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AVIENUS.

LES PRONOSTICS D'ARATUS.

Numérisé et mis en page par Thierry Vebr

Avienus, Rufus Festus
  Description de la Terre  ; Les régions maritimes  ; Phénomènes et pronostics d'Aratus, et pièces diverses
trad. par MM. E. Despois et Ed. Saviot,
.... Itinéraire de Cl. Rutilius Numatianus, poème sur son retour à Rome
 trad. nouv par M. E. Despois,....
Poésies diverses sur l'astronomie et la géographie
trad. par M. Edouard Saviot,..
 C. L. F. Panckoucke, 1843 (Bibliothèque latine-française ; seconde série)

NE voyez-vous pas comme Phébé, élevant les cornes amincies de son astre, et ne glissant à travers les airs que la lueur d'un croissant effilé, à l'endroit où le jour tombe et où s'incline la route du soleil, vous annonce que le mois commence ? Son flambeau marquera le quatrième jour, lorsque, répandant ses premiers rayons sur nos corps, il fera projeter une ombre aux objets terrestres. Si l'image de Cynthie montre la moitié de son disque, ce sera un signe qu'elle est à son huitième lever, qu'elle fournit sa huitième carrière. Lorsque la déesse apparaîtra avec sa face entière, avec un vaste cercle resplendissant de lumière sur toute son étendue, elle annoncera au ciel que déjà pour elle la moitié du mois s'est écoulée. Quand de nouveau son visage cesse d'être plein, et que la déesse montre à moitié son disque lumineux et le cache à moitié dans les nuages, elle apprend, par ses pertes, que le mois est sur son déclin, et qu'il ne lui reste plus que le tiers de sa course à travers le ciel pour rejoindre le Soleil son frère. Enfin, quand elle ne fait plus projeter d'ombre aux objets, la Lune se lève quatre fois défaillante, de même qu'au commencement du mois elle s'est levée quatre fois avec une lueur pâle et terne. Ainsi ces huit jours ouvrent et ferment sa carrière. Pour tous les jours qui sont compris dans l'intervalle, on peut facilement les connaître ; toujours la déesse se montre sous un aspect particulier, soit qu'elle monte au zénith, soit qu'elle détache les coursiers de son char, soit qu'elle sorte des ondes.
Pour indiquer le point extrême du crépuscule qui termine les nuits, vous avez les douze signes que roule le zodiaque étoilé : car Phébus, dans sa course, passe de l'un à l'autre, et glisse tour à tour sur tous en accomplissant son voyage céleste, Tantôt il embrase une constellation de ses feux ; tantôt il verse sur une autre ses rayons d'or ; soit qu'il précipite son char incliné dans les ondes et que les ténèbres aient enlevé la forme aux objets ; soit qu'au sortir de sa couche il apparaisse sur la mer d'Orient, et dispense la couleur aux corps : ainsi, des astres différents accompagnent chaque journée. Je ne rappellerai pas ici qu'après une longue révolution ces astres reviennent à leur place première ; cette matière est traitée dans les livres anciens, qui en parlent d'ailleurs avec incertitude. Par exemple, l'antique Harpalus, qui pense qu'il faut que le Soleil roule pendant neuf hivers pour que la Lune retrouve son point de départ, la ramène trop tôt à son berceau : À ce nombre, on rapporte que le savant Athénien Méton ajouta dix longues années ; ce système prévalut : la docte Grèce l'adopta et le transmit pour longtemps à la postérité, Toutefois Méton a placé le commencement de l'année au moment où Phébus brûle le Cancer des feux de son astre où la ceinture d'Orion flotte au loin sur la mer, et où le Sirius lance les flammes de ses étoiles sombres.
C'est sur ces principes qu’on se fonde pour connaître les phases de la Lune qui permettent au marin de courir longtemps la mer sur un vaisseau, et à l'agriculteur de confier des grains à la terre féconde ; que celui-là les consulte avec un grand soin, qui veut livrer un navire aux flots ou des semences aux champs. La connaissance en est facile et demande peu de temps, et la science porte des fruits sans nombre. Vous serez payé de vos peines, si vous pouvez prévoir les changements qui s'opèrent dans l'air, et connaître les causes des orages. Pour vous, d'abord, vous écartez à votre gré les tempêtes furieuses ; puis, d'après vos conseils, les autres évitent la furie des flots, si vous reconnaissez à des signes certains les dispositions du ciel : car chaque jour, à heure fixe, la mer s'enfle avec un bruit rauque. Souvent même, bien que la vaste surface des flots repose mollement sous le manteau d'une nuit paisible, l'habile marin soustrait à la mer ses tranquilles vaisseaux, et il attache sa barque à un port du rivage, pressentant pour le matin les signes de la tempête. Quelquefois, quand Phébus élève son flambeau pour la troisième fois, on voit se déchaîner sur là mer l'ouragan furieux, annoncé par la Lune sa compagne. Souvent aussi Amphitrite s'agite le cinquième jour. Parfois, enfin, la tempête fond à l'improviste. La Lune vous donnera tous ces présages par des signes certains, soit que la lumière de son flambeau soit échancrée, soit qu'elle présente un disque complètement arrondi. Le Soleil aussi, à son lever ou lorsqu'il disparaît sous les flots, vous annonce souvent l'approche des tempêtes.
D'autres présages encore feront connaître les agitations de la mer et les grands bouleversements du ciel, à jour fixe, même après l'espace d'un long mois, même après toute une révolution des astres et du système du monde. De notre sol s'exhale, comme par transpiration, une sorte d'air humide, qui, à sa sortie des veines terrestres, se répand dans l'espace, couvre d'une couche invisible les vastes campagnes et nage au-dessus de toute la terre ; cet air devient une matière compacte, quand la chaleur des étoiles couronnées de feux l'a attiré et fait monter dans les régions supérieures, et qu'il s'est condensé à la longue pour couvrir l'horizon de nuages. Si cette substance humide s'échappe en moins grande quantité des entrailles de la terre, de légères nuées répandent seulement un brouillard sur la face du ciel. Si elle est d'une nature assez sèche, elle se disperse de toutes parts en vents rapides, et par la force de son souffle chasse l'air environnant. Mais quand trop d'humidité s'est élevée du sol, les nuages versent des pluies, et ces pluies naissent surtout de la chaleur. La chaleur est la force qui attire la substance pluvieuse ; mais quand cette substance est montée, le ciel brûlant la repousse, et elle fond en eau. Si deux masses de nuages se frappent comme en venant à la rencontre l'une de l'autre, les champs retentissent avec fracas de ce choc aérien, et de vastes murmures courent également dans les airs ébranlés. Cette lutte, cette fureur des divers éléments dans les régions supérieures fait souvent jaillir des éclairs éblouissants ; des feux volants fendent le ciel immense, et répandent une odeur de soufre. La terre enfante tous ces phénomènes : du fond de ses entrailles sortent les bouleversements célestes ; tandis que les deux flambeaux du monde, Phébus, brillant sur son char enflammé, et la Lune, conduisant son attelage nocturne, ont donné le signal de ces malheurs. En effet, quand la chaleur descend sur la terre émue, celle-ci relâche tout à coup les pores de ses veines, et ouvre les profondeurs de son sein : le sol s'abreuve de la lumière qui lui est versée d'en haut, se réchauffe et exhale une matière humide. Ces agitations de l'air, cette fureur de l'onde qui se soulève, ces violences des ouragans, ces colères du système céleste, voilà ce qu'il est bon de pressentir. Recueillez attentivement chaque chose en votre esprit ; ouvrez votre intelligence aux leçons des savants.
Quand Cynthie commence à montrer son croissant nouveau, observez avec soin la déesse aux deux extrémités de sa course ; car souvent son lever ne présente plus le même aspect de lumière ; au contraire elle change d'apparence et se distingue par une variété de forme, du premier jour qu'elle élève son flambeau au troisième jour qui la voit luire. Quand l'astre monte plus grand dans le ciel, et éclaire de son quatrième lever les plaines de l'air, il vous annoncera qu'on est pleinement entré dans le mois. Si donc à son troisième jour la Lune brille d'un vif éclat, pure de toute tache, elle présage que la sérénité sera durable. Mais si elle se lève avec un croissant aminci, le visage couvert d'un feu sombre, les Caurus déchaînés soulèveront les mers turbulentes. Si elle paraît ensuite avec une lueur terne, avec les pointes du croissant émoussées, et qu'à son quatrième lever elle ne fasse rendre qu'une ombre faible aux corps frappés de ses rayons, elle sera obscurcie par de noirs nuages ou par les Zéphyrs ; elle présage que le Notus soufflera, qu'il pleuvra ; car, lorsque l'air supérieur est épais, il enveloppe et fait pâlir le croissant ; et ce qui le condense, c'est le Notus humide. Si Cynthie, poussant son char encore pour la troisième fois, tient son flambeau droit, et que les pointes brillantes du croissant se courbent à peine et ne décrivent pas un demi-cercle de lumière dans les airs, c'est un signe que le Zéphyr va se lever du côté de l'occident ou le Notus du côté de la Libye. Si pendant quatre jours Cynthie conduit son attelage en lançant des feux vifs d'un croissant dont les extrémités se prolongent sans mesure, une longue tempête troublera les flots, les Caurus impétueux tourmenteront toutes les mers, des vents furieux balayeront l'abîme. Si la pointe qui est tournée vers Borée fléchit de ce côté comme pour s'incliner, elle présage au ciel le souffle cruel de l'Aquilon : l'astre atteste que de là lui vient le poids qui l'oppresse. Le même indice annoncera l’arrivée du Notus, alors que vous verrez la pointe méridionale du croissant se courber de ce côté et s'affaisser d'elle-même ; l'Auster, en effet, pousse cette pointe en pesant sur sa partie inférieure. Quand la Lune, à son troisième lever, porte autour de son disque un cercle rougeâtre, vous verrez bientôt, sous le fracas de la tempête, blanchir au loin la mer écumeuse ; et le bouleversement des flots sera encore plus terrible, si le visage même de la Lune est d'un rouge excessif.
Faites les mêmes observations, soit quand la déesse développe en entier son disque lumineux, soit quand ses contours arrondis se creusent, et que privée, pour ainsi dire, de ses feux du milieu, elle étend de deux côtés des formes que les pertes ont amincies. Au moment où le premier quartier tend vers la pleine lune, au moment où la pleine lune revient au croissant, examinez la teinte de sa face, tirez les présages qu'elle fournit pour le temps, et séparez l'ensemble du mois en époques. Les signes observés un seul jour n'annoncent rien ; il n'y a pas d'observations qui s'appliquent à chaque jour. Mais les présages qui se renouvellent trois ou quatre nuits de suite, jusqu'à ce que Cynthie montre la moitié de son visage, annoncent au ciel des choses certaines. Ceux qui accompagnent son disque, depuis le moment où il se montre à moitié jusqu'à la pleine lune, annoncent tantôt le temps qui régnera pendant le décours de l'astre, tantôt le temps qui régnera pendant sa dernière phase, alors que Phébé se rapproche de la lumière du Soleil son frère.
Le fluide qui s'étend dans les espaces vides de l'immense univers porte le nom d'air ; celui qui s'exhale du sein de la terre forme ce qu'on appelle les nuages ; et au-dessus le ciel, cour des dieux, roule autour de l'axe sa voûte solide. Là, chaque divinité occupe sa place désignée. Le palais élevé de Saturne repose au cercle Boréal. À ce tropique où l'année plus chaude respire la sécheresse, Jupiter, enflammé par l'été, se tient dans le ciel ardent. L'équateur, brûlé par des feux immodérés, sert de demeure à Mars. À l'endroit où le solstice d'hiver fait rebrousser le char du Soleil, brille le bel astre de Vénus. Enfin, aux lieux où le cercle antarctique se plonge dans l'ombre, Mercure a établi son pluvieux séjour. Par-dessus ces cinq grands cercles le Soleil accomplit, dans les limites qui lui sont assignées, sa course brûlante. Tout près des nuages, à l'endroit où les exhalaisons de la terre se condensent en humides brouillards, la Lune roule dans la région inférieure du ciel. Souvent le flambeau de la Lune, dans sa marche au-dessus des nuages, s'imprègne d'humidité, et la lumière de la déesse présente alors diverses figures ; ainsi on dirait parfois que Phébé est enveloppée par les nuages, tandis que ceux-ci volent au-dessous d'elle. Toutes les fois que la Lune paraît environnée d'un cercle, ces trois signes peuvent se présenter : ou le cercle est triple ou il est double, ou il la ceint d'une circonférence unique. S'il est simple, il présage tantôt une tempête certaine, tantôt un temps serein ; par exemple, si la ligne est bien tranchée, elle annonce que les Eurus vont aussitôt se déchaîner ; mais si elle se fond peu à peu dans un pâle brouillard et s'étend dans l'espace, elle nous apprend que les ondes seront paisibles. Quand deux anneaux embrasseront la Lune, un ouragan violent bouleversera les mers, bouleversera les terres. Si un troisième anneau étreint son disque rougissant, les tempêtes, plus terribles encore, soulèveront les ondes. Enfin, si les cercles se détachent de la Lune et jettent dans l'espace une traînée sombre, l'Auster furieux répandra plus que jamais l'épouvante, et la tourmente, au dernier degré de sa rage, ébranlera jusqu'au fond l'abîme des eaux.
Mettez plus de soin encore à observer le Soleil : le Soleil est accompagné de présages plus sûrs ; ce qu'a annoncé le roi des astres s'accomplit plus fidèlement. Soit qu'il précipite sa course vers les ondes du couchant, soit qu'il s'élève splendide des rivages de l'aurore, ses immenses rayons dissipent, par leur éclat, l'obscurité des ténèbres et les noires vapeurs des brouillards, alors que ses feux puissants pénètrent les ombres et que son flambeau déchire les voiles de la nuit. C'est lui qui, par sa chaleur, réveille la nature endormie, et qui vivifie de ses flammes les corps languissants. Le Soleil ranime toutes choses ; le Soleil bienfaisant, du haut de son char de lumière, force d'abord les plus durs obstacles. Phébus, par ses feux, donne de la consistance aux corps qui se dissolvent ; Phébus, par ses rayons, dilate ce que le froid avait condensé. Mais quand la lumière éclatante du Soleil pâlit et perd de sa vigueur et que le dieu se dérobe derrière une nuée épaisse, c'est un signe que le ciel et la mer vont subir de grandes secousses. Que cet astre, au moment où il s'élève des eaux de l'Orient, ne présente pas un visage peint de toutes sortes de nuances ; car on ne peut espérer, quand le Soleil se lève ainsi, que le ciel demeure calme et serein. Et quand même il parcourrait tranquillement le ciel et plongerait son brillant flambeau dans la mer, dégagé de nuages, la chevelure éclatante, le disque éblouissant, il faudrait consulter d'abord l'aspect qu'il avait en se levant. S'il se lève avec un visage plein, bien arrondi, répandant de larges flots de lumière qui atteignent la fois les régions de l'Auster et celles du rigoureux Borée, son flambeau au lever prochain, ne sera accompagné ni de vent ni de pluies.
Si au moment où le Soleil flamboie et répand ses rayons la lumière du dieu bienfaisant vient à se retirer, observez soigneusement les présages infaillibles qu'il nous offre. Faites attention si sa face ne se couvre pas d'une rougeur sanglante qui jette de longs reflets sur les nuages vagabonds, on si son flambeau mourant ne se voile pas d'une teinte sombre. Si c'est la teinte sombre qui l'emporte, la terre sera noyée de pluies, et les fleuves gonflés, rompant leurs digues, se répandront au-dessus des rives élevées ; si c'est la rougeur de feu, des vents continuels battront la surface des flots et balayeront toute la terre, le souffle impétueux de l'Aquilon inclinera la chevelure des forêts et leurs cimes superbes. Si les deux nuances se disputent également la face du Soleil, on verra à la fois les Notus se déchaîner et les pluies inonder les campagnes.
Il arrive quelquefois qu'au lever du Soleil, ou à son coucher, quand il plonge ses feux dans la mer, les rayons du dieu rencontrent des brouillards ; de sorte que, tandis que le reste du flambeau étincelle, la partie qui baigne sa chevelure dans les eaux ne fournit qu'une lueur incertaine. De même aussi le disque de l'astre, quand il s'élance dans le ciel, est quelquefois embarrassé d'un amas de nuages livides qui le couvrent d'un épais manteau, puis se dégage dans le cours de la carrière, et enfin, descendant vers le terme opposé, cache de nouveau sa face dans les vapeurs. Tous ces signes annoncent à la terre des torrents de pluie. D'autres fois le dieu semble précédé par une nuée légère. Si cette nuée s'élève rapidement devant lui, et qu'il la suive avec une lumière sans éclat, les champs seront inondés par les pluies. Mais si Phébus s'élance des bords de l'aurore avec un disque plus grand que d'ordinaire, que les contours de ce disque s'effacent dans sa marche à travers le ciel, et qu'enfin, arrivé à son zénith, le Soleil diminue l'éclat de ses rayons, le temps sera pur et calme : c'est que l'air, plus épais quand le Soleil est peu élevé, fait paraître l'astre plus large ; tandis que, plus léger dans les hauteurs du ciel, il le ramène à ses justes proportions. Après une journée humide et agitée de bourrasques, si le Soleil se couche avec un front pâle, c'est signe de beau temps ; écartant le rideau des nuages, sa face apparaît languissante comme celle d'un malade, et la dispersion des vapeurs entassées indique que les cieux vont reprendre leur sérénité.
C'est un présage de pluie quand on voit au matin de vastes bancs de nuages sombres qui s'allongent à l'horizon ; et lorsqu'au soir les rayons du Soleil se partagent en cieux, et que la nuit apporte de froides rosées, c'est encore signe de pluie. Si le char de Phébus, en entrant dans les ondes de Calpé, rayonne pur et tranquille, et laisse après lui les nuages en feu, la nuit et le jour qui suivent seront sans pluies ni tempêtes. Mais quand ses rayons pâles n'ont qu'une chaleur mourante et une pointe sans vigueur, les nuées pluvieuses viendront, amenées par la tempête. Le jour sera alors éclipsé comme quand la Lune cache le char obscurci de son frère ; placée sous le Soleil, elle intercepte sa lumière sacrée, et empêche d'arriver à la terre les traits de son flambeau éclatant. Si les nuages, au lever du Soleil, roulent en flocons rouges de sang, le ciel se fondra tout en eau. Si le Soleil, du sein enflammé de la mer, fait jaillir ses rayons dans les airs, et que ces rayons soient enveloppés d'une vapeur sombre, ce jour sera exposé aux vents et à la pluie. La pluie tombera également si un cercle noir environne l'astre à son lever ; elle tombera plus forte, elle abreuvera le sol avec plus d'abondance, si cette enveloppe persiste et conserve le noir aspect d'une masse opaque.
Souvent aussi, frappée par les rayons de Phébus, une nuée s'enflamme et reproduit la figure du dieu ; le feu qu'elle a reçu enfanté cette image semblable à un globe de lumière. Tenez pour certain que du côté du ciel où vous la verrez, les vents souffleront ; cependant, de tous ces présages, les plus sûrs sont ceux qui accompagnent le coucher du soleil.
Il convient aussi de remarquer la petite Étable : c'est le nom que la docte Grèce a donné à la nuée qui couronne la partie antérieure du Cancer. Jetez les yeux sur les deux Ânes, dont l'un tourne ses étoiles brillantes du côté du septentrion, et l'autre du côté du tiède Auster : l'espèce de nuée qui se forme au milieu est ce qu'on appelle Étable. Si cette Étable se dérobe tout à coup à la vue, et qu'en même temps les Ânes étincellent d'un rouge de feu, des tempêtes épouvantables bouleverseront les eaux. Si ces astres conservent une lumière semblable, et que la nuée présente un aspect sombre, une pluie douce descendra du ciel, et la terre sera bientôt humectée d'une bienfaisante rosée. Si celui qui est voisin du violent Borée voit pâlir le feu languissant de son flambeau, tandis qu'à l'opposé la crinière de l'autre Âne est étincelante, l'Auster s'élèvera aussitôt des vallées de l'Éthiopie. Mais si l'astre voisin du Notus voit décroître sa lumière, l'impétueux Aquilon se déchaînera des antres des Riphées.
Tirez aussi des phénomènes terrestres des présages certains de tempêtes : quand le dos des mers se gonfle ; quand les rivages arrondis résonnent au loin, sans que les flots bleuâtres s'y viennent briser ; quand les cimes aériennes des montagnes font entendre un murmure, ce sont des signes qui annoncent les vents.
Quand la foulque gagne les champs d'un vol effrayé, fuyant les lacs, et qu'elle remplit l'air de ses longs gémissements elle indique que les flots vont bientôt blanchir, battus par les autans. Lorsque, dans le ciel encore serein, la tempête se prépare à venir, l'étourneau vorace présente aux Eurus sa poitrine bigarrée, de manière à les faire glisser sur le tendre plumage qu'ils pressent, et à les empêcher de s'engouffrer dans sa queue.
Souvent aussi tous verrez le canard aux pieds palmés sortir des flots, le brouillard se détacher du pic des montagnes, le duvet des fleurs voltiger au-dessus des eaux, la chevelure des étoiles être lancée hors du ciel, et tomber sur la terre en laissant après elle un sillon lumineux : autres signes qui annoncent l'approche des vents.
Si des éclairs jaillissent de tous les points de l'espace, des dures régions de l'Eurus, des contrées du Notus, du paisible domaine du Zéphyr, et du ciel glacé de Bistonie, la mer sera agitée sans fin ni mesure par une foule de tempêtes.
Si les grenouilles répètent aux marais leur plainte monotone ; si des flocons nuageux flottent dans le ciel ; si l'arc double d'iris projette ses mille couleurs dans l'étendue ; si un cercle noir cerne les blanches étoiles ; si les oiseaux battent des ailes auprès de l'eau ; s'ils se baignent plus souvent dans la mer ; si l'hirondelle babillarde rase fréquemment les flots ; si aux premières lueurs du matin les chouettes font entendre leur voix funèbre ; si la corneille sinistre effleure avec sa tête les eaux et en arrose les plumes de son corps ; si elle jette des cris de fureur, les nuages se résoudront en torrents de pluie.
Il y aura pluie, si la génisse aspire l'air de toutes ses narines ; et les champs en seront largement abreuvés, si la fourmi industrieuse, quittant ses demeures ordinaires, porte ses oeufs dans les entrailles du sol ; car un temps âpre, un jour froid, un air glacé relèguent cet insecte au plus profond des terres. Le beau temps revient, quand la poule d'eau avec son bec recourbé lustre le plumage de sa poitrine ; quand les geais apparaissent volant çà et là en troupes serrées ; quand les corbeaux font entendre le croassement de leur étroit gosier ; quand le héron à la haute stature regagne les eaux avec des cris répétés ; quand les moucherons dardent leurs aiguillons. Mais si l'éclat des lampes de nuit est obscurci par les champignons que forme la mèche ; si la flamme pétille et lance des étincelles, ou que le foyer de la lumière vienne à languir, on doit s'attendre à des pluies imminentes. Enfin si le feu, en brûlant sous un vase d'airain, l'embrasse de ses flammes sans que des étincelles jaillissent ; si le Notus apporte des nuages humides du ciel de Libye ; si un épais manteau de brume, couvrant les flancs des montagnes, laisse à découvert leurs tûtes rocailleuses ; et si, au-dessus de la surface immobile de la mer, d'immenses traînées de nuages s'allongent dans toute l'étendue du ciel, Thétis et la terre demeureront en repos, et il ne pleuvra dans aucune contrée.
De même qu'il faut, par un temps calme et serein, prévoir les signes qui annoncent la tempête ; de même, quand l'air est bouleversé, reconnaissez les présages qui rendent la paix aux terres et à la mer. On remarque d'abord cette petite Étable, que le Cancer roule avec lui dans ses hautes régions. Celle-ci, quand l'air épais commence à perdre de sa densité, secoue le manteau pesant qui l'écrasait : exposée d'abord au souffle de l'Aquilon serein, elle est débarrassée par le premier coup de vent. Alors le hibou module sa plainte nocturne, et la corneille séculaire fait entendre son cri du soir ; alors les corbeaux battent des ailes, et appellent avec des croassements de triomphe leurs nombreux compagnons ; alors ils entrent ensemble avec joie dans les nids qui leur sont connus, alors ils agitent à grand bruit leurs ailes contre leurs flancs.
Alors aussi vous verrez les grues du Strymon voler en troupes dans le ciel, dont l'année plus douce a écarté les tempêtes. Quand la lumière de toutes les étoiles pâlit tout à coup, et cela sans que des nuages les enveloppent de voiles épais qui nous en cachent la flamme brillante, sans que des brouillards émoussent la pointe de leurs feux, et sans que la pleine lune éclipse leurs régions sacrées, mais bien par une défaillance qui leur est propre, il faut y reconnaître les signes d'une tempête d'hiver. Si des nuages pendent immobiles dans le ciel, tandis que d'autres, emportés avec rapidité, semblent glisser au-dessus ; si l'oie s'acharne à mordre un gazon à moitié rongé ; si, la corneille se fait entendre la nuit, au lever de l'étoile de Vénus ; si le geai ne cesse de pousser des cris ; si le pinson chante dès le matin ; si les oiseaux fuient à tire-d'aile les flots troublés de Nérée ; si l'orchilus, ennemi de l'hymen couronné de fleurs, gagne tes profondeurs de la terre ; si le petit rouge-gorge se glisse en tremblant dans les fentes des rochers ; si les abeilles, filles de l'Attique, se contentent de butiner près de leurs ruches et de pomper tristement le suc des fleurs voisines ; si dans les champs de l'air les grues de la Thrace s'arrêtent tremblantes, et ne poursuivent plus d'une aile audacieuse leur vol en longs bataillons ; si l'araignée brise ses toiles, dont les fils déliés flottent par tout le ciel au gré de l'Auster, les tempêtes et les sombres nuages s'approchent.
Mais voici des présages encore plus significatifs. La cendre elle-même, la cendre, quand elle se coagule tout à coup, annonce que la terre va se vêtir d'un blanc manteau de neige. La neige couvrira encore la terre, quand la surface des charbons brille d'un rouge ardent, tandis qu'à l'intérieur on voit errer comme des bouffées de fumée sombre, et que le feu semble languir au centre du foyer. Un signe qui accuse l'approche des Austers pluvieux, c'est quand l'yeuse se pare de nombreuses fleurs [car le bois dur est naturellement pauvre de sève] ; et les fleurs nouvelles, les glands dont l'arbre charge ses bras, annoncent que le ciel humide lui prépare en secret de quoi le nourrir. Le lentisque sert aussi, à présager les pluies. Trois fois l'arbre produit ; trois fois il donne naissance à des fruits nouveaux ; et par sa triple floraison il indique trois époques favorables au labour. Trois fois la fleur arrondie, rompant son enveloppe, montre que le temps est venu de sillonner le sol.
De même, si vous voyez à la fin de l'automne les frelons voler en essaims bourdonnants, alors que le lever de Vénus annonce déjà la première veille, vous direz que les tempêtes sont imminentes. Et si les pourceaux, si l'animal qui porte la laine, si la chèvre qui erre parmi les buissons courent à l'accouplement (l'humidité de l'air excitant une fureur amoureuse dans leurs organes), vous conjecturerez que les bourrasques et les sombres nuages vont venir. Le laboureur, ainsi que tous ceux qui travaillent la terre à époques fixes, se réjouira de la première apparition des grues ; le laboureur en retard se réjouira du passage des grues attardées : car, d'après un ordre des dieux, ces oiseaux se montrent toujours avec les pluies. Si les troupeaux de moutons fouillent la terre, en allongeant leur tête du côté de l'Ourse, alors que les Pléiades n'ont pas encore gagné la couche humide des flots turbulents, et que l'automne fécond se retire devant les froids de l'hiver, la pluie tombera par torrents. Mais si la terre, sans être creusée par le pied des troupeaux, ouvre elle-même son sein en se fendant profondément, de fougueuses tempêtes se déchaîneront de tous les points de l'espace, la neige couvrira toutes les campagnes, la neige nuira aux jeunes plantes, la neige brûlera les blés. Si plusieurs comètes viennent à flamboyer, les moissons mourantes se dessécheront sous un air brûlant. Car la nature veut que les pores de la terre éclatent, s'ils manquent de l'humidité nécessaire, cependant que les comètes élèvent dans les hauteurs de l'espace leurs feux arides, et, poussées par une chaleur céleste, ébranlent les étoiles et se couronnent d'une rouge chevelure.
Remarquez également que, si les oiseaux par bandes nombreuses arrivent de la haute mer et viennent en foule se poser sur la terre ferme, une chaleur stérile exercera ses ravages, et les champs seront altérés d'eau ; car les plages que baigne la mer, comme exposées par leur élévation au souffle des vents secs, ressentent plus vite les effets d'une température brûlante ; et c'est pourquoi les oiseaux se réfugient dans les terres. Le laboureur, à la vue de ces chaleurs, est consterné et pleure les gerbes desséchées comme du chaume. Mais si la troupe ailée qui vient des mers est peu nombreuse, et ne trouble pas le ciel de son vol rapide et désordonné, les rustiques bergers se réjouissent ; ils prévoient des pluies modérées. Ainsi, pauvres humains, nous sommes toujours poussés vers des vœux opposés, et, dans notre empressement de jouir, nous demandons des avantages qui sont des pertes pour les autres. Cependant la nature ingénieuse, cette mère de tout ce qui existe, a donné à Ceux qu'elle aime des signes certains de ce qui doit arriver. Si la brebis broute l'herbe d'une dent avide, insatiable de nourriture, dépouillant joyeusement les prés, le pasteur y verra l'indice d'un froid pluvieux. Et si le bélier lascif recherche en bondissant les pâturages ou que les chevreaux se dressent en sautant, ou bien encore s'ils restent toujours à la suite du troupeau, sans s'éloigner de leur mère, et s'ils broutent les plantes sans fin ni mesure, malgré le soir qui les appelle au paisible bercail, c'est un signe qu'il va pleuvoir.
De même le laboureur tire de ses bœufs les présages d'une noire tempête, s'il les voit promener leur langue sur leurs pieds de devant ou renverser leur corps sur le flanc gauche ; ou s'ils remplissent les airs de mugissements prolongés, et, le soir, ne quittent qu'à regret les pâturages. La chèvre annonce des changements de temps, quand elle recherche avidement les épines de l'yeuse noire. Le même présage est donné par le cochon immonde, s'il se vautre plus souvent que de coutume dans la vase.
Le loup lui-même, consacré à Mars, quand il rôde autour des maisons de campagne, recherchant la demeure de l'homme, et venant l'attaquer jusque dans son foyer et dans son lit, annonce que le ciel doit se charger d'épais nuages. C'est ce que présagent aussi les petits rats, quand ils sortent de terre comme pour jouer. Le chien aussi désigne d'avance ce phénomène, quand il fouille profondément le sol. Toutefois ces signes n'annoncent la pluie que pour le jour suivant, ou pour la seconde course fournie par le char du Soleil, ou même pour le troisième lever de cet astre dans les cieux.
Ne méprisez pas ces présages, mais souvenez-vous de confirmer l'un par l'autre ; et si un troisième s'ajoute aux deux premiers, ne craignez pas de prédire à coup sûr. Vous travaillerez aussi à mettre en ordre les signes tirés du cours des mois, pour voir s'ils se rapportent à ceux que vous avez déjà. Qu'une fausse honte ne vous fasse pas chanceler. Comparez le lever des astres, comparez leur coucher, et voyez si l'étoile ne présente pas alors des cas semblables. Initié à cette science sacrée, dites sous quel aspect se présentent les fins de mois, et leurs commencements. Les limites extrêmes par lesquelles deux mois se touchent cachent des mystères ; pendant huit jours alors le flambeau de la Lune n'apparaît pas. Faites-en l'objet d'une étude sincère ; et si vous obtenez quelque découverte, ayez soin de la confirmer en l'appuyant sur un plus grand nombre de preuves.

NOTES SUR LES PRONOSTICS D’ARATUS.

1. - Sed primaeva Meton, etc. (v. 48). Le nom de cet astronome ne se trouve pas dans Aratus. Au reste, rien de plus célèbre que Méton ; il est l'inventeur du cycle qu'on appelait métonien.

2. - Aeris immadidum, etc. (v. 84 et suiv.). Avienus ici s'éloigne encore d'Aratus. Cette dissertation physique est empruntée à différents philosophes grecs.

3. - Hic super imbres, etc. (v. 98). Aristote (Météorol., liv. I, ch. 9) donne à peu près même explication au même fait. Il est possible que le poète latin l'ait eue en vue.

4. - Occurset sibimet velut obvia cominus, etc. (v. 101 et suiv.). On peut voir dans le poème de Lucrèce, liv. VI, v. 95, la description des mêmes phénomènes.

5. - Imbribus aut Zephyris (v. 137). Aratus ne parle pas des Zéphyrs ; il ne mentionne en cet endroit que le Notus.

6. - Aut Libyae de parte Notum (v. 145). Ici Avienus prend encore sur lui de parler du Notus; l'auteur grec n'en dit pas un mot.

7. Hoc quod protento vehit, etc. (v. 180 et suiv.). Nouvelle digression du poète, qui, à propos de la lune, qu'il met près des nuages, assigne une place à chaque planète; mais c'est une digression malheureuse. Il attribue Saturne au cercle arctique, Jupiter au tropique du Cancer, Mars à l'équateur, Vénus au tropique du Capricorne, et Mercure au cercle antarctique ; tandis que ces cercles sont également communs à toutes les planètes.

8. - Has super amplas, etc. (v. 191). Ce que dit ici Avienus est en contradiction avec ce qu'il avance dans les Phénomènes.

9. Convexa cucurrerit astro (v. 238). Tournure grecque. Les Grecs disaient :Tr¡xein tò st‹dion.

10. -- Silvarumque comas (v. 259). Comparez ce vers avec le vers 1181 des Phénomènes.

11. - Graecia doctae (v. 327). On a pu remarquer qu'Avienus qualifie incessamment la Grèce de docte et d'ingénieuse..

12. - Protinus Æthiopum surget convallibus Auster (v. 341). Les Éthiopiens sont mis ici pour les peuples du Midi pris en général.

13. - Et quum parva fulix, etc. (v. 350). Fulix, ou fulica, est la foulque proprement dite, ou morelle ; on la range avec la poule d'eau et la poule sultane parmi les foulques caractérisées par l'armature de leur front. La foulque proprement dite, ou morelle, a les doigts fort élargis par une bordure festonnée ; aussi nage-t-elle parfaitement, et passe-t-elle toute sa vie sur les marais et les étangs. On n'en possède en Europe qu'une seule espèce, de couleur d'ardoise foncée. En été, elle vit dispersée en petites bandes ; mais en hiver elle se réunit en troupes très nombreuses sur les grands lacs dont les eaux ne gèlent que rarement.

14. - Sturnus edax, etc. (v. 356). L'étourneau commun est répandu dans tout l'ancien continent ; il se tient sur les arbres qui bordent les prairies, et vole en troupes nombreuses et serrées ; son plumage noir, avec des reflets violets et verts, est parsemé de taches blanches ou fauves.

15. - Si matutinas ululae, etc. (v. 377). La chouette proprement dite (ulula) diffère du hibou proprement dit (otus) par l'absence de l'aigrette.

16. - Gallinula (v. 387). La poule d'eau (gallinula) a les doigts longs et garnis d'une bordure étroite. On la voit souvent à terre ; mais elle vit eu général sur les eaux dormantes. Notre poule d'eau commune est répandue dans presque toute l'Europe.

17. - Noctua (v. 415 ). C'est proprement la chevêche qui a l'ouverture de l'oreille plus grande que les autres oiseaux de proie nocturnes, avec le disque de plumes qui entoure les yeux moins grand et moins complet.

18. - Tum corvi crepitant (v. 417 ). Quelques auteurs proposent le mot crocitant, qui exprime mieux le croassement du corbeau. Plaute (Aulularia, act. IV, sc. 3, v. 4) s'est servi du verbe crocire en l'appliquant au ce du même animal.

19. - Tunc et Strymonias circumvolitare repente Suspicies per aperta grues (v. 420). On peut comparer ce passage avec celui d'Homère sur les mêmes oiseaux, Iliade, ch. II, v. 3 et suiv.

20. - Petacius (v. 432 ), Ce mot se rencontre très-rarement.

21.- Innumero si crantu graculus instat (v. 434 ). Le geai est rangé parmi les corbeaux. Ce qui le distingue, c'est que les mandibules de son bec sont peu allongées et se terminent par une courbure subite ; sa queue est aussi moins grande que celle du corbeau, Celui dont Avienus parle ici est sans doute le geai d'Europe, dont l'aile est ornée d'une grande tache d'un bleu vif, rayée de bleu foncé. On rencontre des geais par paires ou par petites troupes dans les forêts.

22. - Cecropias si pastus apes (v. 440). Cette épithète de Cecropias indique que le poète songeait aux abeilles du mont Hymette, si renommées dans toute l'antiquité par la qualité supérieure du miel qu'elles produisaient. Les Athéniens avaient coutume de placer les ruches an milieu des romarins et des genêts : attention qui mettait à la disposition des abeilles les sucs les plus favorables pour composer un miel parfumé.

23. -- Sponte grues trepidant (v. 443). Ces oiseaux voyagent par troupes nombreuses et en formant un triangle. Celui qui occupe le sommet du triangle fait entendre un cri par intervalle, auquel tous les autres répondent aussitôt.

24. - Lentiscus amura (v. 458). Le lentisque est un arbre des pays chauds, qui fournit une espèce de mastic.

25. - Crabronum (v. 464 ). Les frelons sont proprement les abeilles mâles, que les cultivateurs appellent à tort bourdons.

26. - Quippe ollis uvidus aer Excitat internum per viscera mota furorem (v. 470). Ceci a été ajouté par Grotius : le passage était défiguré.

27. - At si contigerit plures ardere cometas (v. 487 ). Il est extrêmement probable qu'Avienus ne veut pas dire ici des comètes, mais simplement des météores ignés.

28. - Nam qua circumflua tellus (v. 497). Cette opinion est celle de Plutarque, qui prétend que les îles sont plus sèches que la terre ferme.

29. - Laetitia est duris pastoribus (v. 505). Avienus s'éloigne encore du sens d'Aratus.

30. - Id parvi commonstrant denique mures (v. 531). Peut-être, au lieu de petits rats, faudrait-il reconnaître ici des souris. Plusieurs naturalistes prétendent que parmi le genre des rats (qui comprend la souris, le rat domestique, ou rat noir, le surmulot, le mulot, etc.), l'espèce des souris était la seule que les anciens connussent. Peut-être aussi faudrait-il y voir des campagnols, qu'on appelle quelquefois petits rats des champs, mais par une expression inexacte : le campagnol ne dépend pas du genre des rats ; on le rapporte à la tribu des arvicoliens. Au reste, le campagnol ordinaire est aussi petit que la souris, avec le dos d'un jaune brun et le ventre d'un blanc sale.

31. - Si casus similes ea stella per æthram (v. 545). L'auteur grec dit seulement qu'il faut observer la fin des mois. Ce que le poète latin ajoute des cas semblables que doit présenter l'étoile est de son invention. Probablement il a été trompé par la signification équivoque du mot fr‹zesyai.