Du
labour et de l'engrais des champs.
1. Au mois de septembre, on laboure
pour la troisième fois les terrains gras et ceux qui conservent
longtemps l'humidité, quoiqu'on puisse aussi le faire plus tôt quand
l'année a été humide. On bine et l'on ensemence à présent les
terrains humides, plats et maigres, auxquels nous avons dit qu'il
fallait donner le premier labour au mois d'août. Labourez à présent,
pour la première fois, les coteaux maigres, et ensemencez-les
immédiatement après, vers l'équinoxe.
Répandez maintenant, au déclin de la
lune, d'épaisses couches de fumier sur les collines, et de plus
légères dans les champs: par là vous empêcherez les herbes de
croître. Columelle dit que vingt-quatre tombereaux de fumier
suffisent pour un arpent, et même dix-huit pour un terrain plat. Ne
répandez que la quantité de fumier que vous pourrez enterrer le même
jour, afin qu'il ne perde pas sa qualité en se desséchant. On fume
en quelque partie de l'hiver que ce soit. Mais quand un motif vous
aura empêché de le faire dans le temps convenable, avant les
semailles, répandez dans le champ du fumier en poudre, comme vous le
feriez pour de la graine, ou jetez-y du crottin de chèvre, que vous
mêlerez avec la terre au moyen de sarcloirs. Il n'est pas profitable
de répandre beaucoup de fumier à la fois; il vaut mieux le faire
modérément et à plusieurs reprises. Un sol aqueux en demande plus
qu'on terrain sec. Si vous avez peu d'engrais, vous y substituerez
avec succès de la craie ou de l'argile pour les terres sablonneuses,
et du sablon pour les terres crétacées et trop compactes. Cette
méthode est aussi utile aux blés et rend les vignes très belles. Un
vignoble fumé donne ordinairement un méchant vin.
De
l'ensemencement du froment et de l'adoreum
dans un terrain froid ou ombragé.
II. Quand le temps est au beau fixe,
semez, ce mois-ci, vers l'équinoxe, le froment et le blé
adoreum dans les terrains marécageux,
maigres, froids ou ombragés, afin que leurs racines prennent de la
consistance avant l'hiver.
Des
remèdes contre l'humidité amère et contre les animaux qui nuisent
aux blés.
III. La terre rend ordinairement une
humidité amère qui fait périr les blés. Répandez alors de la fiente
de pigeon ou des feuilles de cyprès, et ensuite labourez-les pour
les mêler avec la terre. Il existe encore un meilleur remède, c'est
de détourner l'humidité pernicieuse au moyen d'une rigole. On sème
dans un arpent de terre médiocre cinq boisseaux de froment et autant
de blé adoreum : un terrain gras n'en
demande que quatre. Recouvrez d'une peau d'hyène le boisseau du
semeur, et laissez-y quelque temps le grain à semer: il viendra,
dit-on, parfaitement.
Pour que certains animaux qui vivent
sous terre ne détruisent pas souvent vos blés en les coupant par la
racine, faites tremper les grains pendant une nuit, avant de les
semer, dans du jus de vermiculaire étendu d'eau ; ou bien encore
exprimez le jus d’un concombre sauvage, broyez-en la racine,
faites-la dissoudre dans l'eau, et trempez-y les grains que vous
devez semer. Quelques-uns, lorsqu'ils voient leurs moissons
atteintes par ce fléau, pour en prévenir les ravages, versent sur
les sillons et sur les charrues du marc d'huile sans sel, ou de
l'eau dont nous venons de parler.
De
l'orge cantherinum.
IV. C'est maintenant qu'on sème l'orge
cantherinum dans les terrains maigres
: il en faut cinq boisseaux par arpent. On laissera reposer les
terres qui auront porté ce grain, à moins qu'on n'aime mieux les
fumer.
Des
lupins.
V. Semez à présent, ou un peu plus
tôt, les lupins dans quelque terrain que ce soit, même dans un sol
en friche. Il sera profitable de les semer avant les premiers
froids. Ils ne viennent point dans un champ fangeux; ils craignent
les terrains crétacés; ils aiment la terre maigre et la terre rouge.
Dix boisseaux de cette graine remplissent un arpent.
Des
pois.
VI. A la fin de ce mois-ci vous
sèmerez les pois. Ils se plaisent dans une terre meuble et légère,
un pays chaud et un climat humide. Il suffira d'en répandre trois ou
quatre boisseaux par arpent.
De la
sésame et de la luzerne.
VII. Semez, à cette époque, le sésame
dans un sol léger, dans des sables gras, ou dans une terre
rapportée. Il en faudra quatre ou six setiers par arpent. A la fin
de ce mois, vous labourerez, pour la première fois, les terres où
vous voudrez semer de la luzerne.
De la
vesce, un fenugrec et des herbages.
VIII. C'est à présent qu’on fait le
premier ensemencement de la vesce et du fenugrec, quand on veut en
faire du fourrage. Sept boisseaux de l'un ou de l'autre rempliront
un arpent. Vous sèmerez aussi les herbages dans un terrain fumé qui
aura produit tous les ans. On sème dix boisseaux d'orge
cantherinum par arpent, vers l'équinoxe,
afin qu'elle soit forte avant l'hiver. Si on veut la faire brouter
souvent, elle suffira aux bestiaux jusqu'au mois de mai; mais si
l'on veut en retirer du grain, on ne leur abandonnera cette pâture
que jusqu'aux calendes de mars: passé ce temps, on la leur
interdira.
Des
lupins qu'on sème pour fertiliser les terrains maigres.
IX. On sème les lupins, vers les ides
de ce mois, pour fertiliser les terrains maigres, et, dès qu'ils
sont venus, on les retourne avec la charrue afin qu'ils se
pourrissent après avoir été coupés.
Des
nouvelles prairies.
X. Vous pouvez maintenant faire à
votre gré de nouvelles prairies. Si vous avez le choix du sol,
préférez un terrain gras, couvert de rosée, plat et légèrement
incliné, ou une vallée dont les eaux ne tombent pas précipitamment
et ne séjournent pas longtemps. Vous pouvez encore, au moyen
d'irrigations, mettre en prairies un terrain meuble et maigre. Vous
en arracherez maintenant tout ce qui l'embarrasse, les herbages
hauts et forts ainsi que les arbrisseaux; ensuite, lorsqu'il aura
été souvent remué et ameubli par des labours multipliés, vous
enlèverez les pierres, vous briserez toutes les mottes, et vous
l'engraisserez de fumier frais, à la nouvelle lune.
Attachez-vous particulièrement à en
écarter les bêtes de somme, surtout dans les temps humides, de peur
que leur piétinement ne rende le sol inégal en beaucoup d'endroits.
Si la mousse couvre les vieilles prairies, ratissez-la et semez du
foin dans les parties que vous aurez grattées. Répandez-y souvent
aussi de la cendre : c'est un bon remède pour détruire la mousse. Si
une portion de prairie est devenue stérile par moisissure, par
négligence ou par vétusté, il faut la labourer et l'aplanir de
nouveau; car on doit souvent retourner les prés stériles.
Vous pouvez semer des raves dans les
prairies nouvelles, et, quand vous les aurez récoltées, vous
exécuterez pour le surplus tout ce qui a été dit. Vous pourrez
néanmoins y semer ensuite du foin mêlé avec de la vesce, en ayant
soin de ne pas arroser ces graines avant qu'elles aient durci le
sol, pour que l'eau, en s'infiltrant, n'en détruise pas le peu de
solidité.
De la
vendange,
XI. Faites la vendange, ce mois-ci,
dans les pays chauds et voisins de la mer, et préparez-la dans les
pays froids, Vous emploierez douze livres de poix pour poisser les
futailles de deux cents conges, et moins, à proportion, pour celles
d'une moindre capacité. Vous connaîtrez qu'il est temps de
vendanger, lorsqu'en exprimant les pépins renfermés dans les grains,
vous en trouverez de gris, et quelques-uns même presque noirs: c'est
un effet de la maturité. Les bons agronomes mêlent une livre
d'excellente cire sur dix livres de poix: ce mélange donne du parfum
et du goût au vin, adoucit la poix, et l'empêche de s'écailler dans
les temps froids. Vous goûterez la poix pour vous assurer de sa
douceur, parce que son amertume gâte souvent le vin.
Du
panic, du millet et des haricots.
XII. Récoltez à présent, dans quelques
cantons, le panic et le millet. Semez en ce temps-ci les haricots
destinés à la table Apprêtez maintenant les perches nécessaires pour
la chasse aux hiboux, et les autres instruments à l'usage de cette
chasse, dont on s'occupe vers les calendes d'octobre.
Des
jardins.
XIII. On sème, à cette époque, le
pavot dans les pays chauds et secs; on peut aussi le semer avec
d'autres plantes potagères. Il vient mieux, dit-on, dans les
terrains où l'on a brûlé des broussailles et des sarments. Dans ce
temps-ci on sème utilement les choux pour les transplanter au
commencement de novembre, et pouvoir en récolter la tête pendant
l'hiver, et les rejetons au printemps. Vous bêcherez, ce mois-ci, à
trois pieds de profondeur, les planches des jardins que vous devez
ensemencer au printemps, et vous les fumerez au déclin de la lune.
Semez le thym à la fin du mois : il viendra mieux en pied, quoiqu'il
puisse aussi venir de graine. Il aime les terrains exposés au
soleil, maigres et voisins de la mer. Vous sèmerez aussi l'origan
vers l'équinoxe. Il demande à être fumé et arrosé jusqu'à ce qu'il
ait pris de la force. Il se plaît dans les lieux sauvages et au
milieu des rochers. Semez à la même époque le câprier : il serpente
au loin; son suc nuit aux terres. Pour l'empêcher de trop s'étendre,
vous le sèmerez dans un terrain sec et maigre, entouré d'un fossé ou
d'une muraille construite avec de la boue. Il fait naturellement la
guerre aux herbes, fleurit en été, et se dessèche vers le coucher
des Pléiades. Il est bon de semer la nielle à la fin de ce mois. On
sème maintenant le cresson et l'aneth dans les pays chauds ou
tempérés, les raiforts dans les terrains secs, les panais et le
cerfeuil vers les calendes d'octobre, les laitues, la poirée, la
coriandre, les raves et les navets dans les premiers jours du mois.
Des
jujubiers étrangers.
XIV. Au mois de septembre, vers les
calendes d'octobre, ou au mois de février, propagez les jujubiers
étrangers par rejetons ou par noyaux, et donnez tous vos soins à
leur âge tendre. Détachez de l'arbre un rejeton avec ses racines,
et, après l'avoir enduit de boue et de fiente de bœuf, plantez-le
dans un sol gras et travaillé, sur un lit de coquilles et d'algue
marine; puis recouvrez-le presque entièrement de terre. D'autres,
dès que les noyaux sont tombés et ont séché au soleil, en mettent
trois ensemble, en automne, dans une terre grasse et à demi criblée.
De leur réunion naît, dit-on, un seul arbuste, dont on fortifie la
jeunesse par de nombreux arrosements et de légers labours. On
transplante ensuite, au bout d'un an ou un peu plus tard, le sujet
né de ces semences : il donne ainsi des fruits plus doux.
Entés sur le cognassier, à la fin du
mois de janvier ou au mois de février, les scions des jujubiers
étrangers réussissent à merveille, On les greffe aussi sur tous les
pommiers, les poiriers et les pruniers. Ceux de Calabre se greffent
mieux en fente sur le tronc que sous l'écorce. On couvre l'arbre
d'un panier ou d'un vase d'argile, et l'on entoure les scions,
presque jusqu'à la cime, de terre labourée et de fumier. Les soins
dont j'ai parlé au sujet des pommiers sont également profitables aux
jujubiers étrangers, dont on conserve les fruits en les plaçant dans
du millet ou dans des cruchons poissés et bouchés.
Des
pavés de plates-formes et des briques.
XV. Vous ferez encore, ce mois-ci, des
pavés de plates-formes et des briques de la manière que j'ai décrite
au mois de mai.
Du sirop
de mûres.
XVI. Faites légèrement bouillir du jus
de mûres sauvages; mêlez-en deux tiers avec un tiers de miel, et
laissez cuire ce mélange jusqu'à ce qu'il ait acquis la consistance
du miel,
De la
manière de conserver les raisins,
XVII. Voulez-vous conserver du raisin,
cueillez des grappes saines, dont les grains ne soient ni durs par
trop de verdeur, ni flasques par trop de maturité ; qu'ils aient une
belle transparence, et résistent mollement au toucher. Enlevez ceux
qui sont gâtés ou pourris; rejetez également ceux dont l'invincible
aigreur a bravé les bénignes influences du soleil d'été. Coupez
ensuite les queues des grappes, plongez-les dans de la poix
bouillante, et suspendez-les dans un endroit sec, frais, et
impénétrable à la clarté du jour.
Des ceps
dont les fruits se moisissent.
XVIII. Trente jours avant la vendange,
épamprez sur les flancs les ceps dont l'humidité fait moisir les
fruits, et ne laissez que les feuilles d'en haut, qui garantiront la
cime de la trop grande ardeur du soleil.
Des
heures.
XIX. Les jours des mois de septembre
et d'avril se ressemblent pour les heures.
Ie |
et |
XIe |
heures |
XXIV |
pieds |
IIe |
et |
Xe |
heures |
XIV |
pieds |
IIIe |
et |
IXe |
heures |
X |
pieds |
IVe |
et |
VIIIe |
heures |
VII |
pieds |
Ve· |
et |
VIIe |
heures |
V |
pieds |
VIe |
|
|
heure |
IV |
pieds. |
|