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ARATUS DE SOLES

 

Les Phénomènes d'Aratus par Germanicus César

 Relu et corrigé

Aratus a consacré ses premiers vers au Dieu tout-puissant. A toi aussi, à toi que j'honore comme mon père, comme l'auteur de mon existence, je consacre les premiers fruits de mes travaux, en t'offrant ces prémices de mes chants.

Le maître du ciel nous montre ce que peuvent les signes qu'il nous y présente pendant toute la durée de l'année, soit que le soleil, au plus haut de sa course, traverse le Cancer brûlant, ou qu'au point opposé il passe devant le Capricorne glacé ; soit lorsque dans le Bélier ou la Balance, il rend le jour égal à la nuit.

Si la paix ne régnait sous ton empire, la mer serait-elle ouverte aux flottes qui parcourent les plaines liquides de l'Océan ? La terre serait-elle laissée à la culture ? Non, mais partout les champs seraient stériles et sans vie.

Maintenant, nous pouvons à loisir élever sans crainte nos regards vers le ciel ; nous pouvons observer les astres et leurs mouvements divers ; nous pouvons apprendre à connaître ce que doit redouter le nautonier, ce que doit éviter le prudent laboureur, quand l'un doit confier sa nef aux vents, et l'autre ses semences à la terre.

Pendant que j'apprends aux muses latines à célébrer ces bienfaits de ta puissance, viens à mon aide, ô mon père, et seconde mes efforts !

Le ciel entraîne, par l'impulsion de son mouvement, tous les astres qui brillent disséminés au haut de ce vaste univers. L'axe seul immobile garde une position constante, et tenant les terres en équilibre, il fait tourner le monde sur lui comme sur un pivot inébranlable. Chacune des extrémités qui le terminent a été nommée pôle par les Grecs ; l'une est plongée dans les eaux de l'Océan, et l'autre demeure élevée sous le fougueux Aquilon.

L'axe est retenu de chaque côté dans sa place par les deux Ourses de Crète, ainsi nommées chez les Romains, et autrement connues sous le nom de Chariots, auxquels ces constellations ressemblent par la disposition de leurs étoiles ; car trois sont au timon, et quatre brillantes forment les roues. Si vous aimez mieux les appeler Ourses, leurs têtes sont en sens contraires, chacune dos à dos, ayant la sienne opposée à la croupe de l'autre. Le cercle qui passe par leurs épaules inclinées les emporte dans la révolution qui les fait descendre sous l'horizon. A en croire l'antiquité, l'île de Crète vous a nourries, le maître de l'Olympe vous a placées au ciel ; ainsi vous a récompensées le grand Jupiter, pour l'avoir allaité et gardé dans son berceau, lorsque pour dérober à Saturne la connaissance de la tendresse maternelle, vous faisiez retentir d'une main officieusement trompeuse vos cymbales d'airain, afin que les cris de l'enfant ne fussent pas entendus de son père. De là vient que les corybantes, fidèles serviteurs de la déesse, frappent toujours leurs tambours sacrés sur le mont Ida ; de là vient qu'Hélice et Cynosure, ces nourricières de Jupiter, brillent aujourd'hui dans le ciel : Hélice dont les étoiles s'étendent sur un plus grand espace, est le guide des Grecs dans leurs voyages ; et Cynosure dirige les Phéniciens dans leurs navigations. Mais Hélice toute entière brille d'un éclat plus vif. Aucune étoile ne se montre au ciel, avant les sept qui éclatent sur cette belle crétoise, quand le soleil a plongé sa face rayonnante dans les eaux de l'océan ; et toutefois Cynosure guide plus sûrement les navigateurs, parce qu'étant plus petite elle leur apparaît toute entière, pendant toute la durée de chacune de ses révolutions ; et comme elle est toujours visible, elle n'a jamais manqué de montrer aux vaisseaux de Sidon la voie qu'ils ont à suivre.

Entre ces deux constellations roule comme un torrent le grand Serpent qui les dépasse de part et d'autre en développant ses replis tortueux. Il s'étend au-dessus de l'Hélice par sa queue, qui retombant couverte d'écailles vers la Cynosure, se termine vers la tête de l'Hélice. La Cynosure est enfermée dans une immense courbure de ce serpent, qui déployant ses grands orbes, rampe en montant par derrière jusqu'à la grande ourse qu'il regarde d'un œil ardent ; ses tempes creuses brillent des feux de plusieurs belles étoiles, mais il n'y en a qu'une seule qui étincelle au bout de sa mâchoire, et aux lieux où l'étoile de ce dragon marque sa tempe droite, où éclatent celles de son menton, où brille l'extrémité de sa queue, et où l'on voit scintiller la dernière étoile de l'Hélice, dans le voisinage du lever et du coucher, les Ourses inconnues aux flots soulevés de l'océan, décrivent un cercle entier en maintenant toujours l'axe éclairé par des feux qui ne s'éteignent jamais dans les eaux.

Non loin de là est l'image d'un homme sans nom et sans cause connue de sa douleur. Le genou droit plié, et les bras étendus des deux côtés, avec les mains ouvertes vers le ciel, il presse la tête du serpent sous la plante de son pied gauche, là où la couronne d'Ariane a été consacrée au ciel par une grâce qui fut le prix des faveurs accordées à Bacchus ; son dos étincèle d'étoiles ; mais à l'endroit où s'élève cette triste et malheureuse constellation accablée sur ses genoux succombants, est Ophiuchus dont vous remarquez d'abord la tête, et ensuite les larges épaules reconnaissables à leurs étoiles qui brillent d'un éclat plus vif que celles de ses autres membres.

Quand la lune dans son plein partage le mois par moitiés, on aperçoit peu les mains qui serrent le Serpent glissant pour s'échapper à la hauteur du milieu d'Ophiuchus. Ses pieds aboutissent au Scorpion, sur le dos duquel s'appuie la plante du pied gauche, mais le pied droit reste suspendu sans appui. Ses mains n'ont pas un poids égal à soutenir, car la droite ne tient que la moindre partie du serpent, tandis qu'il s'élève presque tout entier de la gauche, à une hauteur égale à la distance des guirlandes de la couronne à cette main gauche, de sorte qu'on voit briller l'étoile chevelue de l'extrémité de sa mâchoire. Sous cette couronne aérienne, mais dans la partie rampante du Serpent dans sa longueur, les Serres remplissent le ciel de leur éclat.

A la suite de l'Hélice paraît le Gardien de l'Ourse avec son bâton menaçant. C'est Arctophylax ou Icare, à qui les dons de Bacchus ont attiré une mort dont il s'est consolé dans le ciel. Sa tête n'est pas sans honneur, ni ses membres sans beauté ; mais une seule de ses étoiles jette une lumière qui lui a mérité un nom particulier. C'est l'étoile Arcturus placée au nœud qui joint les bouts de la ceinture.

Au-dessus paraît la Vierge, sa main gauche est resplendissante de l'épi dont elle est remplie, et qui rayonne dans toute sa maturité. Quel nom te donnerai-je, ô déesse ! Si les vers des mortels ont pour toi quelque charme, et si tu prêtes une oreille attentive aux prières que nous t'adressons. Hélas, hélas ! Malgré la haine que tu as conçue pour les malheureux humains, je retiendrai les rênes des coursiers qui m'emportent, et je m'arrêterai pour chanter tes louanges et célébrer ta divinité, si digne des hommages de toute la terre.

Vierge pacifique, quand sous le nom de Justice tu gouvernais le monde dans cet âge d'or où nul homme n'était assez méchant pour t'offenser, soit que tu fusses de la race d'Astrée qui passe pour le père commun des astres, soit que le temps ait effacé la trace de ton origine, tu te montrais alors avec joie aux peuples que tu rendais heureux. Tu ne dédaignais pas d'entrer sous l'humble toit des hommes ; et déesse immortelle, tu venais t'asseoir à côté de leurs pénates innocents. Tu dictais des lois équitables, et par cette institution nouvelle, tu formais le vulgaire sauvage aux arts simples et propres à rendre la vie plus commode. Une rage aveugle ne leur avait pas encore fait tirer l'épée ; la discorde était encore inconnue parmi les frères ; on n'avait pas encore tenté de voyager sur la mer ; chacun se plaisait dans la terre qui l'avait vu naître, et l'espérance avide de gain ne cherchait pas encore des richesses lointaines sur un esquif construit avec art. La terre favorable aux vœux de ses habitants leur prodiguait ses fruits sans culture. On ne voyait pas encore l'étroite enceinte des champs assurer par des marques servant à les distinguer, la possession des diverses portions de terrain à des maîtres exclusifs.

Quand l'âge d'argent, moins précieux, eut pris de la force, cette déesse visita plus rarement les villes souillées par la fraude et le mensonge ; et pendant la nuit, quittant les montagnes, le visage voilé, et invisible sous la triste enveloppe qui couvrait sa tête, elle ne fréquentait plus les maisons ni leurs pénates. Seulement, quand elle rassemblait le peuple tremblant à son aspect, elle lui adressait ces mots de reproches: "O vous qui oubliez les exemples de vos pères, vous ne produirez qu'une postérité qui dégénérant toujours de plus en plus, sera moins estimable qu'eux encore. Pourquoi m'adressez-vous sans cesse des prières après avoir renoncé à la pratique de mon culte ? Il faut que je fixe mon séjour loin de vous. Le siècle où vous vivez ne recherche que des moyens de violence et le crime sanguinaire." Après avoir ainsi parlé, elle retournait vers les montagnes, laissant les peuples consternés dans la crainte de plus grands maux.

Mais quand la terre fut couverte d'hommes aussi durs que l'airain, tous les germes de vertus étouffés par les vices, ne purent résister à la funeste influence de cet âge, depuis que les cœurs se réjouirent d'avoir trouvé le fer ; quand enfin on profana les tables par le cadavre du taureau laboureur, la Justice se hâta de quitter la terre et choisit dans le ciel, pour y faire sa demeure, le lieu où le lent Bouvier suit son chariot en se couchant.

Cette Vierge paisible est reconnaissable à une belle étoile qui brille sur son épaule. L'Hélice n'en pas de plus éclatante, ni celle qui brille à sa queue, ni celle de son épaule, ni celle de ses pieds antérieurs, ni celle de sa croupe hérissée, et qui réfléchit ses feux. Car celles dont on achève de composer sa tête et son cou, n'ont point reçu de noms chez les anciens poètes, parce qu'elles leur étaient inconnues.
Voyez l'Écrevisse sous le ventre de l'Hélice ; sous sa tête, sont les Gémeaux ; et sous ses pieds de derrière, la crinière hérissée du Lion fauve, qui, dès que le char brûlant de Phébus est déjà allumé dans le Cancer, en redouble les feux. En diminuant les eaux, il dessèche la terre, et le laboureur recueille avec joie une abondante moisson. Que les navires alors n'aillent pas à la rame sur les eaux vertes de la mer, mais qu'ils étendent plutôt les voiles aux vents en faisant agir les cordages, et qu'il n'y ait pas un pli qui ne reçoive les plus légers souffles des zéphyrs.

Là une figure de Cocher, soit Erichthon, sorti de la terre, soit Athis qui le premier soumit les coursiers au joug, ou Myrtile submergé sous les eaux, et que cette figure semble plutôt représenter dans le ciel, parce qu'il est sans char, et que chagrin de voir ses rênes rompues, il pleure la perte d'Hippodamie que le perfide Pélops lui a enlevée : là en travers de la gauche des Gémeaux, il s'abaisse vis-à-vis de la tête de la Grande Ourse, emportant avec lui des divinités, dont l'une est réputée avoir été la nourrice de Jupiter, si véritablement ce dieu dans son enfance, a pressé les mamelles d'une chèvre fidèle, qui par l'éclat de son étoile atteste la reconnaissance de son nourrisson. Le Cocher qui porte cette étoile sur son épaule, montre dans ses mains les Chevreaux odieux aux navigateurs, quand la révolution du ciel les fait monter au-dessus de l'océan. Plus d'une fois, les Chevreaux ont vu un navire battu par la tempête, les nautoniers tremblants, et les membres des morts flottant sur les ondes en courroux.

Sous les pieds du Cocher, le Taureau aux cornes flamboyantes, lance les feux de sa gueule menaçante. Sa forme suffit pour indiquer à qui connaît peu le ciel, sa tête, ses larges naseaux et ses cornes. Sur son front brillent les Hyades. L'étoile qui est à l'extrémité de la corne gauche, suit les traces de la main droite du Cocher, et lie par cette interposition ces célestes constellations. Myrtile se lève à l'extrémité de la gueule, quand le Taureau entier se montre au-dessus des flots ; mais ce bœuf entre dans l'océan le premier, lorsque Myrtile brille encore au-dessus des terres.
Céphée fils d'Iasus monte aussi en même temps dans le ciel avec sa femme et toute sa maison. Comme Jupiter est l'auteur de cette race, il fait éclater sur elle toute sa majesté. Céphée est derrière la Cynosure, ayant les mains étendues, les jambes écartées, et les pieds aussi éloignés l'un de l'autre, que le droit l'est du bout de la queue de la Cynosure. Tel est l'intervalle de ses pas, et il est entouré de son baudrier.

Du côté où Cassiopée regarde la courbure du serpent tortueux, elle reste à la hauteur du visage de son époux. On l'aperçoit la nuit dans le ciel même au clair de la lune, mais alors elle est faible et ornée de peu de rayons dans toute sa constellation. Telle qu'une clé à dents de scie pénètre dans l'ouverture étroite d'une serrure qu'elle ouvre, ainsi Cassiopée a ses étoiles placées entre elles ; mais son visage est chagrin, et elle étend les mains, comme pour déplorer la perte d'Andromède qui n'a pas mérité d'expier la faute de sa mère. Proche d'elle Andromède, que l'on peut voir toute entière dans l'obscurité de la nuit, tant son front a d'éclat tant ses larges épaules ont de blancheur. Elle est vêtue d'une robe de feu serrée pas une petite ceinture éblouissante. Son visage pourtant est morne, et elle étend les bras, comme s'ils étaient attachés par force à l'énorme rocher qui les retient.

Le Cheval ailé s'élève au-dessus de la tête d'Andromède, et l'étoile qui rayonne sur le front de cette princesse malheureuse, brille sous le ventre même du Cheval. Trois autres placées à des distances égales marquent ses épaules et ses côtés. Sa tête a peu d'apparence, et son cou n'a qu'une lueur terne qui le fait à peine distinguer ; mais à l'endroit où il mord son frein couvert de son écume, éclate une étoile plus belle que celles de sa tête et de son long cou, et pareille à celles des épaules et du côté. Mais ce Cheval n'est pas complètement figuré, puisque par devant c'est bien la forme d'un cheval, mais le reste depuis le milieu du corps se perd à la vue, d'où résulte une image mal ébauchée, progéniture informe de la Gorgone sur le mont Hélicon, lorsque frappant de son pied droit le sommet aride de la montagne, elle en fit jaillir la fontaine des Muses, qui reçut de lui le nom d'Hippocrène. Mais ce Pégase agite ses ailes agiles au haut des airs, et se plaît à tenir rang parmi les constellations.

Au-dessous se voit le Bélier, qui en parcourant un cercle bien plus grand que celui de l'Ourse, n'arrive pas plus tard qu'elle à l'horizon. Et plus l'Ourse de Lycaon fait tourner l'axe du monde sur lui-même, plus le Bélier se hâte d'atteindre de sa corne le terme éloigné de sa course, il n'est pas bien apparent, et ses étoiles ne peuvent guère se montrer quand la lune les efface. Mais vous n'avez qu'à le chercher à l'aide de la ceinture brillante d'Andromède, il marche sur la grande division du monde comme les Serres ou comme le baudrier ardent d'Orion.

On peut aussi le reconnaître à une constellation nommée Deltoton, si ce delta se fait remarquer comme formé par les eaux du Nil. C'est une figure composée de trois côtés dont deux sont égaux, et le troisième est plus petit, mais d'une lumière plus vive que chacun des deux autres. Le Bélier en est voisin, et le Deltoton, ou Triangle se trouvera occuper le milieu entre le dos de l'animal à toison de laine, et la triste fille de Céphée.

Au-delà, sont les deux Poissons dont l'un nage dans l'hémisphère austral ; l'autre, comme les Thraces voisins de borée, entend les sifflements des vents qui viennent du mont Hoemus toujours couvert de neige. Ils ne peuvent s'écarter trop l'un de l'autre à cause du lien qui les retient par le nœud qui serre leurs queues. Une étoile est fixée sur le nœud du Poisson qui monte sers le ciel de Thrace. On les voit l'un et l'autre du côté du bras droit d'Andromède sous chacun des pieds de cette malheureuse dévouée à la mort, la figure ailée de Persée se montre agréablement à cette vierge qu'il a sauvée. Sa stature témoigne son origine, tant est grand l'espace que son père lui a assigné dans le ciel. Sa main droite s'élève jusqu'au siège de Cassiopée, il semble couvrir, et vouloir fendre de ses pieds ailés, l'air transparent.

Sous sa jambe gauche, les Pléiades, auxquelles vous reconnaîtrez certainement le Taureau, n'occupent toutes ensemble qu'un petit espace. Il n'est pas aisé de les discerner, sinon à leur réunion en un groupe dont la lumière paraît sortir d'un foyer commun. Elles sont au nombre de sept, mais on les confond en une seule à cause de leur petitesse qui fait que les yeux ne peuvent distinguer chacune d'elles en particulier. Mais l'antiquité nous a fidèlement conservé leurs noms : Electre, Alcyone, Celaeno, Mérope, Astérope, avec Taygète et la célèbre Maya, toutes d'origine céleste s'il est vrai qu'Atlas soutient l'empire de Jupiter et la demeure des dieux en se félicitant d'une aussi précieuse charge. La Pléiade ne disputera pas d'éclat avec les autres astres, mais par un privilège particulier elle montre deux saisons : l'une où le vent du midi domine sur la première culture de la terre, l'autre où l'hiver commençant à régner, avertit ceux que l'expérience a instruit, de fuir les tempêtes de la mer.

La Lyre même, agréable à Mercure, et reçue parmi les dieux, brille dans un ciel pur au-devant de la figure consternée de douleur, et en s'élevant de dessous son pied gauche, elle s'appuie sur la tête du Dragon tortueux.
Vis-à-vis est l'Oiseau, ou le Cygne de Phébus, qui s'insinua dans la couche de Léda, pour cacher sous sa forme ailée les larcins amoureux de Jupiter. C'est entre la constellation abattue de chagrin, et le Cygne éclatant, qu'est placée la Lyre consacrée à Mercure. Vous trouverez dans le Cygne plusieurs espaces sans étoiles, et plusieurs aussi qui jettent beaucoup de feu, et d'autres qui rendent une lumière médiocre. Ses deux ailes ont la même largeur ; la droite est voisine du bras royal de Céphée, mais de la gauche il s'éloigne de Pégase qui le poursuit. Le côté de ce cheval brille avec les Poissons. Vers sa tête s'étend la main par laquelle le Verseau répand le fluide qui imite en tombant l'écoulement d'un courant.

Là où le Capricorne paraît toujours se hâter d'éteindre ses feux dans l'Océan, le soleil met le moins d'intervalle entre son lever et son coucher, quand il parcourt l'étendue de cette constellation glaciale. Le jour trop court alors ne favorise ni les courses sur mer ni les vœux des navigateurs, et quand les nuits obscures augmentent par leur longueur les craintes des nautoniers, ils attendent le lever du soleil dont ils invoquent longtemps en vain le retour. Le froid règne alors, ou un vent impétueux du midi souffle sur la mer, le service se ralentit, et les matelots tremblants sentent leurs membres se glacer. Leur témérité leur ôte l'usage de la raison. Pas de jour sans naufrage dont les débris flottent épars sur les ondes gonflées. Et pourtant on veut s'exposer à leur fureur. Mais quand les flots écumeux se lancent contre le rivage, une fois engagé dans les eaux, c'est alors que du haut des mâts ils tournent leurs regards vers le rivage sinueux, en même temps que d'autres annoncent comme un bienfait les terres qu'ils aperçoivent, mais une montagne d'eau prête à tomber sur eux, les menace d'une mort certaine. Il en est qui sont jetés loin de la terre en pleine mer. Ils n'ont qu'un frêle esquif qui les préserve d'être submergés, et qui repousse leur destinée prête à s'accomplir ; car ils ne sont éloignés de la mort, que de l'épaisseur du bois qui les sépare de l'abyme des eaux.

Quand le belliqueux Titan, son grand arc à la main, lance un dard par le ressort du nerf qu'il tire, la mer n'est plus praticable, le nautonier au port déteste les longues et sombres nuits. Le Scorpion l'annonce par son lever dès le soir. Sa queue brille alors au-dessus des eaux ; suivi de l'arc funeste, il se prolonge de plus en plus dans le jour. La Cynosure alors rampe, très élevée, en même temps qu'Orion se plonge tout entier dans les eaux, où avec lui Céphée cache aussi sa tête et ses épaules. On ignore quel est l'arc qui a décoché la flèche que tient l'oiseau de Jupiter. Rien d'étonnant si l'aigle qui porte la foudre de ce dieu est monté au ciel, car il a enlevé vers l'Ourse le phrygien Ganymède dans ses serres sans le blesser, et la passion dont Jupiter brûle pour ce bel enfant, a fait périr son gardien du même feu qui a consumé Troie.

Le petit Dauphin ne brille que de peu d'étoiles à la suite et auprès du Capricorne. C'est lui qui porta la nymphe Atlantide dans ta couche, ô Neptune ! par compassion pour ton amour.

Nous avons décrit les constellations qui font leur révolution dans la partie la plus élevée des airs, et qui, voyant Borée de près, éprouvent la rigueur de ses vents desséchants. Parcourons maintenant d'autres constellations qui, placées plus bas que les premières, essuient les fureurs des vents du midi.

La première, emportée obliquement sous le poitrail du taureau, est celle d'Orion ; aucune étoile voisine ne désignera cet homme, plus que les flammes répandues sur tout son corps, tant sa tête, ses larges épaules et son baudrier lancent de rayons, tant le fourreau de son épée et son pied étincellent de feux.

Tel aussi son gardien fidèle, le Chien vomit le feu par sa gueule redoutable, mais il est moins remarquable par le reste de son corps. Les Grecs le nomment Sirius. Aussitôt qu'il a touché les rayons du soleil, l'été s'allume, son lever opère deux effets différents dans les productions de la terre ; il fortifie celles qui sont vigoureuses, mais il tue les faibles rameaux greffés ou entés, et les plantes qui penchent languissamment la tête. Aucun astre ne réjouit ou n'attriste davantage, aucun n'est observé plus que lui, dès qu'il commence à paraître.

Le Chien poursuit le Lièvre aux longues oreilles qui le fuit. La course rapide de la bête fauve attire celle de l'animal chasseur, et dans cette poursuite perpétuelle, chacune de ces deux constellations monte sur l'horizon et descend dans les ondes.

Près de l'étoile peu lumineuse qui termine la queue du Chien, brillent les agrès du navire Argo, soit que tiré par la poupe, il ne puisse voguer librement, comme si le pilote retenant les rames le faisait dériver, et, au comble de ses vœux, l'attachait par l'arrière au rivage qu'il désirait de toucher ; ou parce qu'une partie de cet esquif a été abattue par la chute des rochers, lors de la fuite de Jason sous la protection de Junon, il n'en paraît qu'un côté dans le ciel ; le reste, à l'endroit où le mât s'élève et où la proue devrait se montrer, a disparu sans rien laisser de sa forme, et il n'en reste plus qu'une poupe brillante de laquelle tombe un aviron.

Non loin de là, un monstre marin poursuit Andromède exposée à sa fureur. Le soleil est au milieu de sa course, quand on voit Andromède s'effrayer à la vue du monstre marin. Elle se place avec joie sous l'axe à l'opposite en s'approchant du voisinage de Borée. L'hémisphère austral fait marcher les deux amas d'étoiles de la Baleine, et n'en effleure qu'un seul, car le Bélier et les Poissons passent au-dessus d'elle. Mais la bête marine ne dépasse pas de beaucoup, le fleuve qui pleura Phaéton dans ses ondes, lorsque ce téméraire ne gouverna plus dans un juste équilibre les chevaux de son père ; Jupiter le frappant de sa foudre, le brûla des feux dont il embrasait le monde, et ses sœurs affligées le pleurèrent dans cette forêt nouvelle où leurs bras ont pris des formes si étranges.

L'Éridan coule entre des astres transparents. Une partie de son onde tombe près du pied gauche d'Orion, loin du nœud qui lie les deux Poissons, en lançant ses rayons sur la tête même du monstre aquatique. Des astres auxquels on n'a donné aucune configuration restent sans former de groupes au ciel, sous le côté du Lièvre, et derrière la poupe, entre les détours de l'Éridan et l'aviron de l'esquif, et on les distingue par cela même qu'on ne les a pas compris sous une dénomination commune, car ils sont épars sans nom particulier ; ce sont des feux perdus parmi les constellations, mais s'ils n'ont pas une forme qui leur soit affectée, on les reconnaît par les étoiles du signe voisin.

Outre les deux Poissons, un autre qui fuit loin de Borée est tout à fait austral, sous le ventre du Capricorne, et tourne vers l'extrémité de la Baleine. Mais plus bas, à l'endroit où marche le Verseau, sont d'autres étoiles placées entre la tête de ce poisson et la courbure de sa queue. Elles n'ont pas de noms, parce qu'il n'y a pas eu de sujet de leur en donner. Ainsi leur faible lumière s'est presque évanouie à l'exception d'une seule qui reluit plus que les autres sous la queue du monstre écailleux. Une autre paraît sous les pieds du Verseau, et une couronne reste sans gloire devant les jambes légères du Sagittaire.

Voyez près de l'aiguillon élevé de la queue du Scorpion l'Autel fumant du feu sacré dans les plages australes, à l'opposite d'Arcturus, mais plus Arcturus a d'espace à parcourir avant de parvenir à l'Océan pour se coucher, moins l'Autel a de chemin à faire. A peine a-t-il regardé le ciel, qu'il se plonge précipitamment dans les vastes abîmes de la mer.

La nature a donné à l'homme plusieurs indices pour sa conservation. Elle l'avertit de les mettre à profit, de s'en servir pour éloigner les maux qui le menacent. L'Autel que vous voyez la nuit est du nombre de ceux que vous devez éviter ; car si le reste du ciel est noir et couvert de nuages, craignez l'éclat de l'Autel, craignez qu'un vent trop violent du midi ne trouble le calme qui règne sur la mer. Serrez les voiles contre les vergues, et ne vous inquiétez pas alors des vains sifflements des vents dans les cordages. Si par malheur il agite les voiles du navire qu'il attaque, il le fait pencher sur le côté ou le fait couler à fond, et la proue se plonge dans l'onde qu'elle craint de toucher. Que si un Dieu propice jette sur lui un regard de compassion, les naufragés auront beaucoup de peine à en profiter pour le remercier de les avoir sauvés, et leur crainte ne se dissipera qu'à la vue de la sérénité renaissante dans la partie boréale du ciel vers laquelle ils tournent sans cesse leurs regards inquiets.

Les membres gigantesques du Centaure sont également brûlants de flammes, sa tête, son corps velu, son ventre ont la forme humaine sous les terres ardentes, mais en se continuant par les côtes, les jambes et les cuisses, il se termine en coursier sous la Vierge propice, soit qu'il rapporte des forêts la proie qu'il y a tuée, soit qu'adorateur de Jupiter, il offre sur l'Autel les dons qui doivent lui concilier les dieux, ce sera le bon Chiron, les meilleurs des enfants du ciel, et le guide du grand Achille. Si quand il fend le haut de l'air, son épaule se charge de nuages qui couvrent les étoiles, pendant que son cheval se laisse voir clairement, il annonce alors l'approche des vents du midi.

L'Hydre entraînée à sa suite fait briller sa queue au-dessus du Centaure. Elle rampe sous le Lion, sa tête avance jusqu'au Cancer, elle se prolonge ainsi sous trois constellations. La Coupe est portée sur ses premières sinuosités. Les dernières sont becquetées par le Corbeau criard. Toutes ces figures sont éclatantes de lumière, le Corbeau par ses ailes, la Coupe dans sa petitesse, et l'Hydre dans l'espace de trois signes.

Procyon se lève avec éclat sous les Gémeaux. C'est dans ce pompeux appareil que le ciel tourne nuit et jour. Chacun des astres y a sa fonction. Ils gardent invariablement les places qui leur ont été assignées, et n'en changent point dans la succession des siècles.

Mais il y a cinq astres qui obéissent à une autre loi, et qui par un mouvement propre à chacun d'eux parcourent des orbes en sens contraire des autres ; ils changent continuellement de place et voyagent sans cesse. On ne peut guère les désigner que par la diversité de leur course. On voit souvent çà et là leur lever et leur coucher. Leur carrière n'est pas rétrécie, et se renferme à peine dans les bornes d'une année. Le temps et l'étude, si j'en crois les Muses silencieuses, pénétreront quelque jour enfin ce mystère, si toutefois les destins le permettent.

Quatre cercles qui renferment toute l'année dans leurs limites, montrent les diverses parties des signes dont la configuration vient d'être décrite. L'un traverse obliquement les intervalles des trois autres. L'aire que chacun embrasse n'est pas égale dans tous. Deux d'entre eux sont égaux, et les deux plus grands sont aussi égaux entre eux, mais plus grands que les deux premiers qui restent à distance l'un de l'autre constamment la même. Les plus grands ont des signes communs qui les rapprochent, et dans les points où ils se touchent ils sont divisés en parties égales figurant des moitiés de roues, comme si l'on faisait deux arcs égaux de chacun de ces grands cercles.
Un cercle se distingue entre tous par son apparence qui le rend visible dans une nuit sereine, lors même que les astres lancent de si loin sur la terre les feux qu'ils n'empruntent point d'ailleurs. La couleur de cet orbe est celle du lait, il en a pris le nom ; et lumineux au milieu des ténèbres, dans sa révolution, il est un des plus grands cercles de la sphère céleste.

Le cercle le plus élevé vers Borée, et qui tourne dans le voisinage des Ourses, passe au travers des Gémeaux, il touche les pieds du Cocher et la plante du pied gauche de Persée. Il passe à côté d'Andromède et coupe sa main droite sans toucher à son épaule. Il effleure le bec du Cygne et tout à la fois les jambes de l'Aigle sauvage. On aperçoit ensuite les larges épaules d'Ophiuchus. Mais la Vierge l'évite, il occupe le Lion tout entier ainsi que le Cancer. Il entre dans le Lion par la croupe et en sort par la partie de la crinière qui couvre sa poitrine ; enfin il se ferme entre les yeux brillants du Cancer. Si l'on divise ce cercle en huit parties égales, on en verra toujours cinq au-dessus de l'horizon. Les trois autres se cachent dans les eaux, et restent dans les ténèbres. Quand le soleil le touche dans le Cancer, craignez l'été brûlant et les maladies destructives de la vie, car alors il est monté au plus haut point de sa course annuelle, et jamais il n'approche son char ardent du pôle élevé sur l'horizon. Mais dès qu'il touche au terme de sa carrière, il se hâte d'en redescendre par un effort contraire à celui qui l'a fait monter. Au cercle boréal répond un autre cercle du côté austral de l'équateur. Celui-ci a pour limite le Capricorne glacé de l'hiver, comme le premier est borné par le Cancer brûlant de l'été. Ce cercle austral, en se plongeant davantage sous l'horizon, traverse le Capricorne par le milieu, il rase les genoux du Verseau, la queue de la Baleine se tortille autour de lui, il touche les pieds du Chien, il passe par la partie inférieure du Lièvre et par les agrès bien remarquables du vaisseau sacré, par les épaules du Centaure, et par le Scorpion qui darde l'aiguillon de l'extrémité de sa queue. Il fait briller un arc assez grand d'où le soleil, dont l'éclat s'affaiblit à mesure qu'il approche du point austral, après avoir quitté celui de l'Aquilon, ne nous envoie que des froids nébuleux. On ne soit que trois de ses parties élevées au-dessus de l'horizon, les cinq autres restent cachées dans les eaux, et tournent dans une nuit éternelle. Entre ces deux cercles, à égale distance de l'un et de l'autre, un grand cercle embrasse la sphère. Quand le soleil y déploie ses feux rayonnants, il donne une même durée au jour et à la nuit. Deux fois, dans son cours annuel, l'astre du monde produit cet effet par son passage en deux points opposés. Quand le printemps vient féconder les champs, et à la fin de l'été, les constellations du Bélier et du Taureau, touchent également sa circonférence, mais le Bélier seul y brille alors tout entier, tandis qu'elle passe sous l'épaule du Taureau, et sous les deux étoiles de sa jambe pliée. Elle traverse Orion par le milieu du corps, la première spire de l'Hydre, la Coupe luisante et les dernières étoiles de la queue du Corbeau criard. C'est là que vous chercherez les Serres qui la traversent. Vous y verrez les genoux d'Ophiuchus qui s'élève au-dessus. L'Aigle en est voisin, l'ardent Pégase s'y incline de toute sa tête, et s'y attache de toute la longueur de son col. Tous ces cercles, dont nous montrons les trajets et les étoiles, ont pour axe commun l'axe du monde qui passe par leurs centres. Trois tournent sans cesse, en gardant toujours entre eux des intervalles égaux, sans pouvoir jamais changer leurs routes ni confondre leurs traces. Un quatrième les lie en les embrassant obliquement, chacun par les divers points où il les touche, et en tombant sur le cercle qui occupe le milieu entre les deux extrêmes, il ne coupe que lui en deux portions égales. Une main habile dans les arts de Minerve les aurait joints par un seul avec plus de justesse, mais tels qu'ils sont, ils se lèveront toujours ensemble, et les mêmes signes accompagneront toujours invariablement leurs couchers.

Ce quatrième grand cercle s'écarte de la direction des trois autres, de toute la distance du Capricorne au Cancer ; autant il s'élève d'une part dans les airs, autant de l'autre il se plonge dans les eaux. La ligne droite qui coupe ce cercle en deux moitiés aboutit au-dessous de ces deux signes, et si la circonférence est divisée en six parties égales, l'une est coupée en son milieu par cette ligne qui en laisse autant au-dessus de la terre qu'au-dessous, et toutefois la moitié inférieure ne lui est pas invisible. Ce cercle est la route du soleil qui en parcourt les douze signes. Là se voit le fumeux Bélier à toison d'or, qui, autrefois, transporta Phrixos en Tauride, qui trahit Hellen, qui fut l'objet de la construction du navire Argo, et que la perfide Médée, après avoir endormi son gardien, donna pour prix d'un amour illicite. Là est ce Taureau aux cornes brillantes, qui, sous cette figure empruntée, trompa Europe et la fit renoncer à sa patrie et à sa virginité. Reçue sur le dos du séducteur, elle s'aperçut de son erreur à la vue des rivages étrangers, et y déposa les fruits de l'amour du dieu de la Crète, devenu son époux. Là sont les Gémeaux qui jamais ne sont descendus vers les sombres demeures du Tartare, mais toujours vus avec joie par les nautoniers ; ces enfants de Léda ont été placés au ciel par le père-même des dieux. Et toi, Cancer courageux, toi qui osas, par une morsure généreuse, blesser Alcide dans son combat contre l'Hydre, qui se reproduisait sans Cesse ; Junon, cette fille de Saturne, toujours jalouse, toujours furieuse contre sa rivale, te mit pour te récompenser, au nombre des constellations. Vient ensuite le lion de la forêt de Némée, suivi de la douce Vierge, puis du Scorpion qui, par ses serres, continuant l'éclat de son corps, occupe une place double de celle de chacun des autres signes. De quels traits peindrai-je l'énorme crime d'Orion ; à sa suite, le Sagittaire courbe son arc flexible, lui qui, reçu au ciel après avoir fréquenté les Muses et applaudi à leurs chants, brille par les armes de Phébus. Celui qui trouva la cochlée quand les Titans, malgré leur puissance, s'étonnèrent de se voir combattus par Jupiter, eut l'honneur d'être consacré au ciel sous sa double configuration, pour prix de son dévouement. Ce fut toi, César-Auguste, qui, dans la consternation générale, et lorsque ta patrie tremblait épouvantée, portas jusqu'au ciel la divinité que tu tenais de ta naissance, et te replaças parmi les astres favorables à ta mère. Deucalion ensuite montre son urne étroite en versant les eaux qu'il fuyait autrefois, et les deux Poissons honorés du culte divin par les Syriens, ferment l'année qui recommence aussitôt par le retour constant des mêmes signes qui se succèdent perpétuellement. Souvent vous vouliez savoir combien il reste encore de la nuit et réjouir votre cœur par l'espérance de revoir bientôt le jour. Le premier indice vous en sera donné par la constellation où le soleil doit se lever, car il est toujours dans quelque signe quand il nous envoie ses rayons. Portez donc vos regards vers les constellations qui brillent près de l'horizon. Voyez quelle est celle qui se couche, celle qui se lève, celle qui marche au plus haut de sa course ; aussitôt que le Cancer sortant des eaux monte dans les airs, l'océan submerge les guirlandes de la couronne de Minos. Le Poisson se couche en commençant par le dos et la queue. Ophiuchus plonge ensemble ses épaules entières, le Serpent ne laisse plus briller que l'extrémité de sa queue avec ses replis effrayants. Le Gardien de l'Ourse le suit de près et cache ses pieds dès que le Scorpion paraît hors des ondes. Il continue pourtant de montrer son visage pendant que le rude Capricorne épouvante les mers qu'il éclaire.

Le Bouvier à peine s'est rassasié de la lumière qu'il descend sous terre, bien avant le milieu de la nuit. Orion au contraire, sans perdre un instant de son éclat, montrera ses épaules resplendissantes avec le grand fourreau de son épée, et son ceinturon marqueté de clous de feu ; et enfin l'Éridan élèvera deux cornes dans le ciel limpide.

Mais quand à son lever, le Lion darde les premiers rayons de sa crinière, tout ce qui brille de l'autre part dans le ciel, se précipite sous les ondes, et fuit l'approche de l'animal sauvage. L'oiseau de Jupiter aux ailes étincelantes, s'y plonge tout entier. Et l'homme à genoux le suit dans les eaux, mais il tient son genou élevé du côté où la Lyre décrit son cercle et remonte dans le ciel jusqu'à la jambe. La tête de la grande Hydre s'enfonce aussi, ainsi que le Lièvre léger, le petit Chien, et Sirius lui-même.

Apprenez quels sont les astres qui évitent la vue de la Vierge à son lever. Le Dauphin se jettera dans les eaux qu'il aime, ainsi que la Lyre au son doux, et la flèche flamboyante ; le Cygne, aussi blanc que la neige, se hâtera de gagner les flots, chacune de ses ailes étendues brille à peine en comparaison de sa queue. L'Éridan en s'approchant de la terre devient sombre. Le Cheval cachera sa tête, et bientôt tout son col sous l'horizon, l'Hydre au contraire, se lèvera au-dessus, mais non la Coupe, et les agrès du vaisseau Argo paraîtront avec le Chien tout entier ; mais quand la Vierge sort, ce vaisseau montre plus de la moitié de son mât.

Le lever des Serres sera aussi accompagné d'indices qui le font reconnaître. Le Bouvier sort de l'océan avec toute sa chevelure, annoncé par la venue d'Arcturus qui reparaît avec éclat, par la poupe élevée du vaisseau, et par l'Hydre à l'exception de sa queue. Cette figure appuyée sur son genou plié ne se remontre que de la jambe et non d'un autre de ses membres ; et en s'élançant à la fin de la nuit, elle est la seule qui se montre ordinairement deux fois par nuit, au ciel. Car lorsqu'au retour des longues nuits, il suit en se couchant le char du soleil, il se hâte de dégager sa cuisse des eaux de l'océan le lendemain en se levant ; en même temps que les Serres font briller leurs étoiles. Mais il disparaît au retour du Scorpion, et la piteuse constellation scintillera de tous ses membres, lorsque le Centaure Chiron sortira des ondes, et que son arc se retracera fidèlement dans le ciel. Mais pendant qu'il se plonge sous les eaux de la même quantité dont la Lyre monte au-dessus, avec l'image fidèle du navire Argo dans le ciel, la couronne entière y revient aussi quoique non parfaitement terminée, et l'on voit le bon Centaure Chiron jusqu'à l'extrémité de sa queue. Pégase alors cache ses ailes dans les eaux où il s'enfonce de toute sa poitrine. Le Cygne en s'y plongeant par la queue ne se laissera pas apercevoir ; Andromède y cache son visage. Mais la grande Baleine à la suite de la Vierge remontant de l'océan, ne fait briller au ciel que la crête au-dessus de sa tête plongée dans l'eau, et Céphée passe tout entier au-dessus de l'horizon de Cnide.

Le Scorpion en se levant, met en fuite Orion qui après le fleuve éclatant, s'enfuit d'épouvante à sa vue. Ô fille de Latone ! Montre-toi favorable à mes vœux ! Je ne suis pas le premier qui ose te chanter. D'autres longtemps avant moi ont célébré l'homme qui le premier portant la main sur tes vêtements virginaux, eut l'audace d'attenter à ta céleste pudeur. Dévoué dès lors à la peine qui l'attendait, il parcourt son bâton pointu à la main, les forêts qu'il dépeuplait de bêtes sauvages, et par lui Oenopion vit l'île de Chio délivrée de leurs ravages. Mais la sœur de Phébus ne pouvant lui pardonner l'injure qu'elle en avait reçue, suscita du sein de la terre contre lui le Scorpion comme un ennemi plus terrible encore que celui qu'elle poursuivait. Faibles mortels ! Cessez de résister aux dieux ! Jamais leur colère ne pardonne. Aujourd’hui même le malheureux Orion ne peut voir sans horreur sa plaie, ni ses javelots teints de son sang empoisonné, et quoiqu'il ne découvre encore qu'une partie de son dard, il se jette au fond des eaux, aussitôt qu'il aperçoit le Scorpion lever contre lui son corselet brûlant. Il ne paraît plus rien alors ni d'Andromède ni de la Baleine, Cassiopée est entraînée par la tête et les épaules dans la révolution du monde qui les suit par son poids dans ce mouvement de rotation éternelle. Elle tombe, la face toute déformée, là où elle disputa de beauté par sa fille avec celles du vieux Nérée, lorsqu'elle eut la folie d'assister aux danses de Doris et de Panope sur le rivage de Canchlus. Elle s'éloigne pour rentrer dans l'océan, alors que les guirlandes de la couronne australe reviennent au ciel, L'Hydre se dégage toute entière. Chiron aux jambes ternes fait attendre son arc, mais bientôt éclatant de toute la tête et de son corps gigantesque, le Centaure s'élance dans les airs avec la proie qu'il tient de la main droite ; le Serpent développe ses nœuds brillants, et appuyé sur son genou, Chiron ne fait que raser de la gauche la surface de la mer.

Mais quand le Sagittaire revient montrer son arc, Chiron a déjà dégagé ses jambes des eaux de l'océan, et Ophiuchus brille au haut du ciel. Le Serpent n'amène rien qui ne se voie, mais cette image ne paraît bien que quand elle revient avec la main qui le porte. La Lyre vient aussi alors ainsi que l'aile droite du Cygne et la constellation de Céphée parcourent le bord de l'horizon. Le Chien alors éteint les feux de tout son corps, Orion se dérobe à notre vue, et le Lièvre se tient caché dans les eaux. Mais les agrès du navire Argo brillent encore dans ce qui est reconnu pour former sa poupe. Enfin Persée se noie et l'éclat de la Chèvre se perd dans les ondes.

Le Capricorne à son arrivée efface le Cocher tout entier, et ternit le navire à la poupe vénérable par la divinité dont elle représente la figure. Procyon dès-lors se retire sans éclat. L'oiseau aux ongles crochus qui porte ta foudre, ô Jupiter ! Toi qui le préféras à tout autre, reparaît ainsi que le Cygne avec toutes ses étoiles, et la flèche légère, et le petit Dauphin, et l'Autel pour les sacrifices.

Le Verseau en montant dans le ciel, appelle après lui le cheval Pégase qui se montre jusqu'au cou en se soutenant par ses ailes. La nuit ténébreuse attire le Centaure Chiron par la croupe sous les eaux de l'océan où sa queue trempe avant son visage, mais non ses larges épaules, ni sa poitrine velue. L'Hydre ne monte en même temps que du tiers de sa longueur, plus de sa moitié restant alors comme séparée du reste, mais amenée ensuite par le lever des Poissons avec les deux Gémeaux, lorsque l'aquilon appelle les deux Poissons. Le Poisson austral se lève aussi avec l'autre, mais son lever ne se dégage librement qu'à l'apparition des cornes du Bélier dans le ciel. Les Poissons amènent la fille de Céphée, qui revient au ciel, contente d'échapper aux filles de Nérée et à la mer.

Le lever de l'animal à toison de laine fera bientôt disparaître l'Autel. Persée brillera dans l'Empirée, séjour de son père, et quand il est rendu à notre vue par son vol rapide, la Pléiade est déjà sortie des eaux et se reconnaît au côté droit du Taureau. Myrtile est entraîné, quoiqu'à pied, comme s'il était sur son char. Vous ne le verrez pas tout entier, car il ne se remontre pas entièrement au ciel, son côté droit restant submergé, il ne brillera que du sommet de sa tête, tenant en main ses petits Chevreaux, et de la gauche la nourrice de Jupiter qui étincellera dans son épaule même, et la plante de son pied gauche sortira sans s'éloigner de la terre. Le reste s'élèvera avec les Gémeaux pour compléter la constellation. Les crêtes et la queue de la Baleine recommencent à briller avec le taureau. Voyez alors le Bouvier près de l'horizon quand Ophiuchus s'est en partie abaissé jusqu'aux genoux, ce sera une marque du retour des Gémeaux à leur sortie de l'océan.

Alors brillera le dos de la Baleine Cétacée. Le navigateur attentif au spectacle du ciel apercevra les sources de l'Éridan, au lever éclatant d'Orion. Tels sont les signes que le ciel lui offre pour la connaissance des temps de la nuit, des vents impétueux, ou du calme auquel il pourra se fier.