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Aratus de Soles relu et corrigé
I - Phénomènes
Que Dieu reçoive nos premiers hommages : chantons, célébrons sa puissance ! La terre, les mers, et les demeures des hommes sont remplies de sa présence. Faibles mortels, nous avons besoin de son secours, car nous sommes la race de Dieu même. Dans sa bonté, il nous rappelle par des signes propices la nécessité du travail pour le soutien de notre vie. Il nous annonce la saison du labourage sous les pas des bœufs et sous les coups du hoyau. Il nous montre au ciel, par les astres qu'il y a répandus, le temps de confier à la terre les plantes et les semences auxquelles elle ouvre son sein ; car il a distribué les étoiles sur toute la longueur de l'année, afin qu'elles indiquent aux hommes les travaux propres à chaque partie de sa durée, avec les temps où naissent et mûrissent successivement les productions de la terre, pour être offertes en expiation à la divinité, principe et fin de toute chose. Je te salue, ô père des hommes ! Prodige incompréhensible de l'infini, je te salue ! Et vous aussi muses aimables et douces, recevez mon hommage ! J'entreprends de décrire les astres, et de marquer les signes qu'ils nous présentent. Venez à mon aide, et secondez mes efforts ! Cette multitude d'étoiles semées çà et là dans la voûte céleste, est emportée avec elle chaque jour sans intermission par la révolution perpétuelle du ciel, sans que l'axe de ce mouvement change de place, pendant que la sphère étoilée tourne autour de la terre immobile au centre de l'univers. Des deux pôles qui sont les extrémités de l'axe, l'un est toujours invisible, l'autre qui lui est opposé, et du côté de borée, se tient toujours élevé au-dessus de l'océan. Autour de lui tournent ensemble les deux Ourses, qui pour cela ont été nommées Chariots, et dans le mouvement qui les entraîne, leurs têtes répondant réciproquement à leurs lombes, elles demeurent constamment renversées relativement l'une à l'autre, par l'opposition de leurs dos. S'il faut en croire la fable, elles ont été transportées de l'île de Crète au ciel par le grand Jupiter, qui voulut par cette faveur les récompenser de l'avoir nourri de leur lait une année entière pendant son enfance, sur l'odorant Dicta, près du mont Ida, dans la grotte où tes curètes l'avaient caché quand ils trompèrent Saturne qui le cherchait. L'une est la Cynosure, l'autre se nomme Hélice. Les Grecs observent l'Hélice dans leurs navigations, et les Phéniciens se dirigent par la Cynosure dans leurs voyages sur mer. L'Hélice est claire et paraît en plein dès le commencement de la nuit. L'autre est moins apparente ; mais les navigateurs la préfèrent, parce qu'elle décrit un cercle plus petit, et c'est pour cela que les Sidoniens la prennent pour guide. Le grand et monstrueux Dragon, comme un torrent sinueux, passe entre ces deux ourses, qui de chaque côté de ses replis, se tiennent au-dessus de l'océan azuré. Il les sépare en étendant sa queue sur l'une, et en se courbant sur l'autre : sa queue se termine à la tête de l'Hélice, et reçoit dans sa circonvolution la tête de la Cynosure, jusqu'aux pieds de laquelle il s'avance pour s'en détourner encore. L'étoile de sa tête n'est pas la seule brillante, car il en a deux aux tempes, deux aux yeux, et une autre est placée à l'extrémité de la mâchoire inférieure de ce serpent affreux. Sa tête penchée paraît se baisser vers le bout de la queue de l'Hélice. Les étoiles de sa gueule et de sa tempe droite, sont en ligne droite avec celle de sa queue, et sa tête s'incline vers le point où les levers et les couchers se touchent presque les uns les autres. Près de là tourne aussi une figure qui ressemble à un homme en peine. On ne sait ni à quel sujet ni ce qu'il fait ; mais on l'appelle l'homme à genoux, parce qu'il a l'air d'être agenouillé pour son travail ; ses mains sont élevées jusqu'à ses deux épaules, et sont étendues et séparées par un intervalle de six palmes, et l'extrémité de son pied droit est au-dessus de la tête du Dragon tortueux. Là est aussi la couronne dont Bacchus a fait le signe d'Ariane mourante. Elle tourne avec le ciel, placée au dos de l'homme représenté à genoux. Voyez, tout près de la tête de celui-ci, celle du Serpentaire Ophiuchus. Vous le distinguerez à l'éclat de ses épaules et de sa tête, qui paraissent même pendant que la lune est dans son plein. Ses mains ne sont pourtant pas aussi apparentes, car elles ne rendent qu'une faible lueur ; elles sont néanmoins visibles, parce qu'elles ne sont pas trop petites. Elles sont fatiguées de porter le Serpent, qui croise le Serpentaire. Celui-ci, debout sur le grand Scorpion, le foule sous ses pieds qu'il appuie sur son œil et sa poitrine, en tenant dans ses mains le Serpent, dont la moindre partie est dans sa droite, et la plus grande dans sa gauche, et dont la mâchoire supérieure atteint la couronne. Sous cette circonvolution cherchez les grandes Serres : elles sont sans éclat et sans lustre. Derrière l'Hélice marche Arctophylax, le conducteur de l'ourse, semblable à un cocher. On l'appelle Boôtes, Bouvier, on le voit toucher le char de l'Ourse. Il est tout entier fort apparent. Au-dessous de sa ceinture brille l'étoile Arcturus, de plus d'éclat que toutes les autres de cette constellation. Voyez sous les deux pieds du Bouvier, la Vierge qui porte dans ses mains l'épi resplendissant, soit qu'elle fût fille d'Astrée, que l'on dit avoir été le père des astres, soit qu'elle ait eu un autre père, nous la laisserions sans en parler davantage ; mais une autre tradition répandue parfois la fait regarder comme ayant autrefois vécu familièrement sur la terre dans la société des hommes et des femmes, quoiqu'elle fût immortelle. On la nommait Justice ; elle rassemblait les vieillards, ou sur une place publique ou dans tout autre endroit en plein air, et leur enseignait avec soin les lois de l'équité. On ne connaissait pas encore les procès ruineux ni les aigres disputes, non plus que les dissensions. On vivait simplement ; on ne se hasardait pas sur la mer, et des navires n'allaient pas au loin chercher des aliments pour les rapporter. Les bœufs et les charrues suffisaient pour la nourriture des hommes, et la Justice qui régnait sur eux leur distribuait avec abondance tous les biens dont ils avaient un véritable besoin. Elle resta parmi eux aussi longtemps que l'âge d'or dura sur la terre. Elle ne s'y montra plus que rarement dans l'âge d'argent, et encore n'allait-elle pas en tout lieu ; elle ne s'arrêtait qu'où elle retrouvait les mœurs antiques. Elle ne quitta pas encore la terre pendant tout ce siècle ; mais au coucher du soleil elle descendait seule des montagnes, séjours des échos, et ne s'adressait à personne par des discours flatteurs ; mais dans les populeuses habitations des hommes, elle leur reprochait leur méchanceté : je ne viendrai plus, leur disait-elle, quand vous m'appellerez. Ah ! Combien est corrompue cette génération, que vos pères de l'âge d'or ont laissée après eux ! Vous en laisserez une qui sera pire encore que vous-mêmes. Alors naîtront les guerres, le sang des humains coulera, les peines et les chagrins se joindront à ces maux. En parlant ainsi, elle retournait à ses montagnes. Cependant en s'éloignant, elle attirait encore les regards des peuples qu'elle quittait. A ceux-ci après leur mort succédèrent ceux de l'âge d'airain, plus méchants que leurs devanciers. Ils furent les premiers qui forgèrent l'épée meurtrière, et qui mangèrent les bœufs laboureurs. La Justice indignée contre les hommes de cette race, s'envola au ciel, où elle fixa son séjour, et on l'y voit encore toutes les nuits, proche du Bouvier éclatant. Au-dessus de ses deux épaules, tourne avec le ciel, une étoile qui est à l'aile droite, on l'appelle l'avant-coureur de la vendange ; elle égale en grandeur et en éclat celle de la queue de la Grande Ourse, car elle brille bien vivement, ainsi que les étoiles voisines que l'on voit sans les chercher beaucoup, telle est la belle et grande étoile qui est devant les pieds, une autre sous les épaules, une autre plus bas aux reins, une autre sous les genoux, en arrière, et plusieurs autres petites et sans nom sont répandues çà et là de tous côtés. Les Gémeaux ont leurs têtes vers celle de la Grande Ourse, sous le milieu de laquelle est le Cancer, et sous ses deux pieds paraît le lion, où le soleil est au plus brûlant de sa course ; car les campagnes se dépouillent de leurs moissons, quand le soleil commence à parcourir le signe du Lion. Les vents étésiens se précipitent en grondant sur la vaste mer ; on ne peut plus naviguer avec la rame ; il faut de grands navires, que les pilotes aient à gouverner contre le vent. Si vous voulez ensuite considérer le Cocher et ses étoiles, il faudra observer aussi sa Chèvre et ses Chevreaux, qui souvent ont vu les hommes battus par les tempêtes sur la sombre mer. Vous le trouverez tout entier, grand et accroupi, à gauche des Gémeaux, vis-à-vis de l'extrémité de la tête de l'Hélice. Sur son épaule gauche repose la chèvre sacrée, que la fable dit avoir nourri Jupiter de sa mamelle. Les poètes l'appellent chèvre scapulaire de Jupiter. C'est une grande étoile brillante ; mais les Chevreaux qui sont dans sa main paraissent avec moins d'éclat. Près des pieds du Cocher, s'avancent les cornes du Taureau bien reconnaissable aux marques qui distinguent sa tête, qu'on ne peut mieux désigner que par les étoiles qui sont de chaque côté, et dont les noms sont bien connus ; car qui n'a pas ouï parler des Hyades répandues sur son front ? Une seule étoile fait la pointe de sa corne gauche, voisine du pied droit du Cocher. Ces deux signes vont ensemble dans le mouvement du ciel ; mais le Taureau étant plus bas que le Cocher, se couche toujours avant lui, quoiqu'il se lève en même temps. N'omettons pas la famille de Céphée, fils d'Iasus. Leur nom est aussi parvenu au ciel, car ils étaient les proches de Jupiter. Céphée est placé derrière l'Ourse Cynosure, dans l'attitude d'un homme qu’étend les deux mains. La ligne tracée de l'extrémité de la queue à ses pieds, est égale à celle de l'intervalle des pieds, et en allant un peu au-delà de la ceinture, vous voyez la première circonvolution du Dragon. Devant Céphée tourne avec le ciel la malheureuse Cassiopée, qui paraît à peine dans une nuit éclairée par la lune, car les étoiles peu nombreuses dont elle est parsemée ne la font pas beaucoup apercevoir, celles de ses étoiles qui sont comme les deux moitiés d'une traverse qui tient une porte fermée en dedans, représentent ses bras étendus et élevés de chaque côté, comme si elle déplorait le sort de sa fille. Là en effet tourne avec elle la triste Andromède, représentée sous sa mère. Vous n'aurez aucune peine à la distinguer la nuit, tant sa tête est brillante, ainsi que chacune de ses épaules, l'extrémité de ses pieds, et toute sa ceinture ; ses bras sont étendus, et des chaînes attachent encore, même dans le ciel, ses mains toujours écartées l'une de l'autre. Au-dessus de sa tête tourne le grand Cheval qui la touche presque de l'extrémité de son ventre, par une étoile qui leur est commune, et brille au sommet de la tête de l'une et au nombril de l'autre. Il en a trois autres belles et grandes au flanc et aux épaules, placées à des distances égales ; mais sa tête n'est pas aussi belle, non plus que son cou, quoique fort long ; et pourtant la dernière étoile de sa mâchoire est aussi éclatante que ces quatre premières, toute brillantes qu'elles sont. Il n'a pas ses quatre pieds, car ce cheval sacré est coupé par le milieu au nombril. On dit qu'au haut de l'Hélicon, il a fait sortir la fontaine d'Hippocrène, car auparavant cette montagne était sans eau. Le Cheval la frappa de son pied de devant, et ce coup en fit aussitôt jaillir une source que les bergers les premiers appelèrent Hippocrène ; elle sort d'un rocher, on la voit non loin des habitants de Thespie ; mais le Cheval est au ciel, où on le voit tourner avec lui. Là s'exécutent aussi les mouvements rapides du Bélier, qui parcourant de plus grands cercles, ne va pas moins vite que l'Ourse Cynosure. Il n'a pas d'étoile assez vive pour le faire apercevoir quand la lune luit ; mais vous pourrez le trouver en le cherchant près de la ceinture d'Andromède, car il n'en est pas éloigné. Il coupe la vaste étendue du ciel par le milieu, où circulent les extrémités des Serres et la ceinture d'Orion. Une autre constellation proche d'Andromède, figurée en delta par ses trois étoiles, forme trois côtés, dont deux paraissent égaux, mais non le troisième. Elle est très aisée à trouver, car ses étoiles sont plus apparentes que bien d'autres. Celles du Bélier sont un peu plus australes, mais celles-là le précèdent. Avant lui passent aussi, mais plus vers le sud, les Poissons dont l'un est toujours plus austral, le plus boréal après l'autre. Chacun part des liens qui, attachés à leurs queues, se réunissent en une seule grande et belle étoile qu'on appelle leur nœud. L'épaule gauche d'Andromède marque le Poisson boréal, car elle en est très voisine. Ses pieds désignent Persée, son époux, avec les épaules duquel ils marchent, mais il est plus boréal que les autres constellations du zodiaque, et sa main droite s'étend vers la chaise de sa belle-mère. Il avance les pieds comme s'il poursuivait quelqu'un dans les maux qu'il souffre de Jupiter son père. Près de lui et sous son genou gauche, les Pléiades vont en groupe, et, dans le peu d'espace qu'elles occupent, elles sont peu apparentes, mais célèbres parmi les hommes, au nombre de sept, quoiqu'il ne s'en voie que six ; mais nous n'avons jamais ouï dire qu'il s'en soit perdu quelqu'une que nous ne connaissions plus : c'est donc une erreur. Ces sept étoiles sont appelées encore Alcyone, Mérope, Caeléno, Électre, Stérope, Taygète et Maïa. Elles sont petites et peu brillantes, mais elles passent le matin et le soir, quand, par l'ordre de Jupiter, elles montrent l'été et le commencement de l'hiver, et l'approche du labourage. L'écaille de la Tortue est petite et auprès du berceau de Mercure. Il en a fait une lyre, et, en la transportant au ciel, il l'a placée devant la figure du malheureux qui, en étendant ses jambes, s'en approche par son genou gauche, ainsi que de l'Oiseau par le sommet de sa tête, entre laquelle et le genou de l'homme, elle est fixée. Cet oiseau paraît voler près d'elle dans le ciel, mais sans éclat, car ses ailes ont quatre petites étoiles assez sensibles pourtant, et ce vol tranquille se dirige vers l'opposé de la queue, en étendant l'aile droite jusqu'auprès de la main droite de Persée, et l'aile gauche jusqu'au sabot du Cheval dans son galop, les Poissons occupant les deux côtés. Près de la tête de ce Cheval, s'étend la main droite du Verseau, qui s'élève derrière le Capricorne. Mais celui-ci est plus avancé vers l'endroit où le soleil retourne sur ses pas. Vous ne ferez pas, pendant ce mois, beaucoup de chemin en un jour sur la mer orageuse, car les jours sont alors les plus courts, et le jour ne se lèvera pas assez promptement pour l'homme effrayé pendant la nuit, quoiqu'il l'appelle à grands cris. Les vents dangereux du midi se précipitent, lorsque le soleil se lève avec le Capricorne ; alors le froid tombe du ciel avec plus de violence sur le nautonier. La mer cependant s'obscurcit tous les ans sous les navires, d'où souvent, pendant que nous sommes assis au milieu des flots, comme des plongeons enfoncés dans les eaux, nous tournons les yeux vers le rivage ; mais ils sont encore éloignés, et une simple planche nous sépare de la mort. Après avoir beaucoup souffert de la tourmente pendant le premier mois, quand le soleil échauffe l'arc et celui qui le tient, rentrez dans le port, pour ne plus rester exposés à ces maux pendant les nuits. Vous reconnaîtrez cette saison et ce mois au Scorpion, qui se lèvera à la fin de la nuit. Le Sagittaire bande son grand arc, en s'efforçant d'en approcher les deux extrémités vers le milieu. Mais le Scorpion le précédant par son lever, monte immédiatement après lui, alors que la tête de la Cynosure est à son point le plus élevé, à la fin de la nuit ; Orion tout entier se couche avant le jour, et Céphée ne se montre que depuis la main jusqu'aux reins. Plus loin est une autre flèche qui n'a pas été lancée par un arc. Le Cygne vole près d'elle, mais il est plus boréal. On a nommé Aigle un autre oiseau proche de lui et moins grand. Il est orageux en sortant de la mer, à la fin de la nuit. Le Dauphin, de médiocre grandeur, est voisin du Capricorne ; il est obscur en son milieu, mais il est entouré de quatre étoiles brillantes, de deux qu'on lui ajoute, et de deux autres qui courent tout près de lui. Ces étoiles sont répandues entre le pôle boréal et la route du soleil ; mais il en est plusieurs autres qui se lèvent entre elle et le pôle austral. Orion va obliquement au-dessous de la section du Taureau. On ne manquera pas de l'apercevoir bientôt, en contemplant le ciel dans une nuit sereine, lorsqu'il passe au haut du ciel. Tel paraît aussi le Chien qui le garde, placé derrière son dos plus élevé. Il est fort varié, n'étant pas également éclatant sur tout son corps, car son ventre est obscur, mais l'extrémité de sa mâchoire remarquable à une étoile ardente que les hommes appellent Sirius. Quand il se lève avec le soleil, les arbres ne peuvent éviter la violence de ses feux, leurs feuilles se dessèchent, et il pénètre vivement au travers de leurs fibres, durcissant les uns, et dépouillant les autres de leur écorce, et nous éprouvons son ardeur même quand il se couche. Les autres étoiles marquant ses membres brillent autour de lui, mais d'une lumière plus faible. Le Lièvre, sous les deux pieds d'Orion, est sans cesse poursuivi par le chien Sirius, qui se lève à sa suite comme pour courir après lui, en se levant quand le Lièvre se couche. A la queue du grand Chien succède le vaisseau Argo, qui est tiré par la poupe, car sa marche n'est ordinaire, puisqu'il vogue en arrière, comme les navires dont les nautoniers tournent la poupe vers le port, quand on les remorque, et il touche bientôt la terre en rétrogradant ; c'est ainsi que le vaisseau Argo de Jason est remorqué par la poupe. Il est obscur et sans étoiles à l'endroit où le mât s'élève de la proue, mais il est apparent partout ailleurs, et son gouvernail s'approche des pieds postérieurs du Chien qui court devant lui. La grande Baleine arrive ensuite pour dévorer Andromède quoique éloignée, car celle-ci est emportée obliquement au vent borée de Thrace, et le midi envoie contre elle ce monstre placé sous le Bélier et les Poissons, et au-dessus du fleuve étoilé. Ce fleuve est une partie de l'Eridan qui coule avec ravage sous les pieds des dieux, et s'étend jusqu'au pied gauche d'Orion ; les deux liens qui partent des queues des Poissons passent avec lui, réunis par un nœud derrière le dos de la Baleine, à laquelle ils se terminent par une étoile placée à sa première nageoire. Des étoiles de médiocre grandeur et de peu d'éclat occupent l'intervalle du gouvernail et de la Baleine, et celles qui tombent sous les flancs du Lièvre sont sans nom, parce qu'elles ne présentent aucune ressemblance de membres, dont on puisse composer une figure. On ne les a pas distinguées toutes les unes des autres, car ne pouvant leur donner à chacune un nom particulier, tant elles sont nombreuses, égales la plupart en grandeur et en couleur, et toutes courant ensemble, on a imaginé de montrer les étoiles groupées dans un ordre tel, que celles qui sont voisines les unes des autres formassent des images propres à recevoir de certains noms. On voit communément, sans y faire attention, une étoile se lever, mais on remarque plus particulièrement celles qu'on a distinguées par des configurations. Voilà pourquoi les étoiles qui sont au-dessous du Lièvre poursuivi, étant obscures, passent sans qu'on les remarque, n'étant pas distinguées par des noms particuliers. Au dessous du Capricorne, nage contre la Baleine, sous le vent du midi, le Poisson distingué des premiers parce qu'il est seul, c'est pourquoi on l'appelle austral. D'autres étoiles sous le Verseau, sont suspendues entre la Baleine céleste et ce Poisson, mais faibles et sans nom ; et auprès d'elles, à droite du Verseau brillant, comme un courant d'eau, roulent éparses çà et là de petites étoiles agréables à voir. Deux entre toutes paraissent plus fortes, ni trop proches, ni trop éloignées ; l'une belle et grande est sous les pieds du Verseau, l'autre sous la queue de la Baleine ; toutes ces étoiles font partie de cette eau. D'autres plus petites au-delà des pieds antérieurs du Sagittaire tournent avec la couronne sous l'ardent aiguillon du Scorpion monstrueux, est suspendu au midi un autel à brûler de l'encens ; il ne paraît s'élever vers les Ourses, que pendant très peu de temps, vis-à-vis d'Arcturus, mais loin au-dessus de lui cet autel se replonge plus vite le soir dans la mer. La nuit éternelle a donné dans cet autel aux hommes dont elle plaint le sort, un signe certain de la tempête sur mer. Alors sur le point de périr, ils travaillent à se tirer du danger. Arcturus leur apprend encore à la prévoir par d'autres signes : ne désirez pas de voir cet astre, seul au milieu des nuées qui cachent tous les autres ; mais qu'il soit plutôt couvert lui-même du nuage qui l'enveloppe ordinairement, quand le vent de borée commence à souffler en automne, car souvent cette obscurité favorable aux malheureux navigateurs, leur envoie ce vent pour chasser celui du midi. S'ils profitent d'une annonce si favorable, tout leur devient facile, et s'ils ont encore à travailler, ce n'est plus que légèrement. Mais si tout-à-coup la violence du vent jette le vaisseau en haute mer, et embrouille toutes les voiles, dès lors ils flottent au hasard ; ou bien après la chute du vent abattu enfin malgré sa force, par la pluie que Jupiter accorde à leurs prières, ils se revoient avec joie les uns les autres sur leur vaisseau, délivrés des maux qu'ils ont soufferts. Redoutez donc le vent du midi quand il accompagnera la vue de ce signe, tant que vous ne sentirez pas le vent du nord venant pour le chasser. Mais si l'épaule du Centaure est au milieu du ciel à égales distances de la mer occidentale et de celle où il a commencé à se lever, et si elle n'est couverte que d'un léger nuage, et que la même obscurité se montre avec l'autel brûlant, alors sans vous inquiéter du vent du midi, prenez garde au vent d'est. Vous trouverez cet astre sous deux autres, l'un desquels qui est sous le Scorpion, ressemble à un homme, et l'autre qui est sa partie postérieure et la croupe d'un cheval, est sous les Serres. L'homme a l'air de tendre la main droite opposée à l'autel, et de l'autre il saisit une bête féroce à laquelle on n'a pas donné originairement d'autre nom. Loin de lui tourne une autre constellation qu'on nomme l'Hydre, elle serpente au loin. Sa tête est sous le milieu du Cancer, sa sinuosité sous le corps du Lion, et sa queue au-dessus du Centaure, Une coupe est posée sur le milieu de son repli, et au haut est perchée une figure de Corbeau qui le mord. Sous les Gémeaux brille Procyon, le précurseur du grand chien. Telles sont les constellations que vous verrez revenir tous les ans dans un ordre constant et successivement de jour et de nuit, parce que ces astres sont tous fixes au ciel. Mais il y en a parmi eux cinq autres bien différents, qui parcourent ces douze constellations en sens opposé, ce qui fait qu'on ne peut pas leur reconnaître un lieu fixe, parce qu'ils changent sans cesse de place ; les temps de leurs révolutions durent des années, et leur réunion en un seul lieu ne se fait qu'après des espaces de temps bien plus longs encore. Je ne pourrai donc indiquer ces astres errants, que par les cercles qui traversent les étoiles fixes, et par d'autres significations célestes. Ces cercles sont comme les mobiles au nombre de quatre. Leur connaissance est utile à toute personne curieuse de connaître la durée des années. On les distinguera aisément à plusieurs indices qui sont dans leur proximité. Ils sont fixes. Quand dans une nuit sereine, le ciel étale toutes ses étoiles, dont la nouvelle lune n'a pas diminué l'éclat, et lorsqu'elles paraissent dans toute leur beauté, vous ne pouvez vous empêcher d'être frappé d'admiration à la vue du ciel décoré de cette large bande circulaire qu'on vous montre parsemée d'étoiles, à laquelle on a donné le nom de lactée, parce qu'aucun autre cercle n'imite aussi bien la couleur du lait. Deux des cercles visibles sont aussi grands que lui mais les deux autres sont beaucoup plus petits. De ceux-ci, l'un est boréal. Les deux têtes des Gémeaux y tournent ainsi que les genoux du Cocher, la jambe et l'épaule gauche de Persée avec la moitié supérieure du coude du bras droit d'Andromède, dont la main a sa paume tournée en haut, et le coude vers le midi. Les sabots du Cheval, le col du Cygne et le haut de sa tête avec les belles épaules d'Ophiuchus, le décrivent en marchant circulairement. La Vierge un peu plus australe ne l'atteint pas, mais bien le Lion et le Cancer ; ceux-ci sont hors de lui, mais ce cercle coupe la poitrine et le ventre de l'un, jusqu'à ses parties honteuses, ainsi que le Cancer dont il partage l'écaille, tellement qu'un des yeux est d'un côté, et l'autre d'un autre. Ce cercle étant divisé en huit parties égales, cinq font toujours leur révolution au-dessus de la terre et trois au-dessous. Car c'est celui où le soleil retourne sur ses pas pendant l'été. Il est du côté du pôle boréal, et sur le Cancer. Mais il y a vers le pôle austral opposé un autre cercle qui passe par le milieu du Capricorne, par les pieds du Verseau et par la queue de la Baleine. Le Lièvre y est placé, ainsi qu'une petite partie du Chien, mais seulement autant qu'il le touche de ses pieds. On y voit aussi le vaisseau Argo, les larges épaules du Centaure, l'aiguillon du Scorpion, et l'arc du brillant Sagittaire. Le soleil sorti du cercle boréal, entre ensuite dans ce cercle austral, d'où il retourne vers le premier pendant l'hiver. Des huit parties de ce cercle, trois sont toujours au-dessus de la terre, et cinq au-dessous. Par le milieu de ces deux cercles, passe un autre cercle qui descend de la même quantité que le cercle lacté sous terre, comme pour la partager en deux moitiés. Quand le soleil parcourt ce cercle, il rend les jours égaux aux nuits, tant à la fin de l'été, qu'au commencement du printemps. Ses constellations sont le Bélier et les genoux du Taureau. Le Bélier y est de toute sa longueur, ce qui paraît du Taureau jusqu'aux genoux, la ceinture du brillant Orion, la sinuosité de l'Hydre brûlante, la coupe de moyenne grandeur, et le Corbeau, quelques étoiles des Serres, et les genoux d'Ophiuchus. L'Aigle ne s'y trouve pas divisé, mais ce grand messager de Jupiter n'en est pas éloigné, et la tête et le col du Cheval y circulent tout près de ces astres. L'axe du monde fait tourner ces cercles qu'il tient perpendiculaires sur lui-même en passant par leurs centres, mais le quatrième cercle fixe est oblique sur eux en touchant les deux tropiques aux points opposés, et en entrecoupant avec le troisième cercle l'un et l'autre par moitiés. Personne ne fera jamais tourner les fuseaux de Minerve, quoiqu'instruit par elle-même, ni d'aussi grands, ni avec autant de rapidité, que ces cercles emportés obliquement chaque jour dans les airs, de l'aurore au couchant. Les uns se lèvent en même temps que les autres s'abaissent, tous d'une manière uniforme, car il n'y a pour tous qu'une loi qui les fasse mouvoir, et descendre de la même quantité dont ils montent. Mais le cercle oblique traverse autant d'espace par-dessus l'océan, qu'il y en a du lever du Capricorne au lever du Cancer, en se couchant à la même déclinaison de laquelle il s'est levé, mais opposée. Si l'on prend la longueur du rayon visuel depuis l'œil jusqu'au ciel, et qu'on le porte six fois sur la circonférence du cercle, il le coupera en parties égales chacune de deux constellations ; on l'a appelé cercle des animaux, parce que le Cancer y est placé, le Lion dessus et la Vierge dessous, les Serres, le Scorpion, le Sagittaire et le Capricorne ; après celui-ci, le Verseau, puis la constellation des Poissons, à la suite desquels sont le Bélier, le Taureau suivi des Gémeaux. Le soleil, en parcourant chaque année ces douze signes, produit les saisons qui fertilisent la terre pendant qu'il décrit ce cercle dodécadaire qui est d'une part autant élevé au-dessus de la terre qu'il est de l'autre part enfoncé sous le convexe Océan. Six de ces douze signes se couchent toutes les nuits pendant que les six autres se lèvent, et la longueur de chaque nuit est proportionnée à la quantité dont la moitié de ce cercle est élevée au-dessus de la terre depuis le commencement de la nuit. Il ne sera pas inutile d'observer en quels jours se lève chacune des parties de ce cercle, car il y en a toujours quelqu'une avec laquelle le soleil se lève. On les reconnaît aisément à la simple inspection ; mais comme elles sont souvent obscurcies par des nuées, ou cachées par des montagnes lors de leur lever, il faut se faire d'autres marques pour savoir dans quel temps elles se lèvent. L'Océan vous en présente les moyens de part et d'autre, puisque ces constellations, toutes nombreuses qu'elles sont, font leur circulation dans leurs cercles respectifs, chacune depuis le bord de l'horizon oriental. Quand le Cancer se lève, vous voyez quelles sont les étoiles qui marchent en même temps que lui ; les unes se couchent à l'occident, les autres se lèvent à l'orient. La couronne se couche, ainsi que le haut de l'épine du Poisson. On voit la moitié supérieure, tandis que la moitié inférieure descend par ses extrémités. Mais à l'opposé, le Poisson avance ses parties supérieures pendant la nuit, mais non le bord de son ventre. Le Cancer entraîne le Serpentaire qui a peine à le suivre par les genoux jusqu'à ses épaules, et il amène le Serpent jusqu'au cou. Le gardien de l'Ourse ne se montre plus en égale portion, de jour et de nuit, mais la moindre pendant le jour et la plus grande pendant la nuit. L'océan reçoit le Bouvier qui y descend de quatre de ses parties, et qui, quand il est rassasié de la lumière du jour, y demeure jusqu'à plus de la moitié de la nuit, depuis le soir qu'il se couche quand le soleil s'incline vers l'occident. Ces nuits sont dites celles où il se couche tard. Tel est alors le coucher de ces astres. Mais Orion qui leur est opposé, brillant de son baudrier et de ses épaules, et confiant dans son épée, se lève avec le fleuve entier, et paraît de toute sa grandeur. Quand le Lion se lève, tout ce qui accompagne le Cancer se baisse vers l'occident, et l'Aigle aussi tout entier. Mais l'homme à genoux ne descend dessous l'horizon que jusqu'au genou droit qu'il ne plonge pas dans l'Océan orageux. La tête de l'Hydre se lève alors, ainsi que le Lièvre gris, le Petit Chien, et les pieds antérieurs du Chien brûlant. La Vierge en se levant ne fait pas descendre un moindre nombre d'astres sous la terre, car alors la Lyre de Cyllène et le Dauphin se couchent, ainsi que la flèche, en même temps que le devant des ailes du Cygne jusqu'à sa queue et la dernière partie du fleuve se cachent. La tête du Cheval et son col se couchent aussi alors, mais la plus grande partie de l'Hydre se lève jusqu'à la croupe, et le Chien en s'avançant amène ses pieds de derrière, et tire après lui la poupe du vaisseau Argo constellé qui monte au-dessus de la terre, coupé par le milieu à son mât, quand la Vierge entière est déjà sortie de dessous terre. Les Serres, quoique avec une lueur faible, ne se lèvent pas sans être vues, puisque avec elles le Bouvier remarquable par l'étoile Arcturus se lève tout entier. Le vaisseau Argo au contraire ne paraît pas entièrement au-dessus de la terre, mais à la queue près, l'Hydre qui s'étend dans une grande partie du ciel. Les Serres amènent aussi le Serpentaire Ophiuchus, mais seulement sa jambe droite jusqu'au genou de l'homme toujours agenouillé et toujours penché vers la lyre ; seul de tous les groupes célestes, nous le voyons dans la même nuit se coucher d'un côté et se lever de l'autre : sa jambe paraît seule avec les deux Serres ; pour lui, la tête tournée d'un autre côté, il attend le lever du Scorpion et du Sagittaire. Car ces deux signes le portent, celui-ci par le milieu, et tout le reste ensemble en avançant vers lui sa moitié gauche et son arc avec sa tête ; et c'est ainsi qu'il passe en trois portions. Les Serres entraînent la moitié de la couronne, et le bout de la queue du Centaure, alors le Cheval se couche après sa tête déjà enfoncée, et il attire le bout de la queue du premier oiseau. La tête d'Andromède se couche en même temps, le midi nébuleux envoie après elle la monstrueuse Baleine, et à l'opposé, Céphée l'attire du côté du septentrion par un grand geste de sa main. La Baleine tombe par le dos vers lui, et Céphée par la tête, la main et l'épaule. Au lever du Scorpion, Les sinuosités en fleuve se rendront au vaste Océan, où il effrayera par sa venue le terrible Orion, que Diane a puni, selon une tradition antique. On raconte que le brave Orion lui enleva son voile, quand dans Chio, assisté d'Oenopion, il terrassait les bêtes féroces à coups de massue ; la déesse envoya contre lui un autre animal, entre les collines qui règnent au milieu de l'île ; c'était un énorme scorpion qui le mordit et le fit mourir, pour l'insulte qu'il avait faite à Diane. C'est pourquoi on dit qu'à la venue du Scorpion, Orion s'enfuit sous terre à l'opposé, et tout ce qui reste d'Andromède et de la Baleine s'enfuit visiblement avec lui. Alors Céphée rase la terre, de sa ceinture, en baignant sa tête dans les eaux de l'Océan, mais non, aucune de ses autres étoiles, les Ourses retenant ses pieds, ses genoux et ses reins. La malheureuse Cassiopée s'afflige du sort de son enfant, ni ses pieds ni ses mains ne paraissent honorablement se porter hors de sa chaise, mais elle se jette comme en plongeant la tête la première dans l'eau, jusqu'aux genoux, ne pouvant sans de grandes peines se comparer à Doris et à Panope. Pendant qu'elle tombe à l'Occident, les seconds contours de la couronne et les dernières parties de l'Hydre, reviennent au ciel, avec le corps et la tête du Centaure et la bête que le Centaure tient à la main droite. Les pieds antérieurs de ce géant à cheval, sont suivis de l'arc qui commence à se montrer ; et avec l'arc, montent la circonvolution du serpent, et le corps d'Ophiuchus. Le Scorpion en se levant agite ses articulations écailleuses, et amène après lui les mains d'Ophiuchus, avec les premiers traits du serpent lumineux étoilé, et de l'homme à genoux, car celui-ci, se lève toujours renversé en faisant sortir d'abord sa ceinture et ses épaules avec sa main droite, puis la tête et l'autre main montent en même temps que le Sagittaire se lève. Avec ces astres apparaissent la Lyre de Mercure, et Céphée qui ne se montre que de la poitrine hors de l'Océan, Alors tous les feux de la grande voie s'éteignent dans l'eau où ils tombent avec toutes les parties d'Orion, le Lièvre poursuivi se cache tout entier, mais non les Chevreaux et la Chèvre, qui brillent dans la main d'Héniochus, et se distinguent de ses autres membres, ils restent pour exciter les tempêtes quand ils se lèvent avec le soleil. Le Capricorne, en montant en amène la tête, l'autre main et les reins. Tout ce qui est plus bas descend avec le Sagittaire, et ni Persée, ni le bec du navire constellé ne demeurent au-dessus de l'horizon ; car Persée disparaît, à l'exception de son genou et de son pied droit ; du navire, il ne reste plus que ce qui sert à faire tourner la poupe, le corps du vaisseau s'en va lorsque le Capricorne vient, et en même temps le Petit Chien s'enfuit, mais les constellations de l'Oiseau, de l'Aigle, et de la flèche ailée reviennent avec l'Hydre sacrée de l'autel austral. Le Cheval, au lever du verseau, monte aussi ses pieds et de sa tête ; et à l'opposite du Cheval, la nuit étoilée attire le Centaure par la queue, sous les eaux, mais elle ne peut en absorber la tête, ni les larges épaules avec la poitrine ; elle entraîne la courbure du cou et le front de l'Hydre flamboyante, dont le reste demeure visible. Mais cette partie postérieure s'en va aussi avec le Centaure, quand les Poissons se lèvent. Celui des Poissons qui vient postérieurement aux autres, mais inférieur au Capricorne bleuâtre, monte, non entièrement, car il attend une autre des douze constellations, et l'on voit paraître les mains fatiguées d'Andromède, ses genoux et ses épaules, sortant de l'Océan, les unes avant les autres, mais de manière qu'un seul de chacun de ces membres doubles paraît quand les deux Poissons se montrent, ils attirent d'abord la main droite, et ensuite la main gauche est amenée par le Bélier montant. Au lever du Bélier, vous voyez l'autel du côté de l'occident, et d'un autre côté, Persée se levant de la tête et des épaules : mais on ne sait si c'est à la fin du Bélier que paraît sa ceinture, ou au commencement du Taureau, avec qui elle se lève toute entière, car il n'en reste rien après le lever du Taureau. Le Cocher marchant tout près de lui, ne se lève pourtant pas en entier avec cette constellation, il passe tout entier avec les Gémeaux. Mais les Chevreaux, et la plante du pied gauche, avec la Chèvre, se lèvent avec le Taureau, quand le dos et la queue de la Baleine céleste se portent de bas en haut. Alors le Gardien de Ourse se couche avec cette première constellation ; ces quatre l'emmènent à la réserve de sa main gauche, et sous lui se lève la Grande Ourse. Regardez les deux pieds d'Ophiuchus se couchant jusqu'aux genoux, ce sont les marques du lever des Gémeaux qui montent de l'autre côté. Alors aucune partie de la Baleine ne passe ni à l'orient ni à l'occident, mais vous la voyez toute au-dessus de la terre, et le nautonier dans le calme de la mer voit la sinuosité du fleuve qui vient de l'Océan oriental, lorsqu'il attend qu'Orion vienne l'avertir de ce qui reste encore de la nuit et de la durée du temps où il naviguera encore dans l'obscurité. Car les dieux donnent aux hommes ces sortes d'annonces dans tous les lieux de la terre. Ne voyez-vous pas, quand la lune paraît du côté de l'occident en cornes amincies, qu'elle marque le commencement du mois ? Et quand sa première lueur devient assez forte pour causer de l'ombre, elle est à son quatrième jour. Au huitième, son disque coupé en deux moitiés n'en montre qu'une seule ; mais au milieu du mois, elle montre sa face entière ; et dans son déclin, ces phases revenant dans un ordre inverse, disent, à chaque aurore, quelle partie du mois elle va commencer. Les douze portions du zodiaque suffisent pour montrer la durée des nuits, et pendant toute l'année, les saisons propres au labourage des terres, aux semailles et aux plantations. Toutes ces annonces nous ont été manifestées en tous lieux par la divinité. Et quiconque a éprouvé sur un vaisseau la tempête et la pluie, se ressouvient du violent Arcturus, ou de toutes autres étoiles qui se lèvent le matin du sein de l'Océan, et de celles qui en sortent au commencement de la nuit. Le soleil les parcourt chaque année, en suivant un long circuit, il s'approchera tantôt de l'une, tantôt de l'autre, tantôt en se levant, tantôt en se couchant, comme en un temps une étoile, et en un autre une autre étoile caresse l'aurore. Vous le savez par les dix-neuf révolutions annuelles du soleil éclatant, bien égales entre elles, et par les étoiles de la nuit depuis la ceinture jusqu'au bout des pieds d'Orion et à son Chien hardi. Les astres même de Neptune et ceux de Jupiter annoncent aux hommes qui les observent ce qui doit naturellement arriver : ayez donc soin, si vous vous confiez à un navire, d'apprendre à connaître les signes précurseurs des vents d'hiver et de la mer orageuse. Vous y aurez peu de peine, et l'homme prudent y trouve une grande utilité. En se précautionnant d'abord lui-même, il avertit les autres de l'approche de la tempête, car souvent dans une nuit sereine, craignant la mer dès le matin, il remet son vaisseau à terre ; d'autres fois il prolonge jusqu'au troisième jour et quelquefois jusqu'au cinquième le moment de son départ. Mais aussi en d'autres temps il s'expose au danger qu'il n'a pas prévu, car les hommes n'ont pas reçu de Dieu la connaissance de toutes choses ; il y en a plusieurs encore qui leur sont cachées, et qu'il leur fera connaître dans la suite, quand il lui plaira ; car révéré en tous lieux, il aime les mortels, et sa protection éclate dans les signes qu'il leur donne. Ainsi la lune, quand elle ne paraît qu'à moitié, nous apprend certaines choses, et d'autres choses encore à mesure qu'elle se remplit deux côtés, et encore quand elle est pleine. Il en est de même aussi du soleil, à la fin de la nuit et quand il se lève. Et nous pourrons tirer encore d'autres pronostics des autres astres, tant la nuit que le jour. Observez donc d'abord la lune avançant ses deux cornes : le soir diversifie beaucoup sa lueur en différents temps. Elle prend en croissant des apparences bien variées, les unes le troisième, les autres le quatrième jour, et par elles vous pouvez juger de la température du mois qui commence. Car si elle est bien effilée et claire, le troisième jour, elle sera sereine ; si elle est fine et presque rouge, elle présage des vents ; si ses bords ne se terminent pas net, et que ses cornes ne soient pas bien pointues, mais que sa lueur au troisième jour soit faible, c'est signe que le vent viendra du midi, ou que la pluie est près de tomber. Si dans le troisième jour, ses deux cornes n'éprouvent aucun changement, et qu'elle ne brille pas par le haut, mais que les pointes de son croissant s'inclinent également droit de part et d'autre, les vents du soir s'élèveront pendant cette nuit ; mais si c'est dans son quatrième jour qu'elle a cette apparence, elle désigne de la pluie amassée dans l'air ; et si la corne supérieure du croissant est abaissée, attendez-vous à un vent du nord. Si au contraire cette corne se relève, vous aurez un vent du midi ; si quand, le troisième jour, elle montre un cercle entier, elle est pleinement rouge, il surviendra un orage qui sera d'autant plus grand, que le rouge qui la colore sera plus fort. Considérez pareillement la lune quand elle est pleine, et quand elle est dichotome (coupé par le milieu : quadrature, entre la nouvelle et la pleine lune, ou entre la pleine et la nouvelle. Ce que nous appelons 1er et 2e quartier), quand elle est croissante, et quand elle va reprendre ses cornes ; vous trouverez encore dans sa couleur des annonces de la température du mois quel qu'il soit. Car si elle est pure, vous aurez du beau temps ; si elle est rouge, vous n'aurez que des vents ; et si elle est plus ou moins obscurcie et terne, vous pouvez prévoir de la pluie. Ces annonces ne se font pas tous les jours, il n'y a que celles du troisième et du quatrième avant la dichotomie, et de la dichotomie à la lune de la moitié du mois, ainsi que de cette moitié à la dichotomie décroissante, qui soient signifiantes. On atteint bientôt le dernier quart du mois, et ensuite le troisième on compte de la fin. Si elle est alors entourée de deux ou trois cercles, ou même d'un seul, le cercle unique est un signe de vent ou de calme ; si le cercle n'est pas bien formé, il y aura du vent ; s'il est faible, on aura du calme, mais deux cercles qui entourent la lune sont les avant-coureurs d'un orage qui sera bien plus fort s'il y a un troisième cercle plus sombre et plus déchiré. Tels sont les présages que vous pouvez tirer de la lune pour le mois. Ayez soin aussi de consulter le soleil aux deux points opposés, car les signes qu'il présente sont les meilleurs. D'abord il faut que son disque soit bien pur quand il touche les terres à l'horizon ; si le jour doit être serein, il faut qu'il n'ait aucune tache, mais qu'il paraisse avec le même éclat sur toute sa surface. S'il est bien pur le soir, et qu'il se couche sans nuages, avec une splendeur adoucie depuis le milieu du jour, l'aurore du lendemain sera belle, mais non s'il se lève comme creusé en apparence, ni quand ses rayons se partagent en se dirigeant les uns vers le midi, les autres vers le nord, en même temps qu'entre eux il en reste d'autres très brillants, car alors c'est de la pluie ou du vent qu'il vous annonce. Voyez donc si les rayons du soleil retournent sur lui, c'est une observation très bonne à faire. S'il a de la rougeur, comme souvent il devient rouge par l'attraction des nuages, c'est un signe de vent ; s'il devient noir, c'est signe d'une pluie prochaine ; et s'il est noir et rouge en même temps, c'est signe de pluie et de vent. Si lors de son lever ou de son coucher, ses rayons se réunissent et forment un faisceau épais, ou s'il est chargé de nuages, quand il passe de la nuit à l'aurore, ou du jour à la nuit, tous ces jours-là n'auront que des pluies continuelles : et de même, quand quelque petite nuée précédera son lever, et qu'il montera ensuite paré de ses rayons, attendez-vous à de la pluie ; quand son disque mat paraît comme dilaté à son lever, et se rétrécit ensuite, le jour sera beau, quand même il y aurait eu un peu de pluie, et qu'il aurait été pâle à son coucher. Après une pluie qui a duré tout le jour, examinez les nuées, vers le soleil couchant. Si une nuée noirâtre obscurcit le soleil, et qu'elle soit traversée par des rayons qui paraissent autour, de part et d'autre, vous aurez besoin de vous mettre à couvert quand il se lèvera. Mais s'il se plonge sans nuée dans le flot du soir, et que pendant qu'il se couche et qu'il disparaît, des nuées noirâtres s'approchent de lui, vous pouvez ne pas trop craindre de pluie pour la nuit ni le lendemain. Quand au contraire les rayons du soleil en s'affaiblissant se dardent rapidement du ciel, comme pour s'éteindre, lorsque la lune opposée à la terre et au soleil, répand une ombre, et qu'il ne paraît pas de nuages rouges dispersés çà et là, pendant qu'il tarde à briller avant l'aurore, les terres deviennent arides, ce jour-là. Pareillement, si, pendant qu'il est encore sous l'horizon, il n'envoie que des rayons ternes avant l'aurore, n'oubliez pas que vous aurez bientôt de la pluie ; et plus ces rayons seront obscurs, plus vous serez certain qu'il ne manquera point d'en tomber. Mais si les rayons ne sont que peu ternis, comme ils le sont souvent par des nuages légers, ils s'obscurcissent davantage à l'approche du vent. Les cercles qui entourent le disque solaire, ne montrent pas qu'il soit serein ; plus ils en sont proches et noirs, plus ils annoncent d'orages ; et s'il n'y en a que deux, ces orages seront encore plus violents. Observez donc, quand le soleil se lève, et quand il se couche, si les nuages nommés parélies qui l'entourent, sont rouges du côté du midi ou du côté opposé, ou des deux côtés à la fois ; et ne regardez pas cette observation comme vaine, car quand ils entourent de toutes parts le soleil, près de l'océan, la pluie ne tarde pas à tomber ; s'il n'y en a qu'un qui rougisse du côté du nord, c'est de là que viendra le vent ; mais du midi si elle est de ce côté-là, surtout si en même temps il tombe des gouttes de pluie, ces signes seront plus certains du côté de l'occident, car c'est de là qu'ils annoncent toujours sans varier. Observez la crèche : semblable à un petit nuage, elle est placée dans le ciel boréal sous le Cancer ; mais autour d'elle à une distance médiocre qu'on peut estimer d'une coudée au plus, marchent deux étoiles peu apparentes, l'une boréale, l'autre australe. On les appelle les Ânes, et au milieu d'elles est la crèche, qui s'évanouit bientôt quand l'air est pur. Si ces étoiles qui marchent ensemble des deux côtés paraissent proches l'une de l'autre, elles inondent les campagnes d'un déluge d'eau : si le ciel s'obscurcit, et que ces deux étoiles conservent leur couleur, c'est encore un signe de pluie ; si l'Âne plus boréal que la crèche n'a qu'une lueur languissante et sombre, tandis que l'austral est brillant, prenez garde au vent du midi ; et si, au contraire, l'austral paraît s'obscurcir, observez surtout le boréal. La mer gonflée et les sifflements qui se font entendre au loin sur ses rivages, dans un temps serein et les sons aigus et prolongés qui viennent du haut des montagnes, sont encore des signes de vent. Quand le héron blanc vient à grands cris, de la mer à la terre, contre sa coutume, la mer sera fort agitée. Et souvent les foulques ou poules d'eau, quand elles volent par un temps serein, se portent en foule contre les vents qui vont souffler. Souvent aussi les canards sauvages ou les plongeons de mer, qui battent la terre de leurs ailes, et les nuées qui se prolongent sur les sommets des montagnes, et les fleurs qui tombent des plantes, avec le duvet des acanthes blanches, et nageant à la surface de l'eau, avant ou après, sont autant de signes de vent. En observant aussi en été, d'où partent les tonnerres et les éclairs, vous saurez par là d'où vient le vent. Et dans l'obscurité de la nuit, vous aurez du vent des points où sont les étoiles tombantes, qui laissent après elles un sillon blanchâtre ; mais si elles filent les unes et les autres de divers côtés, comptez sur des vents variés qui s'entrebattront et se confondront les uns dans les autres, de sorte qu'alors on ne peut avoir rien de certain. Quand les éclairs partent du sud-est et du midi, ou bien de l'ouest et quelquefois du nord, le pilote en mer a sujet de craindre la tourmente ou la pluie qui amène tous ces éclairs. Souvent, à l'approche des pluies, les nuées paraissent comme des toisons de laine, ou une double iris s'étend sous toute la courbure du ciel, ou quelque étoile s'entoure d'un espace noirâtre ; les oiseaux de mer ou de marais plongent sans cesse, et sans pouvoir se rassasier de ces bains perpétuels ; ou les hirondelles voltigent sur les marais, en rasant de leurs ventres la surface de l'eau en vain soulevée ; ou la race plus persécutée des grenouilles, qui sont la pâture des serpents, croasse au bord des eaux ; ou le hibou solitaire hurle dès le matin ; ou la corneille bruyante au-dessus du rivage, s'abat sur la terre quand l'orage va commencer, ou bien elle enfonce sa tête dans l'eau jusqu'aux épaules, ou elle s'y plonge toute entière en nageant, ou elle s'y tourne et retourne en criant. Les bœufs mêmes, sentant la pluie qui va tomber, élèvent leurs têtes sers le ciel. Les fourmis emportent au plus vite leurs œufs de leur trou ; les iules (ver à plusieurs pieds, comme la scolopendre) rampent sur les murs, ainsi que les vers qu'on appelle les entrailles de la terre. Les poules domestiques, engendrées par le coq, grattent et gloussent avec un bruit semblable à celui de l'eau qui tombe par gouttes sur de l'eau. Toutes les espèces de corbeaux, et les familles des geais, donnent aussi en se rassemblant, et par leurs cris qui ressemblent à ceux des éperviers, des signes de la pluie prête à tomber ; les corbeaux imitent par des croassements réitérés et tumultueux, et par les battements fréquents de leurs ailes, le bruit des grandes gouttes de la pluie qui commence. Les canards et les geais domestiques, perchés sur les endroits les plus élevés, agitent leurs ailes, ou le héron court vers l'eau en jetant des cris aigus ; ce sont pour vous, qui voulez prévoir la pluie, autant de signes que vous devez ne pas négliger, non plus que l'acharnement des mouches, qui piquent avec plus d'avidité pour le sang ; ni les flocons qui s'amassent au bord des bougies qui brûlent dans les ténèbres de la nuit ; ni en hiver, le mouvement extraordinaire et irrégulier de leurs flammes, qui se jettent çà et là comme en bouillons ; ni leur lumière matte et sans rayons. N'oubliez pas aussi d'observer si les canards volent par troupes nombreuses ; s'il sort beaucoup d'étincelles du feu où vous aurez mis un pot ou un vase à trois pieds ; si, pendant que les charbons sont ardents, les cendres sont parsemées de points brillants comme des grains de millet, à tout cela vous reconnaîtrez des marques de pluie. Mais si les sombres nuées s'étendent le long des vallées des grandes montagnes, pendant que leurs sommets restent découverts, vous aurez un temps serein, de même que quand la nuée sera basse sur la vaste mer, et ne s'élèvera pas au-dessus de la surface de l'eau où elle restera étendue au niveau de la plage maritime. Quand donc l'air est serein, observez s'il ne se troublera point ; et quand il est orageux, observez s'il doit bientôt s'éclaircir. Pour cela, consultez la crèche que le Cancer entoure, quand elle vient d'être dégagée de tout nuage, car elle s'en délivre à la fin de l'orage. La tranquillité des flammes des luminaires, et le cri lent et paisible du hibou pendant la nuit, et de la corneille le soir, vous annoncent la fin de la tempête, de même qu'aux cris des corbeaux, se répondant les uns aux autres, et ensuite croassant tous ensemble, en se rassemblant et regagnant leurs nids, on peut penser qu'ils se réjouissent, si on en juge par le bruit qu'ils font, sur les arbres où ils sont perchés, en secouant leurs ailes mouillées. Avant le retour du calme, les grues s'envolent ensemble sans crainte, mais n'espérez point de beau temps si elles reviennent, non plus que si la clarté du ciel s'obscurcit sans qu'il y ait de nuées, ni d'autre obscurité d'ailleurs, ni de la lune, mais si les étoiles sont sans éclat, tout cela ne peut vous présager un beau temps, mais de l'orage ; ainsi que quand vous voyez des nuées dans un même lieu, et d'autres près d'elles, celles-ci passant, et les premières les suivant ; et aussi quand vous entendez les oies qui crient en allant aux pâturages. Le cri nocturne de la corneille qui vit neuf âges, de la chouette qui se fait entendre le soir, et du passereau le matin ; tous les oiseaux qui s'éloignent de la mer, l'orchile et le rouge-gorge qui se retirent dans des trous, et les troupes de geais qui reviennent le soir de paître, vous offrent encore des signes de tempête. Les abeilles fauves ne sortent pas avant un orage pour aller chercher leur nourriture, mais elles s'occupent au-dedans à leurs ouvrages, et en l'air les longues bandes de grues ne continuent pas leur vol, mais elles retournent et cessent de voler. Il en est de même quand, dans le repos des vents, les toiles légères sont agitées, et que les flammes des bougies sont ternes, ou lorsque le feu prend avec peine et sans faire de cendre, aux torches d'ailleurs nettes et sèches, attendez-vous à des orages. A quoi bon rapporter tous les autres signes que les hommes peuvent remarquer ? Il n'est pas jusqu'à la cendre que vous pouvez observer comme une neige légère, comme des grains de millet autour de la mèche ardente de la lampe allumée ; ou comme de petits grêlons autour d'un charbon brûlant avec un nuage léger qui paraît au milieu, tandis que le feu le consume en dedans. Les chênes chargés de leurs fruits, et les noirs lentisques, ne sont pas exempts de nous donner des signes à leur manière. Le cultivateur les examine souvent pour ne pas perdre ce que l'été lui promet. Les chênes bien garnis de glands annoncent un hiver rigoureux ; que les campagnes ne soient donc pas trop couvertes, afin que les épis ne soient pas trop serrés. Le lentisque produit trois fois, et il porte en trois temps qui servent d'indications pour autant de sortes de culture. En effet, on divise en trois le temps de travailler à la terre, celui du milieu, et ceux du commencement et de la fin. D'abord ce sont le labourage et les semailles, ensuite la production des fruits, et enfin le terme. Tout cela est bien signifié par le lentisque dont la fécondité l'emporte sur tous les autres végétaux. Ses premiers fruits sont petits, les seconds sont moyens entre les premiers et les derniers. La squille, par ses trois temps de floraison, nous montre la même distribution des travaux de la terre ; car ce que le cultivateur remarque dans la fructification du lentisque, il le retrouve dans la blanche fleur de la squille. Quand, dans la saison de l'automne, les guêpes se ramassent en plusieurs groupes, avant le retour des Pléiades au soir, on peut être certain que l'hiver suivant sera proportionné à la grosseur de ces pelotons. Les accouplements des truies, des brebis et des chèvres, recevant encore le mâle, au retour du pâturage, annoncent, comme les guêpes, une grande intensité de froid. Le pauvre se réjouit quand il voit les chèvres, les brebis et les truies ne s'accoupler que tard, parce que n'ayant pas de quoi se chauffer beaucoup, il prévoit par elles que l'hiver sera doux cette année. Le laboureur aime aussi à voir des troupes de grues venir en leur temps, car quand elles se montrent hors de saison, les hivers arrivent aussi d'autant plus irrégulièrement, qu'elles se font voir avec plus de variations ; car plus tôt et plus serrées elles paraissent, plus tôt aussi ils viennent après elles. Mais quand vous ne les voyez que tard et non en troupes, qu'elles volent plus longtemps et en petit nombre, le délai de l'hiver vous permettra d'achever vos derniers travaux. Si les bœufs et les béliers, à la fin de l'automne, frappent la terre de leurs cornes, et élèvent leurs têtes contre le vent du nord, les Pléiades à l'occident vous amèneront un hiver orageux : qu'on n'ouvre pas trop la terre, car il sera long et excessif ; et il ne sera favorable ni aux plantes, ni à la culture. Qu'une neige abondante couvre les vastes campagnes, mais qu'elle ne tombe pas sur les moissons déjà fortes et montées, afin qu'on puisse jouir de la fertilité de cette année. Mais il ne faut pas qu'on voie au ciel une ou plusieurs comètes, comme il s'en forme dans les années sèches. Le cultivateur ne voit pas non plus avec plaisir de dessus le continent, des troupes d'oiseaux se jeter des îles sur ces terres ensemencées, à l'approche de l'été ; car il craint pour sa moisson qu'elle ne soit dépouillée de grains, et frappé d'une rouille stérile. Mais le pasteur voit volontiers ces oiseaux, quand ils viennent en assez grand nombre, dans l'espérance qu'ils lui donnent qu'il y aura abondance de lait pendant l'année. C'est ainsi que nous vivons nous autres hommes en divers lieux, mais dans les mêmes variétés de peines, toujours attentifs à étudier les signes qui s'offrent devant nous, pour nous donner la connaissance de l'avenir. Les bergers observent les agneaux quand ils vont aux champs : d'un côté les béliers du troupeau, si de l'autre les agneaux jouent à se frapper, ceux-ci avec leurs quatre pieds légers, ceux-là avec leurs deux cornes ; ou si quelques-uns ne marchent pas volontiers hors du troupeau, broutant l'herbe çà et là, en retournant le soir à l'étable, quoique souvent rappelés par de petits cailloux qu'ils leur jettent. Les laboureurs et les bouviers apprennent aussi des bœufs à prévoir l'orage qui va s'élever ; quand les bœufs lèchent les cornes de leurs pieds de derrière, ou s'étendent dans l'étable couchés sur le côté droit, quand ils se rassemblent en retournant le soir à l'étable, le laboureur prudent diffère d'ouvrir la terre ; ou, quand mugissant plus que de coutume, ainsi que les vaches tristes au retour du pré et du pâturage, en signe de vouloir se rassasier avant l'orage ; et ni les chèvres, si elles broutent les branches de chêne ni les cochons, s'ils se vautrent dans la boue, n'annoncent du beau temps. Quand le loup hurle fortement, seul à l'écart ou qu'il s'approche imprudemment des endroits habités pour s'y faire une retraite, tandis qu'il devrait se cacher, attendez-vous à un orage dans trois jours. Ainsi vous pouvez par les premiers signes que vous voyez prédire les vents qui souffleront, la tempête ou la pluie, pour le jour même, ou pour le lendemain ou le surlendemain. Ni les rats mêmes avec leurs cris sourds, n'ont paru aux Anciens ne pas vouloir annoncer quelque changement dans l'air, quand par un beau temps, on les entend ou qu'on les voit courir plus fréquemment, comme dans une espèce d'agitation ; ni les chiens, quand ils grattent la terre avec deux pattes, car alors le chien sent l'approche de la pluie. L'écrevisse alors sort de l'eau pour se retirer sur la terre avant que l'orage éclate. Les souris dans les maisons se préparent de leurs pattes un lieu pour s'y reposer quand elles ont un pressentiment de pluie, et c'est ainsi qu'elles la présagent. Ne négligez aucun de ces signes. Comparez-en deux l'un à l'autre ; s'ils conspirent ensemble, vous serez plus sûr de l'avenir, mais assurez-vous en plus encore par un troisième. Vous pouvez compter tous les signes pendant le cours d'une année, en les comparant les uns aux autres pour voir au lever ou au coucher de quelle étoile un jour commence comme un signe l'annonce. Il sera plus sûr de faire ces observations aux quartiers de chaque lune qui sont les temps des mois consécutifs, où l'air est le plus difficile à juger pendant les huit nuits de la présence ou de l'absence de la lune. Ces observations faites sans interruption pendant toute une année, vous mettront en état de ne rien dire d'incertain sur l'état de l'air.
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