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Anthologie grecque

ÉPIGRAMMES VOTIVES.

(Édition de Jacobs, t. I, p. 181; de Tauchnith, t. I, p. 136)

1. PLATON. - Moi, cette fière Laïs, dont la Grèce était le jouet et qui avais à ma porte un essaim de jeunes amants, je consacre à Vénus ce miroir, parce que je ne veux pas me voir telle que je suis, et que je ne peux pas me voir telle que j'étais (1).

2. SIMONIDE. - Ces flèches qui se reposent ici des sanglants combats, appendues aux voûtes de ce temple , sont une consécration à Minerve. Que de fois, dans le tumulte de la mêlée, elles se sont teintes du sang des cavaliers perses !

3. DENYS. - Hercule, ô toi qui habites la rocheuse Trachys, l'Ossa et les cimes ombreuses de Pholoé, Denys te consacre cette vaste massue, qu'il a coupée lui-même, avec sa serpe, d'un olivier sauvage.

4. LÉONIDAS. - Un hameçon bien recourbé, de longues perches, une ligne les paniers où l'on met les poissons, cette nasse, invention des laborieux pécheurs, un rude trident, arme neptunienne, et les paires de rames de ses bateaux, le pêcheur Diophante les a offerts et consacrés au dieu (2) de la pêche, comme il le devait, en souvenir du métier qu'il exerça longtemps.

5. PHILIPPE DE THESSALONIQUE. - Des roseaux attachés bout à bout, la rame qui fend les flots, des hameçons aux pointes perçantes, un plomb et sa corde, le lïége indicateur de la nasse , deux paniers suspendus à leur corde de jonc, la pierre d'où jaillit l'étincelle, et une ancre, appui des vaisseaux dans la tourmente ; voilà l'offrande consacrée à Mercure par Pison le pêcheur, dont la main tremble et que ses travaux ont épuisé.

6. ANONYME. - (Sur le trépied de Delphes). Amphitryon, à son retour par mer du pays des Téléboens, m'a consacré (3).

7. ANONYME. - Scéos, vainqueur au pugilat, m'a consacré à Apollon qui lance au loin les traits, pour l'ornement de son temple (4).

8. ANONYME. - Le monarque Léodamas a dédié ce trépied à Apollon, l'habile archer, pour la décoration de son temple (5).

9. MNASALQUE. - Apollon, Promachus te consacre un arc recourbé et un carquois vide. Ses flèches ailées sont aux coeurs d'ennemis qui les ont reçues dans la mêlée : à eux de t'en faire hommage !

10. ANTIPATER. - Tritogénie, chaste fille de Jupiter, souveraine des pudiques jeunes filles, Pallas, cet autel en cornes de bêtes t'a été élevé par Séleucus, obéissant à l'oracle d'Apollon.

11. SATYRIUS. - Le chasseur Damis consacre ces rets à longues mailles ; Pigrès l'oiseleur, ce réseau mince et serré pour prendre les oiseaux le pêcheur de nuit Clitor, ces filets de pêche. A toi, Pan, sont offerts ces instruments d'un triple labeur. Sois propice aux trois frères, et, pour récompenser leur piété, accorde-leur en abondance des oiseaux, des bêtes fauves, des poissons.

12. JULIEN D'ÉGYPTE. - Pan, reçois de trois frères des filets qui ont servi à leur triple chasse : Pigrès t'apporte ceux qui ont pris des oiseaux ; Damis,ceux qu'il tendait pour les bêtes sauvages, et Clitor, ceux qu'il jetait dans la mer. Donne-leur une abondante proie dans l'air, sur la terre et dans l'eau.

13. LÉONIDAS. - O Pan, dieu des chasseurs, trois frères te consacrent ces filets, différents suivant le genre de leur chasse : Pigrès t'offre des filets à prendre des oiseaux ; Damis des filets pour les bêtes fauves ; Clitor, des filets da pêche. Pour prix de ces dons, envoie une proie assurée , à l'un dans l'air, à l'autre dans les bois, au troisième sur les bords de la mer.

14. ANTIPATER DE SIDON. - Trois frères consacrent à Pan les instruments de leur métier : Damis, ses toiles où succombent les bêtes des montagnes ; Clitor, ses filets de pêche ; Pigrès, ses inévitables collets où se prennent les oiseaux. Jamais il ne sont revenus, l'un des bois, l'autre de la plaine, le troisième des étangs, sans rapporter au logis une abondante proie.

15. LE MÊME OU ZOSIME. - Clitor a consacré ses filets de pêcheur ; Damis ses filets de chasseur ; Pigrès, ses filets d'oiselier. A toi, Pan, se recommande la piété des trois frères : accorde-leur une abondante proie dans l'air, dans la mer, dans les bois.

16. ARCHIAS. - A toi, Pan, sont offerts par trois frères ces dons divers de trois sortes de filets : Damis, te dédie ses filets de chasse ; Pigrès, ses filets d'oisellerie ; Clitor, ses filets de pêche. Que, grâce à toi, l'un soit habile et heureux dans l'air, l'autre sur les flots, l'autre dans les bois.

17. LUCIEN. - Trois courtisanes, divine Cypris, t'ont consacré ces offrandes, chacune des bénéfices de son métier : l'une, Euphro, du revenu illicite de ses charmes ; Clio, de leur légitime produit ; la troisième, Atthis, de ce que lui rapportent ses lèvres (6). En échange, envoie à l'une des présents de garçon, à l'autre des présents de femme , à la troisième rien (7).

18. JULIEN D'ÉGYPTE. - Laïs, dont les ans ont flétri les attraits, a peur de ce qui lui montre ses rides et son âge. L'épreuve du miroir lui est odieuse. Aussi a-t-elle consacré à la reine de l'éternelle beauté le disque qui fut le compagnon de sa jeunesse. Reçois-le, ce miroir, ô déesse de Cythère, puisque ta beauté n'a rien à redouter du temps.

19. LE MÊME. - 0 Cythérée, tu donnes la beauté ; mais le temps flétrit à la longue ton présent. Il s'est envolé loin de moi, ce don que je te devais, ô Cythérée ; reçois aussi le miroir qui en fut le témoin et la preuve.

20. LE MÊME. - Laïs avait subjugué par sa beauté la Grèce qui triompha des lances superbes des barbares. L'âge a triomphé aussi de Laïs, et elle te consacre, ô Vénus, le miroir qui fut le confident de sa beauté, l'ami de sa jeunesse ; car elle voit avec douleur ses cheveux blancs, et l'image qu'en reproduit son miroir lui est également odieuse.

21. ANONYME. - Le hoyau qui retourne les plates-bandes arrosées, la serpette dont le fer recourbé abat les tiges exubérantes, le manteau troué, protecteur de la pluie, des chaussures inusables en cuir de boeuf, le plantoir qui s'enfonce droit dans le sol pour qu'il reçoive de jeunes choux, l'arrosoir qui, dans les chaleurs de l'été, rafraîchit incessamment le poireau altéré ; tout cela, Potamon te le consacre, ô Priape, protecteur des jardins ; en reconnaissance de la richesse qu'il doit au jardinage.

22. ANONYME OU ZONAS. - Cette grenade qui vient de s'entr'ouvrir, ce coing velouté, cette figue à la peau ridée avec son ombilic et sa queue, cette grappe pourprée au jus enivrant, aux grains sans nombre, cette noix dépouillée de sa verte écale ; tous ces fruits, l'horticulteur les consacre au dieu des jardins taillé dans un bloc de bois, à Priape, champêtre et rustique offrande.

23. ANONYME.- Mercure, qui habites cette caverne battue des flots, cette roche où se posent les plongeons après leur pêche, reçois ce débris d'une seine usée par la mer, desséchée et jaunie sur la plage, des éperviers, un filet à prendre des mulets, une nasse en spirale, un liége qui indique où le filet plonge sous les eaux, et un roseau avec le crin de cheval, non sans des hameçons.

24. ANONYME. - A la déesse Syrienne, Héliodore consacre, sous les colonnes de ce temple, le filet qu'il a inutilement usé. Il est pur de toute proie marine; car de ses mailles on n'a jamais retiré que les algues du rivage.

25. JULIEN D'ÉGYPTE. - Ce filet de pêche, dont il se sert depuis bien longtemps, Cinyras, épuisé par l'âge et par le travail, le consacre aux Nymphes. Car sa main est tremblante et il ne peut plus le lancer en lui imprimant un mouvement circulaire qui en développe les plis. Si l'offrande est de peu de prix, pour cela ne la méprisez pas, Nymphes, car c'était toute la fortune de Cinyras.

26. LE MÊME.  Cinyras consacre ce filet aux Nymphes car il est vieux, et il ne peut plus le soulever ni le lancer au loin. Poissons, réjouisses-vous : la vieillesse de Cinyras vous rend la sécurité des mers.

27. THÉÉTÈTE. - Un filet de pèche aux nombreuses mailles, une couple de roseaux avec les lignes et les hameçons, un liége , fidèle indicateur des piéges sous-marins, une pierre dont un choc fait jaillir du feu, de plus une ancre, salut du navire, frein de la tempête, et des fers d'hameçons tordus : voilà les offrandes que consacre aux divinités protectrices de la pêche le pêcheur Béton, dont l'âge et la maladie ont épuise les forces.

28. JULIEN D'ÉGYPTE. - Des roseaux courbés avec leurs lignes, une rame aussi, fouet du navire, un cerceau garni d'hameçons crochus, un vaste épervier avec ses plombs, des liéges indiquant les engins cachés sous les flots, une couple de paniers bien tressés, la pierre d'où naît l'étincelle, une ancre, appui des vaisseaux en dérive ; tout cela, Mercure, le pêcheur Béton te le consacre, lui qui est vieux et qui tremble.

29. LE MÊME. - Béton a consacré à Mercure des instruments de son métier de pêcheur, craignant l'affaiblissement de l'âge, une ancre, une pierre à feu, des paniers avec un liége, une rame, des filets et des lignes.

30. MACÉDONIUS. - Le vieux pêcheur Amyntichus, renonçant aux travaux de la mer, attache à son trident (8) un filet frangé de plomb, et les yeux tournés vers la plage il dit à Neptune en essuyant ses larmes : "Dieu puissant, j'ai beaucoup travaillé, tu le sais ; mais me voilà vieux, et à la vieillesse s'ajoute ia pauvreté opiniâtre et dévorante. Nourris ce qui reste encore du vieillard, mais nourris-le des biens de la terre, toi qui règnes à ton gré sur la terre (9) et sur les flots."

31. ANONYME ou NICARQUE. - J'offre ce présent en commun à Pan aux pieds de chèvre, à Bacchus le dieu des vendanges, à Cérès couronnée d'épis, et je leur demande de m'accordai de beaux troupeaux, d'excellent vin et de riches moissons.

32. AGATHIAS. - A Pan qui aime les rochers et les bois. Chariclès, sur un rocher boisé, consacre ce bouc qui a deux cornes comme lui, qui, comme lui, est velu, comme lui se plaît dans les fourrés ; ce bouc à la toison fauve, à la barbe rousse.

33. MÉCIUS. - Priape qui protéges cette plage, des pêcheurs, ayant enfermé dans l'enceinte de leur solide filet une troupe bondissante de thons, au fond de ce golfe aux eaux bleues, t'ont consacré en reconnaissance ces humbles offrandes, une tasse de hêtre, un banc rustique de tamarin et une coupe de verre, afin que tu puisses reposer tes membres fatigués par la danse et rafraîchir tes lèvres altérées.

34. RHIANUS. - A Pan, le dieu de la montagne, Polyen consacre cette massue, cet arc, ce carquois, les pieds d'un sanglier, un collier de chien, hommage de ses chasses. O Pan, fais qu'à l'avenir aussi Polyen, le fils de Simyle, soit toujours un heureux chasseur.

35. LÉONIDAS. - Au dieu qui aime les chèvres et qui en a les pieds, à Pan, Téléson consacre cette peau de bête qu'il suspend à un platane sauvage ; il lui offre aussi la massue taillée dans un tronc d'arbre qui lui a servi à tuer des loups furieux, des terrines où se caille le lait, un collier de dogue et une laisse pour conduire de fins limiers.

36. PHILIPPE DE THESSALONIQUE. - O Cérès que le blé réjouit, le laboureur Sosiclés te consacre des gerbes du petit champ par lui ensemencé, ayant fait une belle récolte. Puisse-t-il encore par la suite rapporter, gràce à toi, sa faux émoussée par la moisson !

37. ANONYME. - Des pasteurs ont, de leurs rustiques mains, taillé sur la montagne cette branche de hêtre courbée par les ans. Ils l'ont polie, et, sur la route, ils ont consacré cette belle offrande à Pan, le protecteur des gras troupeaux.

38. PHILIPPE. - Des filets qu'une frange de plomb entraîne sous les flots, une rame encore dégouttante de l'onde amère, un trident funeste aux monstres des mers, le javelot qui les atteint sous les vagues, la nasse dont la pose est signalée par des liéges, une ancre, puissante main qui retient le navire, la pierre chère aux matelots, parce qu'elle recèle du feu ; voilà les derniers dons que t'offre Amyntichus, ô Neptune, roi des mers, car il renonce au dur métier de marin et de pêcheur.

39. ARCHIAS. - O Minerve, les filles de Xuthus et de Mélité, Satyré, Héraclée, Euphro, toutes trois de Samos, te consacrent l'une, sa longue quenouille, avec le fuseau qui obéissait à ses doigts pour se charger des fils les plus déliés ; l'autre, sa navette harmonieuse qui fabrique les toiles au tissu serré ; la troisième, sa corbeille avec ses belles pelotes de laine, instruments de travail qui, jusqu'à la vieillesse, ont soutenu leur laborieuse vie. Voilà, auguste déesse, les offrandes de tes pieuses ouvrières.

40. MACÉDONIUS. - Mes boeufs, car je leur dois le pain qui me nourrit, pardonne, ô Cérès, je te les offre en pâte (10), non en nature. Donne à mes vrais boeufs de vivre, et remplis mes champs de javelles, m'accordant ainsi en échange tes plus abondants bienfaits ; car je suis bien ton laboureur. Aussi vois-je luire la quatrième année en sus de quatre-vingts autres, et si je n'ai jamais fait de récoltes corinthiennes, je n'ai jamais connu non plus la dure pauvreté sans épis et sans pain (11).

41. AGATHIAS. - Ce soc d'airain qui ouvre les sillons et brise les glèbes, cette besace en peau de boeuf, un aiguillon pour piquer l'attelage, un manche de charrue avec sa cheville, ce sont les offrandes que consacre à Cérès le laboureur Callimène, après avoir retourné le sol fertilisé d'un champ en friche. O déesse, si tu m'accordes une abondante moisson, je t'apporterai aussi une faux.

42. ANONYME. - Alcimène, pauvre jardinier, ayant dans son petit jardin obtenu une abondante récolte de fruits, offre à Pan une figue, une pomme et de l'eau, en lui disant : "C'est à toi que je dois tous ces trésors ; reçois ces fruits qui viennent de mon jardin et cette onde qui coule de ton rocher, reçois-les, et, en échange, multiplie les biens que je t'offre."

43. PLATON. - Servante des Nymphes, messagère et chantre de la pluie qu'elle aime, cette grenouille, modelée en bronze, est l'offrande votive d'un voyageur guéri par elle d'une horrible soif sous les feux du soleil. Elle lui montra, en effet, une source, ayant chanté de sa voix amphibie au fond d'un humide ravin. Le voyageur, en suivant sans se détourner le chant qui le guidait, trouva les fraîches eaux de la source qui le désaltéra.

44. ANONYME OU LÉONIDAS DE TARENTE. - Aux Satyres buveurs de vin doux, à Bacchus qui planta la vigne, Héronax, comme prémices de ses jeunes vignes et de ses trois vignobles, a consacré ces trois jarres, remplies du vin de la première récolte. Dans les libations que nous allons faire suivant les rites aux Satyres ou à Bacchus, buvons plus que les Satyres.

45. ANONYME. - Ce hérisson armé de pointes aiguës, ravageur des claies où sèche le raisin, qui se roulait en boule sur les grappes pour en récolter les grains, épié et surpris, Comavlos l'a suspendu vivant et offert au dieu des vendanges.

46. ANTIPATER DE SIDON. - Cette trompette d'airain, qui naguère était l'organe de la guerre et de la paix, dont le pavillon lançait des fanfares tyrrhéniennes, Phérénice l'offre comme hommage à Minerve, ayant renoncé, lui, à la guerre et aux fêtes.

47. LE MÊME. - Cette navette qu'accompagne le chant, instrument d'un famélique labeur, Bitto l'a consacrée à Minerve, en disant : "Adieu, déesse, reçois-la en offrande. Je suis veuve, et quatre dizaines d'années grèvent déjà ma vie. Je renonce à ton métier et retourne au culte de Vénus ; car je sens que mes désirs sont plus puissants que l'âge. "

48. ANONYME. - Cette navette chargée de laine, instrument d'un famélique labeur, Bitto l'a consacrée à Minerve, ayant pris en haine tous les travaux de lainage et l'art pénible du tisserand. "Minerve, dit-elle, j'embrasse le culte de Vénus, et contre toi, je joins mon suffrage à celui de Pâris."

49. ANONYME. - (Offrande de Diomède). Je suis un trépied d'airain, consécration delphique. Aux funérailles de Patrocle, Achille aux pieds légers m'a proposé en prix, et le vaillant fils de Tydée, Diomède, ayant vaincu à la course des chars sur le rivage de la mer d'Hellé, m'a dédié à Apollon.

50. SIMONIDE. - Les Grecs, confiants dans leur mâle courage, après avoir chassé les Perses par la force de leurs bras, par le succès des batailles, ont élevé cet autel (12), ornement de la Grèce affranchie, à Jupiter libérateur.

51. ANONYME. - O ma mère, terre de Phrygie, nourrice de lions, où le mont Dindyme est foulé par tes initiés, l'eunuque Alexis (13), qui a renoncé au tambour d'airain et à ses fureurs, te consacre les instruments de son délire, des cymbales retentissantes, d'éclatantes trompettes pour lesquelles le jeune taureau fournit ses cornes recourbées, des tambours sonores, des couteaux rouges de sang, et de blondes chevelures qui autrefois s'agitaient sur sa tête. O déesse, sois-lui propice, et permets que celui qui dans sa jeunesse a parcouru en furieux tes montagnes se calme et se repose.

52. SIMONIDE. - Puisses-tu, lourd javelot, rester suspendu à cette haute colonne, comme un hommage pieux offert à Jupiter, le père des oracles ; car ton fer est vieux, et toi-même es usé, ayant été tant de fois brandi dans les combats.

53. BACCHYLIDE. - Eudème a, dans son champ, consacré cette chapelle au Zéphire, de tous les vents le plus favorable à l'agriculture. Car à sa prière ce vent est venu l'aider à vanner, dans le plus bref délai, le grain de ses épis mûrs.

54. PAUL LE SILENTIAIRE. - Le Locrien Eunomus consacre au dieu de Lycorée (14) cette cigale d'airain, en souvenir de sa lutte et de sa victoire. Il y avait, en effet, une joute de lyre, et Parthès, le rival d'Eunomus, était là. Dés que la lyre locrienne eut résonné sous le plectrum, une corde en sifflant se rompit ; mais avant que la voix du chanteur fût privée de son harmonieux accompagnement, une cigale en chantant s'était posée sur la lyre et y remplaçait les notes de la corde absente, ayant adapté au mode de la lyre une voix agreste qui naguère ne résonnait que dans les bois. Aussi, immortel fils de Latone, c'est toi qu'Eunomus honore par l'offrande de cette mélodieuse cigale, représentée en bronze sur sa lyre.

55. JEAN DE BARBUCALLE. - A Pitho et à Cypris le pâtre Hermophile, le fiancé d'Eurynoma fraîche comme sa couronne, consacre ce lait caillé et ces rayons de miel. Déesses, recevez le lait pour elle [qui en a la blancheur] et le miel pour moi.

56. MACÉDONIUS. - Le vigneron Lénagoras a consacré à Bacchus ce satyre, couronné de lierre, chancelant sous le vin. Sa tête est pesante, et l'on dirait que sa couronne et ses fruits, que sa Débride, sa chevelure sont ivres, qu'ils chancellent et fléchissent. L'art par une muette image a imité la nature, et la matière n'a pas osé s'y refuser.

57. PAUL LE SILENTIAIRE. - Cette peau de lion avec les pattes armées de cinq griffes, la tête rouge de sang et la gueule béante, Teucer d'Arabie l'a suspendue à ce pin, et te l'a consacrée, ô Pan aegipode, ainsi que le javelot rustique qui a tué le monstre. L'empreinte des dents se voit encore sur sa pointe à demi rongée ; là s'était épuisée la fureur du lion rugissant. Les nymphes des eaux en dansèrent de joie avec les nymphes des montagnes ; car souvent il les avait épouvantées.

58. ISIDORE. - O lune, Endymion que tu as aimé te consacre un lit que tu ne viens plus visiter et une couverture bien inutile. II est tout honteux ; car les cheveux blancs qui se sont emparés de sa tête ne laissent plus de trace de sa première beauté.

59. AGATHIAS. - Callirrhoé consacre à Vénus ses couronnes, à Minerve une natte de ses cheveux, à Diane sa ceinture, parce qu'elle a trouvé le fiancé qu'elle voulait, parce qu'elle a passé honnêtement sa jeunesse, et qu'elle a mis au monde de beaux garçons.

60. PALLADAS. - Au lieu d'un génisse et d'un trépied d'or, Pamphilium a consacré à Isis ses beaux cheveux lustrés ; et la déesse s'en réjouit plus qu'Apollon de tout l'or que lui offrit Crésus, roi de Lydie.

61. PALLADAS. - Ciseaux divins, heureux ciseaux, qui avez coupé les tresses de cheveux dont Pamphilium a fait une offrande, ce n'est pas une main mortelle qui vous a forgés ; c'est la Grâce aux brillantes bandelettes qui, pour dire comme Homère (15) de ses propres mains vous a travaillés à la fournaise de Vulcain, avec un marteau d'or.

62. PHILIPPE DE THESSALONIQUE. - Son plomb circulairement aiguisé pour régler les pages, le canif qui taillait les roseaux au bec pointu, sa règle, sa pierre ponce recueillie sur le rivage, sèche et poreuse, Callimène les consacre aux Muses ; car l'âge a émoussé sa vue, et il va se reposer de ses travaux.

63. DAMOCHARIS. - Un disque de plomb noir à tracer des lignes, une régie qui en garantit la rectitude, des vases de liqueur noire pour écrire, des calames fendus à leur pointe et bien taillés, la pierre rude qui aiguise le roseau et lui rend sa finesse quand il s'émousse, le fer qui le façonne avec sa pointe et sa lame, tous ces outils de son métier, Ménédème te les consacre, ô Mercure, parce que l'âge a jeté sur ses yeux un nuage ; et toi, dieu secourable, ne laisse pas mourir de faim ton ouvrier (16).

64. PAUL LE SILENTIAIRE. - Le plomb cylindrique qui sert à tracer des lignes, l'âpre pierre ponce pour aiguiser les durs roseaux, la lame qui effile leur bec fendu, la règle qui garantit la rectitude de l'écriture, l'encre gardée dans des cornets ciselés, et les roseaux aux pointes noircies, voilà ce qu'à Mercure consacre Philodème dont l'âge a ridé le front et affaibli la vue.

65. LE MÊME. - La rondelle de plomb qui trace la route en rasant la règle droite, le fer bien trempé qui taille le roseau et la règle elle-même qui garantit la rectitude des lignes, la pierre rude sur laquelle le roseau aiguise son double bec émoussé par une écriture prolongée l'éponge qui a servi de lit au Triton au fond des mers et qui efface les erreurs du roseau, la boîte à plusieurs compartiments où se trouve l'encre avec tous les outils de l'art d'écrire, Callimène les consacre à Mercure, parce que l'âge qui fait trembler sa main l'oblige à se reposer de ses longs travaux.

66. LE MÊME. - Le plomb qui trace la route suivie par l'écriture en lignes harmonieuses, la règle qui sert de guide au plomb dans sa course rapide, la pierre percée de mille trous comme l'éponge, le récipient de l'encre ineffaçable, d'excellentes plumes aux becs noircis, l'éponge, produit de la mer, ornement de ses prairies, et le fer qui taille les légers roseaux, voilà les offrandes qu'a consacrées aux Muses studieuses Callimène dont la vieillesse a fatigué les yeux et la main.

67. JULIEN D'ÉGYPTE. - Le plomb qui trace des lignes droites et la règle qui lui sert de guide, la pierre poreuse qui aiguise le bec émoussé des roseaux, l'encre et les roseaux qui révèlent les mystères de la pensée, la lame tranchante d'un canif, telles sont les offrandes que consacre à Mercure le vieux Philodème, dont la vue et la main affaiblies par l'âge se trouvent affranchies des travaux de copiste.  

68. LE MÊME. - Je te consacre ce plomb cylindrique dont e me suis servi pour tracer des sillons de lignes droites, et cette règle qui servait de guide au plomb qui rayait mes pages, la pierre qui aiguise et polit les roseaux bien fendus, le vase qui contient l'encre, et Ies roseaux par lesquels le temps conserve à l'avenir la mémoire du passé ; reçois tout cela, et aussi, le canif de fer, auquel Mars et les Muses ont donné leurs propres attributs. Une telle offrande, ô Mercure, t'appartient de plein droit ; mais aussi du vieux et infirme Philodème qui ne possède plus rien, protége le reste des jours.

69. MACÉNONIUS. - Crantés qui a couru longtemps les mers a consacré ce navire à Neptune, ayant solidement étançonné aux aborda du temple son offrande qui n'a plus rien à craindre les vents sur la terre ; et lui-même, étendu tout de son long, il y goûte un sommeil exempt d'alarmes.

70. LE MÊME. - O Neptune, souverain de la terre et des flots, moi Crantès, je te consacre ce navire que ne mouillent plus les vagues, ce navire dont le vent enflait les voiles, et sur lequel j'ai cru souvent avec effroi descendre chez Pluton. Désormais je foule avec sécurité la terre, ayant dit adieu aux alarmes, à l'espérance, à la mer, aux tempêtes.

71. PAUL LE SILENTIAIRE. - Pour toi les innombrables débris de couronnes effeuillées, pour toi les coupes de l'ivresse et de la folie brisées en morceaux, pour toi des cheveux humides de parfums, pour toi, Laïs, toutes ces dépouilles d'Anaxagore trop épris de tes charmes gisent ici dans la poussière. Que de nuits le malheureux a passées à ta porte avec ses amis, sans pouvoir obtenir un mot, une gracieuse promesse, une de ces paroles même menteuses qui donnent de l'espoir. Hélas ! épuisé il a laissé là ces marques de sérénade et d'amour, reprochant à la belle jeune fille ses rigueurs.

72. AGATHIAS. - J'avais vu un lièvre arrêté près d'une vigne et se gorgeant de raisin. Un paysan, à qui je le signalai, l'aperçut, et avant d'être vu l'atteignit à la tête d'un coup de pierre, et l'abattit. Plein de joie, le paysan s'écria : "0 Bacchus, reçois sur-le-champ ce double hommage d'une libation et d'une victime (17)." 

73. MACÉDONIUS. - Daphnis le joueur de syrinx, qui chancelle sous le poids des ans et renonce aux travaux des bergers, consacre au dieu des pacages, à Pan, cette massue pastorale que sa main affaiblie ne peut plus manier. Je puis encore jouer de la flûte, et dans mon corps tremblant ma voix ne tremble pas. Mais qu'aucun chevrier ne dise dans les montagnes aux loups cruels que la vieillesse m'a ôté mes forces.

74. AGATHIAS. - Moi Eurynome, la bacchante vagabonde, qui naguère déchirais le poitrail de monstrueux taureaux, qui joyeuse et triomphante portais comme un jouet la tête d'un lion terrible, j'ai négligé tes orgies, ô Bacchus, pardonne-le-moi ; Vénus m'a entraînée à ses autels. Je te remets et te consacre ces thyrses, ces massues. Ayant jeté tes guirlandes de lierre, je vais enlacer à mes bras de riches anneaux d'or.

75. PAUL LE SILENTIAIRE. - Apollon, cet arc t'est consacré par Androcle, cet arc dont il s'est toujours si heureusement servi à la chasse. Jamais flèche lancée par lui ne s'est égarée de sa course et n'a trahi l'adresse de sa main. Autant de fois que sa corde a sifflé, autant d'oiseaux ou de bêtes fauves sont tombés du haut des airs ou dans les forêts. En reconnaissance de ces faveurs, Apollon, il t'apporte cet arc de Lyctos (18), pieuse offrande qu'il a ornée de garnitures d'or.

76. AGATHIAS. - Ton époux Anchise, pour lequel autrefois, Vénus, tu accourais si souvent sur les rivages de l'Ida, maintenant trouve à grand'peine un cheveu noir à couper sur sa tête, et il te consacre ce reste de sa première jeunesse. Allons, déesse, car tu le peux, rends-moi ma jeunesse, ou bien accueille mes cheveux blancs comme jadis tu accueillais mes cheveux noirs.

77. ERATOSTHÊNE LE SCHOLASTIQUE. - Le buveur Xénophon te consacre, ô Bacchus, un tonneau vide. Reçois-le avec bonté : 
il n'a rien autre chose à t'offrir.

78. LE MÊME. - Daphnis, amant malheureux, offre à Pan ton ami ces roseaux troués, cette peau de mouton, cette houlette. "O Pan, reçois les dons de Daphnis ; car, comme lui, tu aimes le chant, comme lui tu es malheureux en amour."

79. AGATHIAS. - Pan, dieu des montagnes, le laboureur Stratonice t'a consacré en reconnaissance de tes bienfaits cet enclos non défriché. "Fais-y paître, a-t-il dit, tes troupeaux ; regarde comme étant à toi ce champ dont la faux ne coupera plus les herbes. Tu trouveras des charmes à y séjourner; car Echo, qui aime ce lieu, ne refusera pas d'y accomplir son hyménée (19)."

80. LE MÊME. - Je suis l'oeuvre d'Agathias, les neuf livres de ses Daphniaques. L'auteur me dédie à toi, Cypris ; et en effet je cherche moins à plaire aux Muses qu'à l'Amour dont je chante le culte et les autels. Pour récompense de ses travaux, Agathias te demande qu'il lui soit accordé ou de n'aimer aucune femme ou d'en aimer une facile et bonne.

81. PAUL LE SILENTIAIRE. - Lysimaque a consacré ce bouclier de buffle qui a protégé sa vie dans les combats, ce javelot qu'il a tant de fois teint du sang de ses ennemis, cette cuirasse à l'épreuve des flèches, ce casque hérissé d'une crinière de cheval ; il les offre au dieu Mars, maintenant qu'il a échangé sa panoplie contre le bâton de la vieillesse.

82. LE MÊME. - Mélisque offrit ses flûtes à Pan ; mais ce dieu lui dit qu'il n'acceptait pas cet hommage, se rappelant que des roseaux (20) avaient causé ses peines amoureuses.

83. MACÉDONIUS. - Un jour Eumolpe, posant sa lyre sur le trépied d'Apollon, la lui consacra. Accusant sa main glacée par l'âge : "Que je ne touche plus jamais de la lyre, dit-il ; je ne veux plus m'occuper de mon art d'autrefois. Aux jeunes gens la lyre et ses accords! pour moi, au lieu du plectre, c'est un bâton que je vais prendre pour assurer mes pas tremblants."

84. PAUL LE SILENTIAIRE. - A Jupiter Nicagoras dédie ce fragment du bouclier qui armait son bras dans les batailles. C'en est le milieu ; le reste a été détruit par les javelots, par des grêles de pierres, par le tranchant des glaives. Mais ainsi mutilé sur ses bords, il était au bras vaillant de Nicagoras et sauvait son sauveur. En ce qui concerne ce bouclier on voit que les règlements militaires de Sparte ont été religieusement observés.

85. PALLADAS. - (Consécration comique.) Gordius, primipilaire, fils de Timothée, consacre sa cui, ses cné, son bouclier, son casque, et sa pi (21).

86. EUTOLMIUS. - Rufus Gellius, fils de Memmius, a consacré à Minerve des cnémides, une cuirasse, un bouclier, un casque, une pique.

87. ANONYME. - Notre Pan t'a consacré sa houlette et sa peau de faon, ô Bacchus , après avoir quitté ton cortége, et tes choeurs. Car il aime Écho, il erre à sa poursuite. Cette destinée, tu l'as subie également, ô Bacchus : aie donc pitié de lui.

88. ANTIPHANE DE MACÉDOINE. - Cythérée elle-même a pour toi détaché sa ceinture et te l'a donnée, afin que, avec ce philtre tout-puissant, tu subjuguasses les mortels ; et c'est contre moi seul que tu t'en es servie !

89. MÉCIUS QUINTUS. - O Priape, qui te plais sur les roches polies d'une île ou sur les âpres récifs du rivage, le vieux pêcheur Pâris t'a consacré ce homard qu'il a pris avec ses meilleures lignes. Après en avoir placé la chair cuite sous ses dents usées par l'âge, il t'a offert, dieu propice, l'enveloppe du crustacé. Ne lui donne pas beaucoup en échange, ô Priape ; seulement, que ses filets heureux lui procurent les moyens d'apaiser son estomac qui crie la faim.

90. PHILIPPE DE THESSALONIQUE. - Cette ancre qui plongeait dans les algues et arrêtait le navire, ces deux rames qui fendaient les flots, ce plomb attaché aux filets ces nasses garnies de liége, ce chapeau dont les larges bords abritaient de la pluie, et cette pierre qui le soir, donne du feu aux matelots, te sont consacrés, ô Neptune, roi des mers, par Archiclès qui a renoncé à la pêche en mer.

91. THALLUS DE MILET. - Mars, dieu des combats, Promachus t'a donné ce bouclier, Acontée ces javelots, Eumède cette épée, Cydon ces flèches, Hippomédon ce frein, Mélante ce casque, Nicon ces cnémides, Aristomaque ce javelot, Philinus, cette cuirasse. Accorde à tous ces guerriers de dépouiller leurs ennemis des armes qu'ils te consacrent.

92. PHILIPPE DE THESSALONIQUE. - Le soufflet de sa forge, la lime aux dents aiguës, la pince aux serres d'écrevisse, les pattes de lièvre qui recueillent la limaille d'or, l'orfèvre Démophon, à qui l'âge a fait perdre la vue, les consacre au dieu de Cyllène.

93. ANTIPATER DE SIDON. - Le vieux Harpalion, dont les rides attestent l'âge, a consacré ce trident de pêche à Hercule ; car depuis bien des années, son bras ne peut plus ni le porter ni le lancer, et sa tête s'est couverte de cheveux blancs.

94. PHILIPPE DE THESSALONIQUE. - Ces bruyants tambours qui résonnaient sous sa main vigoureuse, ces cymbales creuses aux sons aigus, ces doubles flûtes en corne de boeuf, dans les quelles autrefois il soufflait avec fureur en agitant sa tête, l'épée aussi à deux tranchants dont il se frappait la veine, tout cela, ô Rhée dont le char est traîné par des lions, Clytosthène te le consacre. L'âge lui a ôté son enthousiasme et ses forces.

95. ANTIPHILE. - L'aiguillon à la pointe de fer qui dirige et menace les boeufs, la besace qui contient la mesure de froment à sellier, la faux recourbée, arme des moissonneurs, la fourche qui, comme une main, secoue les gerbes à l'encontre du vent , ses manteaux de peau de mouton troués, Parmis le laboureur consacre tout cela à Cérès, ayant renoncé aux pénibles travaux des champs.

96. ÉRYCIUS. - Glaucon et Corydon, qui mènent ensemble leurs troupeaux de boeufs sur les montagnes, tous deux Arcadiens, ont immolé à Pan, gardien du mont Cyllène, la génisse aux belles cornes ; et ses cornes de douze palmes, ils les ont attachées en son honneur, avec un long clou, au tronc de ce platane touffu, belle offrande au dieu des bergers.

97. ANTIPHILE DE BYZANCE. - "Lance d'Alexandre." Cette inscription dit qu'il t'a consacrée à Diane, toi l'arme d'un bras invincible, en mémoire de ses guerres. O glorieuse lance qui as soumis la terre et la mer au bras qui te brandissait ! sois-nous propice, lance qui n'as jamais tremblé. Mais toujours à ta vue on tremblera, en se souvenant de la grande et puissante main du conquérant.

98. ZONAS. - A Cérès protectrice des vanneurs, aux Heures protectrices des sillons, le laboureur (22) Héronax consacre, de sa 
pauvre petite moisson, cette part d'épis et ces légumes de toute espèce. Il pose sur ce trépied de pierre cette très-petite offrande, prélevée sur sa petite récolte : il ne possède, en effet, qu'un bien mince héritage sur cette misérable colline.

99. PHILIPPE DE THESSALONIQUE. - T'ayant taillé dans un hêtre, ô Pan, Philoxénide, l'illustre chevrier, a placé ici ta statue avec son écorce, après avoir immolé un vieux bouc après avoir arrosé tes saints autels du lait d'une jeune brebis. En retour, que ses chèvres mettent bas à l'étable deux petits à la fois, et qu'elles échappent à la dent meurtrière des loups.

100. CHINAGORAS. - Le flambeau, qui donne lieu à une lutte sacrée (23) parmi les jeunes gens, comme souvenir du feu dérobé par Prométhée, Antiphane, fils d'un père du même nom, accourt te l'offrir, ô Mercure, de sa main et encore allumé, glorieux prix de sa victoire.

101. PHILIPPE. - Des couteaux tranchants qui ont coupé le cou à bien des bêtes, des soufflets dont le vent attise la flamme, une passoire à mille trous, un trépied, pont jeté sur le feu, un gril à poser des viandes, l'écumoire qui soulève le dessus de la graisse, une fourchette aux doigts de fer, tout cela, ô dieu boiteux, Vulcain, le cuisinier Timasion te le consacre, étant, comme toi, privé de l'usage de ses jambes.

102. LE MÊME. - Une grenade avec son enveloppe dorée, des figues dont la peau se ride, une grappe de raisin aux grains rosés, une pomme parfumée avec son léger duvet, une noix sortant de son écale verte, un concombre velouté, couché à terre sur des feuilles, une olive presque déjà mûre dans sa tunique d'or, voilà ce que t'offre, ô Priape, le jardinier Lamon, en invoquant, pour ses arbres et pour lui, la force et la santé.

103. LE MÊME. - Un niveau avec son fil à plomb, un maillet de bois, des planes avec leur double poignée, une forte hache à fendre des souches, une scie droite que guide la raie de vermillon, des tarières avec leur manivelle, des vilebrequins, un cordeau enduit de rouge résonnant sous les doigts qui le soulèvent, tous ces outils, jeune déesse aux yeux pers, [le menuisier] Léontichus te les consacre; car les ans lui ont ôté la force de s'en servir.  

104. LE MÊME. - Un semoir avec sa courroie, une masse à briser les mottes, des faux recourbées pour la moisson, des herses à pointes pour séparer le grain de la paille, un timon avec des socs arrondis, un coutre qui pénètre avec amour dans la terre, des aiguillons qui piquent les boeufs par derrière, des guides-têtières qui les font tourner, des fourches de bois, mains de ceux qui travaillent aux champs, tous ces dons sont consacrés à Cérès, la déesse couronnée d'épis, par Lysixène, dont le labourage à la longue a paralysé les bras (24).

105. APOLLONIDAS. - Moi, Ménis le pêcheur, je te donne, ô Diane, un mulet grillé et un goujon du port. Pour toi, j'ai rempli une coupe de vin pur jusqu'au bord, et, pour toi, j'ai rompu un morceau de pain dur, offrande pauvre mais pieuse. En retour, gratifie-moi de filets toujours pleins. Tous les filets, ô déesse, t'appartiennent.

106. ZONAS. - En ton honneur, dieu des bois, Téléson, le tueur de loups, a suspendu à ce platane sauvage cette peau de bête, cette houlette d'olivier, que maintes fois il a lancée au loin de sa main vigoureuse. O Pan, dieu des montagnes, reçois ces dons peu opulents, et que, dans tes montagnes et tes bois, Téléson trouve beaucoup de gibier (25).

107. PHILIPPE. - Le chasseur Gélon consacre au dieu de la forêt, à Pan, ce javelot, dont le temps et l'usage ont émoussé la pointe, de vieux débris de filets, des piéges de toute sorte, les uns pour prendre les bêtes par les pattes, d'autres pour les prendre par le cou, des colliers servant à conduire ou à accoupler les chiens. Car, vaincu du temps et n'ayant plus de jambes, Gélon a renoncé aux courses dans la montagne.

108. MYRINUS. - Pans au front cornu, surveillants des hautes montagnes, joyeux danseurs, souverains de la pastorale Arcadie, faites que Diotime ait beaucoup d'agneaux, beaucoup de chevreaux, en retour des brillants sacrifices qu'il vous a offerts.

109. ANTIPATER. - De vieux débris de filet, ce piège à fortes trames, ces lacs à cordes de boyaux, ces cages crevassées, ces noeuds coulants de rebut, ces perches dont le feu a durci les pointes, cette liqueur collante qui suinte du chêne, ces roseaux enduits de glu, terreur des volatiles, ces rets à mailles vigoureuses qu'on lance à l'improviste, et ce piége qui prend par le cou les grues criardes, ô Pan, dieu des montagnes, voilà ce que te consacre un fils de Néolaïdas, Craubis le chasseur arcadien d'Orchomène.

110. LÉONIDAS OU MNASALQUE. - Sur les rives sinueuses du Méandre, Cléolaüs a surpris un cerf dans les broussailles et l'a tué en le perçant de son javelot. Les bois à huit rameaux, qui ornaient son front, un clou les a fixés sur ce hêtre touffu (26).

111. ANTIPATER. - La biche qui paissait sur les rives du Ladon, autour de l'Érymanthe et sur les pentes herbues de Pboloé, est tombée entre les mains du fils de Théaride, Lycormas de Lasion : il l'avait frappée du dard acéré de son javelot.  Sa peau et le bois à la double ramure (27) qu'il a détaché de la tête, ont été, par lui, offerts à la jeune déesse des chasseurs.

112. PERSÈS. - Trois têtes de cerfs du Ménale avec leur ramure énorme sont suspendues sous ton portique, Apollon ; il ont été pris dans une chasse à cheval par Gygès (28), Daïlochus et Promène, tous trois fils du brave Léontiadas.

113. SIMMIAS LE GRAMMAIRIEN. - Naguère double corne (29) d'un bouquetin au poil épais, j'étais couronné d'un vert feuillage ; et maintenant pour Nicomaque, un habile ouvrier a fait de moi un arc, au moyen d'une forte corde à boyau qu'il y ajustée et tendue.

114. PHILIPPE DE THESSALONIQUE. - Nous, dépouille et cornes d'un taureau gigantesque, nous sommes suspendues sous ce portique, hommage d'un roi à Hercule. Elles ont quatorze palmes, les cornes de ce fier taureau, que Philippe (30) rencontra dans les herbages de l'Orbèle et qu'il abattit d'un formidable coup de lance. Bienheureuse l'Émathie où règne un tel monarque !

115. ANTIPATER. - Ce taureau qui remplissait le mont 0rbèle de ses mugissements, ce monstre qui ravageait la Macédoine et la Dardanie, Philippe , prompt comme la foudre, l'a tué, en le frappant à la tête de son javelot de chasse ; et ces cornes qui faisaient sa force immense, il te les a consacrées, Hercule, avec toute sa dépouille. Certes, Philippe est bien de ta race : il convenait qu'il imitât tes exploits en tuant aussi un taureau.

116. SAMUS. - Vainqueur des Minyens, Alcide, Philippe te consacre cette vaste dépouille et ces cornes d'un taureau formidable, qu'il tua au pied des rochers du mont Orbèle. Périsse l'envie, et qu'à jamais vive et grandisse la race glorieuse du monarque de l'Émathie (31) !

117. PANCRATE. - Retirés de la fournaise ce marteau, ces cisailles, cette pince ; offrande qu'à Vulcain dédie Polycrate . C'est en frappant à coups redoublés avec son marteau sur l'enclume, qu'il a trouvé pour ses enfants une fortune qui chassera loin d'eux la triste misère.

118. ANTIPATER. - Cette lyre, cet arc, ce filet sont consacré à Apollon par Sosis, Philé et Polycrate. L'archer lui a offert son arc de corne, la citharède son luth, et le chasseur son filet. Que l'un obtienne la palme au tir de l'arc ; l'autre, le prix de la lyre, et le troisième, les prémices de la chasse.

119. MYRO DE BYZANCE. - Te voilà suspendue sous le pompeux pavillon d'Aphrodite, grappe de raisin, toute pleine du jus de Bacchus. Ton cep maternel ne t'enveloppera plus de ses aimables feuilles, et n'étendra plus sur ta tète ses pampres nectaréens.

120. LÉONIDAS. - Non seulement je chante, posé sur la cime des arbres aux doux rayons du soleil qui m'échauffe, et me nourrissant des gouttes de la rosée féconde, musicien improvisé et sans frais réjouissant le voyageur qui passe ; mais tu peux me voir aussi sur la lance de Minerve armée, car la cigale n'est pas moins chère à Minerve qu'aux Muses, car c'est de nous qu'elle s'est inspirée en inventant la flûte.

121. CALLIMAQUE. - Bêtes du Cynthe (32), rassurez-vous : le Crétois Échemmès a consacré à Diane dans Ortygie l'arc et les flèches avec lesquels il ravageait la grande montagne. Maintenant la paix y règne, chevreuils ; la déesse vous a fait cette trêve et ces loisirs.

122. NICIAS. - Ménade de Mars, ô lance avide de guerre et de carnage, qui donc t'a consacrée en offrande à la déesse des combats ? C'est Ménius : car brandie par son bras et lancée avec force, tu lui as sauvé la vie aux premiers rangs sur le champ de bataille.

123. ANITÉ. - Reste ici, lance homicide. Que sur ta pointe d'airain ne coule plus le sang des ennemis ; mais placée dans ce temple de marbre près de Minerve, proclame la vaillance du Crétois Échécratidas.

124. HÉGÉSIPPE. - Bouclier de Timanor, longtemps couvert de la poussière des combats, je suis consacré à la belliqueuse Minerve, et suspendu à la voûte de son temple par mon maître que j'ai toujours protégé contre la mort.

125. MNASALQUE. - Désormais je reste (33) ici loin des combats, après avoir maintes fois défendu comme par un rempart la vaillante poitrine de mon maître. Quoique assailli de flèches lancées de loin, d'une grêle de pierres, de coups de lances, jamais, je le déclare, je n'ai quitté le bras intrépide de Clytus dans les plus sanglantes mêlées de Mars.

126. DIOSCORIDE. - Sur son bouclier le fils de Polytte, Hyllus (34), le brave guerrier de Crète, n'a pas mis un emblème insignifiant, en y faisant représenter la Gorgone qui pétrifie et en même temps trois jambes. Trouves-tu le sens de cet emblème ? Cela veut probablement dire: "O toi qui lances un javelot contre mon bouclier, ne me regarde pas, et fuis l'homme rapide aux trois jambes (35)."

127. NICIAS. - Je devais donc moi aussi un jour, ayant renoncé aux affreuses luttes de Mars, entendre les choeurs des jeunes filles dans le temple de Diane, où m'a placé Épixène, depuis que la blanche vieillesse a brisé ses forces (36).

128. MNASALQUE. - Sois placé dans ce sanctuaire auguste, bouclier resplendissant, comme une consécration guerrière à Diane, fille de Latone ; car combattant sans cesse dans la mêlée au bras d'Alexandre, tu n'as pas laissé la poussière ternir ton orbe d'or.

129. LÉONIDAS. - Huit boucliers, huit casques, huit cottes de mailles, autant d'épées meurtrières, sont les trophées conquis sur les Lucaniens, que dédie à Minerve de Coryphasie (37) le fils d'Évanthée, Agnon, le vaillant guerrier.

130. ANONYME. - Ces boucliers pris aux féroces Gaulois, sont une offrande de Pyrrhus, roi des Molosses, à Minerve Itonia, après la défaite de toute l'armée d'Antigone. Qu'on ne s'étonne pas de sa victoire : la valeur est encore, comme jadis, le partage des Éacides.

131. LÉONIDAS. - Ces boucliers énormes, ces freins par rangée, ces lances en bois poli à double pointe, enlevés aux Lucaniens, sont ici consacrés à Minerve ; ils regrettent toutefois leurs chevaux et leurs guerriers, mais la noire mort les a tous dévorés.

132. NOSSIS. - Les malheureux Brutiens ont jeté leurs armes, atteints par les Locriens à la course rapide. Ces armes qui glorifient le courage des vainqueurs, sont déposées dans le sanctuaire des dieux, et elles n'y regrettent pas les bras des lâches à qui elles n'appartiennent plus.

133. ARCHILOQUE. - La jeune Alcibie, après les cérémonies de son mariage, a consacré à Junon le voile sacré qui couvrait ses cheveux.

134. ANACRÉON. - Celle qui tient le thyrse est Héliconias ; auprès d'elle, Xanthippe et Glaucé s'avancent en dansant. Toutes trois viennent de la montagne, et apportent à Bacchus du lierre, du raisin et un gras chevreau (38).

135. LE MÊME. - Ce cheval de Phidolas (39) de la spacieuse Corinthe est consacré au fils de Saturne, en souvenir de sa victoire à la course.

136. LE MÊME. - Praxidice a exécuté ce vêtement ; Dysiris en a donné l'idée : c'est l'oeuvre habile de toutes deux.

137. LE MÊME. - Avec bonté, ô dieu de l'arc d'argent, donne la victoire au fils d'Eschyle, à Naucrate, ayant accueilli ces offrandes.

138. LE MÊME. - Autrefois Callitélès m'a construit ; aujourd'hui ses descendants m'ont réparé (40) : en retour, qu'ils recueillent tes bienfaits.

139. LE MÊME. - Praxagore, fils de Lycée, consacre aux dieux cette offrande ; elle est l'oeuvre d'Anaxagore.

140. LE MÊME. - Mélanthe, fils d'Aréiphile, a consacré au fils toujours couronné de Sémélé, ces dons, souvenir d'une victoire chorale.

141. LE MÊME. - Le bouclier qui a sauvé Python des périls de la guerre est suspendu ici dans le temple de Minerve.

142. LE MÊME. - Échécratidas, prince de Thessalie, m'a consacré, ô Bacchus, en vue de t'être agréable, et comme ornement de la cité.

143. LE MÊME. - Demande au messager des dieux d'être favorable à Timonax qui m'a consacré comme ornement de ce beau portique, et en vue de plaire au puissant Mercure; à Timonax, dis-je, qui admet au Gymnase quiconque désire d'y être admis, citoyen ou étranger.

144. LE MÊME. - Fils de Strébus, Léocrate, lorsque tu as consacré à Minerve cette statue, les Grâces à la belle chevelure n'y ont pas été indifférentes, et la joie a été grande dans l'Académie, au sein de laquelle je proclame à tout venant ta bonne action.

145. LE MÊME. - Sophocle le premier a consacré ces autels aux dieux, lui qui de la Muse tragique a obtenu le plus de gloire. 

146. CALLIMAQUE. - De nouveau, Ilithyie, à la voie de Lycénis qui t'appelle, viens ici propice et secourable, procure-lui encore une couche heureuse. Elle t'offre aujourd'hui cet hommage pour une fille ; mais pour un fils, ce temple parfumé recevra un jour une bien autre offrande.

147. LE MÊME. - Tu sais bien, Esculape, que tu possèdes l'offrande que, pour son épouse Démodice, te devait Acéson, d'après un veoeu. Que si tu l'oublies jamais, et que tu le réclames, ce tableau dit qu'il fournira un témoignage.

148. LE MÊME. - Au dieu de Canope, [à Sérapis], Callistium, l'épouse de Critias, m'a dédiée, moi lampe somptueuse à vingt mèches, l'ayant promise par un voeu pour son fils Apellis [malade]. En regardant ma lumière, tu diras : "Hespérus, comme ton éclat est effacé !"

149. LE MÊME. - Événète qui m'a placé ici, dit (car moi-même je n'en sais rien) que moi, coq d'airain, je suis un témoignage de sa victoire et une offrande dédiée aux Tyndarides (41) : Je crois à Événète, fils de Phèdre, petit-fils de Philoxène.

150. LE MÊME. - La fille de Thalès, Eschylis, est debout dans le temple de l'Inachienne Isis, d'après le voeu de sa mère Irène.

151. TYMNÉE. - Miccos de Pallène a suspendu dans le temple de Minerve, près du Palladium (42), cette grosse flûte de Mars, sa trompette, instrument tyrrhénien (43) qui tant de fois par sa bouche a sonné les fanfares de la guerre et de la paix.

152. AGIS. - Des perches à soutenir les filets, des bâtons ailés qu'on jette aux lièvres, des pipeaux englués, voilà ce que Midon te consacre, Apollon; c'est la petite offrande de ses petits gains. Si tu lui procures des gains plus considérables, il t'offrira aussi de plus considérables présents.

153. ANYTÉ. - Celui qui a consacré cet immense (44) bassin est Cléobote, fils d'Eriaspidas, dont la patrie est la populeuse Tégée. C'est une offrande â Minerve, et l'ouvrage d'Aristote de Clitor (45), appelé du même nom que son père.

154. LÉONIDAS OU GÉTULICUS. - Ces dons, le vieil Arcadien Biton les a consacrés au rustique Pan, au bruyant Bacchus et aux Nymphes. A Pan il offre un chevreau nouveau-né, jouant avec sa mère ; à Bacchus, une branche de lierre flexible ; aux Nymphes, un cep de vigne dont les pampres cachent le fruit, et une couronne pourprée de roses épanouies. En échange, ô Nymphes, entretenez la fraicheur dans la maison du vieillard ; Pan, fais que le lait y abonde ; Bacchus, gratifie-la de bonnes vendanges.

155. THÉODORIDAS. - Crobyle et sa chevelure sont du même âge, sa chevelure que, enfant de quatre ans, il vient de couper et d'offrir au dieu du chant, Apollon. Ce fils d'Hégésidice lui a aussi immolé un coq belliqueux, et consacré un onctueux gâteau de fromage. Apollon, accorde à Crobyle de devenir un homme et d'administrer un jour sa maison et ses biens.

156. LE MÊME. - . . . a consacré la chevelure du jeune Charisthène avec sa cigale d'or aux Nymphes de Diane Amarynthia (46), en leur immolant un taureau. Et le bel adolescent brille du même éclat qu'un astre, comme un coursier qui a secoué son écume et sa poussière.

157. LE MÊME. - Diane, vigilante gardienne des biens et des champs de Gorgus, repousse à coups de flèches les voleurs, accueille et protège ses amis. Gorgus reconnaissant t'immolera une chèvre de ses troupeaux, et le sang de beaux agneaux coulera en ton honneur dans le vestibule de sa maison.

158. SABINUS LE GRAMMAIRIEN. - Biton a consacré un chevreau à Pan, des roses aux Nymphes, des thyrses à Bacchus ; et ces offrandes, il les a déposées sous un berceau de verdure. Vous, dieux, recevez-les avec joie, et augmentez toujours, toi Pan, son troupeau ; vous Nymphes, ses sources ; toi Bacchus, ses vendanges.

159. ANTIPATER DE SIDON. - Trompette, jusqu'ici instrument de guerre dans la mêlée sanglante, ou proclamant les douces conventions de la paix, j'ai désormais renoncé aux bruyantes fanfares, étant, ô Phérénice, offerte par toi et consacrée à Minerve, fille de Jupiter.

160. LE MÊME. - La navette matinale qui s'éveille et chanta avec les hirondelles, alcyon des métiers de Minerve, le fuseau qui siffle en tournant à rompre la tête, fileur habile et prompt du lin bien tors, des écheveaux et cette corbeille avec sa quenouille, gardienne du fil dévidé et des pelotons de laine, tout cela, la fille du vertueux Dioclès, la laborieuse Télésilla, le consacre à la jeune déesse, protectrice des ouvrières.

161. CRINAGORAS. - De retour d'une guerre (47) dans l'Occident, sur la frontière de l'Italie Alpestre, Marcellus triomphant coupa 
sa barbe blonde pour la première fois. Réjouis-toi, Patrie ; tu l'as envoyé enfant, et il te revient homme.

162. MÉLÉAGRE. - Méléagre, ô Cypris, t'a consacré sa lampe, confidente de ses jeux et de ses amours, discret témoin de tes veillées mystérieuses.

163. LE MÊME. - Qui m'a suspendu aux lambris de mon temple ces étranges trophées qui déshonorent le dieu des batailles ce ne sont point, en effet, des lances brisées, ni des casques sans cimier, ni des boucliers tachés de sang. Ces armes brillent et reluisent, le fer ne les a pas entamées ; elles n'ont point figuré dans des combats, mais dans des choeurs. Parez-en une chambre nuptiale ; mais que le sanctuaire de Mars ait des armes dégouttantes de sang humain.

164. LUCIEN. - A Glaucus, à Nérée, à lno, à Mélicerte, au roi des mers Neptune, aux dieux de Samothrace, moi Lucillius, sauvé du naufrage, je consacre ici ma chevelure ; car je n'ai rien de plus à offrir.

165. PHALÉCUS. - Un sistre qu'on agite, aiguillon de la danse bachique, une peau entière d'une biche tachetée, des cymbales de Corybantes aux sons éclatants, des thyrses de vert feuillage couronnés d'une pomme de pin, un tambour aux roulements graves et sourds, un van maintefois assujetti sur sa tête avec des bandelettes, tous ces dons, Évanthé les offre à Bacchus, parce que sa main tremble à porter un thyrse, mais elle porte encore une coupe sans trembler.

166. LUCILLIUS. - Denys consacre ici l'image de sa hernie, s'étant sauvé seul de quarante passagers. En effet, il attacha sa hernie au-dessus des cuisses, et il se mit à la nage. Soit, même une hernie est pour quelques-uns un bonheur.

167. AGATHIAS. - Dieu aux pieds de chèvre, guide et protecteur de la double chasse (car tu aimes les aboiements des limiers et le trident du pécheur, les sanglantes battues des lièvres, les filets qui se développent sous les flots, l'oiseleur avec ses oiseaux le pècheur avec ses nasses), [ô Pan] Cléonice sur un rocher du rivage t'a consacré ce bouc, parce qu'il a heureusement terminé sa pêche et que bien des lièvres ont été pris.

168. PAUL LE SILENTAIRE. - Le sanglier qui, sans relâche. ravageait les plants de vigne chers à Bacchus, qui se réfugiait dans les roseaux à haute tige, qui déracinait des arbres avec ses dents acérées et mettait en fuite les chiens des bergers, Xénophile l'a rencontré prés du fleuve, frémissant, hérissé, au moment où il sortait du fond des bois ; il l'a tué avec son javelot, et sur ce hétre il a exposé la dépouille sanglante de cette bête farouche, offrande au dieu Pan.

169. ANONYME. - Comavlos, ayant vu ce hérisson emporter sur son dos des grains de raisin, l'a tué sur cette claie, et l'y ayant fait sécher il a consacré au dieu du vin, à Bacchus, le profane qui pillait ses dons.

170. THYILLUS. - Ces ormes, ces saules élancés et ce platane sacré qui étend au loin son ombrage, ces sources avec ces coupes de berger, sont consacrés à Pan, comme des préservatifs de la soif et de la chaleur.

171. ANONYME. - En ton honneur, ô soleil, les habitants de Rhodes la Dorienne ont élevé vers l'Olympe ce colosse d'airain, lorsque, ayant calmé les tempêtes de Mars, ils ornèrent leur ville des dépouilles de leurs ennemis. Car à la fois sur terre et sur mer ils ont fait briller le fanal rayonnant de la liberté ; et c'est aux descendants de la race d'Hercule qu'appartient à titre d'héritage l'empire de la terre et des mers.

172. AGATHIAS. - Porphyris la Cnidienne te consacre, ô Bacchus, les bandelettes, le double thyrse armé de pointes et les brodequins avec lesquels elle célébrait les bacchanales, lorsqu'elle courait après le dieu, ceinte de la nébride et couronnée de lierre ; elle suspend devant ton temple agreste ces ornements de sa beauté, ces instruments de sa fureur.

173. RHIANUS. - La Phrygienne Achrylis , prêtresse de Cybèle, dont les cheveux sacrés ont souvent flotté au milieu des torches de pin, dont la voix terrible a si souvent donné le ton aux clameurs des Galles (48), Achrylis a consacré sa chevelure à la déesse des montagnes, et l'a suspendue aux portes du temple, maintenant qu'elle a renoncé à sa course impétueuse et brûlante.

174. ANTIPATER. - Trois amies du même âge, aussi habiles qu'Arachné à tisser une toile légère, ont offert ces dons à Minerve : Démo lui a offert une corbeille artistement tressée ; Arsinoé, la quenouille dont le lin se changeait en fil bien tors ; Bacchylis, une navette élégante, rossignol des tisserands, qui lui servait à nuancer les trames sonores. Car chacune d'elles a voulu vivre sans honte, passant, [ne l'ignore pas], ne demandant sa vie qu'au travail de ses mains.

175. MACÉDONIUS. - Ce chien, habile et vaillant chasseur, est l'oeuvre de Leucon et une offrande d'Alcimène. Alcimène n'y a trouvé rien à reprendre. Lorsqu'il vit que cette image était parfaitement semblable au modèle vivant, un collier à la main, il s'en approcha. "Leucon, lui dit-il, ordonne à ce chien de courir ; car il aboie en attendant ton ordre."

176. LE MÊME. - Ce chien, cette panetière et cet épieu aux dents recourbées, je les consacre à Pan et aux Dryades. Quant au chien vivant, je le ramènerai à la bergerie, pour y partager avec moi, son fidèle compagnon, quelques morceaux de pain dur.

177. ANONYME. - Daphnis [le pâtre] à la peau blanche, qui sur sa belle flùte module des chansons pastorales, a consacré à Pan ses pipeaux percés de trous, sa houlette, javelot aigu, sa nébride et la besace où il mettait ses pommes.

178. HÉGÉSIPPE. - Hercule, reçois-moi, moi bouclier qu'Archestrate te dédie ; reçois-moi, pour que, suspendu sous ton portique paré de fleurs, je vieillisse au chant des choeurs et des hymnes. Assez comme cela des luttes affreuses de Mars !

179. ARCHIAS. - Trois frères ont suspendu à cette rustique statue de Pan les filets qui les font vivre dans leur diverse profession. Pigrès a offert un lacet dont les noeuds bien travaillés saisissent par leur cou les oiseaux ; Damis a offert des rets où se prennent les quadrupèdes des bois ; et Clitor, un épervier fatal aux poissons. Dieu propice, envoie-leur à ton tour dans l'air, dans la mer et sur terre, une abondante proie qui tombe dans leurs filets.

180. LE MÊME. - Trois frères t'ont consacré, ô Pan, les attributs du métier par eux exercé sur les montagnes, dans l'air et sur les flots. Clitor t'a offert ces filets de pêche ; Pigrès , ces filets d'oiseleur ; Damis, ces filets de chasse. Dans leurs explorations terrestres, aériennes, maritimes, dieu des chasseurs, sois-leur, comme par le passé, propice et secourable.

181. LE MÊME. - O pan, qui habites la montagne, trois frères t'ont consacré ici chacun les instruments de sa profession : Pigrès, ses filets d'oisellerie ; Damis, ses filets de chasse ; Clitor, ses filets de pêche. Que l'un dans les bois, que l'autre dans les chasses aériennes, que le troisième dans les flots aient des filets qui ne manquent jamais leur proie.

182. ALEXANDRE DE MAGNÉSIE. - O Pan, Pigrès te consacre un filet d'oiseleur, Clitor un filet de pêche, Damis un filet de chasse. C'est l'offrande commune de trois frères, de trois habiles chasseurs dans des éléments divers. En retour, fais qu'ils trouvent dans les flots, dans l'air, dans les bois, l'abondance et la richesse ; récompense ainsi leur piété.

183. ZOSIME DE THASOS. - A toi, Pan, dieu des chasseurs, sont consacrés par trois frères ces filets, instruments d'une triple chasse. Pigrès t'offre ces filets d'oiseleur, Clitor ces filets pour la mer, Damis ces filets d'un adroit chercheur de pistes. Et toi, procure-leur dans les bois, dans les flots, dans l'air, une abondante proie.

184. LE MÊME. - Trois pêcheurs ont suspendu dans la chapelle de Pan ces triples filets, chacun celui de sa profession : Pigrès, le filet qui prend les oiseaux ; Clitor, celui qu'on jette dans les flots ; Damis celui qui se tend dans les bois solitaires. En retour, ô Pan, remplis d'une plus abondante proie le filet aérien, le filet des bois, le filet des mers.

185. LE MÊME. - Damis a consacré ce lourd filet pour la chasse aux bêtes fauves ; Pigrès, ce filet aérien, la terreur des oiseaux ; Clitor, ce long filet aux fortes mailles pour la pêche en mer : ils accomplissent ainsi le voeu fait à Pan, le dieu des chasseurs. En récompense, ô Pan, accorde au vigoureux Damis une abondante capture de grosses bêtes, à Pigrès beaucoup d'oiseaux, à 
Clitor beaucoup de poissons.

186. JULIUS DIOCLÈS. - Nous, trois frères, nous t'offrons, ô Pan, ces filets que nous t'avons promis, filets pour les bois, pour l'air, pour la mer. L'un pêche avec celui-ci le long des rivages ; l'autre chasse avec celui-là le long des vallées, repaire des bêtes et de leurs petits ; lève les yeux, ce troisième est pour les oiseaux. Ainsi tu as, ô dieu, les dons de nous tous, ;'hommage commun de nos filets.

187. ALCÉE DE MITYLÈNE. - Une pieuse triade de frères consacre à Pan les prémices de la profession que chacun d'eux exerce. Pigrès a prélevé pour lui une part des oiseaux qu'il a pris ; Clitor lui offre des produits de sa pèche ; Damis, du gibier tombé dans ses toiles. En retour, donne à l'un une bonne chasse dans les bois ; que la mer livre à l'autre ses trésors ; que le troisième exploite utilement les régions de l'air. 

188. LÉONIDAS DE TARENTE. - Le Crétois Thérimaque a suspendu aux rochers de l'Arcadie ces javelots de chasse en l'honneur de Pan. 0 toi qui règnes sur les forêts du Lycée, en retour de cette offrande, dirige dans les combats la main et les flèches de Thérimaque, viens-lui en aide dans les vallées avec ton bras puissant, livre-lui les prémices de la chasse, les prémices aussi des ennemis (49).

189. MYRO DE BYZANCE. - Nymphes Hamadryades, filles du fleuve, qui de vos pieds de rose ne cessez de fouler ces vallées divines, réjouissez-vous, ô déesses, et conservez la vie à Cléonyme qui vous a consacré sous des pins ces belles statues.

190. GÉTULICUS. - Auguste déesse de Cythère, reçois du pauvre poète Léonidas cette pauvre offrande : cinq grappes de beau raisin, une figue précoce parfumée avec sa tige feuillue, cette olive sans feuille nageant dans sa saumure, de petits gâteaux qu'apportent ses mains indigentes, du vin pour une libation qui accompagne toujours l'encens et qui se cache au fond d'une petite coupe. Que si, comme tu as chassé de mes membres la maladie dont ils souffraient, tu repousses aussi la pauvreté, je t'offrirai un gras chevreau en sacrifice.

191. CORNÉLIUS LONGUS. - Léonidas est pauvre, tu le sais. mais très-honnète ; il t'offre, ô Vénus, ces dons, des grappillons empourprés, cette olive confite dans le sel, une part légitime de gâteaux, du vin qu'il a soutiré sans remuer le tonneau, et des figues douces comme du miel. Et toi, de même que tu l'as délivré de sa maladie, délivre-le aussi de sa pauvreté. Alors tu me verras t'immoler un taureau. Allons, ô déesse, hâte-toi de recevoir ce témoignage de ma reconnaissance.

192. ARCHIAS. - Phintyle consacre à Priape ces vieux débris de filets, ces nasses, un hameçon crochu attaché à son crin de cheval, piège inaperçu des poissons, un très-long roseau, un liége qui surnage toujours, indicateur des engins de pèche cachés sous les eaux. Car il ne foule plus de ses pieds les roches de la plage, il ne dort plus sur les bords de la mer, brisé qu'il est par les fatigues et par l'âge.

193. FLACCUS. - Dieu du rivage et des algues marines, ô Priape, le pêcheur Damétas qui arpentait les flots, qui bravait en les rasant les écueils battus des vagues, qui s'attachait aux roches comme une sangsue, et comme un chasseur fouillait les mers, il te consacre, ô Dieu puissant, les nasses et les filets qui l'ont nourri jusqu'à sa vieillesse.

194. ANONYME. - Conserve, ô divine Tritogénie, ces offrandes et celui qui les a offertes.

195. ARCHIAS. - Miccos de Pallène consacre à Minerve la Troyenne cette flûte de Mars aux sons éclatants, avec laquelle naguère il a charmé les oreilles au théâtre et dans les combats, soit qu'il donnât le signal de la guerre, soit qu'il jouât les fantares de la paix (50).

196. STATYLLIUS FLACCUS. - Ce crabe à jambes torses, aux pieds fourchus, qui se remue dans le sable, qui marche à reculons qui n'a pas de cou, mais qui a dix pattes, dont le corps est fortifié d'une carapace lui tenant lieu de peau, est une offrande consacrée à Pan par le pêcheur à la ligne Copasus, comme prémices de sa pèche.

197. SIMONIDE. - Moi Pausanias, général en chef des Grecs, après avoir détruit l'armée des Mèdes, j'ai consacré ce monument à Apollon (51).

198. ANTIPATER DE THESSALONIQUE. - Lycon qui vient de couper les poils, parure et fleur de ses joues, indice de sa virilité, les consacre à Apollon comme un premier hommage, et lui demande d'en pouvoir également couper sous ses tempes blanchies. Accorde-lui des cheveux blancs, une barbe blanche, et rends-le par avance (52) aussi sage que si sa tête s'était couverte de la neige des ans.

199. ANTIPHILE DE BYZANCE. - Diane des grandes routes, Antiphile t'a consacré ce chapeau à larges bords, symbole de voyage; car tu as été propice à ses voeux, bonne et secourable au voyageur. Le témoignage de sa reconnaissance est de peu d'importance, mais pieusement offert. Qu'aucun passant n'enlève d'une main avide cet hommage sacré. Il y a péril à dérober même les moindres offrandes.

200. LÉONIDAS. - Après sa couche, Ambroisie, qui a échappé à d'amères douleurs, dépose à tes pieds glorieux, Ilithyie, les bandelettes de ses cheveux, et le voile dans lequel, après dix mois de grossesse (53), elle est accouchée de deux jumeaux.

201. MARCUS ARGENTARIUS. - Des sandales, un riche bandeau, une boucle parfumée détachée de beaux cheveux une ceinture, le tissu léger d'un vêtement de dessous, de belles bandelettes pour soutenir le sein, voilà ce qu'Ambroisie après ses couches, ayant échappé aux périls de la grossesse, offre dans son temple à Diane, sa bienfaitrice.

202. LÉONIDAS DE TARENTE. - Cette ceinture aux belles franges et cette tunique, Atthis les a placées au-dessus des portes de ton temple, ô déesse des jeunes vierges, fille de Latone, parce que, dans un accouchement périlleux, tu as amené sain et sauf à la vie son enfant.

203. LACON OU PHILIPPE DE THESSALONIQUE. - La pauvre vieille ouvrière, paralysée des jambes, sur la bonne réputation d'une eau curative, s'en alla un jour eu se traînant, aidée de la béquille qui la soutenait, elle infirme. La pitié émut le coeur des Nymphes qui, sur les flancs de l'Etna en feu, habitent les humides demeures de l'impétueux Symèthe leur père ; et les chaudes ondes des sources etnéennes affermirent et fortifièrent les jambes de la vieille paralytique. Elle laissa aux Nymphes sa béquille ; et celles-ci consentirent à la renvoyer sans qu'elle eût besoin de cet appui, charmées de son offrande.

204. LÉONIDAS DE TARENTE. -Théris (habile ouvrier consacre à Minerve une coudée bien droite, une longue scie courbée du côté du dos, une hache, un rabot facile à manier, une tarière avec sa courroie, outils d'une profession qu'il a cessé d'exercer.

205. LE MÊME. - Ces outils de menuisier, des râpes dentelées, de rapides tarières, des cordeaux, des boîtes de vermillon, des marteaux qui frappent des deux côtés, des règles enduites de rouge, des manches, une racloire et cette lourde hache bien ajustée, la reine des outils des forets agiles, d'actifs vilebrequins, ces quatre coupe-chevilles et une doloire pour racler circulairement, voilà ce que Léontichus consacre à la laborieuse Minerve, en cessant d'exercer son état.

206. ANTIPATER DE SIDON. - Bitinna consacre ces sandales qui lui tenaient chaud aux pieds, charmant travail d'un cordonnier industrieux ; Philénis consacre ce réseau teint des couleurs de la mer blanchissante, qui enfermait sa chevelure. L'offrande d'Anticlée est son éventail ; celle de la belle Héraclée est son voile de tête, oeuvre aussi parfaite qu'un tissu d'Arachné. Aristotélie, la fille d'Aristote, dédie un serpent d'or bien enroulé, ornement de son joli pied. Tels sont les dons que ces jeunes filles, amies et du même âge, présentent à Vénus Uranie.

207. ARCHIAS. - Bitinna offre ces sandales ; Philénis, le réseau de pourpre qui retenait ses longs cheveux ; la blonde Anticlée, l'éventail qui tempère par des brises l'excès de la chaleur ; Héraclée, son voile aussi transparent et léger que la toile d'Arachné; Aristotélie, la fille d'Aristote, le beau serpent entortillé dont elle parait le bas de sa jambe. Telles sont, ô Cypris, déesse de l'hyménée, les brillantes offrandes que te consacrent de jeunes filles, du même âge et du même pays, du nome de Naucrate.

208. ANTIPATER. - Celle qui apporte les brodequins, c'est Ménécratis ; celle qui offre le voile, c'est Phémonoé ; Praxo est celle qui tient la coupe. Le temple est celui de Vénus, la statue est celle de la déesse. L'offrande des jeunes filles est faite en commun, et le tableau (54) est l'oeuvre d'Aristomaque, né sur les bords du Strymon. Toutes étaient citadines et courtisanes ; mais ayant usé sagement des faveurs de Vénus, chacune d'elles est maintenant la seule femme d'un seul homme.

209. LE MÊME. - La Bithynienne Cythéré t'a consacré, ô Vénus, ton image en marbre de Paros, qu'elle t'avait vouée ; et toi, ô déesse, pour cette petite offrande accorde-lui un grand bienfait, suivant l'usage des dieux : elle ne demande que la confiance et l'amour d'un époux.

210. PHILÉTAS DE SAMOS. - Agée de plus de cinquante ans, la galante Nicias a consacré dans le temple de Vénus des sandales, 
des nattes de cheveux, et ce brillant miroir dont l'airain n'a point cessé d'être fidèle, sa précieuse ceinture et des objets qu'on ne nomme point aux hommes ; mais ce sont, tu le vois des instruments (55) de toute sorte de volupté.

211. LÉONIDAS DE TARENTE. - Cet Amour d'argent, une frange pour les chevilles du pied, ce tour lesbien de cheveux foncés, une bandelette transparente pour soutenir le sein, ce miroir de bronze, un de ces larges peignes de buis qu'on traîne dans la chevelure comme une seine, voilà ce que t'offre dans ton sanctuaire, ô déesse qui donnes l'opulence, Calliclée qui a gagné ce qu'elle voulait.

212. SIMONIDE. - Souhaite, ô Cyton, que le dieu fils de Latone, dont le temple domine l'Agora, soit ici charmé de tes offrandes, de même que les étrangers et les habitants de Corinthe se louent du bienfait dont tu as gratifié la cité, ô maître, par tes victoires (56).

213. LE MÊME. - Simonide, tu as emporté cinquante-six taureaux (57), autant de trépieds, avant de consacrer ce tableau et cette inscription ; car autant de fois, habile instituteur d'un choeur dithyrambique, tu es monté sur le char glorieux de la victoire.

214. LE MÊME. - Oui, Gélon, Hiéron, Polyzèle, Thrasybule, les fils de Dinomène, ont consacré ce trépied, du poids de cent livres et du prix de cinquante talents en or de Démarète (58), dîme d'élite, en mémoire de la défaite des nations barbares. Quel secours vigoureux leurs bras ont offert à la Grèce pour sa liberté !

215. LE MÊME. - Ces armes enlevées aux ennemis de la Grèce, les Perses, des matelots de Diodore les ont consacrées à Latone en mémoire d'une victoire navale.

216. LE MÊME. - Sosos et Soso ont consacré ce [trépied] à [Jupiter] Sauveur ; Sosos pour sa guérison, et Soso pour la guérison de Sosos (59).

217.  LE MÊME. (60) - Pour s'abriter de la pluie et de la neige, un Galle s'était retiré sous une roche solitaire, et il essuyait l'eau qui ruisselait de ses cheveux, lorsqu'un énorme lion s'élança sur ses traces. Le prêtre tenait à sa main un grand tambour. Il frappa dessus ; le bruit en ébranla la caverne. L'habitant des forêts ne put supporter l'auguste son de l'instrument de Cybèle, et s'enfuit aussitôt dans les bois de la montagne, tremblant devant le prêtre eunuque (61) de la déesse. Celui-ci lui consacra ses vêtements et sa blonde chevelure.

218. ALCÉE. - Un de ces prêtres de la mère des dieux, que le fer a privés de la virilité, parcourait les cimes de l'Ida. Là, dans les bois, un lion énorme le rencontra, et, pour le dévorer, il ouvrait déjà une gueule affamée. Craignant, à l'égal du trépas (62), le sort dont la bête le menaçait, il frappa sur son tambour, que la forêt sacrée rendit plus sonore. Le lion ferma sa gueule homicide et, comme sous l'influence de la déesse, il fit sur son cou tournoyer sa crinière sifflante. Et lui, ayant échappé à une mort funeste, il consacra à Rhée [l'image de] la bête sauvage qui, d'elle-même, avait appris la danse de Cybèle.

219. ANTIPATER. - Un jour, en proie sua transports de la redoutable Cybèle, tournant sur lui-même et secouant une chevelure frémissante, paré d'une tunique de femme avec des grappes de lierre retenues par de flexibles bandelettes, un castrat de la déesse se réfugia dans la montagne, pour se mettre à l'abri des rafales neigeuses de Jupiter (63). Dans la même caverne survint un lion énorme, fléau des troupeaux, qui revenait dans son antre sur le soir. A la vue d'un homme, ayant par ses larges naseaux aspiré fine odeur de chair humaine, il s'arrêta sur ses jarrets nerveux, et roulant des yeux pleins de menaces, il poussa un affreux rugissement. La caverne en retentit ainsi que la forêt et la montagne. Le prêtre, à ce bruit terrible, sentit dans sa poitrine tout son courage défaillir. Cependant il put tirer de sa gorge un cri formidable ; en même temps il secoue sa chevelure, qui se déroule en longs anneaux, il lève en l'air son grand tambour, le frappe avec force d'une main convulsive, et cette arme de l'olympienne Rhée achève de lui sauver la vie. Car le lion, effrayé du bruit ïnaccoutumé de cette peau tendue et sonore, prit la fuite et disparut. Admire comme l'intelligente nécessité sait inspirer à l'homme des expédients pour le soustraire à la mort.

220. DIOSCORIDE. - Le chaste Atys, prêtre de Cybèle, s'acheminait de la phrygienne Pessinonte vers Sardes, hors de lui furieux, et la chevelure au vent. Cependant ses esprits exaltés par la terrible déesse s'apaisaient aux approches du soir, et il s'enfonçait dans une caverne. à une petite distance de la route, lorsqu'un lion se précipita sur ses pas, pour tout homme courageux sujet d'effroi, mais pour le Galle sujet d'indicible épouvapte. Il resta sans voix ; mais quelque dieu sans doute le poussant, il porta la main sur son tambour. L'instrument rendit un son terrible, et le plus hardi des quadrupèdes se sauva plus vite qu'un cerf, n'ayant pu supporter le bruit du tambour. Le Galle s'écria : "O mère des dieux, sur les bords du fleuve Sangarius, pour m'avoir sauvé la vie, je te consacre un lit sacré et l'instrument (64) qui a mis en fuite un lion."

221. LÉONIDAS. - Par une nuit d'hiver, cherchant un abri contre un ouragan de grêle et de neige, contre un froid glacial, un énorme lion vint se réfugier dans une hutte de chevriers, au bord de précipices. Ceux-ci, oubliant leurs troupeaux, mais ne s'oubliant pas, se gardèrent bien de bouger ; ils implorèrent Jupiter Sauveur. Or le monstre, ayant attendu la fin de la tempête, quitta la hutte hospitalière, sans avoir fait, dans cette nuit, aucun mal ni aux pâtres ni aux chèvres. C'est de cette scène émouvante que les chevriers ont consacré à Jupiter le tableau qui est suspendu au tronc de ce chêne.

222. THÉODORIDAS. - La mer agitée par Orion avait rejeté une scolopendre à mille pattes sur les rochers d'Iapygie. Des patrons de vaisseaux marchands ont consacré aux dieux [marins] une grande côte de cet énorme sélacien.

223. ANTIDATER. - L'épave toute brisée d'une scolopendre longue de huit orgyies, couverte de l'écume des flots et déchirée par les pointes des roches, gisait sur le sable du rivage. Hermonax l'y trouva lorsque, exerçant son métier de pêcheur, il retirait son filet chargé de poissons ; et, cette épave ainsi trouvée, il l'a suspendue en l'honneur d'Ino et de Palémon son fils, offrant à ces divinités marines un monstre marin.

224. THÉODORIDAS. - Labyrinthe des mers (65), dis-moi, qui t'a consacré ? "Denys, fils de Protarque, m'a trouvé et pris dans les flots écumants, et m'a consacré aux Nymphes pour les amuser dans leurs grottes. Je suis un don des parages sacrés du Pélore. Le détroit de la Sicile m'y a poussé pour que je devinsse un jouet des belles Nymphes."

225. NICÉNÈTE. - Héroïnes qui habitez la longue chaîne des monts de Libye, que parent l'égide et les franges à torsades, filles des dieux, recevez ces javelles que vous consacre Philétis, et ces vertes couronnes de chaume, dîme offerte par le vanneur. Allons, quelque mince que soit cette offrande, héroïnes, reines des Libyens, daignez en être contentes (66).

226. LÉONIDAS. - Cette petite métairie est à Cliton ; ils sont à lui, ces quelques sillons à ensemencer, cette petite vigne qui est auprès, ce petit bois où l'on coupe quelques bourrées. Eh bien ! sur ce petit domaine, Cliton a passé quatre-vingts ans.

227. CRINAGORAS DE MITYLÉNE. - Pour ton jour de naissance Crinagoras ne t'envoie pas un cadeau d'or ou d'argent ; il t'offre, ô Proclus une plume de bois toute neuve, ornée de becs de corne bien fendus, qui doivent facilement glisser sur une page lustrée et polie. C'est un don modeste, qui emprunte à l'amitié son prix, et son à-propos au savoir que tu viens d'acquérir.

228. ADDÉE DE MACÉDOINE. - Alcon, par reconnaissance pour les services d'un boeuf de labour, usé par les travaux et par l'âge, ne l'a pas conduit au billot fatal, mais il l'a mis dans un gras pâturage où, par ses mugissements, il témoigne la joie d'être affranchi du joug de la charrue.

229. CRINAGORAS. - O0 Lucius, Crinagoras t'offre un bout d'aile d'un aigle au bec recourbé, taillé avec le fer et teint en pourpre foncé, propre à retirer par sa douce pointe ce qui, après les repas, peut rester entre les dents, modeste don sans doute, mais offert de tout coeur, et tel qu un petit-fils peut en faire à son aïeul.

230. QUINTUS. - Au dieu des promontoires, à Phébus qui protège cette région de la Bithynie que borde la mer, Damis, le pêcheur, qui toujours fixe dans le sable ses lignes dormantes, consacre ce céryx avec sa carapace protectrice, faible hommage, mais pieusement offert par un vieillard qui demande a descendre chez Pluton, sans être malade.

231. PHILIPPE. - O toi qui règnes sur l'Égypte, déesse aux voiles de lin, viens et reçois ces pieuses offrandes, ce mince gâteau qui t'est présenté sur une tablette de bois, un couple blanc d'oies aquatiques, du nard peu éventé autour de figues entr'ouvertes, des raisins secs et de l'encens parfumé. Que si, comme tu as sauvé Damis des flots, tu le tires aussi de la pauvreté, il t'immolera un faon aux cornes dorées.

232. CRINAGORAS. - Des grappes de raisin mûr, des tranches de grenade, de la pulpe blonde de pommes de pin, des amandes qui craignent d'être mordues, un rayon de miel, douce ambroisie, une pile de gâteaux sacrés, des gousses d'ail parfumées, de groses poires qui excitent la soif des buveurs, telles sont les humbles offrandes que, à Pan, fier de sa houlette, à Priape, fier de sa verge énorme, consacre Philoxénide.

233. MÉCIUS. - Des mors qui bruissent sous la dent, une flexible musélière à jour, une bride bien piquée, le fouet qui imprime une si vive douleur, une gourmette qui ajoute à la puissance du frein, des éperons aux pointes sanglantes, une étrille aux dents de fer, voilà, ô Neptune isthmien, qui te plais aux mugissements des deux mers, voilà ce que t'offre Stratias.

234. ÉRYCIUS. - Le Galle aux longs cheveux et castrat depuis son enfance, qui, sur les pentes du Tmolus, dansait en poussant de longs cris, a consacré, sur les bords du Sangarius, à la mère des dieux ces tambours, ce fouet garni d'osselets, ces sonores cymbales de cuivre, et cette chevelure parfumée, se reposant enfin de ses saintes fureurs.

235. THALLUS (67).- Orgueil et joie des peuples d'Orient et d'Occident, César, descendant des invincibles fils de Romulus, nous chantons ta naissance éthérée, et sur tes autels divins nous versons des libations joyeuses. Pour toi, marchant sur les traces de tes aïeux, demeure avec nous un grand nombre d'années (68), comme nous le demandons aux dieux.

236. PHILIPPE. - Nous, éperons d'airain, agrès de vaisseaux, qui sommes ici des trophées de la victoire d'Actium, voici que les abeilles nous entourent de leurs essaims murmurants, et nous confient leurs dons parfumés. Que les bienfaits de la politique de César sont précieux! Elle enseigne aux armes mêmes des ennemis à porter les fruits de la paix.

237. ANTISTIUS. - Un Galle a consacré ces vêtements et cette chevelure à la mère des dieux, protectrice de la montagne. Voici à quelle occasion. Il cheminait seul par la forêt, lorsqu'il fit la rencontre d'un lion terrible. Il y allait de la vie du prêtre du Cybèle ; mais la déesse lui inspira l'idée de frapper sur son tambour. Au bruit de l'instrument, la bête eut peur et prit la fuite. C'est pour cela que ces cheveux sont suspendus à ces branches sonores.

238. APOLLONIDAS. - Je suis le vieux Euphron, propriétaire d'un champ qui n'a pas beaucoup de sillons et d'une vigne qui donne peu de vin. Je cultive péniblement avec la charrue un coin de terre, et je n'écrase que quelques paniers de raisin sous mes presses. Voici cependant de mes petits produits ma petite offrande. O Dieu, si tu me donnes plus, tu recevras plus aussi.

239. LE MÊME. - Ayant retranché d'une ruche mon doux produit de la saison, le vieux éleveur d'abeilles, Cliton t'a fait une libation de miel, ô Pan, après avoir extrait une grande quantité de miel vierge des rayons parfumés, don du troupeau qui vole au loin sans pasteur. Puisses-tu multiplier à l'infini ses essaims, et remplir d'un nectar doré les compartiments de cire de ses ruches !

240. PHILIPPE. - Fille de Jupiter et de Latone, Diane dont l'arc tue les bêtes sauvages, et qui as pour sanctuaire les montagnes, renvoie aujourd'hui même, par delà les régions hyperboréennes, la fièvre odieuse qui tourmente notre excellent empereur (69) Et Philippe fera fumer l'encens sur tes autels, en t'immolant un sanglier de la montagne.

241. ANTIPATER. - Casque, je jouis d'un double avantage : à ma vue, mes amis se réjouissent, et mes ennemis sont saisis d'effroi. Pylémène (70) m'a possédé, et je suis maintenant à Pison. Quel autre casque convenait à cette tête, quelle autre tête convenait à un tel casque ?

242. CRINAGORAS. - Dans ce jour où s'accomplit un voeu,  nous offrons ces sacrifices à Jupiter, le dieu des adultes, et à Diane, la protectrice des accouchées. Car encore imberbe, mun frère avait promis de leur offrir le premier printemps de ses joues de jeune homme. Recevez donc cet hommage, ô dieu. ô déesse, et que, sous vos auspices, Euclide arrive glorieusement (71) de cette barbe blonde aux cheveux blancs.

243. DIODORE. - "O Junon, à qui Samos est chère, et que l'Imbrase reconnaît pour sa souveraine, accueille avec bonté, auguste déesse, à l'occasion d'un jour de naissance, ce sacrifice de jeunes taureaux que tu préfères à toutes les autres victimus nous le savons, nous tous qui connaissons les rites sacrés des immortels." Ainsi priait Maxime (72) en faisant une libation. J unon fit un signe de satisfaction, et les Parques n'en furent pas jalouses.

244. CRINAGORAS. - Junon, mère des Elithyies, Junon, déesse des noces, et toi, Jupiter, père commun de tous ceux qui naissent, ordonnez, divinités bienfaisantes, qu'Antonia (73) n'éprouve que des douleurs tolérables, et confiez-la aux douces mains d'Épione, afin que son époux, sa mère, la mère de son époux soient dans la joie. Elle porte dans son sein l'héritier d'une grande maison.

245. DIODORE. - Lorsque, dans une nuit d'orage, Diogène vit son antenne brisée par le souffle impétueux de Borée qui bouleversait la mer Carpathienne, il fit voeu, s'il échappait à la mort, de me consacrer à toi, ô Cabire, que la Béotie reconnaît pour maître et seigneur, moi son manteau, en pieux souvenir d'une navigation périlleuse, et de me suspendre sous tes portiques sacréS. Éloigne aussi de Diogène la pauvreté.

246. PHILOMÉME OU ARGENTARIUS. - Charmus, vainqueur aux jeux isthmiques, te consacre, ô Neptune, sous ton portique ces éperons qui activent le galop, un frein qui se plaît dans la bouche, des phalères dentelées qui parent le poitrail, une cravache de saule, une étrille à polir le poil, et la chambrière qui sur le dos siffle et fait naître l'ardeur. Et toi, dieu à la noire chevelure, reçois avec bonté ces dons, et couronne aussi aux grandes fêtes d'Olympie le fils de Lycinus.

247. PHILIPPE. - Des navettes qui chantent comme les matinales hirondelles, armes de Pallas quand elle ourdit sa trame, un peigne à nettoyer la laine chevelue, un fuseau que les doigts ont usé suspendu au fil qui se tord et s'enroule, une corbeille tissée en jonc qu'autrefois remplissaient des pelotons de laine purifiée par les dents de la carde, voilà ce que te consacre, ô vierge laborieuse, ô Minerve, la vieille Ésione, offrande d'une pauvre femme.

248. ARGENTARIUS. - A Cypris reste là consacrée, ô bouteille enivrante, reste là, soeur de la coupe nectaréenne, petite bacchante, bouteille aux jolis glouglou, au col étroits, convive d'un festin joyeux, fille d'une cotisation d'amis, servante spontanée des mortels, charmante initiatrice aux mystères d'amour, arme qu'on a toujours sous la main dans les banquets ; sois la splendide offrande de Marcus qui te consacre, chère amie du vin, comme l'antique compagne de ses ébats.

249. ANTIPATER. - Cette torche revêtue d'une tunique de cire, ce luminaire des saturnales (74) en moelle de roseau qu'enserre un léger tissu de papyrus, Antipater l'offre en cadeau à Pison. Que si, m'ayant allumé, il prie, je brillerai d'un éclat ,qui fera exaucer sa prière.

250. ANTIPHILE. - Mes cadeaux sont modestes comme ma fortune, chère maîtresse ; mais si tu tiens compte de l'intention, tu comprendras que je surpasse bien des gens en richesse. Reçois donc avec bonté cette étoffe à longue laine, légère comme de la mousse, éclatante comme la pourpre, ces laines teintes en rose, et pour tes noirs cheveux, ce nard enfermé dans un cristal d'azur. Ainsi une tunique couvrira ton beau corps, des ouvrages attesteront l'habileté de tes doigts, et une atmosphère parfumée servira d'auréole à ta chevelure.

251. PHILIPPE. - O toi, qui du haut promontoire de Leucade surveilles au loin la mer d'Ionie qui le baigne, Apollon, reçois de pauvres matelots cette part de biscuit, une libation épanchée d'une petite tasse, et cette lampe à courte mèche qu'abreuve de bien peu d'huile la fiole parcimonieuse. De ton côté, sois-leur propice, et dans leurs voiles fais souffler un bon vent qui les mène auport d'Actium (75). 

252. ANTIPHILE. - Je suis une poire de coing si bien conservée que je ressemble à un fruit de la saison, dans ma jeune
pelure et avec ma première fleur, sans tache, sans ride, veloutée comme une joue d'adolescent, encore attachée à la belle branche qui m'a vue naître, rare privilège par ces temps d'hiver. Mais pour toi, ô reine, même la saison des frimas porte un tel
fruit d'automne. 

253. CRINAGORAS. - Grottes des Nymphes d'où s'épanchent en cascades de si belles sources sur la pente de cette colline, gîte sonore de Pan que des pins couronnent dans la vallée au pied d'un rocher, troncs de vieux genévriers vénérés des chasseurs, tertres de pierres consacrés à Hermès, soyez-nous propices, et avec bonté recevez de l'heureux chasseur Sosandre les prémices de sa chasse au cerf.

254. MYRINUS. - Lorsque le temps allait entraîner chez Pluton Statylius, moins homme que femme, vieux chêne énervé de débauches, il consacra ses légères étoffes d'été teintes en safran et en pourpre, ses cheveux d'emprunt tout parfumés de nard, les mules blanches qui paraient ses pieds, la boîte où reposaient son fard et ses pommades, les flùtes dont le souffle charmait ses orgies avec ses compagnons ; de tout cela il fit don à Priape, il en décora son portique.

255. ÉRYCIUS. - Saon, pâtre d'Ambracie, a brisé cette corne de deux coudées à un taureau qui s'était sauvé loin de l'étable. Lorsque des montagnes il l'eut découvert dans des fondrières boisées se rafraîchissant les pieds et les flancs au bord du fleuve, [il alla à lui] ; mais l'animal, d'un bond oblique, s'élança sur le pâtre. Celui-ci lui asséna un coup de massue qui lui arracha une corne du crâne ; et cette corne, il l'a clouée à ce poirier près de l'étable où mugit le troupeau.

256. ANTIPATER. - Le large cou de taureau, les épaules robustes d'Atlas, la barbe épaisse et la chevelure d'Hercule, les yeux de lion du géant milésien, non, le souverain de l'Olympe, Jupiter lui-même, ne les eût pas vus sans effroi, lorsqu'au pugilat Nicophon terrassait tous ses rivaux à Olympie.

257. ANTIPHILE. - Qui m'a, moi amphore faite pour Bacchus, moi l'échanson des vins de l'Adriatique, qui m'a remplie de blé ? Pourquoi me priver par envie des dons de la vigne, ou bien y a-t-il une si grande pénurie de vases à grains ? On outrage deux divinités : Bacchus est dépouillé de son privilége, et Cérès s'indigne de vivre en compagnie avec l'ivresse.

258. ADDÉE. - O féconde Cérès, Crithon t'offre en sacrifice cette brebis, cette génisse sans cornes, ce gâteau rond dans sa corbeille, sur cette aire même où il a battu tant de gerbes, où il a vu une si riche moisson ; ô déesse qui te plais dans les belles récoltes, donne chaque année à Crithon (76) la même abondance d'orge et de blé.

259. PHILIPPE. - Qui t'a placé près des barrières, Mercure imberbe (77) ? - Hermogéne. - Quel est son père? - Démonée. - Et sa patrie ? - Antioche. - A quel titre t'honore-t-il ? - Comme son protecteur dans les stades. - Dans lesquels ? - A Némée et dans l'Isthme. - Il a donc couru ? - Et il a remporté le prix. - Qui a-t-il vaincu ? - Neuf garçons ; il volait comme s'il avait les ailes de mes pieds.

260. GÉMINUS. - Phryné consacre dans le temple de Thespies cet Amour ailé, vrai chef-d'oeuvre, en reconnaissance des richesses (78) qu'elle lui doit. C'est Vénus qui a guidé le ciseau. L'offrande est admirée sans réserve, elle convient bien à Phryné et à Praxitèle. J'admire l'art divin (79) du mortel qui nous a donné le dieu dont il avait dans le coeur un modèle plus parfait encore.

261. CRINAGORAS. - Ce flacon d'airain tout semblable à de l'argent, ouvrage de l'Inde, Crinagoras te l'envoie, fils de Simon, en ce jour ou tu célèbres ta naissance ; il te l'envoie d'un coeur bien joyeux, comme au meilleur de ses amis.

262. LÉONIDAS. - Ce loup qui égorgeait les boeufs et les bergers, que les cris des chiens n'effrayèrent jamais, Évalcès de Crète, en surveillant de nuit ses troupeaux au pâturage, l'a tué et en a suspendu la dépouille à ce pin.

263. LE MÊME. - Le berger Sosos a tué d'un coup d'épieu un lion au poil fauve, et il en a suspendu ici la dépouille. Ce lion venait de tuer une bête du troupeau ; du bercail il n'est pas retourné dans ses bois, et par son sang il a expié le sang de sa victime : il a vu ce qu'il en coûte de tuer un jeune taureau.

264. MNASALQUE. - Offrande pieuse, j'ai été consacré au divin Apollon, moi bouclier d'Alexandre de Phyllos (80), vieux et usé au centre et sur les bords par les combats, mais tout brillant de la gloire acquise sur les champs de bataille avec mon valeureux maître ; c'est lui qui m'a suspendu à cet autel. Jamais, depuis que j'existe, je n'ai cessé d'être victorieux.

265. NOSSIS. - Auguste Junon, toi qui souvent du haut des cieux viens jeter un regard de bonté sur ton sanctuaire parfumé de Lacinie (81), daigne accepter ce vêtement de lin. C'est pour toi que l'a tissé, avec sa chère Nossis, ma mère Théophilis, la fille de Cléocha.

266. HÉGÉSIPPE. - La Diane de ce carrefour, c'est une fille de Démarète, Agélochie, jeune vierge demeurant encore dans la maison de son père, qui l'a ainsi parée d'une robe ; car la déesse elle-même lui est apparue près de son métier, toute resplendissante de lumière (82).

267. DIOTIME. - O déesse de la lumière, secourable Diane, protège l'héritage de Pallas, réjouis de tes bienfaisantes clarté, cet homme de bien et ses enfants. Cela t'est facile [et il le mérite], car il n'a pas sans beaucoup de zèle appris à tenir en équilibre les balances de la Justice, fille de Jupiter. O Diane, permets aussi aux Grâces de se promener dans ce bocage et de fouler sous leurs pieds légers ces parterres de fleurs.

268. MNASALQUE. - Auguste Diane, Cléonyme t'a élevé cette grande statue ; en retour, procure-lui une vie abondante par la chasse : tu es en effet la déesse qui parcourt d'un pas agile les bois frémissants de la montagne, et qui d'une voix terrible excite la meute ardente.

269. SAPPHO. - Toute petite et sans voix encore (83), je réponds. si l'on m'interroge, sur le champ et sans effort. O reine des
femmes, brillante fille de Latone, ta prêtresse Aristo, l'épouse d'Hermoclite, le fils de Samoïadas, t'a consacré cette statue. Et toi, propice et reconnaissante, fais prospérer notre famille.

270. NICIAS. - Les bandelettes et le voile de pourpre d'Ampharétra sont suspendus au-dessus de ta tête, Ilithyie, parce que tu as exaucé ses voeux, lorsque, dans les douleurs de l'enfantement, elle te suppliait de détourner loin d'elle la mort affreuse qui la menaçait.

271. PHÉDIME. - 0 Diane, le fils de Cichésias, Léon, t'a consacré ces brodequins, et Thémistodice ce petit manteau, parce que tu as étendu sur elle, pendant ses couches, tes mains propices, étant venue, déesse auguste, sans ton arc redoutable. 0 Diane, accorde à Léon, à Thémistodice, de voir un jour leur petit enfant grand et fort.

272. PERSÈS. - Cette ceinture, cette tunique à fleurs, cette bandelette qui enserrait étroitement ses seins, Timaesse te les consacre, ô fille de Latone, reconnaissante d'avoir échappé, après dix mois de grossesse, aux douleurs d'un laborieux accouchement.

273. NOSSIS (?) - O Diane qui possèdes Délos et l'aimable Ortygie, dépose entre les mains des Grâces ton arc et tes flèches (84), lave ton beau corps dans l'Inopus (85), et va dans la demeure d'Alcétis la délivrer d'un douloureux accouchement.

274. PERSÈS. - Auguste protectrice des enfants, garde dans ton temple (86) cette poupée (87) et cette couronne de beaux cheveux, puissante Ilithyie ; Tisis reconnaissante te les offre comme la rançon de couches douloureuses.

275. NOSSIS. - Il est bien probable que Vénus a reçu avec joie ce réseau qu'a détaché de sa tète Samytha pour le lui offrir ; car il est habilement travaillé, et il exhale un parfum de nectar comme celui que la déesse prodigue au bel Adonis.

276. ANTIPATER. - La vierge Hippé a relevé sur sa tête sa belle et riche chevelure, après l'avoir lustrée avec des parfums. Déjà pour elle est arrivée la cérémonie de l'hyménée ; et nous, ceinture et bandelettes, nous invoquons pour la jeune fille la récompense des services que nous rendons à la virginité. O Diane, que par ta grâce il soit accordé un mari et des enfants à la fille de Lycomède, quia renoncé aux jouets (88) du jeune âge.

277. DAMAGÈTE. - Diane, ô toi qui as obtenu en partage un arc et des flèches secourables, sur ton autel parfumé, Arsinoé, la fille de Ptolémée, laisse et consacre une boucle qu'elle a coupée de sa belle chevelure.

278. RHIANUS. - Le fils d'Asclépiade, Gorgos, a consacré au bel Apollon l'hommage de sa belle chevelure ; et toi, Apollon, dieu de Delphes, accorde à ce jeune homme un sort heureux jusqu'à l'âge où ses cheveux blanchiront.

279. EUPHORION. - Lorsque Eudoxe coupa pour la première fois ses beaux cheveux, il fit hommage à Phébus de cet ornement de son jeune front. En échange de ces cheveux, Dieu puissant, que le lierre d'Acharnes (89) soit ma parure, et que pour moi il croisse toujours.

280. ANONYME. - Timarète, avant son mariage, consacre à Diane Limnète son tambour, son joli ballon, le réseau qui enveloppait ses cheveux ; elle consacre encore à la déesse vierge, elle vierge et comme de raison, ses poupées vierges aussi ; et leurs atours. O fille de Latone, étends ta main sur la jeune Timarète, et que cette pieuse enfant soit par toi pieusement protégée (90).

281. LÉONIDAS. - O toi qui règnes sur le mont Dindyme et sur les crêtes de la Phrygie brillante, mère auguste des dieux, que par toi la petite Aristodice, la fille de Siléné, arrive fraîche et belle à la couche de l'hyménée, terme de sa vie de vierge ; elle le mérite, car que de fois, devant ton temple et au pied de tes autels, elle a dans tes fêtes livré aux vents sa chevelure virginale !

282. THÉODORE. - Mercure, Callitèle te consacre son chapeau en laine d'agneau bien foulé, une agrafe à double aiguillon, une strigile, son arc tendu, une tunique usée imprégnée de sueur, des baguettes d'escrime et son ballon toujours en mouvement. O dieu (91) qui aimes la jeunesse, reçois avec bonté ces dons d'un éphèbe ami de la règle et du devoir.

283. ANONYME. - Celle qui naguère était si fière au milieu de ses riches amants et qui bravait Némésis la redoutable déesse, maintenant pour un salaire tisse de la toile avec sa pauvre navette. Enfin Minerve (92) a vaincu Vénus !

284. ANONYME. - Philémon, qui passe secrètement les nuits dans les bras d'Agamède, a tissé pour lui ce manteau brun. Vénus elle-même est devenue ouvrière, tandis que le beau peloton de laine et la quenouille reposent oisifs dans la corbeille des matrones.

285. NICARQUE (?) - Nicarète, qui naguère tendait à son métier les fils de la trame et sans relâche y faisait résonner la navette de Minerve, vient de consacrer à Vénus son panier à ouvrage ; ses laines et ses fuseau, tous ses instruments de travail, en les brûlant sur son autel. "Disparaissez, s'écria-t-e'le, outils qui laissez mourir de faim les pauvres femmes, et flétrissez la beauté des jeunes filles !" Puis, elle prit des couronnes, un luth, et se mit à mener une vie joyeuse dans les fêtes et les banquets. "O Vénus, dit-elle à la déesse, je t'apporterai la dîme de mes bénéfices, procure-moi de l'ouvrage dans ton intérêt et dans le mien."

286. LÉONIDAS. - La partie droite de cette bordure de robe dans une longueur de neuf pouces et quatre doigts, est l'oeuvre de Bittium ; Antianire a fait toute la partie gauche. Le Méandre qui circule au milieu, les jeunes filles qui jouent sur ses bords, c'est Bitia qui les a brodés. O la plus belle des filles de Jupiter, Diane, place sur ton coeur, aime ce tissu que trois jeunes filles ont à l'envi si bien travaillé. O Minerve, que leurs mains ne restent plus vides, et que chez elles l'abondance succède au dénuement.

287. ANTIPATER. - Diane, auguste vierge , protectrice des femmes, nous avons fabriqué pour toi ce bas de robe, à nous trois : Bitia a fait ces jeunes filles qui dansent et les oblique détours du sinueux Ménandre ; sa rive gauche est l'ouvrage de la blonde Antianire, et Bittium a travaillé, dans la longueur d'un palme, tout ce qu'on admira sur la rite droite du fleuve.

288. LÉONIDAS. - Nous filles de Lycamédé, Athéno, Mélitée, Phinto et Glinis ouvrières diligentes, consacrons la dîme de notre cher travail, ainsi que la quenouille laborieuse, la navette qui parcourt en chantant les fils de la trame, l'actif fuseau, ces paniers naguère pleins de laine, et ces spathes pesantes, offrande modeste, telle que peuvent en faire de pauvres filles.

289. LE MÊME. - Autonoma, Mélitée, Boïscium, toutes trois de Crète ; filles de Philomède et de Nico, ont fait, étranger, cette consécration. L'une a offert le fuseau qui lui servait à filer, toujours en mouvement sous ses doigts ; l'autre, la corbeille où elle mettait ses laines ; la troisième, l'outil qui fabriquait de belles étoffes, une navette, sauvegarde de la chasteté de Pénélope. Telles sont les offrandes par elles consacrées dans ce temple à Minerve la filandière, ayant toutes trois renoncé aux travaux de l'industrieuse déesse.

290. DIOSCORIDE. - Cet éventail toujours agréable par les douces brises qu'il amène, Parménis le consacre à l'aimable Vénus Uranie ; c'est la dîme des gains de son lit. Quant aux violentes ardeurs du soleil, la déesse les repousse avec le souffle du Zéphyre.

291. ANTIPATER. - Bacchylis, qui viderait un tonneau jusqu'à la lie, un jour qu'elle était alitée et malade, fit à Cérès cette promesse : "Si j'échappe à la fièvre, au trépas, je ne boirai, jusqu' à ce que j'aie vu cent soleils, que de l'eau pure comme tes rosées, sans une goutte de vin." La fièvre la quitte, et le même jour elle imagine cet expédient : elle prend un crible, le met devant ses yeux, et, par les trous du treillis, elle vit cent soleils et plus.

292. HÉDYLE. - Ses bandeaux, sa tunique de pourpre, ses voiles de Laconie, ses robes pailletées d'or, Niconoé a tout vendu pour boire ; car elle était une adorable fille [de joie, une fille] des Amours et des Grâces. Aussi, à Priape, qui lui a souvent adjugé le prix de la beauté, a-t-elle offert une nébride et cette coupe d'or.

293. LÉONIDAS. - Ce bâton, ces sandales, cette burette crasseuse, cette besace trouée, toute pleine d'une antique sagesse , sont des dépouilles enlevées au cynique Posocbarès, auguste Cypris ; le beau Rhodon, qui a pris dans ses filets l'austère vieillard, te les consacre et les suspend au milieu des couronnes de ton portique.

294. PHANIAS. - Ce bâton sur lequel on s'appuie, les étrivières et la férule sa compagne qui frappe sur les doigts des enfants, l'anneau rond poli par l'usure [où on les attache], les sandales aux semelles légères, le bonnet qui couvrait une tête chauve, tous ces attributs du maître d'école, Callon les consacre au dieu Mercure, épuisé qu'il est par l'âge et le travail.

295. LE MÊME. - Un canif pour tailler les roseaux de Cnide, l'éponge qui servait à les nettoyer, une règle à tracer des lignes bien droites, barrière que ne franchit pas le troupeau (93) de l'alphabet, l'encrier avec sa liqueur d'un beau noir, un compas à tracer des cercles, une pierre à polir, l'abat-jour qui protège la vue, tous ces instruments qui n'enrichissent pas, le scribe à gages Cestondas les a consacrés aux Muses, depuis q'il a trouvé à mordre au gâteau de la régie, qui nourrit bien son monde.

296. LÉONIDAS. - Ce piège solide, ces rapides flèches, ces toiles, cette houlette arrondie fatale aux lièvres, ce carquois, cette flûte percée pour attirer la caille, ce filet bien tissé pour la pêche. Sosippe les offre à Mercure, parce qu'il est près d'atteindre la limite de la vie et que la vieillesse le condamne au repos.

297. PHANIAS. - Alcime a consacré un râteau édenté, un tronçon de fléau sonore, veuf de son battant d'olivier, une lourde entrave, une masse à briser les mottes, un hoyau qui n'avait plus qu'un fourchon, des herses qu'on traîne, des hottes d'osier à porter de la terre, vieilles et raccommodées ; il les a consacrés dans le portique de Minerve, après avoir trouvé un trésor, car autrement sans doute ses reins de plus en plus courbés se seraient inclinés jusqu'aux sombres bords.

298. LÉONIDAS. - Cette besace, une peau de chèvre non tannée mais durcie, ce bâton encore garni de son écorce, une burette toute crasseuse, un collier de chien sans clous d'ornement, le chapeau qui abritait une tête non bénie des Grâces, toutes ces dépouilles de Posocharès, la Faim, aussitôt après sa mort, les a suspendues à ce buisson de tamaris.

299. PHANIAS. - Hermès qui protèges ce chemin, nous t'offrons cette grappe de beau raisin, le chanteau d'un onctueux gâteau cuit au four, une figue noire bien mûre, une olive appétissante, des parts de fromages ronds, une mesure d'orge, un tas de grenades, une coupe de vin de dessert, toutes choses dont serait même charmée Cypris, ma déesse ; et à vous [amis], je recommande d'immoler sur la drève du rivage une chèvre aux pieds blancs.

300. LÉONIDAS. - Déesse du mystère, Vénus, de ma pauvreté (94) reçois cette offrande, reçois de l'indigent et chétif Léonidas des gâteaux onctueux, une olive bien conservée, cette figue verte avec sa branche, un grappillon de cinq grains détaché d'une grosse grappe , et cette libation d'un fond d'amphore. O déesse, tu m'as guéri d'une grave maladie, et si tu me délivres aussi de l'odieuse misère, je t'immolerai un chevreau.

301. CALLIMAQUE. - La salière où il puisait, se contentant de pain et de sel, et qui l'a dégagé des violents orages d'une vie endettée, Eudème l'a consacrée aux dieux de Samothrace, avec cette inscription : "Passants, sauvé par le sel, Eudème, suivant le voeu qu'il a fait, offre cette salière (95)."

302. LÉONIDAS. - Retirez-vous de ma chaumière, souris qui vous cachez dans l'ombre ; la pauvre huche à pain de Léonidas ne saurait nourrir des souris. C'est un vieillard qui se contente de peu, à qui suffit du sel, deux pains d'orge, et qui vit sans se plaindre, comme ont vécu ses pères. Que cherchez-vous donc chez lui, souris friandes ? Vous n'y trouverez pas les miettes d'un dîner. En toute hâte, allez chez mes voisins. Moi je n'ai rien, mais chez eux de plus amples provisions vous attendent.

303. ARISTON. - Souris, si vous êtes venues ici chercher du pain, allez ailleurs : nous habitons une pauvre chaumière; allez où vous puissiez recueillir du fromage onctueux, des figues sèches, où vous aurez un abondant festin des restes de table. Que si vous enfoncez encore vos dents dans mes livres, malheur à vous ! C'est une orgie qui vous sera funeste.

304. PHANIAS. - Pêcheur, descends de ton rocher et viens à terre ; je serai, ce matin, ta première pratique, un chaland qui te portera bonheur, si tu as dans ton panier des queues-noires à me vendre, un mormyre , ou une grive de mer, ou un spare, ou une smaride. Tu sauras qu'à la meilleure viande je préfère la marée, pour charmer la sécheresse d'un morceau de pain. Mais si tu apportes des clupes, des épines de mer ou quelque ourson, pêche encore, pêche toujours. Je n'ai pas un gosier de pierre.

305. LÉONIDAS. - A l'Intempérance, à la Gloutonnerie Disozus le Dorien consacre ces dons, des marmites ventrues de Larisse, des cruches, une coupe large et profonde, une fourchette de bronze artistement recourbée, un grand couteau, une cuiller de bois à remuer la purée. O Gloutonnerie, en échange de ces mauvais présents d'un mauvais riche, accorde-lui de ne jamais connaître la tempérance.

306. ARISTON. - Cette marmite, une fourchette, un crochet à jambon, une cuiller pour remuer la purée, un soufflet en plumes, un chaudron bien luisant, une hache, un couperet, une cuiller à puiser le jus des rôtis, une éponge à essuyer placée sous un couteau tranchant, un pilon à deux têtes pour égruger le sel, un mortier de marbre, un plat creux pour servir la viande, tous ces attributs de son métier, le cuisinier Spinther les consacre à Mercure, dans sa joie d'être déchargé du poids de la servitude.

307. PHANIAS. - Eugathe du pays des Lapithes a rejeté avec mépris le miroir, la serviette à barbe, le morceau de feutre à repasser, la strigile en roseau, le canif à couper les cors (96) ; il a rejeté aussi les ciseaux, les rasoirs, le siège où s'asseyait la pratique ; et, désertant son échoppe de barbier, il a sauté d'un bond dans les jardins d'Épicure. Là il était comme l'âne écoutant les accords de la lyre ; et sans doute il serait mort de faim, s'il n'était revenu à sa trousse et à sa boutique.

308. ASCLÉPIADE. - Vainqueur de ses camarades dans un concours de belles-lettres, le jeune Connare a reçu quatre-vingts osselets ; et en l'honneur des Muses, il a placé ici ce masque comique du vieux Charès, aux applaudissements de l'école.

309. LÉONIDAS. - Philoclès offre et dédie à Mercure un ballon aux belles couleurs (97), ces crotales de buis sonore, des osselets dont il était fou, son sabot rapide, jouets de son enfance.

310. CALLIMAQUE. - Simus, le fils de Miccus, en me dédiant aux Muses, leur a demandé le don de la mémoire, et celles-ci, comme le fit Glaucus, lui ont donné en échange d'un petit présent un présent considérable. Et moi, masque tragique de Bacchus, je reste ici, bouche béante, auprès de la lettre symbolique (98) de Pythagore [à la porte du gymnase], d'où j'entends les écoliers qui répètent leurs leçons. "Ma chevelure est sacrée (99)," disent-ils, ce que je sais aussi bien qu'eux.

311. CALLIMAQUE. - Passant, je suis, tu peux le dire, un masque de comédie, témoignage de la victoire d'Agoranax de Rhodes; je suis Pamphile, tout brûlé des-feux de l'amour (100). Aussi le masque est-il par moitié tout semblable à une figue fraîche et à une lampe d'Isis.

312. ANYTÉ. - 0 bouc, des enfants t'ont mis des brides de pourpre, ils t'ont mis un mors dans ta bouche velue, afin que, simulant des jeux hippiques autour du temple de Neptune, tu les portes sur ton dos et t'associes à leurs jeux enfantins (101).

313. BACCHYLIDE. - Fille de Pallas qu'on honore sous des noms divers, auguste Victoire, regarde toujours d'un oeil propice l'aimable choeur du dème de Granita, et dans les jeux des Muses accorde à Bacchylide de Céos de nombreuses couronnes.

314. NICODÈME. - Pénélope, ayant terminé ses longues courses Ulysse t'a apporté ce manteau et cette tunique (102).

315. LE MÊME. - En récompense du secours que je lui ai porté, Ophélion m'a peint, moi Pan aux pieds de bouc, ami de Bacchus et fils de l'Arcadien [Mercure].

316. LE MÊME. - Orphélion a peint la douleur de la jeune Aéropé, les débris de l'infâme festin de Thyeste, et le châtiment du coupable.

317. LE MÊME. - Praxitèle a sculpté en marbre de Paros une Danaé et des nymphes vêtues, et moi, Pan, en marbre pentélique.

318. LE MÊME. - Après avoir sacrifié une génisse à Cypris notre protectrice, nous adolescents, nous conduisons joyeusement la fiancée de la maison paternelle [à la demeure de son époux].

319. LE MÊME. - A la. lumière des torches, dans le vaste palais de son père, j'ai reçu la jeune fille des mains de Cypris.

320. LE MÊME. - Adieu, belle ville d'Ascanie (103) ; adieu, splen= dides fêtes de Bacchus, et vous aussi adieu, initiés chers au dieu du vin.

321. LÉONIDAS. - Pour le jour de ta naissance, César, la Muse égyptienne de Léonidas t'offre ces vers ; car les sacrifices de Calliope sont toujours sans fumée. Mais l'an prochain, si tu le permets, elle t'offrira quelque chose de mieux (104).

322. LE MÊME. - Reçois un nouveau don de la Muse de Léonidas, ces distiques, produit enjoué d'un esprit inventif. Ils seront dans les saturnales et au banquet un agréable passetemps pour Marcus et pour ses convives amis des Muses.

323. LE MÊME. - Oedipe était le frère de ses enfants et l'époux de sa mère, et de ses propres mains il s'est arraché les yeux (105).

324. LE MÊME. - Qui a offert au destructeur de villes, à Mars, ces gâteaux délicats, cette grappe de raisin, ces couronnes de roses ? Qu'on porte aux Nymphes de semblables offrandes. Je ne reçois sur mes autels que des sacrifices où le sang coule, car je suis le terrible dieu de la guerre.

325. LE MÊME. - Eupolis, pour ton jour de naissance les uns t'offrent en présent des bêtes fauves, les autres des oiseaux, ceux-ci des poissons ; de ma part, reçois ces vers, hommage des Muses, qui resteront à jamais comme un souvenir d'amitié et de savoir.

326. LE MÊME. - Nicis de Libye, le fils de Lysimaque, te consacre, ô Diane, ce carquois de Lyctos et son arc recourbé; [mais il ne t'offre pas de flèches] : celles qui remplissaient son carquois, il les a toutes épuisées sur les chevreuils et les cerfs.  

327. LÉONIDAS. - Les vers s'égalisent en chiffres, un à un, non deux à deux; car à présent j'aime la brièveté (106).

328. LE MÊME. - César de nouveau reçois ce troisième hommage d'une Muse habile en vers numériquement égaux (107) ; car c'est le Nil qui envoie aussi au pays où tu règnes, comme un tribut, ces vers qui ont traversé la Grèce.

329. LE MÊME. - Les uns vous envoient des cristaux, les autres des vases d'argent, ceux-ci des topazes, tous des dons précieux, pour célébrer votre jour de naissance ; mais moi, auguste Agrippine, ayant aligné deux distiques je me contente de vous offrir ce modeste présent que l'envie ne saurait atteindre.

330. ESCHINE. - N'attendant plus rien de l'art des mortels, mais plein d'espérance dans la puissance divine, j'ai quitté la populeuse Athènes et je suis venu dans ton temple, Esculape. Là j'ai été guéri d'une blessure que j'avais à la tête depuis un an, dans l'espace de trois mois.

331. GÉTULICUS. - Alcon, à la vue de son enfant qu'étreignait un serpent au venin mortel, d'une main tremblante tendit son arc; il ne manqua pas le monstre, car la flèche pénétra dans sa gueule, un peu au-dessus de la tête du petit enfant. Ainsi fut tué le serpent, et le père a suspendu à ce chêne son arc en témoignage de son bonheur et de son adresse.

332. ARRIEN. - Le descendant d'Énée, Trajan, consacre cet hommage à Jupiter Casius ; lui, souverain des mortels, au souverain des immortels il offre ces deux coupes habilement travaillées et la corne d'un buffle toute resplendissante d'or. Ce sont les prémices de sa dernière campagne, dans laquelle il a rudement soumis à sa domination les Gètes superbes. O dieu puissant, accorde-lui de terminer avec gloire cette guerre achéménienne (108), afin que ton coeur se réjouisse à la vue d'un double trophée, à la vue des dépouilles des Gètes et des Arsacides.

333. MARCUS ARGENTARIUS. - Déjà, chère lampe, tu as petillé trois fois. Est-ce que tu m'annonces par là qu'Antigone va venir ? si ta prédiction se réalise, lampe divine, comme Apollon, tu seras pour les mortels un oracle, et déjà tu as ton trépied.

334. LÉONIDAS. - Grottes sacrées, rocher des Nymphes, sources qui en jaillissez, pin voisin de cette onde, et toi, protecteur des troupeaux, Mercure fils de Maïa à la base quadrangulaire, toi aussi, Pan, qui habites cette roche broutée par les chèvres, recevez favorablement ces gâteaux et ce vase rempli de vin, présents de Néoptolème l'Éacide.

335. ANTIDATER. - Moi large chapeau de feutre, qui pour les anciens Macédoniens étais un meuble si commode, à la fois un abri contre la neige et un casque pour le combat, ayant soif de boire tes sueurs glorieuses, brave Pison, je suis venu d'Émathie pour couvrir ta tète ausonienne. Reçois-moi donc avec bonté : peut-être la coiffure qui jadis a mis en fuite les Perses, te soumettra aussi les Thraces.

336. THÉOCRITE. - Ces roses humides de rosée et ce serpolet touffu sont une offrande aux déesses de l'Hélicon ; ce laurier au noir feuillage te revient de droit, Apollon Pythien, car c'est pour toi qu'il pousse sur la colline de Delphes. Quant à ce bouc cornu et blanc qui broute la pointe des branches du térébinthe, il ensanglantera l'autel. 

337. LE MÊME. - Le fils de Péan (109) est allé à Milet pour habiter chez un vrai médecin, chez Nicias, qui tous les jours dépose des offrandes sur son autel et qui lui a fait sculpter cette statue de cèdre odorant. Il avait promis une riche récompense à l'habile ciseau d'Éétion, et l'artiste a mis dans cette oeuvre tout son talent.

338. LE MÊME. O déesses, ce groupe de marbre où vous êtes représentées toutes les neuf, vous est consacré par Xénoclès
le musicien. (Qui lui refuserait ce titre ? Pour son art comblé d'éloges, pas les Muses.

339. LE MÊME. - Démomène le chorège , ô Bacchus, celui qui te consacre ce trépied et t'élève cette statue, à toi le plus aimable des dieux, n'a, il est vrai, obtenu qu'un médiocre succès avec le choeur des enfants : mais avec le choeur des hommes il a vaincu ses concurrents. Et le beau et le bien sont le but de ses efforts.

340. THÉOCRITE. - Ce n'est pas une Vénus populaire ; rends-toi la déesse propice en l'appelant Vénus céleste. C'est une consécration de la chaste Chrysogone dans la maison d'Amphiclès, avec lequel elle a vécu, ayant en commun enfant, biens et vie ; et pour eux qui chaque année t'offraient leurs premiers voeux, tout prospérait, auguste déesse. C'est qu'en effet les mortels qui honorent les dieux en sont bien récompensés.

341. ANONYME. - Constructeur du pont de bateaux établi sur le poissonneux Bosphore, Mandroclès a consacré ce tableau à Junon, ayant obtenu pour lui une couronne, pour les Sauriens une gloire immortelle, en réalisant la pensée du roi Darius (110).

342. ANONYME. - Contemple sous ce portique des Grâces ce cippe triangulaire (111), monument de l'art primitif. C'est l'oeuvre même de Minerve ; elle l'a donné à la ville de Cyzique comme un gage de sa reconnaissance, parce que, la première des villes d'Asie elle lui avait élevé des autels. Cyzique, attribuant aussi à Apollon le don des arts qui lui a été accordé, a envoyé à Delphes, en témoignage de ce bienfait, les tuiles d'or qui ornent le temple.

343. ANONYME. - Les Athéniens, après avoir dompté par les armes les peuples de la Béotie et de Chalcis, ont éteint leur insolence avec des chaînes de fer et dans une obscure prison. De la dîme de leur rançon, ils ont consacré à Pallas ces chevaux (112).

344. ANONYME. - L'opulente Thespies avait envoyé ces guerriers dans la barbare Asie pour venger leurs ancêtres. A leur retour, après avoir détruit avec Alexandre les cités des Perses, ils ont consacré un beau trépied de métal sonore.

345. CRINAGORAS. - Au printemps fleurissaient autrefois les roses, mais maintenant c'est au milieu de l'hiver que nous ouvrons nos calices de pourpre, souriant à l'anniversaire de ta naissance, en ce jour si rapproché de ton hymen. Nous montrer sur la tête de la plus jolie femme vaut mieux que d'attendre un rayon de soleil de printemps.

346. ANACRÉON. - Procure une vie agréable à Tellias, ô fils de Maïa. En échange de ces offrandes accorde-lui tes bienfaits, et que, grâce à toi, il habite dans le dème des équitables Évonymes avec une bonne part de bonheur.

347. CALLIMAQUE. - Diane, Philératis t'a consacré ici cette statue. De grâce, reçois son hommage, et conserve-lui la vie.

348. DIODORE. - Ces tristes lignes du poète Diodore annoncent qu'on a taillé mon marbre pour une jeune femme qu'une mort prématurée a ravie dans les douleurs d'un accouchement ; dépositaire de ses restes, je pleure la belle Athénaïs, la fille de Méla et de Jason, qui a laissé dans le deuil et les larmes ses parents et ses compagnes de Lesbos. Et toi, Diane, tu étais alors occupée de tes meutes et de tes chasses.

343. PEILODÈME. - Fils d'Io, Mélicerte, et toi, belle Leucothée, reine de la mer, bienveillante déesse, choeurs des Néréides, flots, et toi, Neptune, toi, Zéphyre de Thrace, le plus doué des vents, soyez-moi propices, portez-moi, à travers les mers, sain, et sauf au charmant rivage du Pirée.

350. CRINAGORAS. - Les retentissantes fanfares de la trompette tyrrhénienne dont la plaine de Pise répète les échos, ont eu souvent, aux anciennes olympiades, les honneurs d'une double victoire ; mais comme tu as obtenu pour ta trompette, ô Démosthène, citoyen de Milet, trois couronnes, jamais cuivre n'a vibré sous un souffle plus puissant [et avec autant de gloire].

351. CALLIMAQUE. - A toi, vainqueur du sanglier [d'Érymanthe], cette massue de hêtre. - Qui me la consacre? - Archinus. - De quel pays est-il ? - De Crète. - Je l'accepte.

352. ÉRINNE. - Reçois, divin Prométhée, ce portrait d'une main bien habile ; il y a aussi parmi les mortels des artistes qui t'égalent en adresse. Que si le peintre avait pu donner la parole à cette jeune fille représentée avec tant de naturel, Agatharchis, nous te posséderions tout entière.

353. NOSSIS. - C'est Mélinna, c'est-elle-méme. Voyez comme son joli visage semble avec une douce joie me reconnaître, et combien la fille ressemble en tout à sa mère (113). C'est vraiment une belle chose lorsque les enfants sont ainsi l'Image de leurs parents.

354. NOSSIS. - De loin même on reconnaît bien Sabéthis. Cette image représente jusqu'à la noblesse de son âme. On voit là sa sagesse ses vertus ; je crois aussi voir sa grâce charmante. Sois glorifiée, ô femme digne du ciel.

355. LÉONIDAS. - La mère du petit Micythe, à cause de sa pauvreté, le consacre elle donne à Bacchus, ayant ébauché son image. 0 Bacchus, fais grandir et prospérer Micythe. Le don est bien peu de chose, mais c'est la pauvreté pieuse et suppliante qui te l'offre.

356. PANCRATE. - Les deux filles de Clio, Aristodice et Amino, toutes deux Crétoises et âgées de quatre ans, te sont offertes, auguste Diane, par leur mère ta prêtresse. Tourne les yeux, ô déesse, vers ces beaux enfants, et au lieu d'une seule prêtresse acceptes-en deux.

357. THÉÉTÈTE. - Enfants, soyez heureux. De quel pays êtes-vous ? de quel gracieux nom vous appelle-t-on, vous qui êtes si beaux ? - Je suis Nicanor, mon père se nomme Épiorète. et ma mère Hégéso. La Macédoine est mon pays. - Et moi, je suis Phila ; celui-ci est mon frère. C'est d'après un voeu de nos parents que nos deux statues sont ici placées.

358. DIOTIME. - Réjouis-toi, belle ceinture virginale qu'Omphale la Lydienne a dénouée autrefois pour Hercule qu'elle aimait. Tu fus heureuse alors, belle ceinture, et tu le seras encore, puisque tu vas parer ce magnifique temple de Diane.

(1)  Voy. Voltaire,  Dictionnaire philosophique, épigr., et Ausone, épigr. LV.
(2) ƒAn‹ktori, Pan ou Mercure.
(3) Hérodote, V. 59. Au lieu de ¦vn lisez pl¡vn
(4) Hérodote, V, 60.
(5) Hérodote, V, 61.
(6) Ut fellatrix. 
(7) Sic salse perstringit Lucianus tot poetarum lusus in tres fratres (Voy. les épigr. précédentes), qui nauseam movent. Brunck.
(8) C'était et c'est encore un intrument de pêche.
(9) XyonÛ.  On appelle en effet Neptune ƒEnnosÛgaiow.
(10) ƒEk m‹zhw. Les pythagoriciens offraient souvent aux dieux des victimes de ce genre, et aussi les pauvres gens. 
(11) Korinyikñn. Allusion an proverbe : Eàh moi tò metajç KorÛnyou kaÜ SikuÇnow.
(12)  Après la victoire de Platée (479 av. J.-C.) Voir Pausanias, IX. 2.
(13)  Vieux prêtre de Cybéle, y°luw
eviratus, ailleurs ²migænhw.
(14) Apollon, adoré à Delphes, dont Lycorée était un quartier.
(15) Voy. Homère, Il. XVIII, 383.
(16) Cette épigr. est citée par Montfaucon dans sa Palaeopraphia graeca
(17) C'est-à-dire un mélange de vin et de sang, provenant des raisins mangés et du sang du lièvre.
(18)  Ville de Crète.
(19) Écho était aimée de Pan ; voy. Moschus, Idyl. VI.

(20) Pan avait aimé Syrinx, qui fut changée en roseaux.
(21) C'est une parodie des formes rares qui se rencontrent dans des poètes : dans Homère krÝ, dÇ, m‹c ; dans Hésiode brÝ pour briyæ ; dans Sophocle  =& pour =&dion ; dans Épicharne, pour lÛan. Voy. l'épigr. suivante qui explique celle-ci.
(22)  Au lieu de ŽlveÝtai, je lis Žlveut®w.
(23) Les lampadodromies.
(24GuÝ' te phrvy¡iw, utpote membra fractus. Jacobs. 
(25) En lisant eëgron, on traduit ei montem feris refertum pande.
(26) Au lieu de krana‹n, lisez tana‹n.

(27)Les poètes donnaient des cornes aux biches ; voy. Pindare, Olymp., III, 26.
(28) Au lieu de gugerÒ lisez Gug¡v.
(29) ƒEpÛ a été remplacé par ÷plon
(30) Ce Philippe est le père du roi Persée, descendant d'Hercule.
(31BeroiaÛou, de Béroé, ville de Macédoine ou Émathie. 
(32) Montagne de Délos.
(33)  C'est 1e bouclier qui parle. 
(34…Allow, c'est †Ullow qu'il faut lire.

(35) TrissoÝw posÛn, c'est la Triquetra, emblème de la Sicile.
(36) C'est le bouclier ou la lance d'Epixéne qui parle.
(37) Koruf‹sion était un bourg de Laconie, près de Pylos. 
(38) Cette épigramme servait sans doute d'explication a un tableau de Bacchantes. 
(39) Voy. Pausanias, liv. VI, ch. 23.
(40) Tñnde, lisez nèn d¡ opposé à  prÛn.
(41) Castor et Pollux.
(42) ƒIli‹dow, épithète qui rappelle le Palladium de Troie que croyaient posséder Argos, Athènes, etc.
(43) Tyrréhnus, fils d'Hercule, inventa la trompette, unde tuba Tyrrhersum melos dicitur. Hygin, 374. 
(44) Bouxand®w, c'est-à-dire boèn xvrÇn, assez grand pour contenir un bocal.
(45) Clitor, ville d'Arcadie.
(46) Ainsi nommée du bourg d'Amarynthos dans l'île d'Eubée. 
(47) La guerre contre les Cantabres, en 729 ; il mourut deux ans après, à peine âgé de vingt ans ; c'est le Tu Marcellus eris de Virgile.
(48) Prêtres de Cybèle en Phrygie.
(49Ut in venatione, sic quoque in proelio Pan aderat, terroremque injiciebat exercitibus, d'où terreur panique.
(50) Voy. plus haut l'épigramme 151. 
(51) Thucydide, I, 132.
(52) „Vw poñ ge. Lisez ¦mproye pour ¦mprosyen.
(53) Dek‹tÄ : Virgile, Egl, IV, 61 : "Matri longa decem tulerunt fastidia menses."
(54)  L'épigramme est l'explication de ce tableau.
(55)  Lobeck remplace ôptasÛan par õplisÛan.
(56Obscurum Epigramma nec valde felicis venae. Jacobs. 
(57) TaærouwUt hircus tragicis, citharaedis vitulus, sic dithyrambicis taurus praemio erat destinatus, Jacobs. 
(58) Démaréte, fille de Théron, roi d'Agrigente, et femme de Gélon, avait, pendant la guerre médique, fait frapper de la monnaie d'or avec l'or de ses bijoux.
(59) Cette épigramme, peu digne de Simonide, est probablement d'un Simonides Junior.
(60) Cette épigramme n'est pas de l'ancien Simonide ; il était mort depuis deux siècles, lorsque le culte des Galles pénétra en Grèce, vers 280 av. J.-C. 
(61„Hmigænaij, eviratus, le y°luwde l'épigr. ci-dessus. 51. 
(62) „Vw aëdajai doit être remplacé par „Vw id', ôjæ.

(63) Zanñw, de Jupiter, dieu de l'air.
(64)  Au lieu de y®r næktiow lisez dianæktiow.
(65) Ce labyrinthe est une sorte de conque marine. 
(66) „HrÒssai, Cf. Callimaque, Fragm. 126 : D¡spoinai Libæhw ²rvýdew, k.t.l.
(67) In natales Tiberii imperatoris. Jacobs.
(68) Serus in caelum redeas. Horace, Od. I , 2 , 45. 
(69) Probablement l'empereur Auguste.
(70)  Chef des Paphlagoniens, dans l'Iliade II, 85. 
(71) Au lieu de aétÛpa, je lis eékl¡a qui joue avec EékleÛdhn.
(72) Ce Maxime était sans doute un prêtre de Junon.
(73) C'est Antonia minor, fille d'Octavie et d'Antoine, épouse de Drusus, fils de Livie et de Claude Néron. Pñsiw est donc Drusus, m®thr Octavie, ¤kur‹ Livie.
(74)  Cf. Macrobe, Saturnalia, I, 7.
(75) Dans le golfe d'Ambracie.
(76) Kr®yvn, eëkriyon, jeu de mots. 
(77) …Axnoun, comme le jeune vainqueur. 
(78) Lisez kte‹nvn
(79) Au lieu de doi°w, je lis avec Jacobs yeÛhw.
(80) En Thessalie.
(81) Aujourd'hui Capo Belle Colonne, à cause des colonnes qu'on y voit encore du temple de Junon Lacinienne.
(82) Il faut remplacer læga par aég.
(83) C'est une statue d'enfant, consacrée à Diane, qui parle.
(84Tñja, tela parturientibus gravia. Cf. Homère, Iliade, XI , 269. 
(85) Ruisseau de Délos.
(86) Au lieu de pontÛda, il faut lire past‹di.
(87) Les jeunes filles, en se mariant, consacraient aux dieux, à Vénus surtout, leurs joujoux, leurs poupées.
(88) Ces jouets étaient entre autres les osselets Žstr‹galoi, d'où la Variante proposée fugastrag‹lh
(89) C'est le doctarurn hederae praemia frontium d'Horace, Od. I, 1 , 29. 
(90) Voy. l'épigr, ci-desssus 274. 
(91) Au lieu de dÇron, il faut lire daÝmvn.
(92) Allusion an jugement de Pâris.
(93)  En lisant ¦rgm' ŽgelaÛaw.
(94) Au lieu de ¤k pl‹nhw, lisez ¤k spanÛhw.
(95) Le sel de celle inscription est dans l'ambiguïté des mois ŒlÛhn et Œla, dan¡vn et Žn¡mvn, ¤p¡syvn et ¤p¡lyvn, et ce n'est pas du sel attique.
(96) Au lieu de lipokñptouw lisez tulokñptouw.
(97) Si on lit eëshmon au lieu de eëfhmon.
(98)  La lettre Y, qui montre la double voie du vice et de la vertu. 
(99) Dans les Bacchantes d'Euripide, v. 494, où Bacchus lui-même dit „Ieròw õ plñkamow
(100) En lisant avec Jacobs kr' ¤n ¦rvti dedaæmenon.
(101) Au lieu de ³pia, peut-être faut-il lire n®pia.
(102) Il les avait reçus du roi des Phéaciens, Odyssée, XIII, 10. Cette épigramme et les suivantes du même poète sont en vers anacycliques, c'est-à-dire pouvant se lire à rebours sans altération du sens et de la mesure.
(103)  Ville de la Troade. 
(104) Cette épigramme et les suivantes sont en vers isopsèphes, c'est-à-dire que les lettres de ces vers prises numéralement et additionnées forment un même nombre. 
(105) Cette épigramme est en vers anacycliques. Voy. plus haut l'épigramme 314.
(106) Voy. la note de l'épigramme ci-dessus, 321. 
(107) C'est-à-dire isopsèphes, comme dans l'épigramme qui précède et celle qui suit. 
(108). Ou parthique, d'Achéménès, premier roi des Perses, plus tard nommés Arsacides, d'Arsace, soldat de Séleucus, fondateur de l'empire des Parthes.
(109)  Esculape, fils d'Apollon.
(110)  Voy. Hérodote, IV, 88.
(111) Ex cippo natae sunt statuae, Boeckh. Pindari opera, t. III, p, 172. 
(112)  Hérodote, V, 72.
(113) Mélinna était la fille de Nossis.