Hippocrate

HIPPOCRATE

 

DES PLAIES DE TÊTE. ΠΕΡΙ ΤΩΝ ΕΝ ΚΕΦΑΛΗ ΤΡΩΜΑΤΩΝ.

 

HIPPOCRATE

 

 

ΠΕΡΙ ΤΩΝ ΕΝ ΚΕΦΑΛΗ ΤΡΩΜΑΤΩΝ.

DES PLAIES DE TÊTE.

ARGUMENT.

Hippocrate commence par donner une description de la configuration extérieure du crâne et des sutures qui le traversent; il indique les deux tables internes et externes et le diploé, qui les sépare ; il signale les points où les os offrent le plus ou le moins de résistance et ceux où les blessures ont le plus de gravité, et dès le début il tire de ces considérations certaines règles de pronostic. Il pense que les lésions du crâne sont plus dangereuses en été qu'en hiver, et dans les sutures qu'ailleurs.

Il y a, d'après lui, cinq modes de lésion des os du crâne : 1° fractures simples affectant diverses formes ; 2° contusion sans solution de continuité et sans enfoncement ; 3° enfoncement avec fractures ; 4° hédra ou eccopé, c'est-à-dire simple entaniure de l'os ; 5° fracture par contrecoup.

L'opération du trépan est exigée par la contusion et par la fracture. L'enfoncement du crâne et l'eccopé ne la réclament pas.

Appelé pour soigner un homme blessé à la tête, le médecin doit, avant de porter les mains sur la plaie, reconnaître si elle siège aux lieux les plus forts ou les plus faibles du crâne, si les cheveux ont été coupés par l'instrument vulnérant et s'ils ont été enfoncés dans la blessure ; puis il essaiera de reconnaître par la vue ou par la sonde si l'os a été mis à nu. L'os n'étant pas visible, ou, bien qu'à nu, ne présentant 151 pas de traces de lésions, le médecin interrogera sur les circonstances de la blessure le blessé, dont les réponses forment le premier élément du diagnostic, la sonde ne serrant qu'à signaler les enfoncements ou les eccopés.

Alors Hippocrate passe en revue les circonstances de la blessure qui peuvent éclairer le chirurgien sur la nature des lésions du crâne. Le coup a été porté exprès ou involontairement, d'en haut ou de niveau, par un homme fort ou par un homme faible ; la chute a pu se faire de haut ou de plain-pied, sur un corps dur ou sur un corps mou ; les corps qui sont tombés sur la tête viennent de haut ou d'un lieu peu élevé; ils sont durs, obtus, lourds, ou mous, aigus, légers ; le coup à été direct ou oblique. De ces diverses circonstances, Hippocrate recommande de tirer des probabilités en faveur de l'existence de telle ou telle lésion.

Quand l'os est dénudé, et que l'instrument vulnérant a porté dans le voisinage des sutures, cette circonstance augmente les difficultés du diagnostic.

Puis il passe au traitement qu'exigent les plaies de tête, et aux moyens de découvrir l'existence des lésions des os.

Le traitement des plaies de tête consiste en certaines applications qu'il détaille, et incisions dont il détermine l'emploi.

Pour reconnaître si l'os a souffert du coup, il recommande de le ruginer, la rugine faisant disparaître l'eccope, mais n'effaçant ni la fêlure, ni la contusion. Dans le cas où les circonstances de la blessure font supposer une lésion grave, et que cependant le chirurgien n'en découvre aucune dans l'os, Hippocrate conseille de mettre dans la plaie une substance très noire, fusible, et de recouvrir le tout d'un cataplasme- puis, le lendemain, de nettoyer les parties et de ruginer l'os. Y a-t-il fracture ou contusion? la substance noire s'y infiltre, et la rugine n'en fait pas disparaître les traces, sinon, l'os redevient blanc sous l'action de cet instrument.

152 Il indique les précautions à prendre pour que les plaies des parties molles du crâne et celle des méninges arrivent promptement à guérison. Il explique comment des portions d'os nécrosées se détachent ; il remarque que les grands enfoncements du crâne ont, moins que tout autre lésion, besoin de l'opération du, trépan. Il appelle l'attention sur les différences que présente de toute façon le crâne des enfants.

Puis vient l'exposé des signes qui annoncent la perte du malade, soit que le médecin ait été appelé trop tard, soit qu'il ait négligé l'opération du trépan. La description d'Hippocrate, quoique brève, renferme tous les traits essentiels de la méningite traumatique. Il décrit également l'inflammation érysipélateuse qui, quelquefois, s'empare du cuir chevelu à la suite de plaies ou d'opérations ; enfin il termine par donner le détail de l'opération du trépan, qui, selon lui, doit être appliqué dans les trois premiers jours de la blessure.

« In omni fisso fractove osse, dit Celse, protinus antiquiores medici ad ferramenta veniebant, quibus id exciderent ; sed multo melius est, ante emplastra experiri, quœ cal varia? causa componuntur (8, 4). » Cette pratique des anciens est celle d'Hippocrate, qui recommande expressément, dans toutes les fissures du crâne et dans toutes les contusions considérables, de trépaner avant que l'intervalle de trois jours se soit écoulé. Ce point, constituant une grave dissidence entre la chirurgie la plus ancienne et la chirurgie moderne, mérite quelque examen.

Les modernes ont recours à la perforation du crâne pour donner issue aux liquides qui se sont épanchés ; ces liquides sont ou du sang ou du pus. Ce but n'était pas celui que se proposait Hippocrate dans la trépanation. En effet, il pratiquait cette opération aussitôt après la blessure reçue; du moins il conseillait de ne pas laisser passer les trois premiers jours sans la mettre en usage. A cette époque, il pouvait sans doute se trouver un épanchement de sang à évacuer ; mais il ne pouvait pas se trouver de foyer purulent; et, comme le 153 précepte d'Hippocrate est général et ne distingue aucun cas, il en résulte que, dans la trépanation, ses vues n'allaient pas seulement à vider du sang épanché. Il faut essayer de comprendre les idées de la chirurgie antique sur ce point.

Les cas pour lesquels Hippocrate recommande de recourir au trépan dans les trois jours qui suivent la blessure, sont : 1° la contusion de l'os, 2° la fracture. Il ne fait d'exception que pour la fracture accompagnée d'enfoncement, et produisant par elle-même l'équivalent du trépan. Mettons donc, pour ces deux lésions, la pratique d'Hippocrate en regard des faits et de la pratique moderne.

Contusion. La contusion des os du crâne, quand elle ne guérit pas spontanément, peut donner lieu à deux espèces de maladies : ou bien dans un laps de temps assez court, la dure-mère s'enflamme, se décolle, et il se forme du pus en plus ou moins grande quantité ; ou bien l'os lésé se nécrose beaucoup plus lentement, et ce n'est qu'après un long intervalle que surviennent les symptômes de la méningite.

Je prendrai pour exemple du premier cas une observation de Pott : « Un pauvre garçon, traversant Tower-Hill, s'engagea, avant de s'en apercevoir, au milieu d'un rassemblement qui s'efforçait de délivrer un matelot saisi par la presse. Il reçut un coup qui le renversa. La foule s'étant dispersée, il fut trouvé privé de sentiment, et, en cet état, apporté à l'hôpital St-Bartholomew, où il fut immédiatement saigné et mis au lit. Au bout d'une heure ou deux, il fut assez remis pour pouvoir donner les renseignements qui précèdent.

« Quand M. Nourse (qui était de semaine pour-les accidents) le vit le lendemain, le blessé lui parut parfaitement bien ; aucune marque dé violence ne se montrait sur sa tête, excepté une petite contusion, et même tellement légère qu'on aurait pu l'attribuer plus probablement à la chute qu'au coup. Cependant, comme il assurait positivement avoir été renversé par un coup violent porté avec un instrument 154 pesant, et comme certainement il avait perdu le sentiment pendant assez longtemps à la suite de ce coup, M. Nourse le saigna de nouveau, et ordonna qu'il fût tenu au lit et à un régime sévère. Au bout de trois jours, cet homme se trouva assez bien pour quitter l'hôpital et retourner à son ouvrage. Le douzième jour de l'accident il vint au service de chirurgie dont j'étais chargé, se plaignit d'être grandement incommodé, dit qu'il souffrait beaucoup de la tête, qu'il avait de la chaleur, de la soif, peu ou point de sommeil, et que parfois il était faible au point de ne pouvoir continuer son travail. Il avait une mauvaise apparence ; il m'assura qu'il avait vécu avec beaucoup de sobriété, depuis qu'il avait quitté l'hôpital, et qu'il y avait trois jours qu'il était dans l'état actuel. Je le fis rentrer dans l'hôpital, je le saignai, et j'ordonnai qu'il prît aussitôt un lavement et qu'il gardât le lit.

« Le lendemain, treizième jour de la blessure, il était à peu près dans le même état qu'auparavant : il avait passé une nuit sans repos, sommeillant par intervalle et se réveillant dans un grand désordre. Il avait la peau chaude, la figure animée, avec un mélange d'une légère teinte jaune. Il se plaignait d'une douleur et d'une constriction générale dans toute la tête, mais ni l'œil ni la main ne découvraient rien qui autorisât la supposition probable d'une lésion spéciale. Il fut de nouveau saigné par l'ordre du médecin, et on lui prescrivit de prendre la mixture de sel d'absinthe avec quelques grains de rhubarbe toutes les six heures. Il passa la nuit suivante dans le trouble, et le lendemain, quatorzième jour, il était manifestement plus mal. Sa peau était plus chaude, son pouls plus vif, et sa douleur plus aiguë. A ce moment il dit qu'un point de sa tête était douloureux au toucher, et il assura que c'était là qu'il avait reçu le coup. J'examinai cet endroit : le cuir chevelu m'y parut un peu plus épais qu'à l'ordinaire, mais pas assez pour me permettre d'asseoir un jugement. Vers la fin de ce jour, il eut un léger 155 frisson, des nausées, des vomissements, et il passa la nuit suivante sans dormir aucunement, parlant parfois d'une manière incohérente, mais restant capable de faire une réponse raisonnable à toute question qui fixait son attention. Le quinzième jour, la tumeur du cuir chevelu était plus apparente, mais elle semblait encore contenir peu ou point de liquide; elle avait la largeur d'une couronne (pièce de monnaie anglaise]. J'aurais voulu enlever cette portion du cuir chevelu; mais, pendant que j'y songeais, le pauvre homme eut un violent frisson, qui le mit dans un tel malaise qu'il demanda à être laissé seul pour le moment. Dans l'après-midi, il eut deux nouveaux frissons, passa très mal la nuit suivante, et le lendemain il était dans le délire. La tumeur était alors plus élevée, contenait manifestement un liquide, sans être aucunement tendue. J'enlevai par une incision circulaire toute la portion tuméfiée, je donnai issue à une sanie ténue et brune, et je trouvai le crâne tout à fait dénudé, et ayant perdu la couleur qui appartient à un os sain, mais sans fissure, fracture ni autre lésion. Toute la nuit le blessé eut le délire, la peau d'une chaleur brûlante, des convulsions fréquentes qui ébranlaient tout son corps, et il mourut dans la nuit du dix-septième jour.

« Tout le cuir chevelu, excepté aux environs de l'incision, était dans un état naturel. Le péricrâne adhérait à l'os partout, excepté sur le lieu du gonflement ; et dans tout le reste de la tête, il n'y avait ni inflammation ni tumeur d'aucune espèce. Sous cette partie du crâne d'où le péricrâne avait été détaché, et d'où avait été enlevé le morceau du cuir chevelu, on trouva un foyer considérable de pus situé entre la dure-mère et le crâne, mais sans apparence de maladie en aucun autre point. (Percivall Pott, Observations on the nature and conséquences of  those injuries to which the head is liable from external violence, Londres, 1768, p. 63.) »

Voilà un exemple de contusion du crâne, suivie d'une méningite partielle qui causa la perte du blessé. Je le pré- 156 sente au lecteur comme un cas très caractérisé, où l'on peut discuter l'application des trois méthodes de traitement que la chirurgie a employées ou emploie dans les lésions des os de la tête. Cette contusion (l'événement l'a prouvé) n'était pas de celles qui sont en état de guérir par les seules ressources de l'économie. La nature devait être insuffisante à sauver le blessé; et, si la vie pouvait lui être conservée, c'était par l'intervention de l'art. Trois modes étaient à la disposition du chirurgien : ou bien il devait uniquement recourir aux moyens internes, saignées, révulsifs, comme le conseillent ceux qui rejettent absolument le trépan ; cela a été fait, le malade a succombé. Ou bien il devait attendre que les symptômes de compression se fussent caractérisés, et alors trépaner, opération à laquelle la marche des accidents ne laisse pas toujours le temps d'intervenir, qui, en tout cas, agit sur un malade déjà affecté bien gravement, et qui cependant compte de beaux succès. Ou bien enfin il devait, comme Hippocrate, trépaner immédiatement. Cette trépanation immédiate, qui eût enlevé la portion contuse, et prévenu ainsi l'inflammation de la dure-mère en ce point, aurait-elle empêché l'inflammation de se développer sur le reste de la méninge ? Je ne sais ; toujours est-il que l'inflammation chez ce blessé fut circonscrite au lieu contus; et, dans tous les cas, j'appelle la réflexion des chirurgiens sur cette question.

Venons au cas où la nécrose tarde beaucoup plus à s'établir. « Souvent, dit M. Velpeau, il ne se dépose sous l'os contus qu'une couche mince de liquide, et le malade n'est affecté que d'une simple nécrose, qui peut se détacher à la longue, mais qui, abandonnée à elle même, devient souvent la source d'accidents nombreux, si même elle ne finit pas par amener la mort. L'emploi du trépan est d'autant plus positivement indiqué dans ce cas, qu'on est certain d'agir sur le mal et qu'il n'expose presque à aucun risque. Une nécrose qui comprend toute l'épaisseur des os du crâne est 157 une cause incessante de mort. S'il est vrai qu'elle reste parfois latente et en quelque sorte ignorée de l'organisme pendant des mois ou même des années, il l'est aussi qu'elle peut amener des abcès, des érysipèles, des fusées purulentes au dehors, des foyers ichoreux, l'inflammation des méninges ou du cerveau à l'intérieur. Le trépan n'eût-il d'autres avantages alors que d'offrir une issue aux liquides qui suintent ou peuvent suinter du côté de la dure mère, il ne faudrait pas hésiter à y recourir ; mais il peut faire mieux, il peut enlever la totalité du mal et mettre la nature en état de procéder activement à la fermeture du crâne. Pour moi, je suis disposé à soutenir qu'une nécrose des deux tables des os du crâne est, par elle-même, qu'elle soit ou non accompagnée de phénomènes de compression, une indication fondée de trépanation » ( Velpeau, De l'opération du trépan dans les plaies de tête. Paris 1834, page 22).

A la suite de ces remarques, M. Velpeau rapporte trois observations où la nécrose de l'os causa la mort et où le trépan aurait pu sans doute prévenir une terminaison aussi funeste. Première observation : Un garçon âgé de seize ans se heurta violemment le sinciput, en se relevant sans précaution, contre le manteau d'une cheminée. Les signes de commotion qui eurent lieu sur-le-champ, se dissipèrent bientôt, et le malade se crut guéri dès le lendemain. Cependant la petite plaie ne se cicatrisa point, et au bout de quelques mois on reconnut qu'elle reposait sur une portion nécrosée de l'occipital. D'autres symptômes survinrent du côté de la région cervicale, et la mort arriva vers la fin du neuvième mois. Or, la nécrose qui, baignant dans le pus par ses deux faces, n'avait qu'un pouce de diamètre, eût été facile à enlever, et n'avait encore subi qu'un très léger travail d'élimination (page 24). Deuxième observation : On amena dans les salles de M. Velpeau, au commencement de l'année 1833, une femme âgée de 62 ans, qui portait au-dessus de la bosse pariétale gauche une plaie accompagnée de fracture et de 158 nécrose dans l'étendue d'environ 15 lignes. Cette blessure datait de trois semaines, et résultait d'un coup de pelle de cheminée. L'intelligence de la malade était altérée, il y avait de la somnolence, de l'hébétude, mais point de paralysie. M. Velpeau ne crut pas devoir employer le trépan. Quinze jours après, des symptômes de méningite se manifestèrent tout à coup, et la mort ne tarda pas à survenir. Une couche sérai-purulente se remarquait sur différents points des hémisphères. Le point des lobes antérieurs correspondant à la blessure était en suppuration, et la dure-mère, grisâtre et perforée. La nécrose eût été facile à cerner (page 25). Troisième observation : Un paysan qui avait reçu un coup de marteau à côté de la bosse occipitale, entra dans le service de M. Velpeau au mois d'octobre 1833 ; une nécrose se remarquait aussi au fond de la plaie ; mais, comme il n'existait pas d'accidents, M. Velpeau ne crut pas non plus, devoir recourir au trépan. Quelques symptômes inquiétants alternèrent avec un état de bien-être parfait pendant six semaines. Au bout de ce temps une méningite se déclara et se termina comme dans le cas précédent (page 25).

M. Velpeau ajoute qu'il a peine à se défendre de l'idée que, si ces malades, surtout les deux premiers, avaient été trépanés avant le développement de la phlegmasie cérébrale, ils eussent probablement survécu, et qu'en pareil cas il serait moins timide dorénavant. Hippocrate, non-seulement ne se fut pas abstenu de pratiquer l'opération dans ces cas, mais même il l'aurait pratiquée avant l'établissement de la nécrose et dans les trois jours qui auraient suivi l'accident. Les malades auraient ainsi échappé sans doute aux dangers de la nécrose ; reste à savoir quels sont les risques que l'opération du trépan leur aurait fait courir.

Quoi qu'il en soit, le but que se proposait Hippocrate en trépanant de très bonne heure dans les cas de contusion, est évident. Différant de celui des chirurgiens modernes qui emploient l'opération pour donner issue aux collections pu- 159 rulentes, et qui, par conséquent, y ont recours plus tard que le médecin grec, ce but était d'enlever la pièce osseuse contuse. Il était donc préventif.

Fractures. — Hippocrate trépanait dans les fractures comme dans les contusions ; et pour lui cette règle était si formelle, qu'il déclarait au-dessus des ressources de l'art les fractures par contrecoup, attendu que le chirurgien, ne pouvant pas en déterminer le siège, ne pouvait pas, non plus, y appliquer le trépan.

La doctrine d'Hippocrate, c'est-à-dire la nécessité de trépaner de bonne heure dans les fractures, a été soutenue par un célèbre chirurgien que j'ai déjà cité, par Pott. Je le laisserai donc parler :

« Dans le cas d'une simple fracture, dit cet auteur, sans enfoncement de l'os ou sans l'apparition de symptômes qui indiquent la commotion, l'extravasation et l'inflammation, le trépan est employé comme préventif, et par conséquent c'est un objet de choix plutôt que de nécessité immédiate.

« Plusieurs praticiens anciens et modernes l'ont en conséquence condamné; et, dans les cas où il n'y a pas des symptômes immédiatement mauvais, ils ont conseillé d'abandonner la fracture à la nature, et de ne pas pratiquer l'opération préventivement, mais d'attendre jusqu'à ce que la nécessité en fut indiquée par des symptômes qui en exigeassent et justifiassent l'emploi. Cela est un point de la dernière conséquence dans la pratique, et doit être jugé avec beaucoup de maturité.

« Ceux qui refusent d'employer de bonne heure le trépan, disent qu'il est fréquemment inutile et qu'il expose l'opéré à différents inconvénients dépendant de la dénudation de la dure-mère, sans qu'il y ait aucun avantage, ou du moins aucune raison apparente pour s'en servir. A l'appui de leur opinion ils allèguent plusieurs exemples de fractures simples qui sont restées longtemps inaperçues, sans être accompagnées d'aucun mauvais symptôme, et d'autres fractures qui, 160 bien que reconnues et pansées dès le commencement, n'ont pas été trépanées et n'en ont pas moins guéri.

« Ceux qui conseillent d'emploi immédiat de l'instrument, supposent que, dans les violences considérables éprouvées par la tête, la lésion de la dure-mère et des vaisseaux qui l'unissent au crâne est assez grande pour que l'inflammation de cette membrane en résulte nécessairement. Cette inflammation produit ordinairement une collection purulente et une fièvre symptomatique qui, la plupart du temps, se joue des ressources de la médecine et finit par la perte du malade.

« Ce que les premiers assurent est certainement vrai dans quelques cas. Il y a des exemples de fractures du crâne sans enfoncement, qui, ayant été ou ignorées dans le commencement, ou négligées, ou remises aux soins d'un médecin qui n'approuvait pas l'opération, ont très bien guéri sans le trépan. Cela est incontestable; mais cela ne suffit pas pour fonder une règle générale de pratique. Dans les objets de cette espèce, il n'est pas permis d'établir sur quelques exemples un précédent; ce qui accidentellement a été ou peut être avantageux à un petit nombre, peut être pernicieux au plus grand nombre. La doctrine qui se trouve être le plus fréquemment utile est celle à laquelle nous devons nous arrêter, tout en nous réservant la liberté de nous écarter de la règle générale dans des cas particuliers.

« La fracture du crâne est une de ces circonstances embarrassantes que déplorent tous les auteurs, que reconnaissent tous les praticiens ; mais, au lieu de nous borner à nous en plaindre, nous devrions, autant qu'il est en nous, chercher à lever la difficulté.

« Pour étudier complètement notre sujet, nous considérerons d'abord quels sont les accidents qui surviennent le plus souvent quand la trépanation a été longtemps retardée ou complètement négligée; secondement, quels inconvénients résultent de la trépanation en elle-même ; troisièmement, en 161 quelle proportion ceux qui ont guéri sans trépanation, sont par rapport à ceux que l'on peut dire avoir véritablement péri par l'omission de l'opération, ou à ceux à qui elle aurait donné quelque chance de soulagement.

« Quant au premier point, j'ai déjà observé, dans le cas d'une simple fracture sans enfoncement, que le trépan est employé dans le dessein de soulager ou de prévenir des lésions autres que la simple fracture de l'os, laquelle, considérée en elle-même, ne peut ni causer de tels accidents, ni être guérie par une telle opération. Une de ces lésions, et la plus fréquente, est l'inflammation, la séparation et la suppuration de la dure-mère, et par conséquent la formation d'un foyer purulent entre cette membrane et le crâne. De toutes les inflammations qui accompagnent les plaies de tête, c'est la plus pressante, là plus dangereuse, et celle contré laquelle nous avons moins de pouvoir. Il n'y a ni signes ni symptômes immédiats qui indiquent avec certitude au chirurgien si cette complication surviendra ; et, quand les phénomènes s'en manifestent, l'opération, qui est tout ce qui reste en notre pouvoir, échoue alors très souvent. Dans le fait, la seule méthode probable pour prévenir ce malheur, semble être d'enlever la partie du crâne qui, ayant été fracturée, parait manifestement avoir été la partie où le coup a porté, et qui, si la dure-mère s'enflamme, se détache et suppure, couvrira et limitera, en toute probabilité, un foyer purulent sans issue naturelle. Selon moi, c'est non-seulement la meilleure, mais encore la seule bonne raison pour employer de bonne heure le trépan dans les fractures du crâne simples et sans enfoncement ; et j'ajouterai qu'elle me paraît complètement suffisante pour justifier et autoriser la trépanation. Elle échoue fréquemment, sans aucun doute, attendu que le mal peut être trop grand pour recevoir aucun remède ; mais elle a sauvé plus d'une vie qui aurait été perdue sans elle; j'en suis convaincu autant que d'aucune vérité qu'une expérience répétée m'a enseignée.

162 « Dans les objets de cette espèce, des preuves positives et une conviction formelle ne sont pas en notre pouvoir. Tout ce que nous pouvons, c'est de comparer le traitement et l'issue d'un certain nombre de cas semblables, pour arriver aussi près que possible de la vérité, et pour mettre les probabilités de notre côté.

« La seconde considération que je mets sous les yeux du lecteur est relative aux inconvénients que Ton peut raisonnablement attribuer à la simple trépanation prise en elle-même. Ceux qui répugnent à s'en servir préventivement, allèguent qu'elle occasionne une grande perte de temps, qu'elle est souvent tout à fait inutile, et que le contact de l'air avec la dure-mère et la dénudation de cette membrane sont préjudiciables.

« La première de ces objections est incontestablement vraie : une personne dont le crâne a été perforé ne peut pas être guérie en aussi peu de temps qu'une personne qui n'a pas subi cette opération, supposé toutefois qu'elle n'ait pas éprouvé d'autre accident que la simple fracture ; et, si la majorité des individus dont le crâne est fracturé, étaient assez heureux pour échapper à tout autre lésion, c'est-à-dire si dans ces cas aucun autre mal n'affectait, en général, les parties contenues dans le crâne, l'objection contre la trépanation serait réelle et puissante. Mais il n'en est que rarement, trop rarement ainsi : le plus grand nombre, à beaucoup près, de ceux qui éprouvent une fracture du crâne, ont d'autres parties lésées, et sont, outre la fracture, soumis à des lésions d'une autre espèce; en d'autres termes, les parties contenues dans le crâne sont blessées aussi bien que le crâne même. Cela étant ainsi, la perte d'un peu de temps cesse d'être un objet d'une aussi grande importance. Le risque que l'on attribue à la dénudation de la dure-mère est certainement de quelque poids, et il ne faut pas mettre à nu cette membrane sans de très bonnes raisons; cependant, quoique telle soit mon opinion, je n'hésite pas à dire que ce 163 risque, quel qu'il puisse être, n'est point, par la nature des choses, égal au risque que fera courir l'omission de la trépanation quand cette opération est nécessaire. En somme, si nous voulons nous former un juste jugement sur ce point, la question doit être posée ainsi : La probabilité du mal qui peut résulter de la simple dénudation de la dure-mère est-elle égale à la probabilité de l'absence, dans cette membrane, d'une lésion capable d'y causer l'inflammation et la suppuration ? en d'autres termes le mal qui peut être le résultat de la perforation du crâne, est-il égal au bien que cette opération peut produire ? Ces questions doivent être examinées et résolues par ceux qui, ayant vu beaucoup de cas de cette espèce, en sont les meilleurs juges. Pour ma part, je ne doute pas que, si la règle générale de percer le crâne dans tous les cas exposait par intervalle à l'opération quelques blessés qui auraient pu fort bien guérir sans elle, néanmoins cette même pratique conserverait beaucoup d'existences précieuses qui auraient été inévitablement perdues; car il n'y a pas de comparaison à établir entre le bien qui en résulte quand on s'en sert de bonne heure et préventivement, et ce qu'on en peut attendre si on la diffère jusqu'à ce qu'une inflammation de la dure-mère et une fièvre symptomatique la rendent nécessaire.

« Quant à la troisième considération, à savoir en quelle proportion ceux qui ont échappé sans l'opération sont à l'égard de ceux qui ont péri parce qu'elle a été omise, elle est, en grande partie, comprise dans les deux précédentes. Du moins, le parti que l'on prendra à l'égard de la première et de la seconde, déterminera aussi le parti que l'on prendra à l'égard de la troisième.

« Le nombre de cas de cette espèce qui affluent dans un grand hôpital situé, comme l'hôpital de St-Bartholomew, au centre d'une cité populeuse, où se font toutes sortes de métiers dangereux, m'a fourni l'occasion de beaucoup d'observations sur ce point de chirurgie ; et, bien que parfois j'aie 164 vu quelques blessés guérir sans l'usage du trépan, cependant le nombre beaucoup plus grand de ceux que j'ai vus périr avec des collections purulentes dans le crâne sans avoir été trépanés, m'a rendu, je dois en convenir, très défiant. Sans vouloir dire que je trépanerai invariablement dans tout cas de simple fracture, néanmoins il faut des circonstances particulières, il faut des chances bien plus favorables qu'elles ne le sont ordinairement, pour que je m'en abstienne ; et encore ne porté-je mon pronostic qu'avec la plus grande réserve. On se méprendrait sur le sens de mes paroles, si l'on supposait que, selon moi, la mise à nu de la dure-mère est une chose absolument indifférente, et qu'il n'en peut résulter aucun mal. C'est, je le sais, un point sur lequel les meilleure praticiens ont différé, et sur lequel nous avons encore besoin d'informations ; mais ce que je puis avancer, ce me semble, sans crainte, et ce qui va directement à mon but actuel, c'est que, en élargissant par le trépan l'ouverture d'une fracture, on n'augmentera pas beaucoup les risques qui résultent de la fracture même, car cette fracture a déjà laissé pénétrer l'air jusqu'à la dure-mère, et de ce côté il ne peut plus être question, au moins jusqu'à un certain point, de la considération de cette pénétration : le principal point à déterminer est toujours le même, à savoir, si, supposant que la dure-mère peut n'avoir point été assez lésée .pour s'enflammer et suppurer plus tard, on doit, non pas pratiquer l'opération préventivement, mais la différer jusqu'à ce que des symptômes plus graves en indiquent la nécessité ; ou si on doit, en général, la pratiquer de bonne heure, afin de prévenir, s'il est possible, des accidents très probables et très funestes (Pott, ibidem, p. 131 et suiv.). »

Les pages précédentes que je viens d'extraire de l'ouvrage de Pott, sont le commentaire des préceptes qu'Hippocrate s'est contenté de poser, sans les discuter. Hippocrate voulait qu'on trépanât toute fracture, au risque, bien entendu, de trépaner des fractures qui n'en auraient eu aucun besoin. 165 Que dans maintes circonstances cette opération eût pu être omise, cela est certain. « Lorsque la fêlure du crâne, dit M. le professeur Velpeau, se trouve au fond d'une plaie, elle guérit trop souvent sans suppuration du péricrâne et de la dure-mère, et sans nécrose, pour qu'il soit permis d'y appliquer le trépan de prime abord (ibidem, page 31). » C'est cependant ce qu'Hippocrate aurait fait dans les trois premiers jours.

En résumé, Hippocrate trépanait et dans les contusions et dans les fractures du crâne ; il recommandait de recourir à l'opération dans un bref délai, et il en faisait un précepte invariable et absolu. Le précepte, nous le lisons dans les écrits où il est exprimé avec précision et fermeté ; mais le procédé par lequel il est arrivé à concevoir le précepte, nous l'ignorons complètement. L'antique médecine hippocratique a posé ainsi plusieurs règles, sans nous dire par quelle voie expérimentale elle les avait trouvées. Quel était donc le but du médecin de l'école de Cos en prescrivant de recourir immédiatement au trépan dans tous les cas de contusion ou de fracture du crâne ? Enlever la portion contuse ? Sans doute, cela entrait dans ses vues, puisque Hippocrate remarque expressément que toute fracture directe est compliquée de contusion. Mais cela n'était pas la seule considération qui dirigeât ce médecin ; car dans les fractures par contrecoup, où il n'y avait point de contusion, il aurait trépané, s'il avait pu en reconnaître le siège. Il devait donc avoir attribué à la trépanation un autre avantage que celui d'enlever la pièce osseuse contuse ; il devait avoir pensé qu'elle avait une vertu préventive de l'inflammation. Plusieurs chirurgiens ont été, en effet, d'avis que les perforations du crâne faites accidentellement ou par le trépan étaient propres à diminuer lés chances de l'inflammation consécutive.

« Dans les plaies de tête, dit encore M. Velpeau, l'encéphale peut être pris de deux sortes de phlegmasies, l'une des membranes, l'autre du parenchyme. Au premier coup 166 d'œil il ne semble pas que le trépan doive être plus utile là que dans la commotion. En y regardant de près, néanmoins, on ne tarde pas à reconnaître que c'est une question à résoudre et qui mérite d'être étudiée de nouveau. Nul doute que dans l'inflammation il n'y ait afflux, de liquide, accroissement des forces de ressort ou d'expansion de l'encéphale,, et par conséquent compression (ibidem, p. 99). »

« En parcourant les recueils d'observations, dit-il ensuite, il est aisé de se convaincre que les plaies de tête avec ouverture du crâne sont, en général, accompagnées de phénomènes inflammatoires moindres que la plupart des autres, et d'autant moindres que la perte de substance est plus considérable. Les 22 malades dont Paroisse (Obs. de chirurgie, 1806) donne l'histoire, et que M. Foville (Dict. de médecine et de chir. pratiques, tome 7, p. 236) a déjà cités, avaient tous des blessures de ce genre ; aucun ne put garder le lit, ils furent obligés de faire plus de trente lieues à pied, sans s'astreindre au moindre régime ; douze guérirent cependant, et les dix autres ne succombèrent pas à des accidents de méningite. En eût-il été de même, si avec des blessures aussi graves la boîte encéphalique n'avait offert aucune ouverture ? On peut en douter. Il n'y a pas de chirurgien d'armée qui n'ait été surpris de la prompte guérison des plaies avec enlèvement d'une grande portion du crâne ou du cerveau, de la simplicité de ces plaies en général, et du peu de gravité des symptômes inflammatoires qui s'y joignent. La pratique civile elle-même fournit une foule de faits semblables. Marchettis (Bibliothèque de Bonet, 212} en cite un. On en trouve un autre dans Tulpius (Bonet, tome 4, page 1). Schutte (Académie de Berlin, tome 3, page 223) dit qu'un enfant de douze ans avait eu une grande portion du crâne et du cerveau enlevée par une aile de moulin, et qu'il guérit très bien. Schenk, Muys, D, Hoffinan, Teubeler rapportent aussi de pareils exemples. M. de Guise (Séance de la Société de la Faculté de médecine, 1809, 17 août) en a fait connaître un des plus cu- 167 rieux, et tous les chirurgiens militaires ont fait des observations analogues. Le nombre de ces observations est tellement grand aujourd'hui, qu'on est réellement en droit d'en tirer quelques conséquences.

« Quand on envisage le mécanisme de la compression, de pareils résultats n'ont rien, après tout, de bien extraordinaire. Toute perte de substance un peu étendue du crâne fait que la plaie du cerveau se trouve, pour ainsi dire, dans les conditions d'une plaie simple. On craint peu la compression, parce que l'afflux encéphalique rencontre un défaut de résistance qui en amortit l'effort. Les chances d'inflammation sont ainsi diminuées. S'il en est ainsi, le trépan peut être d'un grand secours à. titre de moyen préventif, car il donne au chirurgien la faculté de mettre le cerveau dans l'état où le placent les plaies de tête avec déperdition de substance aux parties dures. Je ne vois rien de téméraire dans cette pensée ; la hardiesse est pardonnable en face d'une maladie dont la mort est la fin habituelle ; la violence de la médication n'est rien, quand il s'agit de sauver la vie. Comme c'est d'inflammation consécutive du cerveau que meurent les deux tiers au moins des sujets blessés à la tête, il est permis de songer à tout, pour prévenir une aussi grave complication (ibidem, pag. 100).»

Ces remarques de M. Velpeau, ces questions qu'il se pose, ont un rapport direct avec la pratique suivie et recommandée par Hippocrate. D'après ce médecin, les fractures du crâne avec enfoncement ne réclament pas le trépan et sont plus enrayantes que dangereuses ; mais les fêlures et les contusions du crâne sont dangereuses et nécessitent l'emploi de cette opération. Enfin la fracture par contrecoup lui paraît au-dessus des ressources de l'art, attendu que le chirurgien, ne pouvant la découvrir, ne peut y appliquer le trépan ; et il ajoute que, lorsque le trépan a été trop différé, il survient des accidents qui sont ceux de la méningite traumatique. C'était donc pour prévenir le développement de cette inflammation fatale qu'Hippocrate voulait que la trépanation fût 168 entreprise tout d'abord, quand on avait lieu de croire que la lésion du crâne avait été considérable.

Les modernes, pour admettre ou rejeter remploi du trépan, ont distingué trois états différents produits par la lésion du crâne : la commotion, la compression, et l'inflammation. On est tombé d'accord que le trépan était complètement inutile dans la commotion et dans l'inflammation, et on en a réservé l'emploi pour la compression causée, soit par une pièce d'os enfoncée, soit par du sang, soit par du pus. De ces trois états, Hippocrate signale le premier assez légèrement, insiste fortement sur le troisième, et omet complètement le second. Rien ne montre qu'il ait distingué la compression, soit de la commotion, soit de l'inflammation. A dire vrai, sa pratique pouvait plus facilement se passer de cette distinction, il consultait peu les signes généraux pour se décider à la trépanation, il consultait bien davantage les signes locaux. Avait-il reconnu une contusion du crâne ou une fracture, il recourait au trépan> et cela sur-le-champ, sans perdre un seul moment.

Qu'Hippocrate n'ait pas employé la trépanation en vue des épanchements sanguins ou purulents, c'est ce qui résulte du précepte qu'il donne en ces termes : « Si le médecin a à traiter une plaie de tête immédiatement après qu'elle a été reçue, et si cette opération exige le trépan, il doit ne pas achever complètement la section de l'os, mais l'interrompre quand la pièce osseuse ne tient plus que par une mince lamelle, et en abandonner l'expulsion à la nature. Si au contraire le médecin est appelé à une époque plus avancée, il doit alors pratiquer complètement la section de l'os.» La conséquence de ce précepte est claire, c'est qu'Hippocrate ne trépanait pas pour évacuer des humeurs épanchées; il trépanait, comme il a été dit, pour prévenir, autant que possible, l'inflammation consécutive. Or, au moment où il pratiquait la trépanation, cette inflammation était encore éloignée ; donc, dans sa doctrine, l'urgence d'ouvrir 169 immédiatement le crâne n'était pas pressante. Il n'en était plus de même, quand l'opération du trépan se trouvait reculée par une cause indépendante de la volonté du médecin; alors Hippocrate voulait qu'on arrivât aussitôt jusqu'à la méninge, et il ne se donnait plus aucun délai.

Dès lors que recourant immédiatement à l'opération, il n'était plus pressé par la nécessité de donner issue à des amas de liquides, il lui était loisible de ne pas achever complètement la section de l'os; et il profita de cette faculté pour atteindre un autre but, pour satisfaire à une autre indication. Parmi les objections dirigées contre l'emploi immédiat du trépan, se trouve le danger que l'on fait courir au blessé en mettant à nu la dure-mère, et cela est une raison de s'abstenir du trépan, puisque, nul à la vue d'une contusion ou d'une fracture ne pouvant prévoir si elle donnera lieu ou non à l'inflammation consécutive et à la fièvre symptomatique, il importe de ne pas causer un mal certain en vue d'un péril incertain. Pott lui-même, tout en disant que le péril de l'inflammation consécutive est bien plus grave et bien plus menaçant que la mise à nu de la méninge, admet qu'on ne découvre pas cette membrane sans quelque risque. Ce risque avait été reconnu par Hippocrate; et, s'il veut que la section de l'os ne soit pas immédiatement complétée, c'est pour que la dure-mère reste moins longtemps en contact avec l'air, et qu'elle soit moins exposée à devenir fongueuse et suppurante. Plus je me familiarise avec l'étude des livres hippocratiques, plus entre dans mon esprit la conviction que les préceptes qu'ils renferment doivent être pesés avec grand soin ; car ils ont été dictés, en général, par une connaissance étendue des faits, un jugement éclairé, une attention profonde, et un esprit de précaution infinie.

Hippocrate dit que l'hédra ou eccopé ne cause pas par elle-même la mort. Voici cependant un exemple d'une terminaison fatale qui a été le résultat d'une plaie de ce genre :

« Plaie de tête avec eccopé, dont la terminaison a été funeste, observation par M. Boudrye, chirurgien de l'Hôtel-Dieu (Journal de médecine, tome 87, page 83, 1791). — Etienne Mariotte, né à Gien-sur-Loire, âgé de trente-deux ans et d'une bonne constitution, reçut, le 25 décembre 1790, sur le côté gauche du coronal, un coup de sabre qui divisa perpendiculairement les parties molles et une portion de la table externe de l'os. Il fut conduit le même jour à l'Hôtel-Dieu, n'éprouvant aucun accident de sa blessure.

« On couvrit la plaie d'un cataplasme, après avoir introduit entre les bords un plumaceau enduit de baume d'Arceus. Le malade fut saigné et tenu à une diète sévère jusqu'au quatrième jour. Le cinquième, la suppuration était établie ; il n'y avait point de douleur, le blessé avait beaucoup d'appétit et faisait bien toutes ses fonctions ; il se promena une grande partie de la journée. Les jours suivants se passèrent de même, mais le quinzième, au soir, la peau devint sèche, le pouls élevé ; les bords de la plaie se tuméfièrent ; la suppuration diminua et prit une couleur jaunâtre. Ces accidents augmentèrent la nuit suivante; et le lendemain la douleur de tête était considérable, surtout du côté gauche ; la suppuration totalement supprimée, le pouls très dur, et la langue sèche et chargée.

« M. Desault prescrivit une saignée du pied, et l'application d'un vésicatoire sur toute la tête ; mais on ne le plaça que sur la partie antérieure, parce que rien ne put déterminer le malade à laisser couper la totalité de ses cheveux. On fit mettre dans sa boisson un grain d'émétique, qui produisit dés vomissements et des selles. Les accidents parurent d'abord se calmer ; vers la nuit ils augmentèrent de nouveau, et le lendemain, dix-septième jour de la blessure, le malade était sans connaissance et paralysé de tout le côté gauche. Il fut saigné une seconde fois du pied, mais les symptômes persistèrent, et il succomba le dix-huitième jour.

« L'ouverture du cadavre se fit publiquement dans l'am- 171 phithéâtre. La table interne du coronal était intacte; la dure-mère n'était pas même détachée du crâne, mais seulement elle était couverte et comme imbibée de cet enduit muqueux et jaunâtre que l'inflammation produit sur les membranes, et qui semblait s'insinuer entre ses lames cellulaires. Le même enduit recouvrait toute la surface de l'hémisphère gauche du cerveau, une partie du lobe antérieur du côté droit, et communiquait sa couleur à la substance corticale.

« Pour se conformer au conseil donné par Quesnay dans le premier volume des Mémoires de l'Académie de chirurgie, il aurait fallu trépaner le malade dès la première apparition des symptômes consécutifs; mais en quel endroit du crâne? Nous voyons ici bien des motifs de douter, et pas un de décider. La situation de la plaie au côté gauche, la lésion de la table externe du coronal et la douleur de tête plus forte du même coté devaient y faire présumer le siège du mal, tandis que la paralysie du côté gauche portait à soupçonner que la cause des accidents existait au côté droit. Supposons que cette contrariété d'indications n'eût pas arrêté le praticien, et qu'il eût trépané d'un côté, bien résolu, en cas de non-succès, de trépaner du côté opposé : mais encore ici, nous te demandons, en quel heu eût-il appliqué le trépan ? Il aurait, dira-t-on, multiplié les couronnes, espérant toujours de tomber enfin sur le siège de l'épanchement purulent ou sanguin. Quel fruit aurait-on pu retirer de ces recherches? Comment donner issue à cet enduit muqueux et puriforme, infiltré dans le tissu des membranes du cerveau, et répandu sur tout l'hémisphère gauche de ce viscère, et sur une partie de son hémisphère droit? Le trépan, favorisant l'accès de l'air, n'eût-il pas accéléré les accidents et hâté la mort ? »

J'ai rapporté cette observation pour deux raisons : la première, c'est qu'elle semble contredire une proposition d'Hippocrate, qui dit que l'eccopé n'est pas mortelle par elle-même ; cependant Hippocrate ajoute qu'il faut bien 172 s'assurer si l'eccopé n'est pas compliquée de contusion, complication qui exige le trépan. Or, dans ce cas ci, l'auteur ne nous apprend pas si à la lésion de l'os se joignait une contusion, il ne nous dit même pas qu'on ait songé à la possibilité de cette complication ; examen recommandé par Hippocrate et fort essentiel en soi ; car une contusion considérable du crâne est, je crois, plus dangereuse qu'une fracture. La seconde raison est dans les réflexions que l'auteur a jointes à son observation. Elles sont, dans la doctrine de Desault, une objection réelle contre l'emploi du trépan différé jusqu'à l'apparition de symptômes consécutifs ; mais cette objection est sans force contre la pratique d'Hippocrate, qui trépanait avant toute inflammation et suppuration.

En résumé, la chirurgie offre sur cette question trois phases principales : 1° trépaner immédiatement, c'est le précepte d'Hippocrate et de l'école de Cos ; 2° retarder le trépan jusqu'à ce que surviennent des symptômes qui en indiquent la nécessité, c'est le précepte de Celse et de l'Académie de chirurgie, qui en a étudié avec un soin particulier les indications, et qui a fait, à cet égard, des distinctions très fondées, très ingénieuses et très utiles; 3° s'abstenir complètement du trépan et se borner aux moyens médicaux, c'est le précepte de Desault et de beaucoup d'autres chirurgiens. Mon expérience personnelle est trop bornée pour m'autoriser à prononcer dans d'aussi graves dissentiments; mais l'examen auquel je viens de me livrer, m'autorise, je pense, à appeler les méditations des chirurgiens sur les principes qui ont dû dicter à Hippocrate sa pratique, et sur les résultats que cette pratique pourrait donner.

Les instruments dont Hippocrate se servait pour percer le crâne, étaient le trépan perforatif et le trépan à couronne. Il est probable qu'il les mettait en mouvement à l'aide d'une corde enroulée ou d'un archet.

Hippocrate avait défendu de trépaner sur les sutures. Après lui et dans la vue du même précepte, on a dit que la 173 dure-mère y est trop solidement unie, et qu'elles correspondent généralement à des canaux veineux qu'on craignait d'ouvrir, ou encore et surtout que les épanchements ne peuvent avoir leur siège qu'en dehors de ces lignes et non immédiatement entre elles et les os. Aucun de ces motifs n'est péremptoire, dit M. Velpeau, page 127 ; si la nécrose a son siège sur le trajet d'une suture, la dure-mère doit être décollée derrière, elle le serait de même par un épanchement, un corps étranger, une fracture, une contusion. La trépanation des sutures n'offre pas plus de danger et pas beaucoup plus de difficulté que celle des autres points de la boîte crânienne. C'est une question irrévocablement résolue maintenant par la pratique.

Hippocrate a prescrit également de ne pas faire d'incision sur la région temporale ; c'est encore un précepte contre lequel la pratique a prononcé. L'opération du trépan a été faite sur cette région.

Hippocrate donne de la conformation de la tête une description qui a été critiquée par les anatomiste s au moment où l'on recommença dans l'Occident à cultiver les sciences. Il prétend que, si la tête est proéminente en avant, les sutures ont la forme du Τ grec, c'est-à dire offrent une ligne qui coupe transversalement la partie antérieure de la tête et une autre qui traverse longitudinalement le crâne par le milieu, jusqu'au cou ; que, si la tête proémine en arrière, les sutures ont la forme d'un renversé, c'est-à-dire offrent une ligne qui coupe transversalement la partie postérieure, et une autre qui traverse longitudinalement le crâne par le milieu, jusqu'au front; que, si la tête proémine à la fois en avant et en arrière, les sutures présentent la forme de grec, c'est-à-dire offrent une ligne coupant transversalement la partie antérieure, et une autre coupant transversalement la partie postérieure, et une autre qui les réunit par le milieu du crâne ; enfin que, si la tête ne proémine ni en avant ni en arrière, les sutures présentent la foi me du X grec, 174 c'est-à-dire qu'elles se coupent sur le milieu de la tête. Realdus Columbus le premier, Lib. I, cap. 5, De re anatomica, attaqua ces propositions d'Hippocrate, et assura qu'il n'avait vu aucun crâne où la disposition des sutures fut différente de la disposition ordinaire. On ne sait comment expliquer ce dire d'Hippocrate, pas plus que celui d*Aristote, qui assure que le crâne des femmes a une suture circulaire, tandis que celui des hommes en a généralement trois (1). A la fin de de la civilisation gréco-romaine, quand les savants cessèrent d'observer par eux-mêmes et se contentèrent de répéter ce qu'avaient dit leurs prédécesseurs, les assertions d'Hippocrate et d'Aristote furent reproduites dans les livres, et Mélétius va jusqu'à dire que la suture circulaire sert à faire reconnaître dans les tombeaux les crânes qui ont appartenu à des femmes (2).

Le précepte de trépaner dans les trois premiers jours tenait à toute une doctrine. Dans le traité Des fractures, Hippocrate recommande, quand il y a complication de plaie, de pratiquer la réduction le premier, le second ou le troisième jour, mais de s'en abstenir le quatrième et surtout le cinquième ; puis, généralisant cette règle, il dit qu'il faut s'abstenir de tout ce qui peut irriter les plaies pendant qu'elles sont enflammées, et que c'est au quatrième et au cinquième jour que l'inflammation s'établit. Dans le traite Du régime des maladies aiguës, il blâme ceux qui font des changements considérables à l'époque où les maladies sont à leur summum d'intensité; et enfin, dans les Aphorismes, il recommande d'agir pendant les quatre premiers jours, et, pour la suite, de se tenir plutôt dans l'expectative. La règle de tré- 175 paner dans les trois premiers jours delà blessure, rentre dans cette doctrine générale.

Ce traité Des plaies de tête a beaucoup souffert entre les mains des copistes qui nous l'ont transmis. Outre les fautes très nombreuses de détail qui le déparent dans toutes les éditions, et dont j'ai corrigé une certaine partie à l'aide des manuscrits, on a des raisons de douter qu'il soit dans son intégrité. Un morceau plus ou moins considérable qui y était joint à la fin, a complètement péri. Galien dit, dans son ouvrage sur le traité Du régime des maladies aiguës, commentaire 4, préambule : « On trouve, dans ce livre, des phrases complètement indignes d'Hippocrate, de sorte qu'on peut soupçonner qu'elles sont une interpolation. C'est ainsi que dans les Aphorismes, quelques portions semblent avoir été interpolées vers la fin du livre; car, comme le commencement des livres est généralement dans la mémoire, les interpolateurs font ordinairement leurs additions à la fin de l'ouvrage. On remarque cette particularité dans le traité Des plaies de tête et dans le second livre des Epidémies. » Vertunianus prend occasion de cette observation de Galien pour justifier les corrections souvent trop hardies de Scaliger, qui accuse les interpolateurs de tout ce qu'il trouve à reprendre dans le traité Des plaies de tête. Mais ce n'est pas à cette sorte d'erreurs que se rapporte la remarque de Galien : il s'agit uniquement, dans le commentaire du médecin de Pergame, des interpolations qui ont été faites à la fin des livres ; et en effet, au traité Des plaies de tête était joint, dans l'antiquité, un appendice dont l'authenticité était révoquée en doute» On lit dans le Glossaire de Galien : κλούσθω) σημαίνει ποτ κα τ προσκλυζσθω ς ν τ Περ φορν κα τος προσκείμενοις τοις Περ τν ν κεφάλ τραυμάτων. « κλουθω se prend quelquefois dans le sens de faire des affusions comme dans le traité Des femmes stériles et dans Y appendice joint au traité Des plaies de tête. » Σφάκερος, sic), ν τος προσκείμενοισ τος Περ τν ἐν τ κεφαλ τραυμάτων· κεφαλαλγία δ κα σφάκερος 176 ἢν ᾖ ; κρόμμυα πολέμιον. ν δ τος πλείστοις ἄντντικρυς σφαλερς γράφεται. « Σφάκερος dans l'appendice au livre Des plaies de tête : s'il y a céphalalgie et σφάκερος, les oignons sont contraires. Mais la plupart des exemplaires portent manifestement : si la céphalalgie est dangereuse. » Ce sont là les seuls restes que nous ayons de cet appendice, qui a complètement péri, et dont le sujet ne nous est pas connu. Il n'est pas même sûr que le traité Des plaies de tête n'ait pas été mutilé vers la fin ; les manuscrits ne le terminent pas tous de la même manière, et le sens n'en paraît pas tellement complet qu'on ne puisse pas admettre cette supposition. Le commencement d'ailleurs est frappé de la même incertitude : la traduction de Calvus, faite sur les manuscrits du Vatican, présente un morceau d'une vingtaine de lignes, qui a été adopté par Cornarius, mais qui ne se trouve ni dans les éditions grecques, ni dans aucun des manuscrits que j'ai eus à ma disposition.

Hippocrate recommande d'examiner si le blessé a reçu le coup dans les parties solides ou dans les parties faibles du crâne, si les cheveux ont été coupés par l'instrument vulnérant et s'ils sont entrés dans la plaie, et, dans le cas de l'affirmative;, de prononcer qu'il est à craindre que l'os n'ait été dénudé, et qu'il n'ait souffert quelque lésion. Il prescrit formellement de faire cet examen de loin, et de porter ce jugement avant d'avoir touché le malade. A quoi bon vouloir que le médecin se prononce ainsi avant'de s'être approché du blessé, et ne sembie-t-il pas indiffèrent que cela soit dit avant ou après ? cela ne l'était pas dans l'ancienne école à laquelle Hippocrate appartenait. Il commence ainsi le Pronostic : « Le meilleur médecin me paraît être celui qui sait connaître d'avance ; pénétrant et exposant au préalable près des malades le présent, le passé et l'avenir de leur maladie; expliquant ce qu'ils omettent, il gagnera leur confiance ; et, convaincus de la supériorité de ses lumières, ils n'hésiteront. pas à se remettre à ses soius. » Ainsi un but, accessoire sans 177 doute, important toutefois, du pronostic, dans l'opinion de l'antique école de Cos, c'était d'inspirer aux malades une grande confiance dans les lumières du médecin. Tel est aussi le but de la recommandation signalée plus haut au sujet des plaies de tête. C'est un moyen de préparer favorablement l'esprit du blessé, et ce moyen,est loin d'être sans influence. Les gens du monde sont rarement aptes à apprécier le véritable mérite d'un médecin, et des choses de ce genre sont bien plus propres à les frapper que d'autres plus difficiles. Rien n'est plus aisé, comme l'on sait, que de diagnostiquer, sans la voir, une fracture du col du fémur : une personne âgée est tombée sur la hanche, elle a été hors d'état de se relever ; on peut prononcer presque à coup sûr, avant tout examen, que le col du fémur est cassé. Un pareil pronostic, qui ne peut pas réellement compter comme une preuve de grande science, étonne les personnes qui l'entendent, et j'ai vu cela seul produire une confiance illimitée chez le malade et chez ceux qui l'entouraient. De cette observation et de quelques autres semblables, je conclus que la remarque d Hippocrate n'est nullement futile, et qu'elle a été suggérée par une connaissance délicate des rapports qui unissent le malade et le médecin.

On a souvent appelé Hippocrate le père de la médecine. Cette dénomination, prise au sens propre, est complètement fausse; et, à défaut d'autres preuves, qui d'ailleurs surabondent, le traité Des plaies de tête suffirait pour démontrer que la médecine avait été cultivée longtemps avant lui. Ce médecin, conseillant d'employer le trépan à couronne, ne s'en attribue nullement l'invention, et il en parle comme d'un instrument connu de tout le monde, et qu'on n'a besoin que de nommer pour être aussitôt compris. L'idée si hardie de perforer le crâne, la création si ingénieuse du trépan à couronne, tout cela remonte donc par de là Hippocrate, par de là le cinquième siècle avant J.-C. A quelle époque s'est-on servi du trépan pour la première fois? Sont-ce les Grecs qui 178 l'ont inventé, ou l'ont-ils reçu d'ailleurs ? Je ne connais aucuu texte qui autorise à répondre à ces questions. Mais il n'en résulte pas moins certainement qu'une époque antérieure à Périclès, époque que du reste on fixera où l'on voudra, a été signalée par une découverte médicale d'une grande importance, ou qu'un autre peuple que le peuple Grec était, depuis des siècles reculés, en possession d'instruments chirurgicaux qui supposent une culture singulièrement avancée de l'art médical.

BILBLIOGRAPHIE.

 

MANUSCRITS.

Cod. Med. t=> Β

2146 = C

2255 =  Ε

Cod. Sev. = L

2247 = M

2248  =  Ν

Cod. Fev. = Q'

ÉDITIONS,TRADUCTIOIfS ET COMMENTAIRES.

Chirurgia e Graeco in Latinum conversa, Vido Vidio Florentino interprete, cum nonnullis ejusdem Vidii commentariis, Lutet., 1544, in-fol. — Dans ce volume se trouve une traduction du traité Des plaies de tête avec un commentaire de Vidus Vidius.

Les trois premiers livres de chirurgie, traduits par François Le Fevre, avec le commentaire de Vidus Vidius, Paris, 1555, in-8°.

Gabriel. Fallopii posthum. Comment. a Pt. Angelo Agatho editus. Venet., 1566, in-4° et in Fallopii Opusc. trib. Venet. 1569, in 4°.

Hippocratis Coi de capitis vulneribus liber Latinitate do- 179 natus a Francisco Vertuniano. Ejusdem Fr. Vertuniani commentarius in eundem. Ejusdem Hippocratîs testas graecus a Josepho Scaligero Jul. Cœ. F. castigatus, cum ipsius Scali-eri castigationum suarum expectatione, Lutet. in offic. Rob. Stephani, 1578. In 8°.

Nic. Vincentii epist ad Steph. Naudisum ad dictata Jo. Martini in libr. Hipp. de vulnerïbus capit. Colon. 1578, in-8°.

Joannis Martini parisieneis doctoris medici ad Josephi Scaligeri ac Francisci Vertuniani pseudovincentiorum Epistolam responsio. Parisiis, 1578, in-8°.

Poenalium in Hipp. de cap. Vulner. Lugd., 1579, in-8°, nominat Cat bibl. Koenigsdorfer. Lips., 1790, p. 13 (Sed idetur mihi idem cum sequenti Porralio. Kühn.).

Cl. Porralii comment, in Hipp. de vul. cap. ex lect. Jul. Cas. Arantii, Lugd, 1579, in-8°. — Brevis comm. cum annoaât, margin. Claud. Porral. Lugd., 1580, in-8°. — Le même, Lugd. Bat., 1639, in-12.

Andr. Doerer diss. μφισβτησις ατρικ περὶ τῶν ἐν κεφαλ τρωμάτων Ἱπποκράτους, Bas., 1589, in-4°. Riv.

Hippocrates van de wonden in t'hoofd, door P. Hazardus, Antverp., 1595, in-8°. — Amst., 1634, ίn-8°.

Hippol. Parmae praxis chirurg., in qua et Hippocr. libellus de vul. capit. comment, illustratur, Venet., 1608, in-8°.

νάλυσις ξηγητική primi membri libri Περὶ τῶν ἐν κεφαλ τρωμάτων Hippocratîs in capita ordinariae disputationis tributa quam praeside Joach. Tanckio, M. G. Feignis, M. Andr. Emmen, M. Jo. Koglerus defendere conabuntur, die 22 M. Aprilis, anno 1602, Lipsiœ, in-4°.

180 Le livre du grand et divin Hippocrate des plaies de teste, thresor de chirurgie traduit du grec, corrigé et commenté par M. François Dissaudeau, Saumur, 1612, in-12. — Ackermann (dans Kühn) l'appelle Dussaudeau, et indique une édition de Rouen, 1658.

Pt. Pawii succenturiatus anatomicus s. comment, in Hippocr. de vulner. cap. Lugd. Bat., 1616, in-4°

Hippocratis Coi chirurgia nunc primum graece restîtuta, latinitate donata, et commentariis illustrata a Steph. Manialdo M. Doct. Parisiis, 1619, in-8°.

Tractatus Jo. Bpt Cortesii de capitis vulneribus cum graeco Hippocratis textu, sed vitioso, Messan. 1632, in-4°.

Bernardini Falcinelli, commentario al libro delle ferite del capo, Fiorenz., 1693, in-8°.

Hippocrates von den Kopfwunden, aus dem Griech. von Ch. Gfr. Ca. Braune, Leipz., 1785, in-8°.

Doctrine des anciens sur les plaies de tête, extraite des livres d'Hippocrate, thèse de la Faculté de médecine de Paris, par C. M. Joliet Paris, 1811.

 

1) Ἔχει δ αφς, τν μν γυναικν μαν κύκλῳ· τν δ' νδρν τρες ες ἓν συναπτούσας ς πιτοπολύ. De hist. animalium, 1,7.

(2) κ, τούτου γρ το σημεου ν τος τάφοις τ τν νδρν κα γυναικν διακρίνεται κρανία. De fabrica hominis, p. 55, J.-A. Cramer, Anecdota grœca, t. 5, Oxonii, 1836.

 

ΠΕΡΙ ΤΩΝ ΕΝ ΚΕΦΑΛΗι ΤΡΩΜΑΤΩΝ.

1. Τῶν ἀνθρώπων αἱ κεφαλαὶ οὐδὲν ὁμοίως σφίσιν αὐταῖς, οὐδὲ αἱ ῥαφαὶ τῆς κεφαλῆς πάντων κατὰ ταὐτὰ πεφύκασιν. Ἀλλ´ ὅστις μὲν ἔχει ἐκ τοῦ ἔμπροσθεν τῆς κεφαλῆς προβολὴν (ἡ δὲ προβολή ἐστι τὸ τοῦ ὀστέου ἐξέχον στρογγύλον παρὰ τὸ ἄλλο), τουτέου εἰσὶν αἱ ῥαφαὶ πεφυκυῖαι ἐν τῇ κεφαλῇ, ὡς γράμμα τὸ ταῦ, Τ, γράφεται· τὴν μὲν γὰρ βραχυτέρην γραμμὴν ἔχει πρὸ τῆς προβολῆς ἐπικαρσίην πεφυκυῖαν· τὴν δ´ ἑτέρην γραμμὴν ἔχει διὰ μέσης τῆς κεφαλῆς κατὰ μῆκος πεφυκυῖαν ἐς τὸν τράχηλον αἰεί. Ὅστις δ´ ὄπισθεν τῆς κεφαλῆς τὴν προβολὴν ἔχει, αἱ ῥαφαὶ τουτέῳ πεφύκασι τἀναντία ἢ τῷ προτέρῳ· ἡ μὲν γὰρ βραχυτέρη γραμμὴ πρὸ τῆς προβολῆς πέφυκεν ἐπικαρσίη· ἡ δὲ μακροτέρη διὰ μέσης τῆς κεφαλῆς πέφυκε κατὰ μῆκος ἐς τὸ μέτωπον αἰεί. Ὅστις δὲ ἀμφοτέρωθεν τῆς κεφαλῆς προβολὴν ἔχει, ἐκ τε τοῦ ἔμπροσθεν καὶ ἐκ τοῦ ὄπισθεν, τουτέῳ αἱ ῥαφαί εἰσιν ὁμοίως πεφυκυῖαι ὡς γράμμα τὸ ἦτα, #, γράφεται· πεφύκασι δὲ τῶν γραμμέων αἱ μὲν μακραὶ, πρὸ τῆς προβολῆς ἑκατέρης ἐπικάρσιαι πεφυκυῖαι· ἡ δὲ βραχείη διὰ μέσης τῆς κεφαλῆς κατὰ μῆκος πρὸς ἑκατέρην τελευτῶσα τὴν μακρὴν γραμμήν. Ὅστις δὲ μηδ´ ἑτέρωθι μηδεμίαν προβολὴν ἔχει, οὗτος ἔχει τὰς ῥαφὰς τῆς κεφαλῆς, ὡς γράμμα τὸ χῖ, Χ, γράφεται· πεφύκασι δὲ αἱ γραμμαὶ, ἡ μὲν ἑτέρη ἐπικαρσίη πρὸς τὸν κρόταφον ἀφίκουσα· ἡ δὲ ἑτέρη, κατὰ μῆκος διὰ μέσης τῆς κεφαλῆς. Δίπλοον δ´ ἐστὶ τὸ ὀστέον κατὰ μέσην τὴν κεφαλήν· σκληρότατον δὲ καὶ πυκνότατον αὐτέου πέφυκεν τό τε ἀνώτατον, ᾗ ἡ ὁμοχροίη τοῦ ὀστέου ἡ ὑπὸ τῇ σαρκὶ, καὶ τὸ κατώτατον τὸ πρὸς τῇ μήνιγγι, ᾗ ἡ ὁμοχροίη τοῦ ὀστέου ἡ κάτω· ἀποχωρέον δὲ ἀπὸ τοῦ ἀνωτάτου ὀστέου καὶ τοῦ κατωτάτου, ἀπὸ τῶν σκληροτάτων καὶ πυκνοτάτων ἐπὶ τὸ μαλθακώτερον καὶ ἧσσον πυκνὸν καὶ ἐπικοιλότερον ἐς τὴν διπλόην αἰεί. Ἡ δὲ διπλόη κοιλότατον καὶ μαλθακώτατον καὶ μάλιστα σηραγγῶδές ἐστιν. Ἔστι δὲ καὶ πᾶν τὸ ὀστέον τῆς κεφαλῆς, πλὴν κάρτα ὀλίγου τοῦ τε ἀνωτάτου καὶ τοῦ κατωτάτου, σπόγγῳ ὅμοιον· καὶ ἔχει τὸ ὀστέον ἐν ἑωυτῷ ὁκοῖα σαρκία πολλὰ καὶ ὑγρὰ, καὶ εἴ τις αὐτὰ διατρίβοι τοῖσι δακτύλοισιν, αἷμα ἂν διαγίγνοιτο ἐξ αὐτέων. Ἔνι δ´ ἐν τῷ ὀστέῳ καὶ φλέβια λεπτότερα καὶ κοιλότερα, αἵματος πλέα. Σκληρότητος μὲν οὖν καὶ μαλθακότητος καὶ κοιλότητος ὧδε ἔχει.

2. Παχύτητι δὲ καὶ λεπτότητι, ξυμπάσης τῆς κεφαλῆς τὸ ὀστέον λεπτότατόν ἐστιν καὶ ἀσθενέστατον τὸ κατὰ βρέγμα, καὶ σάρκα ὀλιγίστην καὶ λεπτοτάτην ἔχει ἐφ´ ἑωυτέῳ ταύτῃ τῆς κεφαλῆς τὸ ὀστέον, καὶ ὁ ἐγκέφαλος κατὰ τοῦτο τῆς κεφαλῆς πλεῖστος ὕπεστιν. Καὶ δὴ, ὅτι οὕτω ταῦτα ἔχει, τῶν τε τρωσίων καὶ τῶν βελέων ἴσων τε ἐόντων κατὰ μεγέθος, καὶ ἐλασσόνων, καὶ ὁμοίως τε τρωθεὶς καὶ ἧσσον, τὸ ὀστέον ταύτῃ τῆς κεφαλῆς φλᾶταί τε μᾶλλον καὶ ῥήγνυται, καὶ ἔσω ἐσφλᾶται, καὶ θανασιμώτερά ἐστι καὶ χαλεπώτερα ἰητρεύεσθαί τε καὶ ἐκφυγγάνειν τὸν θάνατον ταύτῃ ἤπου ἄλλοθι τῆς κεφαλῆς· ἐξίσων τε ἐόντων τῶν τρωμάτων καὶ ἡσσόνων, καὶ ὁμοίως τε τρωθεὶς καὶ ἧσσον, ἀποθνήσκει ὁ ἄνθρωπος, ὅταν καὶ ἄλλως μέλλῃ ἀποθανεῖσθαι ἐκ τοῦ τρώματος, ἐν ἐλάσσονι χρόνῳ ὁ ταύτῃ ἔχων τὸ τρῶμα τῆς κεφαλῆς, ἤπου ἄλλοθι. Ὁ γὰρ ἐγκέφαλος τάχιστά τε καὶ μάλιστα κατὰ τὸ βρέγμα αἰσθάνεται τῶν κακῶν τῶν γιγνομένων ἔν τε τῇ σαρκὶ καὶ τῷ ὀστέῳ· ὑπὸ λεπτοτάτῳ γὰρ ὀστέῳ ἐστὶ ταύτῃ ὁ ἐγκέφαλος καὶ ὀλιγίστῃ σαρκὶ, καὶ ὁ πλεῖστος ἐγκέφαλος ὑπὸ τῷ βρέγματι κεῖται. Τῶν δὲ ἄλλων τὸ κατὰ τοὺς κροτάφους ἀσθενέστατόν ἐστιν· ξυμβολή τε γὰρ τῆς κάτω γνάθου πρὸς τὸ κρανίον, καὶ κίνησις ἔνεστιν ἐν τῷ κροτάφῳ ἄνω καὶ κάτω ὥσπερ ἄρθρου· καὶ ἡ ἀκοὴ πλησίον γίγνεται αὐτέου, καὶ φλὲψ διὰ τοῦ κροτάφου τέταται κοίλη τε καὶ ἰσχυρή. Ἰσχυρότερον δ´ ἐστὶ τῆς κεφαλῆς τὸ ὀστέον ἅπαν τὸ ὄπισθεν τῆς κορυφῆς καὶ τῶν οὐάτων, ἢ ἅπαν τὸ πρόσθεν, καὶ σάρκα πλέονα καὶ βαθυτέρην ἐφ´ ἑωυτέῳ ἔχει τοῦτο τὸ ὀστέον. Καὶ δὴ, τουτέων οὕτως ἐχόντων ὑπὸ τῶν τε τρωσίων καὶ τῶν βελέων ἴσων ἐόντων καὶ ὁμοίων, καὶ μεζόνων, καὶ ὁμοίως τιτρωσκόμενος καὶ μᾶλλον, ταύτῃ τῆς κεφαλῆς τὸ ὀστέον ἧσσον ῥήγνυται καὶ φλᾶται ἔσω· κἢν μέλλῃ ὥνθρωπος ἀποθνήσκειν καὶ ἄλλως ἐκ τοῦ τρώματος, ἐν τῷ ὄπισθεν τῆς κεφαλῆς ἔχων τὸ τρῶμα, ἐν πλέονι χρόνῳ ἀποθανεῖται· ἐν πλέονι γὰρ χρόνῳ τὸ ὀστέον ἐμπυΐσκεταί τε καὶ διαπυΐσκεται κάτω ἐπὶ τὸν ἐγκέφαλον διὰ τὴν παχύτητα τοῦ ὀστέου, καὶ ἐλάσσων ταύτῃ τῆς κεφαλῆς ὁ ἐγκέφαλος ὕπεστι, καὶ πλέονες ἐκφυγγάνουσι τὸν θάνατον τῶν ὄπισθεν τιτρωσκομένων τῆς κεφαλῆς ὡς ἐπιτοπολὺ, ἢ τῶν ἔμπροσθεν. Καὶ ἐν χειμῶνι πλέονα χρόνον ζῇ ὥνθρωπος ἢ ἐν θέρει, ὅστις καὶ ἄλλως μέλλει ἀποθανεῖσθαι ἐκ τοῦ τρώματος, ὁκουοῦν τῆς κεφαλῆς ἔχων τὸ τρῶμα.

3. Αἱ δὲ ἕδραι τῶν βελέων τῶν ὀξέων καὶ κουφοτέρων, αὐταὶ ἐπὶ σφῶν αὐτέων γινόμεναι ἐν τῷ ὀστέῳ, ἄνευ ῥωγμῆς τε καὶ φλάσιος, ἢ ἔσω ἐσφλάσιος (αὗται δὲ γίνονται ὁμοίως ἔν τε τῷ ἔμπροσθεν τῆς κεφαλῆς, καὶ ἐν τῷ ὄπισθεν), ἐκ τουτέων ὁ θάνατος οὐ γίνεται κατά γε δίκην, οὐδ´ ἢν γένηται. Ῥαφὴ δὲ ἐν ἕλκει φανεῖσα, ὀστέου ψιλωθέντος, πανταχοῦ τῆς κεφαλῆς τοῦ ἕλκεος γενομένου, ἀσθενέστατον γίγνεται τῇ τρώσει καὶ τῷ βέλει ἀντέχειν, εἰ τύχοι τὸ βέλος ἐς αὐτὴν τὴν ῥαφὴν στηριχθέν· πάντων δὲ μάλιστα ἐν τῷ βρέγματι γενόμενον κατὰ τὸ ἀσθενέστατον τῆς κεφαλῆς, καὶ αἱ ῥαφαὶ εἰ τύχοιεν ἐοῦσαι περὶ τὸ ἕλκος, καὶ τὸ βέλος αὐτέων τύχοι τῶν ῥαφῶν.

 

DES PLAIES DE TÊTE.

1. Les têtes des hommes ne sont nullement semblables entre elles; et les sutures de la tête n'ont pas chez tous la même disposition. Celui qui a une proéminence antérieure de la tête (j'appelle proéminence la partie arrondie de l'os qui fait saillie au delà du reste), celui-là présente les sutures du crâne disposées comme la lettre tau, Τ ; en effet la ligne la plus courte est transversale à la proéminence ; l'autre, traversant le milieu de la tête, s'étend longitudinalement jusqu'au col. Chez celui qui a la proéminence à la partie postérieure de la tête, la disposition des sutures est inverse de celle du cas précédent ; car la ligne la plus courte est transversale à la proéminence, tandis que la plus longue, traversant le milieu de la tête, s'étend dans une direction longitudinale jusqu'au front. Celui qui a une proéminence de la tête dans les deux sens, en avant et en arrière, celui-là a les sutures disposées comme la lettre êta, H ; des lignes, les deux longues sont transversales à l'une et à l'autre proéminence, la courte traverse longitudinalement le milieu de la tête, et va se terminer aux lignes longues. Celui qui n'a de proéminence ni dans un sens ni dans l'autre, celui-là a les sutures disposées comme la lettre chi, X ; des lignes, l'une va obliquement se rendre à la tempe, l'autre traverse longitudinalement le milieu de la tête. L'os est double au milieu de la tête ; les portions les plus dures et les plus denses sont la table supérieure, par où la surface osseuse est contiguë à la chair, et la table inférieure, par où la surface osseuse est contiguë à la méninge. A mesure qu'on s'éloigne des tables supérieure et inférieure, on s'avance, à partir des portions les plus dures et les plus denses, vers des portions plus molles, moins denses et plus creuses, jusqu'à ce qu'on arrive au diploé, qui est ce qu'il y a de plus creux, de plus mou, et de plus celluleux. Tout le crâne, à part une très petite partie, à savoir la table supérieure et l'inférieure, est semblable à une éponge ; et il renferme, dans son intérieur, des espèces de caroncules abondantes et humides, qui, si on les écrase entre les doigts, donnent du sang. Il y a aussi dans l'os des vénules plus ténues, plus creuses, pleines de sang. Tel est l'état du crâne pour la dureté, la mollesse, et la cellulosité.

2. Quant au plus ou moins d'épaisseur, la région la plus mince et la plus faible de toute la tête est le sinciput ; c'est en ce point que l'os a au-dessus de lui le moins de chair et la moins épaisse, et au-dessous de lui la masse la plus considérable de l'encéphale. Aussi, d'une telle disposition il résulte que, les plaies et les instruments vulnérants étant égaux en grandeur ou moindres, et les conditions de la blessure étant semblables ou plus favorables, l'os est, en cet endroit, plus contus, plus fracturé, plus enfoncé, la lésion y est plus dangereuse, plus difficile à traiter, et laisse moins de chances d'échapper à la mort, qu'en tout autre point de la tête; et avec une plaie égale ou moindre, et des conditions semblables ou plus favorables, le blessé, dans les cas où du reste il doit succomber, meurt d'une blessure siégeant en cette région, plus tôt que d'une blessure siégeant ailleurs. Car le sinciput est le lieu où le cerveau se ressent le plus vite et le plus fortement des lésions qu'ont reçues la chair et le crâne, puisque c'est là que l'os est le plus mince, et la masse encéphalique la plus considérable. La région qui est ensuite la plus faible est celle des tempes; là se trouve la jonction, avec le crâne, de la mâchoire inférieure, qui y jouit d'un mouvement en haut et en bas comme une articulation ; là aussi l'ouïe est dans le voisinage, et d'un bout à l'autre de la région temporale s'étend une veine creuse et forte. La solidité est plus grande dans toute la portion située en arrière du sinciput et des oreilles, que dans toute la portion antérieure ; plus de chair et une chair plus épaisse y recouvre l'os. Aussi d'une telle disposition il résulte que, les plaies et les instruments vulnérants étant égaux et semblables ou plus grands, et les conditions de la blessure étant semblables ou plus défavorables, l'os, en cet endroit, est moins fracturé et moins contus ; et, si du reste le blessé doit succomber à sa blessure, celui qui l'a reçue à la partie postérieure de la tête, mourra dans un plus long intervalle de temps; car plus de temps est nécessaire pour que le pus remplisse l'os et pénètre en bas jusqu'au cerveau à cause de l'épaisseur ; une moindre masse de cerveau y est sous-jacente ; et généralement, dans les blessures de la région postérieure, un plus grand nombre échappent à la mort que dans les blessures de la partie antérieure. En hiver aussi, le blessé, si du reste il doit succomber à sa blessure, vit plus longtemps qu'en été, quelle que soit la région où il ait reçu le coup.

3. Quant aux hédras des armes aiguës et légères, lorsqu'elles sont seules dans l'os, sans fissure, contusion ni enfoncement ( et elles se font aussi bien dans le devant que dans le derrière de la tête), la mort n'en est pas le résultat naturel, même quand elle survient. Une suture se montrant dans une plaie où l'os est dénudé, quelle que soit la région où la plaie siège, la résistance à la blessure et à l'instrument vulnérant est au minimum si l'arme s'est fixée dans la suture même, surtout si, le coup ayant été porté au sinciput, endroit le plus faible de la tête, et les sutures se trouvant dans le voisinage de la plaie, l'instrument vulnérant les a atteintes elles-mêmes.

4. Τιτρώσκεται δὲ ὀστέον τὸ ἐν τῇ κεφαλῇ τοσούσδε τρόπους· τῶν δὲ τρόπων ἑκάστου πλέονες ἰδέαι γίγνονται τοῦ κατήγματος ἐν τῇ τρώσει. Ὀστέον ῥήγνυται τιτρωσκόμενον, καὶ τῷ περιέχοντι ὀστέῳ τὴν ῥωγμὴν, ἀνάγκη φλάσιν προσγίγνεσθαι, ἤνπερ ῥαγῇ· τῶν γὰρ βελέων ὅ τι περ ῥήγνυσι τὸ ὀστέον, τὸ αὐτὸ τοῦτο καὶ φλᾷ τὸ ὀστέον ἢ μᾶλλον, ἢ ἧσσον, αὐτό τε ἐν ᾧπερ καὶ ῥήγνυσι τὴν ῥωγμὴν, καὶ τὰ περιέχοντα ὀστέα τὴν ῥωγμήν· εἷς οὗτος τρόπος. Ἰδέαι δὲ ῥωγμέων παντοῖαι γίγνονται· καὶ γὰρ λεπτότεραί τε καὶ λεπταὶ πάνυ, ὥστε οὐ καταφανέες γίγνονται ἔστιν αἳ τῶν ῥωγμέων, οὔτε αὐτίκα μετὰ τὴν τρῶσιν, οὔτ´ ἐν τῇσιν ἡμέρῃσιν, ἐν ᾗσιν ἂν καὶ πλέον ὄφελος γένοιτο ἐκ τούτου τῷ ἀνθρώπῳ· αἱ δ´ αὖ παχύτεραί τε καὶ εὐρύτεραι ῥήγνυνται τῶν ῥωγμέων· ἔνιαι δὲ καὶ πάνυ εὐρέαι. Ἔστι δὲ αὐτέων καὶ αἳ μὲν ἐπὶ μακρότερον ῥήγνυνται, αἳ δὲ ἐπὶ βραχύτερον. Καὶ αἱ μὲν ἰθύτεραί τε καὶ ἰθεῖαι πάνυ, αἱ δὲ καμπυλώτεραί τε καὶ καμπύλαι· καὶ βαθύτεραί τε ἐς τὸ κάτω καὶ διὰ παντὸς τοῦ ὀστέου, καὶ ἧσσον βαθεῖαι ἐς τὸ κάτω, καὶ οὐ διὰ παντὸς τοῦ ὀστέου.

5. Φλασθείη δ´ ἂν τὸ ὀστέον μένον ἐν τῇ ἑωυτοῦ φύσει, καὶ ῥωγμὴ τῇ φλάσει οὐκ ἂν προσγένοιτο ἐν τῷ ὀστέῳ οὐδεμία· δεύτερος οὗτος τρόπος. Ἰδέαι δὲ τῆς φλάσιος πλείους γίγνονται· καὶ γὰρ μᾶλλόν τε καὶ ἧσσον φλᾶται, καὶ ἐς βαθύτερόν τε καὶ διὰ παντὸς τοῦ ὀστέου, καὶ ἧσσον ἐς βαθὺ, καὶ οὐ διὰ παντὸς τοῦ ὀστέου, καὶ ἐπὶ πλέον τε καὶ ἔλασσον μήκεός τε καὶ πλατύτητος. Ἀλλ´ οὐ τουτέων τῶν ἰδεῶν οὐδεμίαν ἐστὶν ἰδόντα τοῖσιν ὀφθαλμοῖσι γνῶναι, ὁκοίη τίς ἐστι τὴν ἰδέην, καὶ ὁκόση τις τὸ μέγεθος· οὐδὲ γὰρ εἰ πέφλασται, ἢ μὴ πέφλασται, ἐόντων πεφλασμένων καὶ τοῦ κακοῦ γεγενημένου, γίγνεται τοῖσιν ὀφθαλμοῖσι καταφανὲς ἰδεῖν αὐτίκα μετὰ τὴν τρῶσιν, ὥσπερ οὐδὲ τῶν ῥωγμέων ἔνιαι ἑκὰς ἐοῦσαι.

6. Καὶ ἐῤῥωγότος τοῦ ὀστέου, ἐσφλᾶται τὸ ὀστέον ἐκ τῆς φύσιος τῆς ἑωυτοῦ ἔσω σὺν ῥωγμῇσιν· ἄλλως γὰρ οὐκ ἂν ἐσφλασθείη· τὸ γὰρ ἐσφλώμενον, ἀποῤῥηγνύμενόν τε καὶ καταγνύμενον, ἐσφλᾶται ἔσω ἀπὸ τοῦ ἄλλου ὀστέου μένοντος ἐν τῇ φύσει τῇ ἑωυτοῦ· καὶ δὴ οὕτω ῥωγμὴ ἂν προσείη τῇ ἐσφλάσει· τρίτος οὗτος τρόπος. Ἐσφλᾶται δὲ τὸ ὀστέον πολλὰς ἰδέας· καὶ γὰρ ἐπὶ πλέον τοῦ ὀστέου καὶ ἐπ´ ἔλασσον, καὶ μᾶλλόν τε καὶ ἐς βαθύτερον κάτω, καὶ ἧσσον τε καὶ ἐπιπολαιότερον.

7. Καὶ ἕδρης γενομένης ἐν τῷ ὀστέῳ βέλεος, προσγένοιτο ἂν ῥωγμὴ τῇ ἑδραίῃ· καὶ φλάσιν προσγενέσθαι ἀναγκαῖόν ἐστιν, ἢ μᾶλλον, ἢ ἧσσον, ἤνπερ καὶ ῥωγμὴ προσγένηται, ἐνθάπερ ἡ ἕδρη ἐγένετο καὶ ἡ ῥωγμὴ, καὶ ἐν τῷ ὀστέῳ τῷ περιέχοντι τήν τε ἕδρην καὶ τὴν ῥωγμήν· τέταρτος οὗτος τρόπος. Καὶ ἕδρη μὲν ἂν γένοιτο, φλάσιν ἔχουσα τοῦ ὀστέου περὶ αὐτὴν, ῥωγμὴ δὲ οὐκ ἂν προσγένοιτο τῇ ἕδρῃ καὶ τῇ φλάσει ὑπὸ τοῦ βέλεος. Καὶ ἕδρη δὲ τοῦ βέλεος γίγνεται ἐν τῷ ὀστέῳ· ἕδρη δὲ καλέεται, ὅταν, μένον τὸ ὀστέον ἐν τῇ ἑωυτοῦ φύσει, τὸ βέλος στηρίξαν ἐς τὸ ὀστέον δῆλον ποιήσῃ ὅκου ἐστήριξεν. Ἐν δὲ τῷ τρόπῳ ἑκάστῳ πλέονες ἰδέαι γίγνονται· καὶ περὶ μὲν φλάσιός τε καὶ ῥωγμῆς, ἢν ἄμφω ταῦτα προσγένηται τῇ ἕδρῃ, καὶ ἢν φλάσις μούνη γένηται, ἤδη πέφρασται, ὅτι πολλαὶ ἰδέαι γίνονται καὶ τῆς φλάσιος καὶ τῆς ῥωγμῆς. Ἡ δὲ ἕδρη αὐτὴ ἐφ´ ἑωυτῆς γίνεται, μακροτέρη καὶ βραχυτέρη ἐοῦσα, καὶ καμπυλωτέρη, καὶ ἰθυτέρη, καὶ κυκλοτερής· καὶ πολλαὶ ἄλλαι ἰδέαι τοῦ τοιουτέου τρόπου, ὁκοῖον ἄν τι καὶ τὸ σχῆμα τοῦ βέλεος ᾖ· αὐταὶ δὲ καὶ βαθύτεραι τὸ κάτω καὶ μᾶλλον καὶ ἧσσον, καὶ στενότεραι, καὶ εὐρύτεραι, καὶ πάνυ εὐρέαι. Ἡ διακέκοπται διακοπὴ δ´, ὁκοσητισοῦν γιγνομένη μήκεός τε καὶ εὐρύτητος ἐν τῷ ὀστέῳ, ἕδρη ἐστὶν, ἢν τὰ ἄλλα ὀστέα τὰ περιέχοντα τὴν διακοπὴν μένῃ ἐν τῇ φύσει τῇ ἑωυτέων, καὶ μὴ ξυνεσφλᾶται τῇ διακοπῇ ἔσω ἐκ τῆς φύσιος τῆς ἑωυτέων· οὕτω δ´ ἔσφλασις ἂν εἴη, καὶ οὐκ ἔτι ἕδρη.

4. Le crâne peut être lésé d'après les modes suivants, chaque mode de lésion produite par le coup comprenant plusieurs espèces : l'os lésé se rompt, et nécessairement, s'il y a fracture, il y a contusion dans les portions avoisinantes; car tout instrument vulnérant qui produit la rupture du crâne, contond en même temps Vos plus ou moins, et dans le point fracturé, et dans les portions qui a voisinent la fracture. C'est là le premier mode. Les espèces en sont très diverses. Tantôt les fractures sont étroites et très étroites, au point que quelques-unes ne sont visibles ni immédiatement après la blessure, ni dans les jours où il serait le plus utile pour le blessé qu'elles le fussent ; tantôt elles ont plus d'écartement et de largeur ; quelques-unes en ont beaucoup. Les unes s'étendent davantage en longueur, les autres sont plus courtes. Les unes sont droites et très droites, les autres sont tortueuses et très tortueuses. Les unes sont profondes et comprennent toute l'épaisseur de l'os ; les autres sont moins profondes et ne le traversent pas tout entier.

5. L'os peut être contus, tout en conservant la continuité, et sans qu'aucune fissure se joigne à la contusion ; c'est là le second mode. Les espèces en sont multiples. En effet, la contusion est plus ou moins forte ; elle est profonde et traverse l'os dans toute son épaisseur ; elle est moins profonde et ne Je traverse pas tout entier ; elle s'étend plus ou moins en longueur et en largeur. Mais pour aucune de ces espèces il n'est possible de reconnaître par la vue, ni quelle en peut être la forme, ni quelle en peut être la grandeur, car, dans les cas où l'os est contus et la lésion produite, la vue est incapable de discerner, aussitôt après le coup reçu, s'il y a ou s'il n'y a pas contusion, pas plus qu'elle ne discerne certaines fractures situées loin de la plaie.

6. L'os, étant rompu, peut perdre sa position naturelle, et s'enfoncer en même temps qu'il se fracture ; car autrement il ne s'enfoncerait pas. La portion que le coup a rompue et détachée s'enfonce en dedans, tandis que le reste de l'os demeure dans sa position naturelle. De la sorte, la fracture est jointe à renfoncement. C'est là le troisième mode. Les espèces en sont nombreuses ; car l'os est enfoncé dans une plus ou moins grande étendue ; il l'est davantage et à une plus grande profondeur ; il l'est moins et il reste plus superficiel.

7. Une hédra ayant été faite dans l'os par l'instrument vulnérant, il peut s'y joindre une fracture ; et, dès lors qu'il y a une fracture, il y a nécessairement une contusion plus ou moins forte, et dans le point où se trouvent l'hédra et la fracture, et dans la portion d'os qui avoisine cette double lésion. C'est là le quatrième mode. Il peut arriver qu'il y ait hédra avec contusion de l'os, mais sans qu'aucune fracture complique l'hédra et la contusion produites par l'instrument vulnérant. Enfin il y a hédra de l'instrument vulnérant dans l'os ; on dit qu'il y a hédra, quand l'os conservant sa position naturelle, l'instrument vulnérant en s'enfonçant dans le crâne a marqué l'endroit où il s'est enfoncée Chaque genre d'hédra renferme plusieurs espèces. Quant à la contusion et à la fracture, soit que toutes deux compliquent l'hédra, soit que la contusion seule la complique, il a déjà été remarqué qu'il existe plusieurs espèces tant de la contusion que de la fracture ; mais l'hédra, considérée en elle-même, est ou plus longue, ou plus courte, ou plus tortueuse, ou plus droite, ou arrondie, présentant beaucoup d'autres variétés de ce genre suivant la forme de l'instrument vulnérant; elle pénètre aussi plus ou moins profondément, dans l'os, elle est étroite ou large, ou très large. L'entaille que fait un instrument vulnérant, quelles qu'en soient la longueur et la largeur dans l'os, est une hédra, si le reste dé l'os avoisinant conserve sa position naturelle, et n'est pas détaché et enfoncé en dedans par l'entaille; car alors il y aurait enfoncement, et non plus hédra.

8. Ὀστέον τιτρώσκεται ἄλλῃ τῆς κεφαλῆς, ἢ ᾗ τὸ ἕλκος ἔχει ὥνθρωπος, καὶ τὸ ὀστέον ἐψιλώθη τῆς σαρκός· πέμπτος οὗτος τρόπος. Καὶ ταύτην τὴν ξυμφορὴν, ὅταν γένηται, οὐκ ἂν ἔχοις ὠφελῆσαι οὐδέν. Οὐδὲ γὰρ, εἰ πέπονθε τὸ κακὸν τοῦτο, οὐκ ἔστιν ὅκως χρὴ αὐτὸν ἐξελέγξαντα εἰδέναι εἰ πέπονθε τὸ κακὸν τοῦτο ὥνθρωπος, οὐδ´ ὅκοι τῆς κεφαλῆς.

9. Τούτων τῶν τρόπων τῆς κατήξιος ἐς πρίσιν ἀφήκει, ἥ τε φλάσις ἡ ἀφανὴς ἰδεῖν, καὶ ἤν πως τύχῃ φανερὴ γενομένη, καὶ ἡ ῥωγμὴ ἡ ἀφανὴς ἰδεῖν, καὶ ἢν φανερὴ ᾖ. Καὶ ἢν, ἕδρης γενομένης τοῦ βέλεος ἐν τῷ ὀστέῳ, προσγένηται ῥωγμὴ καὶ φλάσις τῇ ἕδρῃ, καὶ ἢν φλάσις μοῦνον προσγένηται ἄνευ ῥωγμῆς τῇ ἕδρῃ, καὶ αὕτη ἐς πρίσιν ἀφήκει. Τὸ δ´ ἔσω ἐσφλώμενον ὀστέον ἐκ τῆς φύσιος τῆς ἑωυτοῦ, ὀλίγα τῶν πολλῶν πρίσιος προσδεῖται· καὶ τὰ μάλιστα ἐσφλασθέντα καὶ μάλιστα καταῤῥαγέντα, ταῦτα πρίσιος ἥκιστα κέχρηται· οὐδὲ ἕδρη αὐτὴ ἐφ´ ἑωυτῆς γενομένη ἄτερ ῥωγμῆς καὶ φλάσιος, οὐδὲ αὐτὴ πρίσιος δεῖται· οὐδ´ ἡ διακοπὴ, ἢν μεγάλη καὶ εὐρέη, οὐδ´ αὐτή· διακοπὴ γὰρ καὶ ἕδρη τωὐτόν ἐστιν.

10. Πρῶτον δὲ χρὴ τὸν τρωματίην σκοπεῖσθαι, ὅπη ἔχει τὸ τρῶμα τῆς κεφαλῆς, εἴτ´ ἐν τοῖσιν ἰσχυροτέροισιν, εἴτ´ ἐν τοῖσιν ἀσθενεστέροισι, καὶ τὰς τρίχας καταμανθάνειν τὰς περὶ τὸ ἕλκος, εἰ διακεκόφαται ὑπὸ τοῦ βέλεος, καὶ εἰ ἔσω ἤϊσαν ἐς τὸ τρῶμα· καὶ ἢν τοῦτο ᾖ, φάναι κινδυνεύειν τὸ ὀστέον ψιλὸν εἶναι τῆς σαρκὸς, καὶ ἔχειν τι σίνος τὸ ὀστέον ὑπὸ τοῦ βέλεος. Ταῦτα μὲν οὖν χρὴ ἀπόπροσθεν σκεψάμενον λέξαι, μὴ ἁπτόμενον τοῦ ἀνθρώπου· ἁπτόμενον δ´ ἤδη πειρᾶσθαι εἰδέναι σάφα, εἴ ἐστι ψιλὸν τὸ ὀστέον τῆς σαρκὸς, ἢ οὔ· καὶ ἢν μὲν καταφανὲς ᾖ τοῖσιν ὀφθαλμοῖσι τὸ ὀστέον ψιλόν· εἰ δὲ μὴ, τῇ μήλῃ σκέπτεσθαι. Καὶ ἢν μὲν εὕρῃς ψιλὸν ἐὸν τὸ ὀστέον τῆς σαρκὸς, καὶ μὴ ὑγιὲς ἀπὸ τοῦ τρώματος, χρὴ τοῦ ἐν τῷ ὀστέῳ ἐόντος τὴν διάγνωσιν πρῶτα ποιέεσθαι, ὁρέοντα ὅσον τέ ἐστι τὸ κακὸν, καὶ τίνος δεῖται ἔργου. Χρὴ δὲ καὶ ἐρωτᾷν τὸν τετρωμένον, ὅκως ἔπαθε καὶ τίνα τρόπον. Ἢν δὲ μὴ καταφανὲς ᾖ τὸ ὀστέον, εἰ ἔχει τι κακὸν ἢ μὴ ἔχει, πολλῷ ἔτι χρὴ μᾶλλον τὴν ἐρώτησιν ποιέεσθαι, ψιλοῦ ἐόντος τοῦ ὀστέου, τὸ τρῶμα ὅκως ἐγένετο, καὶ ὅντινα τρόπον· τὰς γὰρ φλάσιας καὶ τὰς ῥωγμὰς τὰς οὐ φαινομένας ἐν τῷ ὀστέῳ, ἐνεούσας δὲ, ἐκ τῆς ὑποκρίσιος τοῦ τετρωμένου πρῶτον διαγινώσκειν πειρῆσθαι, εἴ τι πέπονθε τουτέων τὸ ὀστέον ἢ οὐ πέπονθεν, ἔπειτα δὲ καὶ λόγῳ καὶ ἔργῳ ἐξελέγχειν πλὴν μηλώσιος. Μήλωσις γὰρ οὐκ ἐξελέγχει, εἰ πέπονθέ τι τουτέων τῶν κακῶν τὸ ὀστέον, καὶ εἴ τι ἔχει ἐν ἑωυτέῳ, ἢ οὐ πέπονθεν· ἀλλ´ ἕδρην τε τοῦ βέλεος ἐξελέγχει μήλωσις, καὶ ἢν ἐμφλασθῇ τὸ ὀστέον ἔσω ἐκ τῆς φύσιος τῆς ἑωυτέου, καὶ ἢν ἰσχυρῶς ῥαγῇ τὸ ὀστέον, ἅπερ καὶ τοῖσιν ὀφθαλμοῖσι καταφανέα ἐστὶν ὁρῶντα γιγνώσκειν.

11. Ῥήγνυται δὲ τὸ ὀστέον τάς τε ἀφανέας ῥωγμὰς καὶ τὰς φανερὰς, καὶ φλᾶται τὰς ἀφανέας φλάσιας, καὶ ἐσφλᾶται ἔσω ἐκ τῆς φύσιος τῆς ἑωυτέου, μάλιστα ὅταν ἕτερος ὑφ´ ἑτέρου τιτρωσκόμενος ἐπίτηδες τρωθῇ, ἢ ὁκόταν, ἐπίτηδες τρῶσαι βουλόμενος ἢ ἀέκων, ἐξ ὑψηλοτέρου γίγνηται ἡ βολὴ ἢ ἡ πληγὴ, ὁκοτέρη ἂν ᾖ μᾶλλον, ἢ ὅταν ἐξ ἰσοπέδου τοῦ χωρίου, καὶ ἢν περικρατέῃ τῇ χειρὶ τὸ βέλος, ἤν τε βάλλῃ, ἤν τε τύπτῃ, καὶ ἰσχυρότερος ἐὼν ἀσθενέστερον τιτρώσκῃ. Ὅσοι δὲ πίπτοντες τιτρώσκονται πρός τε τὸ ὀστέον καὶ αὐτὸ τὸ ὀστέον, ὁ ἀπὸ ὑψηλοτάτου πίπτων καὶ ἐπὶ σκληρότατον καὶ ἀμβλύτατον, τουτέῳ κίνδυνος τὸ ὀστέον ῥαγῆναι καὶ φλασθῆναι, καὶ ἔσω ἐσφλασθῆναι ἐκ τῆς φύσιος τῆς ἑωυτέου· τῷ δ´ ἐξ ἰσοπέδου μᾶλλον χωρίου πίπτοντι καὶ ἐπὶ μαλθακώτερον, ἧσσον ταῦτα πάσχει τὸ ὀστέον, ἢ οὐκ ἂν πάθοι. Ὅσα δὲ ἐσπίπτοντα ἐς τὴν κεφαλὴν βέλεα τιτρώσκει πρὸς τὸ ὀστέον καὶ αὐτὸ τὸ ὀστέον, τὸ ἀπὸ ὑψηλοτάτου ἐμπεσὸν καὶ ἥκιστα ἐξ ἰσοπέδου, καὶ σκληρότατόν τε ἅμα καὶ ἀμβλύτατον καὶ βαρύτατον, καὶ ἥκιστα κοῦφον καὶ ἥκιστα ὀξὺ καὶ μαλθακὸν, τοῦτο ἂν ῥήξειε τὸ ὀστέον καὶ φλάσειεν. Καὶ μάλιστά γε ταῦτα πάσχειν τὸ ὀστέον κίνδυνος, ὅταν ταῦτά τε γίνηται, καὶ ἐς ἰθὺ τρωθῇ, καὶ κατ´ ἀντίον γένηται τὸ ὀστέον τοῦ βέλεος, ἤν τε πληγῇ ἐκ χειρὸς, ἤν τε βληθῇ, ἤν τέ τι ἐμπέσῃ αὐτέῳ, καὶ ἢν αὐτὸς καταπεσὼν τρωθῇ, καὶ ὁκωσοῦν τρωθεὶς κατ´ ἀντίον γενομένου τοῦ ὀστέου τῷ βέλει. Τὰ δ´ ἐς πλάγιον τοῦ ὀστέου παρασύραντα βέλεα ἧσσον καὶ ῥήγνυσι τὸ ὀστέον, καὶ φλᾷ, καὶ ἔσω ἐσφλᾷ, κἢν ψιλωθῇ τὸ ὀστέον τῆς σαρκός· ἔνια γὰρ τῶν τρωμάτων τῶν οὕτω τρωθέντων οὐδὲ ψιλοῦται τὸ ὀστέον τῆς σαρκός. Τῶν δὲ βελέων ῥήγνυσι μάλιστα τὸ ὀστέον τάς τε φανερὰς ῥωγμὰς καὶ τὰς ἀφανέας, καὶ φλᾶται καὶ ἐσφλᾷ ἔσω ἐκ τῆς φύσιος τῆς ἑωυτέου τὸ ὀστέον, τὰ στρογγύλα τε καὶ περιφερέα, καὶ ἀρτίστομα, ἀμβλέα τε ἐόντα καὶ βαρέα καὶ σκληρά· καὶ τὴν σάρκα ταῦτα φλᾶται, καὶ πέπειρον ποιέει, καὶ κόπτει· καὶ τὰ ἕλκεα γίνεται ὑπὸ τῶν τοιουτέων βελέων, ἔς τε πλάγιον καὶ ἐν κύκλῳ, ὑπόκοιλα, καὶ διάπυά τε μᾶλλον γίγνεται, καὶ ὑγρά ἐστι, καὶ ἐπὶ πλέονα χρόνον καθαίρεται· ἀνάγκη γὰρ τὰς σάρκας τὰς φλασθείσας καὶ κοπείσας πῦον γενομένας ἐκτακῆναι. Τὰ δὲ βέλεα τὰ προμήκεα, ἐπιπολὺ λεπτὰ ἐόντα καὶ ὀξέα καὶ κοῦφα, τήν τε σάρκα διατάμνει μᾶλλον ἢ φλᾷ, καὶ τὸ ὀστέον ὡσαύτως· καὶ ἕδρην μὲν ἐμποιέει αὐτὸ καὶ διακόψαν (διακοπὴ γὰρ καὶ ἕδρη τωὐτόν ἐστι), φλᾷ δὲ οὐ μάλα τὸ ὀστέον τὰ τοιαῦτα βέλεα, οὐδὲ ῥήγνυσιν, οὐδ´ ἐκ τῆς φύσιος ἔσω ἐσφλᾷ. Ἀλλὰ χρὴ πρὸς τῇ ὄψει τῇ ἑωυτέου, ὅ τι ἄν σοι φαίνηται ἐν τῷ ὀστέῳ, καὶ ἐρώτησιν ποιέεσθαι πάντων τουτέων τοῦ γὰρ μᾶλλόν τε καὶ ἧσσον τρωθέντος ταῦτ´ ἐστὶ σημήϊα), καὶ ἢν ὁ τρωθεὶς καρωθῇ, καὶ σκότος περιχυθῇ, καὶ δῖνος ἔχῃ, καὶ πέσῃ.

8. L'os peut être lésé en un autre point que celui où le blessé a la plaie et où le crâne a été dénudé de la chair. C'est là le cinquième mode. Cet accident, quand il arrive, n'est susceptible d'aucun secours ; car, dans le cas même où cette lésion existe, il n'est possible de reconnaître par aucune recherche  ni si le blessé a éprouvé cet accident, ni en quel point du crâne.

9. Parmi ces modes de lésion, ceux auxquels le trépan s'applique, sont : la contusion, soit non apparente, soit visible, et la fracture, soit non apparente, soit apparente. De même encore, si, une hédra ayant été produite dans l'os par l'instrument vulnérant, il s'y joint fracture et contusion, ou contusion seulement sans fracture, ce cas réclame le trépan. Mais, quand l'os, arraché de sa position naturelle, est enfoncé, peu dans le nombre de ces cas réclament le trépan, et plus les os sont enfoncés et rompus, moins le trépan est nécessaire. L'hédra, prise en elle-même, sans fracture ni contusion, n'a pas, non plus, besoin de cette opération, ni l'entaille, non plus, si elle est grande et large ; car l'entaille et l'hédra sont la même chose.

10. D'abord il faut examiner le blessé, voir en quel point de la tête est la blessure, si elle est dans les parties les plus fortes ou dans les parties les plus faibles, et considérer comment sont les cheveux autour de la plaie, si l'instrument vulnérant les a coupés, et s'ils sont entrés dans la plaie. Dans le cas où il en sera ainsi, on dira que l'os court risque d'avoir été dénudé de la chair et d'avoir éprouvé quelque lésion par l'instrument vulnérant. Ces observations, on les fera à distance, et on les énoncera sans toucher le blessé ; puis, portant la main sur lui, on essaiera de reconnaître positivement si l'os est ou non dénudé de la chair. L'os est-il accessible à la vue, cela est facile ; sinon, on fera des recherches avec la sonde. Trouve-t-on l'os dénudé, de la chair et lésé par le coup, on diagnostiquera d'abord l'état de l'os, en examinant et quelle est la grandeur du mal, et quelle opération il exige. On demandera aussi au blessé, de quel instrument il a reçu la blessure et de quelle façon. Dans le cas où l'on ne discernerait pas si l'os a ou n'a pas souffert, à plus forte raison, interrogera-t-on le malade, le crâne étant dénudé, pour savoir par quel instrument s'est laite la blessure, et de quelle façon ; car, lorsqu'il s'agit de contusions et de fractures qui ne paraissent pas dans l'os, mais qui existent cependant, c'est par la réponse du blessé qu'on essaie d'abord de diagnostiquer si l'os a ou n'a pas éprouvé quelqu'une de ces lésions. Puis on en viendra aux preuves de raisonnement et de fait, excepté l'emploi de la sonde ; la sonde en effet n'apprend pas si l'os a subi quelqu'un de ces accidents, et s'il porte en lui quelque atteinte, ou s'il n'a pas souffert, mais elle enseigne si l'instrument vulnérant a produit une hédra, comme elle enseigne si l'os détaché de sa position, naturelle a été enfoncé, et s'il a été violemment fracturé, désordres qui d'ailleurs sont reconnaissables à la vue d'une manière manifeste.

11. Les fractures apparentes et non apparentes, les contusions apparentes et non apparentes, les enfoncements de l'os déplacé de sa position, se produisent surtout quand un individu étant blessé par un autre, la blessure est faite à dessein, ou quand, porté exprès ou involontairement, le coup, qu'il soit de main ou de jet, arrive d'un lieu élevé, ou quand, porté de plain pied, il l'est par un homme tout à fait maître de l'instrument vulnérant qu'il manie, et frappant soit de main, soit de jet, ou quand un plus fort en blesse un plus faible. Si c'est dans une chute que les parties voisines et l'os lui-même sont lésés, plus on tombe de haut et sur un corps dur et obtus, plus il y a danger que le crâne soit fracturé, ou contus, ou enfoncé; celui qui tombe sur un terrain moins inégal et sur un corps plus mou, éprouve de moins graves lésions ou n'en éprouve pas du tout. Si c'est l'instrument vulnérant qui, tombant sur la tête, blesse les parties voisines et l'os lui-même, c'est l'instrument tombant du plus haut et non de plain-pied, l'instrument le plus dur, le plus obtus, le plus pesant, le moins léger, le moins aigu, le moins mou, qui fracturera l'os et le contondra. Ces accidents sont surtout à craindre pour le crâne, quand, dans ces sortes de blessures, le coup est direct et que l'os a été frappé perpendiculairement, soit que l'instrument vulnérant ait été tenu à la main, soit qu'il ait été lancé, soit qu'il soit tombé sur la tête, soit que le patient se soit blessé lui-même en tombant, quel que soit en un mot le mode de la blessure, pourvu que l'instrument vulnérant ait agi perpendiculairement sur l'os. Au contraire, les instruments vulnérants qui effleurent l'os obliquement, sont moins aptes à fracturer, à contondre, à enfoncer l'os, quand même ils le dénuderaient; car quelques-unes des blessures opérées ainsi, ne mettent pas même l'os à nu. Quant à la nature des instruments vulnérants, ceux qui produisent surtout, soit les fractures apparentes et non apparentes, soit les contusions, soit les enfoncements de l'os hors de sa position naturelle, sont les instruments ronds, en forme de boule, mousses, obtus, et étant en même temps lourds et durs ; ils contondent les chairs, ils les meurtrissent, ils les broient. Les plaies qui résultent de cette espèce d'instruments, soit allongées, soit arrondies, deviennent creuses, elles suppurent davantage, elles sont humides, et elles mettent plus de temps à se modifier; car il faut que les chairs contuses et broyées deviennent du pus et se fondent. Les instruments vulnérants, allongés, étant généralement minces, aigus et légers, coupent les chairs plus qu'ils ne les contondent ; il en est de même pour l'os ; ils y font, il est vrai, une hédra par leur tranchant ( l'entaille et l'hédra, c'est la même chose), mais ils ne sont guère propres à le contondre, à le fracturer ou à l'enfoncer. Outre l'examen que vous ferez par vous-même, quelque aspect que vous présente l'os, vous vous informerez de toutes ces circonstances ( car ce sont autant de signes du plus ou moins de gravité de la blessure), comme vous vous informerez si le blessé a été étourdi par le coup, si des ténèbres se sont répandues autour de lui, s'il a été pris de vertiges, s'il est tombé.

12. Ὅταν δὲ τύχῃ ψιλωθὲν τὸ ὀστέον τῆς σαρκὸς ὑπὸ τοῦ βέλεος, καὶ τύχῃ· κατ´ αὐτὰς τὰς ῥαφὰς γενόμενον τὸ ἕλκος, χαλεπὸν γίγνεται καὶ τὴν ἕδρην τοῦ βέλεος φράσασθαι τὴν ἐν τῷ ἄλλῳ ὀστέῳ φανερὴν γιγνομένην, εἴτ´ ἔνεστιν ἐν τῷ ὀστέῳ, εἴτε μὴ ἔνεστιν, καὶ ἢν τύχῃ γενομένη ἡ ἕδρη ἐν αὐτέῃσι τῇσι ῥαφῇσιν. Ξυγκλέπτεται γὰρ αὐτὴ ἡ ῥαφὴ τρηχυτέρη ἐοῦσα τοῦ ἄλλου ὀστέου, καὶ οὐ διάδηλον ὅ τι τε αὐτοῦ ῥαφή ἐστιν, καὶ ὅ τι τοῦ βέλεος ἕδρη, ἢν μὴ κάρτα μεγάλη γένηται ἡ ἕδρη. Προσγίνεται δὲ καὶ ῥῆξις τῇ ἕδρῃ ὡς ἐπὶ τὸ πουλὺ, τῇ ἐν τῇσι ῥαφῇσι γιγνομένῃ, καὶ γίνεται καὶ αὐτὴ ἡ ῥήξις χαλεπωτέρη φράσασθαι, ἐῤῥωγότος τοῦ ὀστέου, διὰ τοῦτο, ὅτι κατ´ αὐτὴν τὴν ῥαφὴν ἡ ῥῆξις γίνεται ἢν ῥηγνύηται, ὡς ἐπὶ τὸ πουλύ. Ἕτοιμον γὰρ ταύτῃ ῥήγνυσθαι τὸ ὀστέον καὶ διαχαλᾷν, διὰ τὴν ἀσθενείην τῆς φύσιος τοῦ ὀστέου ταύτῃ καὶ διὰ τὴν ἀραιότητα, καὶ δὴ ἅτε τῆς ῥαφῆς ἑτοίμης ἐούσης ῥήγνυσθαι καὶ διαχαλᾷν· τὰ δ´ ἄλλα ὀστέα, τὰ περιέχοντα τὴν ῥαφὴν, μένει ἀῤῥαγέα, ὅτι ἰσχυρότερά ἐστι τῆς ῥαφῆς. Ἡ δὲ ῥῆξις ἡ κατὰ τὴν ῥαφὴν γινομένη καὶ διαχάλασίς ἐστι τῆς ῥαφῆς, καὶ φράσασθαι οὐκ εὐμαρὴς, οὔτε ἢν ὑπὸ ἕδρης τοῦ βέλεος γενομένης ἐν τῇ ῥαφῇ ῥαγῇ καὶ διαχαλάσῃ, οὔτε ἢν, φλασθέντος τοῦ ὀστέου κατὰ τὰς ῥαφὰς, ῥαγῇ καὶ διαχαλάσῃ· ἀλλ´ ἔτι χαλεπώτερον φράσασθαι τὴν ἀπὸ τῆς φλάσιος ῥωγμήν. Ξυγκλέπτουσι γὰρ τὴν γνώμην καὶ τὴν ὄψιν τοῦ ἰητροῦ αὗται αἱ ῥαφαὶ ῥωγμοειδέες φαινόμεναι, καὶ τρηχύτεραι ἐοῦσαι τοῦ ἄλλου ὀστέου, ὅτι μὴ ἰσχυρῶς διεκόπη, καὶ διεχάλασεν· διακοπὴ δὲ καὶ ἕδρη τωὐτόν ἐστιν. Ἀλλὰ χρὴ, εἰ κατὰ τὰς ῥαφὰς τὸ τρῶμα γένοιτο καὶ πρός γε τὸ ὀστέον καὶ ἐς τὸ ὀστέον στηρίξειε τὸ βέλος, προσέχοντα τὸν νόον, ἀνευρίσκειν ὅ τι πέπονθε τὸ ὀστέον. Ἀπὸ γὰρ ἴσων τε βελέων τὸ μέγεθος καὶ ὁμοίων, καὶ πολλὸν ἐλασσόνων, καὶ ὁμοίως τρωθεὶς καὶ πολὺ ἧσσον, πολλῷ μέζον ἐκτήσατο τὸ κακὸν ἐν τῷ ὀστέῳ ὁ ἐς τὰς ῥαφὰς δεξάμενος τὸ βέλος, ἢ ὁ μὴ ἐς τὰς ῥαφὰς δεξάμενος. Καὶ τουτέων τὰ πολλὰ πρίεσθαι δεῖ· ἀλλ´ οὐ χρὴ αὐτὰς τὰς ῥαφὰς πρίειν, ἀλλ´ ἀποχωρήσαντα ἐν τῷ πλησίον ὀστέῳ τὴν πρίσιν ποιέεσθαι, ἢν πρίῃς.

13. Περὶ δὲ ἰήσιος τρωσίων τῶν ἐν τῇ κεφαλῇ, καὶ ὡς χρὴ ἐξελέγχειν τὰς πάθας τὰς ἐν τῷ ὀστέῳ γινομένας τὰς μὴ φανερὰς, ὧδέ μοι δοκέει. Ἕλκος ἐν τῇ κεφαλῇ οὐ χρὴ τέγγειν οὐδενὶ, οὐδὲ οἴνῳ, ἀλλ´ ὡς ἥκιστα· οὐδὲ καταπλάσσειν, οὐδὲ μοτῷ τὴν ἴησιν ποιέεσθαι, οὐδ´ ἐπιδεῖν χρὴ ἕλκος ἐν κεφαλῇ, ἢν μὴ ἐν τῷ μετώπῳ ᾖ τὸ ἕλκος, ἐν τῷ ψιλῷ τῶν τριχῶν, ἢ περὶ τὴν ὀφρὺν καὶ τὸν ὀφθαλμόν. Ἐνταῦθα δὲ γινόμενα τὰ ἕλκεα καταπλάσιος καὶ ἐπιδέσιος μᾶλλον κέχρηται ἤ κου ἄλλοθι τῆς κεφαλῆς τῆς ἄλλης. Περιέχει γὰρ ἡ κεφαλὴ ἡ ἄλλη τὸ μέτωπον πᾶν· ἐκ δὲ τῶν περιεχόντων τὰ ἕλκεα, καὶ ἐν ὅτῳ ἂν ᾖ τὰ ἕλκεα, φλεγμαίνει καὶ ἐπανοιδίσκεται δι´ αἵματος ἐπιῤῥοήν. Χρὴ δὲ οὐδὲ τὰ ἐν τῷ μετώπῳ διὰ παντὸς τοῦ χρόνου καταπλάσσειν καὶ ἐπιδεῖν, ἀλλ´ ἐπειδὰν παύσηται φλεγμαίνοντα, καὶ τὸ οἴδημα καταστῇ, παύσασθαι καταπλάσσοντα καὶ ἐπιδέοντα. Ἐν δὲ τῇ ἄλλῃ κεφαλῇ ἕλκος οὔτε μοτοῦν χρὴ, οὔτε καταπλάσσειν, οὔτ´ ἐπιδεῖν, εἰ μὴ καὶ τομῆς δέοιτο. Τάμνειν δὲ χρὴ τῶν ἑλκέων τῶν ἐν τῇ κεφαλῇ γινομένων, καὶ ἐν τῷ μετώπῳ, ὅκου ἂν τὸ μὲν ὀστέον ψιλὸν ᾖ τῆς σαρκὸς, καὶ δοκέῃ τι σίνος ἔχειν ὑπὸ τοῦ βέλεος, τὰ ἕλκεα μὴ ἱκανὰ τὸ μέγεθος τοῦ μήκεος καὶ τῆς εὐρύτητος ἐς τὴν σκέψιν τοῦ ὀστέου, εἴ τι πέπονθεν ὑπὸ τοῦ βέλεος κακὸν, καὶ ὁκοῖόν τι πέπονθε, καὶ ὅσον μὲν ἡ σὰρξ πέφλασται, καὶ τὸ ὀστέον ἔχει τὸ σίνος, καὶ δ´ αὖ εἰ ἀσινές τέ ἐστι τὸ ὀστέον ὑπὸ τοῦ βέλεος, καὶ μηδὲν πέπονθε κακὸν, καὶ ἐς τὴν ἴησιν, ὁκοίης τινὸς δεῖται τό τε ἕλκος, ἥ τε σὰρξ, καὶ ἡ πάθη τοῦ ὀστέου. Τὰ δὴ τοιαῦτα τῶν ἑλκέων τομῆς δεῖται. Καὶ ἂν μὲν τὸ ὀστέον ψιλωθῇ τῆς σαρκὸς, ὑπόκοιλα δὲ ᾖ ἐς πλάγιον ἐπιπολὺ, ἐπανατάμνειν τὸ κοῖλον, ὅκου μὴ εὐχερὲς τῷ φαρμάκῳ ἐφικέσθαι, ὁκοίῳ ἄν τινι χρῇ· καὶ τὰ κυκλοτερέα τῶν ἑλκέων καὶ ὑπόκοιλα ἐπὶ πουλὺ καὶ τὰ τοιαῦτα, ἐπανατάμνων τὸν κύκλον διχῆ κατὰ μῆκος, ὡς πέφυκεν ὥνθρωπος, μακρὸν ποιέειν τὸ ἕλκος. Τάμνοντι δὲ κεφαλὴν, τὰ μὲν ἄλλα τῆς κεφαλῆς ἀσφαλείην ἔχει ταμνόμενα· ὁ δὲ κρόταφος, καὶ ἄνωθεν ἔτι τοῦ κροτάφου, κατὰ τὴν φλέβα τὴν διὰ τοῦ κροτάφου φερομένην, τοῦτο δὲ τὸ χωρίον μὴ τάμνειν. Σπασμὸς γὰρ ἐπιλαμβάνει τὸν τμηθέντα· καὶ ἢν μὲν ἐπ´ ἀριστερὰ τμηθῇ κροτάφου, τὰ ἐπὶ δεξιὰ ὁ σπασμὸς ἐπιλαμβάνει· ἢν δ´ ἐπὶ τὰ δεξιὰ τμηθῇ κροτάφου, τὰ ἐπ´ ἀριστερὰ ὁ σπασμὸς ἐπιλαμβάνει.

14. Ὅταν οὖν τάμνῃς ἕλκος ἐν κεφαλῇ ὀστέων εἵνεκα τῆς σαρκὸς ἐψιλωμένων, θέλων εἰδέναι εἴ τι ἔχει τὸ ὀστέον κακὸν ὑπὸ τοῦ βέλεος, ἢ καὶ οὐκ ἔχει, τάμνειν χρὴ τὸ μέγεθος τὴν ὠτειλὴν, ὅση ἂν δοκέῃ ἀποχρῆναι. Τάμνοντα δὲ χρὴ ἀναστεῖλαι τὴν σάρκα ἀπὸ τοῦ ὀστέου, ᾗ πρὸς τῇ μήνιγγι καὶ πρὸς τῷ ὀστέῳ πέφυκεν· ἔπειτα διαμοτῶσαι τὸ ἕλκος πᾶν μοτῷ, ὅστις εὐρύτατον τὸ ἕλκος παρέξει ἐς τὴν ὑστεραίην ξὺν ἐλαχίστῳ πόνῳ· μοτώσαντα δὲ καταπλάσματι χρῆσθαι, ὅσον ἂν χρόνον καὶ τῷ μοτῷ, μάζην ἐκ λεπτῶν ἀλφίτων ἐν ὄξει διαμάσσειν, ἢ ἕψειν καὶ γλίσχρην ποιέειν ὡς μάλιστα. Τῇ δ´ ὑστεραίῃ ἡμέρῃ, ἐπειδὰν ἐξέλῃς τὸν μοτὸν, κατιδὼν τὸ ὀστέον ὅ τι πέπονθεν, ἐὰν μή σοι καταφανὴς ᾖ ἡ τρῶσις, ὁκοίη τίς ἐστιν ἐν τῷ ὀστέῳ, μηδὲ διαγινώσκῃς εἴ τέ τι ἔχει τὸ ὀστέον κακὸν ἐν ἑωυτέῳ, ἢ καὶ οὐκ ἔχει, τὸ δὲ βέλος δοκέῃ ἀφικέσθαι ἐς τὸ ὀστέον καὶ σίνασθαι, ἐπιξύειν χρὴ τῷ ξυστῆρι κατὰ βάθος καὶ κατὰ μῆκος τοῦ ἀνθρώπου ὡς πέφυκε, καὶ αὖθις ἐπικάρσιον τὸ ὀστέον, τῶν ῥηξίων εἵνεκα τῶν ἀφανέων ἰδεῖν, καὶ τῆς φλάσιος εἵνεκα τῆς ἀφανέος, τῆς οὐκ ἐσφλωμένης ἔσω ἐκ τῆς φύσιος τῆς κεφαλῆς τοῦ ἄλλου ὀστέου. Ἐξελέγχει γὰρ ἡ ξύσις μάλα τὸ κακὸν, ἢν μὴ καὶ ἄλλως καταφανέες ἔωσιν αὗται αἱ πάθαι ἐοῦσαι ἐν τῷ ὀστέῳ. Καὶ ἢν ἕδρην ἴδῃς ἐν τῷ ὀστέῳ τοῦ βέλεος, ἐπιξύειν χρὴ αὐτήν τε τὴν ἕδρην, καὶ τὰ περιέχοντα αὐτὴν ὀστέα, μὴ πολλάκις τῇ ἕδρῃ προσγένηται ῥῆξις καὶ φλάσις, ἢ μούνη φλάσις, ἔπειτα λανθάνῃ οὐ καταφανέα ἐόντα. Ἐπειδὰν δὲ ξύσῃς τὸ ὀστέον τῷ ξυστῆρι, ἢν μὲν δοκέῃ ἐς πρίσιν ἀφίκειν ἡ τρῶσις τοῦ ὀστέου, πρίειν χρὴ, καὶ οὐ δεῖ τὰς τρεῖς ἡμέρας μὴ ὑπερβάλλειν ἀπρίωτον, ἀλλ´ ἐν ταύτῃσι πρίειν, ἄλλως τε καὶ τῆς θερμῆς ὥρης, ἢν ἐξ ἀρχῆς λαμβάνῃς τὸ ἴημα. Ἢν δὲ ὑποπτεύσῃς μὲν τὸ ὀστέον ἐῤῥωγέναι, ἢ πεφλάσθαι, ἢ ἀμφότερα ταῦτα, τεκμαιρόμενος, ὅτι ἰσχυρῶς τέτρωται, ἐκ τῶν λόγων τοῦ τρωματίου, καὶ ὅτι ὑπὸ ἰσχυροτέρου τοῦ τρώσαντος, ἢν ἕτερος ὑφ´ ἑτέρου τρωθῇ, καὶ τὸ βέλος ὅτῳ ἐτρώθη, ὅτι τῶν κακούργων βελέων ἦν, ἔπειτα τὸν ἄνθρωπον ὅτι δῖνός τε ἔλαβε καὶ σκότος, καὶ ἐκαρώθη καὶ κατέπεσεν· τούτων δὲ οὕτω γιγνομένων, ἢν μὴ διαγινώσκῃς εἰ ἔῤῥωγε τὸ ὀστέον, ἢ πέφλασται, ἢ καὶ ἀμφότερα ταῦτα, μήτε ὅλως ὁρᾷν δύνῃ, δεῖ δὴ, ἐπὶ τὸ ὀστέον τὸ τηκτὸν τὸ μελάντατον δεύσαντα, τῷ μέλανι φαρμάκῳ τῷ τηκομένῳ στεῖλαι τὸ ἕλκος, ὑποτείναντα ὀθόνιον, ἐλαίῳ τέγξαντα, εἶτα καταπλάσαντα τῇ μάζῃ ἐπιδῆσαι· τῇ δ´ ὑστεραίῃ, ἀπολύσαντα, ἐκκαθήραντα τὸ ἕλκος, ἐπιξῦσαι. Καὶ ἢν μὴ ᾖ ὑγιὲς, ἀλλ´ ἐῤῥώγῃ καὶ πεφλασμένον ᾖ, τὸ μὲν ἄλλο ἔσται ὀστέον λευκὸν ἐπιξυόμενον· ἡ δὲ ῥωγμὴ καὶ ἡ φλάσις, κατατακέντος τοῦ φαρμάκου, δεξαμένη τὸ φάρμακον ἐς ἑωυτὴν μέλαν ἐὸν, ἔσται μέλαινα ἐν λευκῷ τῷ ὀστέῳ τῷ ἄλλῳ. Ἀλλὰ χρὴ αὖθις τὴν ῥωγμὴν ταύτην φανεῖσαν μέλαιναν ἐπιξέειν κατὰ βάθος· καὶ ἢν μὲν ἐπιξύων τὴν ῥωγμὴν ἐξέλῃς καὶ ἀφανέα ποιήσῃς, φλάσις μὲν γεγένηται τοῦ ὀστέου ἢ μᾶλλον ἢ ἧσσον, ἥτις περιέῤῥηξε καὶ τὴν ῥωγμὴν τὴν ἀφανισθεῖσαν ὑπὸ τοῦ ξυστῆρος· ἧσσον δὲ φοβερὸν καὶ ἧσσον ἂν πρῆγμα ἀπ´ αὐτέης γένοιτο ἀφανισθείσης τῆς ῥωγμῆς. Ἢν δὲ κατὰ βάθος ᾖ καὶ μὴ ἐθέλῃ ἐξιέναι ἐπιξυομένη, ἀφίκει ἐς πρίσιν ἡ τοιαύτη ξυμφορή. Ἀλλὰ χρὴ πρίσαντα τὰ λοιπὰ ἰητρεύειν τὸ ἔλκος.

15. Φυλάσσεσθαι δὲ χρὴ, ὅκως μή τι κακὸν ἀπολαύσῃ τὸ ὀστέον ἀπὸ τῆς σαρκὸς, ἢν κακῶς ἰητρεύηται. Ὀστέῳ γὰρ καὶ πεπρισμένῳ, καὶ ἄλλως ἐψιλωμένῳ, ὑγιεῖ δὲ ἐόντι, καὶ ἔχοντί τι σίνος ὑπὸ τοῦ βέλεος, δοκέοντι δὲ ὑγιεῖ εἶναι, κίνδυνός ἐστι μᾶλλον ὑπόπυον γενέσθαι (ἢν καὶ ἄλλως μὴ μέλλῃ), ἢν καὶ ἡ σὰρξ ἡ περιέχουσα τὸ ὀστέον κακῶς θεραπεύηται, καὶ φλεγμαίνηται, καὶ περισφίγγηται· πυρετῶδες γὰρ γίγνεται, καὶ πολλοῦ φλογμοῦ πλέον. Καὶ δὴ τὸ ὀστέον ἐκ τῶν περιεχουσῶν σαρκέων ἐς ἑωυτὸ θέρμην τε καὶ φλογμὸν καὶ ἄραδον ἐμποιέει καὶ σφυγμὸν, καὶ ὅσα περ ἡ σὰρξ ἔχει κακὰ ἐν ἑωυτέῃ, καὶ ἐκ τουτέων ὧδε ὑπόπυον γίνεται. Κακὸν δὲ καὶ ὑγρήν τε εἶναι τὴν σάρκα ἐν τῷ ἕλκει καὶ μυδῶσαν, καὶ ἐπὶ πολλὸν χρόνον καθαίρεσθαι. Ἀλλὰ χρὴ διάπυον μὲν ποιῆσαι τὸ ἕλκος ὡς τάχιστα· οὕτω γὰρ ἂν ἥκιστα φλεγμαίνοι τὰ περιέχοντα τὸ ἕλκος, καὶ τάχιστα καθαρὸν εἴη· ἀνάγκη γὰρ ἔχει τὰς σάρκας τὰς κοπείσας καὶ φλασθείσας ὑπὸ τοῦ βέλεος, ὑποπύους γενομένας, ἐκτακῆναι. Ἐπειδὰν δὲ καθαρθῇ, ξηρότερον χρὴ γίγνεσθαι τὸ ἕλκος· οὕτω γὰρ ἂν τάχιστα ὑγιὲς γένοιτο, ξηρῆς σαρκὸς βλαστούσης καὶ μὴ ὑγρῆς, καὶ οὕτως οὐκ ἂν ὑπερσαρκήσειε τὸ ἕλκος. Ὁ δ´ αὐτὸς λόγος καὶ ὑπὲρ τῆς μήνιγγος τῆς περὶ τὸν ἐγκέφαλον· ἢν γὰρ αὐτίκα ἐκπρίσας τὸ ὀστέον καὶ ἀφελὼν ἀπὸ τῆς μήνιγγος ψιλώσῃς, αὐτὴν καθαρὴν χρὴ ποιῆσαι ὡς τάχιστα καὶ ξηρὴν, ὡς μὴ ἐπὶ πουλὺν χρόνον ὑγρὴ ἐοῦσα μυδήῃ τε καὶ ἐξαίρηται· τούτων γὰρ οὕτω γιγνομένων, σαπῆναι αὐτὴν κίνδυνος.

12 Quand l'os se trouve être dépouillé de la chair par l'instrument vulnérant, et la plaie occuper la région même des sutures, il est difficile de discerner l'hédra, laquelle serait visible dans le reste de l'os, et de savoir si elle existe dans l'os, ou si elle n'y existe pas, surtout dans le cas où les sutures elles-mêmes en seraient le siège. Car la suture, étant plus inégale que le reste de l'os, trompe la vue, et l'on ne distingue plus ce qui est de la suture, et ce qui est de l'hédra, à moins que celle-ci ne soit très grande. Il se joint le plus souvent une fracture à l'hédra qui siège dans les sutures, et dès lors la fracture elle-même devient, dans l'os qui est fracturé, plus difficile à reconnaître, par cela que la suture, dans la plupart des cas, est précisément le siège de la fracture, quand il y a fracture. En effet, l'os est là disposé à se rompre et à se disjoindre, à cause de la faiblesse et de la laxité de sa constitution en ce point, et aussi a cause que la disposition à se rompre et à se disjoindre existe dans la suture. Le reste de l'os a voisinant la suture demeure sans solution de continuité, parce qu'il est plus solide que la suture. La fracture qui se fait dans la suture est aussi une disjonction, et elle n'est facile à discerner ni quand l'hédra produite dans la suture par l'instrument vulnérant a rompu et disjoint l'os, ni quand cette disjonction est le résultat d'une contusion reçue dans les sutures ; mais la fracture effet de la contusion est encore plus difficile à reconnaître. Le jugement et la vue du médecin sont trompés par ces sutures qui offrent l'aspect d'une fracture et qui sont plus inégales que le reste de l'os? à moins que l'entaille et la disjonction ne soient considérables ; rappelez-vous que l'entaille et l'hédra sont la même chose. Si le coup est dans la région des sutures, et si l'instrument vulnérant a porté sur l'os et dans l'os, il faut, appliquant son attention, découvrir quelle lésion le crâne a soufferte. Car, les instruments vulnérants étant égaux en grandeur et semblables ou même beaucoup plus petits, la blessure étant semblable ou même beaucoup moindre, l'os a éprouvé une lésion bien plus considérable chez celui qui a reçu le coup dans les sutures, que chez celui qui ne l'y a pas reçu. La plupart de ces cas exigent le trépan ; mais il ne faut pas l'appliquer sur les sutures mêmes; on s'en écartera, pour faire, dans la portion avoisinante, l'opération, si on la fait.

13. Quant au traitement des plaies de la tête et au moyen de découvrir les lésions qu'a éprouvées l'os et qui ne sont pas apparentes, voici quel est mon sentiment : une plaie de tête ne doit être humectée avec quoi que ce soit, pas même avec du vin, mais il faut s'abstenir de l'application de tout liquide. On n'y emploiera pas les cataplasmes, on ne fera pas la cure avec les tentes, on n'usera pas de bandages, à moins que la plaie n'ait son siège au front, dans la région dégarnie de cheveux, ou dans les environs du sourcil et de l'œil. Les plaies qui occupent ces régions ont plus besoin de l'application de cataplasmes et de bandages que les plaies de tout autre endroit de la tête. Le reste de la tête environne, en effet, tout le front ; et c'est des parties environnantes que les plaies, quel qu'en soit le siège, tirent l'inflammation et le gonflement par l'afflux du sang. Il ne faut pas cependant, même dans les plaies du front, appliquer constamment des cataplasmes et des bandages ; mais, lorsque la phlegmasie a cessé et que la tuméfaction est tombée, on cesse l'application de ces moyens. Quant aux plaies du reste de la tête, on n'y mettra ni tentes, ni cataplasmes, ni bandages, à moins que l'incision n'en soit nécessaire. On incisera, parmi les plaies de la tête et celles du front (l'os étant dénudé et paraissant avoir éprouvé quelque mal par l'effet de l'instrument vulnérant), les plaies qui ne sont ni assez longues ni assez larges pour permettre de discerner si l'os a souffert, ce qu'il a souffert, jusqu'à quel point les chairs sont contuses et les os lésés, et réciproquement si l'os est intact et s'il n'a rien souffert de l'instrument vulnérant, enfin, quant au traitement, quel est celui qu'exigent et la plaie et les chairs et la lésion de l'os. Telles sont les plaies qui réclament l'incision. Et si, l'os étant dénudé de la chair, la plaie est très creuse et allongée, on en incisera le fond là où le médicament, quel que soit celui qu'on emploie, n'arrive pas facilement. Les plaies arrondies et très creuses, et autres de ce genre, seront incisées eu deux pointe opposés de la circonférence, proportionnellement à la taille de l'homme, et seront rendues longues. Dans les incisions pratiquées sur la tête, tandis que les autres endroits peuvent être incisés en sûreté, la tempe et la portion au-dessus de la tempe, le long de la veine qui traverse cette région, sont des lieux qu'il ne faut pas inciser ; car les convulsions saisissent l'opéré; si l'incision a été faite à gauche, les convulsions s'établissent à droite ; si l'incision a été faite à droite, les convulsions s'établissent à gauche.

14. Quand on incite une plaie de la tête à cause de la dénudation des os, dans le désir de voir s'ils ont souffert quelque lésion par l'effet de l'instrument vulnérant ou s'ils n'ont rien souffert, il faut pratiquer l'incision aussi grande qu'on la jugera suffisante. En la faisant, on détachera la chair de l'os, là où elle est unie au péricrâne et au crâne ; ensuite on remplira toute la plaie d'une tente qui, pour le lendemain, la rende la plus large possible avec le moins de douleur. La tente mise, on tiendra, sur la plaie, aussi longtemps que la tente, un cataplasme composé de pâte de fine farine, d'orge, qu'on pétrira dans du vinaigre, ou qu'on fera cuire et qu'on rendra aussi gluante que possible. Le lendemain, ayant ôté la tente pour examiner ce que l'os a éprouvé, dans le cas où vous ne découvrirez pas quel genre de lésion y existe, et même s'il est ou non lésé en quelque chose, supposant néanmoins que l'instrument vulnérant est arrivé jusqu'à l'os et l'a blessé, vous le ruginerez avec la rugine dans une profondeur et une longueur proportionnées à la conformation de l'homme, et derechef transversalement, à cause des fractures non apparentes, et de la contusion non apparente qui laisse les os à leur place et ne les enfonce pas. Car la rugine est très bonne pour révéler le mal, quand d'ailleurs l'existence de ces lésions dans l'os n'est pas manifeste. De plus, si vous y voyez l'hédra faite par l'instrument vulnérant, il faut la ruginer, elle-même et l'os a voisinant, de peur, ce qui arrive souvent, que l'hédra ne soit compliquée de fracture et de contusion, ou de contusion seulement, et que ces lésions n'échappent, n'étant pas apparentes. Après avoir ruginé avec la rugine, si vous jugez que le trépan est exigé par la lésion de l'os, vous l'appliquerez ; vous ne laisserez point passer les trois jours sans pratiquer cette opération, mais vous y aurez recours dans cet intervalle, surtout pendant les chaleurs, si vous prenez le traitement du blessé dès le commencement. Dans le cas où vous soupçonnerez une fracture, ou une contusion, ou l'une et l'autre, en apprenant par les discours du blessé, que le coup a été violent, que celui qui Ta porté, si la blessure est le fait d'un autre, est vigoureux, que l'instrument vulnérant est du genre des armes dangereuses, de plus, que le blessé a été saisi de vertige, de ténèbres, d'étourdissement, et qu'il est tombé, dans ce cas, disons-nous, si vous ne reconnaissez pas que l'os ait été ou fracturé, ou contus, ou fracturé et contus, et que malgré vos efforts vous ne puissiez rien voir, il faut, versant sur l'os la substance soluble la plus noire, oindre la plaie avec le médicament noir, qui est soluble ; après quoi, on placera un linge humecté d'huile ; ensuite on appliquera un cataplasme de pâte d'orge, et le bandage. Le lendemain, on lèvera l'appareil, on nettoiera la plaie, et l'on ruginera. Si, au lieu d'être intact, l'os est fracturé et contus, toute la partie saine restera blanche sous la rugine; mais la fracture et la contusion, ayant été pénétrées par le médicament qui s'est fondu et qui est noir, présenteront une couleur noire au milieu du reste de l'os, qui sera blanc. Derechef on ruginera en profondeur cette fracture qui se montre noire ; et, si la rugine l'enlève et la fait disparaître, vous avez à faire à une contusion plus ou moins forte de l'os, laquelle avait en même temps produit la fissure que .la rugine a effacée. Mais la fracture même qui s'enlève ainsi, excitera moins de crainte et causera moins d'embarras. Si au contraire elle s'étend en profondeur et ne veut pas s'effacer sous la rugine ; un tel accident réclame le trépan. Après l'opération, on traitera la plaie pour le reste.

15. Il faut prendre garde que l'os ne contracte quelque altération par les chairs, si elles sont soumises à un mauvais traitement. En effet, un os trépané ou dénudé d'autre façon, sain ou paraissant l'être, tout en ayant éprouvé quelque mal de l'instrument vulnérant, court davantage le risque (lors, même qu'il n'aurait pas dû suppurer ) d'être envahi par la suppuration, si les chairs voisines, traitées malhabilement, s'enflamment et s'étranglent; car il devient fébrile, et se remplit de beaucoup d'inflammation. Dans cet état, l'os attire, des chairs environnantes, la chaleur, la phlegmasie, l'agitation, le battement et lés lésions, quelles qu'elles soient, qui sont dans les chairs, et c'est ainsi qu'en résulte la suppuration de l'os. Il est mauvais aussi que les chairs de la plaie soient humides et fongueuses, et mettent beaucoup de temps à se mondifier ; mais il faut faire traverser à la plaie aussi rapidement que possible la période de suppuration; de la sorte, les parties environnantes éprouvent le moins d'inflammation, et se mondifient le plus vite; car nécessairement les chairs coupées et contuses par l'instrument vulnérant, deviennent purulentes et se fondent. La plaie s'étant mondifiée, il faut qu'elle devienne plus sèche ; c'est de cette façon qu'elle guérira le plus promptement, par le bourgeonnement de chairs sèches et exemptes d'humidité, sans se couvrir d'une exubérance de carnosités. Il en est de même pour la membrane qui enveloppe l'encéphale ; en effet, si, achevant immédiatement la section de l'os, vous enlevez la pièce osseuse et mettez la méninge à nu, il faut la mondifier et la dessécher aussitôt que possible, afin qu'elle ne reste pas humide assez longtemps pour devenir fongueuse et se gonfler ; cela arrivant, il serait à craindre qu'elle ne tombât en pourriture.

16. Ὀστέον δὲ, ὅ τι δεῖ ἀποστῆναι ἀπὸ τοῦ ἄλλου ὀστέου, ἕλκεος ἐν κεφαλῇ γενομένου, ἕδρης τε ἐούσης τοῦ βέλεος ἐν τῷ ὀστέῳ, ἢ ἄλλως ἐπὶ πουλὺ ψιλωθέντος τοῦ ὀστέου, ἀφίσταται ἐπὶ πουλὺ ἔξαιμον γινόμενον. Ἀναξηραίνεται γὰρ τὸ αἷμα ἐκ τοῦ ὀστέου ὑπό τε τοῦ χρόνου καὶ ὑπὸ φαρμάκων τῶν πλείστων· τάχιστα δ´ ἂν ἀποσταίη, εἴ τις τὸ ἕλκος ὡς τάχιστα καθήρας ξηραίνοι τὸ λοιπὸν τό τε ἕλκος καὶ τὸ ὀστέον, καὶ τὸ μεῖζον καὶ τὸ ἧσσον. Τὸ γὰρ τάχιστα ἀποξηρανθὲν καὶ ἀποστρακωθὲν τούτῳ μάλιστα ἀφίεται ἀπὸ τοῦ ἄλλου ὀστέου τοῦ ἐναίμου τε καὶ ζῶντος αὐτέου, ἔξαιμόν τε γενόμενον καὶ ξηρὸν τῷ ἐναίμῳ καὶ ζῶντι μάλα ἐφίσταται.

17. Ὅσα δὲ τῶν ὀστέων ἐσφλᾶται ἔσω ἐκ τῆς φύσιος τῆς ἑωυτῶν, καταῤῥαγέντα ἢ καὶ διακοπέντα πάνυ εὐρέα, ἀκινδυνότερα τὰ τοιαῦτα γίνεται, ἐπὴν ἡ μῆνιγξ ὑγιὴς ᾖ· καὶ τὰ πλέοσι ῥωγμῇσιν ἐσκαταῤῥαγέντα καὶ εὐρυτέρῃσιν, ἔτι ἀκινδυνότερα καὶ εὐμαρέστερα ἐς τὴν ἀφαίρεσιν γίνεται. Καὶ οὐ χρὴ πρίειν τῶν τοιούτων οὐδὲν, οὐδὲ κινδυνεύειν τὰ ὀστέα πειρώμενον ἀφαιρέειν, πρὶν ἢ αὐτόματα ἐπανίῃ, οἴδεος πρῶτον χαλάσαντος. Ἐπανέρχεται δὲ τῆς σαρκὸς ὑποφυομένης· ὑποφύεται δὲ ἐκ τῆς διπλόης τοῦ ὀστέου καὶ ἐκ τοῦ ὑγιέος, ἢν ἡ ἄνωθεν μοῖρα μούνη σφακελίσῃ. Οὕτω δ´ ἂν τάχιστα ἥ τε σὰρξ ὑποφύοιτο καὶ βλαστάνοι, καὶ τὰ ὀστέα ἐπανίοι, εἴ τις τὸ ἕλκος ὡς τάχιστα διάπυον ποιήσας καθαρὸν ποιήσηται. Καὶ ἢν διὰ παντὸς τοῦ ὀστέου ἄμφω αἱ μοῖραι ἐσφλασθῶσιν ἔσω ἐς τὴν μήνιγγα, ἥ τε ἄνω μοίρη τοῦ ὀστέου καὶ ἡ κάτω, ἰητρεύοντι ὡσαύτως τὸ ἕλκος ὑγιὲς τάχιστα ἔσται, καὶ τὰ ὀστέα τάχιστα ἐπάνεισι, τὰ ἐσφλασθέντα ἔσω.

18. Τῶν δὲ παιδίων τὰ ὀστέα καὶ λεπτότερά ἐστι καὶ μαλθακώτερα διὰ τοῦτο, ὅτι ἐναιμότερά ἐστι, καὶ κοῖλα, καὶ σηραγγώδεα, καὶ οὔτε πυκνὰ, οὔτε στερεά. Καὶ ὑπὸ τῶν βελέων ἴσων τε ἐόντων καὶ ἀσθενεστέρων, καὶ τρωθέντων ὁμοίως τε καὶ ἧσσον, τὸ τοῦ νεωτέρου παιδίου καὶ μᾶλλον καὶ θᾶσσον ὑποπυΐσκεται, ἢ τὸ τοῦ πρεσβυτέρου, καὶ ἐν ἐλάσσονι χρόνῳ· καὶ ὅσα ἂν ἄλλως μέλλῃ ἀποθανεῖσθαι ἐκ τοῦ τρώματος, ὁ νεώτερος τοῦ πρεσβυτέρου θᾶσσον ἀπόλλυται. Ἀλλὰ χρὴ, ἢν ψιλωθῇ τῆς σαρκὸς τὸ ὀστέον, προσέχοντα τὸν νόον, πειρῆσθαι διαγινώσκειν ὅ τι μή ἐστι τοῖσιν ὀφθαλμοῖσιν ἰδεῖν, καὶ γνῶναι εἰ ἔῤῥωγε τὸ ὀστέον καὶ εἰ πέφλασται, ἢ μοῦνον πέφλασται, καὶ εἰ, ἕδρης γενομένης τοῦ βέλεος, πρόσεστι φλάσις, ἢ ῥωγμὴ, ἢ ἄμφω ταῦτα· καὶ ἤν τι τούτων πεπόνθῃ τὸ ὀστέον, ἀφεῖναι τοῦ αἵματος τρυπῶντα τὸ ὀστέον σμικρῷ τρυπάνῳ, φυλασσόμενον ἐπ´ ὀλίγον· λεπτότερον γὰρ τὸ ὀστέον, καὶ ἐπιπολαιότερον τῶν νέων ἢ τῶν πρεσβυτέρων.

19. Ὅστις δὲ μέλλει ἐκ τρωμάτων ἐν κεφαλῇ ἀποθνήσκειν, καὶ μὴ δυνατὸν αὐτὸν ὑγιᾶ γενέσθαι, μηδὲ σωθῆναι, ἐκ τῶνδε τῶν σημείων χρὴ τὴν διάγνωσιν ποιέεσθαι τοῦ μέλλοντος ἀποθνήσκειν, καὶ προλέγειν τὸ μέλλον ἔσεσθαι. Πάσχει γὰρ τάδε· ὁκόταν τις ὀστέον κατεηγὸς, ἢ ἐῤῥωγὸς, ἢ πεφλασμένον, ἢ ὅτῳ γοῦν τρόπῳ κατεηγὸς μὴ ἐννοήσας ἁμάρτῃ, καὶ μήτε ξύσῃ, μήτε πρίσῃ, δεόμενον, μεθῇ δὲ ὡς ὑγιέος ὄντος τοῦ ὀστέου, πρὸ τῶν τεσσαρεσκαίδεκα ἡμερέων πυρετὸς ἐπιλήψεται ὡς ἐπὶ πουλὺ ἐν χειμῶνι· ἐν δὲ τῷ θέρει μετὰ τὰς ἑπτὰ ἡμέρας ὁ πυρετὸς ἐπιλαμβάνει. Καὶ ἐπειδὰν τοῦτο γένηται, τὸ ἕλκος ἄχροον γίνεται· καὶ ἐξ αὐτοῦ ἰχὼρ ῥέει σμικρός· καὶ τὸ φλεγμαῖνον ἐκτέθνηκεν ἐξ αὐτοῦ· καὶ γλισχρῶδες γίνεται, καὶ φαίνεται ὥσπερ τάριχος, χροιὴν πυῤῥὸν, ὑποπέλιον· καὶ τὸ ὀστέον σφακελίζειν τηνικαῦτα ἄρχεται, καὶ γίνεται περκνὸν, λευκὸν ὂν, τελευταῖον δὲ ἔπωχρον γενόμενον ἢ ἔκλευκον. Ὅταν δ´ ἤδη ὑπόπυον ᾖ, ἐπὶ τῇ γλώσσῃ φλυκταῖναι γίνονται, καὶ παραφρονέων τελευτᾷ. Καὶ σπασμὸς ἐπιλαμβάνει τοὺς πλείστους τὰ ἐπὶ θάτερα τοῦ σώματος· ἢν μὲν ἐν τῷ ἐπ´ ἀριστερὰ τῆς κεφαλῆς ἔχῃ τὸ ἕλκος, τὰ ἐπὶ δεξιὰ τοῦ σώματος ὁ σπασμὸς λαμβάνει· ἢν δ´ ἐν τῷ ἐπὶ δεξιὰ τῆς κεφαλῆς ἔχῃ τὸ ἕλκος, τὰ ἐπ´ ἀριστερὰ τοῦ σώματος ὁ σπασμὸς ἐπιλαμβάνει. Εἰσὶ δ´ οἳ καὶ ἀπόπληκτοι γίνονται. Καὶ οὕτως ἀπόλλυνται πρὸ ἑπτὰ ἡμερέων ἐν θέρει, ἢ τεσσάρων καὶ δέκα ἐν χειμῶνι. Ὁμοίως δὲ τὰ σημεῖα ταῦτα σημαίνει, καὶ ἐν πρεσβυτέρῳ ἐόντι τῷ τρώματι, ἢ καὶ ἐν νεωτέρῳ. Ἀλλὰ χρὴ, εἰ ἐννοοίης τὸν πυρετὸν ἐπιλαμβάνοντα, καὶ τῶν ἄλλων τι σημεῖον τούτῳ προσγενόμενον, μὴ διατρίβειν, ἀλλὰ πρίσαντα τὸ ὀστέον πρὸς τὴν μήνιγγα, ἢ καταξύσαντα τῷ ξυστῆρι (εὔπριστον δὲ γίνεται καὶ εὔξυστον), ἔπειτα τὰ λοιπὰ οὕτως ἰητρεύειν, ὅκως ἂν δοκέῃ ξυμφέρειν, πρὸς τὸ γινόμενον ὁρῶν.

20. Ὅταν δ´ ἐπὶ τρώματι ἐν κεφαλῇ ἀνθρώπου ἢ πεπριωμένου ἢ ἀπριώτου, ἐψιλωμένου δὲ τοῦ ὀστέου, οἴδημα ἐπιγένηται ἐρυθρὸν καὶ ἐρυσιπελατῶδες ἐν τῷ προσώπῳ, καὶ ἐν τοῖσιν ὀφθαλμοῖσιν ἀμφοτέροισιν, ἢ τῷ ἑτέρῳ, καὶ, εἴ τις ἅπτοιτο τοῦ οἰδήματος, ὀδυνῷτο, καὶ πυρετὸς ἐπιλαμβάνοι καὶ ῥῖγος, τὸ δὲ ἕλκος αὐτό τε ἀπὸ τῆς σαρκὸς καλῶς ἔχοι ἰδέσθαι, καὶ τἀπὸ τοῦ ὀστέου, καὶ τὰ περιέχοντα τὸ ἕλκος ἔχοι καλῶς, πλὴν τοῦ οἰδήματος τοῦ ἐν τῷ προσώπῳ, καὶ ἄλλην ἁμαρτάδα μηδεμίαν ἔχοι τὸ οἴδημα τῆς ἄλλης διαίτης, τούτου χρὴ τὴν κάτω κοιλίην ὑποκαθῆραι φαρμάκῳ, ὅ τι χολὴν ἄγει· καὶ οὕτω καθαρθέντος, ὅ τε πυρετὸς ἀφίησι, καὶ τὸ οἴδημα καθίσταται, καὶ ὑγιὴς γίνεται. Τὸ δὲ φάρμακον χρὴ διδόναι πρὸς τὴν δύναμιν τοῦ ἀνθρώπου ὁρῶν, ὡς ἂν ἔχῃ ἰσχύος.

21. Περὶ δὲ πρίσιος, ὅταν καταλάβῃ ἀνάγκη πρίσαι ἄνθρωπον, ὧδε γινώσκειν· ἢν ἐξ ἀρχῆς λαβὼν τὸ ἴημα πρίῃς, οὐ χρὴ ἐκπρίειν τὸ ὀστέον πρὸς τὴν μήνιγγα αὐτίκα· οὐ γὰρ συμφέρει τὴν μήνιγγα ψιλὴν εἶναι τοῦ ὀστέου ἐπὶ πουλὺν χρόνον κακοπαθοῦσαν, ἀλλὰ τελευτῶσά πη καὶ διεμύδησεν. Ἔστι δὲ καὶ ἕτερος κίνδυνος, ἢν αὐτίκα ἀφαιρέῃς πρὸς τὴν μήνιγγα ἐκπρίσας τὸ ὀστέον, τρῶσαι ἐν τῷ ἔργῳ τῷ πρίονι τὴν μήνιγγα. Ἀλλὰ χρὴ πρίοντα, ἐπειδὰν ὀλίγον πάνυ δέῃ διαπεπρίσθαι, καὶ ἤδη κινέηται τὸ ὀστέον, παύσασθαι πρίοντα, καὶ ἐᾷν ἐπὶ τὸ αὐτόματον ἀποστῆναι τὸ ὀστέον. Ἐν γὰρ τῷ διαπριωτῷ ὀστέῳ καὶ ἐπιλελειμμένῳ τῆς πρίσιος οὐκ ἂν ἐπιγένοιτο κακὸν οὐδέν· λεπτὸν γὰρ τὸ λειπόμενον ἤδη γίνεται. Τὰ δὲ λοιπὰ ἰῆσθαι χρὴ, ὡς ἂν δοκέῃ ξυμφέρειν τῷ ἕλκεϊ. Πρίοντα δὲ χρὴ πυκινὰ ἐξαιρέειν τὸν πρίονα τῆς θερμασίης εἵνεκα τοῦ ὀστέου, καὶ ὕδατι ψυχρῷ ἐναποβάπτειν. Θερμαινόμενος γὰρ ὑπὸ τῆς περιόδου ὁ πρίων, καὶ τὸ ὀστέον ἐκθερμαίνων καὶ ἀναξηραίνων, κατακαίει, καὶ μεῖζον ποιέει ἀφίστασθαι τὸ ὀστέον τὸ περιέχον τὴν πρίσιν, ἢ ὅσον μέλλει ἀφίστασθαι. Καὶ ἢν αὐτίκα βούλῃ ἐκπρῖσαι τὸ πρὸς τὴν μήνιγγα, ἔπειτα ἀφελέειν τὸ ὀστέον, ὡσαύτως χρὴ πυκινά τε ἐξαιρέειν τὸν πρίονα, καὶ ἐναποβάπτειν τῷ ὕδατι τῷ ψυχρῷ. Ἢν δὲ μὴ ἐξ ἀρχῆς λαμβάνῃς τὸ ἴημα, ἀλλὰ παρ´ ἄλλου παραδέχῃ ὑστερίζων τῆς ἰήσιος, πρίονι χρὴ χαρακτῷ ἐκπρίειν μὲν αὐτίκα τὸ ὀστέον πρὸς τὴν μήνιγγα, θαμινὰ δὲ ἐξαιρεῦντα τὸν πρίονα σκοπεῖσθαι καὶ ἄλλως καὶ τῇ μήλῃ πέριξ κατὰ τὴν ὁδὸν τοῦ πρίονος. Καὶ γὰρ πουλὺ θᾶσσον διαπρίεται τὸ ὀστέον, ἢν ὑπόπυόν τε ἐὸν ἤδη καὶ διάπυον πρίῃς, καὶ πολλάκις τυγχάνει ἐπιπόλαιον ἐὸν τὸ ὀστέον, ἄλλως τε καὶ ἢν ταύτῃ τῆς κεφαλῆς ᾖ τὸ τρῶμα, ᾗ τυγχάνει λεπτότερον ἐὸν τὸ ὀστέον ἢ παχύτερον. Ἀλλὰ φυλάσσεσθαι χρὴ, ὡς μὴ λάθῃς προσβαλὼν τὸν πρίονα, ἀλλ´ ὅπη δοκέῃ παχύτατον εἶναι τὸ ὀστέον, ἐς τοῦτο αἰεὶ ἐνστηρίζειν τὸν πρίονα, θαμινὰ σκοπούμενος, καὶ πειρᾶσθαι ἀνακινέων τὸ ὀστέον ἀναβάλλειν, ἀφελὼν δὲ, τὰ λοιπὰ ἰητρεύειν ὡς ἂν δοκέῃ ξυμφέρειν τῷ ἕλκεϊ. Καὶ ἢν, ἐξ ἀρχῆς λαβὼν τὸ ἴημα, αὐτίκα βούλῃ ἐκπρίσας τὸ ὀστέον ἀφελεῖν ἀπὸ τῆς μήνιγγος, ὡσαύτως χρὴ πυκινά τε σκοπεῖσθαι τῇ μήλῃ τὴν περίοδον τοῦ πρίονος, καὶ ἐς τὸ παχύτατον ἀεὶ τοῦ ὀστέου τὸν πρίονα ἐνστηρίζειν, καὶ ἀνακινέων βούλεσθαι ἀφελέειν τὸ ὀστέον. Ἢν δὲ τρυπάνῳ χρῇ, πρὸς δὲ τὴν μήνιγγα μὴ ἀφικνέεσθαι, ἢν ἐξ ἀρχῆς λαμβάνων τὸ ἴημα τρυπᾷς, ἀλλ´ ἐπιλιπεῖν τοῦ ὀστέου λεπτὸν, ὥσπερ καὶ ἐν τῇ πρίσει γέγραπται.
 

16. Une portion d'os qui doit se séparer du reste à la suite d'une plaie de tête, et d'une hédra produite par l'instrument vulnérant, ou d'une dénudation considérable quelconque, se séparé généralement en devenant exsangue. Le sang en effet est expulsé hors de l'os par la dessiccation, effet du temps et de la plupart des remèdes. La séparation sera d'autant plus prompte, que, mondifiant la plaie le plus tôt possible, on la desséchera d'ailleurs, elle et la portion d'os, petite ou grande. En effet, la portion d'os le plus tôt réduite à l'état de siccité et d'écaillé, se sépare le mieux par cela même du reste de l'os, qui conserve le sang et la vie, et, devenue exsangue et sèche, elle pèse grandement sur l'os plein de sang et vivant.

17. Dans les cas d'enfoncement, les os fracturés ou entaillés très largement, font courir moins de dangers, lorsque la méninge est intacte. .Plus les fractures sont nombreuses et larges, moins le péril est grand et plus il est facile d'extraire les fragments. Il ne faut trépaner dans aucun de ces cas, ni se risquer à faire des essais d'extraction ayant que les fragments ne se relèvent spontanément après le relâchement préalable de la tuméfaction. Ils se relèvent, quand les chairs croissent par-dessous; or, les chairs croissent et du diploé et de la portion saine, si la table supérieure de l'os est la seule qui soit frappée de mortification. Ainsi, les chairs croîtront et bourgeonneront ; et les os se relèveront d'autant plus vite qu'on se hâtera plus de faire passer la plaie par la suppuration et de la mondifier. Et si l'os tout entier, avec ses deux tables, supérieure et inférieure, a été enfoncé dans la méninge, c'est encore par le même traitement que la plaie sera le plus tôt guérie et que s'y élèveront le plus tôt les os qui ont été enfoncés.

18. Chez les enfants, les os sont plus minces et plus mous, parce qu'ils ont plus de sang ; ils sont creux et celluleux, sans densité ni solidité. Avec des instruments vulnérants égaux ou plus faibles, avec des plaies égales ou moindres, l'os du jeune enfant suppure plus et dans un temps moindre que celui de l'adulte ; et, quand d'ailleurs la mort doit être le résultat de la blessure, le plus jeune succombe plus rapidement que le plus âgé. Si l'os a été dénudé, il faut appliquer son intelligence à essayer de discerner ce qui n'est pas apparent aux yeux, et à reconnaître si l'os est fracturé et contus, ou seulement contus, et si, l'instrument vulnérant ayant produit une hédra, il s'y joint contusion ou fracture, ou contusion et fracture à la fois. Dans le cas où l'os aura éprouvé quelqu'une de ces lésions, on donnera issue à du sang en perçant l'os avec un petit trépan perforatif; il y faut quelque précaution; car chez tes jeunes sujets l'os est plus mince et plus superficiel que chez les sujets plus âgés.

19. Un blessé devant succomber à une plaie de tête, sans qu'il soit possible de le guérir et de le sauver, c'est par les signes suivants que l'on connaîtra celui qui est destiné à mourir, et que l'on prédira ce qui doit arriver. Voici ce que le blessé éprouve : quand un médecin, n'ayant pas reconnu dans un os une fracture ou une fissure, ou une contusion, ou une lésion quelconque, se trompe, omet de ruginer et de trépaner dans un cas où cela serait nécessaire, et laisse aller le malade comme si le crâne était sain, la fièvre se déclarera généralement avant le laps de quatorze jours en hiver, et dans l'été avant celui de sept jours. La fièvre étant établie, la plaie se décolore ; il s'en écoule un peu d'humeur ténue i l'inflammation y meurt ; la plaie devient visqueuse, elle prend l'apparence de la salaison, ayant une couleur rouge, un peu livide. Dès lors l'os commence à se mortifier ; il devient noirâtre, de blanc qu'il était, et il finit par avoir une teinte jaunâtre ou blanchâtre. Lorsque déjà il est en suppuration, des phlyctènes se forment sur la langue, et le patient meurt dans le délire. Des convulsions s'emparent, chez la plupart, d'un des cotés du corps; si la plaie est du côté gauche de la tète, c'est le côté droit du corps que les convulsions saisissent ; si la plaie est du côté droit de la tête, c'est le côté gauche du corps. Quelques-uns même tombent dans un état d apoplexie. De la sorte, la mort survient avant sept jours en été, ou avant quatorze en hiver. La signification de ces signes est la même, que la blessure soit chez un individu plus âgé ou chez un plus jeune. Il faut, dès que vous reconnaissez l'invasion de la fièvre et l'accession de quelqu'un des autres signes, ne pas perdre de temps, mais trépaner l'os jusqu'à la méninge ou le ruginer avec la rugine ( il est alors facile à trépaner et à ruginer), puis du reste traiter le malade suivant ce que l'on jugera convenir d'après les occurrences.

20. Quand, dans Aie plaie de tête, l'individu ayant été trépané ou non, mais l'os étant dénudé, il se forme une tuméfaction rouge et érysipélateuse à la face, aux deux yeux, ou à un seul ; si l'attouchement en est douloureux ; s'il survient de la fièvre et du frisson ; si cependant la plaie a une belle apparence tant du côté des chairs que du côté de l'os ; si les parties avoisinant la plaie sont en bon état sauf le gonflement qui est dans le visage, el qu'à la tuméfaction ne soit jointe aucune erreur dans le reste du régime, on nettoiera les voies inférieures avec un purgatif qui évacue la bile ; après cette purgation, la fièvre cède, le gonflement tombe, et la santé se rétablit. Dans l'administration du purgatif, il faut avoir égard à ce que sont les forces du blessé.

21. Quant à la trépanation, lorsqu'il est nécessaire d'y recourir, voici ce qu'il faut savoir : Si, ayant pris le traitement dès le commencement, vous pratiquez cette opération, vous ne scierez pas tout d'abord l'os jusqu'à la méninge ; car il n'est pas avantageux que cette membrane soit longtemps dégarnie de l'os et en état de souffrance, il se pourrait que finalement elle devînt fongueuse. Il y a encore un autre danger à enlever tout d'abord l'os scié jusqu'à la méninge, le danger de blesser la membrane pendant la section. Ce qu'il faut faire, c'est, quand il s'en manque de peu que la section ne soit complète, et quand l'os est déjà ébranlé, de cesser l'opération, et de laisser la pièce osseuse se détacher spontanément. Car scier un os sans en achever complètement la section, ne pourrait causer aucun mal; ce qui est laissé est désormais mince suffisamment. Du reste le traitement sera comme il conviendra à la plaie. Dans l'opération, on retirera fréquemment le trépan à cause de réchauffement qu'en reçoit l'os, et on le plongera dans de l'eau froide ; car le trépan, échauffé par sa révolution, échauffant et desséchant Pos, le brûle, et détermine, dans les parties osseuses avoisinant la section, une nécrose plus grande qu'elle ne sera sans cela. Dans le cas où vous voudriez scier immédiatement l'os jusqu'à la méninge, puis enlever la pièce, il faudra également et retirer à plusieurs reprises le trépan, et le plonger dans de l'eau froide. Si; au contraire, au lieu de prendre le traitement dès le commencement, vous le recevez d'un autre, étant ainsi en retard dans la cure, il faut scier aussitôt, avec un trépan aiguisé, l'os jusqu'à la méninge; mais retirer fréquemment l'instrument pour examiner, tant autrement que par la sonde, tout le pourtour de la voie ; car la section est beaucoup plus prompte, quand l'os que l'on coupe est en état ou en travail de suppuration ; et souvent il se trouve aminci, surtout si la blessure occupe un point de la tête où le crâne est plus mince qu'épais. Il faut encore vous garder d'aucune inadvertance dans l'application du trépan ; c'est là où l'os paraît être le plus épais, qu'il faut toujours fixer l'instrument, y regardant souvent, et essayant d'ébranler la pièce osseuse et de la faire sauter. Une fois qu'elle aura été enlevée, le traitement sera du reste comme il conviendra à la plaie. Que si, ayant pris le traitement dès le commencement, vous voulez scier l'os jusqu'au bout et le détacher de la méninge, il faut également et examiner à diverses reprises avec la sonde la voie du trépan, et appliquer toujours l'instrument sur le point où le crâne est le plus épais, et ébranler la pièce osseuse pour l'enlever. Si vous employez le trépan perforatif, vous n'arriverez pas jusqu'à la méninge dans le cas où vous trépaneriez ayant pris le traitement dès le commencement, mais vous laisseriez une lame mince de l'os, comme il a été dit dans l'opération avec le trépan à couronne.

FIN DU TRAITE DES PLAIES DE TÊTE.

 

 
la tente, un cataplasme