Annales de Tacite

 

RETOUR À L’ENTRÉE DU SITE

Retour à la table des matières

 

page suivante       page précédente

 





L'irrésistible ascension d'Auguste

TACITE : C. Cornelius Tacitus, d'abord avocat, se mit, relativement tard, à écrire. Après Le Dialogue des orateurs, l'Agricola, Les Moeurs des Germains, TACITE écrivit l'histoire romaine, ab excessu divi Augusti, en deux ouvrages, les Histoires et les Annales, qui nous sont parvenus mutilés
 

[1] Postquam Bruto et Cassio caesis nulla iam publica arma, Pompeius apud Siciliam oppressus exutoque Lepido, interfecto Antonio ne Iulianis quidem partibus nisi Caesar dux reliquus, posito triumviri nomine consulem se ferens et ad tuendam plebem tribunicio iure contentum, ubi militem donis, populum annona, cunctos dulcedine otii pellexit, insurgere paulatim, munia senatus magistratuum legum in se trahere, nullo adversante, cum ferocissimi per acies aut proscriptione cecidissent, ceteri nobilium, quanto quis servitio promptior, opibus et honoribus extollerentur ac novis ex rebus aucti tuta et praesentia quam vetera et periculosa mallent. [2] Neque provinciae illum rerum statum abnuebant, suspecto senatus populique imperio ob certamina potentium et avaritiam magistratuum, invalido legum auxilio quae vi ambitu postremo pecunia turbabantur.

   vocabulaire

II. Lorsque, après la défaite de Brutus et de Cassius, la cause publique fut désarmée, que Sextus Pompée eut succombé en Sicile, que l'abaissement de Lépide et la mort violente d'Antoine n'eurent laissé au parti même de César d'autre chef qu'Auguste, celui-ci abdiqua le nom de triumvir, s'annonçant comme simple consul, et content, disait-il, pour protéger le peuple, de la puissance tribunitienne. Quand il eut gagné les soldats par des largesses, la multitude par l'abondance des vivres, tous par les douceurs du repos, on le vit s'élever insensiblement et attirer à lui l'autorité du sénat, des magistrats, des lois. Nul ne lui résistait : les plus fiers républicains avaient péri par la guerre ou la proscription; ce qui restait de nobles trouvaient, dans leur empressement à servir, honneurs et opulence, et, comme ils avaient gagné au changement des affaires, il aimaient mieux le présent et sa sécurité que le passé avec ses périls. Le nouvel ordre des choses ne déplaisait pas non plus aux provinces, qui avaient en défiance le gouvernement du Sénat et du peuple, à cause des querelles des grands et de l'avarice des magistrats, et qui attendaient peu de secours des lois, impuissantes contre la force, la brigue et l'argent.

 

[1] Postquam Bruto et Cassio caesis

nulla iam publica arma,

Pompeius apud Siciliam oppressus (Sextus Pompée)

exutoque Lepido, (exuere : ici : dépouiller)

interfecto Antonio

ne Iulianis quidem partibus nisi Caesar dux reliquus, (Iulianis : Jules césar; Caesar = Auguste)

posito triumviri nomine

consulem se ferens

et ad tuendam plebem tribunicio iure contentum, ( se ferens contentum)

ubi militem donis,

populum annona,

cunctos dulcedine otii

pellexit,

insurgere paulatim, (infinitifs historiques)

munia senatus magistratuum legum in se trahere,

nullo adversante,

cum ferocissimi per acies aut proscriptione cecidissent,

(cum) ceteri nobilium,

quanto quis servitio promptior, (quelqu'un est d'autant plus rapide à servir)

opibus et honoribus extollerentur (qu'il est acheté par les richesses et les honneurs)

ac (cum) novis ex rebus aucti tuta et praesentia quam vetera et periculosa mallent.

[2] Neque provinciae illum rerum statum abnuebant,

suspecto senatus populique imperio ob certamina potentium et avaritiam magistratuum,

invalido legum auxilio

quae vi ambitu postremo pecunia turbabantur.

 

 

 

abnuo, is, ere, abnui : faire signe que non, refuser

ac, atque, conj. : et, et aussi

acies, ei, f. : la ligne de bataille

ad, inv. : vers, à, près de

adversor, aris, atus sum : s'opposer

ambitus, us, m. : la brigue, le mouvement circulaire, le tour, le pourtour

annona, ae, f. : l=approvisionnement en blé

Antonius, ii, m. : Antoine

apud, prép+acc : près de, chez

arma, orum, n. : les armes

avaritia, ae, f. : la cupidité, l'avarice

augeo, es, ere, auxi, auctum : augmenter, accroître

aut, conj. : ou, ou bien

auxilium, ii, n. : l'aide, le secours

Brutus, i, m. : Brutus

caedo, is, ere, cecidi, caesum : abattre, tuer

Caesar, aris, m. : César, empereur

Cassius, i, m. : Cassius

certamen, inis, n. : le combat

ceteri, ae, a : pl. tous les autres

consul, is, m. : le consul

contineo, es, ere, tinui, tentum : contenir, maintenir

cum, inv. : 1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que

cuncti, ae, a : tous ensemble

donum, i, n. : le présent, le cadeau

dulcedo, inis, f. : la douceur, la saveur douce, le charme, l'attrait

dux, ducis, m. : le chef, le guide

et, conj. : et, aussi

ex, prép. : (+abl) hors de, de

extollo, is, ere, extuli, - : lever hors de, élever, exalter

exuo, is, ere, exui, exutum : dégager, se dégager de, se débarrasser de

fero, fers, ferre, tuli, latum : porter, supporter, rapporter

ferocissimus, a, um : superlatif de ferox, ocis : féroce, sauvage

honos, oris, m. : l'honneur

iam, inv. : déjà, à l'instant

ille, illa, illud : ce, cette

imperium, ii, n. : le pouvoir (absolu)

in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre

insurgo, is, ere, surrexi, surrectum : se lever

interficio, is, ere, feci, fectum : tuer

invalidus, a, um : faible, débile, impuissant

Iulianus, a, um : de Jules César

ius, iuris, n. : le droit, la justice

Lepidus, i : Lépide

lex, legis, f. : la loi, la (les) condition(s) d'un traité

magistratus, us, m. : la charge, la fonction publique, la magistrature

malo, mavis, malle, malui : préférer

miles, itis, m. : le soldat

munia, inv. : les charges, les fonctions

ne.. quidem : ne pas même

neque, inv : = et non

nisi, inv. : si... ne... pas ; excepté

nobilis, e : connu, noble

nomen, inis, n. : le nom

novus, a, um : nouveau

nullus, a, um : aucun

ob, prép. + acc : à cause de

opprimo, is, ere, pressi, pressum : opprimer, accabler

ops, opis, f. : sing., le pouvoir, l'aide ; pl., les richesses

otium, ii, n. : le loisir, le calme, le repos

pars, partis, f. : la partie, le côté

paulatim, inv. : peu à peu

pecunia, ae, f. : l'argent

pellicio, is, ere, lexi, lectum : séduire, attirer

per, prép. : (acc) à travers, par

periculosus, a, um : dangereux, périlleux

plebs, plebis, f. : la plèbe

Pompeius, i, m. : Pompée (ici : Sextus Pompée)

pono, is, ere, posui, situm : placer, poser

populus, i, m. : le peuple

postquam, conj. : après que

postremo, inv. : enfin

potens, entis, m. : puissant

praesens, entis : présent

promptus, a, um : prêt, aisé, rapide

proscriptio, ionis, f. : la proscription

provincia, ae, f. : la province

publicus, a, um : public

quae, 4 possibilités : 1. N.F.S. N.F.PL. N.N.PL., ACC. N. PL. du relatif = qui, que (ce que, ce qui) 2. idem de l'interrogatif : quel? qui? que? 3. faux relatif = et ea 4. après si, nisi, ne, num = aliquae

quam, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel? qui? 3. après si, nisi, ne, um = aliquam 4. faux relatif = et eam 5. introduit le second terme de la comparaison = que 6. adv. = combien

quantus, a, um, pr. excl et interr : quel (en parlant de grandeur)

quidem, inv. : certes (ne-) ne pas même

quis, quae, quid : qui ? quoi ?

reliquus, a, um : restant

res, rei, f. : la chose

se, pron. réfl. : se, soi

senatus, us, m. : le sénat

servitium, i, n. : la servitude, la condition d'esclave, l'esclavage

Sicilia, ae, f. : Sicile

status, us, m. : l'attitude, la position, la forme de gouvernement, le bon état

suspicio, is, ere, spexi, spectum : regarder au-dessus, soupçonner, estimer

traho, is, ere, traxi, tractum : tirer, traîner

tribunicius, a, um : tibunicien

triumvir, iri, m. : le triumvir

tueor, eris, eri, tuitus sum : protéger

turbo, as, are : troubler

tutus, a, um : en sécurité, sûr

ubi, inv. : où, quand

vetus, eris : vieux

vis, -, f. : la force