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Anthologie grecque

INTRODUCTION.

On peut appliquer à la poésie des Grecs ce que Montesquieu a dit de leur empire : "Il finit comme le Rhin, qui n'est qu'un ruisseau quand il se perd dans l'Océan." Mais n'ajoutez pas, comme exemple : "La poésie des Grecs commence par l'Iliade et finit par l'Anthologie;" rien ne serait plus inexact. L'Anthologie commence avec Homère, et suit parallèlement la marche même et les progrès des lettres grecques, en subit les vicissitudes et s'arrête avec Maxime Planude, qu'on a qualifié le dernier des Grecs. 
Le mot d'Anthologie, composé de nyow, fleur, et de l¡gein, cueillir, signifie en général un choix ou recueil de pièces de  vers ou de prose dans une langue quelconque ; mais, plus particulièrement et par excellence, ce mot désigne l'Anthologie grecque. Nos choix de poésies fugitives la fameuse Guirlande de Julie, l'Anthologie latine éditée par Pierre Burmann, sont bien loin d'être des équivalents des deux Anthologies que nous ont léguées Constantin Céphalas et Maxime Planude. La collection des petits poèmes qui composent ces Anthologies offre la plus riche galerie de tableaux de tous les genres. La mythologie, l'histoire, les arts, les découvertes nouvelles en fournissent les sujets ; et presque toujours ils sont traités avec une grâce et une précision qui enchantent, avec cette brièveté élégante qui permet au poète d'avoir de l'esprit dans chacun de ses vers. Si, en Grèce quelques écrivains ont poussé l'esprit jusqu'au génie, n'est-ce pas parce qu'ils ont su, dans les oeuvres où l'esprit devait avoir une grande part, rester brefs.  Comme la flèche, ils atteignent le but par le trajet le plus court.
Ces petites oeuvres portent le nom modeste d'épigrammes ; mais le sens de ce mot avait, chez les Grecs, plus d'étendue qu'il n'en a de nos jours ; et la perfection où ils portèrent cette partie de la littérature atteste bien qu'il avait été donné à ce peuple éminemment poétique d'être supérieur dans tous les genres, depuis l'épopée jusqu'à l'épigramme. D'abord l'épigramme ne fut qu'une simple inscription pour perpétuer la mémoire d'un fait ou d'une consécration. Elle décora a ensuite les images des héros; on la grava sur les tombeaux, sur les trophées; elle accompagna les présents de l'amitié les dons faits à une maîtresse. Par la voix d'Alcée, elle inspira aux hommes l'amour de la liberté, la haine des tyrans ; avec Simonide, elle célébra l'affranchissement de la Grèce ; Anacréon lui fit chanter l'amour et le vin ; Archiloque l'arma d'une pointe acérée et mortelle ; Platon et ses disciples, saint Grégoire même, lui prêtèrent leur divine éloquence.
Les éléments des deux Anthologies de Céphalas et de Planude qui, à proprement parler, n'en font qu'une, se trouvent dans des Anthologies plus anciennes. Méléagre, cent ans avant J. C. ; Philippe de Thessalonique, au deuxième siècle de l'ère chrétienne ; Agathias, au sixième, avaient rassemblé des poésies fugitives d'époques antérieures ou contemporaines, et y avaient joint leurs propres oeuvres. Au dixième siècle, Céphalas s'empara de toutes ces Anthologies pour en coordonner une nouvelle ; et quatre cents ans après, un moine de Constantinople, Maxime Planude, refit le travail de Céphalas.
L'Anthologie de Planude a été publiée la première. Jean Lascaris, qui l'avait sauvée des ruines de Constantinople, la fit imprimer à Florence, en 1494, sous ce titre Anthologia epigrammatum graecorum cura Joannis Lascaris ; à la fin du volume on lit impressum Florentiae per Laurentium Francisci de Alopa Venetum , III idus Augusti M CCCC. LXXXX iiij. Des exemplaires de cette édition ne portent pas de date, parce qu'on a retranché les derniers feuillets qui contenaient une épigramme de Jean Lascaris et une épître latine adressée à Pierre de Médicis, avec la souscription indiquant la date et le lieu de la publication (a).
Neuf ans après cette première édition, il en parut une autre qui est la première édition de l'Anthologie donnée par les Aldes. En voici le titre : Florilegium diversorum epigrammatum in septem libros, graece. Venetiis, in aedibus Aldi, 1503, in-8. Sa grande rareté et surtout les variantes qu'elle contient lui assignent le premier rang entre les trois éditions de l'Anthologie sorties des mêmes presses aldines.  
Le seizième siècle vit successivement paraître sept autres éditions de ce recueil incomparable, et toujours sous ce même titre de Florilegium qu'avaient forgé les Aldes (b).
L'édition de 1519, Florilegium... Graece Florentiae, per haeredes Philippi Juntae, faite sur la précédente, lui est inférieure en correction comme en beauté. C'est à cette édition que commence (c) l'étrange confusion qui défigure le texte du poème de Paul le Silentiaire sur les Thermes de Pythia, dans toutes les anciennes éditions de l'Anthologie. Notons, en passant, que c'est le savant évêque d'Avranches, Huet, qui a rétabli l'ordre des vers de ce poème, qu'il a, de plus, parfaitement commenté (d).
Les autres éditions de ce siècle sont la seconde des Aldes, Florilegium .... Venetiis, in aedibus Aldi, 1521; - la première édition publiée à Paris, Florilegium .... Parisiis, sub praelo ascensiano, 1531 ; - Florilegium.... .... cui nonnulla nuper inventa epigrammata adjecta sunt. Venetiis, apud Petrum et Joannem Nicolinos Sabienses, 1550; - la troisième des Aldes, Florilegium .... Venetiis, apud Aldi filios, 1550-1551, souvent préférée aux précédentes éditions aldines, comme la plus correcte et la plus ample ; - Epigrammatum Graecorum libri VII, graece, annotationibus Joannis Brodaei illustrati, cum indice, Basileae, 1549; - Florilegium .... cura Henrici Stephani. Excudebat Henricus Stephanus, 1566, petit in-fol., belle et bonne édition encore fort recherchée, et qui le sera toujours.
Le dix-septième siècle a été très-heureusement inauguré par une des meilleures éditions de l'Anthologie, où se trouvent réunis les notes et les commentaires du chanoine Brodeau et de Vincent Obsopoeus ; plus, un Appendix epigrammatum et le poème sur les Bains de Pythia, mais toujours dans le même état de désordre, qui le rend inintelligible. Cette excellente édition est due aux héritiers de l'imprimeur Wechel, de Francfort. En voici le titre : Epigrammatum Graecorum libri VII, graece, annotationibus Joannis Brodaei turonensis, nec non Vinc. Opsopoei, etc., illustrati. Accedunt annotationes Henrici Stephani. Francofurti, apud Andrex Wecheli heredes, anno MDC, in-fol.
Quatre ans après parut la première édition grecque-latine du Florilegium... interprete Eilhardo Lubino in biblipolio Commeliano, 1604, in-4. Cet Eilhard Lubin était professeur de littérature à l'académie de Rostock. C'était un homme très laborieux, qui contribua beaucoup à répandre le goût et à faciliter l'intelligence des anciens auteurs. Sa traduction publiée à Heidelberg par Commelin est assez rare et d'autant plus estimée.
Pendant plus d'un siècle et demi il ne parut aucune édition nouvelle de l'Anthologie; mais en 1616, date mémorable, Saumaise découvrit dans la bibliothèque palatine de Heidelberg le manuscrit de l'Anthologie de Constantin Cephalas. Jusqu'alors l'Anthologie seule de Maxime Planude avait été éditée, commentée, admirée. Un recueil beaucoup plus riche, renfermant une foule d'épigrammes, souvent plus anciennes, souvent plus belles, excita l'attention et les voeux du monde savant. Il en circula de nombreuses copies, il en parut comme des échantillons, par exemple dans les savantes notes du roman de Chariton, publié en 1750 par d'Orville. C'est sous le nom d'Anthologie inédite que se firent ces premières communications. Le docte Reiske en édita trois livres sous ce titre : Anthologiae graecae a Constantino Cephala conditae libri tres .... Lipsiae, 1754. Il s'écoula encore vingt ans avant que la curiosité érudite des hommes de lettres pût être satisfaite, et c'est Brunck qui' eut l'honneur de publier l'Anthologie nouvelle, depuis si longtemps attendue et désirée. Il la publia sous le titre de Analecta veterum poetarum graecorum, graece edidit Rich. Fr. Brunck, Argentorati, 1772, 3 vol. in-8, et sous une forme qui lui est propre, à savoir en mettant ensemble toutes les épigrammes des mêmes poètes, et en réunissant de même toutes les pièces sans nom d'auteur, Žd¡posta.
Cette publication a été un événement littéraire. Frédéric Jacobs en fit une étude spéciale, approfondie, et put en donner une nouvelle édition en 1794 , 5 vol. in-8, avec des tables très utiles, surtout avec un commentaire qui est un chef-d'oeuvre d'exégèse et qui remplit huit autres volumes. Cette édition de Jacobs porte le titre de Anthologia graeca, sive poetarum graecorum lusus, ex recensione Brunckii, Lipsiae, 1794, et le commentaire celui de Friderici Jacobs animadversiones in epigrammata Anthologiae graecae, 1798. 1814.
Pendant que ce savant philologue travaillait à ses animadversiones et les publiait, les triomphes des armées françaises en Italie nous avaient procuré, par le traité de Tolentino (e), les chefs-d'oeuvre des musées de Rome, les trésors de ses bibliothèques. Le manuscrit palatin de Heidelberg, devenu le Codex Vaticanus, se trouva parmi les dépouilles opimes, et ne fut pas le moins beau trophée de nos victoires. Le bruit de cette conquête littéraire se répandit en Allemagne, et fit venir à Paris des savants qui purent collationner les copies manuscrites et les textes édités. Armé de ces instruments nouveaux de la science et surtout d'une ancienne copie de Spaletti très bien faites (f), le laborieux philologue de Gotha, le savant commentateur des Analecta de Brunck se remit à l'oeuvre avec une nouvelle ardeur, pour donner une édition parfaitement conforme à l'original; il y joignit un volume de notes critiques où se trouvent encore d'ingénieuses conjectures et de nouvelles interprétations, et publia cette oeuvre monumentale, en 1813, sous le titre de Anthologia graeca ad fidem codicis olim palatini, nunc parisini, ex apographo gothano edita, 3 vol. in-8.
C'est jusqu'à présent l'édition par excellence de l'Anthologie, celle qui doit avoir la place d'honneur dans toutes les bibliothèques. Le savant à qui nous la devons avait compris qu'il y avait là les éléments d'un livre pour l'éducation de la jeunesse, et il en fit un delectus in usum scholarum, un choix à l'usage des classes. Ce livre fait partie de la Bibliotheca graeca de Jacobs et Rost, riche écrin des plus belles parures de l'antiquité, et il n'en est pas le joyau le moins précieux.
Pendant qu'à Leipsig Jacobs travaillait à son oeuvre, un savant en Hollande publiait enfin la traduction de Grotius (g). En voici le titre : Anthologia graeca, cum versione Hugonis Grotii ab Hieronymo de Bosch edita. Ultrajecti, 1795-1822. C'est un monument élevé à la gloire de Grotius par un savant compatriote, c'est un legs pieux que recueille avec reconnaissance le monde savant, c'est une double Anthologie grecque et latine, presque aussi charmante dans la langue de Virgile que dans la langue d'Homère.
Grotius n'a pu que reproduire l'Anthologie de Planude, celle de Céphalas n'étant pas encore retrouvée. Celle-ci fut de nouveau éditée en 1829 par Tauchnitz, célèbre imprimeur de Leipsig qui a bien mérité des lettres grecques et latines par sa collection à bon marché de tous les classiques de l'antiquité. Son édition de l'Anthologie est une des moins bonnes de sa collection ; elle fourmille de fautes de typographie ; mais elle circule beaucoup en Allemagne et en France ; elle a propagé la connaissance et le goût d'une oeuvre délicieuse. C'est un titre à l'indulgence.
Telle est l'histoire sommaire (h)d'un livre associé aux plus grands événements des lettres et de l'histoire, recueil presque unique dans les fastes littéraires, offrant au poète les plus gracieuses images, les pensées les plus ingénieuses dans leur forme primitive ; au philosophe des préceptes parés de toutes les grâces du style ; à l'historien des inscriptions monumentales ; au philosophe les formes les plus variées d'une langue pour ainsi dire éternelle ; à tous une savante et poétique révélation de l'antiquité dans sa force et sa grâce et jusque dans ses mauvaises moeurs.
On ne saurait considérer l'Anthologie du côté littéraire et poétique, sans se rappeler le chapitre du Cours de littérature de la Harpe qui emprunte aux traductions de Voltaire un si notable intérêt, et, grâce à ces traductions, donne une si juste idée du génie grec. Nous reproduisons ce chapitre à titre d'épisode et de digression. (La Harpe, Cours de littérature, liv. I, chap. IX, de l' Epigramme.) Ce terme d'épigramme ne signifie par lui-même qu'inscription, et il garde chez les Grecs, dont nous l'avons emprunté, son acception étymologique. Les épigrammes recueillies par Agathias, Constantin, Planude, Hiéroclès (i) et autres, qui forment l'Anthologie grecque, ne sont guère que des inscriptions pour des offrandes religieuses, pour des tombeaux, des statues, des monuments ; elles sont la plupart d'une extrême simplicité, assez analogue à leur destination : c'est le plus souvent l'exposé d'un fait. Presque toutes n'ont rien de commun avec ce que nous nommons une épigramme. Voltaire, qui savait cueillir si habilement la fleur de chaque objet, a traduit les seules (j) qui remplissent l'idée que nous avons de cette espèce de poésie. Les voici : 

Sur une statue de Niobé (k).
Le fatal courroux des dieux 
Changea cette femme en pierre. 
Le sculpteur a fait bien mieux, 
Il a fait tout le contraire.

Sur l'aventure de Léandre et de Héro (l).
Léandre, conduit par l'Amour, 
En nageant disait aux orages 
«Laissez-moi gagner les rivages; 
Ne me noyez qu'à mon retour."

Sur la Vénus de Praxitèle (m).
Oui, je me montrai toute nue 
Au dieu Mars, au bel Adonis, 
A Vulcain même, et j'en rougis; 
Mais Praxitèle, où m'a-t-il vue?

Sur Hercule (n).
Un peu de miel, un peu de lait, 
Rendent Mercure favorable. 
Hercule est bien plus cher, il est bien moins traitable 
Sans deux agneaux par jour, il n'est pas satisfait.
On dit qu''à nos moutons ce dieu sera propice ; 
Qu'il soit béni. Mais, entre nous, 
C'est un peu trop en sacrifice :
Qu'importe qui les mange, ou d'Hercule ou des loups ?

La dernière est une des plus jolies qu'on ait faites : c'est Laïs sur le retour, consacrant son miroir dans le temple de Vénus, avec ces vers : 

(o) Je le donne à Vénus, puisqu'elle est toujours belle :
Il redouble trop mes ennuis.
Je ne saurais me voir en ce miroir fidèle,
Ni telle que j'étais, ni telle que je suis.

Martial, chez les Latins, a aiguisé l'épigramme beaucoup plus, que les Grecs. Il cherche toujours à la rendre piquante ; mais il s'en faut bien qu'il y réussisse toujours. Son plus grand défaut est d'en avoir fait beaucoup trop .... J'en ai traduit une qui peut servir de leçon à Paris comme a Rome, et qui ne corrigera pas plus l'un que l'autre : elle est adressée à un avocat.

On m'a volé : j'en demande raison 
A mon voisin, et je l'ai mis en cause 
Pour trois chevreaux, et non pour autre chose. 
Il ne s'agit de fer ni de poison : .
Et toi, tu viens, d'une voix emphatique, 
Parler ici de la guerre punique, 
Et d'Annibal. et de nos vieux héros, 
Des triumvirs, de leurs combats funestes. 
Eh ! laisse là ces grands mots, ces grands gestes :
Ami, de grâce, un mot de mes chevreaux (p).

Après cette citation de la Harpe qui nous a fourni l'occasion de faire connaître, suivant l'adage évangélique (q), l'arbre par ses fruits, le parterre par ses fleurs (r), nous revenons à l'histoire de l'Anthologie pour la résumer. 
Dans le seizième siècle, sept ou huit éditions grecques de l''anthologie suffisent à peine aux besoins des lettrés de la Renaissance. L'édition de Wechel qui a inauguré le dix septième siècle, et qui n'est pas renouvelée pendant près de deux cents ans, constate un ralentissement dans les études helléniques. A la fin du dix-huitième siècle l'édition de Brunck est le signal du réveil des Muses, et coup sur coup, sans interruption, quatre éditions viennent attester qu'on lit encore du grec, à ce point qu'il en faut une cinquième, et MM. Didot la préparent.
Le mouvement actuel imprimé aux études classiques est plus particulièrement manifeste en ce qui concerne l'Anthologie par des travaux de critique et d'exégèse que nous sommes heureux d'avoir à signaler. Les plus remarquables nous paraissent être : Commentatio critica de Anthologia graeca ; scripsit Alphonsus Hecker. Lugduni Batavorum. 1843 et 1852, 2 vol. in-8. C'est une oeuvre de goût et d'érudition. - Supplément à l'Anthologie grecque, Paris, 1853, par M. Piccolos, un de ces Grecs qui ont hérité de l'atticisme (de leurs ancêtres. - Méléagre, dans les Portraits contemporains et divers, 1846, par M. Sainte-Beuve, qui a donné, dans cette étude, sur le poète le plus anthologique de l'Anthologie les meilleurs modèles de traduction. - Choix d'épigrammes tirées de l'Anthologie grecque, traduites en vers français avec accompagnement de notes critiques, par M. Chopin, docteur ès lettres, Paris, 1854.
L'Anthologie ne cesse donc pas d'être lue, d'être étudiée. Notre traduction, qui la première est complète, viendra en aide aux amis des lettres grecques pour leur faciliter la lecture d'un recueil dont on ne sentira bien que dans l'original le mérite et le charme ; car, il ne faut pas l'oublier, l'Anthologie est un bouquet de fleurs. Puisse-t-on trouver dans notre traduction un peu de leurs couleur, un peu de leurs parfums !

(a) Ainsi que l'atteste la souscription de l'épître de Lascaris, ce fut au mois d'août 1494 que l'Anthologie fut publiée à Florence; or, dans le mois de septembre suivant, les Français, sous le commandement de Chartes VIII, étant entrés en Italie, Pierre de Médicis, à qui cette épître est adressée, ne tarda pas à être chassé de Florence. Alors l'éditeur fut obligé de retrancher de son livre une dédicace qui portait le nom d'un proscrit, et de là vient que des exemplaires distribués ou vendus avant cet événement renferment le dernier cahier, tandis que ceux qui ont été vendus après ne l'ont pas. C'est un acte de bassesse qui n'est pas resté sans imitation.

(b) Florilegium est la traduction latine du mot grec ƒAnyologÛa. Il ne se trouve dans aucun auteur ancien, dans aucun dictionnaire ; mais Ovide a dit : Florilegae nascuntur apes. Le mot Florilegium a donc sa justification.

(c) Voy. Chardon de la Rochelle, Mélanges de critique et de philologie, t. I, p. 246.

(d) Voy. Huetii poemata, Ultrajecti, 1700, page 50 des Notae ad Anthologiam

(e) Ville des États de l'Église, où le général Bonaparte et le pape Pie VI signèrent, le 19 février 1797, le traité par lequel le pape abandonnait ses prétentions sur le comtat Venaissin, cédait la Romagne, etc. Ce traité imposa d'autres sacrifices à la cour de Rome qui eut à livrer des objets d'art, des livres, des manuscrits, entre autres celui qui, en 1623, avait été donné au pape, avec toute la bibliothèque palatine, par Maximilien de Bavière, lorsqu'il se fut emparé de la capitale du Palatinat. Le saint-père se montra si jaloux de conserver ce manuscrit précieux et unique, qu'il le fit porter à Terracine avec ses curiosités les plus rares; mais les commissaires du gouvernement fronçais exigèrent qu'il leur fût rapporté. Malheureusement pour la France , il lui a été repris par suite du traité de 1814 ; et la bibliothèque de Heidelberg a reconquis cet inappréciable trésor.

(f) "Apographum a laboriosissimo Spaletto ex codice palatino non desrcriptum, sed depictum." De Bosch. Praef. secundi vol. Anthologiae planudeae.

(g)  "Une note, qui est en tète du manuscrit, apprend qu'au mois de septembre 1630 Grotius commença la version des sept livres de l'Anthologie, et qu'elle fut achevée avant le mois de septembre de l'année suivante ; par où l'on peut juger de la prodigieuse facilité de ce grand auteur.» (Vie de Grotius, par de Burigny, p. 120). Remarquons que, en 1630, Grotius était à Paris, et qu'il ne retourna en Hollande qu'à la fin de septembre 1631. De son vivant, l'imprimeur Blaeu avait, en 1645, commencé l'impression de cette traduction, mais elle fut arrêtée par la mort de Grotius et resta inédite jusqu'a la fie du siècle dernier. Quand elle parut, on put croire qu'on avait moins une traduction qu'une oeuvre retrouvée de Catulle ou de Pétrone.

(h)  Pour compléter cette étude historique, ici très abrégée, il importe de lire, dans les notices des poètes de l'Anthologie placées à la fin du second volume, les articles Méléagre, Philippe, Agathias, Constantin Céphalas, Maxime Planude, Straton.

(i) Cet Hiéroclès est inconnu comme poète anthologique. Il y a là une erreur manifeste de notre critique plus ingénieux que savant.

(j)  Il y a dans l'Anthologie une foule d'épigrammes ingénieuses, piquantes, satiriques, dont on pourrait faire des épigrammes françaises. Il ne leur manque que des traducteurs comme Voltaire, André Chénier, Sainte-Beuve.

(k) ƒEk zv°w me yeoÛ , Anth. plan., 129.

(l) Cette épigramme n'est pas dans l'Anthologie, mais elle mériterait d'y être ; elle est dans Martial, et deux fois, dans le livre unique de Spectaculis, XXV, et au liv. XIV, 181.

(m) Gumn¯n eäde P‹riw, Anth. plan. 168.

(n) Eëkolow „ErmeÛaw, Anth. pal., IX, 72.

(o) „H sobaròn gel‹sassa, Anth. pal., VII, 1.

(p) Voy. Martial, VI, 19. Cette épigramme, et la Harpe ne semble pas s'en douter, est une imitation de l'épigramme grecque de Lucilius qui se trouve dans l'Anthologie, Choiridion kai boun , II, 44: c'est parce qu'elle est de notre Anthologie, parce qu'elle est fort bien traduite, que nous l'avons publiée ici, en la joignant aux épigrammes, de Voltaire comme de vrais modèles de traduction élégante et fidèle.

(qƒEk gŒr toè karpoè tò d¡ndron ginÅsketai, saint Matthieu XII, 83. 

(r) Tout, il est vrai, n'a pas la même perfection de grâce et d'esprit, et néanmoins, à chaque page, on peut dire avec Horace (Sat. I, 10, 51) : Plura quidem tollenda relinquendis.