις λόγου μειζόνως καὶ
ὑπὸ πενίας ἅμα οἱ πολλοὶ πιεζόμενοι Πάτρας μὲν πλὴν ὀλίγων τινῶν
ἐκλείπουσιν· οἱ δὲ ἄλλοι κατὰ χώραν ὑπὸ φιλεργίας ἐσκεδάσθησαν καὶ
πολίσματα παρὲξ αὐτὰς Πάτρας τοσάδε ἄλλα ᾤκησαν, Μεσάτιν καὶ Ἄνθειαν
καὶ Βολίνην καὶ Ἀργυρᾶν τε καὶ Ἄρβαν. (7) Αὔγουστος δὲ ἢ τοῦ
παράπλου νομίζων κεῖσθαι καλῶς τὰς Πάτρας ἢ κατ´ ἄλλην τινὰ αἰτίαν
ἐπανήγαγεν αὖθις ἐκ τῶν πολισμάτων τῶν ἄλλων τοὺς ἄνδρας ἐς τὰς
Πάτρας, προσσυνῴκισε δέ σφισι καὶ Ἀχαιοὺς τοὺς ἐκ Ῥυπῶν, καταβαλὼν
ἐς ἔδαφος Ῥύπας· καὶ ἔδωκε μὲν ἐλευθέροις Ἀχαιῶν μόνοις τοῖς
Πατρεῦσιν εἶναι, ἔδωκε δὲ καὶ ἐς τὰ ἄλλα γέρα σφίσιν, ὁπόσα τοῖς
ἀποίκοις νέμειν οἱ Ῥωμαῖοι νομίζουσι. (8) Πατρεῦσι δὲ ἐν ἄκρᾳ τῇ
πόλει Λαφρίας ἱερόν ἐστιν Ἀρτέμιδος· ξενικὸν μὲν τῇ θεῷ τὸ ὄνομα,
ἐσηγμένον δὲ ἑτέρωθεν καὶ τὸ ἄγαλμα. Καλυδῶνος γὰρ καὶ Αἰτωλίας τῆς
ἄλλης ὑπὸ Αὐγούστου βασιλέως ἐρημωθείσης διὰ τὸ {τὴν} ἐς τὴν
Νικόπολιν τὴν ὑπὲρ τοῦ Ἀκτίου συνοικίζεσθαι καὶ τὸ Αἰτωλικόν, οὕτω
τὸ ἄγαλμα τῆς Λαφρίας οἱ Πατρεῖς ἔσχον. (9) Ὡσαύτως δὲ καὶ ὅσα ἄλλα
ἀγάλματα ἔκ τε Αἰτωλίας καὶ παρὰ Ἀκαρνάνων, τὰ μὲν πολλὰ ἐς τὴν
Νικόπολιν κομισθῆναι, Πατρεῦσι δὲ ὁ Αὔγουστος ἄλλα τε τῶν ἐκ
Καλυδῶνος λαφύρων καὶ δὴ καὶ τῆς Λαφρίας ἔδωκε τὸ ἄγαλμα, ὃ δὴ καὶ
ἐς ἐμὲ ἔτι ἐν τῇ ἀκροπόλει τῇ Πατρέων εἶχε τιμάς. Γενέσθαι δὲ
ἐπίκλησιν τῇ θεῷ Λαφρίαν ἀπὸ ἀνδρὸς Φωκέως φασί· Λάφριον γὰρ τὸν
Κασταλίου τοῦ Δελφοῦ Καλυδωνίοις ἱδρύσασθαι τὸ ἄγαλμα τῆς Ἀρτέμιδος
τὸ ἀρχαῖον, (10) οἱ δὲ τῆς Ἀρτέμιδος τὸ μήνιμα τὸ ἐς Οἰνέα ἀνὰ
χρόνον τοῖς Καλυδωνίοις ἐλαφρότερον γενέσθαι λέγουσι καὶ αἰτίαν τῇ
θεῷ τῆς ἐπικλήσεως ἐθέλουσιν εἶναι ταύτην. Τὸ μὲν σχῆμα τοῦ
ἀγάλματος θηρεύουσά ἐστιν, ἐλέφαντος δὲ καὶ χρυσοῦ πεποίηται,
Ναυπάκτιοι δὲ Μέναιχμος καὶ Σοΐδας εἰργάσαντο· τεκμαίρονται σφᾶς
Κανάχου τοῦ Σικυωνίου καὶ τοῦ Αἰγινήτου Κάλλωνος οὐ πολλῷ γενέσθαι
τινὶ ἡλικίαν ὑστέρους. (11) Ἄγουσι δὲ καὶ Λάφρια ἑορτὴν τῇ Ἀρτέμιδι
οἱ Πατρεῖς ἀνὰ πᾶν ἔτος, ἐν ᾗ τρόπος ἐπιχώριος θυσίας ἐστὶν αὐτοῖς.
Περὶ μὲν τὸν βωμὸν ἐν κύκλῳ ξύλα ἱστᾶσιν ἔτι χλωρὰ καὶ ἐς ἑκκαίδεκα
ἕκαστον πήχεις· ἐντὸς δὲ ἐπὶ τοῦ βωμοῦ τὰ αὐότατά σφισι τῶν ξύλων
κεῖται. Μηχανῶνται δὲ ὑπὸ τὸν καιρὸν τῆς ἑορτῆς καὶ ἄνοδον ἐπὶ τὸν
βωμὸν λειοτέραν, ἐπιφέροντες γῆν ἐπὶ τοῦ βωμοῦ τοὺς ἀναβασμούς. (12)
Πρῶτα μὲν δὴ πομπὴν μεγαλοπρεπεστάτην τῇ Ἀρτέμιδι πομπεύουσι, καὶ ἡ
ἱερωμένη παρθένος ὀχεῖται τελευταία τῆς πομπῆς ἐπὶ ἐλάφων ὑπὸ τὸ
ἅρμα ἐζευγμένων· ἐς δὲ τὴν ἐπιοῦσαν τηνικαῦτα ἤδη δρᾶν τὰ ἐς τὴν
θυσίαν νομίζουσι, δημοσίᾳ τε ἡ πόλις καὶ οὐχ ἧσσον ἐς τὴν ἑορτὴν οἱ
ἰδιῶται φιλοτίμως ἔχουσιν. Ἐσβάλλουσι γὰρ ζῶντας ἐς τὸν βωμὸν
ὄρνιθάς τε τοὺς ἐδωδίμους καὶ ἱερεῖα ὁμοίως ἅπαντα, ἔτι δὲ ὗς
ἀγρίους καὶ ἐλάφους τε καὶ δορκάδας, οἱ δὲ καὶ λύκων καὶ ἄρκτων
σκύμνους, οἱ δὲ καὶ τὰ τέλεια τῶν θηρίων· κατατιθέασι δὲ ἐπὶ τὸν
βωμὸν καὶ δένδρων καρπὸν τῶν ἡμέρων. (13) Τὸ δὲ ἀπὸ τούτου πῦρ
ἐνιᾶσιν ἐς τὰ ξύλα. Ἐνταῦθά που καὶ ἄρκτον καὶ ἄλλο τι ἐθεασάμην τῶν
ζῴων, τὰ μὲν ὑπὸ τὴν πρώτην ὁρμὴν τοῦ πυρὸς βιαζόμενα ἐς τὸ ἐκτός,
τὰ δὲ καὶ ἐκφεύγοντα ὑπὸ ἰσχύος· ταῦτα οἱ ἐμβαλόντες ἐπανάγουσιν
αὖθις ἐς τὴν πυράν. Τρωθῆναι δὲ οὐδένα ὑπὸ τῶν θηρίων μνημονεύουσιν. |
CHAPITRE XIX.
Tombeau d'Eurypyle. Diane Triclaria. Malheurs de
Mélanippus et de Camétho. Coffre d'Eurypyle.
1. ON trouve dans l'intervalle qui
sépare cet autel du temple de Diane Laphiria, le tombeau d'Eurypylus
: je dirai qui il était et par quelle raison il vint dans la
contrée, lorsque j'aurai expliqué dans quelles circonstances
se trouvaient les habitants à l'époque de l'arrivée d'Eurypylus.
Ceux des Ioniens qui habitaient Aroé, Anlhéa et Mésatis, avaient en
commun l'enceinte et le temple de Diane surnommée Triclaria ; ils y
célébraient tous les ans une fête et une veillée en son honneur. Le
sacerdoce de la déesse était confié à une jeune fille qui l'exerçait
jusqu'à ce qu'elle se mariât. 2. On raconte qu'autrefois Cométho,
jeune fille de la plus grande beauté, étant prêtresse, Melanippus,
qui ne le cédait à aucun des jeunes gens de son âge, ni par les
avantages de la figure, ni par tous les autres, devint amoureux
d'elle. La jeune fille n'étant pas insensible à son amour, il
la demanda en mariage au père. Il est, je ne sais pourquoi, de la
nature des vieillards, de s'opposer le plus souvent aux désirs des
jeunes gens, et surtout d'être indifférents aux peines que leur
cause l'amour; c'est ce qu'éprouva Melanippus, qui, bien que
d'accord avec Cométho pour l'épouser, éprouva une égale opposition
de la part de ses propres parents, et de ceux de la fille. 3.
L'amour montra en cette occasion, comme il l'a fait dans beaucoup
d'autres circonstances, qu'il se joue des lois humaines, et qu'il ne
respecte même pas le culte des dieux; car Melanippus et Cométho
satisfirent leur passion dans le temple même de Diane, qui continua
longtemps à leur servir de chambre nuptiale. La colère de la déesse
se manifesta bientôt par la stérilité de la terre, par des maladies
d'un genre particulier, et qui étaient suivies de morts beaucoup
plus fréquentes que de coutume. 4. Les habitants ayant consulté
l'oracle de Delphes, la Pythie dévoila le crime de Melanippus et de
Cométho; elle ordonna de les sacrifier tous deux à Diane, et de lui
immoler tous les ans un jeune garçon et une jeune fille, les plus
remarquables par leur beauté. Ce fut à cause de ce sacrifice qu'on
donna au fleuve qui passe auprès du temple de Diane Triclaria, le
nom d'Amilichus, il n'avait eu jusque-là aucun nom. 5. Il faut
plaindre les jeunes garçons et les jeunes filles qui périrent ainsi
à cause de Mélanippus et de Cométho, sans avoir eux-mêmes offensé la
déesse ; il faut plaindre leurs parents. Quant aux deux amants, je
crois que la mort n'eut rien d'affligeant pour eux; car l'homme est
le seul être qui sacrifie volontiers sa vie pour le succès de son
amour. 6. Ils disent que ces sacrifices cessèrent de la manière
suivante. Il leur avait été prédit anciennement par l'oracle de
Delphes, qu'un roi étranger qui viendrait dans leur pays et qui leur
amènerait en même temps une divinité étrangère, ferait cesser ces
sacrifices à Diane Triclaria. Troie étant prise, et les Grecs
faisant entre eux le partage du butin, Eurypylus, fils d'Evémon,
eut un coffre contenant une statue de Bacchus, ouvrage de Vulcain,
dont Jupiter avait fait présent à Dardanus. 7. On rapporte deux
autres traditions sur ce coffre; l'une, qu'Énée l'avait abandonné en
prenant la fuite, et l'autre que Cassandre l'avait jeté pour qu'il
portât malheur à celui des Grecs qui le trouverait. Eurypylus ouvrit
donc ce coffre, et il n'eut pas plutôt vu la statue qu'il perdit
l'esprit; sa folie était presque continuelle, et il n'avait que peu
d'intervalles lucides. Dans cette malheureuse situation, il ne
dirigea pas sa navigation vers la Thessalie, mais vers Cirrha et le
golfe où elle est située; et étant monté à Delphes, il consulta
l'oracle sur sa maladie. 8. On dit que la réponse fut qu'il fallait
qu'il consacrât ce coffre dans l'endroit où il trouverait des hommes
occupés à un sacrifice inusité chez les Grecs, et qu'il s'y établit
lui-même. Les vents alors portèrent ses vaisseaux dans la mer qui
est voisine d'Aroé. Étant descendu à terre, il trouva un jeune
garçon et une jeune fille qu'on conduisait à l'autel de Triclaria;
il ne lui fut pas difficile de conjecturer que c'était le sacrifice
désigné par l'oracle; de leur côté les gens du pays voyant un roi
qu'ils n'avaient jamais vu auparavant, et un coffre dans lequel ils
soupçonnaient qu'il y avait quelque divinité, se souvinrent de
l'oracle qui leur avait été rendu ; 9. ainsi Eurypylus fut guéri de
sa maladie, et les gens du pays cessèrent leurs sacrifices. On donna
au fleuve le nom de Milichus, qu'il porte encore maintenant.
Quelques auteurs ont écrit que ce que je viens de dire arriva non à
Eurypylus de Thessalie, mais à Eurypylus, fils de Dexaménus, roi
d'Olène. Il était allé avec Hercule au siège de Troie, et il avait
eu de lui ce coffre en présent; le reste de l'histoire est le même
suivant eux. 10. Mais je ne puis me persuader qu'Hercule ait ignoré
ce qu'il y avait dans ce coffre, et l'effet qui devait en résulter;
et il ne me paraît pas vraisemblable que connaisssant cet effet, il
en eut fait présent à un homme qui avait été son allié; d'ailleurs,
les Patréens disent que ce fut Eurypylus, fils d'Evémon, qui vint
chez eux, et non un autre; et ils lui rendent tous les ans des
honneurs, lorsqu'ils célèbrent les fêtes de Bacchus. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΘ'
Εὐρυπύλου μνῆμα. Τρικλάρια Ἄρτεμις.
Μελανίππου καὶ Κομαιθοῦς συμποραί. Εὐρυπύλου λάρναξ.
(1) Ἔστι δὲ ἐν τῷ μεταξὺ τοῦ
ναοῦ τε τῆς Λαφρίας καὶ τοῦ βωμοῦ πεποιημένον μνῆμα Εὐρυπύλου. Τὰ δὲ
ὅστις τε ὢν καὶ καθ´ ἥντινα αἰτίαν ἀφίκετο ἐς τὴν γῆν ταύτην,
δηλώσει μοι καὶ ταῦτα ὁ λόγος προδιηγησαμένῳ πρότερον ὁποῖα ὑπὸ τοῦ
Εὐρυπύλου τὴν ἐπιδημίαν τοῖς ἐνταῦθα ἦν τὰ παρόντα {τοῖς} ἀνθρώποις.
Ἰώνων τοῖς Ἀρόην καὶ Ἄνθειαν καὶ Μεσάτιν οἰκοῦσιν ἦν ἐν κοινῷ
τέμενος καὶ ναὸς Ἀρτέμιδος Τρικλαρίας ἐπίκλησιν, καὶ ἑορτὴν οἱ Ἴωνες
αὐτῇ καὶ παννυχίδα ἦγον ἀνὰ πᾶν ἔτος. Ἱερωσύνην δὲ εἶχε τῆς θεοῦ
παρθένος, ἐς ὃ ἀποστέλλεσθαι παρὰ ἄνδρα ἔμελλε. (2) Λέγουσιν οὖν
συμβῆναί ποτε ὡς ἱερᾶσθαι μὲν τῆς θεοῦ Κομαιθὼ τὸ εἶδος καλλίστην
παρθένον, τυγχάνειν δὲ αὐτῆς ἐρῶντα Μελάνιππον, τά τε ἄλλα τοὺς
ἡλικιώτας καὶ ὄψεως εὐπρεπείᾳ μάλιστα ὑπερηρκότα. Ὡς δὲ ὁ Μελάνιππος
ἐς τὸ ἴσον τοῦ ἔρωτος ὑπηγάγετο τὴν παρθένον, ἐμνᾶτο αὐτὴν παρὰ τοῦ
πατρός. Ἕπεται δέ πως τῷ γήρᾳ τά τε ἄλλα ὡς τὸ πολὺ ἐναντιοῦσθαι
νέοις καὶ οὐχ ἥκιστα ἐς τοὺς ἐρῶντας τὸ ἀνάλγητον, ὅπου καὶ
Μελανίππῳ τότε ἐθέλοντι ἐθέλουσαν ἄγεσθαι Κομαιθὼ οὔτε παρὰ τῶν
ἑαυτοῦ γονέων οὔτε παρὰ τῶν Κομαιθοῦς ἥμερον ἀπήντησεν οὐδέν. (3)
Ἐπέδειξε δὲ ἐπὶ πολλῶν τε δὴ ἄλλων καὶ ἐν τοῖς Μελανίππου παθήμασιν,
ὡς μέτεστιν ἔρωτι καὶ ἀνθρώπων συγχέαι νόμιμα καὶ ἀνατρέψαι θεῶν
τιμάς, ὅπου καὶ τότε ἐν τῷ τῆς Ἀρτέμιδος ἱερῷ Κομαιθὼ καὶ Μελάνιππος
{καὶ} ἐξέπλησαν τοῦ ἔρωτος τὴν ὁρμήν. Καὶ οἱ μὲν ἔμελλον τῷ ἱερῷ καὶ
ἐς τὸ ἔπειτα ἴσα καὶ θαλάμῳ χρήσεσθαι· τοὺς δὲ ἀνθρώπους αὐτίκα ἐξ
Ἀρτέμιδος μήνιμα ἔφθειρε, τῆς τε γῆς καρπὸν οὐδένα ἀποδιδούσης καὶ
νόσοι σφίσιν οὐ κατὰ τὰ εἰωθότα καὶ ἀπ´ αὐτῶν θάνατοι πλείονες ἢ τὰ
πρότερα ἐγίνοντο. (4) Καταφυγόντων δὲ αὐτῶν ἐπὶ χρηστήριον τὸ ἐν
Δελφοῖς, ἤλεγχεν ἡ Πυθία Μελάνιππον καὶ Κομαιθώ· καὶ ἐκείνους τε
αὐτοὺς μάντευμα ἀφίκετο θῦσαι τῇ Ἀρτέμιδι καὶ ἀνὰ πᾶν ἔτος παρθένον
καὶ παῖδα οἳ τὸ εἶδος εἶεν κάλλιστοι τῇ θεῷ θύειν. Ταύτης μὲν δὴ τῆς
θυσίας ἕνεκα ὁ ποταμὸς ὁ πρὸς τῷ ἱερῷ τῆς Τρικλαρίας Ἀμείλιχος
ἐκλήθη· τέως δὲ ὄνομα εἶχεν οὐδέν. (5) Παίδων δὲ καὶ παρθένων ὁπόσοι
μὲν ἐς τὴν θεὸν οὐδὲν εἰργασμένοι Μελανίππου καὶ Κομαιθοῦς ἕνεκα
ἀπώλλυντο, αὐτοί τε οἰκτρότατα καὶ οἱ προσήκοντές σφισιν ἔπασχον,
Μελάνιππον δὲ καὶ Κομαιθὼ συμφορᾶς ἐκτὸς γενέσθαι τίθεμαι· μόνον γὰρ
δὴ ἀνθρώπῳ ψυχῆς ἐστιν ἀντάξιον κατορθῶσαί τινα ἐρασθέντα. (6)
Παύσασθαι δὲ οὕτω λέγονται θύοντες τῇ Ἀρτέμιδι ἀνθρώπους. Ἐκέχρητο
{δὲ} αὐτοῖς πρότερον ἔτι ἐκ Δελφῶν ὡς βασιλεὺς ξένος παραγενόμενός
σφισιν ἐπὶ τὴν γῆν, ξενικὸν ἅμα ἀγόμενος δαίμονα, τὰ ἐς τὴν θυσίαν
τῆς Τρικλαρίας παύσει. Ἰλίου δὲ ἁλούσης καὶ νεμομένων τὰ λάφυρα τῶν
Ἑλλήνων, Εὐρύπυλος ὁ Εὐαίμονος λαμβάνει λάρνακα· Διονύσου δὲ ἄγαλμα
ἦν ἐν τῇ λάρνακι, ἔργον μὲν ὥς φασιν Ἡφαίστου, δῶρον δὲ ὑπὸ Διὸς
ἐδόθη Δαρδάνῳ. (7) Λέγονται δὲ καὶ ἄλλοι λόγοι δύο ἐς αὐτήν, ὡς ὅτε
ἔφυγεν Αἰνείας, ἀπολίποι ταύτην τὴν λάρνακα· οἱ δὲ ῥιφῆναί φασιν
αὐτὴν ὑπὸ Κασσάνδρας συμφορὰν τῷ εὑρόντι Ἑλλήνων. Ἤνοιξε δ´ οὖν ὁ
Εὐρύπυλος τὴν λάρνακα καὶ εἶδε τὸ ἄγαλμα καὶ αὐτίκα ἦν ἔκφρων μετὰ
τὴν θέαν· τὰ μὲν δὴ πλείονα ἐμαίνετο, ὀλιγάκις δὲ ἐγίνετο ἐν ἑαυτῷ.
Ἅτε δὲ οὕτω διακείμενος οὐκ ἐς τὴν Θεσσαλίαν τὸν πλοῦν ἐποιεῖτο,
ἀλλ´ ἐπί τε Κίρραν καὶ ἐς τὸν ταύτῃ κόλπον· ἀναβὰς δὲ ἐς Δελφοὺς
ἐχρᾶτο ὑπὲρ τῆς νόσου. (8) Καὶ αὐτῷ γενέσθαι λέγουσι μάντευμα, ἔνθα
ἂν ἐπιτύχῃ θύουσιν ἀνθρώποις θυσίαν ξένην, ἐνταῦθα ἱδρύσασθαί τε τὴν
λάρνακα καὶ αὐτὸν οἰκῆσαι. Ὁ μὲν δὴ ἄνεμος τὰς ναῦς τοῦ Εὐρυπύλου
κατήνεγκεν ἐπὶ τὴν πρὸς τῇ Ἀρόῃ θάλασσαν· ἐκβὰς δὲ ἐς τὴν γῆν
καταλαμβάνει παῖδα καὶ παρθένον ἐπὶ τὸν βωμὸν τῆς Τρικλαρίας
ἠγμένους. Καὶ ὁ μὲν ἔμελλεν οὐ χαλεπῶς συνήσειν τὰ ἐς τὴν θυσίαν·
ἀφίκοντο δὲ ἐς μνήμην καὶ οἱ ἐπιχώριοι τοῦ χρησμοῦ, βασιλέα τε
ἰδόντες ὃν οὔπω πρότερον ἑωράκεσαν καὶ ἐς τὴν λάρνακα ὑπενόησαν ὡς
εἴη τις ἐν αὐτῇ θεός. (9) Καὶ οὕτω τῷ Εὐρυπύλῳ τε ἡ νόσος καὶ τοῖς
ἐνταῦθα ἀνθρώποις τὰ ἐς τὴν θυσίαν ἐπαύσθη, τό τε ὄνομα ἐτέθη τὸ νῦν
τῷ ποταμῷ Μείλιχος. Ἔγραψαν δὲ ἤδη τινὲς οὐ τῷ Θεσσαλῷ συμβάντα
Εὐρυπύλῳ τὰ εἰρημένα, ἀλλὰ Εὐρύπυλον Δεξαμενοῦ παῖδα τοῦ ἐν Ὠλένῳ
βασιλεύσαντος ἐθέλουσιν ἅμα Ἡρακλεῖ στρατεύσαντα ἐς Ἴλιον λαβεῖν
παρὰ τοῦ Ἡρακλέους τὴν λάρνακα· τὰ δὲ ἄλλα κατὰ τὰ αὐτὰ εἰρήκασι καὶ
οὗτοι. (10) Ἐγὼ δὲ οὔτε Ἡρακλέα ἀγνοῆσαι τὰ ἐς τὴν λάρνακα εἰ δὴ
τοιαῦτα ἦν πείθομαι οὔτε τὰ ἐς αὐτὴν ἐπιστάμενος δοκεῖ μοί ποτε ἂν
δοῦναι δῶρον συμμαχήσαντι ἀνδρί· οὔτε μὴν οἱ Πατρεῖς ἄλλον τινὰ ἢ
τὸν Εὐαίμονος ἔχουσιν Εὐρύπυλον ἐν μνήμῃ, καί οἱ καὶ ἐναγίζουσιν ἀνὰ
πᾶν ἔτος, ἐπειδὰν τῷ Διονύσῳ τὴν ἑορτὴν ἄγωσι. |
CHAPITRE XX.
Le dieu Esymnètes et son culte. Temple de Minerve
Panachaïde; temples et statues des dieux à Patras. Odéon de Patras.
Celui d'Athènes. Temple de Diane Limnatide. Différents autres
temples et statues.
1. LE dieu qui est dans ce coffre est
surnommé Esymnètes; ceux qui veillent principalement à son culte
sont des hommes au nombre de neuf, que le peuple choisit parmi les
principaux du pays, et autant de femmes. Dans une des nuits de
la fête qu'on célèbre en son honneur, le prêtre porte ce coffre hors
du temple, et on fait dans la même nuit la cérémonie suivante. Tous
les enfants du pays descendent avec le prêtre vers le fleuve
Milichus, et portent des couronnes d'épis sur la tête (c'était ainsi
en effet qu'on couronnait anciennement ceux qu'on sacrifiait à
Diane); 2. maintenant ils déposent auprès du dieu leurs couronnes
d'épis, ils se lavent ensuite dans le fleuve, mettent sur leur tête
des couronnes de lierre, et vont au temple d'Esymnètes. Telles sont
les cérémonies en usage. Il y a dans l'enceinte consacrée à Laphria
un temple de Minerve, surnommé Panachaïde ; sa statue est faite
d'or et d'ivoire. 3. En allant dans la partie basse de la ville, on
trouve un temple de Dindymène, dans lequel Attès est aussi honoré.
On ne montre point sa statue ; celle de la déesse est en marbre. Il
y a dans la place publique un temple de Jupiter Olympien; il est
assis sur un trône, et Minerve est debout auprès de lui. Un peu
au-delà du temple de Jupiter Olympien, on voit une statue de Junon
et un temple d'Apollon; la statue d'Apollon est en bronze et sans
vêtements ; le dieu a cependant les pieds chaussés; le gauche porte
sur la tête d'un bœuf; 4. car Apollon se plaît beaucoup avec les
bœufs, comme on le voit par ce que dit Alcée dans son hymne à
Mercure, que ce dieu déroba les bœufs d'Apollon; et longtemps avant
Alcée, Homère avait dit dans ses vers, qu'Apollon s'était mis aux
gages de Laomédon pour mener paître ses bœufs ; le même poète met
dans la bouche de Neptune les expressions suivantes : 5. Et
certes j'entourai moi-même la ville de Troie de murailles épaisses
et très belles, pour quelle fût imprenable, et toi, Phébus, tu
menais paître ses bœufs aux pas tortueux et aux cornes recourbées.
Cette tête de bœuf qui est sous son pied, a probablement rapport à
cette tradition. Il y a dans la place publique une statue de Minerve
en plein air; le tombeau de Patréus est devant cette statue. 6.
L'Odéon tient à la place publique, on y voit une très belle statue
d'Apollon, qui a été faite du produit du butin que les Patréens
rapportèrent, lorsque, seuls de tous les Achéens, ils allèrent au
secours des Étoliens contre les Gaulois. Cet Odéon est sous tous les
rapports le plus beau qu'il y ait dans la Grèce, excepté celui
d'Athènes, qui est bien au-dessus pour la grandeur et pour la
magnificence : c'est un Athénien, nommé Hérode, qui l'a fait ériger
pour honorer la mémoire de sa femme que la mort lui avait enlevée.
Je n'ai point parlé de cet Odéon dans ma description de l'Attique,
parce qu'elle était terminée avant qu'Hérode eut commencé cet
édifice. 7. En sortant de la place publique de Patras, par l'endroit
où est le temple d'Apollon, vous passez par une porte au-dessus de
laquelle sont trois statues dorées, qui représentent Patréus,
Préygènes et Athérion, ses fils, tous les trois encore enfants ; en
face de la place publique, du côté de cette porte, il y a une
enceinte et un temple consacrés à Diane Limnatide. 8. Les Patréens
disent que les Doriens étant déjà en possession d'Argos et de
Lacédémone, Préygènes, d'après un songe, enleva de Sparte la statue
de Diane Limnatide, et qu'il fut aidé dans cette entreprise par le
plus fidèle de ses esclaves. On conserve ordinairement à Mésoa la
statue enlevée à Lacédémone, parce que ce fut là que Préygènes
l'apporta d'abord ; mais lorsqu'on célèbre la fête de cette déesse,
un de ceux qui sont attachés à son service, sort de Mésoa avec cette
ancienne statue qui est en bois, et la porte dans l'enceinte qu'on
lui a consacrée à Patras. 9. Outre cette enceinte, Patras renferme
d'autres endroits sacrés, mais ils ne sont pas à découvert, et on y
entre par des portiques. On y voit la statue d'Esculape toute en
marbre, à l'exception des vêtements ; et celle de Minerve, qui est
en or et en ivoire. Le tombeau de Préygènes est devant le temple de
Minerve; on lui sacrifie tous les ans de même qu'à Patréus, son fils, lorsqu'on célèbre la fête de Diane Limnatide ; à peu de
distance du théâtre est le temple de Némésis et celui de Vénus ;
leurs statues sont très grandes et en marbre blanc. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Κ'.
Αἰσυμνήτης θεὸς, καὶ ἡ ὑπὲρ αὐτοῦ λατρεία. Ἀθηνᾶς
Παναχαίδος ναὸς, καὶ ἕτεροι ναοὶ καὶ ἀγάλματα θεῶν ἐν Πάτραις.
Πατρέων ᾠδεῖον. Ἀθηναίων ᾠδεῖον. Ἀρτέμιδος ναός. Ἕτεροι ναοὶ καὶ
ἀγάλματα.
(1) Τῷ θεῷ δὲ τῷ ἐντὸς τῆς
λάρνακος ἐπίκλησις μέν ἐστιν Αἰσυμνήτης, οἱ δὲ αὐτὸν ἐς τὰ μάλιστα
θεραπεύοντες ἐννέα τέ εἰσιν ἄνδρες, οὓς ἂν ἐκ πάντων ὁ δῆμος
προέληται κατ´ ἀξίωμα, καὶ ἴσαι γυναῖκες τοῖς ἀνδράσι. Μιᾷ δὲ ἐν τῇ
ἑορτῇ νυκτὶ ἐς τὸ ἐκτὸς φέρει τὴν λάρνακα ὁ ἱερεύς. Αὕτη μὲν δὴ ἡ
νὺξ γέρας τοῦτο εἴληφε, καταβαίνουσι δὲ καὶ ὁπόσοι δὴ τῶν ἐπιχωρίων
παῖδες ἐπὶ τὸν Μείλιχον ἀστάχυσιν ἐστεφανωμένοι τὰς κεφαλάς·
ἐκόσμουν δὲ οὕτω καὶ τὸ ἀρχαῖον οὓς ἄγοιεν τῇ Ἀρτέμιδι θύσοντες. (2)
Τὰ δὲ ἐφ´ ἡμῶν στεφάνους μὲν τῶν ἀσταχύων ἀποτίθενται παρὰ τῇ θεῷ,
λουσάμενοι δὲ τῷ ποταμῷ καὶ αὖθις στεφάνους ἐπιθέμενοι κισσοῦ πρὸς
τὸ ἱερὸν ἴασι τοῦ Αἰσυμνήτου. Ταῦτα μέν σφισιν οὕτω δρᾶν καθέστηκε,
τοῦ περιβόλου δέ ἐστιν ἐντὸς τῆς Λαφρίας καὶ Ἀθηνᾶς ναὸς ἐπίκλησιν
Παναχαΐδος· ἐλέφαντος τὸ ἄγαλμα καὶ χρυσοῦ. (3) Ἐρχομένῳ δὲ ἐς τὴν
κάτω πόλιν Μητρὸς Δινδυμήνης ἐστὶν ἱερόν, ἐν δὲ αὐτῷ καὶ Ἄττης ἔχει
τιμάς. Τούτου μὲν δὴ {τὸ} ἄγαλμα οὐδὲν ἀποφαίνουσι· τὸ δὲ τῆς Μητρὸς
λίθου πεποίηται. Ἔστι δὲ ἐν τῇ ἀγορᾷ Διὸς ναὸς Ὀλυμπίου, αὐτός τε
ἐπὶ θρόνου καὶ ἑστῶσα Ἀθηνᾶ παρὰ τὸν θρόνον, τῆς τε Ἥρας ἄγαλμα τοῦ
Ὀλυμπίου πέραν ἱερόν τε Ἀπόλλωνος πεποίηται καὶ Ἀπόλλων χαλκοῦς,
γυμνὸς ἐσθῆτος· ὑποδήματα δὲ ὑπὸ τοῖς ποσίν ἐστιν αὐτῷ, καὶ τῷ ἑτέρῳ
ποδὶ ἐπὶ κρανίου βέβηκε βοός. (4) Βουσὶ γὰρ χαίρειν μάλιστα Ἀπόλλωνα
Ἀλκαῖός τε ἐδήλωσεν ἐν ὕμνῳ τῷ ἐς Ἑρμῆν, γράψας ὡς ὁ Ἑρμῆς βοῦς
ὑφέλοιτο τοῦ Ἀπόλλωνος, καὶ ἔτι πρότερον ἢ Ἀλκαῖον γενέσθαι
πεποιημένα ἦν Ὁμήρῳ βοῦς Ἀπόλλωνα Λαομέδοντος ἐπὶ μισθῷ νέμειν·
Ποσειδῶνι περιέθηκεν ἐν Ἰλιάδι τὰ ἔπη,
(5)
ἤτοι ἐγὼ Τρώεσσι πόλιν πέρι τεῖχος
ἔδειμα,
εὐρύ τε καὶ μάλα καλόν, ἵν´ ἄρρηκτος πόλις εἴη·
Φοῖβε, σὺ δ´ εἰλίποδας ἕλικας βοῦς βουκολέεσκες.
Τὰ μὲν δὴ ἐς τὸ κρανίον τοῦ βοὸς ἐπὶ
τοιῷδε ἄν τις εἰκάσειε πεποιῆσθαι· ἔστι δὲ ἐν ὑπαίθρῳ τῆς ἀγορᾶς
ἄγαλμά τε Ἀθηνᾶς καὶ πρὸ αὐτοῦ Πατρέως τάφος. (6) Ἔχεται δὲ τῆς
ἀγορᾶς τὸ Ὠιδεῖον, καὶ Ἀπόλλων ἐνταῦθα ἀνάκειται θέας ἄξιος· ἐποιήθη
δὲ ἀπὸ λαφύρων, ἡνίκα ἐπὶ τὸν στρατὸν τῶν Γαλατῶν οἱ Πατρεῖς ἤμυναν
Αἰτωλοῖς Ἀχαιῶν μόνοι. Κεκόσμηται δὲ καὶ ἐς ἄλλα τὸ Ὠιδεῖον
ἀξιολογώτατα τῶν ἐν Ἕλλησι, πλήν γε δὴ τοῦ Ἀθήνῃσι· τοῦτο γὰρ
μεγέθει τε καὶ ἐς τὴν πᾶσαν ὑπερῆρκε κατασκευήν, ἀνὴρ δὲ Ἀθηναῖος
ἐποίησεν Ἡρώδης ἐς μνήμην ἀποθανούσης γυναικός. Ἐμοὶ δὲ ἐν τῇ Ἀτθίδι
συγγραφῇ τὸ ἐς τοῦτο παρείθη τὸ Ὠιδεῖον, ὅτι πρότερον ἔτι ἐξείργαστό
μοι τὰ ἐς Ἀθηναίους ἢ ὑπῆρκτο Ἡρώδης τοῦ οἰκοδομήματος. (7) Ἐν
Πάτραις δὲ ἰόντι ἐκ τῆς ἀγορᾶς, ᾗ τὸ ἱερὸν τοῦ Ἀπόλλωνος, πύλη κατὰ
τὴν ἔξοδόν ἐστι ταύτην, καὶ ἐπιθήματα ἐπὶ τῆς πύλης ἀνδριάντες εἰσὶν
ἐπίχρυσοι, Πατρεύς τε καὶ Πρευγένης καὶ Ἀθερίων, οἳ Πατρέως ἡλικίαν
παιδὸς ἔχοντος καὶ αὐτοὶ παῖδές εἰσι. Τῆς δὲ ἀγορᾶς ἄντικρυς κατὰ
ταύτην τὴν διέξοδον τέμενός ἐστιν Ἀρτέμιδος καὶ ναὸς Λιμνάτιδος. (8)
Ἐχόντων δὲ ἤδη Λακεδαίμονα καὶ Ἄργος Δωριέων, ὑφελέσθαι Πρευγένην
τῆς Λιμνάτιδος τὸ ἄγαλμα κατὰ ὄψιν ὀνείρατος λέγουσιν ἐκ Σπάρτης,
κοινωνῆσαι δὲ αὐτῷ τοῦ ἐγχειρήματος τῶν δούλων τὸν εὐνούστατον. Τὸ
δὲ ἄγαλμα τὸ ἐκ τῆς Λακεδαίμονος τὸν μὲν ἄλλον χρόνον ἔχουσιν ἐν
Μεσόᾳ, ὅτι καὶ ἐξ ἀρχῆς ὑπὸ τοῦ Πρευγένους ἐς τοῦτο ἐκομίσθη τὸ
χωρίον· ἐπειδὰν δὲ τῇ Λιμνάτιδι τὴν ἑορτὴν ἄγωσι, τῆς θεοῦ τις τῶν
οἰκετῶν ἐκ Μεσόας ἔρχεται τὸ ξόανον κομίζων τὸ ἀρχαῖον ἐς τὸ τέμενος
τὸ ἐν τῇ πόλει. (9) Τούτου δὲ τοῦ τεμένους ἐστὶ καὶ ἄλλα τοῖς
Πατρεῦσιν ἱερά· πεποίηται δὲ ταῦτα οὐκ ἐν ὑπαίθρῳ, ἀλλὰ ἔσοδος ἐς
αὐτὰ διὰ τῶν στοῶν ἐστι. Τὸ μὲν δὴ ἄγαλμα τοῦ Ἀσκληπιοῦ, πλὴν
ἐσθῆτος, λίθου τὰ ἄλλα· Ἀθηνᾶ δὲ ἐλέφαντος εἴργασται καὶ χρυσοῦ. Πρὸ
δὲ τῆς Ἀθηνᾶς τοῦ ἱεροῦ Πρευγένους μνῆμά ἐστιν· ἐναγίζουσι δὲ καὶ τῷ
Πρευγένει κατὰ ἔτος, ὡσαύτως δὲ καὶ Πατρεῖ, τὴν ἑορτὴν τῇ Λιμνάτιδι
ἄγοντες. Τοῦ θεάτρου δὲ οὐ πόρρω Νεμέσεως ναὸς καὶ ἕτερός ἐστιν
Ἀφροδίτης· μεγέθει μεγάλα λίθου λευκοῦ τὰ ἀγάλματα. |
CHAPITRE XXI.
Bacchus Calydonien. Amours de Corésus pour Callirhoé.
Noms de trois statues de Bacchus. Noms de Neptune. Temples et
statues de Patras. Oracle infaillible des Patréens. Oracle d'Apollon
Thyrtéus à Cyanées. Temple de Sarapis à Patras. Femmes de Patras.
1. IL y a dans le même endroit de la
ville un temple de Bacchus surnommé Calydonien, parce que sa statue
a été apportée de Calydon. Lorsque cette ville était encore habitée, parmi les Calydoniens qui furent prêtres de ce dieu, il y en eut
un nommé Corésus, qui fut entre les hommes un de ceux que l'amour a
le plus maltraités. Il était devenu amoureux d'une fille nommée
Callirhoé, qui avait autant de haine pour lui qu'il avait d'amour
pour elle. 2. Corésus voyant que toutes ses prières et tous
les dons qu'il lui promettait, ne pouvaient la fléchir, s'assit
comme suppliant auprès de la statue de Bacchus. Le dieu écouta les
prières de son prêtre, et les Calydoniens furent saisis sur-le-champ
d'une espèce d'ivresse qui leur faisait perdre la raison ; ce délire
était suivi de la mort. 3. Ils eurent recours à l'oracle de Dodone ;
car de tous les Grecs qui habitent ce continent, les Étoliens, les
Arcananiens, leurs voisins, et les Épirotes, sont ceux qui ajoutent
le plus de foi aux oracles que les colombes rendent de dessus le
chêne sacré. 4. Il leur fut alors répondu de Dodone, que c'était la
colère de Bacchus qui s'appesantissait sur eux, et qu'elle ne
cesserait que lorsque Corésus aurait sacrifié à ce dieu, ou
Callirhoé elle-même, ou celui qui consentirait à mourir pour elle.
La jeune fille n'ayant trouvé auprès de personne aucune espérance de
salut, s'adressa ensuite à ses parents, et comme elle fut également
refusée de ce côté là, il ne lui restait plus qu'à subir son sort.
Tous les préparatifs pour le sacrifice ordonné par l'oracle étant
faits, on l'amena à l'autel comme victime. Alors Corésus, que
regardait ce sacrifice, faisant céder la colère à l'amour, se frappa
lui-même à la place de Callirhoé; et donna par cette action un
exemple de l'amour le plus sincère qu'on ait jamais vu parmi les
hommes. 5. Quant à Callirhoé, lorsqu'elle vit Corésus mort, ses
sentiments changèrent tout-à-fait, et soit regret de sa mort, soit
commisération de ce qu'il avait fait pour elle, elle se tua vers la
fontaine qui est auprès du port de Calydon; c'est d'elle que cette
fontaine a pris le nom de Callirhoé. 6. Il y a près du théâtre de
Patras une enceinte consacrée à une femme du pays. On y voit des
statues de Bacchus égales en nombre aux anciennes villes qui forment
Patras et qui en portent le nom ; on les nomme Mésatéus, Anthéus et
Aroéus. A la fête de Bacchus on porte ces statues dans le temple
d'Ésymnètes ; ce temple est dans la partie de la ville qui est
auprès de la mer, et à droite du chemin qui y conduit de la place
publique. 7. En sortant du temple de Bacchus Ésymnètes, vous
trouvez au-dessous un autre temple avec une statue de marbre ; on
nomme cette déesse Sotéria. Ce temple lui fut érigé anciennement, à
ce qu'on dit, par Eurypylus, lorsqu'il fut délivré de sa démence. Il
y a vers le port un temple de Neptune et sa statue en marbre, qui le
représente debout. Ce dieu, outre les noms que les poètes lui ont
donnés, en a plusieurs autres particuliers à chaque pays dans lequel
il est honoré. Les surnoms qu'on lui donne partout sont ceux de
Pélagius, d'Asphalius et d'Hippius. 8. On allègue beaucoup de
raisons différentes de cette dernière dénomination; ma conjecture, à
moi, est qu'elle vient de ce qu'il est l'inventeur de l'art de
dompter les chevaux. Nous voyons en effet dans Homère que Ménélas,
lors du combat à la course des chars, dicte à Antilochus une formule
de serment par ce dieu : Tenant la main sur tes chevaux, jure par
le puissant dieu de la mer, que tu n'as usé volontairement d'aucune
fraude pour entraver la course de mon char. 9. Et Pamphus, qui a
fait pour les Athéniens les plus anciens hymnes qu'on connaisse, dit
que Neptune préside à la course des chevaux et à celle des vaisseaux
à la voile. C'est donc par cette raison, et non par aucune autre,
qu'on lui a donné le surnom d'Hippius. 10. On voit aussi à Patras,
à peu de distance du temple de Neptune, deux temples de Vénus. L'une
des statues de la déesse a été tirée de la mer par des pêcheurs, qui
la trouvèrent dans leurs filets, une génération avant moi. Il y a
tout auprès du port deux statues en bronze, l'une de Mars, l'autre
d'Apollon; on remarque aussi vers le port une enceinte consacrée à
Vénus, avec sa statue en bois à l'exception du visage, des pieds et
des mains qui sont en marbre. 11. Les Patréens ont sur le bord de la
mer un bois qui leur offre des promenades très commodes et des
retraites très agréables pendant les grandes chaleurs. Il y a dans
ce bois un temple de Vénus et un temple d'Apollon : leurs statues
sont en marbre. Auprès du bois est un temple de Cérès; elle est
debout ainsi que sa fille : la statue de la Terre est assise. 12.
Devant ce temple est une fontaine ; elle en est cependant séparée
par un mur de pierres sèches, et on y arrive par un chemin en dehors
de ce mur. Cette fontaine est un oracle infaillible, non en toutes
matières, axais seulement à l'égard des malades. On attache un
miroir avec une corde très fine, et on le descend dans la fontaine,
en prenant ses mesures pour qu'il n'en soit pas trop éloigné ; car
il faut que l'eau touche les bords du cadre du miroir ; alors après
avoir adressé des prières à la déesse, et brûlé des parfums, on
regarde dans ce miroir, et il vous représente le malade ou vivant ou
mort, suivant ce qui doit lui arriver; c'est-là tout ce que vous
apprend cette fontaine. 13. On trouve pareillement près des îles
Cyanées, vers la Lycie, l'oracle d'Apollon Thyrxéus, oracle qui est
aussi une fontaine : en regardant dedans, chacun y voit ce qu'il a
envie de savoir. Il y a aussi à Patras, vers le bois dont je viens
de parler, deux temples de Sarapis, dans l'un desquels est le
tombeau d'Egyptus, fils de Bélus ; les Patréens disent qu'il se
réfugia à Aroé, frissonnant au seul nom d'Argos, à cause des
malheurs de ses fils, et encore plus par la frayeur qu'il avait de
Danaüs. 14. Les Patréens ont aussi un temple d'Esculape ; il est
au-dessus de la citadelle, et tout auprès des portes qui conduisent
à Mésatis. On compte à Patras deux fois plus de femmes que d'hommes,
et il est peu d'endroits où elles soient autant portées à l'amour ;
elles gagnent leur vie pour la plupart à travailler le byssus qui
croît dans l'Élide; elles en font des rézeaux pour les cheveux, et
toutes sortes d'autres vêtements. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΑ'.
Διόνυσος ὁ Καλυδώνιος. Κορέσου ἔρως ἐς Καλλιρόην.
Ὀνόματα τριῶν ἀγαλμάτων τοῦ Διονύσου. Ποσειδῶνος ὀνόματα. Ναοὶ
καὶ ἀγάλματα ἐν Πάτραις. Πατρέων ἀψευδὲς μαντεῖον. Ἀπόλλωνος
Θυρξέως ἐν Λυανέαις χρηστήριον. Σαράπιδος ἐν Πάτραις ἱερά.
Πατρέων γυναῖκες.
(1) Καὶ Διονύσου κατὰ τοῦτο τῆς
πόλεώς ἐστιν ἱερὸν ἐπίκλησιν Καλυδωνίου· μετεκομίσθη γὰρ καὶ τοῦ
Διονύσου τὸ ἄγαλμα ἐκ Καλυδῶνος. Ὅτε δὲ ᾠκεῖτο ἔτι Καλυδών, ἄλλοι τε
Καλυδωνίων ἐγένοντο ἱερεῖς τῷ θεῷ καὶ δὴ καὶ Κόρεσος, ὃν ἀνθρώπων
μάλιστα ἐπέλαβεν ἄδικα ἐξ ἔρωτος παθεῖν. Ἢρα μὲν Καλλιρόης παρθένου·
ὁπόσον δὲ ἐς Καλλιρόην ἔρωτος Κορέσῳ μετῆν, τοσοῦτο εἶχεν ἀπεχθείας
ἐς αὐτὸν ἡ παρθένος. (2) Ὡς δὲ τοῦ Κορέσου δεήσεις τε ποιουμένου
πάσας καὶ δώρων ὑποσχέσεις παντοίας οὐκ ἐνετρέπετο ἡ γνώμη τῆς
παρθένου, ἐκομίζετο ἱκέτης ἤδη παρὰ τοῦ Διονύσου τὸ ἄγαλμα. Ὁ δὲ
ἤκουσέ τε εὐχομένου τοῦ ἱερέως καὶ οἱ Καλυδώνιοι τὸ παραυτίκα ὥσπερ
ὑπὸ μέθης ἐγίνοντο ἔκφρονες καὶ ἡ τελευτὴ σφᾶς παραπλῆγας
ἐπελάμβανε. Καταφεύγουσιν οὖν ἐπὶ τὸ χρηστήριον τὸ ἐν Δωδώνῃ· τοῖς
γὰρ τὴν ἤπειρον ταύτην οἰκοῦσι, τοῖς τε Αἰτωλοῖς καὶ τοῖς προσχώροις
αὐτῶν Ἀκαρνᾶσι καὶ Ἠπειρώταις, αἱ πέλειαι καὶ τὰ ἐκ τῆς δρυὸς
μαντεύματα μετέχειν μάλιστα ἐφαίνετο ἀληθείας. (3) Τότε δὲ τὰ
χρησθέντα ἐκ Δωδώνης Διονύσου μὲν ἔλεγεν εἶναι τὸ μήνιμα, ἔσεσθαι δὲ
οὐ πρότερον λύσιν πρὶν ἢ θύσῃ τῷ Διονύσῳ Κόρεσος ἢ αὐτὴν Καλλιρόην ἢ
τὸν ἀποθανεῖν ἀντ´ ἐκείνης τολμήσαντα. Ὡς δὲ οὐδὲν ἐς σωτηρίαν
εὑρίσκετο ἡ παρθένος, δεύτερα ἐπὶ τοὺς θρεψαμένους καταφεύγει·
ἁμαρτάνουσα δὲ καὶ τούτων, ἐλείπετο οὐδὲν ἔτι ἢ αὐτὴν φονεύεσθαι.
(4) Προεξεργασθέντων δὲ ὁπόσα ἐς τὴν θυσίαν ἄλλα ἐκ Δωδώνης
μεμαντευμένα ἦν, ἡ μὲν ἱερείου τρόπον ἦκτο ἐπὶ τὸν βωμόν, Κόρεσος δὲ
ἐφειστήκει μὲν τῇ θυσίᾳ, τῷ δὲ ἔρωτι εἴξας καὶ οὐ τῷ θυμῷ ἑαυτὸν
ἀντὶ Καλλιρόης διεργάζεται. Ὁ μὲν δὴ ἀπέδειξεν ἔργον ἀνθρώπων ὧν
ἴσμεν διατεθεὶς ἐς ἔρωτα ἀπλαστότατα· (5) Καλλιρόη τε ὡς Κόρεσον
τεθνεῶτα εἶδεν, μετέπεσε τῇ παιδὶ ἡ γνώμη, καὶ - ἐσῄει γὰρ αὐτὴν
Κορέσου τε ἔλεος καὶ ὅσα ἐς αὐτὸν εἴργασται αἰδώς - ἀπέσφαξέ τε
αὑτὴν ἐς τὴν πηγήν, {τοῦ λιμένος} ἣ ἐν Καλυδῶνί ἐστιν οὐ πόρρω τοῦ
λιμένος, καὶ ἀπ´ ἐκείνης οἱ ἔπειτα ἄνθρωποι Καλλιρόην τὴν πηγὴν
καλοῦσι. (6) Τοῦ θεάτρου δὲ ἐγγὺς πεποίηται Πατρεῦσι γυναικὸς
ἐπιχωρίας τέμενος. Διονύσου δέ ἐστιν ἐνταῦθα ἀγάλματα, ἴσοι τε τοῖς
ἀρχαίοις πολίσμασι καὶ ὁμώνυμοι· Μεσατεὺς γὰρ καὶ Ἀνθεύς τε καὶ
Ἀροεύς ἐστιν αὐτοῖς τὰ ὀνόματα. Ταῦτα τὰ ἀγάλματα ἐν τῇ Διονύσου
{τῇ} ἑορτῇ κομίζουσιν ἐς τὸ ἱερὸν τοῦ Αἰσυμνήτου· τὸ δὲ ἱερὸν τοῦτο
ἐς τὰ ἐπὶ θαλάσσῃ τῆς πόλεως ἐρχομένοις ἔστιν ἐκ τῆς ἀγορᾶς ἐν δεξιᾷ
τῆς ὁδοῦ. (7) Ἀπὸ δὲ τοῦ Αἰσυμνήτου κατωτέρω ἰόντι ἄλλο ἱερὸν καὶ
ἄγαλμα λίθου· καλεῖται μὲν Σωτηρίας, ἱδρύσασθαι δὲ αὐτὸ ἐξ ἀρχῆς
ἀποφυγόντα φασὶ τὴν μανίαν Εὐρύπυλον. Πρὸς δὲ τῷ λιμένι Ποσειδῶνός
τε ναὸς καὶ ἄγαλμά ἐστιν ὀρθὸν λίθου. Ποσειδῶνι δὲ παρὲξ ἢ ὁπόσα
ὀνόματα ποιηταῖς πεποιημένα ἐστὶν ἐς ἐπῶν κόσμον καὶ ἰδίᾳ σφίσιν
ἐπιχώρια ὄντα ἕκαστοι τίθενται, τοσαίδε ἐς ἅπαντας γεγόνασιν
ἐπικλήσεις αὐτῷ, Πελαγαῖος καὶ Ἀσφάλιός τε καὶ Ἵππιος. (8) Ὠνομάσθαι
δὲ Ἵππιον τὸν θεὸν πείθοιτο μὲν ἄν τις καὶ ἐπ´ αἰτίαις ἄλλαις· ἐγὼ
δὲ εὑρετὴν ἱππικῆς ὄντα ἀπὸ τούτου σχεῖν καὶ τὸ ὄνομα εἰκάζω. Ὅμηρος
μέν γε ἐν ἵππων ἄθλοις Μενελάῳ κατὰ τοῦ θεοῦ τούτου πρόκλησιν
περιέθηκεν ὅρκου·
ἵππων ἁψάμενος, γαιήοχον ἐννοσίγαιον
ὄμνυθι μηδὲν ἑκὼν τὸ ἐμὸν δόλῳ ἅρμα πεδῆσαι.
(9) Πάμφως δέ, ὃς Ἀθηναίοις τοὺς
ἀρχαιοτάτους τῶν ὕμνων ἐποίησεν, εἶναί φησι τὸν Ποσειδῶνα "ἵππων τε
δωτῆρα νεῶν τ´ ἰθυκρηδέμνων". Οὕτω διὰ τὴν ἱππικὴν καὶ οὐκ ἀπὸ
ἑτέρας προφάσεως τὸ ὄνομα ἔσχηκεν. (10) Ἐν Πάτραις δὲ οὐ πολὺ
ἀπωτέρω τοῦ Ποσειδῶνος ἱερά ἐστιν Ἀφροδίτης· τὸ δὲ ἕτερον τῶν
ἀγαλμάτων γενεᾷ πρότερον ἢ κατ´ ἐμὲ ἁλιεῖς ἄνδρες ἀνείλκυσαν ἐν
δικτύῳ. Ἔστι δὲ καὶ ἀγάλματα τοῦ λιμένος ἐγγυτάτω χαλκοῦ πεποιημένα
Ἄρεως, τὸ δὲ Ἀπόλλωνος· καὶ Ἀφροδίτης, ἧς καὶ πρὸς τῷ λιμένι {δὲ}
ἐστὶ τέμενος, λίθου μὲν πρόσωπον καὶ ἄκραι χεῖρες καὶ πόδες, ξύλου
δὲ τὰ λοιπὰ εἴργασται. (11) Ἔστι δέ σφισι καὶ ἄλσος ἐπὶ θαλάσσῃ,
δρόμους τε ἐπιτηδειοτάτους καὶ ἐς τἄλλα δίαιταν ἡδεῖαν ὥρᾳ
παρεχόμενον θερινῇ. Ἐν τούτῳ τῷ ἄλσει καὶ ναοὶ θεῶν, Ἀπόλλωνος, ὁ δὲ
Ἀφροδίτης· πεποίηται λίθου καὶ τούτοις τὰ ἀγάλματα. Τοῦ δὲ ἄλσους
ἱερὸν ἔχεται Δήμητρος· αὕτη μὲν καὶ ἡ παῖς ἑστᾶσι, τὸ δὲ ἄγαλμα τῆς
Γῆς ἐστι καθήμενον. (12) Πρὸ δὲ τοῦ ἱεροῦ τῆς Δήμητρός ἐστι πηγή·
ταύτης τὰ μὲν πρὸς τοῦ ναοῦ λίθων ἀνέστηκεν αἱμασιά, κατὰ δὲ τὸ
ἐκτὸς κάθοδος ἐς αὐτὴν πεποίηται. Μαντεῖον δὲ ἐνταῦθά ἐστιν ἀψευδές,
οὐ μὲν ἐπὶ παντί γε πράγματι, ἀλλὰ ἐπὶ τῶν καμνόντων. Κάτοπτρον
καλῳδίῳ τῶν λεπτῶν δήσαντες καθιᾶσι, σταθμώμενοι μὴ πρόσω καθικέσθαι
τῆς πηγῆς, ἀλλ´ ὅσον ἐπιψαῦσαι τοῦ ὕδατος τῷ κύκλῳ τοῦ κατόπτρου. Τὸ
δὲ ἐντεῦθεν εὐξάμενοι τῇ θεῷ καὶ θυμιάσαντες ἐς τὸ κάτοπτρον
βλέπουσι· τὸ δέ σφισι τὸν νοσοῦντα ἤτοι ζῶντα ἢ καὶ τεθνεῶτα
ἐπιδείκνυσι. (13) Τούτῳ μὲν τῷ ὕδατι ἐς τοσοῦτο μέτεστιν ἀληθείας,
Κυανεῶν δὲ τῶν πρὸς Λυκίᾳ πλησιαίτατα χρηστήριον Ἀπόλλωνός ἐστι
Θυρξέως· παρέχεται δὲ ὕδωρ τὸ πρὸς ταῖς Κυανέαις ἔσω ἐνιδόντα τινὰ
ἐς τὴν πηγὴν ὁμοίως πάντα ὁπόσα θέλει θεάσασθαι. Ἐν Πάτραις δὲ πρὸς
τῷ ἄλσει καὶ ἱερὰ δύο ἐστὶ Σαράπιδος· ἐν δὲ τῷ ἑτέρῳ πεποίηται μνῆμα
Αἰγύπτου τοῦ Βήλου. Φυγεῖν δὲ ἐς τὴν Ἀρόην οἱ Πατρεῖς φασιν αὐτὸν
τοῖς τε ἐς τοὺς παῖδας παθήμασι καὶ τὸ ὄνομα αὐτὸ πεφρικότα τοῦ
Ἄργους καὶ ἐς πλέον τοῦ Δαναοῦ δείματι. (14) Ἔστι δὲ καὶ ἱερὸν
Πατρεῦσιν Ἀσκληπιοῦ· τοῦτο τὸ ἱερὸν ὑπὲρ τὴν ἀκρόπολιν τῶν πυλῶν
ἐστιν ἐγγὺς αἳ ἐπὶ Μεσάτιν ἄγουσιν. Αἱ δὲ γυναῖκές εἰσιν ἐν ταῖς
Πάτραις ἀριθμὸν μὲν καὶ ἐς δὶς τῶν ἀνδρῶν· Ἀφροδίτης δέ, εἴπερ
ἄλλαις γυναιξί, μέτεστι καὶ ταύταις. Βίος δὲ αὐτῶν ταῖς πολλαῖς
ἐστιν ἀπὸ τῆς βύσσου τῆς ἐν τῇ Ἤλιδι φυομένης· κεκρυφάλους τε γὰρ
ἀπ´ αὐτῆς καὶ ἐσθῆτα ὑφαίνουσι τὴν ἄλλην. |
CHAPITRE XXII.
Ville de Phares, Piérus fleuve. Oracle de Mercure
Agoraus. Culte rendu par les Pharéens à quelques pierres
quadrangulaires. Fondateur de Phares. Ville de Tritéa, et
peintures de Nicias. Fondateur de Tritéa. Temple des Grandes
Déesses. Trajet par mer de Patras à Égium. Merveilles du
fleuve Charadrus.
1. PHARES, ville des Achéens, est
maintenant dans la dépendance de Patras, d'après les ordres
d'Auguste; il y a cent cinquante stades de chemin de l'une de ces
villes à l'autre, et environ soixante-dix stades de Phares à la mer.
Près de Phares coule le fleuve Piérus, qui est, à ce que je crois,
le même qui passe vers les ruines d'Olène, et à qui ceux qui
habitent les bords de la mer, donnent le nom de Pirus. Il y a auprès
de ce fleuve un bois de platanes ; ces arbres sont si vieux qu'ils
sont creux pour la plupart, et leur grosseur est si prodigieuse que
plusieurs personnes pourraient manger et même dormir, s'il leur
convenait, dans les antres qu'ils forment. 2. L'enceinte de la place
publique de Phares est très grande, suivant l'ancienne manière; il y
a au milieu une statue en marbre de Mercure, qui le représente
avec de la barbe. Elle est debout à terre, sans piédestal; sa forme
est carrée ; cette statue n'est pas grande. Elle porte une
inscription qui nous apprend qu'elle a été dédiée par Simylus,
Messénien. On donne à ce Mercure le nom d'Agoréus; un oracle est
auprès de lui. On trouve en effet devant sa statue une table qui est
aussi de marbre, à laquelle des lampes de bronze sont attachées avec
du plomb. 3. Celui qui veut consulter le dieu, y vient vers le
soir, il brûle de l'encens sur la table, remplit les lampes d'huile
et les allume, met sur l'autel, à droite de la statue, une pièce de
monnaie du pays, qu'on nomme un chalcus, et il demande ensuite à
l'oreille du dieu ce qu'il veut savoir. La question faite, il s'en
va de la place publique en se bouchant les oreilles; et lorsqu'il en
est dehors, il les débouche en retirant les mains, et prend pour la
réponse de l'oracle la première parole qu'il entend. 4. Il y a en
Égypte, vers le temple d'Apis, un oracle pareil. On voit aussi à
Phares une fontaine consacrée à Mercure; on la nomme Hama. On ne
prend pas les poissons qui y sont, parce qu'on les croit consacrés
au dieu. Près de la statue de Mercure sont des pierres carrées au
nombre de trente tout au plus ; les Pharéens leur rendent un culte
et donnent à chacune d'elles le nom de quelque divinité. Dans les
temps les plus reculés, tous les Grecs en général rendaient de même
les honneurs divins à des pierres brutes qui leur tenaient lieu de
statues. 5. Quinze stades ou environ un peu plus loin que la ville
de Phares se trouve le bois des Dioscures, qui est planté
principalement de lauriers; il n'y a plus de temple ni de statues;
les gens du pays disent que les statues ont été transportées à Rome;
on y voit seulement un autel construit avec des pierres de choix. Je
n'ai pu savoir si cette ville reconnaît pour son fondateur Phares,
fils de Philodamie, fille de Danaüs, ou un autre du même nom.
6. Tritéa, qui est aussi une ville
des Achéens, est dans l'intérieur des terres, elle est également
dans la dépendance de Patras, à qui Auguste l'a donnée. Il y a cent
vingt stades de Phares à Tritéa ; avant d'entrer dans la ville on
trouve un tombeau de marbre blanc, qui est remarquable entre autres
choses par les peintures dont Nicias l'a orné. 7. On y voit une
femme jeune, et d'une figure très agréable, assise sur un siège
d'ivoire; une esclave est debout devant elle et tient un parasol. On
voit aussi un jeune homme debout, qui n'a pas encore de barbe; il
est revêtu d'une tunique et par-dessus d'un manteau de pourpre ;
auprès de lui est un esclave qui porte des traits, et qui mène des
chiens de chasse : je n'ai pu savoir le nom de ceux à qui ce tombeau
a été érigé, mais il est évident que c'est à un mari et à sa femme ;
8. quelques-uns disent que Tritéa a été fondée par Celbidas, qui
était venu de Cumes dans l'Opique; suivant d'autres, Mars ayant eu
commerce avec Tritéa, fille de Triton, et prêtresse de Minerve, en
eut un fils nommé Mélanippus, qui s'établit dans cette ville,
l'augmenta, et lui donna le nom de sa mère. 9. On voit à Tritéa un
temple consacré aux divinités qu'on appelle les grandes déesses;
leurs statues sont en terre. On célèbre tous les ans en leur honneur
une fête qui ne diffère en rien de celles que les Grecs célèbrent en
l'honneur de Bacchus. La statue qui y est maintenant est en marbre;
l'ancienne a été transportée à Rome, à ce que disent les Tritéens.
On est dans l'usage d'y offrir des sacrifices à Mars et à Triléa.
Voilà toutes les villes de l'Achaïe qui sont à quelque distance de
la mer, et tout à fait sur le continent.
10. En allant par mer de Patras à
Égium, vous trouvez d'abord un promontoire nommé Rhium, qui est à
environ cinquante stades de Patras. Le port Panormus est à quinze
stades au-delà de ce promontoire, Il y a la même distance de
Panormus à l'endroit nommé Athénas Teichos ; et delà au port Erinéum
il y a un trajet par mer de quatre-vingt-dix stades, et un de
soixante stades de ce dernier endroit à Égium. Le chemin d' Égium
à Patras par terre est plus court de quarante stades au plus. En le
prenant, vous trouvez d'abord à peu de distance de Patras le fleuve
Mélichus et le temple de Triclaria, où il n'y a plus de statue; ce
temple est à droite du chemin. 11. En avançant, après le fleuve
Mélichus, vous en trouvez un autre nommé le Charadrus; les bestiaux
qui s'y abreuvent pendant le printemps, n'engendrent pour la plupart
que des mâles; aussi les bergers ont-ils soin dans cette saison de
mener leurs troupeaux paître ailleurs, à moins que ce ne soit dès
troupeaux de bœufs. On les laisse en effet auprès de ce fleuve,
parce que les mâles de cette espèce sont beaucoup plus utiles que
les femelles, soit pour les sacrifices, soit pour le travail; mais
dans toutes les autres espèces de bestiaux on donne la préférence
aux femelles. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΒ'.
Φαραὶ πόλις, Πίερος ποταμός. Ἑρμοῦ τοῦ Ἀγοραίου
χρηστήριον. Τετράγωνοι λίθοι οὓς οἱ Φαρεῖς σέβονται. Φαρῶν
οἰκιστής. Τριταία πόλις, καὶ Νικίου γραφαί. Τριταίας
οἰκιστής. Μεγίστων θεῶν ἱερόν. Ἐς Αἴγιον ἐκ Πατρῶν πλοῦς.
Χαράδρου ποταμοῦ θαυμάσια.
(1) Φαραὶ δέ, Ἀχαιῶν πόλις,
τελοῦσι μὲν ἐς Πάτρας δόντος Αὐγούστου, ὁδὸς δὲ ἐς Φαρὰς Πατρέων μὲν
ἐκ τοῦ ἄστεως στάδιοι πεντήκοντά εἰσι καὶ ἑκατόν, ἀπὸ θαλάσσης δὲ
ἄνω πρὸς ἤπειρον περὶ ἑβδομήκοντα. Ποταμὸς δὲ ῥεῖ πλησίον Φαρῶν
Πίερος, ὁ αὐτὸς ἐμοὶ δοκεῖν ὃς καὶ τὰ Ὠλένου παρέξεισιν ἐρείπια, ὑπὸ
ἀνθρώπων τῶν πρὸς θαλάσσῃ καλούμενος Πεῖρος. Πρὸς δὲ τῷ ποταμῷ
πλατάνων ἐστὶν ἄλσος, κοῖλαί τε ὑπὸ παλαιότητος αἱ πολλαὶ καὶ
ἥκουσαι μεγέθους ἐς τοσοῦτο ὥστε καὶ ἑστιῶνται τῶν χηραμῶν ἐντός,
καὶ ὁπόσοις ἂν κατὰ γνώμην ᾖ, καὶ ἐγκαθεύδουσι. (2) Περίβολος δὲ
ἀγορᾶς μέγας κατὰ τρόπον τὸν ἀρχαιότερόν ἐστιν ἐν Φαραῖς, Ἑρμοῦ δὲ
ἐν μέσῃ τῇ ἀγορᾷ λίθου πεποιημένον ἄγαλμα ἔχον καὶ γένεια· ἑστηκὼς
δὲ πρὸς αὐτῇ τῇ γῇ παρέχεται μὲν τὸ τετράγωνον σχῆμα, μεγέθει δέ
ἐστιν οὐ μέγας. Καὶ αὐτῷ καὶ ἐπίγραμμα ἔπεστιν, ἀναθεῖναι αὐτὸ
Μεσσήνιον Σιμύλον· καλεῖται μὲν δὴ Ἀγοραῖος, παρὰ δὲ αὐτῷ καὶ
χρηστήριον καθέστηκε. Κεῖται δὲ πρὸ τοῦ ἀγάλματος ἑστία, λίθου καὶ
αὐτή, μολίβδῳ δὲ πρὸς τὴν ἑστίαν προσέχονται λύχνοι χαλκοῖ. (3)
Ἀφικόμενος οὖν περὶ ἑσπέραν ὁ τῷ θεῷ χρώμενος λιβανωτόν τε ἐπὶ τῆς
ἑστίας θυμιᾷ καὶ ἐμπλήσας τοὺς λύχνους ἐλαίου καὶ ἐξάψας τίθησιν ἐπὶ
τὸν βωμὸν τοῦ ἀγάλματος ἐν δεξιᾷ νόμισμα ἐπιχώριον - καλεῖται δὲ
χαλκοῦς τὸ νόμισμα - καὶ ἐρωτᾷ πρὸς τὸ οὖς τὸν θεὸν ὁποῖόν τι καὶ
ἑκάστῳ τὸ ἐρώτημά ἐστι. Τὸ ἀπὸ τούτου δὲ ἄπεισιν ἐκ τῆς ἀγορᾶς
ἐπιφραξάμενος τὰ ὦτα· προελθὼν δὲ ἐς τὸ ἐκτὸς τὰς χεῖρας ἀπέσχεν ἀπὸ
τῶν ὤτων, καὶ ἧστινος ἂν ἐπακούσῃ φωνῆς, μάντευμα ἡγεῖται. (4)
Τοιαύτη καὶ Αἰγυπτίοις ἑτέρα περὶ τοῦ Ἄπιδος τὸ ἱερὸν μαντεία
καθέστηκεν· ἐν Φαραῖς δὲ καὶ ὕδωρ ἱερόν ἐστι τοῦ Ἑρμοῦ· Ἑρμοῦ νᾶμα
μὲν τῇ πηγῇ τὸ ὄνομα, τοὺς δὲ ἰχθῦς οὐχ αἱροῦσιν ἐξ αὐτῆς, ἀνάθημα
εἶναι τοῦ θεοῦ νομίζοντες. Ἑστήκασι δὲ ἐγγύτατα τοῦ ἀγάλματος
τετράγωνοι λίθοι τριάκοντα μάλιστα ἀριθμόν· τούτους σέβουσιν οἱ
Φαρεῖς, ἑκάστῳ θεοῦ τινὸς ὄνομα ἐπιλέγοντες. Τὰ δὲ ἔτι παλαιότερα
καὶ τοῖς πᾶσιν Ἕλλησι τιμὰς θεῶν ἀντὶ ἀγαλμάτων εἶχον ἀργοὶ λίθοι.
(5) Φαρεῦσι δὲ ὅσον πέντε σταδίους καὶ δέκα ἀπωτέρω τῆς πόλεώς ἐστιν
ἄλσος Διοσκούρων. Δάφναι μάλιστα ἐν αὐτῷ πεφύκασι, ναὸς δὲ οὐκ ἦν ἐν
αὐτῷ οὐδὲ ἀγάλματα· κομισθῆναι δὲ οἱ ἐπιχώριοί φασιν ἐς Ῥώμην τὰ
ἀγάλματα. Ἐν Φαραῖς δὲ ἐν τῷ ἄλσει βωμὸς λίθων λογάδων ἐστί.
Πυθέσθαι δὲ οὐκ εἶχον εἰ {ὁ} Φάρης ὁ Φυλοδαμείας τῆς Δαναοῦ σφισιν ἢ
ὁμώνυμος ἐκείνῳ τις ἐγένετο οἰκιστής.
(6) Τρίτεια δέ, Ἀχαιῶν καὶ αὕτη πόλις,
ἐν μεσογαίῳ μὲν ᾤκισται, τελοῦσι δὲ ἐς Πάτρας καὶ αὐτοὶ βασιλέως
δόντος· στάδιοι δὲ ἐς Τρίτειαν εἴκοσί τε καὶ ἑκατόν εἰσιν ἐκ Φαρῶν.
Πρὶν δὲ ἢ ἐς τὴν πόλιν ἐσελθεῖν, μνῆμά ἐστι λευκοῦ λίθου, θέας καὶ
ἐς τὰ ἄλλα ἄξιον καὶ οὐχ ἥκιστα ἐπὶ ταῖς γραφαῖς αἵ εἰσιν ἐπὶ τοῦ
τάφου, τέχνη Νικίου· θρόνος τε ἐλέφαντος καὶ γυνὴ νέα καὶ εἴδους εὖ
ἔχουσα ἐπὶ τῷ θρόνῳ, θεράπαινα δὲ αὐτῇ προσέστηκε σκιάδιον φέρουσα·
(7) καὶ νεανίσκος ὀρθὸς οὐκ ἔχων πω γένειά ἐστι χιτῶνα ἐνδεδυκὼς καὶ
χλαμύδα ἐπὶ τῷ χιτῶνι φοινικῆν· παρὰ δὲ αὐτὸν οἰκέτης ἀκόντια ἔχων
ἐστὶ καὶ ἄγει κύνας ἐπιτηδείας θηρεύουσιν ἀνθρώποις. Πυθέσθαι μὲν δὴ
τὰ ὀνόματα αὐτῶν οὐκ εἴχομεν· ταφῆναι δὲ ἄνδρα καὶ γυναῖκα ἐν κοινῷ
παρίστατο ἅπασιν εἰκάζειν. (8) Τριτείας δὲ οἰκιστὴν οἱ μὲν Κελβίδαν
γενέσθαι λέγουσιν, ἀφικόμενον {δὲ} ἐκ Κύμης τῆς ἐν Ὀπικοῖς· οἱ δὲ ὡς
Ἄρης συγγένοιτο Τριτείᾳ θυγατρὶ Τρίτωνος, ἱερᾶσθαι δὲ τῆς Ἀθηνᾶς τὴν
παρθένον, Μελάνιππον δὲ παῖδα Ἄρεως καὶ Τριτείας οἰκίσαι τε ὡς
ηὐξήθη τὴν πόλιν καὶ θέσθαι τὸ ὄνομα ἀπὸ τῆς μητρός. (9) Ἐν Τριτείᾳ
δὲ ἔστι μὲν ἱερὸν καλουμένων Μεγίστων θεῶν, ἀγάλματα δέ σφισι πηλοῦ
πεποιημένα· τούτοις κατὰ ἔτος ἑορτὴν ἄγουσιν, οὐδέν τι ἀλλοίως ἢ καὶ
τῷ Διονύσῳ δρῶσιν Ἕλληνες. Ἔστι δὲ καὶ Ἀθηνᾶς ναός, τὸ δὲ ἄγαλμα
λίθου τὸ ἐφ´ ἡμῶν· τὸ δὲ ἀρχαῖον ἐς Ῥώμην, καθὰ οἱ Τριταιεῖς
λέγουσιν, ἐκομίσθη. Θύειν δὲ οἱ ἐνταῦθα καὶ Ἄρει καὶ τῇ Τριτείᾳ
νομίζουσιν. (
10) Αἵδε μὲν οὖν θαλάσσης τέ εἰσιν
ἀπωτέρω πόλεις καὶ ἠπειρώτιδες βεβαίως· πλέοντι δὲ ἐς Αἴγιον ἐκ
Πατρῶν ἄκρα πρῶτόν ἐστιν ὀνομαζομένη Ῥίον, σταδίους {δὲ} Πατρῶν
πεντήκοντα ἀπέχουσα, λιμὴν δὲ ὁ Πάνορμος σταδίοις πέντε καὶ δέκα
ἀπωτέρω τῆς ἄκρας. Τοσούτους δὲ ἀφέστηκεν ἑτέρους ἀπὸ Πανόρμου τὸ
Ἀθηνᾶς καλούμενον τεῖχος. Ἐς δὲ λιμένα Ἐρινεὸν ἐξ Ἀθηνᾶς τείχους
παράπλους ἐνενήκοντά εἰσι στάδιοι, ἑξήκοντα δὲ ἐς Αἴγιον ἀπὸ τοῦ
Ἐρινεοῦ· ὁδὸς δὲ ἡ πεζὴ σταδίους τεσσαράκοντα μάλιστα ἐς τὸν ἀριθμὸν
ἀποδεῖ τὸν εἰρημένον. (11) Οὐ πόρρω δὲ τοῦ Πατρέων ἄστεως ποταμός τε
ὁ Μείλιχος καὶ τὸ ἱερὸν τῆς Τρικλαρίας {ἐν ὧ} ἐστίν, ἄγαλμα οὐδὲν
ἔτι ἔχον. Τοῦτο μὲν δή ἐστιν ἐν δεξιᾷ, προελθόντι δὲ ἀπὸ τοῦ
Μειλίχου ποταμός ἐστιν ἄλλος· ὄνομα μὲν τῷ ποταμῷ Χάραδρος, ὥρᾳ δὲ
ἦρος πίνοντα ἐξ αὐτοῦ τὰ βοσκήματα ὀφείλει τίκτειν ἄρρενα ὡς τὰ
πλείω συμβαίνει, καὶ τοῦδε ἕνεκα οἱ νομεῖς ἑτέρωσε αὐτὰ τῆς χώρας
μεθιστᾶσι πλήν γε δὴ τὰς βοῦς· ταύτας δὲ αὐτοῦ καταλείπουσιν ἐπὶ τῷ
ποταμῷ, διότι καὶ πρὸς θυσίας οἱ ταῦροί σφισι καὶ ἐς τὰ ἔργα
ἐπιτηδειότεροι θηλειῶν βοῶν εἰσιν, ἐπὶ δὲ τοῖς ἄλλοις κτήνεσι τὸ
θῆλυ ἐπὶ πλέον τετίμηται. |
CHAPITRE XXIII.
Restes de la ville d'Argyra. Ce qu'on dit de la rivière Sélemnus et de la fontaine
Argyra. Bolinéus, fleuve, et ville
de Bolina. Promontoire Drépanum et ruines de Rhypes.
Ville d'Égium, temple et statue d'Ilithye. Dispute sur
Esculape. Monuments d'Égium.
1. APRES
avoir traversé le Charadrus, vous trouvez des
ruines peu apparentes de la ville d'Argyra ; la fontaine
Argyra est à droite du chemin, ainsi que l'embouchure
du fleuve Sélemnus dans la mer. La tradition
des gens du pays à son égard, est que Sélemnus était
un beau jeune homme, qui gardait les troupeaux dans
cet endroit, et qu'Argyra était une des
nymphes de la mer, qui, étant devenue amoureuse de Sélemnus, sortait des flots
et venait coucher avec lui sur le bord du fleuve. 2. Après un intervalle de
temps assez court, Sélemnus ne lui paraissant plus aussi beau, la nymphe cessa
de venir le trouver ; se voyant abandonné par Argyra, il mourut d'amour, et
Vénus le changea en fleuve; je ne fais que dire ce que racontent les Patréens.
Quoique changé en eau, il aimait encore Argyra, de même que l'Alphée, à ce qu'on
raconte, aime toujours Aréthuse ; Vénus fit à Sélemnus la faveur de lui faire
oublier Argyra. 3. J'ai entendu dire de plus que son eau est un remède pour les
deux sexes contre l'amour, et qu'en s'y baignant on en perd le souvenir; si cela
est vrai, cette eau est plus précieuse que les plus grandes richesses. 4. Un peu
plus avant qu'Argyra est le fleuve Bolinéus, et il y avait jadis sur ses bords
une ville nommée Bolina. On dit que Boline était une jeune fille dont Apollon
devint amoureux; que fuyant sa poursuite elle se jeta en cet endroit dans la
mer, et qu'elle obtint l'immortalité par la faveur de ce dieu. Vous trouvez
ensuite un promontoire qui s'avance dans la mer, au sujet duquel on raconte que
ce fut de là que Saturne jeta dans la mer la faux avec laquelle il avait mutilé
Uranus, son père, et c'est pour cela qu'ils nomment ce promontoire Drépanum. Un
peu au-dessus du grand chemin, on voit les ruines de Rhypes, qui sont à environ
trente stades d'Égium. 5. Le territoire d'Égium est traversé par le Phénix et
le Méganitas, qui se jettent tous deux dans la mer. On a construit auprès de la
ville un portique pour l'athlète Straton, qui remporta dans un même jour aux
jeux olympiques le prix du pancrace et celui de la lutte; on fit ce portique
pour lui servir à s'exercer. Il y a à Égium un ancien temple d'Ilithye; la
statue de la déesse est en bois, à l'exception du visage, des pieds et des
mains, qui sont en marbre Pentélique; 6. elle est couverte depuis la tête
jusqu'à l'extrémité des pieds d'un tissu très léger ; elle a une de ses mains
étendue droit devant elle, et elle tient de l'autre un flambeau; je conjecture
qu'on lui a donne ce flambeau, parce que les douleurs de l'enfantement sont
aussi âpres que celles que le feu occasionne, ou peut-être a-t-on voulu
signifier par-là, que c'est Ilithye qui fait voir le jour aux enfants. Sa statue
est un ouvrage de Damophon de Messène. 7. L'enceinte consacrée à Esculape n'est
pas éloignée du temple d'Ilithye ; on y voit les statues d'Esculape et d'Hygie;
on lit sur la base une inscription iambique qui nous apprend que ces statues
sont de Damophon de Messène. C'est dans ce temple d'Esculape que je suis entré
en discussion avec un Sidonien, qui prétendait que les Phéniciens connaissaient
bien mieux que les Grecs, ce qui concernait les dieux, et entre autres Esculape,
auquel ils donnent bien Apollon pour père, mais non une mortelle pour mère; 8.
ils disent en effet qu'Esculape est l'air qui est nécessaire à l'espèce humaine,
et à tous les animaux également, pour la santé; et qu'Apollon est le soleil,
qu'on dit avec raison le père d'Esculape, puisque c'est lui qui en réglant son
cours, suivant les différentes saisons de l'année, rend à l'air sa salubrité. Je
lui dis que tout cela était vrai, mais que cette opinion n'appartenait pas plus
aux Phéniciens qu'aux Grecs, puisqu'à Titane, dans la Sicyonie, la statue
d'Esculape porte aussi le nom d'Hygie, et que les enfants même, savent que le
soleil, par son cours sur la terre, est le principe de la salubrité. 9. Il y a à
Égium un temple de Minerve avec deux statues de celte déesse en marbre blanc,
et un bois consacré à Junon; il n'est permis qu'aux femmes et seulement à celle
qui en est la prêtresse, de voir la statue de Junon. Il y a vers le théâtre un
temple de Bacchus où ce dieu est représenté sans barbe. On trouve sur la place
publique une enceinte consacrée à Jupiter surnommé Soter; en y entrant vous
voyez à gauche les deux statues de ce dieu qui sont toutes deux en bronze; celle
qui n'a pas encore de barbe, me paraît la plus ancienne. 10. En suivant droit
son chemin on trouve un petit édifice où il y a plusieurs statues de bronze,
savoir : Neptune, Hercule, Jupiter et Minerve ; on les appelle les dieux
introduits, soit parce que leurs statues ont été faites à Argos, comme le
disent les Argiens; soit, comme le disent les Égiens, parce qu'elles leur
avaient été données en dépôt par les Argiens, qui leur avaient recommandé, 11. à
ce qu'ils ajoutent, de leur sacrifier tous les jours ; pour que ces sacrifices
fussent moins coûteux, ils eurent recours à cet expédient : ils immolaient
toutes sortes d'animaux, et mangeaient ensuite en commun les chairs des
victimes; il n'en résultait ainsi aucune dépense pour eux. Les Argiens leur
ayant par la suite redemandé ces statues, les Égiens voulurent exiger les frais
qu'ils avaient faits pour ces sacrifices, et comme les Argiens étaient hors
d'état de les payer, ils les leur laissèrent.
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ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΓ'.
Πόλεως Ἀργυρᾶς ἐρεὶπα. Τὰ περὶ Σελένου ποταμοῦ
καὶ Ἀργυρᾶς πηγῆς. Βιλιναῖος ποταμὸς, καὶ Βολίνα πόλις.
Δρέπανον ἄκρα, καὶ Ῥυπων ἐρείπα. Αἴγιον πόλις, καὶ Εἰλειθυίας ἱερὸν
καὶ ἄγαλμα. Περὶ Ἀσκληπιοῦ. Τὰ ἐν Αἰγίῳ ἀξιόλογα
μνημεῖα.
(1) Μετὰ δὲ τὸν Χάραδρον ἐρείπια οὐκ
ἐπιφανῆ πόλεώς ἐστιν Ἀργυρᾶς, καὶ πηγή τε Ἀργυρᾶ ἐν δεξιᾷ τῆς
λεωφόρου καὶ Σέλεμνος ποταμὸς κατιὼν ἐς θάλασσαν. Λόγος δὲ τῶν
ἐπιχωρίων ἐς αὐτόν ἐστι, Σέλεμνον μειράκιον ὡραῖον ποιμαίνειν
ἐνταῦθα, Ἀργυρᾶν δὲ εἶναι μὲν τῶν ἐν θαλάσσῃ νυμφῶν, ἐρασθεῖσαν δὲ
αὐτὴν Σελέμνου φοιτᾶν τε ὡς αὐτόν φασιν ἐκ θαλάσσης ἀνιοῦσαν, καὶ
καθεύδειν παρ´ αὐτῷ· (2) μετὰ δὲ οὐ πολὺν χρόνον οὔτε ὡραῖος ἔτι
ἐφαίνετο Σέλεμνος οὔτε ὡς αὐτὸν φοιτήσειν ἔμελλεν ἡ νύμφη, Σέλεμνον
δὲ μονωθέντα Ἀργυρᾶς καὶ τελευτήσαντα ὑπὸ τοῦ ἔρωτος ἐποίησεν
Ἀφροδίτη ποταμόν. Λέγω δὲ τὰ ὑπὸ Πατρέων λεγόμενα. Καὶ - ἤρα γὰρ καὶ
ὕδωρ γενόμενος Ἀργυρᾶς, καθότι ἔχει καὶ ἐπὶ τῷ Ἀλφειῷ λόγος
Ἀρεθούσης ἔτι ἐρᾶν αὐτόν - δωρεῖται καὶ τῷδε Ἀφροδίτη Σέλεμνον· ἐς
λήθην ἄγει τὸν ποταμὸν Ἀργυρᾶς. (3) Ἤκουσα δὲ καὶ ἄλλον ἐπ´ αὐτῷ
λόγον, τὸ ὕδωρ τοῦ Σελέμνου σύμφορον καὶ ἀνδράσιν εἶναι καὶ γυναιξὶν
ἐς ἔρωτος ἴαμα, λουομένοις ἐν τῷ ποταμῷ λήθην ἔρωτος γίνεσθαι. Εἰ δὲ
μέτεστιν ἀληθείας τῷ λόγῳ, τιμιώτερον χρημάτων πολλῶν ἐστιν
ἀνθρώποις τὸ ὕδωρ τοῦ Σελέμνου. (4) Ἀπωτέρω δὲ Ἀργυρᾶς ποταμός ἐστιν
ὀνομαζόμενος Βολιναῖος, καὶ πόλις ποτὲ ᾠκεῖτο πρὸς αὐτῷ Βολίνα.
Παρθένου δὲ ἐρασθῆναι Βολίνης Ἀπόλλωνα, τὴν δὲ φεύγουσαν ἐς τὴν
ταύτῃ φασὶν ἀφεῖναι θάλασσαν αὑτήν, καὶ ἀθάνατον γενέσθαι χάριτι τοῦ
Ἀπόλλωνος. Ἐφεξῆς δὲ ἄκρα τε ἐς τὴν θάλασσαν ἔχει, καὶ ἐπ´ αὐτῇ
λέγεται λόγος ὡς Κρόνος τῆς θαλάσσης ἐνταῦθα ἔρριψε τὸ δρέπανον, ᾧ
τὸν πατέρα Οὐρανὸν ἐλυμήνατο· ἐπὶ τούτῳ δὲ καὶ τὴν ἄκραν Δρέπανον
ὀνομάζουσιν. Ὀλίγον δὲ ὑπὲρ τὴν λεωφόρον Ῥυπῶν ἐστι τὰ ἐρείπια·
σταδίους δὲ Αἴγιον περὶ τοὺς τριάκοντα ἀπέχει Ῥυπῶν. (5) Αἰγίου δὲ
τὴν χώραν διέξεισι μὲν ποταμὸς Φοῖνιξ, διέξεισι δὲ καὶ ἕτερος
Μειγανίτας, ἐς θάλασσαν ῥέοντες. Στοὰ δὲ τῆς πόλεως πλησίον ἐποιήθη
Στράτωνι ἀθλητῇ, Ὀλυμπίασιν ἐπὶ ἡμέρας τῆς αὐτῆς παγκρατίου καὶ
πάλης ἀνελομένῳ νίκας. Αὕτη μὲν ἐγγυμνάζεσθαι τούτῳ τῷ ἀνδρὶ
ἐποιήθη· Αἰγιεῦσι δὲ Εἰλειθυίας ἱερόν ἐστιν ἀρχαῖον, καὶ ἡ Εἰλείθυια
ἐς ἄκρους ἐκ κεφαλῆς τοὺς πόδας ὑφάσματι κεκάλυπται λεπτῷ, ξόανον
πλὴν προσώπου τε καὶ χειρῶν ἄκρων καὶ ποδῶν, ταῦτα δὲ τοῦ
Πεντελησίου λίθου πεποίηται· (6) καὶ ταῖς χερσὶ τῇ μὲν ἐς εὐθὺ
ἐκτέταται, τῇ δὲ ἀνέχει δᾷδα. Εἰλειθυίᾳ δὲ εἰκάσαι τις ἂν εἶναι
δᾷδας, ὅτι γυναιξὶν ἐν ἴσῳ καὶ πῦρ εἰσιν αἱ ὠδῖνες· ἔχοιεν δ´ ἂν
λόγον καὶ ἐπὶ τοιῷδε αἱ δᾷδες, ὅτι Εἰλείθυιά ἐστιν ἡ ἐς φῶς ἄγουσα
τοὺς παῖδας. Ἔργον δὲ τοῦ Μεσσηνίου Δαμοφῶντός ἐστι τὸ ἄγαλμα. (7)
Τῆς δὲ Εἰλειθυίας οὐ μακρὰν Ἀσκληπιοῦ τέ ἐστι τέμενος καὶ ἀγάλματα
Ὑγείας καὶ Ἀσκληπιοῦ· ἰαμβεῖον δὲ ἐπὶ τῷ βάθρῳ τὸν Μεσσήνιον
Δαμοφῶντα εἶναι τὸν εἰργασμένον φησίν. Ἐν τούτῳ τοῦ Ἀσκληπιοῦ τῷ
ἱερῷ ἐς ἀντιλογίαν ἀφίκετο ἀνήρ μοι Σιδόνιος, ὃς ἐγνωκέναι τὰ ἐς τὸ
θεῖον ἔφασκε Φοίνικας {καὶ} τά τε ἄλλα Ἑλλήνων βέλτιον καὶ δὴ καὶ
Ἀσκληπιῷ πατέρα μὲν σφᾶς Ἀπόλλωνα ἐπιφημίζειν, θνητὴν δὲ γυναῖκα
οὐδεμίαν μητέρα· (8) Ἀσκληπιὸν μὲν γὰρ ἀέρα γένει τε ἀνθρώπων εἶναι
καὶ πᾶσιν ὁμοίως ζῴοις ἐπιτήδειον πρὸς ὑγίειαν, Ἀπόλλωνα δὲ ἥλιον,
καὶ αὐτὸν ὀρθότατα Ἀσκληπιῷ πατέρα ἐπονομάζεσθαι, ὅτι ἐς τὸ ἁρμόζον
ταῖς ὥραις ποιούμενος ὁ ἥλιος τὸν δρόμον μεταδίδωσι καὶ τῷ ἀέρι
ὑγιείας. Ἐγὼ δὲ ἀποδέχεσθαι μὲν τὰ εἰρημένα, οὐδὲν δέ τι Φοινίκων
μᾶλλον ἢ καὶ Ἑλλήνων ἔφην τὸν λόγον, ἐπεὶ καὶ ἐν Τιτάνῃ τῆς
Σικυωνίων τὸ αὐτὸ ἄγαλμα Ὑγείαν τε ὀνομάζεσθαι καὶ † παιδὶ ἦν δῆλα
ὡς τὸν ἡλιακὸν δρόμον ἐπὶ γῆς ὑγίειαν ποιοῦντα ἀνθρώποις. (9)
Αἰγιεῦσι δὲ Ἀθηνᾶς τε ναὸς καὶ Ἥρας ἐστὶν ἄλσος. Ἀθηνᾶς μὲν δὴ δύο
ἀγάλματα λευκοῦ λίθου· τῆς δὲ Ἥρας τὸ ἄγαλμα ὅτι μὴ γυναιξίν, ἣ ἂν
τὴν ἱερωσύνην ἔχῃ, ἄλλῳ γε δὴ οὐδενὶ ἔστι θεάσασθαι. Διονύσου δὲ
πρὸς τῷ θεάτρῳ πεποίηταί σφισιν ἱερὸν καὶ ἄγαλμα, οὐκ ἔχων πω
γένεια. Ἔστι δὲ καὶ Διὸς ἐπίκλησιν Σωτῆρος ἐν τῇ ἀγορᾷ τέμενος καὶ
ἀγάλματα ἐσελθόντων ἐν ἀριστερᾷ, χαλκοῦ μὲν ἀμφότερα, τὸ δὲ οὐκ ἔχον
πω γένεια ἐφαίνετο ἀρχαιότερον εἶναί μοι. (10) Ἐν δὲ οἰκήματι
κατευθὺ τῆς ὁδοῦ, χαλκοῦ καὶ ταῦτα, ἔστι μὲν Ποσειδῶν καὶ Ἡρακλῆς,
ἐστι δὲ Ζεύς τε καὶ Ἀθηνᾶ· θεοὺς δὲ σφᾶς καλοῦσιν ἐξ Ἄργους, ὡς μὲν
ὁ Ἀργείων ἔχει λόγος, ὅτι ἐποιήθησαν ἐν τῇ πόλει τῇ Ἀργείων, ὡς δὲ
αὐτοὶ λέγουσιν οἱ Αἰγιεῖς, παρακαταθήκη σφίσιν ὑπὸ Ἀργείων ἐδόθη τὰ
ἀγάλματα. (11) Καὶ αὐτοῖς καὶ τάδε ἔτι προσταχθῆναί φασιν, ἑκάστῃ
τοῖς ἀγάλμασιν ἡμέρᾳ θύειν· αὐτοὶ δὲ σόφισμα εὑρόντες θύειν μὲν
πλεῖστα ὅσα, κατευωχουμένοις δὲ τὰ ἱερεῖα ἐν κοινῷ ἀνάλωμα οὐδὲν ἐς
αὐτὰ γίνεσθαι· τέλος δὲ ἀπαιτεῖσθαι ὑπὸ τῶν Ἀργείων καὶ αὐτοὺς τὰ ἐς
τὰς θυσίας ἀναλούμενα ἀπαιτεῖν· τοὺς δὲ - οὐ γὰρ ἔχειν ἐκτῖσαι -
καταλιπεῖν σφισιν αὐτοὺς τὰ ἀγάλματα. |
CHAPITRE XXIV.
Monuments d'Égium. Statues de Jupiter Homagyrius et
de Cérès Panachéenne. Conseil des Achéens à Égium. Ville d'Hélice
et Neptune Héliconien. Destruction d'Hélice. Signes qui précèdent
les tremblements de terre. Différentes idées sur ces phénomènes.
Destruction de Sipyle.
1.
Il y a à Égium, vers la place
publique, un temple érigé à Apollon et à Diane en commun ; il y a
aussi dans la place même, un temple de Diane où elle est représentée
tirant de l'arc; on y voit encore le tombeau du hérault Talthybius;
on lui a érigé aussi un autre monument à Sparte, et ces deux villes
lui offrent des sacrifices funèbres. 2. Il
y a à Égium, vers la mer, quatre temples, l'un à Vénus, l'autre à
Neptune, le troisième à la fille de Cérès, et le quatrième à Jupiter
Homagyrius; on voit dans ce dernier les statues de Jupiter, de Vénus
et de Minerve. Ce Jupiter a pris le surnom d'Homagyrius, parce que
c'est dans cet endroit qu'Agamemnon rassembla les principaux des
Grecs, pour tenir conseil avec eux sur la manière dont il fallait
s'y prendre pour aller porter la guerre dans les états de Priam. On
peut louer Agamemnon entre autres choses, sur ce qu'il vint à bout
de prendre Troie et les villes des environs, seulement avec les
troupes qui l'avaient suivi lors son départ, et sans recevoir depuis
aucun secours. 3. Après le temple de Jupiter Homagyrius est celui de
Cérès Panachéenne. Il y a sur le rivage où les Égiens ont tous ces
temples, une fontaine très abondante, très agréable à voir, et dont
l'eau est excellente à boire. Les Égiens ont aussi un temple de la
déesse Sotéria; il n'y a que les prêtres qui puissent voir sa
statue. Entre autres cérémonies qu'on y fait, se trouve la suivante
: on prend auprès de la déesse des gâteaux faits à la manière du
pays, on les jette dans la mer, et on dit qu'on les envoyé à
Aréthuse, fontaine de Syracuse. 4. Les Égiens ont d'autres statues
en bronze: savoir, un Jupiter encore enfant, et un Hercule imberbe ;
elles sont toutes les deux d'Agéladas d'Argos. On leur choisit tous
les ans des prêtres, et chaque statue reste toute l'année dans la
maison de celui qui a été nommé. Dans des temps plus reculés on
choisissait pour prêtre de Jupiter celui des jeunes garçons qui
avait remporté le prix de la beauté; lorsque la barbe commençait à
lui pousser, celte charge passait à un autre qu'on choisissait de
même : tel était alors l'usage. C'est à Égium que se rassemble
encore maintenant le Conseil suprême des Achéens, comme les
Amphictyons se réunissent à Delphes et aux Thermopyles. 5. En
laissant Égium et en allant plus avant, vous trouvez le fleuve
Sélinus, et quarante stades plus loin qu'Égium, sur les bords de la
mer, l'endroit nommé Hélice. Il y avait là autrefois une ville de ce
nom, et le temple de Neptune Héliconien, pour lequel les Ioniens
avaient la plus grande vénération. Lorsque chassés par les Achéens,
ils se retirèrent à Athènes, et que dans la suite ils passèrent delà
sur les côtes de l'Asie, ils ne cessèrent pas de révérer Neptune
Héiiconien; ce dieu a un autel à Milet devant la ville, sur le
chemin qui conduit à la fontaine de Biblis. Il y a aussi à Téos une
enceinte et un autel dédiés à Neptune Héliconien, et qui méritent
qu'on les voie. 6. Homère a aussi parlé dans ses vers d'Hélice et de
Neptune Héliconien. Dans la suite, les Achéens de cette contrée
ayant arraché du temple de ce dieu des gens qui s'y étaient réfugiés
en qualité de suppliants, et les ayant fait mourir, la colère de
Neptune ne tarda pas à se manifester; car un tremblement de terre se
fit sentir sur-le-champ dans le pays, et fit disparaître non
seulement les édifices, mais encore le sol de la ville, de sorte
qu'il n'en resta plus de vestiges. 7. Les dieux ont coutume de
prédire toujours à peu près de la même manière, les tremblements de
terre les plus considérables et qui se font sentir dans une très
grande étendue de pays; ils sont en effet précédés, ou par des
pluies continuelles, ou par des sécheresses de longue durée; la
température de l'air ne se trouve point en rapport avec la saison ;
l'hiver est plus chaud, et pendant l'été le soleil ne se fait voir
qu'à travers un brouillard, ou plutôt uni cercle qui l'environne,
change sa couleur, en le faisant paraître, ou plus rouge qu'à
l'ordinaire, ou comme tirant sur le noir; 8. les sources perdent
pour la plupart leurs eaux, et il s'élève des tourbillons de vent
qui déracinent les arbres. Quelquefois on voit dans le ciel des feux
qui le parcourent en laissant des sillons enflammés; des étoiles
d'une forme nouvelle, et inconnues auparavant, apparaissent et
remplissent d'effroi ceux qui les voient, et les vents font entendre
leurs mugissements dans les entrailles de la terre. 9. C'est par ces
signes et par beaucoup d'autres que les dieux annoncent d'avance les
violents tremblements de terre; quant à la commotion elle-même, elle
ne se fait pas toujours sentir de la même manière; voici les
différentes espèces de tremblements de terre qui ont été remarquées
par ceux qui ont les premiers observé ces phénomènes, et par ceux à
qui ils ont transmis leurs observations. 10. Le plus léger de tous,
s'il y a rien de léger dans une aussi grande calamité, est celui où
après la première secousse qui a fait pencher vers la terre les
édifices, il en survient une contraire qui les redresse; il n'est
pas rare dans un pareil tremblement de terre de voir des colonnes
qui étaient presque entièrement renversées se relever ; des parties
de murs qui avaient été désunies se rejoindre comme elles l'étaient
auparavant ; et les poutres que la première secousse avait
déplacées, rentrer de nouveau dans leur place ; il en est de même
des tuyaux et des autres conduits pour les eaux, les parties qui
avaient été séparées se rejoignent et se lient mieux d'elles-mêmes
que par l'art des hommes. Les tremblements de terre de la seconde
espèce détruisent tout ce qui y est exposé, et là où ils exercent
leurs ravages, ils renversent les édifices comme les renverseraient
les machines qu'on emploie pour les sièges. 11. Mais les plus
désastreux de tous les tremblements de terre sont ceux qu'on peut
volontiers comparer à l'effet que produisent les vents renfermés
dans le corps de l'homme, lorsqu'ils sont poussés en haut avec force
par une fièvre violente ; ils cherchent à s'ouvrir une issue par
toutes les parties du corps, et principalement par les mains,
au-dessous de chaque poignet; c'est ainsi que ces tremblements de
terre soulèvent les fondements des maisons, de la même manière que
les taupes soulèvent la terre ; ils sont les seuls qui ne laissent
aucun vestige des édifices qui existaient auparavant. 12. Ce fut par
un tremblement de terre de cette espèce qu'Hélice fut détruite de
fond en comble : à ce malheur s'en joignit, à ce qu'on dit, un autre
qui survint dans l'hiver ; la mer couvrit la plus grande partie du
pays, entoura Hélice tout entière, et s'éleva tellement qu'on ne
voit plus que le sommet des arbres du bois consacré à Neptune. La
terre s'étant mise à trembler de nouveau, et la mer joignant à cela
ses ravages, Hélice avec tous ses habitants fut ensevelie sous les
flots. 13. Un événement différent, quoique semblable par ses
résultats, fit disparaître dans un gouffre qui s'ouvrit, Idéa, ville
sur le mont Sipyle. Lorsqu'elle eut été engloutie, des eaux
sortirent de la montagne, et le gouffre devint un lac qu'on nomme
Saloé; on voyait encore les ruines de cette ville dans le lac avant
que l'eau du torrent les eut tout à fait cachées. On voit
aussi à Hélice quelques ruines, mais elles paraissent peu, étant
détériorées par les eaux de la mer. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΔ.
Μνημεῖα ἐν Αἰγίῳ. Ὁμαγυρίου Διὸς καὶ Παναχαῖας
Δήμητρος ἀγάλματα. Ἀχαιῶν ἐν Αἰγίῳ συνέδριον. Ῥλίκη πόλις καὶ
Ποσειδῶν Ἑλικόνιος. Ἑλίκης καταστροφή. Πρὸ τῶν σεισμων σημαῖα.
Σεισμῶν ποικίλαι ἰδέαι. Σιπύλου ἀφανισμός.
Αἰγιεῦσι δὲ ἔστι μὲν πρὸς τῇ
ἀγορᾷ ναὸς Ἀπόλλωνι καὶ Ἀρτέμιδι ἐν κοινῷ, ἔστι δὲ ἐν τῇ ἀγορᾷ ἱερὸν
Ἀρτέμιδος, τοξευούσῃ δὲ εἴκασται, καὶ Ταλθυβίου τοῦ κήρυκος τάφος·
κέχωσται δὲ τῷ Ταλθυβίῳ καὶ ἄλλο μνῆμα ἐν Σπάρτῃ, καὶ αὐτῷ αἱ πόλεις
ἐναγίζουσιν ἀμφότεραι. (2) Πρὸς θαλάσσῃ δὲ Ἀφροδίτης ἱερὸν ἐν Αἰγίῳ
καὶ μετ´ αὐτὸ Ποσειδῶνος, Κόρης τε πεποίηται τῆς Δήμητρος καὶ
τέταρτον Ὁμαγυρίῳ Διί. Ἐνταῦθα Διὸς καὶ Ἀφροδίτης ἐστὶ καὶ Ἀθηνᾶς
ἀγάλματα· Ὁμαγύριος δὲ ἐγένετο τῷ Διὶ ἐπίκλησις, ὅτι Ἀγαμέμνων
ἤθροισεν ἐς τοῦτο τὸ χωρίον τοὺς λόγου μάλιστα ἐν τῇ Ἑλλάδι ἀξίους,
μεθέξοντας ἐν κοινῷ βουλῆς καθ´ ὅντινα χρὴ τρόπον ἐπὶ ἀρχὴν τὴν
Πριάμου στρατεύεσθαι. Ἀγαμέμνονι δὲ καὶ ἄλλα ἐστὶν ἐς ἔπαινον καὶ
ὅτι τοῖς ἐξ ἀρχῆς ἀκολουθήσασι καὶ οὐδεμιᾶς ἐπελθούσης ὕστερον
στρατιᾶς τήν τε Ἴλιον ἐπόρθησε καὶ ὅσαι περίοικοι πόλεις ἦσαν. (3)
Ἐφεξῆς δὲ τῷ Ὁμαγυρίῳ Διὶ Παναχαιᾶς ἐστι Δήμητρος. Παρέχεται δὲ ὁ
αἰγιαλός, ἐν ᾧ καὶ τὰ ἱερὰ Αἰγιεῦσίν ἐστι τὰ εἰρημένα, ὕδωρ ἄφθονον
θεάσασθαί τε καὶ πιεῖν ἐκ πηγῆς ἡδύ. Ἔστι δέ σφισι καὶ Σωτηρίας
ἱερόν. Ἰδεῖν μὲν δὴ τὸ ἄγαλμα οὐδενὶ πλὴν τῶν ἱερωμένων ἔστι, δρῶσι
δὲ ἄλλα τοιαῦτα· λαμβάνοντες παρὰ τῆς θεοῦ πέμματα ἐπιχώρια ἀφιᾶσιν
ἐς θάλασσαν, πέμπειν δὲ τῇ ἐν Συρακούσαις Ἀρεθούσῃ φασὶν αὐτά. (4)
Ἔστι δὲ καὶ ἄλλα Αἰγιεῦσιν ἀγάλματα χαλκοῦ πεποιημένα, Ζεύς τε
ἡλικίαν παῖς καὶ Ἡρακλῆς, οὐδὲ οὗτος ἔχων πω γένεια, Ἀγελάδα τέχνη
τοῦ Ἀργείου. Τούτοις κατὰ ἔτος ἱερεῖς αἱρετοὶ γίνονται, καὶ ἑκάτερα
τῶν ἀγαλμάτων ἐπὶ ταῖς οἰκίαις μένει τοῦ ἱερωμένου. Τὰ δὲ ἔτι
παλαιότερα προεκέκριτο ἐκ τῶν παίδων ἱερᾶσθαι τῷ Διὶ ὁ νικῶν κάλλει·
ἀρχομένων δὲ αὐτῷ γενείων ἐς ἄλλον παῖδα ἡ ἐπὶ τῷ κάλλει μετῄει
τιμή. Ταῦτα μὲν οὕτως ἐνομίζετο· ἐς δὲ Αἴγιον καὶ ἐφ´ ἡμῶν ἔτι
συνέδριον τὸ Ἀχαιῶν ἀθροίζεται, καθότι ἐς Θερμοπύλας τε καὶ ἐς
Δελφοὺς οἱ Ἀμφικτύονες. (5) Ἰόντι δὲ ἐς τὸ πρόσω Σελινοῦς τε ποταμὸς
καὶ ἀπωτέρω τεσσαράκοντα Αἰγίου σταδίοις ἐπὶ θαλάσσῃ χωρίον ἐστὶν
Ἑλίκη. Ἐνταῦθα ᾤκητο Ἑλίκη πόλις καὶ Ἴωσιν ἱερὸν ἁγιώτατον
Ποσειδῶνος ἦν Ἑλικωνίου. Διαμεμένηκε δέ σφισι, καὶ ὡς ὑπὸ Ἀχαιῶν
ἐκπεσόντες ἐς Ἀθήνας καὶ ὕστερον ἐξ Ἀθηνῶν ἐς τὰ παραθαλάσσια
ἀφίκοντο τῆς Ἀσίας, σέβεσθαι Ποσειδῶνα Ἑλικώνιον· καὶ Μιλησίοις τε
ἰόντι ἐπὶ τὴν πηγὴν τὴν Βιβλίδα Ποσειδῶνος πρὸ τῆς πόλεώς ἐστιν
Ἑλικωνίου βωμὸς καὶ ὡσαύτως ἐν Τέῳ περίβολός τε καὶ βωμός ἐστι τῷ
Ἑλικωνίῳ θέας ἄξιος. (6) Ἔστι δὲ καὶ Ὁμήρῳ πεποιημένα ἐς Ἑλίκην καὶ
τὸν Ἑλικώνιον Ποσειδῶνα. Χρόνῳ δὲ ὕστερον Ἀχαιοῖς τοῖς ἐνταῦθα,
ἱκέτας ἄνδρας ἀποστήσασιν ἐκ τοῦ ἱεροῦ καὶ ἀποκτείνασιν, οὐκ
ἐμέλλησε τὸ μήνιμα ἐκ τοῦ Ποσειδῶνος, ἀλλὰ σεισμὸς ἐς τὴν χώραν
σφίσιν αὐτίκα κατασκήψας τῶν τε οἰκοδομημάτων τὴν κατασκευὴν καὶ
ὁμοῦ τῇ κατασκευῇ καὶ αὐτὸ τῆς πόλεως τὸ ἔδαφος ἀφανὲς ἐς τοὺς
ἔπειτα ἐποίησε. (7) Τὰ μὲν οὖν ἄλλα ἐπὶ τοῖς σεισμοῖς, ὅσοι μεγέθει
τε ὑπερήρκασι καὶ ἐπὶ μήκιστον διικνοῦνται τῆς γῆς, προσημαίνειν ὁ
θεὸς κατὰ τὰ αὐτὰ ὡς τὸ ἐπίπαν εἴωθεν - ἢ γὰρ ἐπομβρίαι συνεχεῖς ἢ
αὐχμοὶ πρὸ τῶν σεισμῶν συμβαίνουσιν ἐπὶ χρόνον πλείονα, καὶ ὁ ἀὴρ
παρὰ τὴν ἑκάστοτε τοῦ ἔτους ὥραν χειμῶνός τε γίνεται καυματωδέστερος
καὶ ἐν θέρει μετὰ ἀχλύος μᾶλλον ὁ κύκλος παρέχεται τοῦ ἡλίου τὴν
χρόαν παρὰ τὸ εἰωθὸς ἤτοι ἐς τὸ ἐρυθρότερον ἢ καὶ ἡσυχῇ ῥέπουσαν ἐς
τὸ μελάντερον· (8) τῶν τε ὑδάτων ὡς τὸ πολὺ ἐπιλείπουσιν αἱ πηγαί,
καὶ ἀνέμων ἔστιν οἷς ἐνέπεσον ἐς τὴν χώραν ἐμβολαὶ περιτρέπουσαι τὰ
δένδρα, καί που καὶ ἐν τῷ οὐρανῷ διαδρομαὶ σὺν πολλῇ τῇ φλογί, τὰ δὲ
καὶ ἀστέρων ὤφθη σχήματα οὔτε ἐγνωσμένα ὑπὸ τῶν πρότερον καὶ μεγάλην
τοῖς ὁρῶσιν ἐμποιοῦντα ἔκπληξιν, ἔτι δὲ καὶ τῆς γῆς κάτω πνευμάτων
ὑπήχησις ἰσχυρά, ἄλλα τε πολλὰ ὁ θεὸς ἐπὶ τοῖς βιαίοις τῶν σεισμῶν
ἐθέλει προενδείκνυσθαι·(9) - τῆς δὲ κινήσεως αὐτῆς καθέστηκεν οὐχ
εἷς τρόπος, ἀλλ´ οἱ φροντίσαντες τὰ τοιαῦτα ἐξ ἀρχῆς καὶ οἱ παρ´
ἐκείνων διδαχθέντες ἰδέας καταμαθεῖν ἐδυνήθησαν τοσάσδε ἐπὶ τοῖς
σεισμοῖς. Ἠπιώτατος μέν ἐστιν αὐτῶν, ἢν δὴ ἐν κακῷ γε τοσούτῳ
ῥᾳστώνην ἐνεῖναί τινα ἡγησώμεθα, ἐπειδὰν ὁμοῦ τῇ κινήσει τῇ ἀρξαμένῃ
τὸ πρῶτον καὶ τῇ ἐς τὸ ἔδαφος τροπῇ τῶν οἰκοδομημάτων ἀντιστᾶσα
ἐναντία κίνησις ἐξεγείρῃ τὰ ἤδη τραπέντα, - (10) καὶ ἐν τῇ τοιᾷδε
ἰδέᾳ τοῦ σεισμοῦ κίονας ὁρᾶν ἔστιν ἀνορθουμένους οἳ ὀλίγου ἐδέησαν
ἐς ἅπαν ἐκριφῆναι, καὶ ὁπόσα διέστη τοίχων συνερχόμενα ἐς τὸ ἐξ
ἀρχῆς· δοκοὶ δέ, ὅσας ἐκτὸς ὀλισθεῖν ἐποίησεν ἡ κίνησις, ἐπανίασιν
αὖθις ἐς τὰς ἕδρας· ὡσαύτως δὲ καὶ ὀχετῶν κατασκευῆς καὶ εἰ δή τι
ἄλλο ἐπὶ ὕδατος ῥοαῖς προάγει, καὶ τούτων συνδεῖ τὰ διεσπασμένα
μᾶλλον ἢ ἀνθρώπων τεκτόνων· - ὁ δὲ δὴ δεύτερος τῶν σεισμῶν ἀπώλειάν
τε τῶν ἑτοιμοτέρων φέρει καί, ἐφ´ ὅ τι ἂν βάλῃ τὴν ὁρμήν, ἀνέκλινεν
αὐτίκα τοῖς ἐς πολιορκίαν μηχανήμασιν ὁμοίως. (11) Τὸν δὲ αὐτῶν
ὀλεθριώτατον τοιῷδέ τινι ἐθέλουσιν εἰκάζειν, τὸ ἐντὸς τοῦ ἀνθρώπου
πνεῦμα εἰ συνεχεῖ πυρετῷ πυκνότερόν τε καὶ ὑπὸ πολλῆς ἄνω τῆς βίας
ὠθοῖτο· τοῦτο δὲ ἀλλαχοῦ τε τοῦ σώματος ἐπισημαίνει καὶ ἐν ταῖς
χερσὶν ὑπὸ ἑκάτερον μάλιστα τὸν καρπόν. Κατὰ ταὐτὰ οὖν καὶ τὸν
σεισμὸν {εἴτ´} εὐθὺ ὑποδύεσθαι τῶν οἰκοδομημάτων καὶ θεμέλια
ἀναπάλλειν φασὶν αὐτόν, καθότι καὶ τὰ ἔργα τῶν σφαλάκων ἐκ μυχοῦ τῆς
γῆς ἀναπέμπεται· μόνη τε ἡ τοιαύτη κίνησις οὐδὲ τοῦ οἰκισθῆναί ποτε
ὑπολείπει σημεῖα ἐν τῇ γῇ. (12) Τότε δὲ ἰδέαν μὲν ταύτην ἐπὶ τῇ
Ἑλίκῃ τοῦ σεισμοῦ τὴν ἐς τὸ ἔδαφος ἀνακινοῦσαν, σὺν δὲ αὐτῇ καὶ ἄλλο
πῆμα τοιόνδε οἱ ἐπιγενέσθαι φασὶν ὥρᾳ χειμῶνος. Ἐπῆλθε γάρ σφισιν
ἐπὶ πολὺ τῆς χώρας ἡ θάλασσα καὶ τὴν Ἑλίκην περιέλαβεν ἐν κύκλῳ
πᾶσαν· καὶ δὴ καὶ τὸ ἄλσος τοῦ Ποσειδῶνος ἐπὶ τοσοῦτον ἐπέσχεν ὁ
κλύδων ὡς τὰ ἄκρα τῶν δένδρων σύνοπτα εἶναι μόνον. Σείσαντος δὲ
ἐξαίφνης τοῦ θεοῦ καὶ ὁμοῦ τῷ σεισμῷ τῆς θαλάσσης ἀναδραμούσης,
καθείλκυσεν αὔτανδρον τὸ κῦμα τὴν Ἑλίκην. (13) Τοιοῦτό γε δὴ
κατέλαβεν, {καὶ} ἕτερον τὴν ἰδέαν, ἐν Σιπύλῳ πόλιν ἐς χάσμα
ἀφανισθῆναι· ἐξ ὅτου δὲ {ἡ ἰδέα} κατεάγη τοῦ ὄρους, ὕδωρ αὐτόθεν
ἐρρύη, καὶ λίμνη τε ὀνομαζομένη Σαλόη τὸ χάσμα ἐγένετο καὶ ἐρείπια
πόλεως δῆλα ἦν ἐν τῇ λίμνῃ, πρὶν ἢ τὸ ὕδωρ ἀπέκρυψεν αὐτὰ τοῦ
χειμάρρου. Σύνοπτα δὲ καὶ Ἑλίκης ἐστὶ τὰ ἐρείπια, οὐ μὴν ἔτι γε
ὁμοίως, ἅτε ὑπὸ τῆς ἅλμης λελυμασμένα. |
CHAPITRE XXV.
Suppliants. Ruine d'Hélice. Petite ville Cérynée et ses monuments.
Ville de Bura. Oracle d'Hercule Buraïque. Fleuve Crathis et ville
d'Éges. Géum, temple de la Terre.
1. JUPITER Hicésius montra à
l'occasion d'Hélice, comme il l'avait fait dans beaucoup d'autres,
que sa colère est implacable ; le dieu qui rend des oracles à Dodone
a recommandé aussi d'avoir les plus grands égards pour les
suppliants, et voici l'oracle que Jupiter de Dodone rendit aux
Athéniens, à peu près à l'époque du règne d'Aplhidas : Respectez
l'aréopage et les autels parfumés des Euménides ; les Lacédémoniens,
pressés par leurs ennemis, doivent un jour s'y réfugier et recourir
à votre protection ; n'employez pas le fer contre eux, il ne faut
pas maltraiter les suppliants, car ils sont sacrés et toujours purs.
2.
Cet oracle revint à la mémoire des
Grecs, lorsque les Péloponnésiens marchèrent contre Athènes, sous le
règne de Codrus, fils de Mélanthus ; le reste de leur armée
se retira de l'Attique lorsqu'ils eurent
appris la mort de Codrus, et comment elle était arrivée, ce qui,
d'après l'oracle qui leur avait été rendu à Delphes, leur ôtait
toute espérance de victoire. Mais quelques Lacédémoniens qui étaient
entrés dans la ville, s'y tinrent cachés durant la nuit. Lorsque le
jour fut venu, s'étant aperçu que les leurs s'étaient retirés, et
que les Athéniens se réunissaient pour venir les attaquer, ils se
réfugièrent dans l'Aréopage, et vers les autels des déesses nommées
Semné ou Sévères ; alors les Athéniens leur permirent de se retirer
sains et saufs. 3. A une époque postérieure, les magistrats
d'Athènes ayant fait mourir ceux qui, après s'être emparé de la
citadelle avec Cylon, s'étaient mis sous la protection de Minerve,
furent regardés, eux et leur postérité, comme souillés d'impiété
envers la déesse. Les Lacédémoniens aussi ayant tué ceux qui
s'étaient réfugiés à Ténare, dans le temple de Neptune, la ville ne
tarda pas à éprouver des secousses violentes de tremblement de
terre, qui renversèrent presque toutes les maisons de Lacédémone. 4.
Le désastre d'Hélice arriva sous l'Archontat d'Astéius à Athènes,
dans la quatrième année de la cent-unième olympiade, où Damon de
Thurium avait été couronné pour la première fois. Comme les
habitants d'Hélice avoient tous péri, les Égiens s'emparèrent de
leur territoire.
5. En quittant le rivage de la mer
après Hélice, et en prenant à droite, vous arrivez à une petite
ville nommée Cérynée ; elle est bâtie sur une montagne au-dessus du
grand chemin ; elle a pris son nom ou de quelque souverain du pays,
ou du fleuve Cérynites, qui a sa source dans le mont Cérynée, en
Arcadie, coule à travers l'Achaïe, et se jette dans la mer
auprès de cette ville. Les Mycéniens, après le malheur qu'ils
éprouvèrent dans l'Argolide, vinrent s'établir à Cérynée avec les
anciens habitants; les Argiens, en effet, n'avaient pas pu prendre
cette ville par force ouverte, 6. les murs en ayant été bâtis par
les Cyclopes, de même que ceux de Tirynthe ; mais le défaut de
vivres avait forcé les Mycéniens à l'abandonner. Quelques-uns
d'entre eux se retirèrent à Cléones; une autre partie, qui formait
plus de la moitié du peuple, se réfugia dans la Macédoine vers
Alexandre, celui que Mardonius, fils de Gobryas, avait chargé d'une
mission auprès des Athéniens; le reste alla s'établir à Cérynée, qui
devint plus puissante par cet accroissement du nombre de ses
habitants, et dans la suite bien plus célèbre à cause de la réunion
des habitants de Mycènes. 7. Il y a à Cérynée un temple des
Euménides, qui a été construit, à ce qu'on dit, par Oreste. Si
quelqu'un s'est souillé d'un meurtre, soit de quelque autre crime,
ou a commis quelque impiété, il ne peut y entrer sans éprouver, dès
les premiers regards qu'il y jette, une terreur qui lui trouble
l'esprit ; c'est pour cela que l'accès n'en est pas permis à tout le
inonde, et qu'on n'y entre pas de prime abord. Les statues des
déesses sont en bois et ne sont pas grandes. Il y a vers l'entrée du
temple des statues de femmes en marbre et très bien exécutées; les
gens du pays disent que ces femmes ont été prêtresses des Euménides.
8. En retournant de Cérynée sur le grand chemin, vous vous détournez
de nouveau un peu plus loin pour aller à Bura; cette ville, à droite
de la mer, est aussi sur une montagne. Son nom lui vient, à ce qu'on
dit, d'une femme nommée Bura, fille d'Ion, fils de Xuthus et
d'Hélice. Lorsque les dieux firent disparaître la ville d'Hélice,
Bura éprouva des secousses de tremblement de terre si violentes, que
même les anciennes statues des dieux ne restèrent pas dans les
temples. 9. Quant aux habitants, il ne survécut que ceux qui étaient
absents, soit à cause de la guerre, soit par quelque autre raison,
et ils fondèrent Bura une seconde fois. On y voit un temple de
Cérés, un temple commun à Vénus et à Bacchus, et un temple
d'Ilithye. Toutes les statues de ces divinités sont en marbre
Pentélique, elles sont l'ouvrage d'Euclide, Athénien ; celle de
Cérès est revêtue d'une robe. On y voit aussi un temple d'Isis. 10.
En descendant de Bura vers la mer, vous trouvez le fleuve Buraïcus
et une caverne où il y a une petite statue d'Hercule qui est aussi
surnommé Buraïcus. Il y a dans cette caverne un oracle qui fait
connaître l'avenir par le moyen d'un tableau et de dés. Celui qui
veut le consulter, adresse d'abord des prières à la statue, il prend
ensuite des dés, qui sont toujours en très grand nombre devant cette
statue, il en jette quatre sur la table, et va chercher
l'explication du coup sur le tableau, où tous les différents coups
de dés sont représentés, avec l'explication de ce qu'ils prédisent.
11. Cette caverne est à environ trente stades d'Hélice par le chemin
le plus court. En avançant un peu vous trouvez dans la mer
l'embouchure d'un fleuve qui ne tarit jamais. Il descend d'une
montagne de l'Arcadie, et porte comme elle le nom de Crathis ; c'est
aussi de cette montagne qu'a pris son nom le fleuve Crathis, qui
coule auprès de Crotone en Italie. 12. Il y avait autrefois auprès
de celui qui arrose l'Achaïe une ville nommée Éges, que ses
habitants abandonnèrent dans la suite, à ce qu'on dit, à cause de sa
faiblesse ; Homère en parle dans le discours de Junon à Neptune :
Ceux qui te font des offrandes à Hélice et à Éges. Ce qui
prouve que Neptune recevait le même culte dans ces deux villes. 13.
A peu de distance du Crathis, vous voyez à droite du chemin un
tombeau sur lequel est peint un homme à cheval ; la peinture est
presque effacée. Le- Ghéum est à environ trente stades de chemin de
ce tombeau; on donne ce nom à un temple de Ghé (la Terre) surnommée
Eurysternos (au large sein) ; sa statue est en bois et de la
plus haute antiquité. La femme qu'on lui choisit pour prêtresse doit
vivre chaste tout le reste de ses jours, et il ne faut pas qu'elle
ait auparavant eu commerce avec plus d'un homme ; on l'éprouve en
lui faisant boire du sang de taureau; et celle qui aurait voulu
tromper, en serait punie sur-le-champ par l'effet de ce breuvage ;
si plusieurs femmes se trouvent avoir les mêmes droits au sacerdoce,
on choisit entre elles par la voie du sort. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΕ'.
Ἰκετῶν παραδείγματα. Ἑλίκης ἀπώλεια. Κερύνεια
πόλισμα, καὶ τὰ ἐν αὐτῷ μνημεῖα. Βούρα πόλις. Βουραϊκοῦ
Ἡρακλέους μαντεῖον. Κράθις ποταμὸς καὶ Αἰγαὶ πόλις. Γαῖος, Γῆς
ἱερόν.
(1) τὸ δὲ τοῦ Ἱκεσίου μήνιμα
πάρεστι μὲν τοῖς ἐς τὴν Ἑλίκην, πάρεστι δὲ καὶ ἄλλοις διδαχθῆναι
πολλοῖς ὡς ἔστιν ἀπαραίτητον· φαίνεται δὲ καὶ ὁ θεὸς παραινῶν ὁ ἐν
Δωδώνῃ νέμειν ἐς ἱκέτας αἰδῶ. Ἀθηναίοις γὰρ ἐπὶ ἡλικίας μάλιστα τῆς
Ἀφείδαντος ἀφίκετο παρὰ τοῦ ἐν Δωδώνῃ Διὸς τὰ ἔπη τάδε·
Φράζεο δ´ Ἄρειόν τε πάγον βωμούς τε θυώδεις
Εὐμενίδων, ὅθι χρὴ Λακεδαιμονίους σ´ ἱκετεῦσαι
δουρὶ πιεζομένους. τοὺς μὴ σὺ κτεῖνε σιδήρῳ,
μηδ´ ἱκέτας ἀδικεῖν· ἱκέται δ´ ἱεροί τε καὶ ἁγνοί.
(2) Ταῦτα Ἕλλησιν ἦλθεν ἐς μνήμην, ὅτε
ἀφίκοντο ἐπὶ Ἀθήνας Πελοποννήσιοι, τότε Κόδρου τοῖς Ἀθηναίοις τοῦ
Μελάνθου βασιλεύοντος. Ὁ μὲν δὴ ἄλλος στρατὸς τῶν Πελοποννησίων
ἀπεχώρησεν ἐκ τῆς Ἀττικῆς, ἐπειδὴ ἐπύθοντο τοῦ Κόδρου τὴν τελευτὴν
καὶ ὅντινα ἐγένετο αὐτῷ τρόπον· οὐ γὰρ εἶναι νίκην ἔτι σφίσι κατὰ τὸ
ἐκ Δελφῶν μάντευμα ἤλπιζον· Λακεδαιμονίων δὲ ἄνδρες γενόμενοι μὲν
ἐντὸς τείχους λανθάνουσιν ἐν τῇ νυκτί, ἅμα δὲ ἡμέρᾳ τούς τε ἑαυτῶν
ἀπεληλυθότας αἰσθάνονται καὶ ἀθροιζομένων ἐπ´ αὐτοὺς τῶν Ἀθηναίων
καταφεύγουσιν ἐς τὸν Ἄρειον πάγον καὶ ἐπὶ τῶν θεῶν αἳ Σεμναὶ
καλοῦνται τοὺς βωμούς. (3) Ἀθηναῖοι δὲ τότε μὲν διδόασι τοῖς ἱκέταις
ἀπελθεῖν ἀζημίοις, χρόνῳ δὲ ὕστερον αὐτοὶ οἱ ἔχοντες τὰς ἀρχὰς
διέφθειραν τῆς Ἀθηνᾶς ἱκέτας τῶν Κύλωνι ὁμοῦ τὴν ἀκρόπολιν
κατειληφότων· καὶ αὐτοί τε οἱ ἀποκτείναντες ἐνομίσθησαν καὶ οἱ ἐξ
ἐκείνων ἐναγεῖς τῆς θεοῦ. Λακεδαιμονίοις δέ, ἀποκτείνασι καὶ τούτοις
ἄνδρας ἐς τὸ ἱερὸν καταπεφευγότας τὸ ἐπὶ Ταινάρῳ τοῦ Ποσειδῶνος, οὐ
μετὰ πολὺ ἐσείσθη σφίσιν ἡ πόλις συνεχεῖ τε ὁμοῦ καὶ ἰσχυρῷ τῷ
σεισμῷ, ὥστε οἰκίαν μηδεμίαν τῶν ἐν Λακεδαίμονι ἀντισχεῖν. (4)
Ἐγένετο δὲ τῆς Ἑλίκης ἀπώλεια Ἀστείου μὲν Ἀθήνῃσιν ἔτι ἄρχοντος,
τετάρτῳ δὲ ἔτει τῆς πρώτης ὀλυμπιάδος ἐπὶ ταῖς ἑκατόν, ἣν Δάμων
Θούριος ἐνίκα τὸ πρῶτον. Ἑλικαέων δὲ οὐκέτι ὄντων νέμονται τὴν χώραν
οἱ Αἰγιεῖς.
(5) Μετὰ δὲ Ἑλίκην ἀποτραπήσῃ τε ἀπὸ
θαλάσσης ἐς δεξιὰν καὶ ἥξεις ἐς πόλισμα Κερύνειαν· ᾤκισται δὲ ὑπὲρ
τὴν λεωφόρον ἐν ὄρει, καί οἱ τὸ ὄνομα ἢ δυνάστης ἐπιχώριος ἢ ὁ
Κερυνίτης ποταμὸς πεποίηκεν, ὃς ἐξ Ἀρκαδίας καὶ ὄρους Κερυνείας ῥέων
Ἀχαιοὺς τοὺς ταύτῃ παρέξεισι. Παρὰ τούτους σύνοικοι Μυκηναῖοι κατὰ
συμφορὰν ἀφίκοντο ἐκ τῆς Ἀργολίδος. Μυκηναίοις {μὲν} γὰρ τὸ μὲν
τεῖχος ἁλῶναι κατὰ τὸ ἰσχυρὸν οὐκ ἐδύνατο ὑπὸ Ἀργείων, (6)
ἐτετείχιστο γὰρ κατὰ ταὐτὰ τῷ ἐν Τίρυνθι ὑπὸ τῶν Κυκλώπων
καλουμένων, κατὰ ἀνάγκην δὲ ἐκλείπουσι Μυκηναῖοι τὴν πόλιν
ἐπιλειπόντων σφᾶς τῶν σιτίων, καὶ ἄλλοι μέν τινες ἐς Κλεωνὰς
ἀποχωροῦσιν ἐξ αὐτῶν, τοῦ δήμου δὲ πλέον μὲν ἥμισυ ἐς Μακεδονίαν
καταφεύγουσι παρὰ Ἀλέξανδρον, ᾧ Μαρδόνιος ὁ Γωβρύου τὴν ἀγγελίαν
ἐπίστευσεν ἐς Ἀθηναίους ἀπαγγεῖλαι· ὁ δὲ ἄλλος δῆμος ἀφίκοντο ἐς τὴν
Κερύνειαν, καὶ δυνατωτέρα τε ἡ Κερύνεια οἰκητόρων πλήθει καὶ ἐς τὸ
ἔπειτα ἐγένετο ἐπιφανεστέρα διὰ τὴν συνοίκησιν τῶν Μυκηναίων. (7) Ἐν
Κερυνείᾳ δὲ ἱερόν ἐστιν Εὐμενίδων· ἱδρύσασθαι δὲ αὐτὸ Ὀρέστην
λέγουσιν. Ὃς δ´ ἂν ἐνταῦθα ἢ αἵματι ἢ ἄλλῳ τῳ μιάσματι ἔνοχος ἢ καὶ
ἀσεβὴς ἐσέλθῃ θέλων θεάσασθαι, αὐτίκα λέγεται δείμασιν ἐκτὸς τῶν
φρενῶν γίνεσθαι· καὶ τοῦδε ἕνεκα οὐ τοῖς πᾶσιν ἡ ἔσοδος οὐδὲ ἐξ
ἐπιδρομῆς ἐστι. Τοῖς μὲν δὴ ἀγάλμασι ξύλων εἰργασμένοις - - -
μέγεθός εἰσιν οὐ μεγάλοι, κατὰ δὲ τὴν ἔσοδον ἐς τὸ ἱερὸν γυναικῶν
εἰκόνες λίθου τέ εἰσιν εἰργασμέναι καὶ ἔχουσαι τέχνης εὖ· ἐλέγοντο
δὲ ὑπὸ τῶν ἐπιχωρίων ἱέρειαι ταῖς Εὐμενίσιν αἱ γυναῖκες γενέσθαι.
(8) Ἐκ Κερυνείας δὲ ἐπανελθόντι ἐς τὴν λεωφόρον καὶ ὁδεύσαντι οὐκ
ἐπὶ πολὺ δεύτερα ἔστιν ἐς Βοῦραν ἀποτραπέσθαι· θαλάσσης δὲ ἐν δεξιᾷ
{καὶ} ἡ Βοῦρα ἐν ὄρει κεῖται. Τεθῆναι δέ φασι τῇ πόλει τὸ ὄνομα ἀπὸ
γυναικὸς Βούρας, θυγατέρα δ´ αὐτὴν Ἴωνος τοῦ Ξούθου καὶ Ἑλίκης
εἶναι. Ὅτε δὲ Ἑλίκην ἐποίησεν ἄδηλον ἐξ ἀνθρώπων ὁ θεός, τότε καὶ
τὴν Βοῦραν σεισμὸς ἐπέλαβεν ἰσχυρός, ὡς μηδὲ τὰ ἀγάλματα ἐν τοῖς
ἱεροῖς ὑπολειφθῆναι τὰ ἀρχαῖα. (9) Ὁπόσοι δὲ τηνικαῦτα ἀποδημοῦντες
ἢ στρατείας ἕνεκα ἔτυχον ἢ κατὰ πρόφασιν ἀλλοίαν, μόνοι τε οὗτοι
Βουρέων ἐλείφθησαν καὶ αὐτοὶ τῆς Βούρας ἐγένοντο οἰκισταί. Ναὸς
ἐνταῦθα Δήμητρος, ὁ δὲ Ἀφροδίτης Διονύσου τέ ἐστι, καὶ ἄλλος
Εἰλειθυίας· λίθου τοῦ Πεντελησίου τὰ ἀγάλματα, Ἀθηναίου δὲ ἔργα
Εὐκλείδου· καὶ τῇ Δήμητρί ἐστιν ἐσθής. Πεποίηται δὲ καὶ Ἴσιδι ἱερόν.
(10) Καταβάντων δὲ ἐκ Βούρας ὡς ἐπὶ θάλασσαν ποταμός τε Βουραϊκὸς
ὀνομαζόμενος καὶ Ἡρακλῆς οὐ μέγας ἐστὶν ἐν σπηλαίῳ· ἐπίκλησις μὲν
καὶ τούτου Βουραϊκός, μαντείας δὲ ἐπὶ πίνακί τε καὶ ἀστραγάλοις ἔστι
λαβεῖν. Εὔχεται μὲν γὰρ πρὸ τοῦ ἀγάλματος ὁ τῷ θεῷ χρώμενος, ἐπὶ δὲ
τῇ εὐχῇ λαβὼν ἀστραγάλους - οἱ δὲ ἄφθονοι παρὰ τῷ Ἡρακλεῖ κεῖνται -
τέσσαρας ἀφίησιν ἐπὶ τῆς τραπέζης· ἐπὶ δὲ παντὶ ἀστραγάλου σχήματι
γεγραμμένα ἐν πίνακι ἐπίτηδες ἐξήγησιν ἔχει τοῦ σχήματος. (11)
Σταδίων ἐπὶ τὸν Ἡρακλέα ὡς τριάκοντα ἐξ Ἑλίκης ὁδὸς ἡ εὐθεῖά ἐστι.
Προελθόντι δὲ ἀπὸ τοῦ Ἡρακλέους ποταμὸς ἐς θάλασσαν ἐκδίδωσιν ἀέναος
ἐξ ὄρους Ἀρκαδικοῦ κατερχόμενος, ὄνομα δὲ αὐτῷ τε {καὶ} τῷ ποταμῷ
Κρᾶθις καὶ ἔνθα αἱ πηγαὶ τοῦ ποταμοῦ τῷ ὄρει· ἀπὸ ταύτης τῆς
Κράθιδος καὶ πρὸς Κρότωνι τῇ ἐν Ἰταλίᾳ ποταμὸς ὄνομα ἔσχηκε. (12)
Πρὸς δὲ τῇ Ἀχαϊκῇ Κράθιδι Ἀχαιῶν ποτε ᾠκεῖτο Αἰγαὶ πόλις·
ἐκλειφθῆναι δὲ αὐτὴν ἀνὰ χρόνον ὑπὸ ἀσθενείας λέγουσι. Τούτων δὲ καὶ
Ὅμηρος τῶν Αἰγῶν ἐν Ἥρας λόγοις ἐποιήσατο μνήμην,
Οἱ δέ τοι εἰς Ἑλίκην τε καὶ Αἰγὰς δῶρ´ ἀνάγουσι,
δῆλον ὡς γέρα τοῦ Ποσειδῶνος ἐπ´ ἴσης
ἔν τε Ἑλίκῃ καὶ ἐν ταῖς Αἰγαῖς ἔχοντος. (13) Οὐ πολὺ δὲ ἀπωτέρω
Κράθιδος σῆμά τε ἐν δεξιᾷ τῆς ὁδοῦ καὶ ἄνδρα εὑρήσεις ἐπὶ τῷ μνήματι
ἵππῳ παρεστῶτα, ἀμυδρὰν γραφήν. Ὁδὸς δὲ ἀπὸ τοῦ τάφου σταδίων ὅσον
τριάκοντα ἐπὶ τὸν καλούμενον Γαῖον· Γῆς δὲ ἱερόν ἐστιν ὁ Γαῖος
ἐπίκλησιν Εὐρυστέρνου, ξόανον δὲ τοῖς μάλιστα ὁμοίως ἐστὶν ἀρχαῖον.
Γυνὴ δὲ ἡ ἀεὶ τὴν ἱερωσύνην λαμβάνουσα ἁγιστεύει μὲν τὸ ἀπὸ τούτου,
οὐ μὴν οὐδὲ τὰ πρότερα ἔσται πλέον ἢ ἑνὸς ἀνδρὸς ἐς πεῖραν ἀφιγμένη.
Πίνουσαι δὲ αἷμα ταύρου δοκιμάζονται· ἣ δ´ ἂν αὐτῶν τύχῃ μὴ
ἀληθεύουσα, αὐτίκα ἐκ τούτου τὴν δίκην ἔσχεν. Ἢν δὲ ὑπὲρ τῆς
ἱερωσύνης ἀφίκωνται γυναῖκες ἐς ἀμφισβήτησιν πλέονες, ἡ τῷ κλήρῳ
λαχοῦσα προτετίμηται. |
CHAPΙΤRE XXVI.
Ville et port d'Αegira, jadis appelée Hypérésîe ; motif de ce
changement de nom. Temples et statues d'Αegira. Petite ville de
Phelloé et ses temples. Pellène, ville. Donuse, petite ville. Port
de Pellène.
1. IL y a soixante-douze stades de
chemin de la caverne d'Hercule Buraïcus au port d'Égira, qui porte
le même nom que la ville; ce port n'offre rien de remarquable.
Du port à la ville il y a douze stades de chemin. 2. Homère donne à
cette ville le nom d'Hypérésie; elle avait pris celui qu'elle porte
maintenant au temps qu'elle était encore habitée par les Ioniens;
voici à qu'elle occasion. Ils s'attendaient à être attaqués par une
armée de Sicyoniens, et comme ils ne se sentaient pas assez forts
pour se défendre, ils s'avisèrent de rassembler toutes les chèvres
qu'ils purent trouver dans le pays ; ils leur attachèrent des
torches aux cornes, et allumèrent ces torches lorsque la nuit fut un
peu avancée. 3. Les Sicyoniens croyant qu'il était arrivé du secours
aux Hypérésiens, et que ces feux étaient ceux qu'allumaient leurs
alliés, retournèrent dans leur pays, et les Hypérésiens changèrent
le nom de leur ville en celui d'Égira, du mot égôn,
chèvres. Dans la persuasion que c'était Diane qui leur avait inspiré
ce stratagème pour se défendre contre les Sicyoniens, ils lui
érigèrent un temple sous le nom de Diane Agrotéra, à l'endroit où
s'était reposée celle de ces chèvres qui était la plus belle,et qui
avait toujours marché à la tête des autres. 4. Le nom d'Égira ne
l'emporta cependant pas tout de suite sur celui d'Hypérésie, et cela
n'est pas étonnant, puisque encore maintenant quelques personnes
donnent l'ancien nom d'Hestiéa à Oréum, ville de l'Eubée. Vous
remarquerez à Égira, d'abord le temple de Jupiter, et sa statue en
marbre Pentélique, qui le représente assis ; elle est d'Euclide,
Athénien. 5. Il y a dans le même temple une statue de Minerve
debout, dont le visage, les pieds et les mains sont en ivoire, tout
le reste est en bois, orné de dorures et de différentes couleurs. Le
temple de Diane et sa statue sont des ouvrages de notre temps. C'est
une jeune fille qui en est prêtresse, jusqu'à ce qu'elle soit en âge
de se marier. Il y a aussi dans ce temple une très ancienne statue,
qui, à ce que disent les Égirates, représente Iphigénie, fille
d'Agamemnon; s'ils disent la vérité, il est évident que ce temple a
originairement été consacré à Iphigénie. 6. Il y a aussi à Égira un
temple d'Apollon qui est de la plus haute antiquité, ainsi que les
sculptures qu'on voit à ses frontons. La statue en bois de ce dieu
est aussi très ancienne, elle est très grande, et le représente tout
nu; aucun des gens du pays n'a su me dire de qui elle était, mais
quiconque a vu l'Hercule qui est à Sicyone, s'apercevra facilement
qu'elle est du même sculpteur, Lapliaès de Phlionte. 7. Il y a dans
ce temple une statue d'Esculape debout, et dans un autre endroit
celle de Sarapis et d'Isis; ces trois statues sont en marbre
Pentélique. Les Égirates révèrent plus particulièrement Vénus
Uranie, et il n'est pas permis aux hommes d'entrer dans son temple ;
quant à celle qu'on nomme la déesse Syrienne, on n'entre dans son
temple qu'à certains jours de l'année, après s'y être préparé par
différentes purifications, et entre autres par des jeûnes. J'ai vu
aussi à Égira un autre petit temple. 8. La statue qu'on y voit est
celle de la Fortune, qui tient la corne d'Amalthée ; l'Amour avec
des ailes est auprès d'elle. On a voulu donner à entendre qu'en
amour la fortune (le hasard ) fait plus que la beauté; je partage
l'opinion de Pindare sur beaucoup de choses, et entre autres sur ce
qu'il dit dans une de ses odes, que la Fortune est l'une des
Parques, et qu'elle est bien plus puissante que ses sœurs. 9. On
voit à Égira, dans le même temple, un bas-relief qui représente un
homme déjà vieux et qui semble pleurer, et trois femmes qui ôtent
leurs bracelets; il y a autant de jeunes gens, et l'un d'eux est
revêtu d'une cuirasse : les Achéens disent que ce dernier
était un guerrier d'Égira qui fut tué dans une guerre en combattant
avec la plus grande valeur ; ses frères viennent chez lui
annoncer sa mort, et c'est pour témoigner leur affliction que ses
sœurs ôtent leurs ornements. Les gens du pays donnent au père le nom
de Sympathès, parce qu'il a dans ce bas-relief l'air très affligé.
10. Le chemin direct du temple de Jupiter à Égira et à Phelloé est
d'environ quarante stades; il est tout entier à travers des
montagnes et fort escarpé. Phelloé est une petite ville peu célèbre,
qui n'était même déjà plus habitée lorsque les Ioniens avaient
encore le pays. Les environs de Phelloé sont très propres à la
culture de la vigne ; les endroits les plus pierreux sont plantés de
chênes et remplis de sangliers, de cerfs, et d'autres animaux
sauvages. 11. On peut mettre Phelloé au nombre des petites villes de
la Grèce les mieux pourvues d'eau. On y voit un temple de Bacchus et
un temple de Diane; la statue de celle-ci est en bronze, et elle
prend un trait dans son carquois ; celle de Bacchus est peinte en
vermillon. En descendant au port d'Égira, et en avançant de
nouveau, vous trouvez à droite du chemin le temple de Diane
Agrotéra, qui est bâti, à ce qu'on dit, à l'endroit où la chèvre se
reposa. 12. Les Pellenéens sont limitrophes des Égirates, et ils
sont les derniers des Achéens du côté de Sicyone et d'une portion de
l'Argolide. Leur ville a pris son nom, à ce qu'ils disent, de
Pallas, l'un des Titans; mais si l'on en croit les Argiens, elle a
été fondée par Pellen, Argien, fils, à ce qu'ils disent, de Phorbas,
fils de Triopas. 13. Il y avait entre cette ville et celle d'Égira
une petite ville nommée Donuse, qui était soumise aux Sicyoniens, et
qui a été détruite par eux. On prétend que c'est d'elle qu'Homère
parle dans son catalogue des vaisseaux, lorsqu'il dit : Ceux gui
habitent Hypérésie et I'escarpée Donusse ; et que
Pisistrate, lorsqu'il rassembla les vers d'Homère épars ça et là, et
dont beaucoup n'avaient été conservés que de mémoire, changea
lui-même ou laissa l'un de ceux qui travaillaient avec lui, changer
par ignorance le nom de Donusse en celui de Gonusse. 14. Les
Aristonautes sont le port des Pellenéens. D'Égira à ce port il y a
cent vingt stades de chemin le long de la mer, et il y en a soixante
de la ville de Pellène à son port. On lui a donné ce nom, à ce qu'on
dit, parce que les Argonautes y abordèrent. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚϚ'
Πόλις καὶ ἀπίνειον Αἰγειρατῶν, ἧς ὄνομα τὸ πάλαι
Ὑπερησία, καὶ νέου ὀνόματος αἰτία. Ναοί καὶ ἀγάλματα ἐν
Αἰγείρᾳ. Φελλόη πόλισμα καὶ τὰ ἐν αὐτῷ ἱερά. Πελλήνη πόλις καὶ
Δυνοῦσα πόλισμα. Πελλήνης ἐπίνειον.
(1) Ἐς δὲ τὸ ἐπίνειον τὸ Αἰγειρατῶν -
ὄνομα τὸ αὐτὸ ἥ τε πόλις καὶ τὸ ἐπίνειον ἔχει -, ἐς οὖν τὸ ἐπίνειον
Αἰγειρατῶν δύο καὶ ἑβδομήκοντα ἀπὸ τοῦ κατὰ τὴν ὁδὸν τὴν Βουραϊκήν
εἰσιν Ἡρακλέους στάδιοι. Ἐπὶ θαλάσσῃ μὲν δὴ Αἰγειράταις οὐδέν ἐστιν
ἐς μνήμην, ὁδὸς δὲ ἐκ τοῦ ἐπινείου δύο σταδίων καὶ δέκα ἐς τὴν ἄνω
πόλιν. (2) Ὁμήρου δὲ ἐν τοῖς ἔπεσιν Ὑπερησία ὠνόμασται· τὸ δὲ ὄνομα
τὸ νῦν ἐγένετο Ἰώνων ἐποικούντων, ἐγένετο δὲ ἐπ´ αἰτίᾳ τοιᾷδε.
Σικυωνίων ἀφίξεσθαι στρατὸς ἔμελλεν αὐτοῖς πολέμιος ἐς τὴν γῆν· οἱ
δὲ - οὐ γὰρ ἐδόκουν ἀξιόμαχοι τοῖς Σικυωνίοις εἶναι - ἀθροίζουσιν
αἶγας, ὁπόσαι σφίσιν ἦσαν ἐν τῇ χώρᾳ, συλλέξαντες δὲ ἔδησαν πρὸς
τοῖς κέρασιν αὐτῶν δᾷδας, καὶ ὡς πρόσω νυκτὸς ἦν, ἐξάπτουσι τὰς
δᾷδας. (3) Σικυώνιοι δὲ - ἰέναι γὰρ συμμάχους τοῖς Ὑπερησιεῦσιν
ἤλπιζον καὶ εἶναι τὴν φλόγα {καὶ} ἐκ τοῦ ἐπικουρικοῦ πυρός - οἱ μὲν
οἴκαδε ἐπανήρχοντο, Ὑπερησιεῖς δὲ τῇ τε πόλει τὸ ὄνομα τὸ νῦν
μετέθεντο ἀπὸ τῶν αἰγῶν, καὶ καθότι αὐτῶν ἡ καλλίστη καὶ ἡγουμένη
τῶν ἄλλων ὤκλασεν, Ἀρτέμιδος Ἀγροτέρας ἐποιήσαντο ἱερόν, τὸ σόφισμα
ἐς τοὺς Σικυωνίους οὐκ ἄνευ τῆς Ἀρτέμιδός σφισιν ἐπελθεῖν
νομίζοντες. (4) Οὐ μὴν καὶ αὐτίκα γε ἐξενίκησεν Αἴγειραν ἀντὶ
Ὑπερησίας καλεῖσθαι, ἐπεὶ κατ´ ἐμὲ ἦσαν ἔτι οἳ Ὠρεὸν τὴν ἐν Εὐβοίᾳ
τῷ ὀνόματι Ἑστίαιαν ἐκάλουν τῷ ἀρχαίῳ. Παρείχετο δὲ ἡ Αἴγειρα ἐς
συγγραφὴν ἱερὸν Διὸς καὶ ἄγαλμα καθήμενον λίθου τοῦ Πεντελησίου,
Ἀθηναίου δὲ ἔργον Εὐκλείδου. Ἐν τούτῳ τῷ ἱερῷ καὶ Ἀθηνᾶς ἄγαλμα
ἕστηκε· πρόσωπόν τε καὶ ἄκραι χεῖρες ἐλέφαντος καὶ οἱ πόδες, τὸ δὲ
ἄλλο ξόανον χρυσῷ τε ἐπιπολῆς διηνθισμένον ἐστὶ καὶ φαρμάκοις. (5)
Ἀρτέμιδός τε ναὸς καὶ ἄγαλμα τέχνης τῆς ἐφ´ ἡμῶν· ἱερᾶται δὲ
παρθένος, ἔστ´ ἂν ἐς ὥραν ἀφίκηται γάμου. Ἕστηκε δὲ καὶ ἄγαλμα
ἐνταῦθα ἀρχαῖον, Ἰφιγένεια ἡ Ἀγαμέμνονος, ὡς οἱ Αἰγειρᾶταί φασιν· εἰ
δὲ ἀληθῆ λέγουσιν οὗτοι, δῆλός ἐστιν ἐξ ἀρχῆς Ἰφιγενείᾳ ποιηθεὶς ὁ
ναός. (6) Ἔστι καὶ Ἀπόλλωνος ἱερὸν ἐς τὰ μάλιστα ἀρχαῖον τό τε ἱερὸν
αὐτὸ καὶ ὁπόσα ἐν τοῖς ἀετοῖς, ἀρχαῖον δὲ καὶ τοῦ θεοῦ τὸ ξόανον,
γυμνός, μεγέθει μέγας· τὸν ποιήσαντα δὲ εἶχεν οὐδεὶς τῶν ἐπιχωρίων
εἰπεῖν· ὅστις δὲ ἤδη τὸν Ἡρακλέα τὸν ἐν Σικυῶνι ἐθεάσατο,
τεκμαίροιτο ἂν καὶ ἐν Αἰγείρᾳ τὸν Ἀπόλλωνα ἔργον εἶναι τοῦ αὐτοῦ
Φλιασίου Λαφάους. (7) Ἀσκληπιοῦ δὲ ἀγάλματα ὀρθά ἐστιν ἐν ναῷ καὶ
Σαράπιδος ἑτέρωθι καὶ Ἴσιδος, λίθου καὶ ταῦτα Πεντελησίου. Τὴν δὲ
Οὐρανίαν σέβουσι μὲν τὰ μάλιστα, ἐσελθεῖν δὲ ἐς τὸ ἱερὸν οὐκ ἔστιν
ἀνθρώποις. Θεοῦ δὲ ἣν Συρίαν ἐπονομάζουσιν, ἐς ταύτης τὸ ἱερὸν
ἐσίασιν ἐν ἡμέραις ῥηταῖς, ἄλλα τε ὅσα νομίζουσι προκαθαριεύσαντες
καὶ ἐς τὴν δίαιταν. Οἶδα καὶ οἴκημα ἐν Αἰγείρᾳ θεασάμενος· (8)
ἄγαλμα ἦν ἐν τῷ οἰκήματι Τύχης, τὸ κέρας φέρουσα τὸ Ἀμαλθείας· παρὰ
δὲ αὐτὴν Ἔρως πτερὰ ἔχων ἐστίν, ἐθέλει δὲ σημαίνειν ὅτι ἀνθρώποις
καὶ τὰ ἐς ἔρωτα τύχῃ μᾶλλον ἢ ὑπὸ κάλλους κατορθοῦται. Ἐγὼ μὲν οὖν
Πινδάρου τά τε ἄλλα πείθομαι τῇ ᾠδῇ καὶ Μοιρῶν τε εἶναι μίαν τὴν
Τύχην καὶ ὑπὲρ τὰς ἀδελφάς τι ἰσχύειν· (9) ἐν Αἰγείρᾳ δὲ ἐν τούτῳ τῷ
οἰκήματι ἀνήρ τε ἤδη γέρων ἴσα καὶ ὀδυρόμενος καὶ γυναῖκες {αἱ}
τρεῖς ἀφαιρούμεναι ψέλιά εἰσι καὶ ἴσοι νεανίσκοι ταῖς γυναιξί, {καὶ
ὁ} ἐνδεδυκὼς δὲ θώρακα εἷς. Τοῦτόν φασιν Ἀχαιοῖς γενομένου πολέμου
μαχεσάμενον ἀνδρειότατα Αἰγειρατῶν τελευτῆσαι, καὶ αὐτοῦ τὸν θάνατον
οἱ λοιποὶ τῶν ἀδελφῶν οἴκαδε ἀπήγγειλαν· καὶ τοῦδε ἕνεκα αἵ τε
ἀδελφαὶ διὰ τὸ ἐπ´ αὐτῷ πένθος ἀποκοσμοῦνται καὶ τὸν πατέρα
ἐπονομάζουσιν οἱ ἐπιχώριοι Συμπαθῆ, ἅτε ἐλεεινὸν καὶ ἐν τῇ εἰκόνι.
(10) Ὁδὸς δὲ ἐξ Αἰγείρας εὐθεῖα ἀπὸ τοῦ ἱεροῦ τοῦ Διὸς διά τε ὀρῶν
καὶ ἀνάντης ἐστί· μῆκος μὲν οὖν τῆς ὁδοῦ τεσσαράκοντά εἰσι στάδιοι,
ἄγει δὲ ἐς Φελλόην, πόλισμα οὐκ ἐπιφανές, οὐδὲ ὡς ἀεὶ ᾠκεῖτο καὶ
Ἰώνων ἔτι ἐχόντων τὴν γῆν. Τὰ δὲ περὶ τὴν Φελλόην ἐς φυτείαν ἀμπέλων
ἐστὶν ἐπιτήδεια· καὶ ὅσα πετρώδη τῆς χώρας, δρῦς τέ εἰσι καὶ θηρία,
ἔλαφοι καὶ ὗς ἄγριοι· (11) εἰ δέ τινα τῶν ἐν Ἕλλησι πολισματίων
ἀφθόνῳ καταρρεῖται τῷ ὕδατι, ἀριθμεῖν καὶ τὴν Φελλόην ἔστιν ἐν
τούτοις. Θεῶν δὲ ἱερὰ Διονύσου καὶ Ἀρτέμιδός ἐστιν· ἡ μὲν χαλκοῦ
πεποίηται, βέλος δὲ ἐκ φαρέτρας λαμβάνουσα· τῷ Διονύσῳ δὲ ὑπὸ
κινναβάρεως τὸ ἄγαλμά ἐστιν ἐπηνθισμένον. Ἐς δὲ τὸ ἐπίνειον
καταβᾶσιν ἐξ Αἰγείρας καὶ αὖθις ἐς τὰ πρόσω βαδίζουσιν ἔστιν ἐν
δεξιᾷ τῆς ὁδοῦ τὸ ἱερὸν τῆς Ἀγροτέρας, ἔνθα τὴν αἶγα ὀκλάσαι
λέγουσιν. (12) Τῆς δὲ Αἰγειρατῶν ἔχονται Πελληνεῖς· πρὸς Σικυῶνος δὲ
οὗτοι καὶ μοίρας τῆς Ἀργολίδος Ἀχαιῶν οἰκοῦσιν ἔσχατοι. Τὸ δὲ ὄνομα
ἐγένετο τῇ πόλει λόγῳ μὲν τῷ Πελληνέων ἀπὸ Πάλλαντος, τῶν Τιτάνων δὲ
καὶ Πάλλαντα εἶναι λέγουσι, δόξῃ δὲ τῇ Ἀργείων ἀπὸ ἀνδρὸς Ἀργείου
Πέλληνος· Φόρβαντος δὲ εἶναι τοῦ Τριόπα παῖδα αὐτὸν λέγουσιν. (13)
Αἰγείρας δὲ ἐν τῷ μεταξὺ καὶ Πελλήνης πόλισμα ὑπήκοον Σικυωνίων
Δονοῦσσα καλουμένη ἐγένετο μὲν ὑπὸ τῶν Σικυωνίων ἀνάστατος,
μνημονεύειν δὲ καὶ Ὅμηρον ἐν καταλόγῳ τῶν σὺν Ἀγαμέμνονί φασιν αὐτῆς
ποιήσαντα ἔπος
Οἵ θ´ Ὑπερησίην τε καὶ αἰπεινὴν Δονόεσσαν·
Πεισίστρατον δέ, ἡνίκα ἔπη τὰ Ὁμήρου
διεσπασμένα τε καὶ ἄλλα ἀλλαχοῦ μνημονευόμενα ἤθροιζε, τότε αὐτὸν
Πεισίστρατον ἢ τῶν τινα ἑταίρων μεταποιῆσαι τὸ ὄνομα ὑπὸ ἀγνοίας.
(14) Ἔστι δὲ Ἀριστοναῦται Πελληνεῦσιν ἐπίνειον. Ἐς τοῦτο ἐξ Αἰγείρας
τῆς ἐπὶ θαλάσσῃ σταδίων ἐστὶν εἴκοσιν ὁδὸς καὶ ἑκατόν· ταύτης δὲ
ἡμίσεια ἐς Πελλήνην ἀπὸ τοῦ ἐπινείου. Ὄνομα δὲ Ἀριστοναύτας γενέσθαι
τῷ ἐπινείῳ λέγουσιν, ὅτι καὶ ἐς τοῦτον τὸν λιμένα ὡρμίσαντο οἱ
πλεύσαντες ἐπὶ τῆς Ἀργοῦς. |
CHAPITRE XXVII.
Monuments remarquables sur la route qui conduit à Pellène. Mercure
Dolius. Temple et fête de Bacchus Lampter. Temple d'Apollon
Théoxénien. Gymnase des Pellenéens. Promachus. Posidium. Myséum.
Temple d'Esculape.
1. La ville de Pellène est située sur
une colline dont le sommet se termine en pointe; il est très
escarpé, et par cela même inhabitable. La ville est bâtie à
l'endroit le plus uni de cette colline, et elle est divisée en deux
parties par ce sommet qui s'élève au milieu. En allant à Pellène
vous trouvez sur le chemin une statue de Mercure surnommé Dolius; il
est toujours prêt à exaucer les prières des mortels ; sa statue est
de forme carrée, avec une barbe et un bonnet travaillé sur la tête.
2. Sur la même route et près de la ville, il y a un temple de
Minerve bâti en pierres du pays; la statue de là déesse est en
ivoire et en or; on dit qu'elle est l'ouvrage de Phidias, qui l'a
faite avant celle qui est dans la citadelle d'Athènes,
et avant celle de Platées. Les Pellénéens
disent qu'il y a sous le piédestal de la statue une chapelle secrète
creusée dans la terre; que l'air de ce souterrain est humide, ce qui
est favorable à la conservation de l'ivoire. 3. Au-dessus du temple
de Minerve est un bois enclos de murs, et consacré à Diane surnommée
Soteira; on jure par elle dans les plus grandes occasions; l'entrée
de ce bois n'est permise à personne, excepté aux prêtres qui sont
principalement choisis dans les meilleures familles du pays. Le
temple de Bacchus Lampter est vis-à-vis le bois de Diane Soteira ;
on célèbre en son honneur une fête nommée Lamptérie; pendant
laquelle on porte durant la nuit des flambeaux dans son temple, et
l'on place par toute la ville des vases remplis de vin. 4. Il y a
aussi à Pellène un temple d'Apollon Théoxénius. Sa statue est en
bronze, et on célèbre en son honneur des jeux nommés Théoxéniens ;
le prix de la victoire est une somme d'argent; ce sont les gens du
pays qui le disputent. On voit un temple de Diane auprès de celui
d'Apollon : la déesse est représentée tirant de l'arc. Il y a aussi
dans la place publique un bassin de fontaine; on emploie l'eau de
pluie pour les bains, les sources au-dessous de la ville qui lui
fournissent de l'eau, n'étant pas très abondantes ; on nomme Glycies
l'endroit où sont ces sources. 5. Le gymnase, qui est très ancien,
est destiné principalement aux exercices des adolescents ; il n'est
permis d'inscrire personne parmi les citoyens, qu'il ne soit parvenu
à l'âge de puberté. On voit dans ce gymnase la statue de Promachus,
fils de Dryops, natif de Pellène, qui remporta plusieurs victoires
au pancrace; savoir, une à Olympie, trois dans l'Isthme, et deux à
Némée. Les Pellénéens lui érigèrent deux statues, l'une à Olympie,
en bronze, et l'autre en marbre dans leur gymnase. On dit que dans
une guerre qui s'éleva entre les Corinthiens et les Pellénéens,
Promachus tua la plus grande partie des ennemis. 6. On dit aussi
qu'il vainquit à Olympie Polydamas de Scotusse ; c'était la seconde
fois que Polydamas était venu aux jeux Olympiques depuis son retour
de la cour du roi des Perses. Les Thessaliens ne conviennent pas que
Polydcimas ait jamais été vaincu, et entre autres preuves qu'ils
allèguent en faveur de leur opinion, ils citent ce vers d'une
inscription élégiaque sur Polydatnas : O Scotusse ; qui as donné
le jour à l'invincible Polydamas. 7. Les Pellénéens rendent donc
à Promachus les plus grands honneurs; quant a Chéron, qui a
remporté deux victoires à la lutte à Némée et quatre à Olympie, ils
ne veulent pas même proférer son nom : cela vient, je pense, de ce
qu'il renversa le gouvernement établi à Pellène, et accepta
d'Alexandre, fils de Philippe, le don qui expose le plus à l'envie,
le pouvoir suprême dans sa patrie. 8. On voit aussi à Pellène un
temple d'Ilithye; il est situé dans la partie de la ville, qui est
la plus petite. L'endroit qu'on nomme Posidium était autrefois un
bourg, il est désert maintenant. Ce Posidium est situé au- dessous
du gymnase, et il est resté jusqu'à présent consacré à Neptune. 9.
Le Myséum, qui est un temple de Cérès Mysienne, est à environ
soixante stades de Pellène : il a été érigé, à ce qu'on dit, par un
certain Mysius d'Argos, qui, suivant les Argiens, avait donné
l'hospitalité à Cérés. Il y a dans le Myséum un bois très touffu et
des fontaines très abondantes. On y célèbre en l'honneur de Cérès
des fêtes qui durent sept jours ; 10. le troisième jour de ces fêtes
les hommes sortent du temple, les femmes y restent, et font pendant
la nuit les cérémonies qui leur sont prescrites par la loi. On en
renvoie non seulement les hommes, mais encore les chiens mâles. Les
hommes reviennent le lendemain dans le temple; ils plaisantent alors
avec les femmes, et ils se raillent mutuellement. 11. Un peu plus
loin que le Myséum est un temple d'Esculape, surnommé Cyrus, où les
hommes viennent chercher la guérison de leurs maux. Ce lieu est très
abondant en eau ; la statue d'Esculape est placée sur la plus grande
de ces fontaines. Les fleuves qui sortent des montagnes au-dessus de
Pellène sont le Crius, qui se rend à Égira, et qui a pris son nom,
à ce qu'on dit, de Crius l'un des Titans. 12. Il y a un autre fleuve
nommé Alsus, qui prend sa source dans le mont Sipyle, et va se jeter
dans l'Hermus. Du côté où Pellène confine à Sicyone, coule le Sys
qui est le dernier des fleuves de l'Achaïe ; il se jette dans la mer
de Sicyone. |
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΖ'.
Ἀξιόλογα κατὰ τὴν ἐς Πελλήνην ὁδόν. Ἑρμῆς ὁ Δόλιος
Διονύσου Λαμπτῆρος ἱερὸν καὶ ἑορτή. Ἀπόλλωνος Θεοξενίου ἱερόν.
Πελληνῶν γυμνάσιον. Τὰ περὶ Προμάχου. Ποσείδιον.
Μυσαῖον. Ἀσκληπιοῦ ἱερόν.
(1) Πελληνεῦσι δὲ ἡ πόλις ἐστὶν ἐπὶ
λόφου κατὰ ἄκραν τὴν κορυφὴν ἐς ὀξὺ ἀνεστηκότος. Τοῦτο μὲν δὴ
ἀπότομον καὶ δι´ αὐτό ἐστιν ἀοίκητον· τῷ δὲ χθαμαλωτέρῳ πεπόλισταί
σφισιν οὐ συνεχὴς ἡ πόλις, ἐς δὲ μοίρας νενεμημένη δύο ὑπὸ τῆς ἄκρας
μεταξὺ ἀνεχούσης. Ἰόντων δὲ ἐς Πελλήνην ἄγαλμά ἐστιν Ἑρμοῦ κατὰ τὴν
ὁδόν, ἐπίκλησιν μὲν Δόλιος, εὐχὰς δὲ ἀνθρώπων ἕτοιμος τελέσαι· σχῆμα
δὲ αὐτῷ τετράγωνον, γένειά τε ἔχει καὶ ἐπὶ τῇ κεφαλῇ πῖλον
εἰργασμένον. (2) Κατὰ δὲ τὴν ὁδὸν ἐς αὐτὴν τὴν πόλιν ἐστὶν Ἀθηνᾶς
λίθου μὲν ἐπιχωρίου ναός, ἐλέφαντος δὲ τὸ ἄγαλμα καὶ χρυσοῦ· Φειδίαν
δὲ εἶναι τὸν εἰργασμένον φασὶ πρότερον ἔτι ἢ ἐν τῇ ἀκροπόλει τε
αὐτὸν τῇ Ἀθηναίων καὶ ἐν Πλαταιαῖς ποιῆσαι τῆς Ἀθηνᾶς τὰ ἀγάλματα.
Λέγουσι δὲ οἱ Πελληνεῖς καὶ ἄδυτον τῆς Ἀθηνᾶς καθήκειν ἐς βάθος τῆς
γῆς, εἶναι δὲ τὸ ἄδυτον τοῦτο ὑπὸ τοῦ ἀγάλματος τῷ βάθρῳ, καὶ τὸν
ἀέρα ἐκ τοῦ ἀδύτου νότιόν τε εἶναι καὶ δι´ αὐτὸ τῷ ἐλέφαντι
ἐπιτήδειον. (3) Ὑπὲρ δὲ τὸν ναὸν τῆς Ἀθηνᾶς ἐστιν ἄλσος
περιῳκοδομημένον τείχει Σωτείρας ἐπίκλησιν Ἀρτέμιδος, καὶ ὀμνύουσιν
ἐπὶ μεγίστοις αὐτήν· ἔσοδός τε πλὴν τοῖς ἱερεῦσιν ἄλλῳ γε οὐδενὶ
ἔστιν ἀνθρώπων. Ἱερεῖς δὲ ἄνδρες τῶν ἐπιχωρίων εἰσὶ κατὰ δόξαν
γένους μάλιστα αἱρούμενοι. Τοῦ δὲ ἄλσους τῆς Σωτείρας ἱερὸν
ἀπαντικρὺ Διονύσου Λαμπτῆρός ἐστιν ἐπίκλησιν· τούτῳ καὶ Λαμπτήρια
ἑορτὴν ἄγουσι, καὶ δᾷδάς τε ἐς τὸ ἱερὸν κομίζουσιν ἐν νυκτὶ καὶ
οἴνου κρατῆρας ἱστᾶσιν ἀνὰ τὴν πόλιν πᾶσαν. (4) Ἔστι καὶ Ἀπόλλωνος
Θεοξενίου Πελληνεῦσιν ἱερόν, τὸ δὲ ἄγαλμα χαλκοῦ πεποίηται· καὶ
ἀγῶνα ἐπιτελοῦσι Θεοξένια τῷ Ἀπόλλωνι, τιθέντες ἀργύριον ἆθλα τῆς
νίκης, καὶ ἄνδρες ἀγωνίζονται τῶν ἐπιχωρίων. Πλησίον δὲ τοῦ
Ἀπόλλωνος ναός ἐστιν Ἀρτέμιδος· τοξευούσης δὲ ἡ θεὸς παρέχεται
σχῆμα. ᾨκοδόμηται δὲ καὶ ἔλυτρον κρήνης ἐν τῇ ἀγορᾷ, καὶ λουτρά
ἐστιν αὐτοῖς τὸ ὕδωρ τὸ ἐκ τοῦ θεοῦ, ἐπεί τοι πίνειν πηγαί σφισιν
ὑπὸ τὴν πόλιν εἰσὶν οὐ πολλαί· τὸ δὲ χωρίον, ἔνθα αἱ πηγαί, Γλυκείας
ὀνομάζουσι. (5) Γυμνάσιον δὲ ἀρχαῖον ἐς ἐφήβων μάλιστα ἀνεῖται
μελέτην· οὐδὲ ἐς τὴν πολιτείαν ἐγγραφῆναι πρότερον καθέστηκεν οὐδενὶ
πρὶν ἂν ἐφηβεύσωσιν. Ἐνταῦθα ἀνὴρ Πελληνεὺς ἕστηκε Πρόμαχος ὁ
Δρύωνος, ἀνελόμενος παγκρατίου νίκας, τὴν μὲν Ὀλυμπίασι, τρεῖς δ´
Ἰσθμίων καὶ Νεμέᾳ δύο· καὶ αὐτοῦ καὶ εἰκόνας ποιήσαντες οἱ Πελληνεῖς
τὴν μὲν ἐς Ὀλυμπίαν ἀνέθεσαν, τὴν δὲ ἐν τῷ γυμνασίῳ, λίθου ταύτην
καὶ οὐ χαλκοῦ. (6) Λέγεται δὲ καὶ ὡς Κορινθίου συνεστῶτος πολέμου
Πελληνεῦσιν ἀποκτείνειεν ὁ Πρόμαχος πλείστους τῶν ἀντιτεταγμένων.
Λέγεται δὲ καὶ ὡς Πουλυδάμαντος τοῦ Σκοτουσσαίου κρατήσειεν ἐν
Ὀλυμπίᾳ· τὸν δὲ Πουλυδάμαντα δεύτερα τότε ἐς τὸν ἀγῶνα ἀφῖχθαι τὸν
Ὀλυμπικὸν παρὰ βασιλέως τοῦ Περσῶν ἀνασωθέντα οἴκαδε. Θεσσαλοὶ δὲ
ἡσσηθῆναι Πουλυδάμαντα οὐχ ὁμολογοῦντες παρέχονται καὶ ἄλλα ἐς
πίστιν καὶ ἐλεγεῖον ἐπὶ τῷ Πουλυδάμαντι·
Ὦ τροφὲ Πουλυδάμαντος ἀνικάτου Σκοτόεσσα.
(7) Πελληνεῖς δ´ οὖν Πρόμαχον τὰ
μάλιστα ἄγουσιν ἐν τιμῇ. Χαίρωνα δὲ δύο ἀνελόμενον πάλης νίκας
Ἰσθμικὰς καὶ ἐν Ὀλυμπίᾳ τέσσαρας οὐδὲ ἀρχὴν ἐθέλουσιν ὀνομάζειν, ὅτι
κατέλυσε πολιτείαν ἐμοὶ δοκεῖν τὴν ἐν Πελλήνῃ, δῶρον τὸ
ἐπιφθονώτατον παρὰ Ἀλεξάνδρου τοῦ Φιλίππου λαβών, τύραννος πατρίδος
τῆς αὑτοῦ καταστῆναι. (8) Ἔστι δὲ καὶ Εἰλειθυίας Πελληνεῦσιν ἱερόν·
τοῦτο ἐν μοίρᾳ τῆς πόλεως τῇ ἐλάσσονί ἐστιν ἱδρυμένον. Τὸ δὲ
ὀνομαζόμενον Ποσείδιον τὰ μὲν ἀρχαιότερα ἦν δῆμος, ἔρημον δὲ ἐφ´
ἡμῶν. Ἔστι μὲν δὴ τὸ Ποσείδιον τοῦτο ὑπὸ τὸ γυμνάσιον, διαμεμένηκε
δὲ καὶ ἐς τόδε ἔτι αὐτῷ Ποσειδῶνος ἱερὸν νομίζεσθαι. (9) Πελλήνης δὲ
ὅσον στάδια ἑξήκοντα ἀπέχει τὸ Μύσαιον, ἱερὸν Δήμητρος Μυσίας·
ἱδρύσασθαι δὲ αὐτὸ Μύσιόν φασιν ἄνδρα Ἀργεῖον, ἐδέξατο δὲ οἴκῳ
Δήμητρα καὶ ὁ Μύσιος λόγῳ τῷ Ἀργείων. Ἔστι δὲ ἄλσος ἐν τῷ Μυσαίῳ,
δένδρα ὁμοίως τὰ πάντα, καὶ ὕδωρ ἄφθονον ἄνεισιν ἐκ πηγῶν. Ἄγουσι δὲ
καὶ ἑορτὴν τῇ Δήμητρι ἐνταῦθα ἡμερῶν ἑπτά·(10) τρίτῃ δὲ ἡμέρᾳ τῆς
ἑορτῆς ὑπεξίασιν οἱ ἄνδρες ἐκ τοῦ ἱεροῦ, καταλειπόμεναι δὲ αἱ
γυναῖκες δρῶσιν ἐν τῇ νυκτὶ ὁπόσα νόμος ἐστὶν αὐταῖς· ἀπελαύνονται
δὲ οὐχ οἱ ἄνδρες μόνον ἀλλὰ καὶ τῶν κυνῶν τὸ ἄρρεν. Ἐς δὲ τὴν
ἐπιοῦσαν ἀφικομένων ἐς τὸ ἱερὸν τῶν ἀνδρῶν, αἱ γυναῖκές τε ἐς αὐτοὺς
καὶ ἀνὰ μέρος ἐς τὰς γυναῖκας οἱ ἄνδρες γέλωτί τε ἐς ἀλλήλους
χρῶνται καὶ σκώμμασιν. (11) Ἀπωτέρω δὲ οὐ πολὺ ἀπὸ τοῦ Μυσαίου ἱερόν
ἐστιν Ἀσκληπιοῦ καλούμενον Κῦρος, καὶ ἰάματα ἀνθρώποις παρὰ τοῦ θεοῦ
γίνεται. Ὕδωρ δὲ καὶ ἐνταῦθα ἀνέδην ἐστί, καὶ ἐπὶ τῇ μεγίστῃ τῶν
πηγῶν τοῦ Ἀσκληπιοῦ τὸ ἄγαλμα ἵδρυται. Ποταμοὶ δὲ ἐκ τῶν ὀρῶν
κατέρχονται τῶν ὑπὲρ τὴν Πελλήνην, πρὸς μὲν Αἰγείρας καλούμενος
Κριός· ἔχειν δὲ αὐτὸν τὸ ὄνομα ἀπὸ Τιτᾶνος Κριοῦ· (12) Κριὸς δὲ καὶ
ἄλλος ὠνόμασται ποταμός, ὃς ἀρχόμενος ἐκ Σιπύλου τοῦ ὄρους ἐς τὸν
Ἕρμον κάτεισι. Καθότι δὲ Πελληνεῦσιν ὅροι τῆς χώρας πρὸς Σικυωνίους
εἰσί, κατὰ τοῦτο ποταμός σφισι Σύθας, ἔσχατος ποταμῶν τῶν Ἀχαϊκῶν,
ἐς τὴν Σικυωνίαν ἐκδίδωσι θάλασσαν. |
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