Des
grains, des fèves, des lentilles et du lin.
I. Au mois de novembre, on sème le
froment et le blé; c'est, du reste, le temps véritable des
semailles; et l'ensemencement est alors général. Cinq boisseaux de
l'un et de l'autre grain couvrent un arpent. C'est aussi le moment
de semer l'orge. On sème les fèves au commencement du mois. Elles
demandent un terrain gras ou fumé, ou une vallée fertilisée par les
sucs qu'elle reçoit des hauteurs voisines. On commence par les
semer, ensuite on laboure, et l'on forme des sillons. Elles veulent
être bien hersées pour être mieux couvertes. Selon quelques
agriculteurs, lorsqu'on sème des fèves dans un terrain froid, il ne
faut pas briser les mottes, afin que les germes puissent s'y tenir à
l'abri des gelées blanches. On croit généralement que si les fèves
font peu de tort à la terre, elles ne la fertilisent point. Aussi
Columelle dit-il qu'un champ resté oisif l'année précédente, sera
plus propre aux blés que celui où l'on aura récolté des fèves. Six
boisseaux de fèves suffisent pour ensemencer un arpent de terre
grasse; il en faut davantage quand elle est médiocre. Elles
réussissent bien dans un sol compact; elles ne supportent pas lin
terrain maigre et couvert de brouillards. On doit avoir soin de les
semer au quinzième jour de la lune, pourvu qu'elle n'ait pas encore
reflété les rayons du soleil. Quelques-uns préfèrent le quatorzième
jour. Suivant les Grecs, si l'on trempe les fèves dans du sang de
chapon, avant de les semer, elles n'auront aucune herbe nuisible à
redouter. Elles viendront plus tôt si on les attend rit, la veille,
dans l'eau, et cuiront aisément si on les arrose d'eau de nitre. On
sème à présent les premières lentilles, comme il a été dit au mois
de février. On pourra aussi semer la graine de lin dans tout le mois
de novembre.
Des
nouveaux prés et des nouvelles vignes.
II. C'est surtout au commencement de
ce mois qu'on peut former de nouvelles prairies, d'après la méthode
que j'ai indiquée. Plantez aussi des vignes, durant tout ce mois,
dans les terrains chauds et secs ou exposés au soleil. Il est encore
à propos de les provigner, de fouir la terre, dans les pays froids,
au pied des jeunes ceps, ainsi que des plants d'arbres, et de les
recouvrir à cette époque et avant les ides. Coupez maintenant les
marcottes, c'est-à-dire la partie arquée des provins, trois ans
après qu'ils ont été mis en terre.
Des
vieilles souches de vignes.
III. Vous déchausserez, à présent et
plus tard, pour les saturer de fumier, si leur souche est saine et
vigoureuse, les vieilles vignes qui forment le berceau ou qui
grimpent le long des perches. Taillez de près avec un instrument
aigu, à trois ou quatre pieds au-dessus du sol, les sarments les
plus verts, et excitez la sève en remuant fréquemment la terre. A
l'endroit de la taille, comme le dit Columelle, s'élève
ordinairement un bourgeon qui, aux approches du printemps, produit
un bois destiné à remplacer les vieilles souches.
De la
taille des vignes et des plants d'oliviers.
IV. La taille d'automne a lieu
maintenant pour les vignes et pour les arbres, surtout dans les pays
dont la température est douce. On élague aussi les plants
d'oliviers, et on récolte les olives dont on doit faire la première
huile, quand elles commencent à tourner; car lorsqu'elles sont
toutes noires, elles perdent en qualité, quoique l'abondance de leur
huile dédommage de cette perte. La taille des oliviers et celle des
autres arbres est salutaire, si le climat s'y prête, lorsqu'on en
coupe les cimes et qu'on laisse croître en liberté les surgeons sur
les flancs. Mais dans un pays inculte et abandonné, on dépouille
tout le tronc de l'arbre par le bas, afin que, dépassant la stature
des animaux, il s'élève au-dessus de leurs atteintes, et se protége
ainsi lui-même par sa hauteur.
Des
plants d'oliviers.
V. On forme aussi, à présent, des
plants d'oliviers dans les pays chauds et les climats secs, de la
manière qui a été prescrite au mois de février. L'olivier se plait
sur les collines qui le défendent d'une trop grande humidité. Il
aime à être fréquemment ratissé, engraissé à force de fumier, et
mollement agité par les vents qui le fertilisent. On applique
encore, ce mois-ci, aux oliviers stériles les remèdes que nous avons
indiqués plus haut. C'est le temps favorable pour fabriquer les
paniers, les pieux et les échalas. C'est aussi l'époque convenable
pour faire l'huile de laurier dans les climats tempérés.
Des
jardins.
VI, Ce mois-ci, il est bon de semer
l'ail ordinaire pt l'ail d'Afrique, surtout dans une terre blanche
bêchée et travaillée, mais non fumée. Vous tracerez des sillons sur
des planches, et vous déposerez ces semences sur la crête, à quatre
doigts l'une de l'autre, sans trop les enfoncer. Vous les sarclerez
souvent pour les faire croître davantage. Si vous voulez que l'ail
ait une grosse tête, il faudra le fouler dès que sa tige commencera
à monter: la sève se reportera vers les gousses. Semé et arraché
quand la lune n'est pas sur l'horizon, il n'a point, dit-on, de
mauvaise odeur. On le conserve en le couvrant de paille, ou en le
suspendant à la fumée. On peut encore semer à présent la ciboule et
planter des pieds d'artichauts. On sème aussi le raphanisaigre et la
sarriette.
Des
arbres fruitiers.
VII. A cette époque, dans les pays
chauds, et en janvier dans les autres, semez les noyaux de pêche
dans des planches façonnées, en mettant deux pieds d'intervalle
entre l'un et: l'autre, pour les transplanter lorsque les tiges
auront grandi. Vous tournerez la pointe des noyaux en bas, sans les
enfoncer à plus de deux ou trois doigts de profondeur. Quelques-uns
font sécher les noyaux peu de jours avant de les semer, et les
gardent dans des paniers qu'ils remplissent de terre meuble mêlée de
cendre. Pour moi, j'en ai souvent conservé sans aucune précaution
jusqu'au temps où je les ai mis en terre. Les pêchers réussissent
partout; mais, pour qu'ils soient aussi remarquables par la beauté
de leurs fruits et de leur feuillage que par leur durée, il leur
faut un climat chaud, un sol sablonneux et humide. Dans les pays
froids et tourmentés par les vents, ils meurent, à moins qu'ils ne
soient abrités.
Tant que les tiges des pêchers sont
délicates, remuez souvent la terre à leurs pieds pour les délivrer
des mauvaises herbes. Quand ils auront deux ans, vous ferez bien de
les transplanter dans une petite fosse, en ayant soin de ne pas les
séparer beaucoup les uns des autres, afin qu'ils se protégent
mutuellement contre l'ardeur du soleil. Déchaussez-les pendant
l'automne, et fumez-le avec leurs propres feuilles. Ils se taillent
en automne: on n'enlève que les rameaux arides et pourris ; car si
on en coupe une branche verte, ils se dessèchent. Quand ils sont
languissants, on les arrose avec de la lie de vin vieux mêlée d'eau.
Suivant les Grecs, pour avoir des pêches qui portent des caractères,
on enterre des noyaux, et, sept jours après, quand ils commencent à
s'ouvrir, on en retire l'amande, et l'on y écrit ce qu'on veut avec
du cinabre; puis on les rajuste et on les attache soigneusement
avant de les mettre en terre.
Les différentes espèces de pêches sont
les duracines, les précoces de Perse, et celles d'Arménie, Si
l'ardeur du soleil dessèche un pêcher, il faut l'environner souvent
de terre entassée, l'arroser le soir, et le protéger par quelques
ombrages, Il est bon d'y suspendre une peau de serpent. Pour le
préserver maintenant des brouillards, entourez-le de fumier, ou bien
arrosez-le avec de la lie de vin mêlée d'eau, ou mieux avec de l'eau
où auront cuit des fèves. Si un pêcher souffre des vers, tuez-les
avec de la cendre pétrie dans du marc d'huile ou avec de l'urine de
bœuf mélangée avec un tiers de vinaigre. Si ses fruits sont sujets à
tomber, enfoncez un coin de lentisque on de térébinthe, soit dans la
racine découverte, soit dans le tronc, ou bien percez l'arbre par le
milieu, et mettez-y une cheville de saule. S'il donne des fruits
ridés ou sujets à se pourrir, coupez l'écorce vers le bas du tronc,
et, quand il en sera sorti un peu d'humidité, fermez la plaie avec
de l'argile on avec un mélange de boue et de paille. Le pêcher donne
de gros fruits, si, durant sa floraison, on l'arrose pendant trois
jours, avec trois setiers de lait de chèvre. Si cet arbre est
malade, on le lie avec du genêt d'Espagne, ou bien on suspend une
espartille à ses branches.
T,e pêcher se greffe au mois de
janvier ou de février dans les pays froids, et au mois de novembre
dans les pays chauds, presque à fleur de terre, avec des scions
vigoureux, qui auront poussé au pied de i'arbre : autrement la cime
ne prendrait point, ou ne pourrait durer longtemps, Il se greffe sur
lui-même, sur l'amandier et le prunier; mais les pêchers d'Arménie,
ainsi que les pêchers précoces, prennent mieux: sur les pruniers,
comme les pêchers duracins sur les amandiers, et ils atteignent un
âge avancé. Un peut écussonner Ie pêcher au mois d'avril ou de mai
dans les pays chauds, On les greffe de cette manière en Italie il la
fin de l'un et de l'autre de ces mois, ou au mois de juin; c'est ce
qu'on appelle emplastration. On coupe le tronc par en haut,
et l'on y applique plusieurs bourgeons, suivant la méthode
prescrite. L'amandier donne des fruits rouges, quand il a été greffé
en fente sur le platane.
On conserve les pêches duracines en
les confisant dans la saumure et l'oxymel, ou en les faisant sécher
au soleil, comme des figues, après en avoir extrait les noyaux, et
en les suspendant. J'ai encore vu confire dans du miel des pêches
duracines don t on avait ôté les noyaux, et elles avaient un goût
agréable. On les conserve également bien en bouchant leur ombilic
avec une goutte de poix brûlante pour les faire nager dans un bocal
de sapa que l'on tient fermé.
Le pin fait, dit-on, prospérer tout ce
qui croît sous son ombre. On sème les pignons au mois d'octobre ou
de novembre dans les pays chauds et secs, au mois de février ou de
mars dans ceux qui sont froids ou humides. Les pins aiment un sol
maigre, et particulièrement un sol voisin de la mer. Les plus gros
et les plus élevés se trouvent dans les rochers et les montagnes;
ils prennent un essor plus vigoureux dans les lieux humides et
battus des vents. Mais, qu'on les plante sur les montagnes ou
ailleurs, on leur assignera un terrain qui ne puisse convenir il
aucun autre arbre. Après avoir bien labouré et nettoyé le sol, on y
sèmera les pignons, comme du blé, en ayant soin de les recouvrir de
terre avec un léger sarcloir, parce qu'ils ne doivent pas être
enfoncés à plus d'un palme de profondeur.
Quand cet arbre est jeune et faible
encore, il faut prendre garde que les bestiaux ne le foulent aux
pieds. Il profitera si l'on trempe les pignons dans l'eau trois
jours avant de les semer. Quelques personnes prétendent que la
transplantation les adoucit. Voici les soins qu'elles prennent pour
cette opération. Elles commencent par entasser dans des vaisseaux
remplis de terre et de fumier une grande quantité de pignons.
Lorsqu'ils sont venus, elles les retirent tous, à l'exception du
plus vigoureux. Dès que l'arbrisseau a pris un accroissement
convenable, elles le transplantent, à l'âge de trois ans, sans le
retirer du vaisseau, qu'elles brisent. Ensuite, pour donner aux
racines la liberté de s'étendre dans la fosse, elles mêlent avec la
terre du fumier de cavale, en superposant des couches successives de
l'une et de l'autre. On aura soin que la racine pivotante de
l'arbrisseau soit transférée saine et entière jusqu'à la pointe qui
la termine.
La taille avance tellement les jeunes
pins, ainsi que je l'ai éprouvé moi-même, qu'elle double les progrès
qu'on avait espérés. On peut aussi laisser les pignons sur l'arbre
jusqu'à cette époque pour les cueillir plus mûrs; on doit néanmoins
les cueillir avant qu'ils s'ouvrent. Il est nécessaire de les peler
pour les conserver. Cependant quelques-uns assurent qu'on peut les
garder avec leurs coques dans des vases d'argile neufs et remplis de
terre.
Si vous semez en automne des noyaux de
prunes, enfouissez-les à la profondeur de deux palmes, au mois de
novembre, dans un terrain meuble et labouré. On les sème aussi au
mois de février; mais il faut alors les laisser tremper pendant
trois jours dans de l'eau de lessive, pour les faire germer
promptement. On plante encore les pruniers en rejetons tirés du
tronc de l'arbre, à la fin du mois de janvier ou vers les ides de
février, après en avoir fumé les racines Ils se plaisent dans un
terrain fertile et humide. Ils réussissent mieux sous une latitude
chaude, quoiqu'ils puissent supporter un climat froid, Dans les
terrains l'emplis de pierres et de gravier, en les fumant, on
empêche leurs fruits de tomber et d'être attaqués par les vers.
Arrachez les surgeons de leurs racines, à l'exception des plus
droits, que vous conserverez pour les planter Lorsqu'un prunier
languit, l'épandez sur ses racines du marc d'huile à moitié coupé
d’eau, ou simplement du pissat de bœuf, ou de la vieille urine
humaine mêlée de deux tiers d'eau, ou enfin des cendres prises au
four, et surtout des cendres de sarment. Si les prunes sont sujettes
il tomber, percez la racine de l'arbre, et enfoncez-y une cheville
d'olivier sauvage. Vous tuerez les fourmis et les vers en la
frottant de terre rouge et de poix liquide; mais faites-le avec
ménagement, si vous ne voulez pas nuire à l'arbre et changer le
remède en poison. Il profite lorsqu'on l'arrose souvent et qu'on en
remue constamment le sol.
On greffe le prunier en fente plutôt
sur le tronc que sous l'écorce, à la fin du mois de mars ou au mois
de janvier, avant qu'il commence à jeter sa gomme. Il se greffe sur
lui-même et reçoit la greffe du pêcher, de l'amandier ou du pommier
; mais cette greffe ne donne que des arbres petits et dégénérés. On
sèche les prunes au soleil, sur des claies, dans un lieu à l'abri de
toute humidité: ce sont celles qu'on appelle prunes de Damas.
D'autres plongent les prunes nouvellement cueillies dans de l'eau de
mer ou dans de la saumure bouillante, et, après les en avoir
retirées, les font sécher au four ou au soleil.
Les châtaigniers se propagent non
seulement par plants qui viennent d’eux-mêmes, mais encore par la
graine. Quand on les plante à l'état d'arbres, ils sont si
languissants que souvent on doute pendant deux ans s'ils vivront. Il
faut donc semer; les châtaignes elles-mêmes, c'est-à-dire la semence
du châtaignier, au mois de novembre et de décembre, ainsi qu'au mois
de février. Choisissez, pour les mettre en terre, des châtaignes qui
soient fraîches, grosses et mûres, Si vous les semez en novembre,
elles viendront aisément, car elles sont alors dans les conditions
favorables; mais si c'est en février, voici la méthode à suivre pour
les conserver jusque-là. Faites-les sécher en les étalant à l'ombre;
puis transportez-les dans un lieu étroit et sec, où vous les
entasserez, en ayant soin de les couvrir toutes de sable de rivière.
Au bout de trente jours, retirez-les du sable pour les tremper clans
l'eau fraîche: celles qui seront saines iront au fond, les autres
surnageront. Recouvrez de sable celles que vous aurez éprouvées, et
renouvelez l'épreuve trente jours après. Quand vous aurez répété
trois fois cette opération jusqu'au commencement du printemps, vous
sèmerez celles qui seront restées en hon état. Quelques-uns les
conservent dans des vases qu'ils couvrent également de sable.
Les châtaigniers aiment un sol meuble
et tendre, mais non sablonneux; ils viennent néanmoins dans le
sablon humide. La terre noire leur convient, de même que le
carboncle et le tuf pulvérisé. Ils croissent difficilement dans un
sol compact et dans la terre rouge; ils ne peuvent naître ni dans
l'argile ni dans le gravier. Ils recherchent les latitudes froides,
salis dédaigner pourtant les climats qui joignent la chaleur à
l'humidité. Ils se plaisent sur les pentes, clans des lieux frais,
surtout dans ceux qui regardent le nord. Vous façonnerez donc la
profondeur d'un pied et demi ou de deux pieds, tout le terrain que
vous destinerez aux châtaigniers, en y traçant avec la charrue des
sillons parallèles ou croisés. Lorsque le sol sera saturé de fumier
et bien dissous, vous y sèmerez les châtaignes à neuf pouces au plus
de profondeur, et vous planterez un piquet auprès de chaque
ensemencement pour en reconnaître la place. Vous en mettrez trois ou
cinq il la fois dans le même trou, en séparant les tas de quatre
pieds l'un de l'autre.
Si l'on veut transplanter les
châtaigniers, il faut attendre qu'ils aient deux ans. La
châtaigneraie aura des rigoles, afin que les eaux, en séjournant,
n'y déposent pas un limon qui étoufferait les germes, On peut, si
l'on veut, propager les châtaigniers à l'aide des rejetons
inférieurs qui sortent de leurs racines, On doit fouir sans cesse
les nouveaux plants. Ils acquièrent plus de développement quand on
les taille aux mois de mars et de septembre. On greffe le
châtaignier sous l'écorce, comme j'en ai fait l'expérience, au mois
de mars ou d'avril, quoiqu'il vienne également bien quand il est
greffé sur le tronc. On peut aussi l'écussonner. Il se greffe sur
lui-même et sur le saule; mais sur le saule, ses fruits sont plus
tardifs et plus âpres au goût.
On conserve les châtaignes, soit en
les étalant sur des claies ou en les enfonçant dans du sablon sans
qu'elles se touchent; soit en les mettant dans des vases neufs
d'argile et en les descendant dans un souterrain sec; soit en les
serrant, enduites de boue, dans des coffres fabriqués avec des
baguettes de hêtre et fermés hermétiquement; soit en les couvrant de
paille d'orge hachée, ou en les enfermant dans des mannequins d'un
tissu très serré, faits avec des herbes marécageuses.
Plantez, ce mois-ci, dans les terrains
chauds et secs, des poiriers sauvages, que vous pourrez greffer plus
tard, ainsi que des pommiers, des grenadiers, des cognassiers, des
citronniers, des néfliers, des figuiers, des cormiers, des
caroubiers, des cerisiers sauvages et des boutures de mûrier. Semez
également des amandes et des noix dans vos pépinières, suivant la
méthode que j'ai indiquée.
Des
abeilles.
VIII. Au commencement de ce mois, les
abeilles font du miel avec des fleurs de tamarin et d'autres plantes
sauvages; ne leur enlevez pas ce miel: réservez-le pour l'hiver.
Nettoyez les ruches dans le courant de ce mois, parce que durant
tout l'hiver on ne doit ni les remuer ni les ouvrir. Choisissez,
pour cela, un beau jour de soleil, et, avec des plumes fermes de
grands oiseaux, ou quelque autre instrument semblable, balayez
toutes les parties de la ruche où votre main ne pourra pas
atteindre. Bouchez ensuite avec un mélange de houe et de bouse de
vache toutes les fentes extérieures, et pratiquez au-dessus des
ruches des espèces de portiques avec du genêt ou d'autres matières
propres à les couvrir, afin qu'elles puissent être à l'abri du froid
et des mauvais temps.
Des
vignes chargées de feuilles et qui ne portent pas de fruits.
IX. Taillez maintenant de près, dans
les terrains chauds et exposés au soleil, les vignes qui, privées de
raisins et couvertes de pampres, compensent la disette du fruit par
l'abondance du feuillage. Cette taille se fera, dans les terrains
froids, au mois de février. Si ce vice ne se corrige pas, il faudra
les fouir, et entasser à leur pied du sable de rivière ou de la
cendre. Quelques-uns enfoncent des pierres dans les sinuosités de
leurs racines.
Des
vignes stériles.
x.
Une vigne stérile doit, suivant les Grecs, être soignée dans les
mêmes temps et dans les mêmes lieux: de la manière qui, suit :
Fendez la souche, enfoncez-y une pierre, et répandez à l'entour
quatre cotyles de vieille urine humaine, de manière que les racines
en soient imprégnées; ensuite ajoutez-y un mélange de terre et de
fumier, et retournez le sol entier autour des l'armes.
Des
plants de rosiers.
XI. C'est sans doute clans le mois de
février qu'on forme les plants de rosiers; mais on pourra les faire
ce mois-ci dans les terrains chauds, exposés au soleil et voisins de
la mer. Manquez-vous de plants, et voulez-vous néanmoins vous
procurer beaucoup de rosiers avec le petit nombre de ceux que vous
possédez; coupez des rejetons de quatre doigts garnis de boutons et
de nœuds; couchez-les en terre comme des provins, fumez-les et
arrosez-les. Quand ils auront un an, vous les transplanterez en les
espaçant d'un pied. Vous remplirez ainsi de rosiers le terrain que
vous destinez à ce genre de plantation.
Moyens
de conserver du raisin sur le cep jusqu'au printemps.
XII. Voulez-vous conserver du raisin
sur le cep même jusqu'au commencement du printemps; d'après les
Grecs, creusez dans un lieu frais, autour d'une vigne chargée de
fruits une fosse de trois pieds de profondeur sur deux de large;
étendez-y du sablon ; plantez-y des roseaux, auxquels vous enlacerez
avec soin les sarments garnis de raisins, en les attachant, sans
altérer les grappes, de manière qu'elles ne touchent pas le sol, et
recouvrez le tout pour que la pluie ne puisse pas y pénétrer.
Désirez-vous conserver longtemps des grappes sur un cep ou des
fruits sur un arbre; les Grecs nous prescrivent encore de les mettre
dans des vases d'argile percés par le fond et bien fermés par le
haut, quoiqu'il suffise de couvrir les fruits de plâtre pour les
conserver longtemps.
Des
brebis et des chèvres.
XIII. C'est dans ce mois-ci que
naissent les premiers agneaux. Dès qu'un agneau sera né,
approchez-le du pis de sa mère, en ayant soin de tirer auparavant un
peu de lait, parce que ces premières gouttes que les bergers
appellent colostra, étant d'une nature
trop épaisse, incommoderaient les agneaux. Renfermez-les d'abord
pendant deux jours avec leurs mères; ensuite gardez-les dans des
enclos sombres et chauds, où vous les tiendrez à part, afin
d'envoyer leurs mères aux pâturages. Il suffira de laisser téter les
agneaux le matin avant la sortie de leurs mères, et le soir
lorsqu'elles reviendront rassasiées. Vous les nourrirez dans
l'étable avec du son, de la luzerne ou de la farine d'orge, si vous
en avez suffisamment, jusqu'à ce que l'âge leur ait donné la force
de paître avec leurs mères.
Les pâturages bons pour les brebis
sont ceux que fournissent lès jachères ou les prairies sèches. Ceux:
des marais leur sont funestes; ceux des forêts nuisent à leur laine.
Pour vaincre leur dégoût, saupoudrez fréquemment leur pâture de sel,
ou offrez-leur en souvent dans des auges. En hiver, si vous manquez
de foin, nourrissez-les de paille ou de vesce, ou, ce qu'on peut
plus aisément se procurer, donnez-leur des feuilles d'orme ou de
frêne mises en réserve. En été, menez-les paître au point du jour,
lorsque la rosée ajoute une douceur exquise au gazon attendri. A la
quatrième heure, quand la chaleur se fait sentir, présentez-leur de
l'eau pure d'une rivière, d'un puits ou d'une fontaine. Vers le
milieu du jour, qu'une vallée ou un arbre touffu les garantisse des
feux du soleil. Lorsque ensuite, au déclin du jour, la chaleur
s'amortira, et que les premières gouttes de la rosée du soir
humecteront la terre, ramenez le troupeau aux pâturages. Pendant la
canicule, et dans le cours de l'été, les brebis doivent paître la
tête toujours détournée du soleil. Au printemps comme en hiver, ne
les conduisez dans les prairies que lorsque les gelées blanches
s'ont fondues, parce que l'herbe couverte de givre leur occasionne
des maladies. Il suffira aussi de les mener boire alors une fois par
jour.
Les brebis grecques, comme celles
d'Asie ou de Tarente, ne paissent pas communément dans les prés; on
les renferme dans une étable dont le sol est recouvert de planches
trouées pour laisser un passage à l'humidité, qui n'endommage pas
alors leur précieuse toison quand elles sont couchées. On les frotte
trois fois l'an avec de l'huile et du vin, par un beau soleil, après
les avoir lavées. Pour les préserver des serpents qui se cachent
quelquefois sous les crèches, brûlez souvent dans les étables du
cèdre, ou du galbanum, ou des cheveux de femme, ou du bois de cerf.
Donnez à présent le bouc à vos
chèvres, afin de pouvoir élever les chevreaux au commencement du
printemps. Choisissez ceux qui ont deux petites glandes pendant sous
les mâchoires, ·la taille haute, les jambes grosses, le cou fort et
ramassé, les oreilles souples et tombantes, la tête petite, le poil
lisse, épais et long. Même avant l'âge d'un an, ils peuvent couvrir
les chèvres; mais pas après six années. Les chèvres auront à peu
près la taille des boucs. Choisissez celles qui ont de grandes
mamelles. Ne renfermez pas dans le même enclos une aussi grande
quantité de chèvres que de brebis. Ecartez-en la houe et le fumier,
Outre le lait que les chevreaux auront en abondance, donnez-leur
souvent du lierre, des cimes d'arbousier et de lentisque. A trois
ans, les chèvres peuvent très bien nourrir leurs petits. Vendez ceux
dont les mères sont trop jeunes; mais ne gardez pas celles-ci après
leur huitième année, parce que ce bétail devient stérile dans un âge
avancé.
De la
récolte des glands.
XIV. Occupez-vous, dans ce temps-ci,
de ramasser le gland et de le conserver. Les femmes et les enfants
feront aisément cette récolte, comme celle des olives.
Des bois
à couper.
XV. Coupez à présent les bois de
construction, quand la lune est en décours. Si vous voulez abattre
un arbre, laissez-le quelque temps sur pied, après y avoir enfoncé
la hache jusqu'à la moelle, pour que la sève qui reste dans ses
vaisseaux s'écoule par cette plaie. Voici les arbres les plus utiles
: le sapin des Gaules, s'il n'est pas lavé, est léger, ferme, et
dure éternellement dans les ouvrages faits à sec; le mélèze offre un
bois excellent: soutenez les tuiles d'un bâtiment avec des planches
de cet arbre, sur le devant comme aux extrémités des toits, et vous
n'aurez pas à craindre d'incendie, parce que ces planches ne peuvent
ni s'enflammer ni se carboniser; le grand chêne résiste longtemps
dans les constructions souterraines, et fournit des pieux qui ont
quelque durée; le petit chêne donne un bois propre aux: édifices et
bon pour les échalas.
Employé clans les champs, dans les
maisons et dans tous les ouvrages intérieurs, le châtaignier est
d'une admirable solidité: il n'a d'autre défaut que son poids; le
hêtre convient aux ouvrages faits à sec, l'humidité le pourrit; les
deux espèces de peupliers, le saule et le tilleul sont nécessaires à
la sculpture; l'aune, qui ne vaut rien pour les constructions, forme
de solides pilotis dans un terrain humide; la sécheresse roidit
l'orme et le frêne : naturellement souples, ils servent à fabriquer
des liens; le charme est très utile ; le cyprès est excellent; le
pin ne dure que dans les ouvrages faits à sec. J'ai vu en Sardaigne
comment on l'empêche de se pourrie promptement : on place, durant
une année entière, au fond d'un bassin, des poutres de ce bois avant
de les mettre en œuvre, ou bien on les enterre dans le sable au bord
de la mer, pour qu'à chaque marée montante le flot baigne la masse
qui les recouvre. Le cèdre dure longtemps à l'abri de l'humidité.
Tous les arbres coupés à l'exposition du midi sont les meilleurs :
ils sont plus hauts sans doute du côté du nord, mais ils s'altèrent
aisément.
De la
transplantation des grands arbres.
XVI. Transplantez, ce mois-ci, les
grands arbres venus dans des terrains secs, chauds et exposés au
soleil, après en avoir coupé les branches, sans endommager les
racines. Ne leur épargnez ni le fumier ni les arrosements.
De la
confection de l'huile selon les Grecs.
XVII. Voici la manière de faire
l'huile, d'après les Grecs. Cueillez en un jour autant d'olives que
vous pourrez en pressurer la nuit suivante; Appuyez légèrement sur
la meule pour en extraire la première huile : le bris des noyaux la
gâterait; aussi ne doit-elle être faite qu'avec la chair des olives.
Que les paniers soient faits de baguettes de saule : ce bois
contribue, dit-on t à la bouté de l'huile. La meilleure est celle
qui coule d'elle-même. Mettez du sel et du nitre dans l'huile
nouvelle pour achever de l'épaissir; puis, lorsque le marc sera
déposé, transvasez-la pure, au bout de trente jours, dans des bocaux
de verre. La seconde huile se fait comme la première; mais on broie
les olives avec une meule un peu plus forte.
De
l'huile semblable à celle de Liburnie.
XVIII. Pour faire de l'huile semblable
à celle de Liburnie, disent les auteurs grecs, mêlez dans de bonne
huile verte de l'aunée sèche, des feuilles de lamier et du souchet,
le tout broyé ensemble et passé par un crible fin avec du sel grillé
et égrugé. Remuez longtemps ce mélange, et lorsque l'huile sera
reposée, au bout de trois jours ou un peu plus tard, faites-en
usage.
De
l'épuration de l'huile.
XIX. Quand l'huile est trouble, les
Grecs conseillent d'y jeter du sel grillé tout chaud, et de la
couvrir avec soin: par ce moyen, elle ne tarde pas à s'épurer.
De
l'huile infecte.
xx.
Si l'huile porte une odeur infecte, broyez des olives vertes, et
mettez-en deux chœnix dans un
métrétès d'huile; si vous n'avez pas d'olives, broyez de même
des tiges tendres d'olivier. Quelques-uns mêlent les unes et les
autres, et y ajoutent du sel. Ils enveloppent le tout d'un linge, et
les suspendent ainsi dans le vase d'huile: au bout de trois jours,
ils le retirent et transvasent le liquide. D'autres y mettent de
vieilles briques fortement chauffées. La plupart y plongent de
petits pains d'orge entourés d'un linge clair, et de temps en temps
les remplacent par d'autres. Après avoir répété cette opération deux
ou trois fois, ils y jettent du sel, transvasent l'huile, et la
laissent reposer quelques jours.
Quand un animal, en tombant dans
l'huile, l'a corrompue et empestée par sa putréfaction, il faut,
selon les Grecs, suspendre une poignée de coriandre dans un
métrétès d'huile, et l'y laisser quelques jours. Si la coriandre
ne diminue pas la mauvaise odeur, changez-la jusqu'à ce que
l'infection disparaisse. Il sera surtout essentiel de survider
l'huile au bout de six jours dans des vases propres,
particulièrement dans ceux qui auront auparavant contenu du
vinaigre. Quelques-uns mêlent dans l'huile de la graine de fenugrec
sèche et broyée, ou y éteignent souvent des charbons de bois
d'olivier enflammés. Si l'huile sent l'aigre, ils veulent qu'on y
plonge des résidus de raisin que les Grecs appellent
gigarta,
après les avoir broyés et réduits en pâte.
De
l'huile rance.
XXI. Les Grecs disent qu'on peut
corriger ainsi l'huile rance. Jetez-y de la cire blanche fondue dans
de l'huile pure et excellente, tandis qu'elle est encore liquide,
Ajoutez-y du sel grillé tout chaud, couvrez-le et enduisez-le de
plâtre. Par ce moyen, l'huile s'épure, change de goût et d'odeur. Au
reste, il faut conserver toutes les huiles dans des caves. Telle est
la nature de ce liquide: on l'épure au soleil ou au feu, ainsi
qu'avec de l'eau bouillante, quand on la mêle à l'huile dans le même
vase.
Comment
on confit les olives.
XXII. C'est aussi dans ce mois que
l'on confit les olives.
Il y en a de différentes espèces.
Voici la manière de les confire dans la saumure. Etendez
alternativement sur des claies des olives et du pouliot, et versez
entre chaque couche du miel, du vinaigre et un peu de sel; ou bien
étalez les olives sur des tiges de fenouil, d'aneth ou de lentisque,
en mettant dessous de petites branches d'olivier; répandez
par-dessus une hémine de sel avec de la saumure, et multipliez ces
couches jusqu'à ce que le vase en soit rempli.
Autre recette: Faites macérer dans de
la saumure des olives de choix. Quarante jours après, jetez toute la
saumure; mettez dans le vase deux tiers de
defrutum et un tiers de vinaigre avec de lit menthe
hachée, puis remplissez le vase d'olives jusqu'à ce que la liqueur
qu'il contient cesse de les couvrir.
Autre recette: Laissez pendant une
nuit entière exposées à la vapeur du bain des olives cueillies à la
main, et étendues sur une planche ou sur une claie. Le matin, après
les avoir retirées du bain, saupoudrez-les de sel égrugé, et
mangez-les; car vous ne pourrez pas les garder plus de huit jours.
Autre recette: Mettez dans de la
saumure des olives qui n'aient point été meurtries. Quarante jours
après, vous les retirerez et les couperez avec un roseau tranchant;
puis vous verserez dessus, si vous voulez qu'elles soient douces,
deux tiers de sapa et un tiers de vinaigre, ou, si vous
voulez qu'elles soient aigres, deux tiers de vinaigre et un tiers de
sapa.
Autre recette : Mêlez ensemble un
setier de passum, deux poignées de
cendre bien criblée, un filet de vin vieux et quelques feuilles de
cyprès. Entassez toutes les olives dans ce mélange, saturez-les de
cette pâte en les garnissant de plusieurs couches, jusqu'à ce que
vous ayez atteint les bords des vases.
Autre recette: Ramassez les olives
racornies et ridées qui sont tombées à terre; saupoudrez-les de sel;
étendez-les au soleil jusqu'à ce qu'elles soient sèches; disposez
alternativement plusieurs couches de laurier et d'olives, en
commençant par le laurier; laissez infuser un bouquet de sarriette
dans du defrutum jusqu'à ce qu'il
jette deux ou trois bouillons, et, quand ce vin sera refroidi,
versez-en sur les olives que vous aurez disposées par couches, en y
mêlant un peu de sel; puis mettez dans le vase une hotte d'origan,
et arrosez de ce jus les olives.
Autre recette : Faites confire les
olives dès qu'elles seront cueillies. Entre chacune des couches,
étendez de la rue et du persil, et saturez-les de temps en temps de
sel égrugé avec du cumin; versez par-dessus du miel commun avec du
vinaigre, et ajoutez-y encore quelques gouttes d'huile de première
qualité.
Autre recette : Cueillez des olives
noires, arrangez-les et arrosez-les de saumure. Mettez dans une
marmite deux sixièmes de miel, un sixième de vin et une moitié de
defrutum. Faites bouillie le tout
ensemble; puis retirez la marmite du feu, remuez-la, et ajoutez-y du
vinaigre.
Couvrez les olives de tiges d'origan,
et versez-y tout le bouillon, quand il sera refroidi.
Autre recette: Arrosez d'eau, pendant
trois jours, des olives cueillies à la main avec leurs pédicules;
trempez-les dans la saumure; retirez-les au bout de sept jours, et
mettez-les dans un vase avec une dose égale de vin doux et de
vinaigre. Lorsqu'il sera rempli, vous le couvrirez, en y laissant
une ouverture pour lui donner de l'air.
Des
heures.
XXIII. Les mois de novembre et de
février se ressemblent parfaitement pour la durée des heures.
Ie |
et |
XIe |
heures |
XXVII |
pieds |
IIe |
et |
Xe |
heures |
XVII |
pieds |
IIIe |
et |
IXe |
heures |
XIII |
pieds |
IVe |
et |
VIIIe |
heures |
X |
pieds |
Ve· |
et |
VIIe |
heures |
VIII |
pieds |
VIe |
|
|
heure |
VII |
pieds. |
|