Hippocrate

HIPPOCRATE

DU RÉGIME DANS LES MALADIES AIGUES. -  ΠΕΡΙ ΔΙΑΙΤΗΣ ΟΞΕΩΝ.

HIPPOCRATE

DE L'OFFICINE DU MÉDECIN.

ARGUMENT.

L'auteur, dans un premier préambule de quelques mots, indique quelles sont les sources de l'observation médicale, c'est-à-dire par quelles voies le médecin se fait une idée de l'état patbologique qui est soumis à son examen.

Dans un second préambule aussi court, en indiquant que ce livre est consacré à l'exposition des règles générales qui président à la pratique des opérations et des pansements, il énumère les chefs sous lesquels ces règles peuvent se ranger.

L'opérateur est ou debout ou assis ; et, dans l'une et l'autre de ces positions, son attitude et ses mouvements sont déterminés relativement à la lumière, relativement à lui-même, relativement à la partie sur laquelle il opère.

Immédiatement après, l'auteur explique comment doivent être les ongles, et comment il faut que le médecin emploie soit les doigts, soit la main entière, soit les deux mains.

La place où doivent être posés les instruments, mot qui comprend les pièces d'appareil, est déterminée.

Le rôle des aides est tracé.

Les appareils peuvent être considérés sous deux points de vue : ou bien le médecin est occupé à les poser (ργαζάμενον) ou ils sont déjà en place (εργασμένον). Indication sommaire des qualités que l'opérateur doit posséder pour bien poser un appareil, et de l'état dans lequel cet appareil doit se présenter s'il a.été bien posé.

Un bon appareil doit satisfaire à deux ordres de conditions. Le premier ordre de conditions est relatif au degré de constriction. Les anciens n'avaient pas d'épingles; aussi, pour assujettir des pièces d'appareil, ils se servaient du fil et de l'aiguille. Règles pour placer convenablement le nœud et les coutures. Le second ordre de conditions est relatif aux moyens d'assujettir le bandage suivant la conformation, la direction et l'usage des parties.

L'auteur expose les qualités que doivent avoir les pièces d'appareil.

Hippocrate divise les pièces de linge qui entrent ou peuvent entrer dans un pansement d'une fracture, en bandes appliquées immédiatement sur la peau, πόδεσις ; compresses appliquées sur ces bandes, σπλνες; bandes appliquées sur ces compresses, πίδεσις ; et lisières destinées à maintenir le tout, παραιρήματα.

Les bandes appliquées sur la peau peuvent servir à obtenir le recollement des parois d'un foyer, à rapprocher les bords d'une solution de continuité, à écarter des parties vicieusement rapprochées, à redresser des parties déviées.

Les compresses sont, à leur tour, l'objet de remarques et de préceptes.

Puis l'auteur parle des bandes qui recouvrent les compresses, et dont chacune doit être enduite d'un cérat adhésif, enfin des lisières qui maintiennent l'ensemble de l'appareil.

Les attelles, comme on le verra dans le traité des Fractures, ne se mettaient pas en même temps que le reste de l'appareil, même dans une fracture simple. Ce n'était qu'au septième, neuvième ou onzième jour que le médecin en faisait l'applir cation. Hippocrate en donne ici une description très succincte, qui montre qu'elles n'étaient pas disposées comme celles dont nous nous servons d'ordinaire, puisqu'il dit qu'elles doivent avoir le plus d'épaisseur là où la fracture tend à se déplacer.

On remarquera que le soin d'enduire la peau d'un cérat adhésif avant d'y appliquer les bandes, et d'enduire également avec la même substance les bandes extérieures et recouvrant les compresses, que ce soin, dis-je, contribuait à la solidité de tout l'appareil.

L'emploi de l'eau chaude, la position de la partie, et l'usage des gouttières sont l'objet de remarques spéciales.

Présentation du membre ; extension et contre-extension ; coaptation ; position subséquente, tout cela doit être selon l'attitude naturelle. Hippocrate explique ce qu'il faut entendre ici par ce mot d'attitude naturelle. Il règle l'extension, la contre-extension et la coaptation. . Hippocrate expose les signes auxquels on reconnaît que la constriction de l'appareil est suffisante, et les termes dans lesquels il faut le renouveler et le resserrer.

II revient; et c'est une répétition, sur l'attitude dans laquelle le membre doit être tenu.

Il indique l'espèce de déligation que réclament les ecchymoses, les contusions, les distensions musculaires , les gonflements non inflammatoires.

Il esquisse celle que réclament les luxations, les entorses, les diastases, les fractures de parties saillantes avec de grands écartements.

Enfin, il arrive que la compression continue que produisent les bandages, et l'immobilité prolongée déterminent l'atrophie des membres. Hippocrate enseigne quelle espèce de bandage il faut mettre en œuvre dans ce cas, concurremment avec d'autres moyens destinés à rappeler la nutrition. Les auteurs modernes ne parlent pas de cet emploi spécial des bandages, emploi que recommande Hippocrate, et dont Ga-lien se loue pour en avoir éprouvé l'efficacité en une foule de circonstances.

Enfin il termine par quelques mots sur les moyens propres à maintenir la tête et la poitrine en cas de blessures de ces parties, et à empêcher que les mouvements communiqués n'y excitent de la douleur ou n'y causent des accidents.

Cette analyse montre que le traité de l'Officine du médecin, qui, après un très bref préambule, indique l'attitude de l'opérateur, l'emploi des doigts et des mains, la place des instruments et le rôle des aides, comprend pour tout le reste l'exposition des règles relatives à la pose des appareils. Il en résulte que ce traité est consacré non pas aux opérations en général, mais en particulier au traitement, par les bandages, de toutes les affections auxquelles cet ordre de moyens est applicable. Il importe de ne pas perdre cela de vue, afin de bien comprendre ce traité, où chaque mot est ou une indication , ou une règle.

On remarquera, dans le traité des Fractures, qu'Hippocrate indique minutieusement la position de l'une et l'autre main dans la réduction des os. Cela est en rapport avec ce livre-ci, où l'on voit que l'emploi des mains était soumis à des règles fixes suivant les diverses manœuvres. Les jeunes médecins recevaient, à cet égard, une éducation ; leurs corps étaient façonnés aux attitudes régulières, leurs mains aux mouvements réglés; et cette gymnastique chirurgicale, si nécessaire pour que toutes les opérations soient exécutées avec une précision qui, d'apprise, devient pour ainsi dire instinctive, était sans doute, comme plusieurs autres gymnastiques, plus exacte alors qu'elle ne l'est aujourd'hui pour nos élèves.

Le titre de ce traité est pris à l'appellation qui servait à désigner le lieu où le médecin avait ses instruments et ses appareils, et pansait ses malades. « C'étaient, dit Galien, de grandes maisons, ayant de grandes portes, recevant pleinement la lumière ; et encore aujourd'hui, beaucoup de villes en assignent de pareilles aux médecins qu'elles emploient (Comm. in libr. de Off. med. I, text. 8, t. 5, p. 668, l. 53). » Il paraît qu'Aristote, qui était de famille médicale, et qui avait écrit sur la médecine, avait renoncé à une officine de ce genre, d'une grande valeur (1). C'est du moins ce qu'avait dit l'historien Timée, au milieu de beaucoup d'injures et de calomnies contre le philosophe de Stagire.

J'ai exposé, dans l'Avertissement de ce volume, les raisons qui m'ont déterminé à remettre parmi les livres hippocratiques l'opuscule de l'Officine du médecin, que j'avais laissé (Introduction, p. 367) parmi les livres incertœ sedis ; mais, quant à la place que je lui attribue dans ce volume, elle n'a été réglée que par l'impossibilité où j'ai été d'y faire entrer le traité des Articulations, que j'avais eu le dessein d'y comprendre, mais dont l'étendue s'est trouvée trop considérable. Le traité de l'Officine du médecin pouvait aussi bien venir après les traités des Fractures et des Articulations; ou, pour mieux dire, en quelque lieu qu'on le mette, soit avant, soit après, l'ordre des idées ne sera pas exactement conservé, car ces deux livres, celui des Fractures et celui de l'Officine du médecin, se supposent l'un l'autre. Commence-t-on par le livre de l'Officine du médecin, il y a des phrases qui, pour être bien comprises, exigent qu'on ait lu le traité des Fractures; telle est celle-ci : σωλνα παντ τ σκέλει μίσει. Cette phrase, ainsi isolée, parait signifier : Mettre une gouttière sous tout le membre ou sous la moitié. Cependant il n'en est rien. Il faut entendre comme supposant soit un comparatif antécédent, soit une négation, et traduire: Il faut mettre une gouttière, sous tout le membre inférieur, et non sous, la moitié. Sans doute on trouve, dans les anciens auteurs, des exemples d'un emploi pareil de , et Galien cite ce vers d'Homère : Βούλομ' γώ λαὸν σόον μμεναι πολέσοαι, qui signifie : Je préfère le salut du peuple à sa perte. Mais dans ces exemples, comme dans le vers d'Homère, le contexte détermine le sens. Au lieu que dans la phrase d'Hippocrate le contexte ne précise rien, et il faut se référer au traité des Fractures pour reconnaître le sens de cet . Aussi Galien dit-il dans son commentaire : « Hippocrate s'exprime ici comme parlant à des médecins qui ont lu les, livres des Fractures et des Articulations (comm. 3, text. 19). » Commence-t-on, au contraire, par le traité des Fractures, on y trouve cette,phrase : « Pour le nombre des bandes, il suffit d'abord de prendre les deux portions (πλθος δ τν θονίων κανν τ πρτον, αἱ δύο μοραι). » De quelles portions s'agit-il? et quelle est la longueur de ces portions? Cela est expliqué dans le traité de l'Officine du médecin, où on lit : « La longueur des bandes sera de trois, quatre, cinq ou six coudées, et la largeur de trois, quatre, cinq ou six doigts. » Ainsi, dans le traité des Fractures, il s'agit de deux bandes telles qu'elles sont spécifiées dans le traité de l'Officine du médecin. Ces deux traités se supposent donc, comme je l'ai dit, réciproquement. Pour les bien comprendre, il faut les lire l'un et l'autre ; mais il importe peu que l'on commence plutôt par celui-ci que par celui-là.

Le traité de l'Officine du médecin est un de ceux où l'on a signalé l'extrême brièveté du style d'Hippocrate. Mais, à dire vrai, ce n'est pas de la brièveté, c'est une rédaction incomplète et inachevée. Galien, s'arrêtant sur les difficultés que presque chaque phrase y suscite, dit qu'Hippocrate enseignait la médecine, non à des hommes ignorants, comme on fait de son temps, à lui, Galien, mais à des hommes déjà exercés {Comm. I, text. 10). Certainement il faut être déjà exercé pour comprendre ce traité, moins propre à enseigner les choses à des gens qui les ignorent, qu'à les rappeler à des gens qui les savent déjà. Dans tous les cas, et Galien le reconnaît lui-même en divers endroits de son commentaire, on a là des têtes de chapitres, rangées dans un ordre méthodique , mais manquant, les unes de développement, les autres d'une rédaction définitive.

On peut faire des hypothèses pour s'expliquer cette singularité. Hippocrate avait-il projeté un traité sur le sujet dont il s'agit, en avait-il écrit le canevas ; mais la mort l'empêchai elle d'y mettre la dernière main, et ses fils le publièrent-ils tel qu'ils le trouvèrent ? c'est l'opinion qu'adopte Galien. A la distance où nous sommes, et avec le peu de documents que nous possédons, il est difficile de discuter cette hypothèse; cependant il semble impossible qu'il n'ait pas publié quelque chose d'analogue au traité de l'Officine du médecin, puisque le traité des Fractures ( nous l'avons vu plus haut) s'y réfère évidemment. D'un autre côté, il semble impossible qu'il l'ait publié tel que nous l'avons ; car ce traité n'est complètement intelligible qu'à ceux qui ont la le traité des Fractures. Or, le traité des Fractures ayant besoin de la publication préalable du traité de l'Officine du médecin, et le traité de l'Officine du médecin s'appuyant à son tour sur celui des Fractures, il y a là un cercle dont on ne peut se faire aucune idée. Ainsi nous sommes, ce semble, entre, deux impossibilités, l'une d'admettre qu'Hippocrate n'ait rien publié de son vivant sur l'officine du médecin, l'autre d'admettre qu'il ait publié ce que nous avons sous ce titre. On est donc poussé à croire qu'un livre traitant de cet objet fut publié par Hippocrate ; que ce livre, non-seulement n'est pas parvenu jusqu'à nous, mais qu'il n'est pas même parvenu jusqu'à l'école d'Alexandrie, anéanti qu'il fut avant le temps d'Hérophile et d'Erasistrate ; et qu'un sommaire de ce livre nous est arrivé sous le titre de κατ' ἰητρεῖον. Dès lors on peut supposer ou que ce sommaire est le canevas, le brouillon d'Hippocrate, ou qu'il est un extrait fait par quelqu'un de ses disciples. Dans cette hypothèse, le livre terminé et publié aurait péri, et nous posséderions seulement ou un extrait, ou un canevas.

Cette hypothèse n'a rien de hasardé. En effet, dans le mode singulier de publication de la Collection hippocratique, il y a des cas ou les extraits nous sont parvenus avec les originaux. Ainsi, le traité des Fractures contient un chapitre fort intéressant sur les lésions du coude ; ce chapitre figure en extrait dans le Mochlique, et le même extrait est reproduit dans le livre des Articulations. Il eût pu se faire que le chapitre complet (celui du livre des Fractures) eût péri, et que nous ne possédassions que l'extrait. Mais cela même n'est pas une hypothèse, c'est un fait ; en effet, le traité des Fractures, tel que l'auteur l'avait composé, tel qu'il existait, non pas avant Galien, mais avant Hérophile et Erasistrate, contenait un chapitre sur les lésions du poignet ; ce chapitre y manque ; mais on le retrouve en extrait dans le Mochlique et dans le traité des Articulations. Il se peut donc fort bien (car nous en avons des exemples dans la Collection hippocratique) que nous possédions l'extrait ou le canevas d'un livre qui a péri. Cela, au reste, trouve une explication dans la manière dont j'ai supposé que la Collection hippocratique avait été publiée (voyez Introduction, 1.1, chap. XI).

J'appelle l'attention sur la répétition qui existe entre le § 15 et le § 19. C'est exactement la même pensée ; l'expression est seulement différente. Pour expliquer cette répétition, Galien dît qu'Hippocrate avait consigné sur son manuscrit cette double rédaction de sa pensée , se réservant de choisir celle qui lui conviendrait mieux, et que le copiste qui fit la première édition du livre les inséra l'une et l'autre dans le texte. Cette répétition indiquerait donc d'après Galien que le traité De l'officine du médecin est un canevas laissé par Hippocrate. Un autre passage confirme cette manière de voir, c'est le § 20 ; certains exemplaires portaient ὅτι, et dès lors c'est une pensée intercurrente qu'Hippocrate se proposait de développer, mais qui est restée sans développement. D'autres exemplaires portaient διότι, interrogation qui montrerait qu'Hippocrate avait le dessein d'examiner la question, mais d'où il résulte aussi que nous n'avons qu'une note consignée par lui pour mémoire. En regard de ces indications fugitives, qui concordent, mais dont je reconnais sans peine le caractère conjectural, il faut placer le § 18 , qui parait nous conduire à un autre point de vue. Ce § 18 exprime en abrégé ce que le § 5 du traité des Fractures exprime avec tout le développement nécessaire. Dans l'un et l'autre , la pose des attelles est fixée au septième jour. Cela est naturel clans le § 5 du traité des Fractures, qui est relatif à la fracture de l'avant-bras, mais cela ne l'est pas dans le § 18 du traité de l'Officine du médecin , qui parait contenir une règle générale; car les attelles se mettaient au septième, au neuvième, aù onzième jour, suivant qu'il s'agissait du bras, de l'avant-bras, ou de la cuisse. On serait donc porté à croire que ce § 18 est un extrait fait directement sur le traité des Fractures, Toutefois il se pourrait aussi que dans ce livre de l'Officine du médecin, considéré comme un canevas, eussent été consignées des idées dont la plupart entrèrent dans un traité de l'Officine du médecin, complètement rédigé, mais perdu , et dont quelques-unes ont servi à la composition du traité des Fractures.

Un grand livre avait été composé par Hippocrate, il comprenait des généralités sur les pansements et les appareils, la doctrine des fractures, celle des luxations et celle des plaies de tête. De ce grand livre il nous reste cinq fragments non coordonnés entre eux, et qu'il est impossible de rapprocher. Le traité des Fractures est mutilé à la fin ; celui des Articulations offre des interversions, et contient même un extrait d'un chapitre de celui des Fractures ; le traité des Plaies de tête est sans fin bien arrêtée ; le Mochlique est un extrait du livre des Articulations, mais extrait où les matières sont mieux rangées; enfin le livre de l'Officine du médecin est ou un extrait ou un canevas, dans un état tel qu'on ne peut le placer ni avant ni après le traité des Fractures, avec lequel il a tant de connexions. Mais, je le repète, ces extraits, ces mutilations, ces dislocations, ces interversions, tout cela est antérieur à l'ouverture des écoles alexandrines; et dès lors, le grand traité qu'Hippocrate avait composé sur les lésions des os n'était plus qu'une ruine.

BIBLIOGRAPHIE.

MANUSCRITS.

Cod. Med.=B

2146=C

2254=D

2144=F

2141- G

2142- H

2140—I

2143- J

2145—Κ

Cod. Sev.—L

2247— M

2248— Ν

1849 (2)-P

Cod. Fev.—Q'

EDITIONS, TRADUCTIONS ET COMMENTAIRES.

Chirurgia e graeco in latinum conversa, Vido Vidio interprete, Lutetiae, 1544, in-f°. (p. 343, avec la traduction du commentaire de Galien).

Le médecin-chirurgien d'Hippocrate le grand, Paris, 1560, in-16.

Hippocratis de officina et de fractis, edente Fr. Mar. Bosquillon, Paris, 1816. in-4° et in 8°.

 

(1)Το πολυτίμητον ατρεῖον ρτίως ποκελεικτα. Polybii, Diodori Siculi, etc., excerpta ex collectaneis Constantini Porphyrogenetae, p. 46; Paris, 1634.

(2) Ce manuscrit, que je n'ai pas indiqué dans ma notice, contient le Commentaire de Galien sur le κατ' ἰητρεῖον. Il est sur papier, et du xive siècle.

 

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1.

DE LOFFICINE DU MÉDECIN.

1. Examiner dès le début les ressemblances et les dissemblances avec l'état de santé, les plus considérables par leurs effets, les plus faciles à reconnaître, et celles que fournissent tous les moyens d'observation ; rechercher ce qui peut se voir, se toucher, s'entendre ; ce qu'on peut percevoir en regardant, en touchant, en écoutant, en flairant, en goûtant , et en appliquant l'intelligence ; enfin ce qui peut se connaître par tous nos moyens de connaissance.

2. Ici il s'agit des opérations manuelles qui se font dans dans l'officine. À considérer : le malade; l'opérateur; les aides; les instruments ; la lumière ; où et comment ; quelles choses et comment; où le corps du malade, là les instruments ; le temps ; le mode ; la partie affectée.

3. L'opérateur est ou assis, ou debout, dans une position convenable relativement à lui-même, relativement à la partie qu'il opère, relativement à la lumière. De la lumière, il y a deux espèces : la lumière commune, la lumière artificielle. La lumière commune n'est pas à notre disposition ; la lumière artificielle est à notre disposition. On se sert de chacune de deux façons, ou en face, ou de côté. De côté, l'usage en est restreint, et le degré d'obliquité se détermine sans difficulté. Quant à la lumière de face, il faut tourner, vers la plus vive des lumières présentes, si elle est la plus utile pour le cas actuel, la partie sur laquelle on opère; mais, quand il s'agit d'une partie qu'il faut cacher ou que la décence ne permet pas de montrer, elle doit être placée en face de la lumière, l'opérateur doit se mettre en face de l'opéré, sans cependant se faire ombre à lui-même ; de cette façon, l'opérateur verra, et la partie opérée ne sera pas vue. Position convenable de l'opérateur relativement à lui-même : assis, il aura les pieds dans la verticale des genoux, et tenus à une petite distance l'un de l'autre; les genoux un peu plus haut que les aines, et écartés de telle sorte que les coudes puissent s'y poser, ou se porter en dehors des cuisses ; le vêtement ni trop lâche ni trop serré, sans plissements, jeté également sur les épaules et les coudes, Position de l'opéra -teur assis relativement à la partie qu'il opère : considérer le degré d'éloignement et dé proximité, le haut et le bas, la droite, la gauche et le milieu. Du degré d'éloignement ou de proximité, la limite est, que les coudes ne dépassent pas les genoux antérieurement, et les flancs postérieurement; du haut, que les mains ne soient pas portées plus haut que les mamelles ; du bas, que l'opérateur n'aille pas au-dessous d'une position où, appuyant la poitrine sur les genoux, il aurait les avant-bras fléchis à angle droit sur les bras ; même règle pour le milieu ; quant aux déplacements latéraux, ils ne doivent pas aller jusqu'à faire quitter le siège, mais, suivant qu'il sera besoin de se tourner, le corps et la partie qui opère s'avanceront. Dans la position debout, le médecin fera son examen, se tenant également et solidement sur les deux pieds; mais il opérera, en n'ayant sur le sol qu'un seul pied, qui ne sera pas celui du côté de la main qui opère ; l'autre pied sera élevé assez pour que le genou soit à la hauteur de l'aine comme dans la position assise ; du reste les règles seront les mêmes. L'opéré secondera l'opérateur par le reste de son corps, soit debout, soit assis, soit couché, de la façon où il lui sera le plus facile de conserver la position qui importe, évitant de se laisser couler, de s'affaisser, de se détourner, de laisser pendre le membre, afin de maintenir la partie opérée dans la position et la forme qui conviennent, pendant la présentation au médecin, pendant l'opération, pendant l'attitude qui doit suivre.

4. Les ongles ne doivent ni déborder les doigts, ni en laisser à nu les extrémités ; car c'est du bout des doigts que le médecin se sert. Dans la plupart des actes qu'il accomplit, il emploie : les doigts, dans l'opposition du pouce avec l'index ; la main entière, dans la pronation ; les deux mains, dans l'opposition l'une avec l'autre. C'est une heureuse disposition des doigts, que l'intervalle qui les sépare, soit grand, et que le pouce soit opposé à l'index ; mais c'est une maladie, et l'usage des doigts en est gêné, quand, de naissance ou pendant l'accroissement, le pouce est tenu rapproché des autres doigts. Il faut s'exercer à exécuter toute chose avec l'une ou l'autre main, et avec les deux à la fois (car elles sont semblables), ayant pour règles l'utilité, la convenance, la promptitude, la légèreté, l'élégance, la facilité.

5. Pour les instruments, le temps et le mode seront exposés; quant au lieu, ils doivent être placés de manière à ne pas gêner l'opérateur, et à être saisis sans difficulté , à la portée de la main qui opère. Si c'est un aide qui les présente, il se tiendra prêt un peu d'avance, et il les donnera quand on le lui ordonnera.

6. Les aides qui eutourent le malade présenteront la partie à opérer, ainsi que l'opérateur le jugera convenable ; ils maintiendront le reste du corps dans l'immobilité, silencieux, attentifs aux ordres de celui qui leur commande.

7. Une déligation se présente sons deux points de vue : on l'applique, ou elle est déjà appliquée. Dans l'application, les conditions à remplir sont la promptitude, la légèreté, qui épargne des douleurs , l'aisance, l'élégance ; la promptitude, c'est pour manœuvrer ; épargner des douleurs, c'est agir avec facilité ; avoir de l'aisance, c'est être prêt à tout ; avoir de l'élégance, c'est être agréable à la vue. Il a été dit par quels exercices ces qualités s'acquièrent. Appliquée et ne place, la déligation doit être utile et d'un bon aspect ; elle aura un bon aspect, si les pièces eh sont unies et sans plissements, et si les tours en sont réguliers ; cette régularité existe, quand pour des parties égales et semblables la déligation est égale et semblable, et quand pour des parties inégales et dissemblables elle est inégale et dissemblable. Les espèces en sont ; le bandage simple (circulaire), le bandage en doloires plus ou moins écartées, le monocle, le rhombe, et le demi-rbombe. L'espèce en doit être appropriée à la forme et à l'affection de la partie pansée,

8. Deux ordres de conditions sont à remplir, pour qu'un handage soit bon. (Premier ordre de conditions : la force : )La force est l'effet ou du degré de constriction, ou de la quantité des bandes. Cette déligation» tantôt est par elle-même la chose qui guérit, tantôt seconde l'action des choses qui guérissent. Cette doctrine est la loi. Ce qu'il y a de plus important, quant à la force d'une déligation, c'est la construction qu'elle exerce et qui doit être telle que les bandes, sans faire de godets, n'étreignent pas les parties, mais qu'elles s'y appliquent exactement, sans toutefois y causer de la douleur, précaution qui, recommandée pour les parties éloignées de la lésion, l'est surtout pour celle où la lésion a son siège. Le nœud et les liens que l'on passe avec l'aiguille, doivent être dirigés non en bas, mais en haut, dans quelque position que le bandage soit mis, position où le malade présente la partie au médecin, position où il la tient pendant que celui-ci se prépare à agir, position pendant l'application de l'appareil, position permanente après cette application. Les bouts des liens passés avec l'aiguille doivent être placés non là où est la plaie, mais là où l'on place les nœuds. Les nœuds ne seront mis ni dans les parties qui supportent les efforts, ni dans les parties qui exercent les actions, ni là où ils seraient inutiles. Les nœuds et les liens passés avec l'aiguille doivent être souples, et ni trop grands ni trop petits.

9. (Second ordre de conditions d'une bonne déligation : ) On saura que tout bandage s'échappe du côté des parties déclives et de celles qui vont en s'amincissant; tels sont le haut de la tête et le bas de la jambe. A la droite, on fera marcher le bandage vers la gauche, à la gauche vers la droite, excepté à la tête, où il marchera dans une direction perpendiculaire. Quand il s'agit d'appliquer un bandage sur des parties directement opposées, on se sert de bandes a deux globes ; si on emploie une bande à un seul globe, on la fera marcher comme la bande à deux globes, et on la fixera, comme elle, dans le litu où elle glissera le moins, par exemple le milieu de la tête, ou toute autre région semblable. Les parties mobiles, telles que les articulations, ne recevront, dans le sens de la flexion, que le moins de pièces d'appareil et les plus étroites, tel est le jarret; dans le sens de l'extension elles en recevront d'unies et de larges, telle est la rotule. Pour maintenir ce qui est placé autour de ces parties, et pour assujettir le bandage entier,il faut porter des jets de bandes dans les régions du corps où il ne se passe point de mouvements et qui sont plus aplaties, tels sont le haut et le bas du genou- Voici, pour ces jets, la correspondance des parties : de l'épaule à l'aisselle opposée, de l'aine au flanc opposé, de la jambe à la région située au-dessus du mollet. Là où les bandages tendent à s'échapper par le haut, c'est par le bas qu'il faut les reprendre ; là où ils tendent à s'échapper par le bas, c'est par le haut. Là où, comme à la tête, il n'y a pas de point où l'on puisse assujétir le bandage, il faut en placer les pièces dans le lieu le plus égal, et les compreodre sous une bande mise aussi peu obliquement qu'il est possible, afin que cette bande, enroulée la dernière, étant la plus solide, assujétisse les pièces les plus mobiles. Quand on ne peut à l'aide de jets de bande ni comprendre l'appareil dans les parties voisines, ni le suspendre aux parties opposées, il faut l'assujétir avec des liens qui l'embrasseront dans leurs anses ou serviront à le coudre.

10. Les pièces d'appareil doivent être propres, légères, souples, fines. On s'exercera à les rouler avec les deux mains à la fois, et avec l'une ou l'autre main séparément. Pour le choix des pièces d'appareil, on se réglera sur la largeur et l'épaisseur des parties. Les globes des bandes auront les chefs et les bords suffisamment résistants, réguliers et également tendus. Les choses qui doivent se détacher conviennent d'autant moins que la chute en est plus prompte ; elles doivent être disposées de manière à ne pas comprimer, mais à être maintenues.

11. Voici les actions qu'exercent ou les bandes appliquées sur la peau et avant les compresses, ou les bandes appliquées après les compresses, ou les unes et les autres. Les bandes appliquées avant les compresses sont en état de rapprocher les parois écartées d'un sinus, de mettre en contact les bords d'une solution de continuité, de séparer des parties réunies, de redresser des parties déviées, ou de produire dès effets contraires. On a sous la main des bandes légères, fines, souples, propres, d'une largeur convenable, sans couture ni éminences, non usées, de manière à pouvoir soutenir une traction, et même à offrir un peu plus de résistance; on ne les appliquera pas sèches, mais on les humectera du liquide qui conviendra à chaque affection. On rapproche les parois d'un sinus en portant au contact les parois et le fond, sans qu'il y ait toutefois excès de pression ; on commencera la délégation par la partie saine (le fond), on la finira par le lieu où est l'ouverture, afin que l'humeur qui y séjourne en soijt expulsée, et qu'il ne s'y en amasse pas de nouvelle. Les sinus dont le fond est en haut et l'ouverture en bas, doivent être bandés selon une direction perpendiculaire ; ceux dont la direction est oblique, obliquement ; la position qu'on donnera à la partie, ne causera aucune douleur, et sera telle que les parois du sinus ne soient ni comprimées ni relâchées en rien. De la sorte, si la position change, soit qu'il s'agisse de mettre le bras dans une écbarpe, ou la jambe sur un plan, il n'y aura aucun changement, et la situation respective sera la même pour les muscles, les veines, les ligaments, les os, tout cela se trouvant, aussi bien que possible, ou soutenu par l'écharpe, ou supporté par le plan. La position dans l'écharpe ou sur le plan doit être sans douleur et naturelle. Si le sinus est en voie de formation , le pansement sera con-traire. On remédiera à l'écartement des bords d'une solution de continuité en procédant dé la même manière; le rapprochement opéré par le bandage commencera à une assez grande distance du lieu de la lésion, et la pression en sera progressive; la plus faible au point où le bandage commence, elle ira croissant de plus en plus; la limite du maximum est le contact. On écartera les parties rapprochées, en s'abstenant de tout bandage s'il y a inflammation ; s'il n'y en a point, avec le même appareil de bandes, mais par une déligation conduite en sens contraire. On redressera les parties déviées hors de leur situation naturelle, en procédant de la même manière; il faut ramener les parties écartées en s'aidant de la déligation,des substances agglutinatives, et de la position,et remédier aux lésions contraires par des dispositions contraires.

12. Dans les fractures, on emploie des compresses dont les longueurs, les largeurs, les épaisseurs et le nombre sont à considérer. Longueur, autant que s'étendront les bandes; largeur, trois ou quatre doigts; épaisseur, pliées en trois ou en quatre ; nombre, suffisant pour embrasser le membre, sans le dépasser ni rester en deçà. Celles qui servent à égaliser le membre doivent être, pour la longueur, telles qu'elles en fassent le tour ; la largeur et l'épaisseur en seront déterminées d'après les vides, que Ton aura la précaution de ne pas remplir d'une seule fois. Quant aux bandes qu'on applique immédiatement sur la peau, elles sont au nombre de deux ; la première part du lieu de la lésion, et se termine en haut ; la seconde part du lieu de la lésion, gagne le bas, et du bas va se terminer dans le haut. La compression doit être la plus forte sur le lieu de la lésion, la moindre aux extrémités, et proportionnée dans le reste. L'application du bandage empiétera beaucoup sur les parties saines. Bandes mises pardessus les compresses :. nombre, longueur , largeur. Le nombre en doit être tel, qu'elles résistent à l'effort de la lésion, et qu'elles préviennent une pression douloureuse par les attelles, sans être ni une charge pour le malade, ni une cause de dérangement ou de relâchement pour l'appareil par leur multitude. Elles auront trois, quatre, cinq ou six coudées en longueur, trois, quatre, cincf ou six doigts en lar-geur. Par-dessus les bandes on roulera des lisières, sans exercer de constriction ; elles seront souples et minces. Toutes ces pièces d'appareil seront réglées d'après la lon-gueur , la largeur et l'épaisseur de la partie malade. Les attelles seront lisses, régulières, amincies vers leurs extrémi-tés, un peu plus courtes, en haut et en bas, que le bandage, ayant le plus d'épaisseur là où les parties fracturées ont fait saillie. Dans tous les points qui sont proéminents et natu-rellement dépourvus de chair, il fout prendre garde aux tubérosités; telles sont celles que présentent les doigts, les malléoles; on prévient tout inconvénient, ou en plaçant convenablement les attelles, ou en les raccourcissant. On les maintient avec des lisières, sans construction d'abord. Chaque pièce qu'on roule doit être enduite d'un cérat mou, homo-gène, et préparé avec une cire bien pure.

13. De l'eau, du degré de chaleur qu'elle doit avoir, de la quantité qu'il en faut. Le degré de chaleur, on l'apprécie en Tenant sur sa main un peu du liquide préparé ; quant à la quantité, de? effusions très abondantes sont excellentes, soit pour relâcher, soit pour atténuer ; des afiusions modérées, soit pour donner de la chair, soit pour amollir. La mesure des afiusions est de les cesser, tandis que la partie se soulève encore, et ayant qu'elle ne s'affaisse ; car d'abord la partie se gonfle, puis elle diminue de volume.

14. Le plan sur lequel reposera le membre, sera mou, régulier, ira en montant, pour les parties proéminentes du corps, telles que le talon et la région sciatique, de telle sorte qu'il n'en résulte ni saillie, ni incurvation, ni déviation vi-cieuses. Les gouttières doivent être mises sous le membre inférieur tout entier, et non sous la moitié ; pour s'en servir, on se déterminera d'après l'affection et d'après les inconvé-nients qui sont inhérents à ce moyen.

15. La présentation de la partie au médecin, l'extension, la coaptation, et le reste, tout cela doit être selon la confor-mation naturelle. Si la conformation naturelle, dans l'action, se reconnaît par l'exécution de l'acte qu'on veut accomplir , ici elle se reconnaît par l'attitude dans le repos, par l'attitude moyenne, par l'attitude habituelle. L'attitude, dans le repos et le relâchement, indique le rapport régulier des parties , par exemple à l'avant-bras (position intermédiaire entre la supination et la pronation}; l'attitude moyenne règle l'extension ou la flexion, telle est la flexion presque rectangulaire de l'avant-bras sur le bras ; l'attitude habituelle apprend qu'il est des positions que certaines parties supportent de préférence, par exemple l'extension pour la jambe. C'est dans les attitudes déduites de ces observations que le patient restera le plus facilement, le plus longtemps, sans en changer. Dans lé changement qui suivra l'extension pratiquée par le médecin, la partie, soit qu'elle doive être soutenue par l'appareil, soit qu'elle doive reposer sur un plan, conservera dans les mêmes rapports les muscles, les veines, les ligaments, les es, qui seront dans le meilleur état, soit de suspension, soit de repos.

16. L'extension doit être la plus forte pour les parties les plus grandes et les plus épaisses, et là où il y a deux os frac-turés ; moins forte, quand c'est l'os inférieur qui est rompu ; moins forte encore, quand c'est l'os supérieur. Une extension portée au-delà de ce qui convient, est nuisible, excepté chef les enfants. Il faut tenir la partie un peu élevée. On reconnaît que la conformation opérée eet exacte, en comparant, sur la même personne, la partie malade à la partie de même nom, semblable et saine.

17. Les frictions peuvent relâcher les parties, les resserrer, donner de la chair, amaigrir; une friction sèche resserre; une friction molle relâche; une friction fréquente amaigrit ; une friction modérée épaissit.

18. Première application de l'appareil : le patient dira qu'il ressent la constriction le plus sur le lieu de la lésion, le moins sur les extrémités; l'appareil sera maintenu solidement, mats sans exercer de constriction; la solidité en sera due au nombre des bandes, et non à la force avec laquelle elles auront été serrées. Ce premier jour et la nuit suivante, la compression ira en croissant un peu, le lendemain elle diminuera; le surlendemain, l'appareil sera relâché. Au même lendemain, on doit trouver dans les extrémités une tuméfaction molle ; et au même surlendemain, l'appareil étant enlevé, la partie doit avoir diminué de volume; cela doit se présenter dans tous les renouvellements subséquents de l'appareil. A la seconde application de l'appareil, on jugera s'il a été posé régulièrement ; dès lors on serrera davantage et avec plus de bandes ; à la troisième application, davantage et avec plus de bandes encore. Le septième jour après la première application, l'appareil étant enlevé, on doit trouver la partie dégonflée, et les os mobiles. On poserç les attelles, et, s'il n'existe ni gonflement, ni démangeaison , ni ulcération, on les laissera en place jusqu'au vingtième jour après l'accident ; mais, si. l'on a quelque soupçon, on défera l'appareil dans le milieu de cet intervalle. On raffermira les attelles tous les trois jours.

19. Suspendre la partie dans une écbarpe, la poser sur un plan*) y appliquer un appareil ; toutes ces opérations doivent être telles, que la même position soit gardée. Les principes des attitudes dérivent de l'habitude et de la con-formation naturelle de chacun des membres ; les différences se reconnaissent par les actes qu'ils accomplissent, course, marche, station, position couchée, travail, repos.

20. Il faut savoir que l'exercice fortifie, et que l'oisiveté énerve.

21. La compression doit être l'effet du nombre des bandes, non de la force de ia constriction.

22. Dans les cas d'ecchymoses, de contusions, de disten-. sions musculaires poussées jusqu'à la rupture des fibres, ou de gonflements non inflammatoires, on expulse le sang hors de la partie lésée, et on en fait refluer la plue grande partie vers le haut du corps, la moindre vers le bas ; le bras ou la jambe est mise dans une position qui n'est pas déclive ; le chef de la bande est placé sur le lieu de la lésion ; la compres-sion est, là, la plus forte, elle est moindre aux extrémités, et intermédiaire dans les parties intermédiaires. La fin de la bande est conduite vers le haut du corps. Déligation, compression, tout cela est opéré plutôt par le nombre des bandes que par la force de la constriction. C'est surtout dans ces cas qu'il faut des bandes fines, légères, souples, propres, larges, non usées, comme dans une déligation sans attelles. On emploie les affusions.

23. Dans les luxations, les entorses, les diastases, les fractures de parties saillantes avec écartenient, lès fractures des extrémités articulaires, les petits déplacements des articulations, tels que les pieds tournés en dehors ou en dedans, il faut faire la déligation, de manière qu'elle laisse sans compression le point d'où s'est fait le déplacement, et qu'elle comprime celui vers lequel s'est fait le déplacement, et avoir soin, pendant la déligation ou avant la déligatiou, de porter la partie dans une position contraire à la déviation, et un peu au-delà de la situation naturelle. On emploiera les bandes, les compresses, les écbarpes, la position, les extensions, les frictions, les redressements ; on y joindra des effusions abondantes.

24. Les parties atrophiées exigent un bandage qui com-prenne une grande portion saine, afin que, par l'afflux du sang, ces parties amaigries reçoivent plus qu'elles n'ont perdu , et que le changement du bandage des fractures en un bandage contraire y détermine la tendance à l'accroisr sèment, et y procure la reproduction des chairs. Il vaut encore mieux appliquer le bandage sur la partie supérieure, par exemple sur la cuisse, quand la jambe est atrophiée, et sur le membre inférieur opposé, qui est sain, afin que la similitude soit plus complète, afin que le repos y soit le même, afin que l'accès de la nourriture y soit semblable-ment gêaé, sans être intercepté. La compression doit être l'effet du nombre des bandes, non de la constriction. On relâche d'abord la partie qui en a le plus besoin, et l'on em-ploie des frictions incarnatives,et des affusions. Point d'attelles.

25. Les déligations qui servent à maintenir ou à contenir des parties, telles que la poitrine, les côtes, la tête, et tout ce qui réclame des précautions semblables, sont mises en usage, les unes à cause de pulsations morbides, afin qu'il n'en résulte pas d'ébranlements ; les autres, à cause de l'écartement des sutures des os du crâne, afin de les maintenir ; d'autres, en raison de la toux, des éternuements et de tous les autres mouvements qui se passent dans la poitrine, afin de les contenir.. Pour toutes, la mesure de la compression est la même que pour les bandages à fracture. C'est sur le lieu lésé que la compression de la déligation est la plus forte ; il faut donc mettre dessous quelque chose de mou qui convienne à la lésion. Les bandes qu'on emploiera ne seront serrées qu'autant qu'il faudra pour que les pulsations ne causent pas d'ébranlements, et pour que les bords extrêmes des os du crâne, disjoints, se touchent mutuellement par leurs sutures ; elles ne le seront pas assez pour empêcher absolument la toux et l'éternuement ; mais elles contiendront les parties, sans leur Cadre violence, sans y permettre d'ébranlement.

FIN DU TRAITÉ DE L'OFFICINE DU MEDECIN.