Du
labourage des champs maigres, des apprêts de la vendange, de la
rupture des moites de terre des vignes dans les pays froids.
I. On commence, à la fin du mois
d'août, vers les calendes de septembre, à labourer les terrains
plats, humides et maigres. On prépare maintenant avec activité les
travaux de la vendange dans les pays voisins de la mer. On brise
aussi, à présent, les mottes de terre des vignes dans les pays
froids,
Comment
on répare un vignoble maigre et chétif.
II. Avez-vous un vignoble maigre et
des souches plus chétives encore, semez-y, à cette époque, trois ou
quatre boisseaux de lupins par arpent, et brisez les mottes de
terre. Quand ces lupins seront venus, vous les retournerez en terre,
et ils engraisseront parfaitement vos vignes. Le fumier ne convient
pas aux vignobles, parce qu'il nuit à la qualité du vin.
De
l'épamprement, de l'extirpation de la fougère et du caret.
III. On épampre maintenant la vigne
dans les pays froids; mais, dans les pays secs et brûlants, on met
les raisins à l'ombre afin que l'ardeur du soleil ne les dessèche
point, si toutefois le peu d'étendue des vignobles ou la facilité de
se procurer des ouvriers le permet. On peut également, ce mois-ci,
arracher le caret et la fougère,
De la
nécessité de brûler les prairies.
IV. Mettez à présent le feu aux
prairies, afin de réduire à leurs racines les brins qui montent trop
vite, et de faire succéder à l'aridité une végétation vigoureuse.
Des
raves, des navets, des radis et des panais.
V. Semez encore, à la fin de ce mois,
des raves et des navets dans les pays secs, de la manière indiquée
ci-dessus. Semez-y également des raiforts que vous consommerez en
hiver. Ennemis du tuf et du gravier, ils aiment, comme les raves,
une terre grasse, ameublie et longtemps remuée. Ils se plaisent sous
un ciel nébuleux, et demandent à être semés sur de grands espaces
fouis profondément. Les meilleurs sont ceux qui viennent dans les
sables. On les sème immédiatement après la pluie, à moins qu'on ne
soit à même de les arroser. Dès qu'ils sont semés, on les recouvre
de terre à l'aide d'un léger sarcloir. Deux setiers, ou quatre,
suivant quelques-uns, rem plissent un arpent, Couvrez ces semences
de paille : le fumier les rendrait fongueuses. Elles acquièrent un
goût plus délicat quand on les arrose souvent d'eau salée.
On regarde comme les femelles des
raiforts ceux qui, moins âcres, ont les feuilles plus larges, plus
lisses et d'un beau vert. Vous en recueillerez la graine. On croit
qu'ils grossissent davantage lorsqu'on en arrache toutes les
feuilles en ne leur laissant qu'une tige mince, et qu'on les couvre
souvent de terre. Si vous voulez en adoucir i'âcreté, détrempez-en
la graine pendant un jour et une nuit dans du miel ou dans du
passum, Les raiforts, ainsi que les
choux, n'aiment pas les vignes: semés autour d'un cep, ils s'en
éloignent par antipathie, On sème encore les panais ce mois-ci.
Des
arbres à écussonner.
VI. On écussonne aussi à présent les
arbustes. Presque tout le monde greffe maintenant le poirier, et le
citronnier dans les terrains entrecoupés d'eaux vives.
Des
abeilles.
VII. Les frelons incommodent, ce
mois-ci, les ruches: il faut les pourchasser et les détruire. On
fait aussi, à cette époque, tout ce qu'on a omis en juillet.
De la
découverte de l'eau.
VIII. Si vous manquez d'eau, vous
devez maintenant chercher à en découvrir. Voici comment vous pourrez
y parvenir. Dans l'endroit où vous voulez trouver de l’eau,
étendez-vous tout du long, avant le lever du soleil, le menton
appuyé contre terre et les yeux tournés vers l'orient. Si vous voyez
alors se lever, sous la forme d'un nuage, une vapeur légère qui
répande une espèce de rosée, marquez la place à l'aide de quelque
souche ou de quelque arbre du voisinage; car il y a de l’eau cachée
dans tout lieu sec où se manifeste un tel phénomène. Vous observerez
aussi la nature du terrain, afin de pouvoir juger de la quantité
d'eau plus ou moins grande qu'il renferme. L’argile donnera des
veines maigres et d'un goût peu agréable; le sablon mouvant produira
aussi un filet d'eau d'un mauvais goût, trouble, et qui se perdra
dans des couches profondes; la terre noire donnera goutte à goutte
une très petite quantité d'eau provenant des pluies et de l'humidité
de l'hiver; mais cette eau sera d'un goût parfait. Le gravier
donnera des veines médiocres et incertaines, mais d'une douceur
remarquable; le sablon mâle, le sable et le carboncle, des veines
sûres et intarissables. Celles des roches rouges sont bonnes et
copieuses.
Vous examinerez si les eaux
découvertes ne fuient pas à travers des crevasses ou des excavations
souterraines. Au pied des montagnes et dans les roches siliceuses
les eaux sont abondantes, fraîches et salubres; dans les terrains
plats, elles sont saumâtres, lourdes, tièdes et désagréables. Si,
par hasard, elles ont bon goût, c'est une preuve qu'avant de couler
sous terre elles sortent d'Lille montagne. Du reste, elles
acquerront, même dans les plaines, la douceur des eaux des
montagnes, si elles sont ombragées d'arbustes.
Voici d'autres indices propres à
éclairer vos recherches (on peut s'y fier, lorsqu'il n'y a point de
mares dans l'endroit, et que l'eau n'y séjourne ou n'y passe point
habituellement) : ce sont les joncs déliés, le saule des forêts,
l'aune, l'agnus-castus, le roseau, le lierre et les végétaux
aquatiques. Vous creuserez l'endroit où se trouveront ces indices
jusqu'à cinq pieds de profondeur sur trois de large; et, vers le
coucher du soleil, vous mettrez dans cette fosse un vase d'airain ou
de plomb propre et graissé clans l'intérieur, l'orifice tourné vers
le fond de la fosse. Ensuite vous étendrez sur les bords une claie
de baguettes et de branchages, et vous recouvrirez le tout rie
terre. Le lendemain, en ouvrant la fosse, si vous trouvez que le
vase sue en dedans ou que l'eau en dégoutte, n'en doutez pas, cet
endroit renferme de l'eau.
Mettez aussi dans cette fosse un vase
de terre sec et non cuit, et recouvrez-le de la même manière. Le
lendemain, s'il y a une veine d'eau, il sera dissous par l'humidité
dont il aura été imprégné. Une toison de brebis, également déposée
dans la fosse et recouverte de même, vous indiquera qu'il y a là
beaucoup d'eau, si elle dégoutte quand on la pressera le lendemain.
Cet endroit renfermera encore de l'eau, si, après avoir mis dans la
fosse recouverte une lampe allumée et pleine d'huile, vous la
trouvez éteinte le lendemain, quoiqu'elle n'ait pas manqué
d'aliments. De même, si vous vous faites du feu quelque part, et que
le sol échauffé ré-exhale une fumée épaisse et nébuleuse, vous
saurez qu'il y a de l'eau dans cet endroit. Quand ces découvertes
seront confirmées par des indices certains, creusez un puits pour
tâcher de découvrir la source; s'il y en a plusieurs, réunissez-les
en une seule. Au reste, c'est particulièrement au pied des montagnes
et du côté du nord qu'il faut chercher les eaux, parce que nulle
part elles ne sont plus abondantes ni meilleures,
Des
puits.
IX. Quand vous creuserez des puits,
vous examinerez s'il n'y a pas de danger pour les ouvriers, parce
que la terre exhale ordinairement une odeur de soufre, d'alun et de
bitume qui empoisonne l’air, saisit vivement l'odorat, et asphyxie,
à moins qu'on ne se retire promptement. En conséquence, avant qu'ils
ne descendent au fond, vous y placerez une lampe allumée: si elle ne
s'éteint pas, il n'y aura aucun danger à craindre; si elle s'éteint,
vous abandonnerez un lieu rempli d'exhalaisons mortelles.
Si néanmoins vous ne pouvez pas
trouver d'eau ailleurs, vous creuserez des puits n droite et il
gauche jusqu'au niveau du liquide, et, dans l'intérieur, vous
pratiquerez des soupiraux ouverts de chaque côté en forme de
narines, par où s'échapperont les vapeurs délétères; ensuite vous
soutiendrez les parois des puits au moyen d'une maçonnerie. La
largeur d'un puits doit être en tous sens de huit pieds, sur
lesquels la maçonnerie en prendra deux, Celle-ci sera étayée
d'espace en espace avec des pièces de bois, et construite en pierre
de tuf ou en caillou, Si j'eau est limoneuse, vous la corrigerez en
y jetant du sel. Si, en creusant le puits, la terre, trop friable,
vient à s'échapper ou à se détacher par le contact de l’eau, vous la
maintiendrez de tous côtés avec des planches droites soutenues par
des traverses, afin que l'éboulement n'écrase pas les travailleurs,
De
l'essai de l'eau.
X. Voici la manière d'essayer l'eau
nouvelle. Vous en verserez dans un vase d'airain bien net; si elle
n'y fait point de taches, c'est une preuve qu'elle est bonne, Elle
l'est également, lorsque après avoir bouilli dans un vase d'airain,
elle n'y dépose ni sable ni limon. Elle sera aussi de bonne qualité,
si elle peut cuire promptement des légumes, ou si elle est
transparente, dégagée de mousse et exempte de toute espèce de
souillure. Quand les puits sont sur une hauteur, on peut en faire
jaillir l'eau par en bas, comme celle d'une fontaine, en perçant la
terre jusqu'à son lit, si la vallée le permet.
Des
aqueducs.
XI. pour amener l'eau d'un lieu dans
un autre, on a recours à des ouvrages de maçonnerie, à des canaux de
bois, à des tuyaux de plomb ou d'argile. Si elle passe dans un canal
en maçonnerie, vous le consoliderez pour qu'elle ne fuie pas à
travers les joints. La largeur en sera proportionnée au volume
d'eau. S'il traverse un terrain plat, vous lui donnerez une pente
insensible d'un pied et demi sur soixante ou cent pieds de longueur,
pour faciliter l'écoulement, S'il rencontre une montagne, vous
dirigerez l'eau sur ses flancs, ou vous la ferez passer par des
souterrains construits au niveau de la source. Si c'est une vallée,
vous élèverez des piliers ou des arcs jusqu'à la hauteur du plan que
l'eau doit suivre, ou bien vous la ferez descendre dans la vallée au
moyen de tuyaux de plomb, qui lui permettront de remonter ensuite
quand elle l'aura traversée.
Lorsque, suivant la méthode la
meilleure et la plus avantageuse, vous conduirez l'eau dans des
tuyaux d'argile, donnez-leur deux doigts d'épaisseur, en les
rétrécissant par une de leurs extrémités, afin qu'ils puissent
s'emboîter sur la longueur d'un palme, et bouchez en les joints avec
un mastic de chaux vive et d'huile. Mais, avant de l'y introduire,
passez-y de la cendre chaude mêlée d'un peu d'eau, pour remplir les
fissures des tubes. La pire des méthodes est d'employer des tuyaux
de plomb: ils rendent l’eau dangereuse à boire, parce que le
frottement produit de la céruse qui nuit à la santé. Un bon agronome
construira ses réservoirs de manière que le plus petit filet lui
procure de l'eau en abondance.
Du poids
et de la mesure des tuyaux.
XII. Voici la quantité de plomb qui
doit entrer dans la fabrique des tuyaux. Il en entrera 1200 livres
dans ceux dont la feuille a 100 doigts de large sur 10 pieds de
long; 960 dans ceux dont la feuille a 80 doigts de large; 600 livres
dans ceux dont la feuille a 50 doigts de large; 480 livres dans ceux
dont la feuille a 40 doigts de large; 360 livres dans ceux dont la
feuille a 30 doigts de large; 240 livres dans ceux dont la feuille a
20 doigts de large; 96 livres dans ceux dont la feuille a 8 doigts
de large.
Du
verjus confit dans du miel.
XIII. Versez deux setiers de miel bien
battu sur six de verjus, et faites confire ce mélange aux rayons du
soleil durant quarante jours.
Des
heures.
Ie |
et |
XIe |
heures |
XXIII |
pieds |
IIe |
et |
Xe |
heures |
XIII |
pieds |
IIIe |
et |
IXe |
heures |
IX |
pieds |
IVe |
et |
VIIIe |
heures |
VI |
pieds |
Ve· |
et |
VIIe |
heures |
IV |
pieds |
VIe |
|
|
heure |
III |
pieds. |
|