Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer
Au commencement de ce siècle, l'illustre Zoega trouva dans un manuscrit copte du musée Borgia quelques fragments attribués au concile de Nicée. La méthode qu'il employait, dans tout le cours de son catalogue, n'était pas une méthode critique, puisqu'il ne faisait pas même de rapprochements. Le but qu'il se proposait était seulement de donner quelques échantillons, quelques excepta des immenses richesses que contenait la belle collection qu'il décrivait. Cependant tout ce qui se rattache au concile de Nicée est jusqu'à présent si incomplet et si obscur, et les documents anciens qui peuvent nous arriver sur cette assemblée sont si précieux, que Zoega, tout en donnant aux actes coptes du concile une place d'honneur, se crut de plus obligé d'illustrer, par quelques notes et par quelques renvois, un texte si important. Il étudia surtout les souscriptions des évêques du saint concile, et nous devons dire que ceux qui, comme M. Charles Lenormant, lui ont succédé dans cette voie, ont dû s'en rapporter surtout aux excellentes observations du savant égyptologue. Il donna aussi des traductions complètes de ces fragments, et c'est à l'aide de ces traductions généralement exactes qu'on a pu parler dans la suite, avec plus de détails, des documents qu'il avait publiés. Ces documents donnèrent lieu à de savantes études; mais ils étaient trop incomplets pour qu'on pût se former, de chacune des œuvres synodales dont on apercevait les restes, une idée précise et juste. Aujourd'hui nous avons le bonheur d'annoncer à l'Académie une précieuse trouvaille qui viendra ouvrir à nos recherches un horizon plus vaste. Depuis longtemps, après les papyrus coptes de Paris, d'Oxford, de Londres et de Boulak, je désirais voir ceux du musée de Turin, au sujet desquels le célèbre Amédée Peyron avait donné dans la préface de son dictionnaire copte quelques indications sommaires, fort imparfaites du reste et ne permettant pas d'en prévoir toute l'importance. Aussi ai-je été agréablement surpris en trouvant, entre autres choses précieuses, deux longs fragments dont la provenance d'après le copte était « le concile de Nicée ». Peyron n'en avait mentionné qu'un seul, et seulement par son titre. L'un d'eux se rapportait à la partie dogmatique « au sujet de la foi orthodoxe. » Il renfermait en entier le symbole de Nicée suivi, comme dans Gélase, dans la version du concile d'Ephèse, etc., d'anathèmes et d'explications dont nous n'avions jusqu'ici qu'une portion seulement, tant en copte qu'en grec. Notre texte vient compléter le deuxième fragment donné par Zoega, et, dans ce qu'il a de commun avec lui, il prouve irréfutablement qu'il faut repousser, pour cette partie des actes du moins, la supposition de M. Lenormant qui croyait y voir une composition primitivement égyptienne, bien que de très peu postérieure au concile. Nous savons maintenant, par la comparaison des deux manuscrits, que nous avons là deux traductions coptes d'un original probablement grec, et c'est pour cela que ces traductions, identiques quant au fond, varient beaucoup quant à la forme et quant aux expressions synonymes qu'elles emploient. En ce qui concerne la partie tout à fait nouvelle de ce texte, elle est également digne d'attention. C'est ainsi que nous trouvons dans le symbole l'équivalent de πιστεύομεν, à la place de πιστεύω, et comme dans Gélase et la plupart des anciennes versions, après l'article du Saint-Esprit, il n'est fait mention de l'Église catholique et apostolique que quand celle-ci prononce par le concile ses anathèmes. Cette question intéresse encore beaucoup les chrétiens grecs, s'il faut en croire un récent travail de M. Baletta. Ailleurs c'est la doctrine qu'Eutychès devait plus tard emprunter à l'hérésiarque Apollinaire qui est condamnée et réfutée avec soin par avance dans la langue même qui sera employée dans la suite par les plus fervents monophysites.
Outre le tome sur la Foi, si nous pouvons nous exprimer ainsi, à la façon des Coptes, nous avons rapporté aussi de Turin un second tome.que les Coptes attribuent également à Nicée et qui est intitulé les Gnomes du saint concile. C'est un traité de morale et de conduite à l'usage des chrétiens. Zoega n'en possédait que le titre et la première page, et pourtant déjà M. Lenormant et les autres critiques, en avaient admiré l'éloquence et la sublimité. Notre manuscrit est beaucoup plus étendu, et nous pensons que les nombreux feuillets qui suivent celui qu'avait publié Zoega ne feront qu'augmenter la bonne opinion que le monde scientifique avait conçue de ses auteurs d'après les premiers échantillons. Il y a dans ce livre des pages dignes de Job ou de saint Paul. Qui donc les a composées? Jusqu'ici il ne s'est présenté que deux opinions à ce sujet, et ces deux opinions seules semblent possibles. Ou bien, comme le pensent les Coptes, ces gnomes ont été rédigées par le concile même de Nicée, ou bien, comme l'a soutenu M. Lenormant, elles ont été écrites très peu de temps après le concile dont on voulait mieux faire comprendre la doctrine et l'esprit. On peut alléguer, pour la première opinion, les témoignages de Gélase et des Pères. Gélase nous dit, dans l'histoire du concile de Nicée, qu'il avait eu entre les mains, dans sa jeunesse, un exemplaire complet des actes de ce concile et que ces actes formaient un livre considérable; il les avait étudiés longtemps, mais il avait dû renoncer à les confier à sa mémoire, ou à les copier en leur entier, à cause de leur immensité; il s'était borné à prendre des notes : arrivé à l'âge mûr, malgré toutes ses recherches, il n'avait pu s'en procurer que des fragments.
En effet, l'œuvre de Nicée devait être immense, puisque ce concile a duré beaucoup plus longtemps que ceux d'Ephèse et de Chalcédoine, et que les actes officiels d'Ephèse et de Chalcédoine remplissent des in-folio. On comprend facilement comment ceux de Nicée ont dû nécessairement se perdre, à cause de leur volume même, lorsque les ariens s'acharnèrent à détruire tout ce qui rappelait la condamnation de leur doctrine.
En dehors des procès-verbaux des séances, les actes de Nicée se composaient, selon Gélase, de trois parties : la partie dogmatique, qui renfermait le symbole, les anathèmes, etc.; la partie disciplinaire, qui se résumait dans des canons dont vingt seulement nous sont parvenus sous une forme authentique; et la partie morale, qui contenait les règles de la vie chrétienne. Ces deux dernières furent faites à la demande expresse de Constantin, quand on eut défini la foi.
Les fragments retrouvés par Zoega et ceux de Turin donnent également l'idée d'une œuvre tripartite. Les papyrus de Turin renferment même les titres de deux de ces volumes : le Dogme , la Morale .
Quant à la discipline, si le titre nous manque, nous avons du moins dans Zoega la version copte des premiers canons de Nicée, en tout conforme au texte grec et à l'ancienne traduction latine. Mais quel était le nombre primitif de ces canons? C'est ce que personne ne peut dire. L'antiquité est en cela fort peu d'accord avec elle-même. Les uns, comme le sixième concile de Cartilage, nous parlent de vingt canons ; d'autres, de vingt-deux, comme Rufin (liv. I, chap. vi); d'autres, de soixante et dix chapitres, comme saint Athanase dans la lettre à Marc, où il se plaint de voir brûler par les ariens ces soixante et dix chapitres du saint concile ; d'autres enfin, d'un nombre de livres encore plus grand. D'un autre côté, on ne retrouve plus, dans ce qui nous reste du concile, aucun des passages cités par Eusèbe (livre III de la Vie de Constantin), saint Athanase (Epist. de Syn. Arimin.), saint Ambroise (Epist. ad Vercell.), saint Jérôme (épître iii), saint Augustin (épître cxviii), le troisième concile de Carthage (ch. xlviii), le sixième concile de Carthage(ch. iii), le pape Jules (Epître aux Orientaux), Atticus (à la fin du concile de Chalcédoine), Sozomène (liv. III, ch. xix), etc.
On voit par là combien sont incertaines et vagues les notions que nous avons sur le concile de Nicée. C'est à un tel point que les différents éditeurs des conciles se sont crus obligés de joindre dans leur publication, aux quelques canons latins qui se retrouvent également en grec et en copte, et dont l'authenticité n'est pas douteuse, une foule d'autres règles ou matériaux de diverse nature que l'arabe leur a fournis avec sa prolixité habituelle. Dans tous les cas, les documents copies que nous apportons leur sont de beaucoup supérieurs de toute manière. M. Lenormant a déjà reconnu, d'après les parties qu'il en avait entre les mains, qu'on ne peut y voir une compilation vulgaire, mais bien une œuvre contemporaine, accomplie sans doute par une autorité hiérarchique compétente. Mais cette autorité était-elle le concile lui-même? C'est ce dont M. Lenormant doutait, et il attribuait la rédaction de nos actes à saint Athanase ou à quelque autre des Pères. Je ne me crois point encore aujourd'hui autorisé à formuler sur cette question une opinion, qui ne me semblerait point assez motivée.
J'ai tenu tout d'abord à en fournir les premiers éléments : le texte, dans ce qu'il a d'indubitable. Mais il reste encore dans la collection, que j'ai rapidement dépouillée, plusieurs pages volantes dont la provenance ne m'a, jusqu'ici, point paru certaine. Il reste en outre, dans les feuillets que je publie, plusieurs lacunes dont la restitution complète demanderait un nouvel examen des papyrus eux-mêmes. Je compte aller le faire prochainement à Turin; et peut-être pourrai-je alors trouver des preuves évidentes pour me former une conviction. Enfin le texte, au point de vue grammatical, philologique, et à proprement parler copte, mérite une étude approfondie dont je compte publier bientôt les résultats.
Ce qui, dès à présent, ne me laisse aucun doute, c'est que, d'après l'âge du manuscrit dont j'ai tiré ces actes, ils ne peuvent être de beaucoup postérieurs au concile.
La collection des papyrus de Turin forme en effet une bibliothèque entière, et je m'assurai d'abord que cette bibliothèque était une dans son origine, une dans la date des documents quelle contenait. Rien dans ces manuscrits sur papyrus, si nombreux que Peyron, comme désespérant de les parcourir en entier, n'en indiqua qu'en partie les titres, et encore peu exactement, dans la préface de son dictionnaire, rien, dis-je, ne parait postérieur aux premières années du pontificat de saint Cyrille. Ce patriarche, dont les œuvres remplissent tout l'Orient, ou plutôt tout l'univers chrétien, ne figure, comme du reste ses contemporains les plus illustres, que peu ou point dans nos papyrus. Son oncle au contraire, Théophile, ce belliqueux archevêque d'Alexandrie, si célèbre dans son temps, mais surtout connu jusqu'ici des modernes par les échos lointains de ses disputes avec saint Jean Chrysostome, se trouve représenté d'une façon inattendue par plusieurs serinons : ils nous permettent de comparer sa science théologique bien connue avec son éloquence beaucoup plus contestable, différence à laquelle peut-être on doit attribuer la disparition générale des œuvres de cet ardent archevêque, dès qu'on ne se fit plus un devoir de les copier, comme en Egypte, de son vivant. C'est pour cela qu'en général Théophile n'a point, dans ces documents, la qualification de , que nous pourrions traduire par feu, et qui s'appliquait à tous les morts chrétiens, car il était encore en vie quand on transcrivit ses écrits ainsi que ceux de son adversaire, Jean de Constantinople, et c'est cette considération qui empêchait les copistes de donner à celui-ci le surnom de Bouche d’Or. Cependant on trouve ces mots concurremment avec d'autres appellations telles que celle-ci : « l'archevêque » dans un papyrus de Turin (une vie du bienheureux Aphou, évêque de Pemdje), qui renferme sur Théophile les renseignements les plus curieux. Sans doute ce patriarche était mort depuis peu. Son successeur et neveu, Cyrille, n'avait point eu le temps de faire oublier le destructeur du Sérapéum et des temples de l'ancienne Egypte.
C'est aussi au souvenir de Théophile que se rattache l'origine de la bibliothèque qui se trouve maintenant à Turin, ou plutôt l'origine même du lieu saint qui l'avait primitivement reçue.
En tête de la masse de ces papyrus, sur le sermon même que Théophile avait fait sur saint Jean-Baptiste, nous avons trouvé un feuillet contenant un acte des plus intéressants pour nous. Cet acte est conçu en ces termes :
« ...donation votive dont une telle femme a pris soin. Le Seigneur Dieu connaît leurs noms. Elle a remis ceci dans ce lieu de saint Jean-Baptiste[1] ici pour le salut de son âme et de son défunt mari, de ses fils et de tous ses gens, selon leurs noms, afin que Dieu et saint Jean-Baptiste les bénissent, ainsi que leur héritage et toute leur maison, selon la bénédiction d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. En paix. Amen. »
Nous avons certainement affaire à une donation, probablement des livres qui composent notre bibliothèque, faite, d'après le vœu de son mari, par une riche veuve égyptienne de Thébaïde. Le lieu qui reçut la donation est appelé le lien de saint Jean-Baptiste. Or, si nous consultons dans Zoega (p. 262 et suiv.) la chronique copte de l'église d'Alexandrie, nous voyons que c'est Théophile même qui a bâti l'église et le couvent que notre texte appelle ainsi. En voici l'origine, suivant cette chronique :
Du temps de Julien l'Apostat, les juifs qu'on avait autorisés à reconstruire le temple de Jérusalem se croyaient tout permis dans la ville sainte, et ils se livrèrent bientôt aux plus cruelles violences envers les chrétiens et leurs églises. Dans une de celles-ci, qui fut livrée aux flammes, se trouvait le tombeau de saint Jean-Baptiste. Les chrétiens parvinrent à sauver, à prix d'or, les reliques qui avaient échappé à l'incendie, et ils les envoyèrent à l'illustre défenseur de la foi, saint Athanase.[2] Celui-ci, en attendant un temps meilleur, les fit d'abord cacher dans le baptistère de son église métropolitaine de Saint Marc; mais il se proposait dès lors, dit la chronique, de faire bâtir dans un jardin, qu'il tenait de sa famille, un sanctuaire plus digne du précurseur de Jésus-Christ. Il mourut avant d'avoir pu accomplir son projet; mais Théophile, qui le lui avait souvent entendu exprimer, résolut de le mettre à exécution. Le jardin de saint Athanase se trouvait dans un quartier presque complètement dévasté, peut-être par Théophile, l'ancien quartier d'Hermès, situé dans la partie méridionale de la ville, près d'une plaine déserte et immonde, d'autant plus immonde, sans doute, qu'elle avait servi autrefois aux panégyries du vieux culte. C'était là que quelques années auparavant, alors sans doute que cette partie de la ville était moins triste, saint Athanase avait coutume de réunir les principaux notables et les prêtres de la ville pour dîner avec lui. Maintenant tout avait changé de face, et il fallait du moins donner un peu de vie à ces ruines et sanctifier ces lieux, que la présence des sanctuaires païens avait longtemps souillés. Peu de temps auparavant, Théophile avait voulu ainsi purifier la vieille ville païenne de Canope, et il avait envoyé dans ses temples un certain nombre de moines de Palestine que l'obstination des païens avait bientôt obligés à la retraite. Il avisa alors les moines de Tabenne, dont la robuste énergie eut bientôt mis à la raison les plus réfractaires. Théophile fut si enchanté de leurs succès qu'il en fit venir à Alexandrie même, et en reçut une partie dans son palais et à sa table. C'est donc encore à ces moines de la Thébaïde qu'il destina les jardins d'Athanase, et il leur fil bâtir, avec l'or des temples païens, une magnifique église et un couvent. On y transporta ensuite, en grande cérémonie, les reliques de saint Jean-Baptiste, et Théophile fit à cette occasion un discours que mentionne la chronique copte, et dont, comme nous l'avons dit plus haut, nous avons trouvé une copie complète dans les papyrus de Turin.
Telle est l'origine du lieu de saint Jean-Baptiste auquel une pieuse femme thébaine devait, peu après, faire hommage de toute une bibliothèque. Cette bibliothèque nous est parvenue, et naturellement elle ne contient que des documents antérieurs à cette époque. Tous sont écrits sur papyrus, au lieu de parchemin, dont l'usage devient plus tard général, pour les livres du moins.
Nous ne pouvons nous étendre ici sur le nombre très grand des ouvrages qui se trouvent dans cette collection. Mais nous devons remarquer que l'un d'eux porte une date copte de plusieurs années antérieures à la réunion du concile d'Éphèse qui rendit illustre saint Cyrille.
On nous pardonnera cette longue digression, qui était nécessaire pour établir l'ancienneté des actes coptes de ce concile.
Maintenant nous avons fini notre tâche actuelle, car nous avons donné les premiers éléments d'une question que nous traiterons bientôt avec tout le soin qu'elle mérite, ou du moins dont nous sommes capable.
Nous nous sommes attaché à rendre dans notre traduction jusqu'aux moindres fragments de la partie dogmatique, car chacun des mots y possède sa raison d'être indépendante.
La partie morale, celle des gnomes, toute différente par son objet et par sa forme, offre dans les phrases comme dans les pensées un parallélisme soutenu, qui donne au style une grandeur remarquable et une véritable poésie. Aussi, quand par suite de lacunes trop étendues ce parallélisme cesse d'être distinct à nos yeux, sans rien retrancher du texte copte, nous omettons la traduction de ce qui n'apparaît plus qu'isolé de l'ensemble.
TRADUCTION.
« Foi établie à Nicée par le saint concile : Nous croyons en un Dieu unique, le Père tout-puissant, créateur des choses que nous voyons et de celles que nous ne voyons.pas, et en un Seigneur Jésus-Christ fils de Dieu engendré comme Fils unique, du Père, c'est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, qui a été engendré et non créé, consubstantiel à son père, par qui sont toutes choses, celles qui (sont) dans les cieux et celles qui (sont) sur la terre, qui à cause de nous, hommes, et à cause de notre salut est descendu, s'est fait chair, a souffert, est mort et est ressuscité le troisième jour et est monté aux cieux d'où il viendra juger les vivants et les morts, et au Saint-Esprit.
« Ceux qui disent qu'il fut un temps où le Fils fut, et un temps où il n'était pas, parce qu'il n'était pas avant d'être engendré, ou qu'il fut (tiré) du néant ou d'une autre essence, disant du fils de Dieu qu'il est muable ou altérable, ceux-là, l'Église catholique et apostolique les anathématise ». — en dehors de cette foi sainte qui a été établie à Nicée par nos Pères : qu'ils ont établie pour être une lumière pour les fidèles, afin qu'ils connaissent les paroles qui ont été confessées par les évêques, au nombre de plus de trois cent dix-huit, ou plutôt par le concile de l'Univers.
En conséquence de ta foi qui fut tout d'abord établie, nous anathématisons la foi de Sabellius qui dit que le même est Père, et Fils et Saint-Esprit. Car il s'égare en disant que le Père est le Fils et que le Fils est le Père, et pareillement l'Esprit-Saint, en sorte que ces trois noms ne font qu'une seule personne. Ces choses sont étrangères à la foi. Car le Père, nous le reconnaissons comme Père, et le Fils comme Fils, et l'Esprit-Saint comme Esprit-Saint, bien que les trois n'aient qu'une seule royauté, une seule essence.
Nous anathématisons aussi la foi de Photin, qui dit que le Christ fut seulement de Marie et qu'il n'était pas avant cela, mais qu'on en a parlé d'avance prophétiquement dans l'Écriture sainte, disant aussi qu'il a pris l'être de Marie, seulement (en ce monde, « même) quant à sa divinité.
Nous reconnaissons ces choses pour étrangères à la foi. Car le Fils est avec son Père en tous temps, et quand il fut engendré il était, et il était avec le Père …………………………………..
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il est impossible que le Père soit sans fils pendant un temps et qu'à la fin on l'appelle Père par une sorte d'accroissement; mais est le Père, Père en tout temps, comme nous l'avons déjà dit; (le fils) n'est pas un associé, mais quand il fut engendré, il était et il était avec le Père.
Et ces choses, nous les disons au sujet du Père et au sujet du Fils. Quant à l'Esprit-Saint, telle est la - manière dont nous croyons : c'est un esprit divin, un esprit saint, un esprit parfait, un incréé, inaccessible, qui a parlé par la loi, les prophètes et les apôtres, qui est descendu sur le Jourdain. Au sujet de l'humanité du Fils, nous croyons qu'il a reçu un homme parfait de Marie qui a conçu Dieu du Saint-Esprit, non du sperme de l'homme, à Dieu ne plaise ! mais du Saint-Esprit, selon la manière dont il est écrit dans l'Évangile. Il a porté, en vérité, une âme et un corps, et non en apparence et dans l'idée (seule des hommes); car de la sorte, il est venu dé livrer tout l'homme en perfection…………………………………..
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et il a souffert, et il a été (crucifié, et il est mort), et il a été enseveli, et il est ressuscité le troisième jour, et il est monté au ciel, et il est assis à la droite du Père, ayant divinisé l'homme qu'il portait au ciel (son humanité), et il viendra juger les vivants et les morts ……………………………….. (ceux qui interprètent) quand l'Écriture parle de lui dans les prophéties, comme si c'étaient des paroles regardant une créature, n'ont point saisi la multitude des témoignages. Mais elle parle du Fils de Dieu parfait, et établit ce qui doit faire entendre la perfection de son incarnation.
Nous anathématisons aussi ceux qui ne confessent pas ………………………………..[3]
TRADUCTION.
Bon est Dieu le Père, bon[4] est le Christ, et il est Dieu, bon est le Saint-Esprit. Dieu n'a pas de commencement et il n'est pas de terme à la divinité, car Dieu est le principe et la fin de l'univers.[5]
Il n'y a pas de créature dans la Trinité, mais c'est lui le Seigneur qui a créé l'univers. Il n'y a pas d'autre Seigneur que lui pour aucune de ses œuvres.
Il a donné le libre arbitre à ceux qui sont dans le monde, afin que les volontés apparaissent. La volonté de quelques-uns les a fait asseoir près du Christ, et les a élevés au-dessus des anges. Pour d'autres, elle les a portés dans l'enfer.
Dieu n'a rien créé de mauvais. Les démons même ne sont.pas mauvais par leur nature, mais par leur volonté. Les anges de Dieu aussi, leur volonté les a tout d'abord élevés dans le bien, et tous ils ont mieux aimé Dieu que leur propre avantage et leur gloire.
La nature de Dieu n'a besoin de rien des choses qui ont été créées, mais l'univers, lui, a besoin de Dieu ; et rien n'a été créé pour subsister par soi-même, mais tout subsiste par la force de sa volonté. Dieu n'a rien créé que par son fils, et toutes les créatures, c'est son esprit qui les développe.
Dieu aime ceux qui lui obéissent, et ceux qui lui obéissent sont droits dans leur volonté. La volonté de l'homme est dans ses œuvres. C'est à cause d'elles qu'on appelle quelques-uns d'entre les hommes anges, et d'autres, démons.
Celui qui veut obéir à Dieu écoutera ses commandements. L'homme de cette sorte se hâtera vers l'Église.
Celui qui ne se hâte pas vers l'Église néglige son propre salut, car celui qui court aux pieds de Dieu cherche un aide.
Hâte-toi vers l'Eglise après ton travail, afin que Dieu bénisse l'œuvre de tes mains. Celui qui s'empresse pour son travail, à l'exclusion de la maison de Dieu, son travail sera à infidélité.
Attache-toi à ce que tu as entendu dans la maison de Dieu, soit que tu travailles, soit que tu marches, et tu ne pécheras pas.
Celui qui porte son calcul à des usures, que veut-il pour lui dans l'Église ? Il vaut mieux que lui, celui qui dort dans sa maison !
On appelle l'Église le purificatoire des péchés. Que chacun y pleure ses péchés. Petite est notre vie sur la terre.
L'unique affaire à l'Eglise, c'est la prière, la supplication. Celui qui parle dans l'Église, surtout quand on fait la lecture, se moque de Dieu. A quoi bon aller à la maison de Dieu, si tu y vas pour l'insulter. Dieu ! personne ne peut l'atteindre par une injure; car sa nature est glorieuse au-dessus de tout ce qui existe; mais il rend bien grand son châtiment, celui qui ose transgresser la volonté de Dieu.
Celui qui regarde une femme dans l'Église augmente pour lui la condamnation; et, quand une femme se pare pour la maison de Dieu, est insensé son père ou son mari : une femme de cette sorte perdra son âme.
C'est une idolâtre qu'une femme qui se couvre d'or à l'Église, surtout avec ostentation. L'or n'est point considéré par le sage, pas plus que le noir des yeux. Celle qui porte des pierreries sur la tête montre son peu de cervelle, et celle dont tes cheveux sont dénoués, c'est-à-dire flottants comme des clochettes, appelle à elle les insensés.
Une femme est aimée de Dieu et des hommes à cause de sa sagesse et de la bonne administration de sa maison; car la beauté vaine, il y a une vengeance qui la poursuit.
Orne-toi pour ton mari, par les œuvres de tes mains et par la sagesse de ta bouche. Les saintes appellent leur mari mon Seigneur.
N'aime pas à te parer, ô femme ! mais souviens-toi de toutes les belles qui sont dans te sépulcre. Celles même qui gisent sur le lit de la maladie, la beauté cesse en elles.
Orne ton âme par l'amour de Dieu et donne ton cœur à la parole de Dieu. Écoute-le.
Un homme sage ne s'attachera pas à une femme insensée. Or celle qui n'obéit pas à son père ou à son mari est une insensée.
Mon fils, éloigne-toi d'une femme qui aime la parure, car ce sont signaux d'adultère que les étalages d'anneaux et de clochettes.[6]
Tu reconnaîtras une femme qui hait le péché à la pureté de son visage; quant à celle qui met du noir à ses yeux, elle montre par là sa futilité.
Le soin du corps n'a pas besoin de ces choses. C'est vanité que de les porter. A quoi sert le noir des yeux ? On gâte une belle image avec la fumée des lampes.
Celui qui se pare à l'église, contre sa nature, fait outrage au créateur. Couvre ton visage à l'église et dans les places publiques, et ne scandalise pas une âme. Il y en a qui marchent arec une tenue mauvaise, pensant attirer sur eux les regards. L'homme de cette sorte est un être sans âme.[7]
L'homme qui rase sa barbe veut ressembler aux enfants sans connaissance.[8] Ceux donc qui n'ont pas la connaissance, qu'on ne les connaisse pas.
Que ton vêtement soit pour toi selon les besoins du corps, et ne t'orne pas d'une longue chevelure, car cela appartient aux femmes. Si tu aimes la parure comme une femme insensée, en quoi diffères-tu d'elle?
L'homme est établi en dignité[9] comme le gouverneur d'une ville. Un homme qui aime ses fils les instruira bien, et sa fille, il lui apprendra la loi.
Sois comme un gouverneur pour tes fils, et lu ne rougiras pas d'eux.
Si ta fille désire l'état de virginité, tu t'es rendu digne d'une grâce…………………………………
Le Seigneur s'est souvenu (de toi), car le Seigneur est saint et il aime les saints.
Une vierge sage ressemble à Marie. Qui peut dire la grâce de la Mère de notre Seigneur,[10] que Dieu a aimée à cause de ses œuvres? C'est pour cela qu'il a fait habiter en elle son Fils bien-aimé. On appelle le Père non engendré père du Christ, et il l'est en vérité. On appelle aussi Marie mère du Seigneur; et, en vérité, c'est elle qui a engendré celui qui l'avait créée ! Et il n'a pas été amoindri, parce que Marie l'avait engendré ; et elle n'a pas perdu sa virginité. Elle a enfanté le Sauveur; mais lui, il se l'est réservée comme un trésor précieux[11]………..
Le Seigneur regarda dans sa création entière, et il ne vit rien qui ressemblât à Marie. C'est pour cela qu'il la choisit pour être sa mère. Si donc une femme désire qu'on l'appelle vierge, qu'elle ressemble à Marie, Marie qu'on a appelée, en vérité, la Mère du Seigneur.
Une vierge qui ne jeûne pas chaque jour jusqu'au soir[12] n'a pas de force pour être vierge. Vierge! sois digne de ce nom………….. il est meilleur de prendre un mari que de faillir.
Si tu ne veux pas te marier, ne te rassasie ni de pain ni de sommeil, de peur qu'on ne trouve ta lampe éteinte.
Les vierges ne font pas toilette. Elles ne pensent même pas à…………….. leur figure.
Leur premier soin, c'est de se lever au matin pour prendre le livre et lire. Si elles travaillent des mains, c'est depuis la deuxième jusqu'à la neuvième heure. (Mais elles consacrent) les deux premières heures à la prière et à la lecture, ainsi que le (soir) depuis neuf heures. Car toute leur parure, c'est le Verbe qui la leur donne. Celle qui néglige les saintes Écritures ne connaîtra pas la volonté de l'époux.
Est-il bon que le feu soit tout près de la paille ? Est-il bon qu'une [13] soit près d'une femme qui habite avec un mari ?
Une dont les vêtements sont de diverses couleurs, ses passions aussi sont de diverses espèces. La modération[14] dans les vêtements ne permet que la couleur naturelle à la laine, mais celle qui teint son vêtement, son âme reste sans même un sac.
Une sage ne parle pas du tout avec un homme. L'insensée au contraire joue avec les jeunes gens.
Il en est comme du nom vénéré de Dieu que les insensés donnent aux idoles. De même le nom de vierge, on le donne à des femmes folles. La virginité est un nom divin.
La vierge n'a de regards ni pour l'or ni pour la perle : ce qu'elle possède est meilleur que les deux.
Comme (fait) celui qui choisit l'or parmi les choses matérielles, de même celui qui choisit la virginité parmi les vertus.[15]
La virginité du corps, quand l'âme est indisciplinée, est une folie.
A quoi bon une vierge qui accumule l'or?
A quoi bon celle qui remplit des caisses de vêtements, et qui se glorifie en disant : « Je suis vierge! »
Le lieu de réserve d'une vierge, c'est le trésor de son âme. Si elle couvre ceux qui sont nus, elle amasse pour elle un trésor.
Tout le mérite de la virginité, c'est la soumission, le renoncement et l'abstinence. Une femme qui recherche la nourriture, le Christ ne peut du tout la remplir.
Le sceau de la pureté est le jeûne. Quiconque rend abondante sa nourriture, rend abondantes ses défaillances.
Eloigne-toi d'une vierge du Seigneur et ne regarde pas après........ pour n'être point jugé comme sacrilège.
Une qui se promène l'après-midi n'est point une , et celle qui s'en va seule approche de la fornication.
Un homme qui a commerce avec une femme, tandis qu'il a une femme à lui, est un in(sensé)... et un infanticide.
Un laboureur ne consentira pas à jeter sa semence sur la pierre, parce qu'elle ne pousserait pas pour lui : ita nullus homo sapiens fundet semen suum ad meretrices, non enim germinaret ei, aut si forsan germinaret ad maledictionem esset.
L'insensé[16] regarde à donner son vêtement : et pretiosum semen suum dat consuete meretricibus. Quid pretiosius semine hominis? Quid intercuncta semina? Insano semen contemptum. Sit sufficiens nutrimentum filiis tuis et parcus sis seminis tui : par-cus sis tui, non parcus sis geniturae.
Pourquoi l'homme qui habite avec une femme a-t-il des yeux pour une autre? Car si celui qui n'a pas de femme, par ses regards pèche grandement, à plus forte raison celui qui, habitant avec une femme, manifeste à tous, par ses regards, son incontinence.
Aucun incontinent, est-il dit, n'héritera au royaume des cieux.
Contente-toi de ta femme; ne vaut-elle pas les autres? Celui qui demeure avec la femme qui lui est propre reposera son âme en elle, et non celui qui la poursuit de ses regards. Dans la mesure où tu mesureras, il sera mesuré pour toi.
Celui qui habite avec sa femme, selon le but du mariage, verra des fils sages, et celui qui restera chaste dans les jours de sera honoré par ses fils.
Celui qui sert Dieu en vérité, ses fils le serviront en vérité. Il n'est pas, dans la vie de l'homme, de repos de l’âme tel que d'avoir des fils sages, libres de maladie et forts. Celui qui est le serviteur de Dieu en vérité, on les lui donnera.
Fais goûter à tes fils l'église et non les cabarets. Apprends-leur à écouter en silence, et dans les jours de ta vieillesse ils te consoleront avec les paroles de Dieu.
Les hommes demeurent des vieillards à cause de la vérité, les menteurs comptent peu de jours.
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Ils ne sont pas méconnus de Dieu, ceux qui ne le méconnaissent pas; or mentir, c'est le méconnaître.[17] Aucun chrétien ne mentira, car la méconnaissance (de Dieu), elle, est menteuse.
Un homme qui participe au corps du Christ, il ne faut pas qu'il mente, car Dieu est vérité, et ceux qui aiment Dieu ne mentent pas.
Étonnante est l'audace de ceux qui vont vers le corps du Christ, pleins d'envie et de haine. Dieu aime l'homme, et ceux qui haïssent les hommes n'ont pas honte !
Ceux qui se haïssent mutuellement haïssent Dieu, et le repoussent en lui disant : Ne nous aimez pas. Malheur à celui qui hait l'image de Dieu!
Celui qui fait tort à un homme, c'est à soi qu'il nuit. Il n'est aucun attrait dans la passion de la haine, et il est étrange quelle ait puissance sur nous tous.
Celui qui aime son prochain aime Dieu; celui qui aime Dieu, Dieu l'aime, et celui que Dieu aime est un enfant de Dieu.
C'est une honte devant Dieu qu'un homme qui se détourne du corps du Christ sous prétexte (d'indignité). Celui qui ne se rend pas digne du Mystère recevra de grands châtiments.
A quoi bon venir à la Sunaxis sans écouter la lecture des Ecritures? Celui qui n'écoute pas la lecture de l'Évangile se moque du Mystère. Celui qui ne prête pas son attention à la consécration du corps et du sang du Christ, ne le laisse pas y participer.
Celui qui a la foi se hâtera vers l'église. L'homme fidèle s'affligera si l'on prie ou si l'on psalmodie avant qu'il arrive à l'église. Le négligent, lui, retarde, et il n'est pas béni.
Celui qui se hâte vers l'église recevra une ample bénédiction. Celui qui tarde sans nécessité arrive trop tard pour être béni.
Il faut recevoir le sang du Christ à la façon d'un petit enfant qui a soif du lait de sa mère; car celui qui ne le reçoit pas n'a pas la vie. Quant à celui qui le reçoit dans un état de souillure, de haine, d'impureté, de luxure, mieux vaudrait pour lui n'avoir pas la vie………………..
Il n'y a pas de péché qui soit pire devant Dieu que la haine, car c'est elle qui tue. Celui qui suit la voie du péché contre nature est le frère de celui qui hait. La charité lave de tous les crimes, et la haine, elle, dissipe toutes les vertus.
La charité convient aux chrétiens. Celui qui reçoit le Christ, il faut encore qu'il reçoive sa volonté.
La charité n'a pas de méconnaissance; car la charité nous lie à tous les hommes. La consommation de la charité, c'est de faire le bien à tous les hommes. Celui qui fait le bien à ceux qui le haïssent ressemble à Dieu. Aucun homme sans charité ne recevra de récompense. Quant à celui qui fait le bien à ses ennemis, il recevra une couronne incorruptible. Et comment ne ferait-il pas le bien à tous les hommes, celui qui le fait à ses ennemis? Et le bien ne consiste pas seulement dans de grandes aumônes. Celui qui fait le bien l'accomplit avec un verre d'eau froide et un pain.
C'est une honte, pour un chrétien qui a deux vêtements, que d'oublier celui qui n'en a pas.
Si, dans la vie, nous avons une communauté les uns avec les autres, combien plus encore devant la mort! O homme! sois aimant envers l'homme, puisque tous nous sommes dans une terre de passage, et que rien dans l'homme ne peut sauver du châtiment comme la charité. Sois aimant envers l'homme, tandis que tu es. Tu ne tarderas pas. Combien doit durer encore ta vie sur la terre? Ne la disperse pas dans la vanité.
Il est pour le sage un jour meilleur, et il se réjouit sur l'utilité d'un seul jour. L'insensé, lui, disperse sa vie en un jour, et après cela vient la fin pour lui sans qu'il trouve rien en ses mains.
Quiconque est sage évitera de dire un mot insultant; l'homme sans cervelle, lui, dira tout.
On jugera l'homme dans les paroles de sa bouche. On n'oubliera pas même les pensées de son cœur. Malheur à l'homme qui s'oublie.
Il t'a été donné de te diviniser par tes œuvres, et, par ta négligence seule, tu t'assimileras aux démons; car ils sont devenus tels à cause de leur négligence.
L'homme négligent tombe dans la perdition, car celui qui ne porte pas son attention sur son propre salut, qui le vivifiera?
Celui qui prend soin de son salut passe les nuits de vigiles dans les portiques de la maison de Dieu, et il n'ignore pas ce que l'on doit lire. Celui qui reste dans l'ignorance des anagnosis ressemble aux bêtes. Celui qui applique son âme à la lecture ne péchera pas. Celui qui aime la parole de Dieu aime Die», et celui qui agit ainsi est l'ami de Dieu.
Celui qui va vers le corps du Christ comme à un festin, irrite Dieu; et celui qui y participe en s'enivrant perd sa propre âme.[18] Il y a un temps pour manger et boire selon une juste mesure, et il y a un temps pour le Mystère. C'est avec une grande circonspection qu'il faut l'aborder.
Celui qui reçoit avec pureté le corps du Christ reçoit une nourriture sublime, et il a la puissance suffisante pour ressusciter les morts. Mais il est plus facile de ressusciter les morts que de convaincre les hérétiques. Car les hérétiques ne croient pas à Dieu ni à ses saints, mais à leur propre volonté; et la volonté de tous ceux qui s'écartent de l'Esprit-Saint les précipite dans l'enfer.
Admirable est le soleil dans le sommet des cieux, mais ce n'est rien devant la gloire de Dieu. Comme est (une étincelle devant le feu), ainsi est la gloire du soleil devant la gloire de Dieu. S'il n'est au pouvoir d'aucun homme de contempler la face du soleil, si peu qu'il est, de même il n'est au pouvoir de personne de contempler la grandeur infinie de Dieu; car aucun homme ne peut voir sa face et être en vie. Il a placé, dit-il, son tabernacle dans le soleil. Son tabernacle, c'est la lumière en vérité. S'il n'est au pouvoir de personne de voir l'être même du soleil, à cause du tabernacle de Dieu qui est en -lui, quoiqu'il soit bien pâle en présence de la gloire de Dieu…………………………………..
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et le soleil a donné sa chaleur. Aucun fruit ne peut se développer sans lui, car Dieu l'a établi pour être la puissance du jour.
Si la créature est si admirable, de combien celui qui l'a créée ne la surpasse-t-il pas? Si[19] tous les peuples sont comme un verre d'eau de la mer relativement à la gloire de Dieu, à combien plus forte raison est-il élevé, admirable au-dessus de toute la création (faite) pour nous. Car Dieu est infini. Il remplit l'univers. Il (repose) sur les chérubins, laissant l'univers en crainte : il est tout (notre) désir, (notre espérance), car (ici-bas) qui pourrait sup porter la suavité de Dieu ? Au sujet de cette suavité ineffable, les saints…………………..
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……………………….. C'est pourquoi il est dit :
Qui donc sera repoussé de l'amour?
Qui …… ne désirerait cette merveille cachée dans son corps et dans son sang …… le saint Mystère ? Si quelqu'un ose y participer sans être pur, il restera coupable du corps et du sang du Seigneur.
Car il s'est fait oblation afin que l'homme y participe et l'aime. Mais d'abord nous ne voulons pas ………… de le faire au prochain : c'est la loi et les prophètes.
Celui qui fait injustice à son prochain n'a aucune communion avec le Sauveur, et celui qui oublie son prochain nu, on l'oubliera aussi, quand il sera nu devant le tribunal du Christ.
Quant à celui qui va vers l'autel souillé d'adultère, on le livrera au feu inextinguible ………
Gardez vos yeux de regards inutiles, votre langue de la médisance, vos oreilles des vains bruits, votre bouche de serments affreux et terribles. Que chacun place dans son cœur la miséricorde envers le prochain; qu'il s'efforce de garder les commandements; et il trouvera moyen d'aller à la maison de Dieu pour prier; car si nous allons à la maison de Dieu, portant la livrée[20] du démon, de quelle manière pourrons-nous recevoir les commandements de Dieu?
De quelle manière? — tu prieras dans la maison de Dieu et tu jeûneras? — ton cœur n'est pas droit et tes mains ne sont pas pures : la livrée charge ; tu ne pourras porter les préceptes qui sont les trésors publics de l'Église. Tu dis : Je jeûne; tu travailles en vain. Le corps est plein de lubricité; le cœur plein d'impureté……………….. la langue pleine de médisance; les mains pleines de sang; les pieds courent vers le mal; la bouche se hâte pour l'injustice; les oreilles en tendent les œuvres honteuses; tu aimes les comédiens; tu cours aux pieds des faux prêtres; tu vas jusque chez les incantateurs; tu nourris tes incantateurs; tu te fais l'ami des blasphémateurs; tu te mêles avec les hommes de festin; ta main s'unit à celles des oppresseurs avides; le navire entier est surchargé du bagage de l'iniquité, et tu dis : Je jeûne! je prie!
N'est-ce pas à cause de tout ce mal que le prophète s'est écrié : « La maison de la prière, vous en avez fait une caverne de voleurs; » et encore : « Si vous étendez vos mains vers moi, je me détournerai de vous, car vos mains sont pleines de sang. » Il est aussi écrit : « Vos jeûnes et vos abstinences, mon âme les hait; » et Jérémie le prophète a dit : « Est-ce que ce n'est pas l'antre de la hyène pour moi, mon héritage?........................ ………………… à nous par les prophètes :
« J'ai envoyé un ……. dans vos villes, j'ai brûlé vos …………. dans le milieu des places, et vous ne vous êtes pas tournés vers moi, dit le Seigneur. J'ai frappé vos enfants et vos jeunes gens de mort violente, et vous ne vous êtes pas tournés vers moi, dit le Seigneur. J'ai envoyé une maladie sur tous les fruits de votre terre, et après cela, vous ne vous êtes pas tournés vers moi, dit le Seigneur. Je vous ai détruits, comme j'ai détruit Sodome et Gomorrhe, et même après cela, vous ne vous êtes pas tournés vers moi, dit le Seigneur. »
Toutes ces choses, est-ce qu'elles ne sont pas sur nous?...................................
…………………………………………il dit ……….. de l’hyène que c'est un animal immonde qui change de nature et se transforme, étant mâle durant un temps et femelle durant un autre.[21] Et nous aussi, nous changeons de nature, comme l’hyène. Tantôt nous courons à l'Eglise, nous étendons nos mains, nous prions, nous jeûnons; et tantôt nous avons recours aux tireurs d'horoscopes, aux donneurs de philtres, aux sorciers guérisseurs,[22] les suppliant d'intervenir pour nous. Comment donc Dieu ne s'irriterait-il pas contre nous? Comment n'amènerait-il pas sur nous sa colère? Comment verrait-il (avec complaisance) nos jeûnes et nos prières? N'est-ce pas à cause de ….. que Dieu nous crie par le prophète Jérémie : « Est-ce que ceux-là, je ne les visiterai pas, dit le Seigneur; est-ce que mon âme ne tirera pas vengeance d'une race de cette sorte? »
(Attendrons-nous donc) la vengeance que Dieu doit amener sur nous, plutôt que de foire pénitence ainsi que……………………………………………………………………
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La pénitence, en vérité, triomphe de tous les péchés. Le signe de la pénitence, c'est une larme; et une larme efface les fautes.
Enseigne ton fils, afin qu'il ne devienne pas l'ami du pécheur, et il réussira selon ton désir. Qu'il cherche l'instruction des docteurs de l'Église, qu'il grave leurs enseignements en lui.
Fais goûter à ta bouche la parole de Dieu. Marche avec les sages.
Ne laisse pas ta bouche jurer et n'outrage pas qui est à l'image de Dieu.
Recherche la bénédiction, et que la bénédiction soit dans ta bouche.
N'injurie aucun homme; si tu ne veux pas qu'un homme t'insulte, toi aussi ne l'insulte pas.
Rends honneur au vieillard et cède-lui la place pour qu'il s'asseye ; sois modeste devant tous, et personne ne te tourmentera.
Ne cause de l'ennui à personne et ne demande pas à un riche deux fois.
Si tu as du pain, partage-le avec le prochain. Visite les malades et va visiter aussi les prisonniers. Quand même tu serais riche, accomplis ce service sacré, de ton pied. Ressemble à Abraham qui, lui aussi, avait de grands biens et qui, à cause de son empressement hospitalier, fut digne de partager son repas avec Dieu. Avant toutes choses, sois plein de charité, on sera plein de charité pour toi.
Le chef de la ville (doit traiter comme) siennes toutes choses dans la ville. C'est pourquoi il ne doit montrer de la haine envers personne. Celui qui est riche, il faut qu'il soit encore plus fidèle et qu'il vaque à l'église. Dieu aime celui qui vêt le pauvre nu, comme celui qui bâtit un sanctuaire en son nom. Un riche qui a pitié des pauvres est vraiment riche de par Dieu.
Le pauvre se réjouit si un riche lui parle, espérant recevoir de lui un peu de soulagement. Il faut plutôt que le riche se félicite quand il se trouve avec le pauvre, et qu'il se réjouisse d'être en compagnie d'un homme de Dieu. Le prince sage a comme sienne la richesse du monde. Le pauvre sage a comme sienne la richesse du siècle à venir, le royaume des cieux.
Terrible est Dieu dans sa gloire. La gloire de Dieu remplit l'univers.
Qui pourra se cacher à ses yeux? L'insensé pense que personne ne le voit.
Il ne sait pas qu'il est dans la vie comme un convive.
Crains Dieu, ô homme! Sers-le de tout cœur. Dévoile-lui ton âme. Invoque-le par ta pitié envers les pauvres.
Donne ton pain à ceux qui ont faim. Hâte-toi vers l'Église, tends chaque jour la main vers le pauvre, et donne-lui selon tes moyens. Qu'une offrande, que les prémices des produits soient pour la maison de Dieu. Hâte-toi de les porter au prêtre. Donne pour le salut de ton âme pendant que tu vis, car lorsque l'homme meurt, sa parole ne reste pas stable …………………………………………………………………
Incline-toi vers le pauvre, car il n'est pas heureux. Que gagnera le riche à entasser l'or sur l'or jusqu'à ce qu'il se rouille, et à remplir des caisses de vêtements jusqu'à ce que les vers les rongent? Ne savons-nous pas à ce sujet que la volonté de Dieu est la miséricorde? « La miséricorde, est-il dit, est exaltée au-dessus de la justice. Bienheureux sont les miséricordieux, on leur fera miséricorde. » Le Seigneur Jésus a dit : « Soyez miséricordieux parce que votre père est miséricordieux. Ne jugez pas, on ne vous jugera pas. Ne condamnez pas, on ne vous condamnera pas. Pardonnez, on vous pardonnera. Donnez, on vous donnera. Une bonne mesure, serrée, bien tassée, débordante, sera déversée dans votre sein, car dans la mesure où vous aurez mesuré, il sera mesuré pour vous …. »
Nota. Les textes de l'Écriture sainte, dont les gnomes se sont inspirées, y sont mis à contribution de diverses manières : tantôt ils y sont cités textuellement (saint Luc, vi, 37 et 38; saint Matthieu, v, 7; Jérémie, v, 9 et 29; ix, 9; xii, 9, Texte des Septante; Proverbes, x, 12; Exode, xxiii, 20, etc.); tantôt ils fournissent le plan, le mouvement, la pensée générale et quelques expressions choisies; c'est ainsi que le chapitre vii d'Isaïe et le chapitre iv d'Amos ont servi de base à deux morceaux d'une grande éloquence ; tantôt l'idée seule est empruntée; c'est ce qui est arrivé notamment pour Jérémie, xxiii, 24; saint Matthieu, x, 42; saint Luc, iii, 11, xi, 33 et 34; ép. saint Jean, xii, 15; ép. saint Paul, Eph. iv, 8, et un très grand nombre d'autres passages; souvent enfin la citation devient un admirable commentaire par les développements que reçoit la pensée (I ép. saint Pierre, ii, 2; saint Jean, iv, 8; iv, 33; viii, 42; xiv, 6, etc.).
Nous avons déjà dit que les gnomes étaient de beaucoup antérieures au texte dogmatique. Nous ferons remarquer qu'à Turin elles ne font point partie du même manuscrit, et qu'à Rome elles se trouvent à la suite des lettres d'adhésion surajoutées aux actes du concile et les terminant comme d'ordinaire. On ne saurait donc nulle part les rapporter au même ensemble, bien que ces deux œuvres aient été ainsi rapprochées dans la copie du Musée Borgia, postérieure à l’autre de plusieurs siècles.
[1] On donnait généralement le nom de lieu de tel ou tel saint aux églises ou martyria qui renferment le corps d'un saint en totalité ou en très grande partie.
[2] Les documents grecs sont parfaitement d'accord avec la chronique copte, tant sur la translation des reliques de saint Jean-Baptiste du temps de Julien et de saint Athanase que sur la construction à Alexandrie, sons le pontificat de Théophile, du sanctuaire, martyriam ou τόπος qui portait son nom. On y trouve en outre un détail complémentaire intéressant. Suivant eux, ce serait après la destruction du Sérapéum et dans les environs de ses ruines que le nouveau sanctuaire aurait été construit. (Voir Ruff. ii, 27, 28. Theod. ii, 7.)
[3] De nouveaux fragments découverts par nous, tant à Turin qu'à Naples, nous ont enfin conduit à une identification certaine de ce texte dogmatique. Pour en dire quelques mots, nous supprimons trois notes. Nous possédons ici les actes du fameux concile général tenu par saint Athanase et d'autres confesseurs de diverses provinces à Alexandrie, en 362, au moment où Julien venait de permettre le retour des évêques exilés par les Ariens en Thébaïde. Ce concile avait pour objet « de confirmer les dogmes de l'Eglise, » dit Socrate ; « de confirmer les décisions du concile de Nicée, » dit Sozomène ; et plus loin ce dernier ajoute en parlant des actes « les évêques de diverses villes, réunis à Alexandrie avec Athanase et Eusèbe, confirment les décrets du concile de Nicée. » Mais après les persécutions ariennes, pour confirmer les décrets de Nicée, il fallait d'abord les rétablir. C'est pourquoi d'une part le symbole, identique au grec et qui s'arrête aux mots les anathématise, d'une autre part la liste des évêques souscripteurs, ailleurs les canons authentiques sont séparément reproduits avec cette mention concile de Nicée. Là ne s'arrêta pas la tâche du concile. Les historiens grecs, concordant avec nos fragments, nous apprennent notamment que ce fut lui qui définit expressément la Trinité dans ses trois personnes distinctes ne faisant qu'un, la divinité, la consubstantialité du Saint-Esprit. Le premier aussi il établit dogmatiquement que le Christ en s'incarnant prit non seulement un corps, mais une âme humaine, et fut homme parfait en même temps que vrai Dieu. Ce concile étant regardé comme un concile universel, on en fit part aux diverses églises. La réponse de l'église d'Antioche est dans les œuvres d« saint Athanase après la lettre synodale d'envoi. Nous l'avons retrouvée en copte à la suite de nos actes, ainsi que d'autres adhésions, entre autres celle de Rufin ou Rufinien, auquel Athanase avait écrit a propos du concile, comme nous le savons par ses œuvres grecques.
[4] Je préfère de beaucoup la version première de Turin partout où il est encore possible de la rétablir malgré les grattages et surcharges d'une autre main. Le mot seigneur ne valait certes pas le mot ion, dont il tient la place. En général, toutes ces corrections faites au texte de Turin d'après une version différente sont malheureuses, soit au point de vue du style, soit au point de vue de la pensée.
[5] A la place du mot univers, , il y avait primitivement une proposition entière, qui probablement indiquait mieux toute existence.
[6] Ce passage présente un double sens en copte, car les mots et se sont, par extension, appliqués aux cheveux : en boucles flottantes comme des clochettes ou s'enlaçant comme des anneaux.
[7] Le mot est très difficile à rendre en français. Il signifie littéralement dépourvu de , de cœur. Or les Égyptiens avaient considéré le comme étant le siège de l'intelligence, des sentiments moraux et affectifs aussi bien que des agitations de l'âme. Le terme pourrait donc s'appliquer à des insensés privés de raison, à des égoïstes sans cœur, à des criminels sans conscience, à des misérables sans moralité et pour ainsi dire sans âme.
[8] Voir notamment dans saint Clément d'Alexandrie (Pedag. ii 3) un très long morceau relatif à la barbe : « c'est la fleur de virilité. . . Dieu y attache tant d'importance qu'il la fait paraître chez l'homme en même temps que la raison (φρόνησις)……. il est impie de s'en dépouiller…….. c'est faire penser qu'on est adultère, efféminé, utrique veneri deditus... etc. » Voir aussi dans le même ouvrage le chapitre ii du livre IV. Cf. saint Épiphane (her. 80 adv. Massil. 7) ; Constitutions dites apostoliques (ii 3), etc.
[9] Mot à mot « le mâle est établi au-dessus ». Par une préoccupation très naturelle à cette époque, Clément d'Alexandrie insiste, à plusieurs reprises et outre les passages cités plus haut, sur la dignité supérieure du sexe masculin et sur l'avilissement produit par ce qui peut rendre moins sensibles les différences qui le distinguent. En effet, le crime auquel se rapportent les paragraphes précédents était fréquent durant le paganisme, et il avait fini par prendre dans l'Empire des proportions qu'on admettrait à peine si l'on ne possédait les affirmations explicites de contemporains, celles de Zacharie et celles de Salvien de Marseille. Ce dernier auteur écrivait une quinzaine d'années environ après le concile de Nicée.
Un peu plus tard parut une première loi pénale, bientôt suivie de plusieurs autres. (Voir Cod. Theodos. IX, vii, 3, 6, 6 bis; Cod. Justin. IX, ix, 31 ; Novell. 77 et 191.)
Parmi les termes de ces lois, il en est qui rappellent forcément à l'esprit la rédaction même des gnomes : « ….. Nihil enim discretum habere videntur cum feminis..... » (Cod. Theod. IX, vii, 6.) ; « ….. nihilque discretum habere cum feminis occupatus, ut n'agitiis poscit immanitas, atque omnibus eductos (pudet dicere) virorum lupanaribus » (loca citata).
[10] Le texte copte a été ici surchargé, probablement par suite de la querelle de Nestorius avec saint Cyrille. Le mot a été gratté par le possesseur du manuscrit, qui, négligeant l'article, a écrit et ainsi l'expression mire du Christ, Χριστοτόκος, que l'hérésiarque voulait opposer à mire de Dieu, Θεοτόκος, a été remplacée par un terme indifférent. La même substitution s'est encore répétée un peu plus loin.
[11] Ici se trouve un long morceau relatif à la Vierge Marie. Des lacunes trop nombreuses, et qui rompent le parallélisme, ne nous permettent pas jusqu'ici de reconnaître avec certitude s'il s'agit d'un type idéal de vierge chrétienne ou de la vie réelle de la Vierge Marie. Un examen nouveau du papyrus nous permettra sans doute de revenir prochainement sur ce morceau.
[12] Dans la primitive église, les mortifications corporelles, principalement les jeûnes et les abstinences, étaient en très grande faveur. Voir notamment à ce sujet Tertullien, De jejuniis, Clément d'Alexandrie, Stromat. liv. VII et passim, saint Ignace d'Antioche, Epist, ad Philipp., les Constitutions dites apostoliques et surtout les Actes du concile d'Elvire, concile tenu sous le règne de Dioclétien en l'an 3o 1, et qui est le premier dont nous ayons des canons de discipline. Le jeûne double, c'est-à-dire rompu seulement après deux jours, y est prescrit comme d'obligation à certaines époques pour tous les chrétiens. Notons aussi, parmi les observances des premiers siècles, l'abstinence perpétuelle de viandes que s'imposaient de nombreux laïques.
[13] Voir dans saint Clément d'Alexandrie (Stromat. liv. VII, 12) quelques indications sur la vie monastique ou solitaire chez les chrétiens égyptiens du iie siècle. L'origine du monachisme se perd en Egypte dans la nuit des temps. Nous reviendrons ailleurs sur ce sujet.
[14] est intraduisible. S'il s'agissait des aliments, nous dirions la frugalité ou la tempérance. Si nous écrivions en latin, nous pourrions imiter l'exemple d'un traducteur de saint Clément d'Alexandrie qui, dans une phrase correspondante par les expressions comme par la pensée, s'est servi du mot frugalis « veste frugali ........ alba colore, ut diximus ; » le texte grec portait λιτῆ (Pedag. III, xi).
[15] On pourrait traduire : « de même que rien n'est préférable à l’or parmi les choses matérielles, de même rien n'est préférable à la virginité parmi les vertus.
[16] Cette phrase a été modifiée profondément par des grattages et des surcharges d'une seconde main. On entrevoit qu'elle devait être primitivement à peu près ceci : « homo sapiens cavet ne det (semen suum) meretricibus, et dat (conjugi sus?) semen veneratum ad procreationes omnino. »
[17] doit être remplacé par Si l'on suivait la version de Naples, il faudrait traduire « car le mensonge se méconnaît soi-même. » En effet, le commencement de ce paragraphe est à Naples. « Ils ne méconnaissent pas Dieu, ceux qui aiment la vérité, » ce qui traduit mieux notre texte copte.
[18] Ce passage rappelle à l'esprit ce que dit saint Paul dans le chapitre xi de la première épître aux Corinthiens. L'usage des agapes, après ou avant lesquelles on participait à l'Eucharistie dans la primitive Eglise, avait, en effet, dans les premiers siècles de l'ère chrétienne pendant lesquels il se continua, donné lieu à bien des abus. Cet usage, encore combattu par saint Ambroise et saint Augustin au commencement de leur pontificat, semble avoir complètement disparu vers ce temps. (On peut consulter à ce sujet la dissertation de Georgi, Actes de saint Colluthe, p. 111.) Voir Conc. Laod. c. 27 et 28; Gang. c. 11; C 42 Eccl. Afric.
[19] Confer. Origen, contra Celsum, V, ii.
[20] J'ai cru devoir employer l'expression moderne de livrée, comme permettant de se rapprocher le plus possible de la pensée exprimée par le copte dans les deux passages où l'on y trouve ici le mot . Ce mot signifie proprement la couleur, colorent, τὴν χρόαν. Il signifie aussi l'apparence, l'aspect, et dans l’Ecclésiastique, chap. xxiviii, v. 28, il est employé pour traduire le grec ποικιλίαν, variété de couleurs.
[21] Dans l'épître de saint Barnabé, le traité de Tertullien De pallio, le Pédagogue de saint Clément d'Alexandrie (ii, 10), etc., on trouve exposée ou discutée cette ancienne opinion, déjà du reste combattue par Aristote, sur les changements de sexe de la hyène. Saint Barnabé attribue même à Moïse une prescription prohibitive dont ces changements de sexe seraient la cause. Au sujet de l'impureté de l’hyène, voir le commentaire de saint Jérôme sur Jérémie (chap. xii, vers. 9, texte des Septante).
[22] Un des canons du concile d'Ancyre, tenu peu de temps avant le concile de Nicée, interdit à tous les chrétiens de recourir aux vaticinateurs, sorciers guérisseurs, etc.
En lisant ce qui nous est resté des jurisconsultes contemporains des Antonins et de leurs premiers successeurs, on est étonné de voir à quel point tous les genres de sorcellerie et de magie avaient pullulé dans l'Empire romain, malgré les peines les plus sévères.
A côté des simples astrologues, vaticinateurs ou devins qu'on punissait déjà de la déportation ou de la peine de mort (Paul. Sent. lib. V, t. XXI), des magiciens qu'on exposait aux bêtes ou brûlait vifs (idem, t. XXIII, § 17, Ulp. De offic. procons. lib. VII, apud Pellat, Manuale juris synopt.), on trouve indiqués ceux qui faisaient des sacrifices impies on nocturnes à l'aide desquels ils incantaient, devoultaient et jetaient des sorts « ut incantarent, defigerent, obligarent. » (Paul. Sent. lib. V, tit. XXIII, § 15), etc.
D'un autre côté, la confiance en ceux qui faisaient métier de guérir par des incantations, des imprécations ou des exorcismes, s'était tellement répandue que les jurisconsultes eurent à décider expressément que de tels guérisseurs n'étaient pas de vrais médecins < malgré les dires de ceux qui proclamaient en avoir obtenu une action salutaire. » (Ulp. in Dig. lib. L, tit. XIII, l. 1, § 3). Les donneurs de philtres, amatoria, etc., paraissent avoir été nombreux (Paul. sent. lib. V, tit. XXIII; Dig. XLVIII, six, 35, § 5; XLVIII, viii, 3, § 2, etc.). Voir l'Histoire de la profession médicale, lue en 1865 par mon frère le docteur V. Révillout devant l’Académie des sciences morales et politiques, et publiée dans les Comptes rendus, t. LXXVI, p. 161 et suiv.; t. LXXVIII, p. 5 et suiv.; t. LXXXI, p. 443 et suiv.
Voir également le traité d'Origène contre Celse et les autres écrits des premiers Pères de l'Eglise.