Clément d'Alexandrie

CLÉMENT D'ALEXANDRIE

STROMATES. LIVRE VII. - ΚΛΗΜΕΝΤΟΣ ΣΤΡΩΜΑΤΕΩΝ ΕΒ∆ΟΜΟΣ

CHAPITRES XIII à XVIII

CHAPITRES VII à XII

 

Traduction française : M. DE GENOUDE.

 

 

 

SAINT CLÉMENT D'ALEXANDRIE.

STROMATES


 

 

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Οὐδέποτε τῶν εἰς αὐτὸν ἁμαρτησάντων μέμνηται, ἀλλὰ ἀφίησι. Διὸ καὶ δικαίως εὔχεται, »ἄφες ἡμῖν« λέγων· «καὶ γὰρ ἡμεῖς ἀφίεμεν·» ἓν γάρ ἐστι καὶ τοῦτο ὧν ὁ θεὸς βούλεται, μηδενὸς ἐπιθυμεῖν, μηδένα μισεῖν· ἑνὸς γὰρ θελήματος ἔργον οἱ πάντες ἄνθρωποι. Καὶ μή τι τὸν γνωστικὸν »τέλειον« εἶναι βουλόμενος ὁ σωτὴρ ἡμῶν »ὡς τὸν οὐράνιον πατέρα«, τουτέστιν ἑαυτόν, ὁ λέγων «δεῦτε, τέκνα, ἀκούσατέ μου φόβον κυρίου», οὐ τῆς δι´ ἀγγέλων βοηθείας ἐπιδεῆ ἔτι εἶναι βούλεται τοῦτον, παρ´ ἑαυτοῦ δὲ ἄξιον γενόμενον λαμβάνειν, καὶ τὴν φρουρὰν ἔχειν παρ´ ἑαυτοῦ διὰ τῆς εὐπειθείας; ὁ τοιοῦτος ἀπαιτεῖ παρὰ κυρίου, οὐχὶ δὲ καὶ αἰτεῖ. Καὶ ἐπὶ τῶν πενομένων ἀδελφῶν οὐκ αὐτὸς αἰτήσεται ὁ γνωστικὸς [οὐ] χρημάτων περιουσίαν εἰς μετάδοσιν, ἐκείνοις δὲ ὧν δέονται χορηγίαν εὔξεται γενέσθαι. Δίδωσι γὰρ οὕτως καὶ τὴν εὐχὴν τοῖς δεομένοις ὁ γνωστικὸς καὶ τὸ διὰ τῆς εὐχῆς ἀγνώστως ἅμα καὶ ἀτύφως παρέχεται. Πενία μὲν οὖν πολλάκις καὶ νόσος καὶ τοιαῦται πεῖραι ἐπὶ νουθεσίᾳ προσφέρονται καὶ πρὸς διόρθωσιν τῶν παρεληλυθότων καὶ πρὸς ἐπιστροφὴν τῶν μελλόντων. Ὁ τοιοῦτος τὸν ἐπικουφισμὸν τούτοις αἰτούμενος, ἅτε τὸ ἐξαίρετον τῆς γνώσεως ἔχων, οὐ διὰ κενοδοξίαν, ἀλλὰ δι´ αὐτὸ τὸ εἶναι γνωστικός, αὐτὸς ἐργάζεται τὴν εὐποιίαν, ὄργανον γενόμενος τῆς τοῦ θεοῦ ἀγαθότητος.

Λέγουσι δὲ ἐν ταῖς Παραδόσεσι Ματθίαν τὸν ἀπόστολον παρ´ ἕκαστα εἰρηκέναι ὅτι »ἐὰν ἐκλεκτοῦ γείτων ἁμαρτήσῃ, ἥμαρτεν ὁ ἐκλεκτός· εἰ γὰρ οὕτως ἑαυτὸν ἦγεν, ὡς ὁ λόγος ὑπαγορεύει, κατῃδέσθη ἂν αὐτοῦ τὸν βίον καὶ ὁ γείτων εἰς τὸ μὴ ἁμαρτεῖν«. Τί τοίνυν περὶ αὐτοῦ τοῦ γνωστικοῦ φήσαιμεν 〈ἄν〉; »ἢ οὐκ οἴδατε«, φησὶν ὁ ἀπόστολος, «ὅτι ναός ἐστε τοῦ θεοῦ; » θεῖος ἄρα ὁ γνωστικὸς καὶ ἤδη ἅγιος, θεοφορῶν καὶ θεοφορούμενος. Αὐτίκα τὸ ἁμαρτῆσαι ἀλλότριον παριστᾶσα ἡ γραφὴ τοὺς μὲν παραπεσόντας τοῖς ἀλλοφύλοις πιπράσκει· «μὴ ἐμβλέψῃς» δὲ »πρὸς ἐπιθυμίαν ἀλλοτρίᾳ γυναικὶ« λέγουσα, ἄντικρυς ἀλλότριον καὶ παρὰ φύσιν τοῦ ναοῦ τοῦ θεοῦ τὴν ἁμαρτίαν λέγει. Ναὸς δέ ἐστιν ὃ μὲν μέγας, ὡς ἡ ἐκκλησία, ὃ δὲ μικρός, ὡς ὁ ἄνθρωπος ὁ τὸ σπέρμα σῴζων τὸ Ἀβραάμ. Οὐκ ἄρα ἐπιθυμήσει τινὸς ἑτέρου ὁ ἔχων ἀναπαυόμενον τὸν θεόν. Αὐτίκα πάντα τὰ ἐμποδὼν καταλιπὼν καὶ πᾶσαν τὴν περισπῶσαν αὐτὸν ὕλην ὑπερηφανήσας τέμνει διὰ τῆς ἐπιστήμης τὸν οὐρανόν, καὶ διελθὼν τὰς πνετματικὰς οὐσίας καὶ πᾶσαν ἀρχὴν καὶ ἐξουσίαν ἅπτεται τῶν θρόνων τῶν ἄκρων, ἐπ´ ἐκεῖνο μόνον ἱέμενος, [ἐφ´] ὃ ἔγνω μόνον. Μείξας οὖν τῇ περιστερᾷ τὸν ὄφιν τελείως ἅμα καὶ εὐσυνειδήτως βιοῖ. Πίστιν ἐλπίδι κεράσας πρὸς τὴν τοῦ μέλλοντος ἀπεκδοχήν. Αἴσθεται γὰρ τῆς δωρεᾶς ἧς ἔλαβεν ἄξιος γενόμενος τοῦ τυχεῖν, καὶ μετατεθεὶς ἐκ δουλείας εἰς υἱοθεσίαν, [ἀν] ἀκόλουθα τῇ ἐπιστήμῃ [μήτε μὴ] («γνοὺς τὸν θεὸν [μᾶλλον δὲ] γνωσθείς τε πρὸς αὐτοῦ») ἐπιτελεῖ, πρὸς ἀξίαν τῆς χάριτος ἐνδεικνύμενος τὰ ἐνεργήματα. ἕπεται γὰρ τὰ ἔργα τῇ γνώσει ὡς τῷ σώματι ἡ σκιά.

Ἐπ´ οὐδενὶ τοίνυν εἰκότως ταράσσεται τῶν συμβαινόντων οὐδὲ ὑποπτεύει τῶν κατὰ τὴν οἰκονομίαν ἐπὶ τῷ συμφέροντι γινομένων 〈οὐδὲν〉 οὐδὲ αἰσχύνεται ἀποθανεῖν, εὐσυνείδητος ὢν ταῖς ἐξουσίαις ὀφθῆναι, πάντας ὡς ἔπος εἰπεῖν τοὺς τῆς ψυχῆς ἀποκεκαθαρμένος σπίλους, ὅ γε εὖ μάλα ἐπιστάμενος ἄμεινον αὐτῷ μετὰ τὴν ἔξοδον γενήσεσθαι. Ὅθεν οὐδέποτε τὸ ἡδὺ καὶ τὸ συμφέρον προκρίνει τῆς οἰκονομίας, γυμνάζων ἑαυτὸν διὰ τῶν ἐντολῶν, ἵνα καὶ πρὸς τὸν κύριον εὐάρεστος ἐν πᾶσι γένηται καὶ πρὸς τὸν κόσμον ἐπαινετός, ἐπεὶ τὰ πάντα 〈ἐφ´〉 ἑνὸς τοῦ παντοκράτορος θεοῦ ἵσταται. «εἰς τὰ ἴδια», φησίν, «ἦλθεν ὁ υἱὸς τοῦ θεοῦ καὶ οἱ ἴδιοι αὐτὸν οὐκ ἐδέξαντο.» διὸ καὶ κατὰ τὴν τῶν κοσμικῶν χρῆσιν οὐ μόνον εὐχαριστεῖ καὶ θαυμάζει τὴν κτίσιν, ἀλλὰ καὶ χρώμενος ὡς προσῆκεν ἐπαινεῖται, ἐπεὶ τὸ τέλος αὐτῷ δι´ ἐνεργείας γνωστικῆς τῆς κατὰ τὰς ἐντολὰς εἰς θεωρίαν περαιοῦται. Ἐνθένδε ἤδη, δι´ ἐπιστήμης τὰ ἐφόδια τῆς θεωρίας καρπούμενος μεγαλοφρόνως τε τὸ τῆς γνώσεως ἀναδεξάμενος μέγεθος, πρόεισιν ἐπὶ τὴν ἁγίαν τῆς μεταθέσεως ἀμοιβήν. Ἀκήκοεν γὰρ τοῦ ψαλμοῦ λέγοντος· «κυκλώσατε Σιὼν καὶ περιλάβετε αὐτήν, διηγήσασθε ἐν τοῖς πύργοις αὐτῆς». Αἰνίσσεται γάρ, οἶμαι, τοὺς ὑψηλῶς προσδεξαμένους τὸν λόγον ὑψηλοὺς ὡς πύργους ἔσεσθαι καὶ βεβαίως ἔν τε τῇ πίστει καὶ τῇ γνώσει στήσεσθαι.

Καὶ ταῦτα μὲν ὡς ἔνι μάλιστα διὰ βραχυτάτων περὶ τοῦ γνωστικοῦ τοῖς Ἕλλησι σπερματικῶς εἰρήσθω. Ἰστέον δὲ ὅτι ἐὰν ἓν τούτων ὁ πιστὸς ἢ καὶ δεύτερον κατορθώσῃ, ἀλλ´ οὔ τί γε ἐν πᾶσιν ἅμα οὐδὲ μὴν μετ´ ἐπιστήμης τῆς ἄκρας, καθάπερ ὁ γνωστικός.

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CHAPITRE XIII.

 

Le Gnostique pardonne les torts et les outrages dont il a été l'objet.

Le Gnostique ne se souvient jamais des outrages : il pardonne à ceux qui l'ont offensé. Par conséquent sa prière est conforme à la justice quand il dit : « Pardonnez-nous; car nous pardonnons aussi. » C'est encore là un des points que prescrit la volonté du Seigneur : Ne rien convoiter ; ne haïr personne, puisque tous les hommes sont l'ouvrage d'une seule et même volonté. Lorsqu'il prononce ces paroles : « Venez, mes fils, je vous enseignerai la crainte du Seigneur, » le Sauveur, qui veut que le Gnostique soit parfait comme le Père céleste, c'est-à-dire, comme lui-même, ne lui annonce-t-il pas qu'il n'a plus besoin de l'assistance qui vient des anges, mais qu'il doit la recevoir du Fils lui-même, quand il l'aura méritée par ses efforts et par sa docilité? L'homme qui remplit ces con- 653 ditions ne demande plus au Seigneur, il exige. Si ses frères sont dans le besoin, il ne sollicitera pas des trésors pour les leur distribuer : il conjurera simplement son Dieu de leur envoyer ce qui leur est bon. Car le Gnostique accorde à ceux qui en ont besoin l'aumône de ses prières, mais une aumône de prières intelligentes, qui laissent au Tout-Puissant le choix et la faculté de ses dons. N'arrive-t-il pas souvent, en effet, que la pauvreté, la maladie et toutes les épreuves de même nature, sont données à l'homme sous forme d'avertissement pour guérir le passé, pour surveiller l'avenir? Le fidèle dont nous traçons le portrait demandera que la tribulation de ses frères soit allégée. Il n'a pas reçu le don suréminent de la connaissance pour faire étalage de vaine gloire, il le sait bien : mais il se rappelle qu'il est Gnostique. Conséquemment il exerce la bienfaisance, eu instrument des miséricordes divines.

Les Traditions (53) racontent que l'apôtre Mathias répétait par intervalle : « Si le voisin d'un élu vient à pécher, l'élu a péché ; car si l'élu s'était conduit comme le prescrit le Verbe, son voisin eût porté à sa vie assez de respect pour se tenir en garde contre le péché. » Mais que dire du Gnostique ? « Ne savez-vous pas, dit l'apôtre, que vous êtes le temple de Dieu ?» Le Gnostique qui porte Dieu dans lui-même et que Dieu inspire est donc un être divin et consacré déjà par la sainteté. Puis, afin de mieux nous convaincre que le Très-Haut a le péché en abomination, l'Écriture vend les prévaricateurs aux nations étrangères. « Tu ne regarderas point la femme étrangère dans un but de convoitise » (54) ajoute-t-elle, pour signifier ouvertement que le péché est quelque chose d'étranger et de contraire à la nature du temple de Dieu. Il y a deux espèces de temples, l'un aux proportions immenses, c'est l'Église ; l'autre, plus humble et plus resserré, c'est l'homme 654 qui conserve la descendance d'Abraham. Quiconque possède Dieu reposant au fond de lui-même n'a donc plus de désirs à former. Le voyez-vous, dégagé de tous les obstacles et foule aux pieds la matière qui le retenait ici-bas, entrouvrir par la science les régions du ciel, s'élancer par delà les essences spirituelles, planer au-dessus des principautés et des dominations, et toucher aux trônes suprêmes, emporté par l'amour vers celui qui était l'unique but de ses lumières ? Maintenant qu'il a uni le serpent avec la colombe, il vit dans la sainteté parfaite, avec le témoignage d'une bonne conscience, mêlant dans l'attente de l'avenir l'espérance à la foi. Il goûte le don qu'il a reçu, en homme qui a été jugé digne de cette faveur, en homme qui a passé des chaînes de l'esclave dans l'adoptien du fils, conformément à la science, et qui a connu Dieu, je me trompe, qui a été connu de Dieu en vertu de sa fin, et correspond à la dignité de sa vocation par l'excellence de ses œuvres. Oui, de ses œuvres ! Elles suivent la connaissance, de même que l'ombre suit le corps.

C'est donc à bon droit qu'il reste impassible au milieu des événements de la terre, sans jamais appréhender rien de ce que la divine sagesse a décidé pour lui dans un but d'utilité. Il ne rougit pas à l'heure de la mort, il est en paix avec sa conscience ; il va paraître devant les principautés, pur de tout ce qui pourrait altérer la candeur de son âme; ne sait-il pas d'ailleurs qu'il échange la vie présente contre une vie meilleure ? De là vient qu'au lieu de préférer aux dispensations divines ce qui lui semble agréable ou utile, il s'exerce, par l'accomplissement des préceptes, à plaire au Seigneur en toutes choses, et à mériter les éloges du monde lui-même, puisque tout dépend de la volonté du Dieu unique et tout-puissant. Le Fils de Dieu « est venu chez soi, et les siens ne l'ont pas reçu, » dit l'Évangéliste. Voilà pourquoi, dans l'usage des biens de la terre, non-seulement il rend grâces et admire la créature, mais se fait louer par la manière même dont il en use, parce que sa fin dernière aboutit à la contemplation, qui, née de la faculté gnostique, s'exerce conformément aux préceptes. Fais, lorsque riche des trésors de la con- 655 templation qu'il a recueillis par la science, il a joui dans toute sa plénitude du bienfait de la contemplation, il s'avance vers la sainte rémunération qui va couronner son passage. Il a entendu, en effet, le Psalmiste s'écrier : « Allez autour de Sion ; examinez son enceinte : comptez ses forteresses et ses tours. » Le prophète nous donnait à entendre, si je ne me trompe, que les hommes qui auront reçu profondément le Verbe s'élèveront comme des tours et se maintiendront inébranlablement dans la foi et dans la connaissance.

Tels sont les traits rapides sous lesquels nous avons voulu exposer comme en germe le Gnostique aux regards des Gentils. Le simple fidèle, il faut le savoir, se conduira bien dans une ou deux circonstances ; mais l'ensemble de sa vie ne reproduira jamais ni la constante régularité, ni surtout la science éminente, qui sont le caractère du Gnostique.

 

 

 

Καὶ δὴ τῆς κατὰ τὸν γνωστικὸν ἡμῖν ὡς εἰπεῖν ἀπαθείας, καθ´ ἣν ἡ τελείωσις τοῦ πιστοῦ δι´ ἀγάπης «εἰς ἄνδρα τέλειον, εἰς μέτρον ἡλικίας» προβαίνουσα ἀφικνεῖται, ἐξομοιουμένη θεῷ, «ἰσάγγελος» ἀληθῶς γενομένη, πολλὰ μὲν καὶ ἄλλα ἐκ γραφῆς μαρτύρια ἔπεισι παρατίθεσθαι, ἄμεινον δὲ οἶμαι ὑπερθέσθαι τὴν τοιαύτην φιλοτιμίαν διὰ τὸ μῆκος τοῦ λόγου, τοῖς πονεῖν ἐθέλουσι καὶ προσεκπονεῖν τὰ δόγματα κατ´ ἐκλογὴν τῶν γραφῶν ἐπιτρέψαντα. Μιᾶς δ´ οὖν διὰ βραχυτάτων ἐπιμνησθήσομαι, ὡς μὴ ἀνεπισημείωτον παραλιπεῖν τὸν τόπον. Λέγει γὰρ ἐν τῇ προτέρᾳ [τῆς] πρὸς Κορινθίους ἐπιστολῇ ὁ θεῖος ἀπόστολος· «τολμᾷ τις ὑμῶν πρᾶγμα ἔχων πρὸς τὸν ἕτερον κρίνεσθαι ἐπὶ τῶν ἀδίκων καὶ οὐχὶ ἐπὶ τῶν ἁγίων; ἢ οὐκ οἴδατε ὅτι ἅγιοι τὸν κόσμον κρινοῦσι;» καὶ τὰ ἑξῆς. Μεγίστης δ´ οὔσης τῆς περικοπῆς, ταῖς ἐπικαίροις τῶν ἀποστολικῶν συγχρώμενοι λέξεσι, διὰ βραχυτάτων ἐξ ἐπιδρομῆς οἷον μεταφράζοντες τὴν ῥῆσιν, τὴν διάνοιαν τοῦ ῥητοῦ τοῦ ἀποστόλου παραστήσομεν, καθ´ ἣν τοῦ γνωστικοῦ τὴν τελειότητα ὑπογράφει. Οὐ γὰρ ἐπὶ τοῦ ἀδικεῖσθαι μᾶλλον ἢ ἀδικεῖν ἵστησι τὸν γνωστικὸν μόνον, ἀλλὰ καὶ ἀμνησίκακον εἶναι διδάσκει, μηδὲ εὔχεσθαι κατὰ τοῦ ἀδικήσαντος ἐπιτρέπων· οἶδεν γὰρ καὶ τὸν κύριον ἄντικρυς »εὔχεσθαι ὑπὲρ τῶν ἐχθρῶν« παραγγείλαντα. Τὸ μὲν οὖν «ἐπὶ τῶν ἀδίκων κρίνεσθαι» τὸν ἠδικημένον φάσκει οὐδὲν ἀλλ´ ἢ ἀνταποδοῦναι βούλεσθαι δοκεῖν καὶ ἀνταδικῆσαι δεύτερον ἐθέλειν, ὅπερ ὁμοίως ἐστὶν ἀδικῆσαι καὶ αὐτόν. Τὸ δὲ «ἐπὶ τῶν ἁγίων κρίνεσθαι» ἐθέλειν τινὰς λέγειν ἐμφαίνει τοὺς δι´ εὐχῆς τοῖς ἀδικήσασιν ἀνταποδοθῆναι τὴν πλεονεξίαν αἰτουμένους, καὶ εἶναι μὲν τῶν προτέρων τοὺς δευτέρους ἀμείνους, οὐδέπω δὲ ἀπαθεῖς, ἢν μὴ ἀμνησίκακοι τέλεον γενόμενοι κατὰ τὴν τοῦ κυρίου διδασκαλίαν προσεύξωνται καὶ ὑπὲρ τῶν ἐχθρῶν.

Καλὸν οὖν καὶ φρένας καλὰς ἐκ μετανοίας αὐτοὺς τῆς εἰς τὴν πίστιν μεταλαβεῖν. Εἰ γὰρ καὶ ἐχθροὺς ἡ ἀλήθεια τοὺς παραζηλοῦντας κεκτῆσθαι δοκεῖ, ἀλλ´ οὔ τί γε αὐτὴ διεχθρεύεταί τινι. «ὅ» τι γὰρ «θεὸς ἐπὶ δικαίους καὶ ἀδίκους τὸν αὑτοῦ ἐπιλάμπει ἥλιον» καὶ τὸν κύριόν γε αὐτὸν ἐπὶ δικαίους ἔπεμψεν καὶ ἀδίκους, ὅ τε ἐξομοιοῦσθαι βιαζόμενος θεῷ, διὰ τῆς πολλῆς ἀμνησικακίας «ἀφεὶς ἑβδομηκοντάκις ἑπτά» (οἷον κατὰ πάντα τὸν βίον καὶ καθ´ ὅλην τὴν κοσμικὴν περιήλυσιν ἑβδομάσιν ἀριθμουμέναις σημαινομένην), παντί τῳ χρηστεύεται, εἰ καί τις τὸν πάντα τοῦτον ἐν σαρκὶ βιοὺς χρόνον ἀδικεῖ τὸν γνωστικόν. Οὐ γὰρ τὴν κρίσιν μόνην ἄλλοις ἐπιτρέπειν ἀξιοῖ τὸν σπουδαῖον τῶν ἠδικηκότων αὐτόν, ἀλλὰ καὶ παρ´ ἐκείνων αἰτεῖσθαι τῶν κριτῶν βούλεται τὸν δίκαιον τὴν ἄφεσιν τῶν ἁμαρτιῶν τοῖς εἰς αὐτὸν πεπλημμεληκόσι, καὶ εἰκότως· εἴ γε τὸ ἐκτὸς μόνον καὶ τὸ περὶ σῶμα, κἂν μέχρι θανάτου προβαίνῃ, πλεονεκτοῦσιν οἱ ἀδικεῖν ἐπιχειροῦντες, ὧν οὐδὲν οἰκεῖον τοῦ γνωστικοῦ. Πῶς δ´ ἂν καὶ ἀγγέλους τις κρίναι τοὺς ἀποστάτας, αὐτὸς ἀποστάτης ἐκείνης τῆς κατὰ τὸ εὐαγγέλιον ἀμνησικακίας γενόμενος;

Διὰ τί οὐχὶ μᾶλλον ἀδικεῖσθε; »φησί·  «διὰ τί οὐχὶ μᾶλλον ἀποστερεῖσθε; ἀλλὰ ὑμεῖς ἀδικεῖτε [καὶ ἀποστερεῖτε]», εὐχόμενοι κατὰ τούτων δηλονότι τῶν κατ´ ἄγνοιαν πλημμελούντων, »καὶ ἀποστερεῖτε« τῆς τοῦ θεοῦ φιλανθρωπίας τε καὶ ἀγαθότητος τὸ ὅσον ἐφ´ ὑμῖν τοὺς καθ´ ὧν εὔχεσθε, «καὶ τοῦτο ἀδελφούς», οὐ τοὺς κατὰ πίστιν μόνον, ἀλλὰ καὶ τοὺς προσηλύτους λέγων. Εἰ γὰρ καὶ ὁ νῦν διεχθρεύων ὕστερον πιστεύσει, οὐκ ἴσμεν οὐδέπω ἡμεῖς. Ἐξ ὧν συνάγεται σαφῶς εἰ καὶ μὴ πάντας εἶναι, ἡμῖν γε αὐτοὺς δοκεῖν 〈δεῖν〉 εἶναι ἀδελφούς. ἤδη δὲ καὶ πάντας ἀνθρώπους ἑνὸς ὄντας ἔργον θεοῦ καὶ μίαν εἰκόνα ἐπὶ μίαν οὐσίαν περιβεβλημένους, κἂν τεθολωμένοι τύχωσιν ἄλλοι ἄλλων μᾶλλον, μόνος ὁ ἐπιστήμων γνωρίζει, καὶ διὰ τῶν κτισμάτων τὴν ἐνέργειαν, δι´ ἧς αὖθις τὸ θέλημα τοῦ θεοῦ, προσκυνεῖ.

«Ἢ οὐκ οἴδατε ὅτι ἄδικοι βασιλείαν θεοῦ οὐ κληρονομήσουσιν; » ἀδικεῖ οὖν ὁ ἀνταδικῶν εἴτ´ οὖν ἔργῳ εἴτε καὶ λόγῳ εἴτε καὶ τῇ τοῦ βούλεσθαι ἐννοίᾳ, ἣν μετὰ τὴν τοῦ νόμου παιδαγωγίαν τὸ εὐαγγέλιον περιγράφει. «καὶ ταῦτά τινες ἦτε», τοιοῦτοι δηλονότι οἷοι ἔτι τυγχάνουσιν οἷς αὐτοὶ οὐ συγγινώσκετε. »ἀλλὰ ἀπελούσασθε«, οὐχ ἁπλῶς ὡς οἱ λοιποί, ἀλλὰ μετὰ γνώσεως τὰ πάθη τὰ ψυχικὰ ἀπερρύψασθε, εἰς τὸ ἐξομοιοῦσθαι ὅση δύναμις τῇ ἀγαθότητι τῆς τοῦ θεοῦ προνοίας διά τε τῆς ἀνεξικακίας διά τε τῆς ἀμνησικακίας, «ἐπὶ δικαίους καὶ ἀδίκους» τὸ εὐμενὲς τοῦ λόγου καὶ τῶν ἔργων καθάπερ ὁ ἥλιος ἐπιλάμποντες· εἴτ´ οὖν μεγαλονοίᾳ τοῦτο περιποιήσεται ὁ γνωστικὸς εἴτε μιμήσει τοῦ κρείττονος· τρίτη δ´ αἰτία τὸ «ἄφες καὶ ἀφεθήσεταί σοι», βιαζομένης ὥσπερ τῆς ἐντολῆς εἰς σωτηρίαν δι´ ὑπερβολὴν ἀγαθότητος. «ἀλλ´ ἡγιάσθητε·» τῷ γὰρ εἰς τοῦτο ἥκοντι ἕξεως ἁγίῳ εἶναι συμβαίνει, μηδενὶ τῶν παθῶν κατὰ μηδένα τρόπον περιπίπτοντι. Ἀλλ´ οἷον ἀσάρκῳ ἤδη καὶ ἄνω τῆσδε τῆς γῆς [ἁγίῳ] γεγονότι. Διόπερ «ἐδικαιώθητε» φησὶ «τῷ ὀνόματι τοῦ κυρίου»· ἐποιήθητε ὡς εἰπεῖν ὑπ´ αὐτοῦ δίκαιοι [εἶναι] ὡς αὐτός, καὶ «τῷ πνεύματι τῷ ἁγίῳ» ὡς ἔνι μάλιστα κατὰ δύναμιν ἀνεκράθητε. Μὴ γὰρ οὐ «πάντα μοι ἔξεστιν, ἀλλ´ οὐκ ἐξουσιασθήσομαι», φησί, παρὰ τὸ εὐαγγέλιόν τι ποιῆσαι ἢ νοῆσαι ἢ λαλῆσαι; «τὰ δὲ βρώματα τῇ κοιλίᾳ καὶ ἡ κοιλία τοῖς βρώμασιν», ἃ «ὁ θεὸς καταργήσει», τουτέστιν τοὺς οὕτω λογιζομένους καὶ βιοῦντας ὡς διὰ τὸ ἐσθίειν γενομένους, μὴ οὐχὶ δὲ ἐσθίοντας ἵνα ζῶσι μὲν κατὰ τὸ ἀκόλουθον, κατὰ δὲ τὸ προηγούμενον τῇ γνώσει προσανέχοντας. Καὶ μή τι οἷον σάρκας εἶναι τοῦ ἁγίου σώματος τούτους φησί; σῶμα δὲ ἀλληγορεῖται ἡ ἐκκλησία κυρίου, ὁ πνευματικὸς καὶ ἅγιος χορός, ἐξ ὧν οἱ τὸ ὄνομα ἐπικεκλημένοι μόνον, βιοῦντες δὲ οὐ κατὰ λόγον, σάρκες εἰσί. »τὸ δὲ σῶμα« τοῦτο 〈τὸ〉 πνευματικόν, τουτέστιν ἡ ἁγία ἐκκλησία, «οὐ τῇ πορνείᾳ» οὐδὲ τῇ ἀπὸ τοῦ εὐαγγελίου ἀποστασίᾳ πρὸς τὸν ἐθνικὸν βίον κατ´ οὐδένα τρόπον οὐδ´ ὁπωστιοῦν οἰκειωτέον. Πορνεύει γὰρ εἰς τὴν ἐκκλησίαν καὶ «τὸ αὑτοῦ σῶμα» ὁ ἐθνικῶς ἐν ἐκκλησίᾳ πολιτευόμενος, εἴτ´ οὖν ἐν ἔργῳ, εἴτε καὶ ἐν λόγῳ, εἴτε καὶ ἐν αὐτῇ τῇ ἐννοίᾳ. «ὁ» ταύτῃ «κολλώμενος τῇ πόρνῃ», τῇ παρὰ τὴν διαθήκην ἐνεργείᾳ, ἄλλο σῶμα γίνεται οὐχ ἅγιον, «εἰς σάρκα μίαν» καὶ βίον ἐθνικὸν καὶ ἄλλην ἐλπίδα· «ὁ δὲ κολλώμενος τῷ κυρίῳ ἓν πνεῦμά 〈ἐς〉τι», «,νευματικὸν σῶμα» τὸ διάφορον τῆς συνόδου γένος. υἱὸς οὗτος ἅπας, ἄνθρωπος ἅγιος, ἀπαθής, γνωστικός, τέλειος, μορφούμενος τῇ τοῦ κυρίου διδασκαλίᾳ, ἵνα δὴ καὶ ἔργῳ καὶ λόγῳ καὶ αὐτῷ τῷ πνεύματι προσεχὴς γενόμενος τῷ κυρίῳ τὴν μονὴν ἐκείνην τὴν ὀφειλομένην τῷ οὕτως ἀπηνδρωμένῳ ἀπολάβῃ.

πόχρη τὸ δεῖγμα τοῖς ὦτα ἔχουσιν. Οὐ γὰρ ἐκκυκλεῖν χρὴ τὸ μυστήριον, ἐμφαίνειν δὲ ὅσον εἰς ἀνάμνησιν τοῖς μετεσχηκόσι τῆς γνώσεως, οἳ καὶ συνήσουσιν ὅπως εἴρηται πρὸς τοῦ κυρίου· «γίνεσθε ὡς ὁ πατὴρ ὑμῶν τέλειοι», τελείως ἀφιέντες τὰς ἁμαρτίας καὶ ἀμνησικακοῦντες καὶ ἐν τῇ ἕξει τῆς ἀπαθείας καταβιοῦντες. Ὡς γὰρ τέλειόν φαμεν ἰατρὸν καὶ τέλειον φιλόσοφον, οὕτως, οἶμαι, καὶ τέλειον γνωστικόν· ἀλλ´ οὐδὲν τούτων, καίτοι μέγιστον ὄν, εἰς ὁμοιότητα θεοῦ παραλαμβάνεται. Οὐ γάρ, καθάπερ οἱ Στωϊκοί, ἀθέως πάνυ τὴν αὐτὴν ἀρετὴν ἀνθρώπου λέγομεν καὶ θεοῦ. Μή τι οὖν τέλειοι γενέσθαι ὀφείλομεν ὡς ὁ πατὴρ βούλεται; ἀδύνατον γὰρ καὶ ἀμήχανον ὡς ὁ θεός ἐστι γενέσθαι τινὰ τέλειον· βούλεται δὲ ὁ πατὴρ ζῶντας ἡμᾶς κατὰ τὴν τοῦ εὐαγγελίου ὑπακοὴν ἀνεπιλήπτως τελείους γίγνεσθαι. ἢν οὖν, κατ´ ἔλλειψιν λεγομένου τοῦ ῥητοῦ, προσυπακούσωμεν τὸ ἐνδέον εἰς ἀναπλήρωσιν τῆς περικοπῆς, τοῖς συνιέναι δυναμένοις ἀπολελειμμένον ἐκλαβεῖν, καὶ τὸ θέλημα τοῦ θεοῦ γνωριοῦμεν καὶ κατ´ ἀξίαν τῆς ἐντολῆς εὐσεβῶς ἅμα καὶ μεγαλοφρόνως πολιτευσόμεθα.
 

CHAPITRE XIV.

 

L'auteur achève le portrait du Gnostique en citant un passage de saint Paul, qu'il commente.

Nous avons attribué au Gnostique une sorte d'impassibilité par laquelle la perfection du fidèle « s'élève à l'âge de l'homme parfait et à la plénitude du Christ, » assimilée qu'elle est à la Divinité, et devenue l'égale de la nature angélique. L'Écriture nous fournit plus d'un témoignage à l'appui de cette vérité. Mais nous préférons, à cause de l'étendue de cette dissertation, abandonner ce mérite à d'autres mains qui voudraient compléter cette œuvre, en les invitant à formuler aussi par les textes sacrés la partie dogmatique. Pour moi, je ne rappellerai, le plus brièvement possible, qu'un seul passage, afin de ne point laisser passer la question sans preuve. Le divin apôtre dit, dans sa première épître aux Corinthiens: « Comment se trouve-t-il quelqu'un parmi vous qui, ayant un différend avec son frère, ose l'appeler en jugement devant les méchants et les infidèles, et non pas devant les saints? Ne 656 savez-vous pas que les saints doivent un jour juger le monde? etc. » Comme le passage est d'une certaine étendue, après avoir cité les paroles apostoliques qui vont le mieux à la question, nous expliquerons le plus rapidement qu'il nous sera possible, et comme en passant, le texte sacré ; puis nous exposerons dans quel sens Paul entend la perfection gnostique. Il ne veut pas, en effet, que la perfection de ce caractère consiste en cela seul qu'il subit la violence au lieu de la faire subir. Il nous apprend en outre qu'il oublie l'injure dont il a été l'objet, sans permettre que l'on appelle la malédiction sur l'auteur de l'outrage. Il se souvient que le Sauveur a dit formellement : « Priez pour vos ennemis. » Déclarer que l'offensé doit porter sa plainte devant les hommes de l'iniquité, c'est paraître, à ce qu'il semble, prêt à user de représailles, et à rendre injure pour injure, ce qui équivaut à se constituer soi-même l'agresseur. Mais, quand l'apôtre dit : « Portez votre différend devant les saints, » il désigne ceux qui demandent, par leurs prières, qu'il soit fait aux agresseurs comme ils ont commencé de faire eux-mêmes. Sans doute les premiers valent mieux que les seconds. Qu'ils le sachent bien, toutefois ! On n'est vraiment docile au précepte qu'à la condition d'oublier complètement l'injure, et de prier même pour ses ennemis.

Ainsi le veut la doctrine du Seigneur. La gloire véritable, c'est de leur attirer par le repentir de la foi des dispositions bonnes et pacifiques. En effet, quoiqu'elle semble avoir des ennemis qui l'abhorrent, la vertu n'est l'ennemie de personne. « Dieu ne fait-il pas lever son soleil sur les méchants comme sur les bons? » Il y a mieux. Il a envoyé le Seigneur lui-même pour les justes comme pour les injustes, et quiconque s'étudie à se rapprocher de Dieu, remet par la plus large mesure jusqu'à septante fois sept fois l'outrage ; qu'est-ce à dire? pardonne pendant toute la période de sa vie, que figure ici la répétition du septénaire. Voilà l'homme bienveillant et miséricordieux pour tout le monde, dût-il être offensé pendant toute son apparition ici-bas. C'est que Dieu n'a pas dit seulement à l'homme de bien : Abandonne tes possessions à ceux qui t'accablent d'outrages, il veut 657 encore que le juste demande à ces juges la rémission des péchés en faveur de feux qui l'ont insulte. Prescription pleine de sagesse ! quand même les ennemis du Gnostique séviraient contre lui jusqu'à l'immolation, ils ne peuvent lui occasionner de dommage que dans son corps et ses biens extérieurs. Il n'y a là rien qui appartienne véritablement au Gnostique. Je vous le demande, à quel titre jugerez-vous les anges rebelles, vous rebelles à la douceur et à l'oubli des injures que prêche l'Évangile?

« Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt qu'on vous fasse tort? Pourquoi ne pas supporter plutôt quelque perte ? Mais c'est vous qui faites le tort et qui causez la perte. » Oui, sans doute, en souhaitant du mal à ceux qui pèchent par ignorance; et vous frustrez de la clémence et de la bonté divine, autant qu'il est en vous du moins, ceux que poursuivent vos malédictions. « Et cela à l'égard de vos propres frères ! » L'apôtre comprend sous ce nom ceux qui sont déjà les enfants de la foi, et ceux qui le deviendront un jour. Que l'ennemi d'aujourd'hui ne soit pas dans l'avenir un fervent néophyte, nous ne le savons pas encore. Il faut conclure de ce qui précède que nous devons regarder tous les hommes comme des frères, quoiqu'ils ne le soient pas tous. Le Gnostique, par conséquent, qui s'élève des actes de la créature à l'adoration de la volonté divine est le seul qui sache envisager dans les hommes l'ouvrage d'un seul et même Dieu, une seule et même ressemblance dans une seule et même nature, quoique l'empreinte de l'image soit plus ou moins affaiblie.

« Ne savez-vous pas que ceux qui commettent l'injustice ne seront point les héritiers du royaume de Dieu ? » Donc c'est commettre l'injustice que de rendre injure pour injure, soit en actions, soit en paroles, soit même en pensées, comme l'interdit l'Évangile après les enseignements de la loi. « Voilà ce qu'étaient naguère quelques-uns de vous, » c'est-à-dire ce que sont encore les hommes auxquels vous refusez de pardonner. « Mais vous avez été lavés ; » non pas dans un sens général comme tous les autres ; mais vous avez dépouillé par la connaissance les affections animales pour vous assimiler, 658 dans la mesure de vos forces, à la bonté de la divine Providence, et par le support et par l'oubli de l'injure que vous avez reçue. « Sur les justes comme sur les injustes; » en répandant, soleils lumineux, les rayons bienfaisants de vos paroles et de vos œuvres. Le Gnostique atteindra ce but soit par l'élévation de son âme, soit par l'imitation de ce qui est le meilleur. Il y a un troisième motif : « Pardonne, et il te sera pardonné, dit le précepte, comme pour nous contraindre au salut par l'excellence de la bonté. « Vous avez été sanctifiés. » C'est que l'homme qui est parvenu à s'établir dans cette manière d'être ferme et impassible, ne tombe plus dans le trouble des passions. Il est investi de la sainteté. comme un être dégagé du corps et libre des influences de la terre. Voilà pourquoi « vous avez été justifiés, » poursuit l'apôtre,« au nom de notre Seigneur;» il vous a rendus justes comme lui-même, pour ainsi dire, et vous avez été fondus et mélangés avec l'Esprit saint autant qu'il a été possible. « Tout ne m'est-il donc pas permis? mais je ne subirai l'esclavage de quoi que ce soit, » c'est-à-dire que rien ne me contraindra jamais de penser, de parler, d'agir contrairement à l'Evangile. « Les aliments sont pour l'estomac et l'estomac pour les aliments, que Dieu détruira un jour. » Oui, il détruira les hommes qui pensent et vivent comme s'ils étaient entrés dans la vie pour manger, au lieu de manger pour entretenir la vie du corps, mais surtout pour s'appliquer à la connaissance. Ne vous semble-t-il pas que l'apôtre appelle ces intempérants la chair du corps sanctifié? L'Église, chœur saint et spirituel, est nommée dans un sens allégorique le corps du Seigneur : quiconque se borne à porter le nom de Chrétien, sans vivre de la vie du Verbe, n'est que chair. « Mais ce corps spirituel, » c'est-à-dire la sainte Eglise, ne doit avoir commerce en aucune manière ni avec « la fornication, » ni avec la révolte contre l'Évangile, deux choses qui caractérisent le paganisme. Car c'est prostituer l'Église et son propre corps, que de transporter dans l'Eglise, soit par ses actions, soit par ses paroles, soit même par ses pensées, les mœurs de la vie païenne. L'homme « qui se joint à cette courti- 659 sane, » c'est-à-dire à la transgression du Testament, devient un autre corps, et non un corps saint dans une seule et même chair. C'est un païen sous le nom d'un Chrétien ; ses espérances ne sont pas les nôtres. Mais « celui qui adhère au Seigneur en esprit» devient, par la différence de l'union, un corps spirituel ; qu'est-ce à dire ? fils dans toute la vérité du mot, homme de sainteté, impassible, gnostique, parfait, formé à l'école du Seigneur, afin qu'après avoir adhéré d'actions, de paroles, et surtout d'esprit, au Seigneur, il aille recevoir les demeures promises à qui s'est élevé par ces moyens à la force de l'homme.

En voilà suffisamment pour qui a des oreilles. Il ne faut pas, en effet, mettre à nu le mystère : bornons-nous simplement à l'énoncer, pour réveiller la mémoire de ceux qui, participant déjà de la connaissance, comprendront dans quel sens le Seigneur a dit : « Soyez parfaits comme votre Père, » c'est-à-dire, en remettant intégralement les offenses, en oubliant les injures, en vivant dans une vertueuse impassibilité. Nous disons la perfection du médecin, la perfection du philosophe ; nous pouvons dire aussi, j'imagine, la perfection du Gnostique. Aucune d'elles toutefois, si élevées qu'elles puissent être, ne nous assimilent complètement à Dieu. Car nous ne répétons pas le blasphème impie des Stoïciens (55), qui ne donnent à l'homme et à la Divinité qu'une seule et même vertu. — Mais nous ne devons donc pas, me dira-t-on, être parfaits comme le veut le Père céleste ; car il est impossible à l'homme d'égaler la perfection de Dieu ? — Ce que demande le Père, c'est que nous devenions irréprochables et parfaits par une vie conforme aux prescriptions évangéliques. Cet oracle ayant été prononcé de manière à ce qu'il faille y sous-entendre quelque chose, si nous le complétons par ce qui lui manque, afin que la pensée l'embrasse intégralement, nous connaitrons la volonté de Dieu, et nous vivrons avec une noblesse de sentiments et une piété qui répondront à la dignité du précepte.

 

 

 

 

 

Ἐπειδὴ δὲ ἀκόλουθόν ἐστι πρὸς τὰ ὑπὸ Ἑλλήνων καὶ Ἰουδαίων ἐπιφερόμενα ἡμῖν ἐγκλήματα ἀπολογήσασθαι, συνεπιλαμβάνονται δὲ ἔν τισι τῶν ἀποριῶν ὁμοίως τοῖς προειρημένοις καὶ αἱ περὶ τὴν ἀληθῆ διδασκαλίαν αἱρέσεις, εὖ ἂν ἔχοι, πρότερον διακαθάραντας τὰ ἐμποδών, εὐτρεπεῖς ἐπὶ τὰς τῶν ἀποριῶν λύσεις, εἰς τὸν ἑξῆς προϊέναι Στρωματέα.

Πρῶτον μὲν οὖν αὐτὸ τοῦτο προσάγουσιν ἡμῖν λέγοντες, μὴ δεῖν πιστεύειν διὰ τὴν διαφωνίαν τῶν αἱρέσεων· παρὰ τίνι γὰρ καὶ ἡ ἀλήθεια ἄλλων ἄλλα δογματιζόντων; πρὸς οὕς φαμεν ὅτι καὶ παρ´ ὑμῖν τοῖς Ἰουδαίοις καὶ παρὰ τοῖς δοκιμωτάτοις τῶν παρ´ Ἕλλησι φιλοσόφων πάμπολλαι γεγόνασιν αἱρέσεις, καὶ οὐ δήπου φατὲ δεῖν ὀκνεῖν ἤτοι φιλοσοφεῖν ἢ ἰουδαΐζειν τῆς διαφωνίας ἕνεκα τῆς πρὸς ἀλλήλας τῶν παρ´ ὑμῖν αἱρέσεων. Ἔπειτα δὲ ἐπισπαρήσεσθαι τὰς αἱρέσεις τῇ ἀληθείᾳ, καθάπερ τῷ πυρῷ »τὰ ζιζάνια«, πρὸς τοῦ κυρίου προφητικῶς εἴρητο, καὶ ἀδύνατον μὴ γενέσθαι τὸ προειρημένον ἔσεσθαι· καὶ τούτου ἡ αἰτία, ὅτι παντὶ τῷ καλῷ μῶμος ἕπεται.

Μή τι οὖν, εἰ καὶ παραβαίη τις συνθήκας καὶ τὴν ὁμολογίαν παρέλθοι τὴν πρὸς ἡμᾶς, διὰ τὸν ψευσάμενον τὴν ὁμολογίαν ἀφεξόμεθα τῆς ἀληθείας καὶ ἡμεῖς; ἀλλ´ ὡς ἀψευδεῖν χρὴ τὸν ἐπιεικῆ καὶ μηδὲν ὧν ὑπέσχηται ἀκυροῦν, κἂν ἄλλοι τινὲς παραβαίνωσι συνθήκας, οὕτως καὶ ἡμᾶς κατὰ μηδένα τρόπον τὸν ἐκκλησιαστικὸν παραβαίνειν προσήκει κανόνα· καὶ μάλιστα τὴν περὶ τῶν μεγίστων ὁμολογίαν ἡμεῖς μὲν φυλάττομεν, οἳ δὲ παραβαίνουσι. Πιστευτέον οὖν τοῖς βεβαίως ἐχομένοις τῆς ἀληθείας.

δη δὲ καὶ ὡς ἐν πλάτει χρωμένοις τῇδε τῇ ἀπολογίᾳ ἔνεστι φάναι πρὸς αὐτούς, ὅτι καὶ οἱ ἰατροὶ ἐναντίας δόξας κεκτημένοι κατὰ τὰς οἰκείας αἱρέσεις ἐπ´ ἴσης ἔργῳ θεραπεύουσιν. Μή τι οὖν κάμνων τις τὸ σῶμα καὶ θεραπείας δεόμενος οὐ προσίεται ἰατρὸν διὰ τὰς ἐν τῇ ἰατρικῇ αἱρέσεις; οὐκ ἄρα οὐδὲ ὁ τὴν ψυχὴν νοσῶν καὶ εἰδώλων ἔμπλεως, ἕνεκά γε τοῦ ὑγιᾶναι καὶ εἰς θεὸν ἐπιστρέψαι, προφασίσαιτο 〈ἄν〉 ποτε τὰς αἱρέσεις. Ναὶ μὴν »διὰ τοὺς δοκίμους« φησὶν »αἱ αἱρέσεις«. Δοκίμους ἤτοι τοὺς εἰς πίστιν ἀφικνουμένους λέγει, ἐκλεκτικώτερον προσιόντας τῇ κυριακῇ διδασκαλίᾳ, καθάπερ τοὺς δοκίμους τραπεζίτας τὸ 〈ἀ〉κίβδηλον νόμισμα τοῦ κυρίου ἀπὸ τοῦ παραχαράγματος διακρίνοντας, ἢ τοὺς ἐν αὐτῇ τῇ πίστει δοκίμους ἤδη γενομένους κατά τε τὸν βίον κατά τε τὴν γνῶσιν.

Διὰ δὴ τοῦτο ἄρα πλέονος ἐπιμελείας καὶ προμηθείας δεόμεθα εἰς τὴν ἐξέτασιν τοῦ πῶς ἀκριβῶς βιωτέον καὶ τίς ἡ ὄντως οὖσα θεοσέβεια. Δῆλον γὰρ ὅτι δυσκόλου καὶ δυσεργοῦ τῆς ἀληθείας τυγχανούσης διὰ τοῦτο γεγόνασιν αἱ ζητήσεις· ἀφ´ ὧν αἱ φίλαυτοι καὶ φιλόδοξοι αἱρέσεις, μὴ μαθόντων μὲν μηδὲ παρειληφότων ἀληθῶς, οἴησιν δὲ γνώσεως εἰληφότων. Διὰ πλείονος τοίνυν φροντίδος ἐρευνητέον τὴν τῷ ὄντι ἀλήθειαν, ἣ μόνη περὶ τὸν ὄντως ὄντα θεὸν καταγίνεται. Πόνῳ δὲ ἕπεται γλυκεῖα εὕρεσίς τε καὶ μνήμη. Ἐπαποδυτέον ἄρα τῷ πόνῳ τῆς εὑρέσεως διὰ τὰς αἱρέσεις, ἀλλ´ οὐ τέλεον ἀποστατέον. Οὐδὲ γὰρ ὀπώρας παρακειμένης, τῆς μὲν ἀληθοῦς καὶ ὡρίμου, τῆς δὲ ἐκ κηροῦ ὡς ὅτι μάλιστα ἐμφεροῦς πεποιημένης, διὰ τὴν ὁμοιότητα ἀμφοῖν ἀφεκτέον, διακριτέον δὲ ὁμοῦ τε τῇ καταληπτικῇ θεωρίᾳ καὶ τῷ κυριωτάτῳ λογισμῷ τὸ ἀληθὲς ἀπὸ τοῦ φαινομένου. Καὶ ὥσπερ ὁδοῦ μιᾶς μὲν τῆς βασιλικῆς τυγχανούσης, πολλῶν δὲ καὶ ἄλλων τῶν μὲν ἐπί τινα κρημνόν, τῶν δὲ ἐπὶ ποταμὸν ῥοώδη ἢ θάλασσαν ἀγχιβαθῆ φερουσῶν, οὐκ ἄν τις ὀκνήσαι διὰ τὴν διαφωνίαν ὁδεῦσαι, χρήσαιτο δ´ ἂν τῇ ἀκινδύνῳ καὶ βασιλικῇ καὶ λεωφόρῳ, οὕτως ἄλλα ἄλλων περὶ ἀληθείας λεγόντων οὐκ ἀποστατέον, ἐπιμελέστερον δὲ θηρατέον τὴν ἀκριβεστάτην περὶ αὐτῆς γνῶσιν· ἐπεὶ κἀν τοῖς κηπευομένοις λαχάνοις συναναφύονται καὶ πόαι· μή τι οὖν ἀπέχονται οἱ γεωργοὶ τῆς κηπευτικῆς ἐπιμελείας; ἔχοντες οὖν πολλὰς ἐκ φύσεως ἀφορμὰς πρὸς τὸ ἐξετάζειν τὰ λεγόμενα καὶ τῆς ἀληθείας τὴν ἀκολουθίαν ἐξευρίσκειν ὀφείλομεν. Διὸ καὶ εἰκότως κρινόμεθα, οἷς δέον πείθεσθαι μὴ συγκατατιθέμενοι, μὴ διαστέλλοντες τὸ μαχόμενον καὶ ἀπρεπὲς καὶ παρὰ φύσιν καὶ ψεῦδος ἀπὸ [τε] τἀληθοῦς καὶ τοῦ ἀκολούθου καὶ τοῦ πρέποντος καὶ τοῦ κατὰ φύσιν, αἷς ἀφορμαῖς καταχρηστέον εἰς ἐπίγνωσιν τῆς ὄντως οὔσης ἀληθείας.

Ματαία τοίνυν τοῖς Ἕλλησιν ἡ πρόφασις αὕτη· τοῖς μὲν γὰρ βουλομένοις ἐξέσται καὶ τὸ εὑρεῖν τὴν ἀλήθειαν, τοῖς δὲ αἰτίας ἀλόγους προβαλλομένοις ἀναπολόγητος ἡ κρίσις. Πότερον γὰρ ἀναιροῦσιν ἢ συγκατατίθενται εἶναι ἀπόδειξιν; οἶμαι πάντας ἂν ὁμολογήσειν ἄνευ τῶν τὰς αἰσθήσεις ἀναιρούντων. Ἀποδείξεως δ´ οὔσης ἀνάγκη συγκαταβαίνειν εἰς τὰς ζητήσεις καὶ δι´ αὐτῶν τῶν γραφῶν ἐκμανθάνειν ἀποδεικτικῶς, ὅπως μὲν ἀπεσφάλησαν αἱ αἱρέσεις, ὅπως δὲ ἐν μόνῃ τῇ ἀληθείᾳ καὶ τῇ ἀρχαίᾳ ἐκκλησίᾳ ἥ τε ἀκριβεστάτη γνῶσις καὶ ἡ τῷ ὄντι ἀρίστη αἵρεσις. Τῶν δὲ ἀπὸ τῆς ἀληθείας ἐκτρεπομένων οἳ μὲν σφᾶς αὐτοὺς μόνους, οἳ δὲ καὶ τοὺς πέλας ἐξαπατᾶν ἐπιχειροῦσιν. Οἳ μὲν οὖν, δοξόσοφοι καλούμενοι, [οἱ] τὴν ἀλήθειαν εὑρηκέναι νομίζοντες, οὐκ ἔχοντες ἀπόδειξιν οὐδεμίαν ἀληθῆ, ἑαυτοὺς οὗτοι ἀπατῶσιν ἀναπεπαῦσθαι νομίζοντες· ὧν πλῆθος οὐκ ὀλίγον τάς τε ζητήσεις ἐκτρεπομένων διὰ τοὺς ἐλέγχους, ἀποφευγόντων δὲ καὶ τὰς διδασκαλίας διὰ τὴν κατάγνωσιν. Οἳ δέ, τοὺς προσιόντας ἐξαπατῶντες, πανοῦργοι σφόδρα, οἳ καὶ παρακολουθοῦντες αὑτοῖς ὅτι μηδὲν ἐπίστανται, πιθανοῖς ὅμως ἐπιχειρήμασι σκοτίζουσι τὴν ἀλήθειαν. Ἑτέρα δ´, οἶμαι, τῶν πιθανῶν ἐπιχειρημάτων καὶ ἑτέρα τῶν ἀληθῶν ἡ φύσις. Καὶ ὅτι τῶν αἱρέσεων ἀνάγκη τὴν ὀνομασίαν πρὸς ἀντιδιαστολὴν τῆς ἀληθείας λέγεσθαι γινώσκομεν· ἀφ´ ἧς τινὰ ἀποσπάσαντες ἐπὶ λύμῃ τῶν ἀνθρώπων οἱ σοφισταί, ταῖς ἐξευρημέναις σφίσιν ἀνθρωπικαῖς τέχναις ἐγκατορύξαντες, αὐχοῦσι προΐστασθαι διατριβῆς μᾶλλον ἢ ἐκκλησίας.

660 CHAPITRE XV.

 

Réponse à l'objection de ceux qui refusent d'entrer dans l'Église à cause des différentes sectes qui la divisent.

Comme il nous reste maintenant à réfuter quelques objections des Grecs et des Juifs, et que les hérésies attachées à une autre doctrine nous adressent à peu-près les mêmes reproches que les précédents sur quelques points litigieux, nous croyons à propos de déblayer d'abord le terrain sur lequel nous marchons, afin d'arriver, libres de tout obstacle, au livre suivant de nos Stromates.

— Comment embrasser votre foi au milieu des divisions qui vous déchirent ? La vérité chancelle et croule sous la multitude des novateurs qui élèvent dogmes contre dogmes. — Tel est le premier grief dont on s'arme contre nous. Voici notre réponse : Parmi les Juifs et au milieu des philosophes que la Grèce a tenus dans la plus grande estime il a surgi des sectes nombreuses. Et cependant les dissidences qui séparent vos écoles sont-elles une raison pour vous de douter de la nécessité de la philosophie, ou de la vérité de la doctrine judaïque ? En outre, le Seigneur a prédit que l'hérésie serait semée dans le champ du la vérité comme l'ivraie dans les moissons : il est impossible que la prophétie n'ait pas son accomplissement dans ce qu'elle prédit. La cause de cet impur mélange, c'est que la jalousie s'attache à tout ce qui est beau.

Eh quoi ! parce qu'un faussaire est infidèle à ses serments et viole la déclaration par laquelle il s'est engagé à l'Église, le scandale d'une foi qui s'est démentie sera-t-il une raison pour nous de répudier la vérité ? Non sans doute, l'honnête homme ne recourt jamais au mensonge et demeure inviolablement fidèle a ce qu'il a promis, quoique l'on manque autour de lui à l'engagement que l'on a signé. Il en va de même de nous. Il ne nous convient en aucune façon de prévariquer contre la règle de l'Église. La profession de foi qui porte sur les points les plus relevés, trouve en nous de religieux observateurs, en eux 661 d'impies transgresseurs. Il faut donc croire à ceux qui adhèrent fermement à la vérité.

Mais usons largement de ce moyen de défense, et disons à nos adversaires que les médecins ne laissent pas néanmoins de guérir, quoiqu'ils aient des opinions contradictoires, chacun suivant l'école à laquelle ils appartiennent. Un malade dont la santé réclame les secours de l'art s'est-il jamais avisé de renvoyer le médecin parce que de nombreuses dissidences divisent la médecine ? De même celui dont l'âme est malade et pleine d'idoles n'allègue pas, pour se guérir et pour se convertir à Dieu, le prétexte des hérésies. « Il faut qu'il y ait des hérésies pour que l'on reconnaisse quelle est la vertu éprouvée. » Par éprouvés, l'apôtre entend ou ceux qui arrivent à la doctrine du Seigneur avec un choix plus intelligent, pareils à ces changeurs dont l'œil exercé démêle infailliblement d'après son empreinte, la monnaie altérée d'avec celle qui est de bon aloi ; ou bien encore, il désigne ceux qui ont fait leurs preuves dans la foi, dans les bonnes œuvres, dans la connaissance. Il faut donc par conséquent plus d'efforts et de prévoyance pour examiner sérieusement quel doit être notre plan de conduite, et reconnaitre la piété légitime. Il est manifeste, en effet, qu'étant chose ardue et laborieuse, la vérité suscite des discussions qui, échauffées par l'amour-propre et par un vain désir de gloire, engendrent l'hérésie chez des hommes qui, au lieu d'avoir appris à fond et recueilli la doctrine véritable, se persuadent faussement qu'ils possèdent la connaissance.

Il sort de là de nouvelles obligations pour nous d'apporter plus de soin à la découverte de la vérité, qui ne se trouve qu'avec le Dieu véritable. La découverte de la vérité, si douce à l'âme, et la possession de ce trésor gardé par la mémoire, suivent le travail de l'examen. Je vois donc dans les hérésies un motif d'investigation bien plus que d'apostasie ou d'éloignement. On vous présente deux fruits : l'un est véritable et parvenu à son point de maturité; l'autre n'est qu'une imitation en cire, mais d'une exacte ressemblance. Vous abstiendrez-vous de l'un et de l'autre à cause de la fausseté du dernier ? Non sans doute. Il faut 662 discerner, par une compréhension intelligente et un jugement incorruptible, la réalité d'avec ses apparences. Je suppose encore qu'ici se prolonge une large vole publique. Mais de celle-ci partent des sentiers sans nombre, dont les uns conduisent à un précipice, les autres à un fleuve rapide, les autres à l'abime profond de la mer. Parce que ces mille sentiers se séparent et se détournent de la route principale, le voyageur hésitera-t-il à s'engager dans la route qui est frayée et ne lui promet aucun péril ? Quoi qu'on dise de la vérité, redoublons d'ardeur et d'efforts pour la connaitre, au lieu de renoncer à elle. Les herbes parasites croissent en même temps que les légumes : sera-ce une raison pour l'agriculteur d'abandonner le soin des jardins ? Puisque nous portons en nous-mêmes un besoin si actif d'investigation et d'examen, nous sommes par là même destinés aux résultats de la vérité. Voilà pourquoi nous sommes justement condamnés pour n'avoir pas obéi quand il fallait obéir, pour n'avoir pas distingué ce qui répugne, ce qui est honteux, ce qui est opposé à notre nature, tout ce qui est mensonger enfin d'avec ce qui est véritable, conséquent, glorieux, et conforme à notre origine. Ces impulsions vivent au fond de notre âme comme autant d'auxiliaires pour discerner ce qui est la vérité.

Les Gentils s'appuient donc sur un prétexte frivole. La découverte de la vérité est toujours entre les mains de quiconque la cherche. Au contraire, une condamnation sans excuse attend ceux qui mettent en avant des motifs déraisonnables. Qu'ils répondent, avouent-ils qu'il y a ou qu'il n'y a pas une démonstration ? Ils m'accorderont sans doute qu'il en existe une à l'exception de ceux qui anéantissent (56) les sensations elles-mêmes. S'il existe une démonstration, il est donc nécessaire d'entrer dans les discussions de la controverse, et d'apprendre démonstrativement par les Écritures comment d'une 663 part, se sont introduites les hérésies; de l'autre, comment la vérité seule et l'Église à laquelle appartient l'antériorité, sont les dépositaires de la connaissance la plus parfaite et du choix le plus légitimement arrêté. Parmi ceux qui répudient la vérité, les ans ne cherchent qu'à se tromper eux-mêmes, les autres, à séduire aussi leurs proches. On donne aux premiers le nom de Doxosophes, c'est-à-dire, hommes qui, sages à leurs propres yeux, s'imaginent avoir mis la main sur la vérité, quoique la démonstration véritable leur échappe, et se trompent eux-mêmes en se complaisant dans la vanité de leurs illusions. Le nombre est grand de ces infortunés qui déclinent la discussion et l'examen de peur d'être convaincus, et se dérobent à l'enseignement de la doctrine pour ne pas s'entendre condamner. Les seconds, ceux qui tendent des pièges à l'innocence de leurs frères, sont des hommes accoutumés à la ruse. Quoiqu'ils s'attachent aux pas de leurs victimes en leur répétant humblement : Nous ne savons rien, ils ne laissent pas d'obscurcir la lumière par des probalités spécieuses. Mais les arguments probables diffèrent, j'imagine, des arguments véritables. Que le nom de l'hérésie soit nécessaire pour opposer le mensonge à la vérité et distinguer l'un de l'autre, nous le savons. Quand les sophistes sont parvenus à dérober, pour la ruine des hommes, quelques lambeaux de vérité, ils ensevelissent orgueilleusement ces dépouilles dans quelques arts humains de leur invention; puis ils battent des mains, fiers de présider aux débats d'une école plutôt que de gouverner l'Eglise.
 

Κν.

 

 

 

 

Ἀλλ´ οἱ πονεῖν ἕτοιμοι ἐπὶ τοῖς καλλίστοις οὐ πρότερον ἀποστήσονται ζητοῦντες τὴν ἀλήθειαν πρὶν ἂν τὴν ἀπόδειξιν ἀπ´ αὐτῶν λάβωσι τῶν γραφῶν. Ἔστι μὲν οὖν κοινά τινα τῶν ἀνθρώπων κριτήρια καθάπερ τὰ αἰσθητήρια, τὰ δ´ ἄλλα τῶν βουληθέντων καὶ ἀσκησάντων τὰ ἀληθῆ, τὰ διὰ νοῦ καὶ λογισμοῦ τεχνικὰ λόγων ἀληθῶν τε καὶ ψευδῶν. Μέγιστον δὲ τὸ καὶ τὴν οἴησιν ἀποθέσθαι, ἐν μέσῳ καταστάντας ἀκριβοῦς ἐπιστήμης καὶ προπετοῦς δοξοσοφίας, καὶ γνῶναι ὅτι ὁ τὴν αἰώνιον ἐλπίζων ἀνάπαυσιν γιγνώσκει καὶ τὴν εἴσοδον αὐτῆς ἐπίπονον οὖσαν καὶ »τεθλιμμένην«. Ὁ δὲ ἅπαξ εὐαγγελισθεὶς καὶ »τὸ σωτήριόν« φησιν 〈»ἰδών«〉, ἐν ᾗ ὥρᾳ 〈ἂν〉 ἐπιγνῷ, μὴ »ἐπιστρεφέσθω εἰς τὰ ὀπίσω καθάπερ ἡ Λὼτ γυνὴ« μηδὲ εἰς τὸν πρότερον βίον τὸν τοῖς αἰσθητοῖς προσανέχοντα, μηδὲ μὴν εἰς τὰς αἱρέσεις παλινδρομείτω· ἐρίζουσι γὰρ ἁμῇ γέ πῃ, τὸν ὄντα μὴ γινώσκουσαι θεόν. »ὁ γὰρ φιλῶν πατέρα ἢ μητέρα ὑπὲρ ἐμέ«, τὸν ὄντως πατέρα καὶ διδάσκαλον τῆς ἀληθείας, τὸν ἀναγεννῶντα καὶ ἀνακτίζοντα καὶ τιθηνούμενον τὴν ψυχὴν τὴν ἐξειλεγμένην, »οὐκ ἔστι μου ἄξιος«, 〈ἄξιος〉 λέγει τοῦ εἶναι υἱὸς θεοῦ καὶ μαθητὴς θεοῦ ὁμοῦ καὶ φίλος καὶ συγγενής. »οὐδεὶς γὰρ εἰς τὰ ὀπίσω βλέπων καὶ ἐπιβάλλων τὴν χεῖρα αὐτοῦ ἐπ´ ἄροτρον εὔθετος τῇ βασιλείᾳ τοῦ θεοῦ.« Ἀλλ´, ὡς ἔοικεν, τοῖς πολλοῖς καὶ μέχρι νῦν δοκεῖ ἡ Μαριὰμ λεχὼ εἶναι διὰ τὴν τοῦ παιδίου γέννησιν, οὐκ οὖσα λεχώ (καὶ γὰρ μετὰ τὸ τεκεῖν αὐτὴν μαιωθεῖσάν φασί τινες παρθένον εὑρεθῆναι)· τοιαῦται δ´ ἡμῖν αἱ κυριακαὶ γραφαί, τὴν ἀλήθειαν ἀποτίκτουσαι καὶ μένουσαι παρθένοι μετὰ τῆς ἐπικρύψεως τῶν τῆς ἀληθείας μυστηρίων. »τέτοκεν καὶ οὐ τέτοκεν«, φησὶν ἡ γραφή, ὡς ἂν ἐξ αὑτῆς, οὐκ ἐκ συνδυασμοῦ συλλαβοῦσα. Διόπερ τοῖς γνωστικοῖς κεκυήκασιν αἱ γραφαί, αἱ δὲ αἱρέσεις οὐκ ἐκμαθοῦσαι ὡς μὴ κεκυηκυίας παραπέμπονται. Πάντων δὲ ἀνθρώπων τὴν αὐτὴν κρίσιν ἐχόντων οἱ μὲν ἀκολουθοῦντες τῷ αἱροῦντι λόγῳ ποιοῦνται τὰς πίστεις, οἱ δὲ ἡδοναῖς σφᾶς αὐτοὺς ἐκδεδωκότες βιάζονται πρὸς τὰς ἐπιθυμίας τὴν γραφήν.

Δεῖ δ´, οἶμαι, τῷ τῆς ἀληθείας ἐραστῇ ψυχικῆς εὐτονίας· σφάλλεσθαι γὰρ ἀνάγκη μέγιστα τοὺς μεγίστοις ἐγχειροῦντας πράγμασιν, ἢν μὴ τὸν κανόνα τῆς ἀληθείας παρ´ αὐτῆς λαβόντες ἔχωσι τῆς ἀληθείας. Οἱ τοιοῦτοι δέ, ἅτε ἀποπεσόντες τῆς ὀρθῆς ὁδοῦ, κἀν τοῖς πλείστοις τῶν κατὰ μέρος σφάλλονται εἰκότως, διὰ τὸ μὴ ἔχειν ἀληθῶν καὶ ψευδῶν κριτήριον συγγεγυμνασμένον ἀκριβῶς τὰ δέοντα αἱρεῖσθαι. Εἰ γὰρ ἐκέκτηντο, ταῖς θείαις ἐπείθοντο ἂν γραφαῖς. Καθάπερ οὖν εἴ τις ἐξ ἀνθρώπου θηρίον γένοιτο παραπλησίως τοῖς ὑπὸ τῆς Κίρκης φαρμαχθεῖσιν, οὕτως 〈τὸ〉 ἄνθρωπος εἶναι τοῦ θεοῦ καὶ πιστὸς τῷ κυρίῳ διαμένειν ἀπολώλεκεν ὁ ἀναλακτίσας τὴν ἐκκλησιαστικὴν παράδοσιν καὶ ἀποσκιρτήσας εἰς δόξας αἱρέσεων ἀνθρωπίνων. Ὁ δὲ ἐκ τῆσδε τῆς ἀπάτης παλινδρομήσας, κατακούσας τῶν γραφῶν καὶ τὸν ἑαυτοῦ βίον ἐπιτρέψας τῇ ἀληθείᾳ, οἷον ἐξ ἀνθρώπου θεὸς ἀποτελεῖται. Ἔχομεν γὰρ τὴν ἀρχὴν τῆς διδασκαλίας, τὸν κύριον διά τε τῶν προφητῶν διά τε τοῦ εὐαγγελίου καὶ διὰ τῶν μακαρίων ἀποστόλων »πολυτρόπως καὶ πολυμερῶς« ἐξ ἀρχῆς εἰς τέλος ἡγούμενον τῆς γνώσεως. Τὴν ἀρχὴν δ´ εἴ τις ἑτέρου δεῖσθαι ὑπολάβοι, οὐκέτ´ ἂν ὄντως ἀρχὴ φυλαχθείη. Ὁ μὲν οὖν ἐξ ἑαυτοῦ πιστὸς τῇ κυριακῇ γραφῇ τε καὶ φωνῇ ἀξιόπιστος εἰκότως 〈ὡς〉 ἂν διὰ τοῦ κυρίου πρὸς τὴν τῶν ἀνθρώπων εὐεργεσίαν ἐνεργουμένῃ· ἀμέλει πρὸς τὴν τῶν πραγμάτων εὕρεσιν αὐτῇ χρώμεθα κριτηρίῳ· τὸ κρινόμενον δὲ πᾶν ἔτι ἄπιστον πρὶν κριθῆναι, ὥστ´ οὐδ´ ἀρχὴ τὸ κρίσεως δεόμενον. Εἰκότως τοίνυν πίστει περιλαβόντες ἀναπόδεικτον τὴν ἀρχήν, ἐκ περιουσίας καὶ τὰς ἀποδείξεις παρ´ αὐτῆς τῆς ἀρχῆς περὶ τῆς ἀρχῆς λαβόντες, φωνῇ κυρίου παιδευόμεθα πρὸς τὴν ἐπίγνωσιν τῆς ἀληθείας. Οὐ γὰρ ἁπλῶς ἀποφαινομένοις ἀνθρώποις προσέχοιμεν, οἷς καὶ ἀνταποφαίνεσθαι ἐπ´ ἴσης ἔξεστιν. Εἰ δ´ οὐκ ἀρκεῖ μόνον ἁπλῶς εἰπεῖν τὸ δόξαν, ἀλλὰ πιστώσασθαι δεῖ τὸ λεχθέν, οὐ τὴν ἐξ ἀνθρώπων ἀναμένομεν μαρτυρίαν, ἀλλὰ τῇ τοῦ κυρίου φωνῇ πιστούμεθα τὸ ζητούμενον, ἣ πασῶν ἀποδείξεων ἐχεγγυωτέρα, μᾶλλον δὲ ἣ μόνη ἀπόδειξις οὖσα τυγχάνει· καθ´ ἣν ἐπιστήμην οἱ μὲν ἀπογευσάμενοι μόνον τῶν γραφῶν πιστοί, οἱ δὲ καὶ προσωτέρω χωρήσαντες ἀκριβεῖς γνώμονες τῆς ἀληθείας ὑπάρχουσιν, οἱ γνωστικοί, ἐπεὶ κἀν τοῖς κατὰ τὸν βίον ἔχουσί τι πλέον οἱ τεχνῖται τῶν ἰδιωτῶν καὶ παρὰ τὰς κοινὰς ἐννοίας ἐκτυποῦσι τὸ βέλτιον. Οὕτως οὖν καὶ ἡμεῖς, ἀπ´ αὐτῶν περὶ αὐτῶν τῶν γραφῶν τελείως ἀποδεικνύντες, ἐκ πίστεως πειθόμεθα ἀποδεικτικῶς.

Κἂν τολμήσωσι προφητικαῖς χρήσασθαι γραφαῖς καὶ οἱ τὰς αἱρέσεις μετιόντες, πρῶτον μὲν οὐ πάσαις, ἔπειτα οὐ τελείαις, οὐδὲ ὡς τὸ σῶμα καὶ τὸ ὕφος τῆς προφητείας ὑπαγορεύει, ἀλλ´ ἐκλεγόμενοι τὰ ἀμφιβόλως εἰρημένα εἰς τὰς ἰδίας μετάγουσι δόξας, ὀλίγας σποράδην ἀπανθιζόμενοι φωνάς, οὐ τὸ σημαινόμενον ἀπ´ αὐτῶν σκοποῦντες, ἀλλ´ αὐτῇ ψιλῇ ἀποχρώμενοι τῇ λέξει. Σχεδὸν γὰρ ἐν πᾶσιν οἷς προσφέρονται ῥητοῖς εὕροις ἂν αὐτοὺς ὡς τοῖς ὀνόμασι μόνοις προσανέχουσι, τὰ σημαινόμενα ὑπαλλάττοντες, οὔθ´ ὡς λέγονται γινώσκοντες οὔθ´ ὡς ἔχειν πεφύκασι χρώμενοι αἷς καὶ δὴ κομίζουσιν ἐκλογαῖς. Ἡ ἀλήθεια δὲ οὐκ ἐν τῷ μετατιθέναι τὰ σημαινόμενα εὑρίσκεται (οὕτω μὲν γὰρ ἀνατρέψουσι πᾶσαν ἀληθῆ διδασκαλίαν), ἀλλ´ ἐν τῷ διασκέψασθαι τί τῷ κυρίῳ καὶ τῷ παντοκράτορι θεῷ τελέως οἰκεῖόν τε καὶ πρέπον, κἀν τῷ βεβαιοῦν ἕκαστον τῶν ἀποδεικνυμένων κατὰ τὰς γραφὰς ἐξ αὐτῶν πάλιν τῶν ὁμοίων γραφῶν. Οὔτ´ οὖν ἐπιστρέφειν ἐπὶ τὴν ἀλήθειαν ἐθέλουσιν, αἰδούμενοι καταθέσθαι τὸ τῆς φιλαυτίας πλεονέκτημα, οὔτ´ ἔχουσιν ὅπως διαθῶνται τὰς αὑτῶν δόξας, βιαζόμενοι τὰς γραφάς. Φθάσαντες δὲ ἐξενεγκεῖν εἰς τοὺς ἀνθρώπους δόγματα ψευδῆ, σχεδὸν ἁπάσαις ταῖς γραφαῖς ἐναργῶς μαχόμενοι καὶ ἀεὶ ὑφ´ ἡμῶν τῶν ἀντιλεγόντων αὐτοῖς ἐλεγχόμενοι, τὸ λοιπὸν ἔτι καὶ νῦν ὑπομένουσι τὰ μὲν μὴ προσίεσθαι τῶν προφητικῶν, τὰ δὲ ἡμᾶς αὐτοὺς ὡς ἄλλης γεγονότας φύσεως μὴ οἵους τε εἶναι συνεῖναι τὰ οἰκεῖα ἐκείνοις διαβάλλουσιν, ἐνίοτε δὲ καὶ τὰ ἑαυτῶν διελεγχόμενοι ἀρνοῦνται δόγματα, ἄντικρυς ὁμολογεῖν αἰδούμενοι ἃ κατ´ ἰδίαν αὐχοῦσι διδάσκοντες [οὕτως].

Οὕτω γὰρ κατὰ πάσας ἔστιν ἰδεῖν τὰς αἱρέσεις, ἐπιόντας αὐτῶν τὰς μοχθηρίας τῶν δογμάτων. Ἐπειδὰν γὰρ ἀνατρέπωνται πρὸς ἡμῶν δεικνύντων αὐτοὺς σαφῶς ἐναντιουμένους ταῖς γραφαῖς, δυοῖν θάτερον ὑπὸ τῶν προεστώτων τοῦ δόγματος ἔστι θεάσασθαι γινόμενον· ἢ γὰρ τῆς ἀκολουθίας τῶν σφετέρων δογμάτων ἢ τῆς προφητείας αὐτῆς. Μᾶλλον δὲ τῆς ἑαυτῶν ἐλπίδος καταφρονοῦσιν, αἱροῦνται δὲ ἑκάστοτε τὸ δόξαν αὐτοῖς ὑπάρχειν ἐναργέστερον ἢ τὸ πρὸς τοῦ κυρίου διὰ τῶν προφητῶν εἰρημένον καὶ ὑπὸ τοῦ εὐαγγελίου, προσέτι δὲ καὶ τῶν ἀποστόλων, συμμαρτυρούμενόν τε καὶ βεβαιούμενον. Ὁρῶντες οὖν τὸν κίνδυνον αὐτοῖς οὐ περὶ ἑνὸς δόγματος, ἀλλὰ περὶ τοῦ τὰς αἱρέσεις διατηρεῖν, οὐ τὴν ἀλήθειαν ἐξευρίσκειν (τοῖς μὲν γὰρ ἐν μέσῳ καὶ προχείροις ἐντυχόντες παρ´ ἡμῖν ὡς εὐτελῶν κατεφρόνησαν), ὑπερβῆναι δὲ σπουδάσαντες τὸ κοινὸν τῆς πίστεως, ἐξέβησαν τὴν ἀλήθειαν. Μὴ γὰρ μαθόντες τὰ τῆς γνώσεως τῆς ἐκκλησιαστικῆς μυστήρια μηδὲ χωρήσαντες τὸ μεγαλεῖον τῆς ἀληθείας, μέχρι τοῦ βάθους τῶν πραγμάτων κατελθεῖν ἀπορρᾳθυμήσαντες, ἐξ ἐπιπολῆς ἀναγνόντες παρεπέμψαντο τὰς γραφάς. Ὑπὸ δοξοσοφίας τοίνυν ἐπηρμένοι ἐρίζοντες διατελοῦσι, δῆλοι γεγονότες ὡς τοῦ δοκεῖν μᾶλλον ἤπερ τοῦ φιλοσοφεῖν προνοοῦνται. Αὐτίκα οὐκ ἀναγκαίας ἀρχὰς πραγμάτων καταβαλλόμενοι δόξαις τε ἀνθρωπίναις κεκινημένοι, ἔπειτα ἀναγκαίως τέλος ἀκολουθοῦν αὑτοῖς ἐκποριζόμενοι, διαπληκτίζονται διὰ τοὺς ἐλέγχους πρὸς τοὺς τὴν ἀληθῆ φιλοσοφίαν μεταχειριζομένους, καὶ πάντα μᾶλλον ὑπομένουσι καὶ πάντα, φασί, κάλον κινοῦσι, κἂν ἀσεβεῖν διὰ τὸ ἀπιστεῖν ταῖς γραφαῖς μέλλωσιν, ἤπερ μετατίθενται, ὑπὸ φιλοτιμίας τῆς αἱρέσεως καὶ τῆς πολυθρυλήτου κατὰ τὰς ἐκκλησίας αὐτῶν πρωτοκαθεδρίας, δι´ ἣν κἀκείνην τὴν συμποτικὴν [διὰ] τῆς ψευδωνύμου ἀγάπης πρωτοκλισίαν ἀσπάζονται. Ἡ παρ´ ἡμῖν δὲ τῆς ἀληθείας ἐπίγνωσις ἐκ τῶν ἤδη πιστῶν τοῖς οὔπω πιστοῖς ἐκπορίζεται τὴν πίστιν, ἥτις οὐσία ὡς εἰπεῖν ἀποδείξεως καθίσταται.

λλ´, ὡς ἔοικεν, πᾶσα αἵρεσις ἀρχὴν ὦτα ἀκούοντα οὐκ ἔχει τὸ σύμφορον, μόνον δὲ τοῖς πρὸς ἡδονὴν ἀνεῳγότα, ἐπεὶ κἂν ἰάθη τις αὐτῶν, εἰ πείθεσθαι τῇ ἀληθείᾳ μόνον ἠβουλήθη. Τριττὴ δὲ θεραπεία οἰήσεως, καθάπερ καὶ παντὸς πάθους, μάθησίς τε τοῦ αἰτίου καὶ τοῦ πῶς ἂν ἐξαιρεθείη τοῦτο, καὶ τρίτον ἡ ἄσκησις τῆς ψυχῆς καὶ ὁ ἐθισμὸς πρὸς 〈τὸ〉 τοῖς κριθεῖσιν ὀρθῶς ἔχειν ἀκολουθεῖν δύνασθαι. Ὡς γὰρ ὀφθαλμὸς τεταραγμένος, οὕτως καὶ ἡ ψυχὴ τοῖς παρὰ φύσιν θολωθεῖσα δόγμασιν οὐχ οἵα τε τὸ φῶς τῆς ἀληθείας διιδεῖν ἀκριβῶς, ἀλλὰ καὶ τὰ ἐν ποσὶ παρορᾷ. Ἐν οὖν θολερῷ ὕδατι καὶ τὰς ἐγχέλεις ἁλίσκεσθαί φασιν ἀποτυφλουμένας. Καὶ καθάπερ τὰ πονηρὰ παιδία τὸν παιδαγωγὸν ἀποκλείει, οὕτως οὗτοι τὰς προφητείας εἴργουσιν ἑαυτῶν τῆς ἐκκλησίας, ὑφορώμενοι δι´ ἔλεγχον καὶ νουθεσίαν. Ἀμέλει πάμπολλα συγκαττύουσι ψεύσματα καὶ πλάσματα, ἵνα δὴ εὐλόγως δόξωσι μὴ προσίεσθαι τὰς γραφάς. Ταύτῃ οὖν οὐκ εὐσεβεῖς, δυσαρεστούμενοι ταῖς θείαις ἐντολαῖς, τουτέστι τῷ ἁγίῳ πνεύματι. Ὥσπερ δὲ αἱ ἀμυγδάλαι κεναὶ λέγονται οὐκ ἐν αἷς μηδέν ἐστιν, ἀλλ´ ἐν αἷς ἄχρηστον τὸ ἐνόν, οὕτως τοὺς αἱρετικοὺς [τοὺς] κενοὺς τῶν τοῦ θεοῦ βουλημάτων καὶ τῶν τοῦ Χριστοῦ παραδόσεων εἶναί φαμεν, πικριζόντων ὡς ἀληθῶς κατὰ τὴν ἀγρίαν ἀμυγδαλῆν ἐξάρχοντας δογμάτων, πλὴν ὅσα δι´ ἐνάργειαν τῶν ἀληθῶν ἀποθέσθαι καὶ ἀποκρύψαι οὐκ ἴσχυσαν.

Καθάπερ τοίνυν ἐν πολέμῳ οὐ λειπτέον τὴν τάξιν ἣν ὁ στρατηγὸς ἔταξεν τῷ στρατιώτῃ, οὕτως οὐδὲ ἣν ἔδωκεν ὁ λόγος, 〈ὃν〉 ἄρχοντα εἰλήφαμεν γνώσεώς τε καὶ βίου, λειπτέον τάξιν. Οἱ πολλοὶ δὲ οὐδὲ τοῦτο ἐξητάκασιν, εἰ ἔστι τινὶ ἀκολουθητέον καὶ τίνι τούτῳ καὶ ὅπως. Οἷος γὰρ ὁ λόγος, τοιόσδε καὶ ὁ βίος εἶναι τῷ πιστῷ προσήκει, ὡς »ἕπεσθαι« δύνασθαι »τῷ θεῷ«, ἐξ ἀρχῆς τὰ πάντα »εὐθεῖαν περαίνοντι«. Ἐπὰν δὲ παραβῇ τις τὸν λόγον καὶ διὰ τούτου τὸν θέον, εἰ μὲν διὰ τὸ αἰφνίδιον προσπεσεῖν τινα φαντασίαν ἠσθένησεν, προχείρους [τοὺς] τὰς φαντασίας τὰς λογικὰς ποιητέον· εἰ δὲ τῷ ἔθει τῷ προκατεσχηκότι ἡττηθεὶς γέγονεν (ᾗ φησιν ἡ γραφή) »χυδαῖος«, ἀποπαυστέον τὸ ἔθος εἰς τὸ παντελὲς καὶ πρὸς τὸ ἀντιλέγειν αὐτῷ τὴν ψυχὴν γυμναστέον· εἰ δὲ καὶ μαχόμενα δόγματα ἐφέλκεσθαί τινας δοκεῖ, ὑπεξαιρετέον ταῦτα καὶ πρὸς τοὺς »εἰρηνοποιοὺς« τῶν [τῶν] δογμάτων πορευτέον, οἳ κατεπᾴδουσι ταῖς θείαις γραφαῖς τοὺς ψοφοδεεῖς τῶν ἀπείρων, τὴν ἀλήθειαν διὰ τῆς ἀκολουθίας τῶν διαθηκῶν σαφηνίζοντες. Ἀλλ´, ὡς ἔοικεν, ῥέπομεν ἐπὶ τὰ ἔνδοξα μᾶλλον, κἂν ἐναντία τυγχάνῃ, ἤπερ ἐπὶ τὴν ἀλήθειαν· αὐστηρὰ γάρ ἐστι καὶ σεμνή.

Καὶ δὴ τριῶν οὐσῶν διαθέσεων τῆς ψυχῆς, ἀγνοίας, οἰήσεως, ἐπιστήμης, οἳ μὲν ἐν τῇ ἀγνοίᾳ τὰ ἔθνη, οἳ δὲ ἐν τῇ ἐπιστήμῃ ἡ ἐκκλησία ἡ ἀληθής, οἳ δὲ ἐν οἰήσει οἱ κατὰ τὰς αἱρέσεις. Οὐδὲν γοῦν σαφέστερον ἰδεῖν ἔστι τοὺς ἐπισταμένους περὶ ὧν ἴσασι διαβεβαιουμένους 〈ἢ τοὺς οἰομένους〉 [καὶ] περὶ ὧν οἴονται, ὅσον γε ἐπὶ τῷ διαβεβαιοῦσθαι ἄνευ τῆς ἀποδείξεως. Καταφρονοῦσι γοῦν ἀλλήλων καὶ καταγελῶσιν, καὶ συμβαίνει τὸν αὐτὸν νοῦν παρ´ οἷς μὲν ἐντιμότατον εἶναι, παρ´ οἷς δὲ παρανοίας ἡλωκέναι. Καίτοι μεμαθήκαμεν ἄλλο μέν τι εἶναι ἡδονήν, ἣν [ἐν] τοῖς ἔθνεσιν ἀπονεμητέον, ἄλλο δέ τι ἔριν, ἣν [ἐν] ταῖς αἱρέσεσι προσκριτέον, ἄλλο χαράν, ἣν τῇ ἐκκλησίᾳ προσοικειωτέον, ἄλλο δὲ εὐφροσύνην, ἣν τῷ κατὰ ἀλήθειαν ἀποδοτέον γνωστικῷ. Ὡς δὲ ἐὰν πρόσσχῃ τις Ἰσχομάχῳ, γεωργὸν αὐτὸν ποιήσει, καὶ Λάμπιδι ναύκληρον, καὶ Χαριδήμῳ στρατηγόν, καὶ Σίμωνι ἱππικόν, καὶ Πέρδικι κάπηλον, καὶ Κρωβύλῳ ὀψοποιόν, καὶ Ἀρχελάῳ ὀρχηστήν, καὶ Ὁμήρῳ ποιητήν, καὶ Πύρρωνι ἐριστικόν, καὶ Δημοσθένει ῥήτορα, καὶ Χρυσίππῳ διαλεκτικόν, καὶ Ἀριστοτέλει φυσικόν, καὶ φιλόσοφον Πλάτωνι, οὕτως ὁ τῷ κυρίῳ πειθόμενος καὶ τῇ δοθείσῃ δι´ αὐτοῦ κατακολουθήσας προφητείᾳ τελέως ἐκτελεῖται κατ´ εἰκόνα τοῦ διδασκάλου ἐν σαρκὶ περιπολῶν θεός.

ποπίπτουσιν ἄρα τοῦδε τοῦ ὕψους οἱ μὴ ἑπόμενοι θεῷ ᾗ ἂν ἡγῆται, ἡγεῖται δὲ κατὰ τὰς »θεοπνεύστους γραφάς«. Μυρίων γοῦν ὄντων κατ´ ἀριθμὸν ἃ πράσσουσιν ἄνθρωποι, σχεδὸν δύο εἰσὶν ἀρχαὶ πάσης ἁμαρτίας, ἄγνοια καὶ ἀσθένεια (ἄμφω δὲ ἐφ´ ἡμῖν, τῶν μήτε ἐθελόντων μανθάνειν μήτε αὖ τῆς ἐπιθυμίας κρατεῖν), τούτων δὲ δι´ ἣν μὲν οὐ καλῶς κρίνουσι, δι´ ἣν δὲ οὐκ ἰσχύουσι τοῖς ὀρθῶς κριθεῖσιν 〈ἀκολουθεῖν〉· οὔτε γὰρ ἀπατηθείς τις τὴν γνώμην δύναιτ´ ἂν εὖ πράττειν. Κἂν πάνυ δυνατὸς ᾖ τὰ γνωσθέντα ποιεῖν, οὔτε καὶ κρίνειν τὸ δέον ἰσχύων ἄμεμπτον ἑαυτὸν παράσχοιτ´ ἂν ἐν τοῖς ἔργοις ἐξασθενῶν. Ἀκολούθως τοίνυν δύο τῷ γένει καὶ παιδεῖαι παραδίδονται πρόσφοροι ἑκατέρᾳ τῶν ἁμαρτιῶν, τῇ μὲν ἡ γνῶσίς τε καὶ ἡ τῆς ἐκ τῶν γραφῶν μαρτυρίας ἐναργὴς ἀπόδειξις, τῇ δὲ ἡ κατὰ λόγον ἄσκησις ἐκ πίστεώς τε καὶ φόβου παιδαγωγουμένη· ἄμφω δ´ εἰς τὴν τελείαν ἀγάπην συναύξουσιν. Τέλος γὰρ οἶμαι τοῦ γνωστικοῦ τό γε ἐνταῦθα διττόν, ἐφ´ ὧν μὲν ἡ θεωρία ἡ ἐπιστημονική, ἐφ´ ὧν δὲ ἡ πρᾶξις. Εἴη μὲν οὖν καὶ τούσδε τοὺς αἱρετικοὺς καταμαθόντας ἐκ τῶνδε τῶν ὑπομνημάτων σωφρονισθῆναί τε καὶ ἐπιστρέψαι ἐπὶ τὸν παντοκράτορα θεόν. Εἰ δὲ καθάπερ »οἱ κωφοὶ τῶν ὄφεων« τοῦ καινῶς μὲν λεγομένου, ἀρχαιοτάτου δὲ »μὴ ἐπαΐοιεν ᾄσματος«, παιδευθεῖεν γοῦν πρὸς τοῦ θεοῦ, τὰς πρὸ τῆς κρίσεως πατρῴας νουθεσίας ὑπομένοντες, ἔστ´ ἂν καταισχυνθέντες μετανοήσωσιν, ἀλλὰ μὴ εἰς τὴν παντελῆ φέροντες ἑαυτοὺς διὰ τῆς ἀπηνοῦς ἀπειθείας ἐμβάλοιεν κρίσιν. Γίνονται γὰρ καὶ μερικαί τινες παιδεῖαι, ἃς κολάσεις ὀνομάζουσιν, εἰς ἃς ἡμῶν οἱ πολλοὶ τῶν ἐν παραπτώματι γενομένων ἐκ τοῦ λαοῦ τοῦ κυριακοῦ κατολισθαίνοντες περιπίπτουσιν. Ἀλλ´ ὡς πρὸς τοῦ διδασκάλου ἢ τοῦ πατρὸς οἱ παῖδες, οὕτως ἡμεῖς πρὸς τῆς προνοίας κολαζόμεθα. Θεὸς δὲ οὐ τιμωρεῖται (ἔστι γὰρ ἡ τιμωρία κακοῦ ἀνταπόδοσις), κολάζει μέντοι πρὸς τὸ χρήσιμον καὶ κοινῇ καὶ ἰδίᾳ τοῖς κολαζομένοις.

Ταυτὶ μέν, ἀποτρέψαι βουλόμενος τῆς εἰς τὰς αἱρέσεις εὐεμπτωσίας τοὺς φιλομαθοῦντας, παρεθέμην· τοὺς δὲ τῆς ἐπιπολαζούσης εἴτε ἀμαθίας εἴτε ἀβελτερίας εἴτε καχεξίας εἴθ´, ὁτιδήποτε χρὴ καλεῖν αὐτήν, ἀποπαῦσαι γλιχόμενος, μεταπεῖσαι δὲ καὶ προσαγαγεῖν τῇ ἀληθείᾳ τούς γε μὴ παντάπασιν ἀνιάτους ἐπιχειρῶν, τοῖσδε συνεχρησάμην τοῖς λόγοις. Εἰσὶ γὰρ οἳ οὐδὲ ἀνέχονται τὴν ἀρχὴν ἐπακοῦσαι τῶν πρὸς τὴν ἀλήθειαν προτρεπόντων· καὶ δὴ φλυαρεῖν ἐπιχειροῦσι, βλασφήμους τῆς ἀληθείας καταχέοντες λόγους, σφίσιν αὐτοῖς τὰ μέγιστα τῶν ὄντων ἐγνωκέναι συγχωροῦντες, οὐ μαθόντες, οὐ ζητήσαντες, οὐ πονέσαντες, οὐχ εὑρόντες τὴν ἀκολουθίαν· οὓς ἐλεήσειεν ἄν τις ἢ μισήσειεν τῆς τοιαύτης διαστροφῆς. Εἰ δέ τις ἰάσιμος τυγχάνει, φέρειν δυνάμενος, ὡς πῦρ ἢ σίδηρον, τῆς ἀληθείας τὴν παρρησίαν ἀποτέμνουσαν 〈καὶ〉 καίουσαν τὰς ψευδεῖς δόξας αὐτῶν, ὑπεχέτω τὰ ὦτα τῆς ψυχῆς. Ἔσται δὲ τοῦτο, ἐὰν μὴ ῥᾳθυμεῖν ἐπειγόμενοι ἀποδιωθῶνται τὴν ἀλήθειαν ἢ δόξης ὀριγνώμενοι καινοτομεῖν βιάζωνται. ῥᾳθυμοῦσι μὲν γὰρ οἱ παρὸν τὰς οἰκείας ταῖς θείαις γραφαῖς ἐξ αὐτῶν τῶν γραφῶν πορίζεσθαι ἀποδείξεις τὸ παραστὰν καὶ ταῖς ἡδοναῖς αὐτῶν συναιρόμενον ἐκλεγόμενοι· δόξης δὲ ἐπιθυμοῦσιν ὅσοι τὰ προσφυῆ τοῖς θεοπνεύστοις λόγοις ὑπὸ τῶν μακαρίων ἀποστόλων τε καὶ διδασκάλων παραδιδόμενα ἑκόντες εἶναι σοφίζονται δι´ ἑτέρων παρεγχειρήσεων, ἀνθρωπείαις διδασκαλίαις ἐνιστάμενοι θείᾳ παραδόσει ὑπὲρ τοῦ τὴν αἵρεσιν συστήσασθαι. Τίς γὰρ ὡς ἀληθῶς ἐν τηλικούτοις ἀνδράσιν, κατὰ τὴν ἐκκλησιαστικὴν λέγω γνῶσιν, ὑπελείπετο λόγος Μαρκίωνος, φέρε εἰπεῖν, ἢ Προδίκου καὶ τῶν ὁμοίων τὴν ὀρθὴν οὐ βαδισάντων ὁδόν; οὐ γὰρ ἂν ὑπερέβαλον σοφίᾳ τοὺς ἔμπροσθεν ἄνδρας, ὡς προσεξευρεῖν τι τοῖς ὑπ´ ἐκείνων ἀληθῶς ῥηθεῖσιν, ἀλλ´ ἀγαπητὸν ἦν αὐτοῖς, εἰ τὰ προπαραδεδομένα μαθεῖν ἠδυνήθησαν.

Ὁ γνωστικὸς ἄρα ἡμῖν μόνος ἐν αὐταῖς καταγηράσας ταῖς γραφαῖς, τὴν ἀποστολικὴν καὶ ἐκκλησιαστικὴν σῴζων ὀρθοτομίαν τῶν δογμάτων, κατὰ τὸ εὐαγγέλιον ὀρθότατα βιοῖ, τὰς ἀποδείξεις ἃς ἂν ἐπιζητήσῃ ἀνευρίσκειν ἀναπεμπόμενος ὑπὸ τοῦ κυρίου ἀπό τε νόμου καὶ προφητῶν. Ὁ βίος γάρ, οἶμαι, τοῦ γνωστικοῦ οὐδὲν ἄλλο ἐστὶν ἢ ἔργα καὶ λόγοι τῇ τοῦ κυρίου ἀκόλουθοι παραδόσει.

Ἀλλ´ «οὐ πάντων ἡ γνῶσις». «οὐ θέλω γὰρ ὑμᾶς ἀγνοεῖν, ἀδελφοί,» φησὶν ὁ ἀπόστολος, «ὅτι πάντες ὑπὸ τὴν νεφέλην ἦσαν καὶ πνευματικοῦ βρώματός τε καὶ πόματος μετέλαβον», κατασκευάζων σαφῶς μὴ πάντας τοὺς ἀκούοντας τὸν λόγον κεχωρηκέναι τὸ μέγεθος τῆς γνώσεως ἔργῳ τε καὶ λόγῳ. Διὸ καὶ ἐπήγαγεν· «ἀλλ´ οὐκ ἐν πᾶσιν αὐτοῖς ηὐδόκησεν.» τίς οὗτος; ὁ εἰπών· «τί με λέγετε ‹κύριε› καὶ οὐ ποιεῖτε τὸ θέλημα τοῦ πατρός μου;» τουτέστι τὴν διδασκαλίαν τοῦ σωτῆρος, ἥτις ἐστὶ βρῶμα ἡμῶν πνευματικὸν καὶ πόμα δίψαν οὐκ ἐπιστάμενον, «ὕδωρ ζωῆς» γνωστικῆς. Ναί, φασίν, ἡ γνῶσις εἴρηται φυσιοῦν. Πρὸς οὕς φαμεν· τάχα μὲν ἡ δοκοῦσα γνῶσις φυσιοῦν λέγεται, εἴ τις τετυφῶσθαι τὴν λέξιν ἑρμηνεύειν ὑπολάβοι· εἰ δέ, ὅπερ καὶ μᾶλλον, τὸ μεγαλείως τε καὶ ἀληθῶς φρονεῖν μηνύει ἡ τοῦ ἀποστόλου φωνή, λέλυται μὲν τὸ ἠπορημένον· ἑπόμενοι δ´ οὖν ταῖς γραφαῖς κυρώσωμεν τὸ εἰρημένον.

«Ἡ σοφία», φησὶν ὁ Σολομών, «ἐνεφυσίωσεν τὰ ἑαυτῆς τέκνα.» οὐ δήπου γὰρ τῦφον ἐνεποίησεν ὁ κύριος τοῖς μειρακίοις κατὰ τὴν διδασκαλίαν, ἀλλὰ τὸ ἐπὶ τῇ ἀληθείᾳ πεποιθέναι, καὶ εἶναι μεγαλόφρονα ἐν γνώσει τῇ διὰ τῶν γραφῶν παραδιδομένῃ ὑπεροπτικόν 〈τε〉 τῶν εἰς ἁμαρτίαν ὑποσυρόντων παρασκευάζει, ὃ σημαίνει ἡ «ἐνεφυσίωσε» λέξις, μεγαλοπρέπειαν τῆς σοφίας τοῖς κατὰ τὴν μάθησιν τέκνοις ἐμφυτευσάσης δι´ 〈ὧν δι〉δάσκει. Αὐτίκα φησὶν ὁ ἀπόστολος· «καὶ γνώσομαι οὐ τὸν λόγον τῶν πεφυσιωμένων, ἀλλὰ τὴν δύναμιν», εἰ μεγαλοφρόνως (ὅπερ ἐστὶν ἀληθῶς· ἀληθείας δὲ μεῖζον οὐδὲν) τὰς γραφὰς συνίετε. Ἐνταῦθα γὰρ ἡ δύναμις τῶν πεφυσιωμένων τέκνων τῆς σοφίας. Οἷον, εἴσομαι, φησίν, εἰ δικαίως ἐπὶ τῇ γνώσει μέγα φρονεῖτε. «γνωστὸς» γὰρ κατὰ τὸν Δαβὶδ «ἐν τῇ Ἰουδαίᾳ ὁ θεός», τουτέστι τοῖς κατ´ ἐπίγνωσιν Ἰσραηλίταις. Ἰουδαία γὰρ ἐξομολόγησις ἑρμηνεύεται. Εἰκότως ἄρα εἴρηται πρὸς τοῦ ἀποστόλου· »τὸ οὐ μοιχεύσεις, οὐ κλέψεις, οὐκ ἐπιθυμήσεις καὶ εἴ τις ἑτέρα ἐντολή, ἐν τούτῳ τῷ λόγῳ ἀνακεφαλαιοῦται, ἐν τῷ· ἀγαπήσεις τὸν πλησίον σου ὡς σεαυτόν.« οὐ γὰρ χρή ποτε, καθάπερ οἱ τὰς αἱρέσεις μετιόντες ποιοῦσι, μοιχεύειν τὴν ἀλήθειαν οὐδὲ μὴν κλέπτειν τὸν κανόνα τῆς ἐκκλησίας, ταῖς ἰδίαις ἐπιθυμίαις καὶ φιλοδοξίαις χαριζομένους ἐπὶ τῇ τῶν πλησίον ἀπάτῃ, οὓς παντὸς μᾶλλον ἀγαπῶντας τῆς ἀληθείας αὐτῆς ἀντέχεσθαι διδάσκειν προσήκει. Εἴρηται γοῦν ἄντικρυς· »ἀναγγείλατε ἐν τοῖς ἔθνεσι τὰ ἐπιτηδεύματα αὐτοῦ«, ἵνα μὴ κριθῶσιν, ἀλλὰ ἐπιστραφῶσιν οἱ προακηκοότες. Ὅσοι δὲ «ταῖς γλώσσαις αὐτῶν δολιοῦσιν», ἔγγραφα ἔχουσι τὰ ἐπιτίμια.
 

CHAPITRE XVI.

 

Il existe deux moyens pour distinguer la foi véritable de l'hérésie.

Le premier de ces moyens c'est de recourir aux Écritures et de les appeler en témoignage pour prononcer sur une doctrine, quelle qu'elle soit.

Mais les hommes qui sont disposés à consacrer leurs efforts aux études les pins éminentes ne cesseront de chercher la vérité 664 qu'après avoir puisé la démonstration aux sources des livres sacrés. Sans doute le jugement est commun à tous; il en est de cette faculté comme des sens. Toutefois le discernement est plus aiguisé dans ceux qui se sont appliqués à cet exercice : leur esprit, dirigé par des méthodes, démêle plus aisément la vérité d'avec le mensonge. Mais le point décisif, dans cette matière, c'est de se dépouiller de sa propre opinion pour s'arrêter dans un juste tempérament entre la science ardente à tout scruter, et une sagesse aveugle et téméraire. Il suffit de savoir ce que n'ignore pas quiconque attend le repos éternel, c'est-à-dire, que l'entrée en est étroite et laborieuse. Mais vous, sur qui est tombée la prédication de l'Évangile, n'allez point à l'heure où a brillé pour vous la lumière du salut, « regarder en arrière comme la femme de Loth, » ni retourner aux premiers errements de cette vie, qui ne s'occupait que des choses sensibles ; encore moins retomber dans l'hérésie, qui, étrangère à la connaissance du Dieu véritable, n'oublie rien pour gagner des disciples. En effet, « quiconque aime son père et sa mère plus que moi, » qui suis le père véritable, le maitre de la vérité ; qui renouvelle, régénère, et nourris de mon lait l'âme que j'ai honorée de l'élection, « n'est pas digne de moi, » c'est-à-dire, ne peut devenir le fils de Dieu, le disciple de Dieu, son ami et son frère. Encore un coup, « celui qui, après avoir mis la main à la charrue regarde en arrière, n'est pas propre au royaume de Dieu. » Suivant une opinion accréditée jusqu'à ce jour (57), Marie, par la naissance de son fils, est devenue mère sans subir les conséquences de la maternité. Car quelques-uns veulent qu'ayant été examinée par la sage-femme après l'enfantement, elle ait été trouvée vierge. Je lui comparerais volontiers les Écritures du Seigneur. Mères de la vérité, elles l'enfantent en demeurant vierges par le secret qu'elles gardent sur les mystères de la vérité. « Elle a enfanté et n'a point enfan-665 té  (58), » dit l'Écriture, pour signifier que Marie a conçu par elle-même, et non par aucun commerce humain. Voilà pourquoi nos Écritures conçoivent pour les Gnostiques. L'hérésie, faute de comprendre cette vérité, les répudie comme stériles. Tous les hommes ont donc le même jugement. Les uns, dociles aux décisions du Verbe, s'appuient sur des autorités qui font foi. Les autres, après s'être livrés aux plaisirs déréglés, torturent les livres saints pour les ployer à leurs fantaisies.

Nous ne le dissimulons pas, il faut au zélateur de la vérité une grande force d'âme. Car ceux qui entreprennent les plus grandes choses sont exposés aux chutes les plus terribles, s'ils ne gardent fidèlement la règle de la vérité qu'ils ont reçue de la vérité elle-même. Mais les infortunés qui se sont jetés hors de la voie droite trébuchent, la plupart du temps, dans les questions particulières. Faut-il s'en étonner? Ils ne possèdent point, dans le discernement du mensonge et de la vérité, un jugement que l'exercice ait pleinement formé aux déterminations vers le bien. Assurément, s'ils l'avaient, ils ne manqueraient point de se soumettre à l'autorité de l'Église. Pareil à ces hommes qui seraient métamorphosés en bêtes, comme il arriva, dit la fable, a ceux qui trempèrent leurs lèvres aux poisons de Circé, quiconque regimbe contre la tradition de l'Église pour embrasser les opinions humaines, perd au même instant la qualité de créature de Dieu et de serviteur fidèle au Seigneur. Mais que, revenu de son égarement, il obéisse aux Écritures et recommence d'épanouir son âme à la vérité, la scène change : c'est un homme qui devient Dieu, en quelque façon. En effet, nous avons pour principe de notre doctrine le Seigneur qui, par les prophètes, par l'Évangile, par les bienheureux apôtres, « en diverses occasions et de plusieurs manières, » conduit l'homme de l'origine à la fin de la connais- 666 sance. Du moment que l'on s'imagine avoir besoin d'un antre principe, le principe cesse véritablement de subsister. Celui qui est fidèle par lui-même mérite donc notre créance dans l'Écriture et la parole du Seigneur, qui opère pour le salut de l'homme par le Seigneur lui-même. Elle est entre nos mains comme un critérium universel. Toutes les fois que le jugement est appelé à prononcer, on ne croit pas avant la décision du jugement : par conséquent rien de ce qui a besoin da jugement n'est un principe. C'est donc à bon droit qu'après avoir saisi par la foi le principe qui échappe à toute démonstration, puisant dès lors par surcroit toutes nos démonstrations au principe essentiel, pour les appliquer au principe subordonné, nous sommes façonnés par la voix du Seigneur à la connaissance de la vérité. Nous n'ajouterons pas foi à la simple affirmation des hommes qui ont la permission d'affirmer également le contraire. Mais s'il ne nous suffit pas de dire simplement : Cela est ; s'il faut encore des arguments à l'appui de ce que nous avançons, alors, sans attendre le témoignage des hommes, nous éprouvons, par la parole du Seigneur, la question en litige, parole qui est plus digne de créance que la démonstration la plus lumineuse. Je me trompe; elle est la démonstration unique, la science par laquelle sont fidèles ceux-là même qui n'ont fait que goûter aux Écritures. Ceux qui ont été plus loin sont les parfaits indicateurs de la vérité. J'ai nommé les Gnostiques. Regardez dans la vie commune. L'artiste expérimenté l'emporte sur l'esprit dépourvu de culture ; il rend mieux que tes conceptions vulgaires toutes les notions du beau. Il en est de même du Chrétien. Empruntant à l'Ecriture elle-même la démonstration de l'Écriture, il persuade par la foi, qui se convertit en démonstration.

— Mais les hérétiques, me dira-t-on, appellent aussi à leur secours les traditions apostoliques, — A cela nous répondons qu'ils n'admettent pas tous les livres saints, ni chaque livre dans son intégrité, ni avec le sens que réclament le corps et la contexture de la prophétie. Mais que font-ils ? Ils choisissent à dessein quelques passages obscurs qu'ils emploient 667 à leurs propres opinions, en se bornant à des mots isolés, et en s'arrêtant à la lettre au lieu d'entrer dans l'esprit véritable du texte sacré. Telle est leur tactique ordinaire dans les passages qu'ils allèguent. N'envisageant que les mots, ou bien ils en altèrent la signification, ou bien ils ignorent quel est le sens légitime, ou bien ils enlèvent à l'autorité qu'ils mettent en avant son intention primitive. Mais la vérité ne se trouve pas dans l'altération du sens attaché aux mots, sans quoi la doctrine véritable croulerait promptement. La vérité se rencontre dans le sérieux examen de ce qui est parfaitement en harmonie avec le Seigneur et le Dieu tout-puissant ; l'explication doit toujours demeurer digne ; il faut de plus appuyer de textes semblables chacun des passages que l'on démontre par les Écritures. Les sectaires ne veulent donc pas se convertir à la vérité parce qu'ils rougissent de renoncer aux caresses de l'amour-propre. D'autre part, contraints de faire violence à l'Écriture, ils ne savent comment asseoir leurs opinions. Aussi quand ils se répandent dans la multitude pour y semer le poison de leurs nouveautés, sentant bien qu'ils sont en contradiction flagrante avec toutes les Écritures, toujours réfutés d'ailleurs par les raisonnements que nous leur opposons, ils continuent jusque nous sous nos yeux, ici, de rejeter une partie des livres saints, là, de nous calomnier sans pudeur. Ecoutez-les ! Ils prennent en pitié l'infériorité de notre nature : nous sommes incapables de comprendre des doctrines qui appartiennent à des esprits si relevés.

Les avez-vous convaincus de mensonge, il leur arrive souvent encore de nier les dogmes qu'ils professent, rougissant ainsi de proclamer au grand jour les maximes qu'ils se vantent d'enseigner dans les ténèbres. Ainsi font tontes les hérésies chaque fois que l'on combat la perversité de leurs inventions. En effet, dès que nous avons confondu les novateurs eu leur prouvant qu'ils se mettent en opposition avec les Écritures, ils ne manquent jamais de se jeter dans l'une de ces deux extrémités ; ou bien ils repoussent la conséquence de leurs dogmes, ou bien ils foulent aux pieds la prophétie, disons-mieux, leur propre 668 espérance. La prétendue évidence qui sourit à leur raison individuelle, ils la préfèrent constamment aux oracles du Seigneur parlant par la bouche des prophètes, aux vérités de l'Évangile, et au témoignage par lequel les apôtres ont confirmé ces dernières. Menacés, non pas seulement dans l'existence d'un de leurs dogmes, mais dans le salut et le maintien de leur hérésie, chercheront-ils la vérité? Ne le croyez pas. Ils méprisent comme basse et rampante une doctrine facile et professée par tous, qu'ils ont lue dans le sein de l'Église; et, à force de viser à des conceptions moins vulgaires dans le domaine de la foi, ils se jettent hors du chemin de la vérité. Comme ils n'ont ni étudié les mystères de la connaissance dont l'Église a le dépôt, ni compris l'excellence de la vérité, parce que leur incurie, contente de lire à la surface, a négligé de pénétrer jusque dans le fond des choses, ils ont dit adieu au Écritures. Les voilà donc enflés de la vaine opinion de leur » gesse, livrés à d'interminables débats et prouvant avec la dernière évidence qu'ils courent bien plus après les apparences de la philosophie qu'après la philosophie réelle. Plus de principes nécessaires sur lesquels ils veuillent s'appuyer; pour fondement unique, des opinions humaines ; désir d'ailleurs effréné de parvenir à leur fin. Conséquemment plus ils se voient convaincus, plus ils redoublent de fureur contre ceux qui les combattent avec la philosophie réelle. Ils se jetteront dans tous les excès, ils remueront ciel et terre, comme dit le proverbe (59) et ne craindront pas de nier les Écritures, par une scandaleuse impiété, plutôt que de renoncer à la réputation dont ils jouissent dans leur secte, plutôt que de renoncer à ce siège d'honneur, si vanté dans leurs conciliabules et en vertu duquel ils vont occuper la première place à ces repas qu'ils décorent faussement du titre d'agapes. Tel n'est pas le Christianisme. Chez nous l'admission de la vérité part d'un principe certain, afin 669 d'amener la foi à croire ce qu'elle ne croit pas encore. C'est là, pour ainsi dire, l'essence de la démonstration.

Mais les oreilles de l'hérésie, fermées, dès l'origine, à tout ce qui est utile, ce me semble, ne s'ouvrent qu'aux paroles agréables et flatteuses. Sans quoi le sectaire reviendrait de son égarement, s'il voulait simplement obéir à la vérité. Or, l'amour propre, comme en général toute passion, se guérit par trois moyens : d'abord connaitre le principe mauvais ; secondement savoir par quel remède il faut le combattre ; en troisième lieu, exercer son âme et s'accoutumer à suivre les jugements de la saine raison. Pareille à l'œil malade dont le regard s'altère, l'âme, que troublent toutes ces opinions opposées à la nature, ne peut plus distinguer dans leur plénitude les rayons de la vérité. Les objets les plus voisins de ses yeux se confondent. Voilà pourquoi le pêcheur lui aussi commence par troubler l'eau, afin de mieux prendre les anguilles après leur avoir dérobé la vue (60) . De même que des disciples pervers chassent le maitre, les sectaires éloignent de leurs Églises les prophéties, toujours suspectes à leurs yeux, parce qu'ils en craignent les réprimandes et les avertissements. Aussi que de laborieux commentaires, que de mensonges ajustés les uns aux autres pour justifier l'exclusion qu'ils donnent aux Écritures! Vous êtes des impies, pouvons-nous leur dire, puisque vous n'obtempérez pas aux préceptes divins, c'est-à-dire, au Saint-Esprit. On appelle vides, non pas seulement les amandes qui ne renferment pas de fruits, mais encore celles qui ne renferment qu'une pulpe inutile. Par une dénomination semblable, nous disons qu'ils sont vides de la volonté de Dieu, vides des traditions du Christ, les hérétiques qui, non moins amers que l'amande sauvage, se constituent les chefs de leurs propres dogmes, à moins que, grâce à l'évidence de la vérité, ils n'aient été contraints d'en garder quelques-uns qu'ils n'ont pu ni déposer ni soustraire.

Sur un champ de bataille, le soldat ne peut abandonner, 670 sans crime, le poste que lui assigna son général : soldats du Christ, nous devons garder non moins fidèlement le poste où nous plaça le Verbe que nous avons reçu pour chef de la connaissance et de la vie. Mais le vulgaire marche à l'aventure sans même se demander s'il est besoin d'un chef, quel il doit être, et comment il faut suivre ses drapeaux, il convient, en effet, au fidèle de modeler sa vie sur le Verbe, afin de pouvoir suivre le Dieu qui, dès l'origine, conduit toutes choses avec sagesse. Mais, après avoir prévariqué contre le Verbe, et par lai contre Dieu, quelque infortuné vient-il à s'affaiblir par l'apparition soudaine de quelque opinion chimérique, qu'il travaille a placer sous sa main les arguments de la raison et de la vérité. Si, déjà vaincu pur une habitude qui a prévalu, il est devenu, selon le langage de l'Écriture (61) un homme de la multitude, il fait qu'il veille à détruire en lui le germe funeste, et qu'il exerce son âme à résister aux entraînements de l'habitude. Que s'il semble absorber quelques dogmes ennemis et qui se combattant à lui de les écarter soigneusement, et de recourir à ceux qui, habiles à pacifier les dogmes tumultueux, et à enchanter, par les divines Écritures, les natures sauvages et grossières, rendent la vérité sensible par l'accord des deux Testaments. Mais telle est la nature de l'homme. Il incline plus volontiers l'oreille aux choses de l'opinion, quelque contradictoires qu'elles poissent être, qu'à la vérité elle-même, parce que la vérité est grave et austère.

Trois affections diverses se disputent notre âme, l'ignorance, l'opinion, la science. L'ignorance est le partage des nations ; la science appartient à l'Église ; l'opinion, aux disciples de l'hérésie. Ces hommes qui prennent l'opinion pour guide, n'affirment aucune de leurs inventions avec plus d'évidence que ne le font les hommes de la science, puisqu' ils se contentent d'affirmer sans produire de démonstration. Aussi quel mépris ils affichent les uns pour les autres ! comme ils se poursuivent de leurs railleries mutuelles I comme le sentiment, admiré par celui-ci, est tenu par celui-là pour la plus insigne des 671 extravagances ! Nous savons, pour l'avoir appris, qu'autre est le plaisir qu'il faut attribuer aux nations infidèles, autre l'esprit de rivalité qui déchire le sein de l'hérésie, autre la joie qui est le caractère spécial de l'Église, autre enfin l'allégresse, apanage exclusif du véritable Gnostique. Confiez-vous aux mains d'un maitre : Ischomaque fera de vous un laboureur, Lampis (62), un nautonier ; Charidème, un général ; Simon (63), un cavalier ; Perdix, un cabaretier; Crobyle (64), un cuisinier; Archélaüs, un danseur ; Homère, un poète ; Pyrrhon, un sophiste ; Chrysippe, un dialecticien ; Aristote, un observateur de la nature ; Platon enfin, un philosophe. Ainsi l'homme qui obéit au Seigneur et se montre docile à la prophétie émanée du Seigneur, se moule exactement sur l'image de son maitre. C'est un Dieu dans une chair mortelle.

Mais ils se précipitent de ces hauteurs, ceux qui refusent de suivre Dieu partout où il les conduit : or, Dieu conduit l'homme par les Écritures, qui sont divinement inspirées. Quoique les fautes dans lesquelles nous tombons soient sans nombre, elles dérivent toutes de deux principes, l'ignorance et la fragilité ; l'une et l'autre sont laissées à notre disposition, quand nous ne voulons ni apprendre, ni nous contenir. Par l'une, nous sommes hors d'état de juger sainement ; par l'autre, nous ne pouvons mener à terme les sages décisions. Je vous le de- 672 mande, avec des opinions erronées, pourrez-vous accomplir le bien, même en vous supposant assez d'énergie pour exécuter te dessein que vous avez conçu ? D'autre part, que la sagacité de votre esprit discerne le devoir, vivrez-vous exempt de tout reproche, si l'indolence de votre caractère ne sait pas mettre la main à l'œuvre ? Double infirmité de l'âme, qui se guérit conséquemment par deux enseignements divers ! L'ignorance est combattue par la Gnose et par l'évidente démonstration qui repose sur le témoignage des Écritures. La fragilité a pour remède cette lutte généreuse, avouée par le Verbe, et qui s'enseigne à l'école de la crainte et de la foi. L'une et l'autre le consomment par des accroissements successifs dans la perfection de la charité. Une double fin, si je ne me trompe, est ici proposée au Gnostique : dans quelques points il contemple d'après l'intuition de la science; dans d'autres, sa vie est toute d'action. Puissent, nous le souhaitons, les hérétiques nommés ci-dessus, revenir de leurs égarements à la lecture de nos commentaires, et se convertir au Dieu tout-puissant ! Mais si, pareils à des serpents sans oreilles, expression qui, pour être nouvelle, n'en est pas moins très-ancienne, ils n'écoutent pas le cantique du salut, ils seront infailliblement châtiés par Dieu, et subiront ces admonitions paternelles qui précèdent le jugement, jusqu'à ce qu'ils rougissent de leurs prévarications, et les pleurent dans les larmes du repentir. Mais, de grâce, qu'ils ne se jettent point, par une monstrueuse indocilité, dans les conséquences et la consommation du jugement ! Il est certaines disciplines partielles auxquelles nous donnons le nom de régime correctif. Telles sont les épreuves que subissent quelques-uns de nos frères quand ils sont tombés dans la prévarication, membres déchus de la nation chère au Seigneur. Mais la Providence nous châtie comme un maître ou comme un père châtie des enfants. Dieu ne punit pas : la punition, c'est la représailles de l'injure : il châtie en général comme en particulier, pour l'utilité de ceux qu'il éprouve.

Ces réflexions m'ont été suggérées en partie afin d'empêcher ceux qui ont du goût pour l'instruction de se jeter par orgueil 673 dans l'hérésie ; en partie afin de porter remède à une ignorance qui n'est qu'à la surface, soit extravagance, soit mauvaise disposition, soit tout autre affection de même nature; en partie aussi afin de ramener de l'erreur à la vérité ceux dont la guérison n'est pas absolument sans espoir. Il est des malades opiniâtres qui n'essaient pas même de prêter l'oreille aux exhortations de la vérité. Ils font plus, ils s'arment de frivolités et d'impudence ; blasphémateurs hardis de la vérité, les voilà qui s'attribuent la connaissance des dogmes les plus relevés, et cela, sans avoir rien appris, sans examen, sans effort préalable, sans avoir découvert la moindre conséquence. Lamentable perversité, qui mérite mille fois plus de pitié que de haine ! Mais s'il est un malade susceptible encore de guérison et capable d'endurer la sainte franchise de la liberté qui, pareille à la flamme ou à l'acier, tranche et brûle les fausses opinions, je l'en conjure, qu'il ouvre les oreilles de l'âme. Cela ne manquera point d'arriver, si on ne prend pas conseil de la mollesse et de l'indolence pour refouler la vérité, ou si un vain désir de gloire ne jette pas dans la violence et l'innovation. Je dis qu'il y a mollesse et indolence chez les hommes, lorsque, pouvant puiser dans les Écritures elles-mêmes des démonstrations en harmonie avec les Écritures, ils négligent absolument ce devoir, et embrassent les opinions qui flattent leurs désirs. Les autres sont maîtrisés par un vain amour de gloire, lorsqu'éludant volontairement les doctrines conformes aux Écritures divinement inspirées, telles que les bienheureux apôtres et nos maîtres nous les ont transmises, ils opposent par des raisonnements étrangers les pensées de l'homme aux traditions de Dieu pour constituer l'hérésie. Parmi ces grands hommes dont l'autorité fut si décisive dans la science dont l'Église a le dépôt, quelle découverte restait-il à faire, à un Marcion par exemple, à un Prodicus, et à leurs pareils qui n'ont pas marché dans la voie droite ? Assurément ils n'ont pu surpasser en sagesse leurs devanciers, ni inventer une vérité nouvelle qu'il faille ajouter aux précédentes. Apprendre tout ce qui avait été transmis jusqu'à eux était une gloire dont ils devaient déjà se contenter.

Le 674 Gnostique est donc le seul qui, ayant vieilli sur les Ecritures et gardant l'inviolable pureté des dogmes qui lui viennent des apôtres et de l'Eglise, vive d'une vie bien réglée selon l'Evangile et trouve des démonstrations telles qu'il les cherche. Faut-il s'en étonner ? Il s'inspire du Seigneur, de la loi et des prophètes. La vie du Gnostique, en effet, ne me semble qu'un enchainement d'actions et de paroles conformes aux traditions du Seigneur.

Mais « tous ne sont pas éclairés. Car, dit l'apôtre, vous ne devez pas ignorer, mes frères, que nos pères ont tous été sous la nuée, qu'ils ont tons mangé la même viande mystérieuse, et qu'ils ont bu le même breuvage mystérieux, » confirmant ainsi manifestement que tous ceux qui entendent la parole du Verbe n'ont pas compris, soit en actions, soit en paroles, la grandeur de la connaissance. Aussi l'apôtre ajoute-t-il : « Cependant la plupart d'entre eux ne furent point agréables. »  A qui ne furent ils point agréables ? A celui-là même qui a prononcé ces mots : « Pourquoi m'appelez-vous, Seigneur, et ne faites-vous pas la volonté de mon père, » c'est-à-dire, pourquoi n'observez- vous pas la doctrine du Sauveur, aliment spirituel, breuvage mystérieux qui ne connait pas la soif, fontaine d'où jaillit l'eau de la vie gnostique? — Mais « la Science enfle le cœur, (65) m'objecte-t-on. » — Sans doute, la connaissance qui n'existe que dans les dehors enfle s'il faut entendre par ce mot les fumées de l'orgueil ; si au contraire, et ce sens nous nous parait préférable, l'expression de l'apôtre équivaut à comprendre dans toute la magnificence et la plénitude de la vérité, la question litigieuse a trouvé par là même sa solution. Suivant pas à pas les Écritures, confirmons cette interprétation par un témoignage analogue.

« La sa- 675 gesse, dit Salomon, a enflé le cœur de ses enfants. » Assurément le Seigneur n'a pas déposé l'insolence et l'orgueil  au fond de quelques parcelles de doctrine ; mais son prophète a voulu dire que se confier à la vérité, et nourrir des idées magnifiques dans la connaissance que transmettent les Écritures, sont deux choses par lesquelles nous apprenons à mépriser tous les entrainements au péché. L'expression enflé n'a pas ici d'autre sens. Elle nous manifeste la magnificence de la sagesse dans ceux qui sont les fils de Dieu par la doctrine. Plus loin l'apôtre nous dit encore : « Alors je connaitrai non les paroles de ceux qui sont enflés, mais leurs actes; » c'est-à-dire, s'ils comprennent les Écritures dans toute leur magnificence, ou dans la plénitude de la vérité, car qu'y a-t-il de plus magnifique que la vérité ? Là, en effet, réside la vertu des fils que la sagesse a enflés. Comme si l'apôtre disait : Je saurai si vous avez raison de penser magnifiquement de votre connaissance. « Dieu « est connu dans Juda, » s'écrie David; qu'est-ce à dire? Dieu est connu de ceux qui sont Israélites par la connaissance ; car Judée signifie confession. Quelle sagesse donc dans ces prescriptions de l'apôtre : « Vous ne commettrez point d'adultère ; vous ne tuerez point, vous ne déroberez point; vous ne désirerez rien des biens de votre prochain, et s'il est quelque autre commandement, ils sont tous compris dans cette parole : Vous aimerez votre prochain comme vous-même ! » En effet, il ne faut jamais, à l'exemple des hérétiques, adultérer la vérité, ni dérober la règle de l'Église pour satisfaire un vain désir de gloire personnelle au détriment du prochain, auquel nous devons apprendre à chérir et à embrasser la vérité. Aussi nous a-t-il été formellement dit  : « Annoncez parmi les peuples les œuvres de Dieu, » afin que ceux qui les auront entendues, au lieu d'être jugés, se convertissent. « Mais tous ceux qui cachent l'artifice dans leurs paroles » sont châtiés par des peines dont la sentence est déjà portée.

 

 

 

 

Οἱ τοίνυν τῶν ἀσεβῶν ἁπτόμενοι λόγων ἄλλοις τε ἐξάρχοντες μηδὲ εὖ τοῖς λόγοις τοῖς θείοις, ἀλλὰ ἐξημαρτημένως συγχρώμενοι«, οὔτε αὐτοὶ εἰσίασιν εἰς τὴν βασιλείαν τῶν οὐρανῶν οὔτε οὓς ἐξηπάτησαν ἐῶσιν τυγχάνειν τῆς ἀληθείας. Ἀλλ´ οὐδὲ τὴν κλεῖν ἔχοντες αὐτοὶ τῆς εἰσόδου, ψευδῆ δέ τινα καί, ὥς φησιν ἡ συνήθεια, ἀντικλεῖδα, δι´ ἧς οὐ τὴν αὐλείαν ἀναπετάσαντες, ὥσπερ ἡμεῖς διὰ τῆς τοῦ κυρίου παραδόσεως εἴσιμεν, παράθυρον δὲ ἀνατεμόντες καὶ διορύξαντες λάθρᾳ τὸ τειχίον τῆς ἐκκλησίας, ὑπερβαίνοντες τὴν ἀλήθειαν, μυσταγωγοὶ τῆς τῶν ἀσεβῶν ψυχῆς καθίστανται. Ὅτι γὰρ μεταγενεστέρας τῆς καθολικῆς ἐκκλησίας τὰς ἀνθρωπίνας συνηλύσεις πεποιήκασιν, οὐ πολλῶν δεῖ λόγων. Ἡ μὲν γὰρ τοῦ κυρίου κατὰ τὴν παρουσίαν διδασκαλία ἀπὸ Αὐγούστου καὶ Τιβερίου Καίσαρος ἀρξαμένη μεσούντων τῶν † Αὐγούστου χρόνων τελειοῦται, ἡ δὲ τῶν ἀποστόλων αὐτοῦ μέχρι γε τῆς Παύλου λειτουργίας ἐπὶ Νέρωνος τελειοῦται, κάτω δὲ περὶ τοὺς Ἀδριανοῦ τοῦ βασιλέως χρόνους οἱ τὰς αἱρέσεις ἐπινοήσαντες γεγόνασι, καὶ μέχρι γε τῆς Ἀντωνίνου τοῦ πρεσβυτέρου διέτειναν ἡλικίας, καθάπερ ὁ Βασιλείδης, κἂν Γλαυκίαν ἐπιγράφηται διδάσκαλον, ὡς αὐχοῦσιν αὐτοί, τὸν Πέτρου ἑρμηνέα. Ὡσαύτως δὲ καὶ Οὐαλεντῖνον Θεοδᾶ διακηκοέναι φέρουσιν· γνώριμος δ´ οὗτος γεγόνει Παύλου. Μαρκίων γὰρ κατὰ τὴν αὐτὴν αὐτοῖς ἡλικίαν γενόμενος ὡς πρεσβύτης νεωτέροις συνεγένετο. † μεθ´ ὃν Σίμων ἐπ´ ὀλίγον κηρύσσοντος τοῦ Πέτρου ὑπήκουσεν. Ὧν οὕτως ἐχόντων συμφανὲς ἐκ τῆς προγενεστάτης καὶ ἀληθεστάτης ἐκκλησίας τὰς μεταγενεστέρας ταύτας καὶ τὰς ἔτι τούτων ὑποβεβηκυίας τῷ χρόνῳ κεκαινοτομῆσθαι παραχαραχθείσας αἱρέσεις.

κ τῶν εἰρημένων ἄρα φανερὸν οἶμαι γεγενῆσθαι μίαν εἶναι τὴν ἀληθῆ ἐκκλησίαν τὴν τῷ ὄντι ἀρχαίαν, εἰς ἣν οἱ κατὰ πρόθεσιν δίκαιοι ἐγκαταλέγονται. Ἑνὸς γὰρ ὄντος τοῦ θεοῦ καὶ ἑνὸς τοῦ κυρίου, διὰ τοῦτο καὶ τὸ ἄκρως τίμιον κατὰ τὴν μόνωσιν ἐπαινεῖται, μίμημα ὂν ἀρχῆς τῆς μιᾶς. Τῇ γοῦν τοῦ ἑνὸς φύσει συγκληροῦται ἐκκλησία ἡ μία, ἣν εἰς πολλὰς κατατέμνειν βιάζονται αἱρέσεις. Κατά τε οὖν ὑπόστασιν κατά τε ἐπίνοιαν κατά τε ἀρχὴν κατά τε ἐξοχὴν μόνην εἶναί φαμεν τὴν ἀρχαίαν καὶ καθολικὴν ἐκκλησίαν, »εἰς ἑνότητα πίστεως« μιᾶς, τῆς κατὰ τὰς οἰκείας διαθήκας, μᾶλλον δὲ κατὰ τὴν διαθήκην τὴν μίαν διαφόροις τοῖς χρόνοις, ἑνὸς τοῦ θεοῦ τῷ βουλήματι δι´ ἑνὸς τοῦ κυρίου συνάγουσαν τοὺς ἤδη κατατεταγμένους· οὓς προώρισεν ὁ θεός, δικαίους ἐσομένους πρὸ καταβολῆς κόσμου ἐγνωκώς. Ἀλλὰ καὶ ἡ ἐξοχὴ τῆς ἐκκλησίας, καθάπερ ἡ ἀρχὴ τῆς συστάσεως, κατὰ τὴν μονάδα ἐστίν, πάντα τὰ ἄλλα ὑπερβάλλουσα καὶ μηδὲν ἔχουσα ὅμοιον ἢ ἴσον ἑαυτῇ.

Ταυτὶ μὲν οὖν καὶ εἰς ὕστερον. Τῶν δ´ αἱρέσεων αἳ μὲν ἀπὸ ὀνόματος προσαγορεύονται, ὡς ἡ ἀπὸ Οὐαλεντίνου καὶ Μαρκίωνος καὶ Βασιλείδου, κἂν τὴν Ματθίου αὐχῶσι προσάγεσθαι δόξαν· μία γὰρ ἡ πάντων γέγονε τῶν ἀποστόλων ὥσπερ διδασκαλία, οὕτως δὲ καὶ ἡ παράδοσις· αἳ δὲ ἀπὸ τόπου, ὡς οἱ Περατικοί, αἳ δὲ ἀπὸ ἔθνους, ὡς ἡ τῶν Φρυγῶν, αἳ δὲ ἀπὸ ἐνεργείας, ὡς ἡ τῶν Ἐγκρατητῶν, αἳ δὲ ἀπὸ δογμάτων ἰδιαζόντων, ὡς ἡ τῶν Δοκητῶν καὶ ἡ τῶν Αἱματιτῶν, αἳ δὲ ἀπὸ ὑποθέσεων καὶ ὧν τετιμήκασιν, ὡς Καϊανισταί τε καὶ οἱ Ὀφιανοὶ προσαγορευόμενοι, αἳ δὲ ἀφ´ ὧν παρανόμως ἐπετήδευσάν τε καὶ ἐτόλμησαν, ὡς τῶν Σιμωνιανῶν οἱ Ἐντυχῖται καλούμενοι.
 

676 CHAPITRE XVII.

 

Le second moyen pour découvrir la vérité consiste à examiner laquelle des deux traditions possède l'antériorité, celle de l'Église ou celle de l'hérésie.

Que font donc les téméraires qui abordent les discours tapies et les transmettent à leurs adhérents? Ils corrompent les divines Écritures dont ils abusent ; ils se ferment à eux-mêmes l'entrée du ciel ; et ils égarent, loin de la vérité, les victimes qu'ils ont trompées. N'ayant pas la clé qui ouvre la porte d'entrée, pour s'introduire, comme nous le faisons, en tirant le voile et par la tradition du Seigneur, à la clé véritable ils substituent la fausse clé, la clé de derrière, pour parler la langue proverbiale ; ils abattent la porte, ils percent ténébreusement le mur de l'Église, et, sacrilèges violateurs de la vérité, ils se proclament les initiateurs des mystères impies de l'âme. En effet, que leurs conciliabules sans autre autorité que celle de l'homme, soient postérieurs à l'Église catholique, il ne faut pas de longs arguments pour décider la question. La prédication du Seigneur, manifestée par son Incarnation, commence à Auguste et finit à peu près vers le milieu du règne de Tibère. La prédication de ses apôtres, y compris le ministère de Paul, s'achève sous Néron. Ce ne fut que plus tard, vers l'époque de l'empereur Adrien environ, que parurent les chefs de l'hérésie. Ils se propagèrent jusqu'au règne du premier Antonin, tel que Basilide, par exemple, quoi qu'il se donne pour disciple de Glaucias, qui lui-même, s'il en faut croire les Novateurs, fut l'interprète de Pierre. On dit aussi que Valentin eut pour maitre Theudas, disciple de Paul. Quant à Marcion, qui naquit à peu près en même temps que ces derniers, sa vieillesse s'éteignit dans des sectes plus jeunes que la sienne. Avant lui, Simon put entendre un moment les prédications de Pierre. Si ce calcul est juste, la priorité et la légitimité de l'Église attestent manifestement que les sectes qui naquirent après elle et 677 celles qui touchent à notre époque, filles du temps, sont marquées du sceau honteux de l'adultère.

Il sort de ce qui précède qu'il n'y a qu'une seule Église véritable, l'Église, à laquelle appartient à juste titre l'antériorité, et dans le catalogue de laquelle sont inscrits ceux qui sont justes avec la ferme volonté de l'être. Il n'y a qu'un Dieu, qu'un seul Seigneur. Conséquemment la chose éminemment digne de notre vénération ici-bas, se distingue aussi par son unité, reflet du principe unique. L'Église qui est une et que les Novateurs essaient de diviser violemment en une infinité d'Églises, s'unit donc inséparablement dans l'individualité d'une seule et même nature. Essence, dogme, principe, excellence, nous proclamons une sur chacun de ces points l'Église ancienne, l'Église catholique, dont tous les membres conspirent vers l'unité d'une même foi et qui s'appuie sur les Testaments particuliers, je me trompe, sur le Testament qui conserva son inviolable unité aux diverses époques, où, d'après la volonté d'un seul Dieu et par un seul Seigneur, il convoque sous ses lois les élus et les prédestinés de Dieu, parce que Dieu connaissait, par sa prescience, même avant le berceau du monde, que ces élus et ces prédestinés pratiqueraient la justice. Au reste, la dignité de l'Église, non moins que son principe constitutif, repose sur l'unité ; supérieure à tout ce qui existe, elle ne connait rien sur la terre qui lui ressemble ou qui l'égale.

Mais nous nous réservons de traiter ensuite cette matière. Parmi les hérésies, les unes portent le nom de leur chef, comme celles des Valentiniens, des Marcionites, des Basilidiens, quoiqu'ils se vantent de suivre les sentiments de Mathias. Mensonge grossier ! la doctrine de tous les apôtres est une aussi bien que la tradition. Les autres portent le nom du lien qui les vit naître ; les Pératiques, par exemple (66). Celles-ci reçoivent leur dénomination de la contrée à laquelle elles appartiennent, tels 676 que les Phrygiens (67) ; celles-là des pratiques auxquelles dis se livrent, tels que les Encratites ou Continents (68) ; quelques-unes sont caractérisées par les dogmes qu'elles professent, les Dokètes (69) et les Hématites (70) par exemple ; quelques antres par leurs rêveries et les simulacres objets de leur adoration; de ce nombre sont les Cainites (71) et les Ophites (72) ; d'autres enfin doivent leur désignation à leurs déportements et à leur audace, comme les disciples de Simon dont le nom s'est converti en Eutychites (73).

 

 

 

Ὀπὴν οὖν τινα ὀλίγην ὑποδείξαντες »τοῖς φιλοθεάμοσι τῆς ἀληθείας« ἐκ τοῦ κατὰ τὰς θυσίας νόμου περί τε Ἰουδαίων τῶν χυδαίων περί τε τῶν αἱρέσεων μυστικῶς διακρινομένων, ὡς ἀκαθάρτων, ἀπὸ τῆς [περὶ καθαρῶν καὶ ἀκαθάρτων ζῴων] θείας ἐκκλησίας, καταπαύσωμεν τὸν λόγον. Τὰ μὲν γὰρ διχηλοῦντα καὶ μηρυκισμὸν ἀνάγοντα τῶν ἱερείων καθαρὰ καὶ δεκτὰ τῷ θεῷ παραδίδωσιν ἡ γραφή, ὡς ἂν εἰς πατέρα καὶ εἰς υἱὸν διὰ τῆς πίστεως τῶν δικαίων τὴν πορείαν ποιουμένων (αὕτη γὰρ ἡ τῶν διχηλούντων ἑδραιότης) τῶν »τὰ λόγια τοῦ θεοῦ« »νύκτωρ καὶ μεθ´ ἡμέραν μελετώντων« καὶ ἀναπεμπαζομένων ἐν τῷ τῆς ψυχῆς τῶν μαθημάτων δοχείῳ, ἣν * καὶ συνάσκησιν γνωστικὴν ὑπάρχουσαν καθαροῦ ζῴου μηρυκισμὸν ὁ νόμος ἀλληγορεῖ. Ὅσα δὲ μήτε ἑκάτερον μήτε τὸ ἕτερον τούτων ἔχει, ὡς ἀκάθαρτα ἀφορίζει. Αὐτίκα τὰ ἀνάγοντα μηρυκισμόν, μὴ διχηλοῦντα δέ, τοὺς Ἰουδαίους αἰνίσσεται τοὺς πολλούς, οἳ τὰ μὲν λόγια τοῦ θεοῦ ἀνὰ στόμα ἔχουσιν, τὴν δὲ πίστιν καὶ τὴν βάσιν δι´ υἱοῦ πρὸς τὸν πατέρα παραπέμπουσαν οὐκ ἔχουσιν ἐπερειδομένην τῇ ἀληθείᾳ. Ὅθεν καὶ ὀλισθηρὸν τὸ γένος τῶν τοιούτων θρεμμάτων, ὡς ἂν μὴ σχιδανοπόδων ὄντων μηδὲ τῇ διπλόῃ τῆς πίστεως ἐπερειδομένων· »οὐδεὶς γάρ«, φησί, »γινώσκει τὸν πατέρα εἰ μὴ ὁ υἱὸς καὶ ᾧ ἂν ὁ υἱὸς ἀποκαλύψῃ.« ἔμπαλίν τε αὖ ἀκάθαρτα ὁμοίως κἀκεῖνα, ὅσα διχηλεῖ μέν, μηρυκισμὸν δὲ οὐκ ἀνάγει. Ταυτὶ γὰρ τοὺς αἱρετικοὺς ἐνδείκνυται ὀνόματι μὲν πατρὸς καὶ υἱοῦ ἐπιβεβηκότας, τὴν δὲ τῶν λογίων ἀκριβῆ σαφήνειαν λεπτουργεῖν καὶ καταλεαίνειν ἐξασθενοῦντας, πρὸς δὲ καὶ τὰ ἔργα τῆς δικαιοσύνης ὁλοσχερέστερον, οὐχὶ δὲ ἀκριβέστερον μετερχομένους, εἴ γε καὶ μετέλθοιεν. Τοιούτοις τισὶν ὁ κύριος λέγει· »τί με λέγετε ‹κύριε κύριε› καὶ οὐ ποιεῖτε ἃ λέγω;« ἀκάθαρτοι δὲ πάμπαν οἱ μὴ διχηλοῦντες μηδὲ ἀνάγοντες μηρυκισμόν.µ

ὑμεῖς δ´, ὦ Μεγαρεῖς,
φησὶν ὁ Θέογνις,
οὔτε τρίτοι οὔτε τέταρτοι
οὔτε δυωδέκατοι οὔτ´ ἐν λόγῳ οὔτ´ ἐν ἀριθμῷ.
«ἀλλ´ ἢ ὡς ὁ χνοῦς, ὃν ἐκρίπτει ὁ ἄνεμος ἀπὸ προσώπου τῆς γῆς»
καὶ «ὡς σταγὼν ἀπὸ κάδου».

Τούτων ἡμῖν προδιηνυσμένων καὶ τοῦ ἠθικοῦ τόπου ὡς ἐν κεφαλαίῳ ὑπογραφέντος, σποράδην, ὡς ὑπεσχήμεθα, καὶ διερριμμένως τὰ ζώπυρα τῶν τῆς ἀληθοῦς γνώσεως ἐγκατασπείραντες δογμάτων, ὡς μὴ ῥᾳδίαν εἶναι τῷ περιτυχόντι τῶν ἀμυήτων τὴν τῶν ἁγίων παραδόσεων εὕρεσιν, μετίωμεν ἐπὶ τὴν ὑπόσχεσιν. Ἐοίκασι δέ πως οἱ Στρωματεῖς οὐ παραδείσοις ἐξησκημένοις ἐκείνοις τοῖς ἐν στοίχῳ καταπεφυτευμένοις εἰς ἡδονὴν ὄψεως, ὄρει δὲ μᾶλλον συσκίῳ τινὶ καὶ δασεῖ κυπαρίσσοις καὶ πλατάνοις δάφνῃ τε καὶ κισσῷ, μηλέαις τε ὁμοῦ καὶ ἐλαίαις καὶ συκαῖς καταπεφυτευμένῳ, ἐξεπίτηδες ἀναμεμιγμένης τῆς φυτείας καρποφόρων τε ὁμοῦ καὶ ἀκάρπων δένδρων διὰ τοὺς ὑφαιρεῖσθαι καὶ κλέπτειν τολμῶντας τὰ ὥρια, ἐθελούσης λανθάνειν τῆς γραφῆς. Ἐξ ὧν δὴ μεταμοσχεύσας καὶ μεταφυτεύσας ὁ γεωργὸς ὡραῖον κατακοσμήσει παράδεισον καὶ ἄλσος ἐπιτερπές. Οὔτ´ οὖν τῆς τάξεως οὔτε τῆς φράσεως στοχάζονται οἱ Στρωματεῖς, ὅπου γε ἐπίτηδες καὶ τὴν λέξιν οὐχ Ἕλληνες εἶναι βούλονται καὶ τὴν τῶν δογμάτων ἐγκατασπορὰν λεληθότως καὶ οὐ κατὰ τὴν ἀλήθειαν πεποίηνται, φιλοπόνους καὶ εὑρετικοὺς εἶναι τοὺς 〈ἀναγιγνώσκοντας〉 εἴ τινες τύχοιεν παρασκευάζοντες. Πολλὰ γὰρ τὰ δελέατα καὶ ποικίλα διὰ τὰς τῶν ἰχθύων διαφοράς.

Καὶ δὴ μετὰ τὸν ἕβδομον τοῦτον ἡμῖν Στρωματέα τῶν ἑξῆς ἀπ´ ἄλλης ἀρχῆς ποιησόμεθα τὸν λόγον.
 

679 CHAPITRE XVIII.

 

Le sens mystique de la loi, quand elle classe les animaux en purs et en impurs, peut encore aider à distinguer de l'Eglise les Juifs et les hérétiques.

Pour nous, aussitôt que nous aurons ouvert aux regards avides une sorte de fenêtre par où ils pourront contempler l'intérieur de l'Église, content d'avoir indiqué comment les prescriptions de la loi (74), en classant les victimes pures et impures, désignaient dans un sens mystique les Juifs, les hérétiques et les infidèles qu'elles séparaient ainsi de l'Église, nous arrêterons à ce point la marche de notre discours. Les animaux qui ont la corne du pied fendue et qui ruminent, victimes pures et agréables à Dieu, suivant l'Écriture, sont l'emblème des justes qui marchent par la foi vers le Père et le Fils. La stabilité est le partage de ceux qui ont la corne du pied fendue et qui ruminent le jour comme la nuit l'aliment de la sainte doctrine dans le réceptacle de l'âme. Quand la loi mosaïque nous parle de victime pure qui rumine, elle a donc voulu nous désigner allégoriquement l'exercice de la gnose. Mais les animaux qui n'ont pas les deux ou au moins l'une des deux propriétés légales, elle les répudie comme immondes. Ceux qui ruminent, sans avoir la corne du pied fendue, représentent symboliquement le vulgaire des Juifs qui, tout eu ayant à la bouche la parole du Seigneur, n'ont cependant ni la foi, ni la base qui repose sur la vérité, et conduit au Père par la médiation du Fils. De là vient que cette espèce d'animaux trébuche facilement, faute d'avoir les pieds fendus et de s'appuyer sur le double support de la foi. « Car nul ne connait le Père, si ce n'est le Fils, et ce« lui auquel le Fils l'a révélé. » D'autre part, les animaux sont encore immondes, lorsqu'avec la corne du pied fendue ils n'ont 680 pas cependant la faculté de ruminer. Cette catégorie représente les hérétiques qui marchent au nom du Père et du Fils, mais qui, impuissants à triturer l'interprétation des saintes paroles, et à réduire la doctrine en subtiles molécules, n'exécutent que grossièrement, sans soin ni exactitude, les œuvres de la justice, si tant est qu'ils les exécutent. C'est à eux et à leurs pareils que le Seigneur adresse ces mots : « Pourquoi me dites-vous Seigneur ! Seigneur ! et ne faites-vous pas ce que je vous ordonne ? » Quant à ceux qui n'ont pas la corne du pied fendue, et qui de plus ne ruminent pas, la loi les déclare entièrement immondes.

« Pour vous, habitants de Mégare, s'écrie Théognis, vous n'occupez ni le troisième, ni le quatrième, ni le douzième rang, soit en raison, soit en nombre (75). » — Qu'êtes-vous donc ? « Une paille légère que le vent emporte de la surface du sol (76) ; une goutte d'eau dans un vase d'airain (77). »

Nous avons comme préludé par ces matières. Maintenant que, fidèle à notre engagement, nous avons discuté rapidement et a diverses reprises le point de morale ; maintenant que les dogmes auxquels s'allume le flambeau de la connaissance véritable ont été disséminés par nous, ça et là, dans le bat de dérober les .saintes traditions à ceux qui ne sont pas initiés aux mystères, mettons la main à la discussion que nous avons promise. Nos livres des Stromates, sont loin de ressembler à ces jardins soigneusement entretenus où les arbres et les plantes sont alignés dans un ordre symétrique pour le plaisir des yeux. Je les comparerais plus volontiers à un coteau chargé d'ombres et de fraîcheur, où croissent le cyprès, le platane, le laurier, le lierre, le pommier, l'olivier et le figuier, de sorte que la plante stérile s'élève a côté de l'arbre fécond. Pourquoi ce désordre apparent ? Parce que l'Écriture veut demeurer secrète et 681  mystérieuse, afin d'échapper aux mains rapaces qui dérobent et emportent les plus beaux fruits. Mais dites au laboureur d'aller dans cette pépinière enlever les arbres avec leurs racines vivantes et de les transplanter dans un autre terrain. Il en formera un jardin plein d'agrément et un délicieux bosquet. Nos Stromates n'ont visé ni à la méthode, ni à l'élégance. Les Grecs eux-mêmes suppriment à dessein les ornements du langage, et enveloppent leurs dogmes d'expressions obscures qui ne rendent pas la vérité telle qu'elle est, afin de tenir en haleine l'application et l'intelligence des lecteurs. En effet, il y a des amorces nombreuses et diverses appropriées à la différence des poissons.

Après notre septième livre des Stromates, nous prendrons un autre principe pour point de départ dans les matières qui suivent  (78).

FIN DU TOME CINQUIÈME.

(53) Ouvrage apocryphe.

(54)  Ce texte n'est pas dans l'Écriture. Il n'en est que le resumé, pour ainsi dire, et fait allusion à différents passages, ( Proverb., V, xx, VII, v, XXIII, xxxiii ; saint Math., V, xxviii.

(55) Voyez Diogène Laërte, liv. VII; Cicéron, dans les Lois, livre I; Origène contre Celse, live IV ; et Sénèque, épître LXXIV, etc.

(56) Allusion aux disciples de l'Académie qui niaient toute espèce de certitude et affirmaient que nous ne pouvons acquérir aucune lumière, par la voie des sens.

(57)  Le troisième canon du concile de Latran, sous Martin Ier, déclare que la bienheureuse vierge Marie a enfanté sans subir aucune alteration. Incorruptibiliter enixa est.

(58) Apocryphe, à moins qu'on ne veuille attribuer ces trois mots à un ouvrage perdu d'Ézéchiel, et cite par Tertullien : « Legimus quidem apud Ezcehielem de vacca illa quae peperit et non peprit. » ( De carne Christi. )

(59) Faire mouvoir tout les cordages, dit le texte; expression familière, selon Suidas, pour exprimer l'ardeur que l'on apporte au succès d'une affaire.

(60) Voyez Aristot, Hist. Nat., liv. VIII, ch. ii.

(61) Apocryphe.

(62) Plutarque parle de ce Lampis dans son Traité : « Un vieillard doit-il se mêler des affaires publiques? » On demandait un jour à Lampis, surnommé Nauclere, à cause des vaisseaux innombrables qu'il possédait, par quel moyen il avait amassé tant de richesses. « Les grandes sont venues sans peine, répondit-il : il m'a fallu beaucoup de temps et de rudes labeurs pour en recueillir de médiocres. »

(63) Démétrius érigea une statue équestre à Simon l'Athénien, qui écrivit le premier sur la cavalerie, suivant Pline le naturaliste. Xéoophon ajoute que les ouvrages et les exploits de Simon furent gravés sur le piédestal de la statue.

(64) Peut-être le même poète Crobyle, mentionné par Suidas, Athénée et Hiirpocration.

(65) Dans ce passage et ceux qui suivent, le mot grec phyzioan, emphysioun, signifie tantôt l'enflure au cœur, tantôt la sève et la dilatation de la vie intellectuelle. Il a fallu conserer le mot enfler pour se prêter tant bien que mal à ces diverses interpretations, sur lesquelles on n'était pas d'accord, ce semble, à l'époque où écrivait saint Clément.

(66)  Euphrate, de la ville de Péra, en Cilicie, admettait trois Dieux, trois Verbes, trois Saints-Esprits. (Voyez le Dictionnaire des hérésies. )

(67)  Plus connus sous le nom de Calaphryges, parce qu'en grec ou les désignait par cette périphrase, oi kata phrygas.

(68) Ils proscrivaient le mariage comme une chose perverse, et s'abstenaient de la chair des animaux.

(69) Ils niaient la réalité de l'incarnation. Selon eux, Jésus-Christ n'aviit été qu'une illusion, un fantôme.

(70)  Ces sectaires ne sont connus dans l'histoire des erreurs de l'esprit humain que par ce mot de saint Clément. On ignore sur quoi portait leur hérésie. Peut-être, comme leur nom semble l'indiquer, mangeaieat-ils des viandes suffoquées ou consacrées aux démons ; peut-être offraaient-ils du sang humain dans la célébration de quelques mystères.

(71) Les Caïnites parurent vers l'an 159 de Jésus-Christ. Ennemis du Dieu créateur, ils avaient choisi pour objets de leur vénération ceux qui leur semblaient avoir le plus combattu le Démiurgue. A la tête de ces hardis champions ils plaçaient Caïn. Ésaü, Coré, les Sodomites, Judas, venaient après lui dans leur vénération.

(72) Les Ophites croyaient que la sagesse s'était manifestée anx hommes sous la forme d'un serpent, et rendaient pour cela un culte à cet animal. N'était-ce pas d'ailleurs le serpent qui, dans la Genèse, avait fait connaître à nos premiers parents l'arbre d« la science du bien et du mal? Pour célébrer la mémoire du service qne le serpent avait rendu au genre humain, ils en tenaient un enfermé dans une cage et lui ouvraient la porte dans la célébration de leurs mystères. Le reptile sortait, montait sur la table où étaient les pains, et s'enlaçait en spirale autour de l'offrande. Voilà ce qu'ils prenaient pour leur Eucharistie et pour un sacrifice parfait.

(73)  Les Eutychites croyaient que les âmes n'étaient unies aux corps que pour se livrer ici-bas à toutes sortes de voluptés.

(74) Le texte est corrompu dans ce passage. Nous avons adopté la correction de Lowth.

(75) Suivant le Scholiaste de Théocrite, l'oracle de Delphes donna cette réponse aux habitants de Mégare qui venaient le consulter.

(76) Psalm I, iv.

(77)  Isaïe XL, xv.

(78) Les éditions de saint Clement d'Alexandrie renferment un huitième livre des Stromates, mais qui n'a évidemment aucun rapport avec les matières précédentes. Nous avons suivi l'opinion de Heinsius et de quelques savants commentateurs, qui croient reconnaître dans cette espèce de traite de logique un fragment des Hypotyposes. En conséquence, nous avons reporté ce morceau dans le quatrième volume de notre collection.