IBN-KHORDADBEHLE LIVRE DES ROUTES ET DES PROVINCESTraduction française : C. BARBIER DE MEYNARD.Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer
Journal Asiatique, Janvier-Février 1865.
LE LIVRE DES ROUTES ET DES PROVINCES,PAR IBN-KHORDADBEH,PUBLIÉ, TRADUIT ET ANNOTÉ PAR C. BARBIER DE MEYNARD.
INTRODUCTION.Publier et traduire un des plus anciens documents des archives musulmanes, d'après deux copies mutilées et à peu près illisibles, est une tentative dont je ne me dissimule pas In témérité. Il y a là, en effet, un double écueil. Si l'on se borne à reproduire l'original, par un calque fidèle, qui en conserve toutes les imperfections, on ne livre au public qu'un texte hérissé de difficultés, plein d'incertitudes et d'un usage très limité. L'édition autographiée du Livre des Climats d'Istakhri, que bien peu de savants ont le courage de consulter, et la traduction allemande de cet ouvrage, presque aussi délaissée, ne sont-elles pas la preuve des inconvénients que présente ce mode de publication ? Si, d'autre part, pour épargner au lecteur de pénibles recherches, on entreprend de restituer un texte contre lequel les efforts de la critique viennent trop souvent se briser, on risque, ce qui n'est pas un moindre péril, d'effacer le caractère original de l'œuvre, d'en dénaturer le sens et d'y substituer de vaines conjectures. Je ne dois donc ni m'étonner, ni me plaindre du sentiment de méfiance qui accueillit l'annonce de ce travail. Prétendre qu'il est le résultat d'un défi, ce ne serait ni tendre exactement ma pensée, ni dissiper de légitimes appréhensions; mais, il faut bien en convenir, l'attrait d'une sérieuse difficulté à vaincre n'a pu que stimuler mes forces et tenir ma vigilance en haleine. Ai-je toujours su éviter le double péril que je viens de signaler? Ma traduction n'est-elle pas devenue ça et là trahison? Il y aurait, de ma part, plus que de la présomption à l'affirmer. J'ai cru néanmoins que des difficultés de détail ne sauraient entraver la publication d'un document estimable, dont la science peut faire son profit. Puisse le suffrage du lecteur me prouver que cette conviction est fondée ! Je dois, avant tout, faire connaître les matériaux qui ont été mis à ma disposition. Il y a quelques années, me trouvant à Oxford, où j'étudiai le texte du grand dictionnaire géographique de Yakout, je cherchai, dans la riche collection de la bibliothèque bodléienne, tout ce qui pouvait m'offrir d'utiles renseignements sur la Perse musulmane. Le traité d'Ibn-Khordadbeh, dont un fragment d'un grand intérêt avait été déjà traduit par M. Reinaud (Introd. à la géographie des Orientaux, p. lviii), fut un des livres que je mis à contribution. Les premières difficultés de lecture surmontées, je fus étonné de l'abondance dé détails précieux qui se cachaient sous une rédaction sèche et monotone. Je me proposai d'en prendre une copie, sans toutefois songer encore à en faire l'objet d'une étude particulière ; mais, pressé par le temps, je dus partir avant d'avoir mis mon dessein à exécution. En 1862, un savant hébraïsant, M. A. Neubauer, voulut bien se charger de ce soin, pendant son séjour à Oxford, et il s'acquitta de sa tâche avec tant d'exactitude, que je pus me considérer comme possesseur d'une photographie de l'original. La copie' d'Oxford, la seule qui ait été signalée, jusqu'à ce jour, dans nos collections d'Europe, est décrite avec soin dans le Catalogue de la Bodléienne (Catalogue fonds Uri, n° 433). C'est un volume in-8° de 64 folios, sur papier de soie, d'une écriture grosse et espacée. Une lacune considérable se remarque vers la fin. On lit sur le dernier feuillet que la copie a été terminée le jeudi 12 redjeb 630 (mai 1232). Ce feuillet et les deux qui précèdent sont d'une écriture différente. La plupart des noms propres sont, ou privés de points diacritiques, ou ponctués au hasard. Quelques leçons, mais en petit nombre, ont été corrigées à la marge; en outre, une main européenne a indiqué certaines corrections sur le texte arabe. Je me mis aussitôt à l'œuvre, et, comme la Perse m'était mieux connue, c'est par là que je commençai mes essais de déchiffrement. Après quelques jours de travail, je constatai avec une vive satisfaction que la comparaison de plusieurs passages entre eux, et mieux encore la lecture des anciens géographes arabes, me révélaient des leçons certaines, là où je n'avais vu d'abord que des formes énigmatiques cl des groupes illisibles. Un secours inespéré redoubla mon ardeur. Un des hommes les plus éclairés de l'empire ottoman, S. Exc. Ahmed Véfyk-Efendi, alors ambassadeur de la Porte à Paris, était sur le point de retourner à Constantinople, quand je lui montrai le premier résultat de mes recherches. Ce savant, qui a pris lui-même une part considérable au développement scientifique de la Turquie, m'apprit qu'une copie d'Ibn-Khordadbeh existait encore au fond d'une des mosquées de la capitale, et voulut bien m'en promettre la communication. Toutes les bibliothèques étant soumises aux règlements qui régissent les vaqoufi, aucun livre ne pouvant, par conséquent, être prêté au dehors, l'ambassadeur m'invita à lui adresser le texte que j'avais entre les mains. Dès qu'il l'eut reçu, il chargea trois personnes versées dans la littérature arabe et persane de comparer les deux manuscrits, et, leur examen terminé, de préparer une copie bonne pour l'impression. L'intention d'Ahmed-Véfyk était de publier le texte à l'imprimerie du Moniteur ottoman, en me laissant le soin de le traduire et de le commenter. Mais une objection, facile à prévoir, le força d'y renoncer. La restitution complète du manuscrit fat déclarée impossible, à cause des lacunes et des noms illisibles qui le déparaient. Son Excellence, appelée à Brousse par une mission urgente, m'envoya alors tous les matériaux réunis par ses soins, sans trop espérer, je crois, qu'un meilleur parti pût en être tiré. Je ne puis, à mon grand regret, donner ici la description du manuscrit dont je dois une reproduction fidèle à la libéralité de ce haut personnage. Depuis son départ, toutes mes démarches, secondées cependant par le zèle de notre collaborateur, M. Belin, n'ont pu me faire obtenir les renseignements dont j'avais tant besoin. Mais une étude minutieuse des deux documents me permet d'affirmer qu'ils proviennent l'un et l'autre d'une source commune, c'est-à-dire d'une rédaction abrégée, la seule, comme je l'établirai bientôt, qui soit parvenue jusqu'à nous. La copie de Constantinople[1] présente mal heureusement les mêmes lacunes, le même désordre que celle d'Oxford; elle m'a cependant fourni un assez grand nombre de leçons qui étaient illisibles dans cette dernière. J'ai indiqué les variantes principales dans les renvois placés au-dessous du texte; les autres dans les notes de la traduction. A la copie turque était joint le corrigé, résultat de la révision faite à Constantinople, et destiné d'abord aux presses de l'imprimerie officielle. Ce travail, dû en grande partie aux soins d'un Arabe instruit, Abdur-Rahman-Efendi, n'a qu'une importance grammaticale. Les fautes de langage, imputables à la négligence des copistes, y sont corrigées, et quelques termes inusités, expliqués avec justesse ; mais à cela se borne la part de collaboration du savant kiatib, et lui-même a reconnu avec franchise qu'il ne saurait aller plus loin dans cette tentative de restauration. Et, en effet, les inappréciables secours que la critique européenne tire de l'examen comparé des textes, de l'étude des productions contemporaines, des circonstances particulières et des influences au milieu desquelles l'auteur se trouvait placé, en un mot, tous ces procédés délicats qui rendent la vie à une œuvre morte n'existent pas pour l'érudition musulmane. Elle a fourni ses preuves, cependant, et la sagesse avec laquelle elle a su jadis coordonner ses traditions montre jusqu'où elle aurait pu aller dans cette voie, si les subtilités de la dialectique, le culte exclusif de la forme n'avaient épuisé ses forces et rétréci son horizon. Bornons-nous désormais à lui demander l'accès plus facile de ses trésors littéraires, et la connaissance plus parfaite du langage, sans laquelle la science ne saurait échapper aux conjectures. Cet historique un peu minutieux des préliminaires de mon travail devait trouver place ici, ne fût-ce que pour en expliquer les imperfections. Je vais essayer maintenant de saisir la physionomie bien effacée d'Ibn-Khordadbeh, d'apprécier le caractère général de son ouvrage et de signaler les emprunts qui lui out été faits. Si l'auteur du Livre des routes avait consacré ses veilles à compulser les traditions, ou à discuter quelque problème de droit ; s'il avait enrichi la grammaire et la poésie de commentaires volumineux, les détails de sa vie nous auraient sans doute été révélés. Le silence des biographes, tels que Thâlebi, Ibn-Khallikan, etc. est d'autant plus regrettable que le seul de ses écrits respecté par le temps ne peut, en aucune façon, y suppléer. Quelques lignes du consciencieux bibliothécaire qui rédigea le Fihrist, et deux ou trois phrases éparses dans les Prairies d'or, voilà tout ce que j'ai pu recueillir sur un homme qui, par son caractère politique, son esprit cultivé et sa plume facile, joua un rôle brillant à la cour du khalife Moutamid. Abou'l-Kaçem-Obeïd-Allah, fils d'Abd-Allab, fils de Khordadbeh, descendait d'une famille persane. Son grand-père, dont le nom[2] atteste suffisamment l'origine guèbre, abjura la religion de Zoroastre, pour plaire aux Barmécides, ses protecteurs. L'histoire ne nous dit rien du néo-converti, ni de son fils Abdallah[3] ; mais il est à présumer que des places et des honneurs furent le prix du sacrifice de leur nationalité. On sait quelle influence les idées persanes exercèrent sur le système gouvernemental des khalifes. Ibn Khaldoun et Mawerdi affirment que la création des Quatre divans et leurs attributions diverses furent empruntées à l'ancien mode d'administration, établi par les Sassanides. Les Arabes, méprisant l'idiome des vaincus et fuyant les complications de la carrière administrative, en laissèrent volontiers le soin à des mains étrangères. Si, en Egypte, les Coptes purent rarement prétendre à d'autres emplois que ceux de receveurs et d'agents comptables, au contraire, dans les provinces orientales, les Persans et, après eux, les Turcs, surent atteindre aux premières fonctions de l'Etat. L'omnipotence de la famille de Barmek, sous Rachid, celle de Fadhl et de Haçan ben Sehl, sous el-Mamoun, agrandirent la sphère d'action de leurs compatriotes. Ibn-Khordadbeh, né dans les premières années du IIIe siècle de l'hégire, dut sans doute à son origine persane, plus encore qu'à la faveur du khalife Moutamid (256-272), le grade important de chef des postes dans le Djébal, ou ancienne Médie. L'organisation des postes était vraisemblablement d'origine romaine. Je pense, avec M. Reinaud, que le mot berid, qui désigne, ainsi que sikkeh, l'ensemble de ce service, est dérivé de veredus ou veredarius. Dans Festus (sub verbo), verer dus signifie « un cheval d'allure rapide servant au transport des dépêches.[4] » La poste romaine fonctionnait encore, en Syrie, lorsque Yérid, fils de Moavyah, en lit l'application dans ses Etats. Selon nos idées modernes, la poste est véritablement un service public, puisque les intérêts des particuliers y marchent de pair avec ceux du gouvernement. Il n'en était pas ainsi, à l'époque des khalifes. Deux fragments du livre du Kharadj par Codama, dont le docteur A. Sprenger a déjà signalé l'importance[5] prouvent que la transmission des dépêches n'était pas le seul but de cette institution. « Le chef du berid, nous dit l'ancien écrivain arabe, doit avoir un divan particulier où viennent aboutir toutes les lettres dont la transmission est confiée à ses soins. Il veille a ce qu'elles arrivent, en temps voulu, à leur destination. Il dépouille la correspondance de ses agents, groupe leurs informations, et les porte, intégralement ou en extraits, à la connaissance du prince des croyants. Sous ses ordres sont placés les fervanegui, les mouakki' et les subalternes attachés aux relais ; il se charge de les payer, et prend les mesures nécessaires pour que les lettres et valises circulent régulièrement entre tous les grands centres de l'empire. » Ailleurs Codama cite un décret d'investiture, adressé par le khalife au chef des postes, où se lit ce qui suit : « Ordre est donné au fonctionnaire susdit d'inspecter les courriers placés sous ses ordres, de dresser un état contenant leurs noms, le chiffre de leurs appointements, les frais de leur entretien, le nombre des relais et l'évaluation précise des distances, dans toute l'étendue de son ressort. Il est responsable de la prompte expédition des valises dont les courriers sont porteurs. Il veillera à ce que les mouakki' observent avec ponctualité les heures de départ et d'arrivée, de sorte qu'il n'y ait jamais de retard dans le service dont ils sont chargés. » Ce curieux fragment nous révèle l'existence d'une hiérarchie régulièrement établie dans cette partie de l'administration musulmane. Il est facile, en le rapprochant d'autres témoignages, d'en connaître les rouages intérieurs. De dix en dix kilomètres, en Perse, et à une distance double, en Syrie et en Egypte, sont établis des relais (ribat, sikkeh, merkez el-berid, etc.); deux ou trois chambres meublées d'un tapis et une écurie assez vaste, voilà l'aspect ordinaire de ces lieux de halte. Un certain nombre de mourabbit « employés subalternes » y veillent nuit et jour, prêts à monter à cheval et à porter au relais voisin, dans le temps rigoureusement fixé, les lettres, groups d'argent et autres objets qui circulent pour le compte du gouvernement. Ces relais, divisés par arrondissements, sont placés sous la surveillance d'un employé (mouakki’), chargé d'apposer le sceau (tevki’) de réception sur les dépêches, et de maintenir la régularité et la rapidité des communications postales. Les rapports que cet agent est tenu de rédiger, non point seulement sur son service particulier, mais aussi sur tout événement local de nature à intéresser le gouvernement, sont transmis au fervanegui, sorte d'inspecteur divisionnaire, qui les révise, les complète, à l'aide de ses informations personnelles, et les adresse au directeur général de la province. Ce dernier, véritable agent politique, correspond avec le vizir et, au besoin, avec le khalife, sans intermédiaire. Menées politiques et religieuses, état des esprits, relevés commerciaux, poids et mesures, en un mot tout ce qui touche à la sécurité du pouvoir et à l'ordre public doit être mentionné dans ses rapports. Du zèle et de l'intelligence que ce fonctionnaire déployait dans son difficile ministère dépendait, en quelque sorte, le repos de l'Etat, surtout à une époque où la difficulté des communications, la variété des races soumises à l'islam, et tant d'autres causes encore, eussent paralysé l'influence de cette centralisation savante, qui est l'œuvre et peut-être le péril de nos sociétés modernes. Un fait, rapporté par Ibn-Khallikan, vient à l'appui de ce que nous apprend Codama du rôle politique du chef des postes. Fadhl ben Yahya, ayant été nommé gouverneur général dans le Khoraçan, négligea d'abord les affaires, pour s'adonner à la chasse et aux plaisirs. Pendant longtemps Haroun ar-Rachid n'en fut pas instruit; mais un jour qu'il s'entretenait familièrement avec Yahya, père du jeune gouverneur, il reçut un rapport du chef du berid, où la conduite frivole de Fadhl et le mécontentement du peuple étaient signalés sans le moindre ménagement. Sur l'ordre de Rachid, Yahya prit connaissance de ce message; puis il écrivit, au verso de la page, quelques lignes de reproches, et renvoya le tout à son fils, par la même voie. Cet avertissement suffit pour rappeler Fadhl au sentiment de ses devoirs. Telle fut la part que prit sans doute Ibn-Khordadbeh au gouvernement du khalife Moutamid, et c'est en ce sens que le voyageur Mokaddessi, lequel écrivait un siècle plus tard, a pu dire, sans trop d'exagération, que l'auteur du Livre des routes fut non seulement l'ami, mais l'un des vizirs du khalife. Ce titre pouvait, à la rigueur, être donné à un agent qui avait le droit de correspondre directement avec l'émir des croyants, et dont le contrôle s'étendait sur les délégués du pouvoir, à tous les degrés de la hiérarchie administrative. Mais figura-t-il lui-même au nombre des vizirs en titre, qui se disputèrent le pouvoir, pendant les vingt-trois années de ce règne? Aucun témoignage historique ne le laisse supposer. Maçoudi et Ibn-el-Athir gardent le silence le plus absolu. El-Fakhri, qui consacre pourtant un paragraphe particulier à chaque ministre, ne dit pas un mot d'Ibn Khordadbeh. On sait, d'ailleurs, que le faible Moutamid, plus soucieux de ses plaisirs que des intérêts de son empire, avait laissé toute la responsabilité des a flaires à son frère Mouaflak. Esprit cultivé et élégant, passionné pour la poésie et la musique, ce khalife aimait à s'entourer d'hommes de lettres et d'artistes. au milieu desquels il s'abandonnait à ses goûts délicats. Je suppose que, dès les premières années de son règne, il rappela l'ancien chef du berid et l'admit dans ce cercle de privilégiés. Maçoudi (Prairies d'or, ch. cxxii) nous apprend qu'il existait, de son temps, un recueil de séances ou de conférences (mekamat, muzakerat) composées par le khalife lui-même. L'éloge du vin, un choix de poésies bachiques, des considérations historiques sur l'art du chant, enfin un code de belles manières à l'usage des convives de cour, tels étaient les sujets développés par le royal écrivain. On trouve, dans le même chapitre des Prairies d'or, le tableau d'une de ces réunions littéraires, où Ibn-Khordadbeh tint le dé de la conversation, et fit preuve de connaissances sérieuses dans la théorie et l'histoire de l'art musical. Je résume en quelques lignes cette longue dissertation étrangère à l'objet de ce travail, et dont on trouvera d'ailleurs la traduction dans le tome VI de notre édition des Prairies d'or. C'est à la suite d'un gai festin que Moutamid, entouré de ses convives ordinaires, interroge Ibn-Khordadbeh sur l'origine de la musique. Le courtisan érudit, auquel les légendes rabbiniques ne sont pas inconnues, place la naissance de cet art aux premiers âges du monde, sous la tente de l'hébreu Lamed et de ses fils. Il en suit le développement dans les civilisations primitives, définit la part que les Egyptiens, les Grecs et les Indiens prirent à ses progrès, et décrit les instruments inventés ou perfectionnés par ces peuples. Il explique pourquoi l'Arabe pasteur est si heureusement doué pour la poésie et la musique. Il cite, à ce propos, une tradition, rapportée aussi par le Kitab el-Aghani, d'après laquelle une circonstance fortuite serait la cause de l'invention de ce chant monotone et doux (houda) murmuré par le Bédouin, quand il veut presser le pas de sa monture. Puis, sur les instances du khalife, le brillant causeur passe à la pratique même de l'art. Après avoir défini les qualités nécessaires au chanteur, et montré combien l'étude et le goût développent les dons de la nature, il dépeint les effets merveilleux produits parla musique, lorsqu'elle demande ses inspirations aux trois grands mouvements de l'âme : l'amour, la douleur et l'enthousiasme. Il arrive, après cela, aux règles de l'exécution (ika'), « qui est au chant ce que la prosodie est à la poésie, » et termine par un parallèle entre le rythme et la métrique. La dernière partie de ce morceau est pleine de ternies techniques dont il est malaisé de préciser ta signification. Maçoudi ajoute que le khalife, enchanté du talent de son interlocuteur, le combla d'éloges, et lui dit, en le revêtant de la robe d'honneur (khila), distinction si enviée des Orientaux : « Abou'l-Kaçem, tu as été l'ornement et l'âme de notre réunion. Ton élocution brillante et souple ressemble à cette étoffe soyeuse dont les reflets changeants sont le charme des yeux ! » L'hommage rendu ici aux connaissances variées de notre auteur est confirmé par la liste de ses ouvrages, telle qu'elle nous a été conservée par Ibn-en-Nedim, dans le Fihrist. On y trouve la trace des recherches sérieuses de l'érudit, à côté des amusements frivoles du courtisan. A celui-ci sont dus les ouvrages intitulés : 1° Les Beautés des concerts; 2° L'Art du cuisinier; 3° Le Livre des jeux et divertissements ; 4° Le Livre du vin ; 5° Le Manuel des convives et des familiers. Au savant et au fonctionnaire appartiennent les trois ouvrages dont le Fihrist nous donne ainsi les titres : 6° Collection complète des généalogies de la Perse et des tribus nomades; 7° Le Livre des routes et des provinces ; 8° Le Livre des Anwa.[6] Je crois, cependant, que cette liste n'est pas complète et que le titre principal d'Ibn-Khordadbeh à l'estime de la postérité ne s'y trouve point mentionné. Maçoudi, en faisant, dans sa préface, l'énumération des travaux historiques qu'il avait à sa disposition, parle d'une grande chronique par Obeïd Allah, fils de Khordadbeh : « C'est, dit-il, un écrivain distingué et remarquable par la beauté de son style ; aussi a-t-il eu un grand nombre d'imitateurs qui lui ont fait des emprunts, ou suivi la voie qu'il a tracée. On peut s'en convaincre, en examinant son grand ouvrage historique. Ce livre se distingue, entre tous, par le soin et l'ordre de sa méthode, l'abondance de ses renseignements sur l'histoire des peuples et la biographie des rois de la Perse ou d'autre race » (t. I, p. 13). Le succès qui accueillit cette production parait avoir excité la jalousie d'un écrivain contemporain, élève du célèbre astronome Kendi. Ahmed, (ils de Thayib, originaire de Sarakhs, ville du Khoraçan, avait commencé par rédiger un traité des routes et des provinces, qui resta inachevé. Plus tard, il composa pour le khalife Mo'thaded billah, dont il était le protégé, un recueil d'histoire universelle, moins pour enrichir la science d'aperçus nouveaux, que pour enlever à celui d'Ibn-Khordadbeh la popularité dont il jouissait. Mais il n'eut qu'un médiocre succès, et Maçoudi, à qui j'emprunte ce fait, ajoute : « Sarakhsi est presque toujours en contradiction avec Ibn-Khordadbeh; aussi suis-je porté à croire que ce livre lui a été faussement attribué, car sa science était bien supérieure à une pareille œuvre. » (Prairies d'or, t. II, p. 72.) Le temps, qui nous a ravi les œuvres les plus considérables d'Ibn-Khordadbeh, n'a pas même laissé intacte celle à laquelle l'auteur attachait sans doute le moindre prix. Et ici, je ne parle pas seulement des mutilations auxquelles tous les vieux documents littéraires sont condamnés en passant par les mains des copistes ; mais il me paraît incontestable aussi qu'une édition écourtée a été mise, de bonne heure, en circulation, par je ne sais quel abréviateur maladroit, et s'est propagée au détriment de la rédaction originale. L'existence de cette dernière peut se déduire des raisons suivantes : 1° Au début de son livre, l'auteur emprunte à la Géographie de Ptolémée une remarque qui, dans mes deux copies, se borne à quelques mots; tandis que, dans Hadji Khalfa, elle est beaucoup plus développée et précédée d'une phrase également omise dans les copies.[7] 2° Le début de l'itinéraire d'Afrique est cité par Makrizi, dans sa Description de l'Egypte et du Caire, avec des variantes si considérables, que la source de cet emprunt serait méconnaissable, si Makrizi n'affirmait qu'il en est redevable à notre auteur. 3° Le passage relatif à l'Egypte est reproduit par Ibn-Khaldoun avec des détails qu'on chercherait vainement dans le texte, tel qu'il nous est parvenu. Un antre témoignage prouve aussi que le même fragment était plus circonstancié dans la rédaction primitive. Le voyageur musulman Ibn-Djobeïr (p. 55, édition de M. W. Wright), parlant des ruines qui bordent la rive orientale du Nil, depuis Ikhmîm jusqu'à Syène, ajoute que ce sont les débris de la muraille dite de la Vieille, dans le Livre des routes et des provinces. Mon texte ne dit pas un mot de cette légende. A la vérité, on pourrait supposer que Ibn-Djobeïr l'avait lue dans un antre ouvrage portant un titre semblable; mais, comme Hamd Allah Mustaufi rapporte précisément le même fait, sur la foi d'Ibn-Khordadbeh, on est en droit de conclure que le voyageur arabe et le géographe persan travaillaient sur un texte identique, et ayant subi moins de mutilations. En dépit de ses lacunes et malgré le désordre que des copistes négligents y ont introduit, on peut retrouver encore le caractère essentiel de ce livre et les traces d'un plan sagement ordonné. Dans les deux premiers siècles après la mort du Prophète, c'est-à-dire jusqu'à la fin du règne d'el-Mamoun, l'étude des sciences mathématiques et de l'astronomie fit un peu négliger la géographie descriptive. Ni le tableau rétrospectif des mœurs du désert, offert aux Arabes émigrés dans le Khoraçan, par Nadhr, fils de Schomayl (vers 740 de J. C.); ni l'essai de géographie et d'histoire naturelle dû à la plume naïve de Djahedh (vers 820), ne pouvaient ajouter grand-chose aux traductions déjà surannées de Ptolémée. Sous les successeurs d'el-Mamoun, et notamment pendant le règne de Moutamid, le besoin de notions plus positives se fit impérieusement sentir. Les Grecs, profitant de l'énervement moral du khalifat, s'avançaient au cœur de l'Asie Mineure. Le malaise général se révélait par des révoltes péniblement étouffées. L'Arménie essayait de secouer le joug de l'islam, tandis que le parti des Alides reprenait ses projets ambitieux. Quelques années plus tard, le fils d'un chaudronnier, Yakoub ben Leïth, enlevait à la dynastie d'Abbas ses provinces orientales, et l'Egypte passait sous les lois d'Ahmed, fils de Touloun. Pour conjurer tant de périls et en prévenir de plus grands, une surveillance incessante n'était pas de trop. Le croisement continuel des courriers de cabinet, les mouvements de troupes dans tous les sens exigeaient une connaissance plus exacte des voies de communication. Aussi voyons-nous deux traités spéciaux, portant le même titre, paraître presque simultanément. L'auteur du Fihrist assure que le premier Livre des routes fut écrit par Djafar, fils d'Ahmed, originaire de Merv, mais qu'il demeura inachevé. Je crois qu'Ibn-Khordadbeh publia le sien entre les années 240 et 260 de l'hégire, lorsqu'il était encore directeur des postes et de la sûreté générale. En effet, il ne peut l'avoir rédigé avant l'an 231, puisque, dans le tableau des redevances du Khoraçan, il fait usage d'un document portant cette date et destiné au chef des Thabérides. Il ne peut non plus s'être mis à l'œuvre plus tard que l'année 260, puisque, en 261, Nasr, fils d'Ahmed le Samanide, reçut l'investiture de la Transoxiane, or Ibn-Khordadbeh nous apprend que cette province obéissait encore à Nouh, fils d'Açed. Un autre passage moins explicite, il est vrai, vient à l'appui de notre hypothèse. Dans le paragraphe relatif à l'Andalousie, il nous dit que ce royaume a pour souverain un Omeyade, fils d'Abd er-Rahman ; or, quoiqu'il ne le nomme pas, il est hors de doute qu'il désigne ainsi Mohammed Ier, lequel régna de 238 à 273 (852-886 de J. C). Les trois ou quatre lignes par lesquelles débute le Livre des routes sont tout ce qui reste d'une préface où, suivant l'usage des écrivains arabes, l'auteur faisait connaître le but et le plan de son travail. Cette lacune regrettable n'empêche pas de distinguer dans l'ouvrage, tel qu'il nous est parvenu, quatre divisions principales, ou, tout au moins, quatre classes de renseignements distincts. Voici comment on pourrait les grouper. § I. Tableau de l'impôt foncier et des redevances en nature, dans les provinces soumises à l'autorité immédiate ou à la suzeraineté du khalife. § II. Evaluation en parasanges ou en milles de toutes les routes qui rayonnent du cœur aux extrémités de l'empire, suivie de renseignements, ordinairement trop concis, sur l'histoire de chaque contrée, ses productions, etc. § III. Abrégé de relations de voyage, telles que la description des iles de l'archipel indien, d'après le récit des marins qui, de Siraf et d'Oman, se rendent en Chine, l'intéressant itinéraire des marchands juifs, et d'autres voyages lointains. En outre, un choix de contes et de légendes merveilleuses, provenant soit d'une tradition apocryphe, soit de livres populaires, dans le genre de celui d'el-Djahedh. § IV. Description des montagnes, des fleuves, des lacs, etc. analogue sans doute à celle qui forme un des chapitres du livre de Codama (section VI, chapitre iv). Il ne nous reste que le début de cette description, et j'ajouterai que la perte en est peu regrettable. Dans cette classification, j'ai négligé quelques morceaux, presque indéchiffrables, que le caprice des copistes a semés au hasard. Par exemple, un tableau inachevé de l'orientation vers la Kaaba ; la liste des titres donnés aux rois du monde, enfin un paragraphe emprunté aux vieilles théories grecques sur la constitution physique du globe, paragraphe dont un tronçon est rejeté, on ne sait pourquoi, à la fin du volume. Heureusement, les portions pour nous les plus importantes, celles qui comprennent les relevés statistiques de l'impôt et les itinéraires, nous ont été transmises avec une exactitude suffisante, et présentent un caractère d'authenticité qui en double le prix. L'auteur s'occupe d'abord de la division territoriale du Sawad ou territoire cultivé de la Mésopotamie, sur les bases établies par la monarchie persane et maintenues par les divans arabes. Il donne la liste des districts du Tigre et de l'Euphrate, suivant leur position riveraine; leurs subdivisions en cantons et bourgades; le chiffre des récoltes et celui de la taxe prélevée au profil du Trésor. Il n'indique, il est vrai, ni la provenance, ni la date de ses matériaux -, mais aurait-il pu réunir des détails aussi précis, sans avoir accès aux archives de l'État? Si, dans un ou deux passages, il cite un chiffre différent, d'après un certain Ispahani, qu'il ne faut pas confondre avec l'historien Hamza (ce dernier écrivait l'an 350 de l'hégire), il ne signale ces différences qu'à titre de renseignement, et comme terme de comparaison. C'est aussi dans ce but qu'il résume l'historique de l'impôt, sous les Sassanides, et durant le siècle qui suivit la conquête musulmane. Pour le Khoraçan et les provinces orientales, Ibn-Khordadbeh ne pouvait consulter qu'un état d'une date déjà ancienne, puisque, au moment de la rédaction du Livre des routes, la lutte qui éclata entre les descendants de Thaher, et la dynastie des Saffarides avait tari cette source importante du revenu. L'état en question porte la date des années 221 et 222 ; on sait qu'alors Abd Allah, fils de Thaher, déjà indépendant de fait, reconnaissait encore, par une redevance annuelle, la suprématie religieuse des khalifes. Plus loin, dans la description des routes de l'Arabie, l'impôt du Yémen est donné d'après les registres de compte communiqués à l'auteur par le gouverneur de cette province. Un écrivain qui occupait, quelques années plus tard, un rang élevé dans l'administration, Abou Dja'far Codama, rédigea, sous le titre de Livre de l’impôt et Art du commis-rédacteur, un ouvrage considérable, dont la dernière moitié seulement nous est connue. M. de Slane a publié, dans ce recueil (cahier d'août 1862), le chapitre qui traite précisément de la division administrative et des revenus de l'empire musulman. Au premier abord, on pourrait croire que ce document a la même origine que le nôtre. Les noms de lieu s'y déroulent à peu près dans le même ordre, et plusieurs relevés partiels y sont identiques. On verra pourtant combien le chiffre total du revenu, d'après Ibn-Khordadbeh, est loin d'atteindre celui qui résulte des tableaux de Codama. En ce qui concerne l'empire musulman proprement dit, cette différence s'explique par la date des comptes que Codama avait sous les yeux, et aussi par la prospérité relative des finances à cette date. En 203 (818-819 de notre ère), un terrible incendie avait détruit les archives de Bagdad. Codama, qui cherchait avant tout des modèles de comptabilité, sans se préoccuper de leur actualité, a cru indifférent de prendre le plus ancien, c'est-à-dire celui de l'année 204. Mais depuis, la décadence du khalifat avait fait des progrès effrayants. Le luxe avait relâché les mœurs, l'abus de la dialectique avait engendré les hérésies, et celles-ci la révolte. Le règne de Motassem et celui de Wathik-Billah furent une ère de persécution religieuse et de désorganisation sociale. Les chiffres d'Ibn-Khordadbeh le disent aussi éloquemment que le récit des historiens, et ils nous prouvent que l'agriculture et le commerce étaient déjà frappés au cœur. On remarquera cependant combien le numéraire était encore abondant jusque dans les moindres bourgades, et cette considération justifiera sans doute la valeur très modérée que j'ai attribuée au dinar et au dirhem, ou, en d'autres termes, à la monnaie d'or et d'argent. Un calcul plus rigoureux du miskal m'a permis de rétablir, au profit de la monarchie des Perses, un revenu supérieur à celui qui est présenté dans la traduction de Codama. De graves inexactitudes déparent les deux ouvrages ; mais, grâce à leur origine différente, les erreurs ou les lacunes ne portent pas sur les mêmes points, et j'espère avoir tiré de leur examen attentif des données moins incertaines. Enfin, pour accroître, autant qu'il était en mon pouvoir, ces matériaux de l'histoire économique du khalifat, j'ai puisé dans la curieuse relation de Mokaddessi, dont M. le Dr A. Sprenger a bien voulu me communiquer une copie, tous les renseignements que ce voyageur put se procurer sur l'impôt et les tailles, un siècle après la mort d'Ibn-Khordadbeh. Les itinéraires rédigés par mon auteur, soit d'après les archives de Bagdad, soit sur des notes prises dans l'exercice de ses fonctions, sont également coordonnés avec une certaine méthode. Dans le premier paragraphe, il décrit la roule qui, de Bagdad, mène dans la direction du nord-est, jusqu'aux extrémités de la Transoxiane; il traverse ensuite le Kharezm, et revient par la Perse à son point de départ. Dans le paragraphe suivant, il trace la route que suivent les bâtiments, depuis l'embouchure du Tigre jusqu'à l'Inde et à la Chine. Les faits que les marins lui ont racontés nous représentent, dans leur forme primitive, ces récits, mélange de vérités et de fables puériles, qui, vers la même époque, furent recueillis et publiés, sous le nom du marchand Suleïman et d'Abou-Zeïd. La traduction et les notes dont M. Reinaud a enrichi le texte de cette relation m'ont été du plus grand secours. Un troisième paragraphe conduit le lecteur de Bagdad en Syrie, en Egypte et dans le Maghreb; il se termine par une notice de l'empire byzantin, où l'on s'étonne de trouver des renseignements plus exacts qu'on ne pouvait en attendre d'an musulman, sur la hiérarchie militaire et civile du Bas-Empire. L'itinéraire des régions septentrionales est nécessairement moins complet que les précédents ; il y est fait mention seulement des voies qui mettent en communication l'Azerbaïdjan, l'Arménie et le Caucase. C'est là que se place la trop fameuse relation de Sallam l'interprète, envoyé de Samorra aux rives du Volga. Dictée à l'auteur par Sallam lui-même, d'après le rapport qu'il adressa au khalife Wathik-Billah, cette relation, conservée ici sous sa forme native, a été reproduite par je ne sais combien de compilateurs arabes et persans. Comme la mission de Mohammed, fils de Mouça l'astronome, dont on trouvera aussi le récit original, quoique abrégé, le voyage de Sallam fut provoqué par les scrupules religieux du khalife théologien. Qu'il s'agit des Sept Dormants ou de Gog et Magog, le Coran laissait le champ libre aux interprétations, et ce fut pour couper court aux contes ridicules dont le livre saint était le prétexte, que Wathik-Billah voulut recueillir des informations sur les lieux cités par la tradition. Le voyage de Sallam, selon moi, eut au moins un commencement d'exécution, et les fantaisies qui terminent si étrangement sa relation me paraissent une concession à ce goût du merveilleux que les conquêtes scientifiques d'el-Mamoun n'avaient pas affaibli. Mais, en aucun cas, je ne me déciderai à n'y voir, avec le Dr Sprenger, « qu'une impudente mystification. » La dernière section de l'itinéraire traite de l'Oman et de la péninsule arabique. Pour ce fragment, j'ai consulté avec fruit le texte arabe de Yacoubi, publié à Leyde en 1860. Cet ouvrage, malheureusement incomplet, n'est pas sans analogie avec le Livre des routes, et appartient à la même époque. Moins crédule et plus observateur qu'Ibn-Khordadbeh, l'auteur du Kitab el-bouldan offre à l'ethnographie, à l'histoire et à l'archéologie elle-même, des observations pleines d'intérêt, qui tempèrent la sécheresse de ses notes de voyage. En revanche, les itinéraires y sont moins détaillés, et leur évaluation en heures ou en journées de marche serait d'un médiocre secours pour la construction d'une bonne carte de l'empire musulman au moyen âge. Au reste, comme les deux écrivains ont leur valeur propre et se complètent l'un par l'autre, je n'ai pas négligé de les rapprocher, toutes les fois que j'ai pu le faire sans dépasser les limites de ce travail. Il ne me serait pas difficile de m'étendre sur les emprunts plus ou moins déguisés qui ont été faits, presque jusqu'à nos jours, au Livre des routes; mais la plupart étant de seconde main, il serait oiseux d'insister sur ce point. Au rapport de Mokaddessi, qui se prépara à ses voyages par de vastes lectures, le vizir el-Djeïhani, écrivain de la première moitié du xe siècle, s'était approprié les itinéraires d'Ibn-Khordadbeh elles avait fait insérer dans l'ouvrage qui fut rédigé sons sa direction (voyez l’Introduction à la Géographie des Orientaux, par M. Reinaud, p. lxiii). Edrissi les transporta dans sa Géographie, sans y rien changer, et c'est là qu'Ibn-Khaldoun a trouvé quelques-uns des détails topographiques qui se lisent dans le livre premier de ses Prolégomènes. Un courant analogue se remarque chez les Persans. Hamd-Allah-Mustaufi consulte la rédaction originale, et en fait usage dans son Nouzhel el-Kouloub. Mirkhond s'en empare et les résume dans le complément de son Histoire universelle. Khôndémir les trouve au milieu de l'héritage paternel, et leur donne place dans le Habib-assier, non sans les abréger encore. Enfin, Ahmed-Razi, s’autorisant de leur exemple; enrichit de ce butin, de plus en plus léger, ses notices littéraires et descriptives. Cette singulière transmission ne prouve pas seulement le sans-gêne des compilateurs orientaux ; elle démontre aussi que Maçoudi n'était pas loin de la vérité, lorsqu'il disait du Livre des routes : « C'est une mine de faits que l'on explore « toujours avec fruit » (Prairies, t. Ier, p. 13). On verra que j'ai partout recherché la trace de ces emprunts, et que la version en apparence la plus détournée m'a quelquefois remis dans le bon chemin. Je demande grâce pour les notes si nombreuses qui accompagnent cette traduction. Je sais quelle fatigue en résulte pour le lecteur, sans cesse exposé à laisser échapper le fil conducteur, dans ce labyrinthe de gloses et de citations. Mais, à vrai dire, un texte aussi mutilé, ou aussi concis quand il est complet, exigeait un commentaire perpétuel, et je n'aurais pu me soustraire à cette obligation, si la publication récente des Post and Reiserouten des Orients, par M. A. Sprenger, n'était venue rendre ma tâche moins pénible. On trouve dans le premier fascicule, le seul publié jusqu'à présent, les itinéraires d'Ibn-Khordadbeh, mis en regard de ceux de Codama, d'Isthakhri, de Mokaddessi, etc. Si mes leçons ne s'accordent pas toujours avec celles du docteur Sprenger, il est juste de rappeler que ce savant n'avait à sa disposition que le texte d'Oxford, et que, de son propre aveu, il l'a copié à la hâte. Quoi qu'il en soit, les judicieuses remarques et les seize cartes, d'après Birouni et l’Atval, dont son travail est accompagné, m'ont rendu des services que je ne saurais trop reconnaître. Quelque jugement que l'on porte d'ailleurs sur le plan adopté par M. Sprenger; on doit le remercier d'avoir ouvert à la science des trésors jusqu'à présent inexplorés. Ai-je eu moi aussi le bonheur de recueillir une parcelle d'or sous les raines amoncelées par le temps? Je n'ose l'espérer; mais si, du moins, ce travail, tout incomplet qu'il est, provoque la découverte et la restauration d'autres monuments du même âge, je me féliciterai de l'avoir entrepris et m'estimerai suffisamment récompensé. LE LIVRE DES ROUTES ET DES PROVINCES,PAR IBN KHORDADBEH,PUBLIÉ, TRADUIT ET ANNOTÉ PAR C. BARBIER DE MEYNARD.
TRADUCTION.
O mon Dieu, bénis Mohammed et sa famille ! Au nom du Dieu clément et miséricordieux. Seigneur, facilite les bonnes entreprises.[8] Louons Dieu, en le remerciant de ses bienfaits. J'atteste qu'il n'y a d'autre Dieu que Dieu, en confessant son unité. Je proclame que Dieu est grand, en m'humiliant devant sa puissance. Qu'il bénisse Mohammed son prophète et la meilleure de ses créatures! Bénédictions et salut sur la postérité du Prophète! Le présent ouvrage, qui traite de la description de la terre et des êtres qui y sont établis, de la kiblah (orientation) de chaque contrée, des royaumes et des routes qui s'étendent jusqu'aux extrémités du globe, a pour auteur Aboul-Kacem Obeïd Allah, fils d'Abd Allah, fils de Khordadbeh. Abou'l-Kacem dit : La terre est ronde comme une sphère, et placée au milieu de l'espace céleste, comme le jaune dans l'intérieur de l'œuf. L'air[9] l'enveloppe et l'attire, sur tous les points de sa surface, vers l'espace céleste. Tous les corps sont stables sur la surface du globe, parce que l'air attire les principes légers dont ces corps se composent, tandis que la terre attire vers son centre leurs parties pesantes, de la même manière que l'aimant agit sur le fer. La terre est partagée en deux moitiés par l'équateur, qui s'étend d'orient en occident. C'est l'étendue de la terre en long,[10] et la ligne la plus considérable du globe terrestre, de même que la ligne zodiacale est la plus considérable de la sphère céleste. La terre s'étend en large du pôle austral, au-dessus duquel tourne la constellation des Pléiades, au pôle boréal, au-dessus duquel tourne la constellation de l'Ourse. La périphérie du globe à l'équateur est de 360 degrés. Le degré vaut vingt-cinq parasanges;[11] la parasange, douze mille coudées ; la coudée, vingt-quatre doigts; le doigt, six grains d'orge alignés les uns à côté des autres, dans le sens de leur épaisseur. Par conséquent, la circonférence de la terre est de 9.000 parasanges.[12] Entre l'équateur et chacun des deux pôles, on compte 90 degrés. Telle est aussi l'étendue de la terre, dans le sens de sa largeur (latitude); mais elle n'est habitée que jusqu'au 24e degré, à partir de l'équateur.[13] Le globe étant presque entièrement entouré des eaux profondes de la grande mer, le quart septentrional est celui que nous habitons, tandis que le quart méridional est désert, à cause de l'excessive chaleur qui y règne. L'autre moitié de la terre, placée au-dessous de nous, ne renferme pas d'habitants. Les deux quarts de la terre, celui du nord et celui du sud, se divisent l'un et l'autre en sept climats[14]………. Ptolémée dit dans sa Géographie que, de son temps, le nombre des villes de la terre était de sept mille deux cents. DE L'ORIENTATION DANS LES DIFFERENTES CONTREES.[15]Les habitants de l'Arménie, de l’Azerbaïdjan, de Bagdad, de Koufah, de Médaïn, de Basrah, de Houlvân, de Dinaver, de Nèhavend, de Hamadan, d'Ispahan, de Rey, du Tabaristan, de tout le Khoraçan, du pays des Khazars et des deux parties de l'Inde (c'est-à-dire en deçà et au delà de l'Indus) s'orientent, pour prier, vers le mur où se trouve la porte de la Kaaba. Le pôle nord est donc à gauche, relativement au centre de l'Orient. Le Tibet, les contrées habitées par les Turcs, la Chine, Mansourah et tous les pays situés à six degrés au delà du centre de l'Orient se tournent vers la pierre noire.[16] Les habitants du Yémen se tournent, dans leurs prières, vers l'angle yèmény; ils ont alors en face d'eux les habitants de l'Arménie. Les peuples du Maroc, de l'Afrique (septentrionale), de la Syrie, d'Algésiras et du centre du Maghreb, se tournent vers l'angle chamy (syrien); par conséquent ils font face aux habitants de Mansourah. DESCRIPTION DES PROVINCES.Commençons par le Sawad (portion cultivée de la Mésopotamie). Les rois de Perse l'avaient surnommé le Cœur de l'Irak « dil iranschehr.[17] » Le Sawad se compose de douze districts « koureh, » chaque koureh formant un asitân; il renferme soixante cantons « taçoudj. » D'autres traduisent asitân par « arrondissement[18] » et taçoudj par nahyeh « canton; » d'autres donnent à asitân le sens de « lieu, résidence. » Enfin (selon une opinion différente), le Sawad se divise en quarante-huit cantons. I. Asitân de Schad-Firouz, chef-lieu Houlvân; cinq cantons: 1° Firouz -Kobad; 2° Djebboul ; 3° Takwa; 4° Irbil ; 5° Khanikîn. RIVE ORIENTALE DU TIGRE. TAMARRA.II. Asitân de Shad-Hormuz, sept cantons : 1° Buzurg-Sabour; 2° Nehr-bouk; 3° Kelwada et Nehrbîn ; 4° Khazer; 5° la Vieille-Ville; 6° le Haut-Radân ; 6° le Bas-Radân. III. Asitân de Schad-Kobad, huit cantons : 1°Roustoukbad ; 2° Mehroud ; 3° Silsil ; 4° les Deux-Djaloula ; 5° les Deux-Zab ; 6° Bendendjeïn ; 7° Beraz er-Roud ; 8° Deskereh et les deux bourgades (roustakaïn). IV. Schada-hân-Khosrou,[19] cinq cantons: 1° le Haut-Nehrewân ; 2° le Bas-Nehrewân ; 3° le Moyen-Nehrewân; 4° Baderaïa; 5° Bakousaya. TERRITOIRES ARROSÉS PAR LE TIGRE ET L'EUPHRATE REUNIS.V. Asitân de Sabour (nommé aussi) district de Kesker, quatre cantons : 1° Zendaverd; 2° Berboun[20] ; 3° el-Ustad, 4° el-Djevazireh. VI. Asitân de Schad-Bahman, quatre cantons : 1° Bahman-Ardechir; 2° Meïsan; 3° Dest-Meïsân; 4° Eberkobad.[21] TERRITOIRES ARROSÉS PAR L'EUPHRATE ET LE PETIT TIGRE (DODJEÏL).[22]VII. Asitân el-Ali, quatre cantons: 1° Mîr-Sabour; 2° Mesken; 3° Kotrobbol; 4° Badouria. VIII. Asitân ou district d'Ardéchir-Babeguân, cinq cantons: 1° canal de Schîr; 2° Roumakân ; 3° Kouta; 4° canal Derkit; 5° canal Djoubarah.[23] IX. District de Diwamastân, ou des Zab, trois cantons : 1° Zab supérieur; 2° Zab moyen; 3° Zab inférieur.[24] X. District du Haut-Behkobad, six cantons: 1° Babel; 2° Khoutarnyah; 3° Haute-Felloudjah ; 4° Basse-Felloudjah;[25] 5° les Deux-Canaux; 6° Ain et-Tamr « la Source du palmier. » XI. Behkobad moyen, quatre cantons : 1° el-Djenneh et el-Bedat; 2° Soura; 3° Barbiçya; 4° Barousema; 5° Nehr el-Mélik « canal du roi.[26] » XII. Bas-Behkobad, cinq cantons ; 1° Forat-Badakla;[27] 2° Silahoun; 3° Nister; 4° Roumistân; 5° Hormuzdjird. Mais, d'après une classification différente, ces deux derniers cantons sont formés de la réunion de fermes prises ça et là sur divers cantons. L'impôt foncier des districts arrosés par le Tigre (et l'Euphrate) s'élève à huit millions cinq cent mille dirhems.[28] OBSERVATION PRELIMINAIRE. J'ai disposé ce qui suit en tableau, pour éviter des redites fatigantes, et aussi pour que le lecteur puisse saisir dans leur ensemble les chiffres disséminés dans le texte. Un mot d'explication me semble nécessaire sur la valeur de la mesure de capacité et des monnaies dont se sert Ibn Khordadbeh. Firouzâbâdy assure que le korre d'Irak vaut six charges ou soixante kafiz, soit quarante ardeb. Le kafiz contenant douze saa et chaque saa pesant à peu près deux litres et demi, le korre peut être évalué à 18 hectolitres environ. C'est aussi par approximation qu'il convient de déterminer la valeur du dinar et du dirhem, c'est-à-dire de la monnaie d'or et d'argent. On sait combien le taux en a varié dans les premiers siècles de l'hégire : ainsi le dinar, de 14 francs, son cours primitif, est descendu au-dessous de 7 francs; pareille fluctuation a été subie par le dirhem. Afin de ne pas exagérer des chiffres déjà considérables, j'ai donné ici au dinar la valeur moyenne de 10 francs, ce qui met le dirhem entre 65 et 70 centimes, en comptant 15 dirhems au dinar, ainsi que le fait Kodama dans son Livre de l'impôt. (Cf. Journ. asiat. 5e série, XX, p. 179.) Nous aurons ainsi : Korre.............................. 18 hectolitres. Dinar.............................. 10 francs. Dirhem........................... 65 à 70 centimes.
TABLEAU STATISTIQUE DU SAWAD.
On a vu précédemment que l'auteur évaluait l'impôt du Sawad à 8.500.000 dirhems, tandis qu'ici nous trouvons seulement 8.456.840. Cette différence de 43.160 dirhems sur 8 millions et demi peut s'expliquer par des fautes de copistes, fautes inévitables dans une aussi longue nomenclature. Il est d'ailleurs aisé de la combler, si l'on admet notre conjecture sur les chiffres omis à l'article Canalde Scfttr. Le total de Kodama présente, comme on devait s'y attendre, des chiffres très différents, à savoir : 8.095.800 dirhems, 117.200 korres de blé, 99.721 korres d'orge. Mais, comme M. de Slane l'a judicieusement remarqué, il y a un tel désaccord entre les groupes partiels et le total résultant de ces mêmes groupes additionnés, qu'il est impossible de prendre ces nombres pour termes de comparaison. Kodama ajoute à sa liste une indication fort précieuse et qui mérite d'être signalée ici : il nous apprend qu'un korre de blé et un korre d'orge pris ensemble valent 60 dinars monnayés. Appliquant celte même valeur au produit des céréales, tel qu'il nous est fourni par Ibn Khordadbeh, je trouve, en tenant compte des lacunes du texte, environ 50 millions de francs pour le produit annuel des récoltes, ou un peu plus, si l'on adopte la récapitulation de Kodama. Mais il est essentiel de se rappeler que, dans le tableau de cet auteur, comme dans le mien, il est question uniquement du produit brut de la terre pour une année. Or il résulte de l'aveu des écrivains les plus sérieux, Mawerdy, l'auteur du Muhcka, etc. que le Sawad fut déclaré par Omar terre kharadjyth et soumise au kharadj moukaçémè, c'est-à-dire à l'impôt proportionnel. La quotité ordinaire de cet impôt étant le dixième, on voit que le droit du trésor sur le rendement de cette province s'élevait à 5 millions de francs. Ajoutons à cette somme 6 millions de francs, produit de l'impôt en numéraire, plus 8 à 10 millions pour les dîmes aumônières des deux grands centres « misr » Basrab et Koufah, et nous obtenons un chiffre de 20 millions pour la province du Sawad seulement. Il résulte encore du renseignement fourni par Kodama que, vers le milieu du IIIe siècle de l'hégire, l'hectolitre de blé ou d'orge valait de 16 à 17 francs. Ces curieux renseignements, qu'on chercherait vainement dans les chroniques musulmanes, reposent, on le voit, sur des témoignages authentiques; ils feront, je l'espère, excuser la sécheresse et le désordre du document dont j'ai entrepris la publication Le district de Schad-Firouz, qui n'est autre que le pays de Houlvân, est imposé à 1.800.000 dirhems, y compris les sommes payées par les populations catholiques et kurdes. HISTORIQUE DE L'IMPÔT DU SAWAD.Sous le roi Kobad, fils de Firouz, l'impôt était de 150 millions de miskals.[29] Omar, fils de Khattab (queDieu lui fasse miséricorde!), ayant ordonné de procéder au cadastre du Sawad, qui a, en long, 25 parasanges, depuis el-Haditha jusqu'à Abbadân, et en large, 85 parasanges, du coteau de Houlvân jusqu'à el-Odaïb, le résultat de cette opération fut 36.000 arpents (djérîb). Alors le khalife établit les taxes suivantes : un arpent de blé = 4 dirhems ; un arpent d'orge = 2 dirhems; un arpent de palmiers = 8 dirhems, un arpent de vignes ou d'arbres fruitiers = 6 dirhems.[30] La capitation fut établie sur 500.000 têtes, en tenant compte des différentes classes de tributaires. En résumé, Omar fixa l'impôt du Sawad à 120 millions de dirhems. (Il y a ici une erreur du copiste; il faut lire seulement 20 millions de dirhems, soit 13 millions de francs.) El-Haddjadj, fils de Youçouf, par son gouvernement tyrannique et son despotisme fantasque,[31] ne put tirer de cette province plus de 18 millions de dirhems, encore dut-il consentir un dégrèvement de deux millions, de sorte que l'impôt ne produisit pas plus de 16 millions de dirhems (10.400.000 francs). Il défendit aux cultivateurs de tuer les bœufs, croyant que cette mesure suffirait pour développer l'agriculture. C'est ce qui a fait dire à un poète: Quand nous déplorons devant lui la ruine de l'Irak, l'insensé, il nous interdit la chair de nos bœufs! La monarchie des Perses avait établi[32] un impôt de trente millions de dirhems sur le Djebal, l'Azerbaïdjan, Rey, Hamadan, les deux Mah, le Tabaristan, Nèhavend, Roumès. Maçabadân, Mihrdjânkadak et Houlvân. RÔLE DE L'IMPÔT PAYÉ À ABOU'L-ABBAS ABD ALLAH, FILS DE TAHER, FILS DE HUÇEÏN, PAR LE KHORAÇAN ET LES AUTRES PROVINCES SOUMISES A SON AUTORITE, L'AN 211 ET 212.[33]Dirhems. Rey................................................. 10.000.000 Koumès (Comisène)....................... 2.170.000 Djordjan[34]....................................... 10.170.000 Le Kermân. Cette province, dont les villes principales sont : Baft, Dibistân, Moukân et Kermân, a 180 parasanges en long et en large. Sous les Sassanides, l'impôt était de 60 millions,[35] aujourd'hui il est seulement de 5.000.000 Dirhems. Le Séistan (prélèvement fait du dégrèvement de Firavân[36] et du Rokkhedj), y compris le Zémîn-Daver et le Zaboulistan, qui forment la frontière du Takharistân 6.776.000 Les deux Tabès.............................. 113.000 Le Kouhistan................................. ..... 787.080 Neïsabour; cette ville a une citadelle[37] 4.108.700 Tous............................................... 740.860 Abiverd.......................................... 700.000 Serakhs. .'....................................... 307.440 Merve-Chahidjân; cette ville a une citadelle 1.147.000 Talikân........................................... 21.400 Gordjistân...................................... ..... 100,000 Cette province paye, en outre, une taxe en nature de 3.000 moutons. Badeghis......................................... ..... 124.000 Herat, Oustouvah et Esfidendj...... 1.169.000 Pouchèng........................................ 559.350 Province du Tokharistân................ 106.000 Gourgân......................................... 154.000 Khoulm.......................................... ....... 12.300 Khottolân[38].. et ses montagnes....... 193.300 Fatrougas........................................ ......... 4.000 Termta[39].......................................... ......... 2.000 Eddour et Sindjàn........................... 12.600 Endicharàn..................................... 10.000 Bamiân........................................... 15.000 Cherinekân, Houmers(?) et Isfidjab 606.500 Termed........................................... ....... 47.100 Soghdân.......................................... 3.500 Sa'yân............................................. 4.000 Khân.............................................. ....... 10.000 Midedjân....................................... : 2.000 Ahazoun(?)..................................... ....... 10.000 Tabab............................................. 20.000 Baham..................................... .. .. 30.000 Saghaniân....................................... 48.000 Bassara........................................... ........ 7.300 Zagharsen...................................... ......... 1.000 Adan et Raman.............................. ....... 12.000 Plus treize chevaux (sic). Kaboul........................................... 3.000.500 Plus 2.000 moutons estimés 6.000 dir. Kaboul est sur la frontière militaire du Tokharistân. Les autres villes sont : Wadân, Khâch, Khochhak, Khibrîn. Cette province, qui est limitrophe à l'Inde, produit le cocotier, le safran et le myrobolan. Bost................................................ ...... 90.000 Kech............................................... .... 111.500 Nim (Nîmrouz).............................. 5.000 Badekin (?)..................................... 6.200 Richtân et Djavân.......................... ........ 9.000 Zaubân........................................... 2.320 Akat............................................... 48.000 Kharezm et Khath[40]........................ .... 487.000 Amol.............................................. .... 293.400
PAYS AU DELA DE L'OXUS.Dirhems. Boukhara; cette ville a une citadelle [41]1.189.200 Le Soghd avec tous les districts qui forment le gouvernement de Nouh, fils d'Açed[42] 326.400 Cette somme est ainsi répartie : Ferghanah....................................... 280.000 En dirhems mohammedy. Les villes turques............................ ....... 46.400 En dirhems kharezmy et moçaïby.[43] De plus, 1.187 pièces de grosse toile et 1.300 pièces de cuivre ouvragé (mot à mot, en chaudières) ou en plaques. Le chiffre total de l'impôt (dans la Transoxiane) est 2.072.000 En dirhems mohammedy. Le Soghd, c'est-à-dire Samarcande, la mine de sel, Kech, Neçef, Nîm et les autres districts. 1.089.000 En dirhems mohammedy. Plus................................................. .......... 2.000 En dirhems moçaïby. Chach et la mine d'argent................ 607.100 Khodjendeh.................................... ........ 100.000 En dirhems moçaïby.[44] L'impôt du Khoraçan, en y comprenant tous les districts et cantons gouvernés par Abou'l-Abbas, 'Abd Allah, fils de Taher, s'élève à la somme de 44.486.000 dirhems, à laquelle il convient d'ajouter (comme taxe en nature) 13 chevaux,[45] 2.000 moutons, 1.012 prisonniers de guerre et 1.300 pièces de cuivre ouvragé et en plaques.[46] SURNOMS DES ROIS DU KHORAÇAN ET DE L'ORIENT.Le roi de Neïsabour est surnommé Kenar; -— le roi de Merv, Mahaveïh;[47] — le roi de Serakhs, Zadaveïh ; — le roi d'Ëndekboud, Bahman (ou Bahmaneh, d'après la copie A); — le roi de Niça, Ibnan (?); — le roi d'Amol, Anseb-amol-chah ; — le roi de Merv er-roud, Kilân; —le roi d'Isfizar, Merabideh; — le roi du Kaboul, Kaboul-chah; — le roi de Termed, Termed-chah; — le roi de Bamiân, Saïd-Bamiân; — le roi du Soghd, Akhchak; — le roi de Ferganah, Ikhchidîn ou Ikhchidiz;[48] — le roi de Rounsariân, Zirîsân; — le roi de Gourgân, Gourganan; — le roi du Kharezm, Khârezm-chah; — le roi du Khottol, Huçeïn-Khottolân-Khodah;[49] — le roi de Boukhara, Khodah; — le roi d'Achrousneh, Ifchîn; — le roi de Samarcande, Tarkhoun;[50] — le roi du Séistan, Rotbil;[51] — le roi de Rokkhedj, de Daver et de Nîm (roui), Dou'l-na-naah;[52] —le roi de Vardaneh, Vardân-chah; —le roi de Hérat, de Pouchèng et de Badeghis, Arân; — le roi de Keched, Madoun; — le roi du Djordjan, Soul; — le roi de la Transoxiane, Kousân-chah.[53] Rois des petites tribus turques : Tarkhân. — Nizêk. — Hourtéguîn. — Ramroun. — Ghourek. — Chohrab.[54] DISTRICTS DE L'AHVAZ (SUSIANE).Souk el-Ahvaz. — Sous. —Touster. — Djoundeï-Sabour. — Ram-Hormuz. — Eïdedj. — Asker-Mokrem. — Nehr-Tira. — Sorrak. — Menadir la grande et Menadir la petite. — (Dépendances.) Le canton de Sirv, ou Davrak, et Sinbil. — Le canton de Baçiân. —D'autres prétendent que Touster dépend de Djoundeï-Sabour, et que Eïdedj, au lieu de former un district particulier, est enclavé dans celui de Ram-Hormuz. (D'après une autre opinion), cette province se divise en sept districts : 1° Djoundeï-Sabour; 2° Souk el-Ahvaz; 3° (les deux) Menadir;[55] 4° Nehr-Tira; 5° Ram-Hormuz; 6° Sorrak; 7° Sous.[56] L'impôt foncier de l'Ahvaz est de 30 millions, celui du Fars également de 30 millions.[57] Sous l'ancienne monarchie des Perses, l'Ahvaz était taxé à 50 millions et les districts du Fars à 40 millions de miskals. Imrân, fils de Mouça le Barmécide, fut nommé gouverneur du Sind, à la condition de payer une redevance de 1 million, tous frais prélevés. Kesra-Perviz (Chosroès II), dans la dix-huitième année de son règne, tira de l'impôt foncier de son royaume 24 millions de miskals, ce qui fait, au poids actuel du dirhem, 795 millions de dirhems. Plus tard, le revenu (total) de son royaume s'éleva au chiffre de 600 millions de miskals.[58] A Isthakhr, les prairies sont un peu moins taxées qu'à Chiraz, et les terres labourées payent un tiers de moins qu'au chef-lieu. Je passerai sous silence les autres taxes et contributions d'octroi, qui sont très nombreuse et très lourdes. » (Fol. 393.) DISTRICTS DU DJEBEL.[59]Maçabadân. — Mihrdjânkadak. — Dinaver. — Nèhavend. — Hamadan. — Koumm. Impôt foncier de Dinaver, 3.800.000 dir. On prétend que Koumm appartenait d'abord à la province d'Ispahan, et qu'il en fut séparé, à l'époque de Haroun. Le district de Reredj eut le même sort. Sous la monarchie des Perses, le Djîl (Guîlân), l'Azerbaïdjan, Rey, Hamadan, les deux Mah,[60] le Tabaristan, Nèhavend, Roumès, Mihrdjânkadak et Houlvân étaient taxés à 3 millions de dirhems. DISTRICTS D'ISPAHAN.Cette province, qui a 80 parasanges en long et en large, renferme dix-sept bourgades (roastak) comprenant trois cent soixante-cinq villages, sans compter les domaines immobilisés,[61] qui sont vastes, bien cultivés et peuplés. L'impôt de cette province s'élève à 7 millions de dir. Celui de Rey à 10 millions. D'après une autre version, la province d'Ispahan serait divisée en vingt cantons, non compris celui de Koumm, lequel dépendrait de Dinaver.[62]
DU ROYAUME DE LA TERRE.Aféridoun partagea la terre entre ses trois fils : Selm (ou Selem) régna dans l'occident; les rois du Roum et de la Sogdiane descendent de lui. Thoudj, nommé aussi Thous, régna en Orient; les rois des Turcs et de la Chine forment sa postérité.[63] Un de leurs poètes a dit : Nous avons, dans notre siècle, partagé notre royaume, comme la viande est partagée sur l'étal. Nous avons donné la Syrie et les pays du Roum, jusqu'aux lieux où le soleil se couche, au vaillant Selem; A Thoudj, le gouvernement des Turcs, dans les contrées réunies sous le sceptre d'un cousin. Pour Iran, nous avons conquis le royaume de Perse, et nous l'avons comblé de nos bienfaits. TITRES DES ROIS DU MONDE.Le roi d'Irak, ordinairement connu sous le nom de Kesra, était nommé Chahinchah. Le roi des Byzantins, que le peuple nomme Kaïçar, s'appelle Basili.[64] Les rois des Turcs, du Tibet et des Khazars, portent tous le titre de Khakân. Le roi de la Chine est nommé Baghbour (ou, selon l'autre copie, Faghfour). Tous ces rois descendent en ligne directe d'Aféridoun, à l'exception du roi des Khozlodjes, Khankouweïk.[65] Le plus grand roi de l'Inde est le Balhara ou roi des rois.[66] Les autres souverains de ce pays sont ceux de Djabah, de Tafen, de Djouzr, de Ghanah, de Rahma et de Kamroun. Le roi du Zabedj (il faut sans doute lire des Zendjs) se nomme Alfikhat; le roi des Nubiens, Kamil; le roi des Abyssins, Nedjachy; le roi des îles de la mer orientale, Maharadja; le roi des Slaves, Kobad. ROIS SURNOMMÉS CHAHINCHAH.Buzurg-Kousân-chah; Guilân chah ; Ardhachirân-chah,[67] roi de Moçoul ; Masoun-chah, roi de Meïsân (Misène et Characène); Buzurg-Irân-chah; Azerbaïdjan-chah; Seguistân-chah; Harou-chah (roi de Hérat); Kirniân-chah ; (le mot suivant est illisible) Samdad-chah, roi du Yémen; Barman-chah; Kars-chah; Farhân-chah; Amarkân-chah (?); Saïbân-chah; Maskardan-chah, dans le Khoraçan; — Allan-chah, Baraskân-chah, Mekrân-chah, dans le Sind; — Mourdân-chah, chez les Turcs; — Hindovên-châh, dans l'Inde;— Kaboulân-chah, dans le Kaboul; — Schirân-chah, Daân-chah, Manaad-chah, dans le Sind; — Daverân-chah, dans le Zémin-daver; — Lahsân-chah ; — Kachmirân-chah.[68] ITINÉRAIRES.Aboul-Kaçem (Obeïd Allah, fils d'Abd-Allah), fils de Khordadbeh, dit : Commençons par l'Orient, qui forme le quart de l'étendue de l'empire, et parlons, en premier lieu, du Khoraçân. Ce pays obéissait autrefois (sous les Perses) à un sipahbed nommé Kadouskân.[69] Celui-ci avait sous ses ordres quatre merzebân, et chaque merzebân gouvernait une des quatre parties du Khoraçan ; ils venaient dans l'ordre suivant : 1° le merzebân de Merv-Chahidjân et ses dépendances; 2° le merzebân de Balkh et du Tukharistan; 3° le merzebân de Hérat, Pouchèng, Badeghîs et Séguistân; 4° le merzebân des pays situés au delà de l'Oxus. ROUTE DE BAGDAD AUX LIMITES LES PLUS RECULÉES DU KHORAÇAN[70](ROUTES DU N.-E.).Nahrévân, 4 fars. — Barma (Mok. Deïr-Barima), 4 fars. — Deskereh, 8 fars. —- Djaloula, 7 fars. — Khanikîn (Kod. Ed. 9 fars.), 7 fars. — Kasr-Chirîn « le château de Chirîn, » 6 fars. (Ici l'auteur décrit une route annexe en ces termes : de Kasr-Chirîn à Direkdân, 2 fars. — Chehr-zour, 18 fars. puis, reprenant son itinéraire direct, il continue ainsi :) Houlvân, 5 fars. — Maroustân (il faut lire Maderoustân, avec presque tous les géographes), 4 fars. — Merdj ei-Khala'h « la prairie de la citadelle, » 6 fars. — Kasr-Yézid « le château de Yézid, » 4 fars. — Zobeydyeh, 6 fars. — Kochkam (?), 3 fars. — Le château d'Amr, 4 fars. — Karmasîn (aujourd'hui Kirmânchah), 3 fars.[71] …………………………………………… Lacune……………………………………………….. On continue à suivre la route du Khoraçan, en appuyant à gauche, et l'on se dirige vers Dukkân, 7 fars. (Celui qui va dans la direction de Nèhavend et d'Ispahan tourne à droite, en partant de Dukkân, et arrive à Maderân, puis à Nèhavend, qui est un des districts du Djebal, puis à Khodar, 7 fars.) De Dukkân à Kasr el-Luçous « le château des voleurs, » 7 fars. — Haddad, 6 fars. — Karyet el-Açel « bourg au miel, » 3 fars. —Hamadan,[72] 5 fars. — Darnava (Kod. Darira), 5 fars. — Bouzanadjird, 5 fars. — Erzch, 4 fars. — Herzeh, 4 fars. —El-Asavireh, « les chevaliers. » 4 fars. — Yoùçeh et Roudeh, 3 fars. — Davoud-Abâd, à fars. — Sousenîn, 3 fars. — Savah, 5 fars. — Miskveïh, 9 fars. — Kostana, 8 fars. — Rey, 7 fars.[73] De Rey à Kazvîn, en tournant à gauche, 27 fars. — De Kazvîn à Abhar, 12 fars. — D'Abhar à Zindjân, 15 fars. De Rey à Maskal-Abâd (nom incertain; Ed. Makalabâd; Kod. Faslabâd. Le docteur Sprenger propose Mofaddhal-Abâd), 4 fars. — Kast, 6 fars. — Farrokhdîn, 8 fars. — Khovar ou Khâr, 6 fars. — Kasr el-Milh « château du sel, » 7 fars. (Ed. 6 fars.) — Ras el-Kelb « tête du chien, » 7 fars. — Semnân, 8 fars. — Djizîn……..[74] — Koumès, 8 fars. En tout, de Rey à Koumès, 70 fars.[75] Haddadeh, 7 fars. — Hadès, 7 fars. —Meïmel, 12 fars. — Hemkend, 7 fars. — Açed-Abâd, 7 fars. — Bahman-Abâd, 6 fars. — Khosroudjird,[76] 6 fars. — Niskerdereh, 5 fars. — Neïsapour, 5 fars. La distance totale entre Bagdad et Neïsapour est de 305 fars.[77] Les villes principales de cette province sont: Zam (Djam), Bakherz, Djoueïn et Beïhak. De Neïsapour à Elghabis ou Ghaïbas, 4 fars. -— El-Djouzak (ou el-Djouza; Mok. lit: Karyet et-Homrâ « le village rouge »), 4 fars. -— Thous, 5 fars. — Birakân (je crois qu'il faut lire Noukân), 5 fars. -— Mardoudân (Mok. Mazdourân), 6 fars. -— Erkineh, 8 fars. — Serakhs, 6 fars. — Kasr et-Tudjar « château des marchands, » 3 fars. — Astar-djédoal (Mok. et Yac. Astar Mo'ad), 5 fars. — Bihstaneh, 6 fars. — Dendanekân, 6 fars. — Niredjird, 5 fars. — Merv-Schahidjân; cette ville a une citadelle, 5 fars. — Distance totale (de Bagdad à Merv), 371 fars.[78] De Bagdad à Serakhs, 345 fars. De Merv partent différentes routes qui se dirigent vers Chach, le pays des Turcs, la province de Balkh et le Tukharistan. ROUTE DE MERV A CHACH ET AU PAYS DES TURCS.Kechmahen, 5 fars. — Deïoub (Kod. Divan), 7 fars. — Mandou (Kod. Mansat), 6 fars. — Ahsa, 8 fars. — Bir-Omar « le puits d'Omar » (Kod. Nehr-Othman « le fleuve d'Othman ») 4 fars. — Amol, 6 fars. — Distance de Merv à Amol, 36 fars. De Merv aux rives du fleuve de Balkh (Oxus), i fars. On traverse le fleuve et on arrive ensuite à Karin (Kod. Ed. Ferebr), 1 fars. — La forteresse de Djâfar, dans le désert, 6 fars. — Bykend, 6 fars. — Ribat « caravansérail de Boukhara, » 2 fars. — Masals (Kod. Yasara), 1 fars. ½. — Chora', place forte, 4 fars. — Kourousghoun (Kod. Koul), 6 fars. — Distance entre Amol et Boukhara, 19 fars.[79] Les villes de la province de Boukhara sont : Kerminyeh, Tavavis, Virdaneh, Bykend, la ville des marchands, et Karin (Ferebr), qui n'est pas éloignée de Boukhara. Entre Boukhara et Samarcande, il y a 37 fars. Au sud de cette province se trouve la chaîne de montagnes qui s'étend jusqu'en Chine. ITINÉRAIRE DE BOUKHARA À SAMARCANDE.Kerminyeh, 4 fars. — Dnbousyeh, 5 fars. — Irtikhen, 5 fars. — Rozmân, 5 fars. —Château d'Alkamah, 5 fars. — Samarcande, ville fortifiée, 2 fars. — Les principales localités qui dépendent de Samarcande sont : Debousyeh, Kechanyeh, Irtikhen (ou Kech), Nesef (ou Nakhcheb), Khodjendeb. — Distance entre Boukhara et Samarcande, 37 fars.[80] De Samarcande à Barket, 4 fars. — Djisr-bâghy (Kod. Djisrify), dans le désert, 4 fars.[81]..... De Chach à la Mine d'argent, 7 fars. — Erilmouzeh(?), 5 fars. — Distance entre Samarcande et Chach, 112 fars. …………………………………………….. Zamîn, ville connue …………………………………….. Deux routes mènent à Chach, au (fleuve des) Turcs, et à Ferganah. De Chach et de Zamîn à Khouloum (Kod. Ed. Koulous), par le désert, 7 fars. — De là au fleuve des Turcs, sur le territoire de Chach, 9 fars. — De là au passage du fleuve, 4 fars. — Boumket, 3 fars. — Chach, 2 fars. — La porte de fer, 2 milles. — Khalef, 2 fars. — Gharkeuï (ou Gharkeul), 6 fars. — De là à Isfidjab, par le désert, 4 fars. Distance entre Chach et Isfidjab, 13 fars. D'Isfidjab à Sawat, 4 fars. — Madoukhet (Kod. Baroudjket), 5 fars. — nom illisible (Kod. Tamiadj), 4 fars. — Nardjah, 4 fars. — Merly, au bord du fleuve (Kod. au lieu de Merly, menzil « station »), 6 fars. -— Nardjah est une montagne autour de laquelle jaillissent, dit-on, mille sources qui se dirigent vers l'orient, (et forment) un fleuve nommé Oïourkoub,[82] c'est-à-dire le fleuve rétrograde. — On passe le fleuve et l'on va ensuite à Khounket, 5 fars. — Atrân (peut-être Taraz), 3 fars.[83] D'Isfidjab au pays des Keïmak (Ed. ive climat, p. 217, Keïmaky), 80 fars. Il faut emporter des vivres pour toute la durée de ce voyage. D'Atrân au Bas-Birsghân, 3 fars. — Kasr-Bas, repaire où les Turcs-Khozlodjes s'abritent pendant l'hiver, 2 fars.[84] — Kenl (lac) de Sout, 4 fars. — Djebel (montagne) de Sout …………..[85] — Koulab, riche bourgade, 4 fars. — Eberky, riche bourgade, 4 fars. — Asyreh, 4 fars. — Nounket (Kod. Nourket), gros village, 8 fars. — Akhoundjarân, 4 fars. — Djoul (Gueul, « lac ? »), 4 fars. — Menazih (Kod. Sary), 7 fars. —. De là à la capitale du Khakân des Turcs, 4 fars. — Navaket, 4 fars. — Kenar ou Konad, 8 fars. — Le Birsghân supérieur[86] (c'est là que commencent les frontières de la Chine), 15 fars. ROUTE DE ZAMÎN A FERGHANA.Sabat, 2 fars. — Echrousneh, 9 fars. — (De Samarcande à Echrousneh, 26 fars.) Une autre route mène de Sabat à Alouk (ou Gholouk), 6 fars. — Khodjendeh, 4 fars. — Tarmakân, 7 fars. — Medînel-Bab, 3 fars. — Ferghana, 4 fars. Distance totale entre Samarcande et Ferghana, 53 fars.[87] Ferghana a été fondée par Anouchirwan, qui la peupla d'hommes pris dans chaque tribu; c'est pourquoi il lui donna le nom de Ezher-khâneh, ce qui veut dire « de chaque maison. » — Khodjendeh appartient à cette province. De Ferghana à Koba, ville, 10 fars. — Aus, 10 fars. — Yuzkend, résidence de Hourteguîn, 7 fars. — El-Akabah,[88] une journée de marche. — Atas, une journée. — Birsghân, 6 journées à travers un pays où ne se trouve pas un seul village. Atas, dont il est question ici, est une ville bâtie sur le haut plateau qui sépare le Tibet de Ferghana. Le Tibet est au centre de l'Orient. Du Haut-Birsghân à la capitale du Khakan des Tagazgaz,[89] il y a trois mois de marche, à travers un pays couvert de vastes bourgades et de forteresses. Les habitants, Turcs d'origine, sont ou mages adorateurs du feu, ou Zendik (manichéens, athées). Leur roi réside dans une grande ville fermée par douze portes de fer. La population professe les croyances des Zendik. A gauche (au nord) est le pays des Keïmak; en face, la Chine, à une distance de 300 fars. Le roi des Tagazgaz possède une tente d'or placée au faîte de son palais; elle peut abriter neuf cents personnes, et se voit à 5 fars. de distance.[90] Le roi des Keïmak campe au milieu des pâturages, sous des tentes en peaux de bêtes. Le pays qu'il occupe est séparé d'Atrân (Taraz ?) par un steppe d'une étendue de 81 journées de marche. La contrée habitée par les Tagazgaz est le plus vaste de tous les pays turcs ; elle est entourée par la Chine, le Tibet, les Khozlodjes, les Keïmak, les Ghozzes, les Djagha (Tchaghataï?), les Petchénègues, les Terkech, les Euzkech, les Khoufach.[91] Sur le bord du fleuve vit la tribu des Khorloukh (P). La ville de Karat[92] est une place forte occupée à la fois par une garnison musulmane et par une garnison de Turcs Khozlodjes. — On compte en tout seize (grandes) villes turques. ROUTE DE MERV-CHAHIDJÂN AU TUKHARISTAN.Kab (Kar, selon Kod. qui ne compte que 6 fars. par le désert), 7 fars. — Mehdy-Abâd, 6 fars. — Medjd-Abâd (Kod. Yahya-Abâd), 7 fars. — Karyeteïn « les deux bourgs » (Kod. El-Feres), 5 fars. — Açed-Abâd, sur le fleuve (l'Oxus), 6 fars. — Kasr-el-Ahnef,[93] sur le fleuve, 4 fars. — Merv-er-Roud » (Kod. Merv-la-Haute), 5 fars. — Birichk, sur le fleuve, 5 fars. — Asrab, 6 fars. (Kod. 7 fars.) — Guendjabâd, 6 fars. — Talikân, 6 fars. — Kichtidjab ( Kod. Kisdjân), 5 fars. — Arghiân, 4 fars. — Kasr-Hout, 5 fars. — Karyân (Faryab?), 5 fars. — El-Kaa' « la plaine, » dépendance du Gouzgân, 9 fars. — Serkân (Kod. Oustourkân), dépendance du Gouzgân, 9 fars. — Sedreh,[94] dépendance de Balkh, 6, fars. — Vuchkouk, 5 fars. — El-Ouz (El-Ghour?), 4 fars. — Balkh, 3 fars. La distance totale entre Merv et Balkh est de 126 fars.[95] De Balkh à Sarkhour, 5 fars. — De là aux bords du fleuve Djeïhoun (Oxus), 7 fars. A droite est le pays de Khottol et le fleuve du Lion; à gauche, le Kharezm. Merv a un autre nom, qui est Nîl. Cette ville est formée de deux quartiers, sur les deux rives du fleuve de Balkh. (Ses dépendances sont :) Amol, Rezm, les montagnes de Talikân, Karyat (Faryab?), le Nedjd « haut plateau, » le Djouzghân, jusqu'aux derniers bourgs de la Bactriane. Le fleuve de Balkh conserve ce nom jusqu'à ce qu'il arrive à Termed; il baigne les murailles de cette ville, bâties en pierres de taille. ROUTE DE SAGHANIÂN.De Termed à Sarim-Khân, 6 fars. — Khân-Zendjy (Ist. Darzindy), 6 fars. — Bertakht, 7 fars. — Saghaniân, 5 fars. — Barabda, 3 fars. — Hemdarân, 7 fars. Entre ces deux dernières stations, s'étend une vallée qui peut avoir 2 ou 3 fars de long. — Barsekoun, 8 fars. — Savamân, 5 fars. — Vachdjird, 4 fars. — Rast, 4 journées de marche. Rast, qui forme la frontière du Khoraçan de ee coté, est une vallée étroite entre deux montagnes; c'est par là que pénétraient autrefois les Turcs, quand ils envahissaient le pays. Fadhl, fils de Yahya, fils de Khaled, fils de Barmek, y fit construire une porte.[96] ROUTE DE BALKH AU TUKHARISTAN SUPÉRIEUR.Valary, 5 fars. — Le chef-lieu du Khoullam ou Khoulm, 5 fars. — Nahar, ville, 6 fars (Kod. 7 fars). — Erkabouk, 5 fars. — Karisgham (Kod. Karidh-Amir), 7 fars. — Près de là sont les bourgs qui appartiennent à Bostam, fils de Soura, fils de Mosavir.[97] RELAIS DE POSTE SUR LA ROUTE DE L'ORIENT.De Sorra-men-râ à Deskereh, 12 relais. — De Bagdad à Deskereh, 10 relais. — Moçaïr-Abâd (ou Naçir-Abâd), 9 relais. —- Karmiçîn, 6 relais. — Djoundân (Khoundad), 10 relais. — Hamadan, 3 relais. — Miskveïh, 21 relais. — Rey, 11 relais. —Koumès, 13 relais, — Neïsapour, 19 relais.[98] RELAIS DE POSTE DANS L'AHVAZ ET LE FARS.De Houlvân à Chehrzour, 9 relais. — De Houlvân à Syrevân, 7 relais. — De Syrevân à Samaïrah, 4 relais. — De Hamadan à Koumm, 47 relais. — D'El-Warkâ à Koumm, 3 relais. — De Koumm à Ispahan, 16 relais. — De Faderân à Nèhavend, 3 relais. — De Bagdad à Vaçit, 25 relais. — De Vaçit à la frontière d'El-Ahvaz, 20 relais. — De là à Noubendedjân, 19 relais. — A Chiraz, 12 relais. — A Istakhr, 5 relais. Contributions de Chehrzour, Sameghân et Dizabâd, 2.750.000 dirhems. Impôt foncier du Maçabadân et de Mihrdjânkadak, 3.500.000 dirhems. Impôt foncier de Koumm, 2 millions de dirhems. ROUTES ENTRE SOUK-EL-AHVAZ ET LE FARS.De Souk-el-Ahvaz à Azem, 6 fars. — Goubdîn, (Abdîn?), 5 fars. — Zott, 6 fars. — Makhaçah et Dhyâ « la ferme, » où se trouve un grand pont sur le Oaudi-el-Milh « rivière du sel.[99] » — Dihlizân, 6 fars. — Erradjân, 5 fars. Sur la rivière d'Erradjân, s'élève un magnifique pont d'origine sassanide ; il est en pierres de taille et long de plus de 300 coudées. — Destedjird, 5 fars. — Sedy, c'est là qu'on gravit la côte de l'Eléphant « Akabat-el-Fîl, » 6 fars. — Khardjân, 6 fars. — Zerdjouneh, 4 fars. — Noubendedjân, 5 fars. — Kourkhân, 5 fars. — Dans les environs est le vallon de Bâwân, célèbre par ses noyers, ses oliviers et autres arbres à fruit, qui poussent au milieu des rochers. — Harareh, 7 fars. Chiraz forme un district qui dépend d'Ardechir-Khoureh. Les autres villes de ce district sont : Djour, Meïboud, Djau, Simghân, Bendedjân, Kerikhân, Khovar, Roustak, Kîz, Guérouz, Abdereh, Sebdal, Tawadj, Kourân, Sidîn, Silaf, Gouvân, Zendjàn et Koulm-Firouz. La distance de Souk-el-Ahvaz à Davrak par eau est de 18 fars; par terre, de 26 fars. DISTRICT DE SABOUR.Il est ainsi nommé à cause de son chef-lieu. Les cantons qui en dépendent sont : Noubendedjân, Khast (ou Khacht), Kimaredj, Kazeroun, Djureh,[100] Goundivân, Destbarîn, Hindoukân, Derdjerid, Soulaf, Khoubedân, El-Meïdan, Mahân, Rasikhân, Ghahidjân, Merzefadîn, Savroun, Dizlendjân Sileh-Misr (?), Enverân, le Bas-Khoumagân, le Haut-Khoumagân, Tabaz-Mardân, Kîst. DISTRICT D'ISTAKHR.Istakhr est à la fois le nom du chef-lieu et du district. Dépendances : El-Beïda, Bahran, Açân, Iredj, Manis, Djîr, Kybr-HalkquBab, Borghân, Miavân, Kaçalisân, El-Oudar. De Ghiraz à Faça (nommuée aussi El-Béïda) et à Darabjird, 30 fars. —- De Faça à Darabjird, 18 fars. Les cantons qui forment le district de Darabjird (aujourd'hui pays des Chebankareh.) sont : Darabjird, Guerm ; Djehrem, Sabaf, El-Akrad ; El-Abdiân, Djouim, Merdj (Mergus), Tarem, Tabestân. DISTRICT D'ERRADJÂN.Bas, Chehr,[101] Mildjân, Buzurg. Distance de Chiraz à Djour, 20 fars. — De Djour à El-Beïda, 8 fars. — De Noubendjân à Chiraz, 23 fars. — De Chiraz à Sabour (Chapour), 20 fars. — De Chiraz à Istakhr, 8 fars. CAMPEMENTS DES KURDES.Le mot remm[102] (au pluriel: ramoum) signifie le campement des (tribus) Kurdes. On en compte quatre : 1° le remm d'El-Huçeïn, fils de Djilaveïh (Ed. Khalaveïh), surnommé Miandjân; il est à 14 fars. de Chiraz ; 2° le remm de Kaçem, fils de Chahriar, nommé Gouriân (Yak. et Ed. Barindjân), il est à 30 fars de Chiraz ; 3° le remm d'Ardamraï-Havamab (c'est peut-être le de Mokaddessy), à 26 fars de Chiraz ; 4° le remm d'El-Huçeïn, fils de Salih, nommé Rizan (copie B. Mouzan ; Yak. Zizân), à 7 fars de Chiraz. La province du Fars a 150 fars. en long et en large; elle renferme six districts[103] : 1° Istakhr; 2° Sabour ; 3° Ardechir-Rhoureh; 4° Darabjird; 5° Faça; 6° Erradjân. ROUTE D'ISTAKHR A SIRDJÂN (OU CHIRDJAN, CAPITALE DU KERMAN).Khidhr, 7 fars. — Le Lac,[104] 5 fars. — Ersindjân, 7 fars. —- El-Astaf, 4 fars. — Chahek-la-Grande, 6 fars. — Village du Sel « Qaryet-el-Milh, » 9 fars. —- Mourianeh, 8 fars. — Arvân, 3 fars. — Marsan, dernière dépendance du Fars (distance omise). Ce qui fait depuis Chiraz jusqu'à cette station 61 fars. — De Marsan à Roud, 3 fars. — Kelmân, 2 fars. — Sirdjân, capitale du Kermân et résidence du sultan, 11 fars. Il y a donc 16 fars.[105] depuis la frontière du Fars jusqu'à cette ville. Villes du Kermân……………….. (lacune), Roufs, Mazen, Marah, Balous, Djiraft, qui est la plus grande ville du royaume, bien que le sultan réside à Sirdjân.[106] ROUTE (DU KERMAN) AU SEDJESTAN.De Djiraft à Bemm, 20 fars. — Bermasir, 7 fars. — El-Amel, sur la lisière du désert, 4 fars. de là jusqu'au Sedjestan, 70 fars. dans le désert.[107] Villes du Sedjestan : Zalek, Gourgveïh, Heïçoum, Zarendj, Bost, Masverd, Karyeteïn « les deux bourgs; » en cet endroit se trouvent les écuries de Roustem; Rokhedj, Daver. Le fleuve du Sedjestan est nommé Hendmend. Dans les anciens âges, le roi Keïkaous donna la couronne du Sedjestan à Roustem le Héros. D'El-Amel à Taberân, qui dépend du Kermân, 41 fars. — De Taberân à Basour, chef-lieu du Djeroun (Ed. Djervân), 14 fars. — De là au village de Yahya, fils d'Amr, 10 fars. — Hadân, 10 fars. — Maaden « la mine, » 10 fars. — Mousar, 9 fars. — Direk-Mamounah, 9 fars. — Guîr, 10 fars. De là au pays habité par les Balous (Beloutches), 20 fars. — La Montagne de Sel, 6 fars. — Mahal, 9 fars. — Kalamân, 6 fars. — Seraï-Khalef, 4 fars. — Firouz, 3 fars. — El-Hafsar, sur la route de Kandabîl, en suivant la steppe, 20 fars. — Seraï-Dara, 10 fars. — El Hoçaïbah, 10 fars. — Kasdân, 10 fars. — Djour, 40 fars. — Bourg de Suleïman-ben-Somayi, 18 fars. (Ed. village de Salem). Ce village est le port du Khoraçan où l'on s'embarque pour aller dans l'Inde et la vallée de l'Indus (le Sind). De la frontière du Kerman à Mansourah, 80 fars; on passe par le pays des Zathes (ou Djathes), qui ont la garde de cette route. — De Zarendj, capitale du Sedjestan, à Moultân, deux mois de voyage. Moultân fut nommé « le ferdj de la maison d'or, » parce que Mohammed, fils de Kaçem, lieutenant d'El-Haddjadj,[108] y trouva 40 bahar d'or dans une maison, qui fut depuis nommée « maison d'or. » Ferdj (fente) a ici le sens de « frontière. » Le bahar vaut 333 menn, et le menn 2 ritles. PAYS DU SIND.El-Kaïrounyeh, le Mekrân,[109] El-Mend (il s'agit du pays des Meyd), Kandahar, Kasrân, Noukân, Kandabîl, Kinnezboun, Armabîl, Kanbaly, Sehbân, Sadousân, Deïbal, Raçek, Daur, Vendân, Moultân, Sendân, Mandal, Salmân, Seïrasp, Keredj, Roumlah, Kouly, Kanoudj, Baroub. PAYS DES PEHLEVIS.Hamadan, Dinaver, Nèhavend, Mihrdjânkadak, Maçabadân, Kazvîn. Cette ville, qui est à 27 fars. de Rey, forme la frontière du Deïlem; elle comprend la ville de Mouça et la ville de Mubarek.[110] Zendjân, selon les uns, est à 15 fars. selon les autres à 12 fars. d'Ahbar; Essinn, Taïlasân (pays des Talisches) et le Deïlem. L'impôt foncier de Kazvîn et de Zendjân n'est pas établi sur une base fixe ; mais il est évalué approximativement. ROUTE DE L'AHVAZ A ISPAHAN.De Eïdedj à Djoudardàn, 3 fars. — Arestadjird, 4 fars. — Sefîd-Decht « la plaine blanche, » 6 fars. — Toumen (ou Touner), 5 fars. — Tenoudjird, 6 fars. — Ribat, 7 fàrs. — Khanedân, 7 fars. — Ispahan, 7 fars.[111] ROUTE DU FARS A ISPAHAN.Kamfirouz, 5 fars. — Kouret (ou Koured), 5 fars. — Kâb, 4 fars. — Semarmez (Somaïrem?), 5 fars. — Chebah, 5 fars. — Mourdah, 7 fars. — Kenz-el-Merdjân « trésor de corail, » 7 fars. — Khân-el-Abrar « l'Hôtel des hommes généreux. » — Ispahan.[112] ROUTE D'ISPAHAN A REY.De Yahoudyeh (faubourg d'Ispahan) à Berkhâr, 3 fars. — Ribat-Der « la station de la porte, » 7 fars. — Enbazer, 5 fars. — Asfar, 6 fars. — Damar, 4 fars. — Abâd, 5 fars. — Berouz, 5 fars. — Koumm, 6 fars. — Khavas, 5 fars. — Mokattaa « la ferme, » 5 fars. — Karem, 9 fars. — Eddeïr « le couvent, » 7 fars. — Dâr, 7 fars. — Rey, 7 fars.[113] ROUTE DE BAGDAD À BASRAH.Médaïn, Deïr-el-Okoul, Djardjaraya, Djebboul, Fem-es-Silh, Vaçit, Farouth, Deïr-el-Ommal, El-Hawanit. On traverse ensuite les marais (bataïh), jusqu'au canal à Abou'l-Açed. Là on s'embarque sur le Didjlet-el-Awra, puis sur le canal de Ma'kal, jusqu'au château de Basrah.[114] RELAIS DE POSTE ENTRE SORRA-MEN-R ET VAÇIT.Okbera, 9 relais. — Bagdad, 6 relais. — Médaïn, 3 relais. —- Deïr-el-Okoul, 4 relais. — Djardjaraya, 8 relais. — Djebboul, 5 relais. — Vaçit, 8 relais.[115] ROUTE DE BASRAH À L'OMAN, LE LONG DE LA CÔTE.Abbadân, Hadaryah, Arfadja, Zabounah, El-Maaz, El-Assa, El-Migras, Holeïdjah, Haçan, El-Rora, Moçeïlaba (Ed. Maslakha), Hamadh, Hadjar, Mokabar (Kod. Mokayr), El-Katan, la Sabkhah « terrain salsugineux, » Oman ou Sohar.[116] ROUTE (DE BASRAH) VERS L'ORIENT, PAR MER.De Basrah à Abbadân, 12 fars. — Les Estacades[117]. 2 fars. c'est la qu'on s'embarque. La côle située à droite appartient aux Arabes, celle de gauche aux Persans; elles sont séparées par un bras de rner qui a 70 fars. de largeur. Dans ces parages se trouvent les deux montagnes (récifs) nommées Koçaïr et Owaïr.[118] La profondeur de la mer, en cet endroit, est de 70 à 80 brasses. Des estacades de Basrah à la capitale du Bahreïn, sur la côte des Arabes, il y a 70 fars. Les habitants du Bahreïn sont des pirates; ils n'ont pas de champs cultivés, mais possèdent des ruches d'abeilles et des chameaux. De là au Dourdour,[119] 150 fars. — de là à Oman, 50 fars. — De Chihr à Aden, 100 fars. Aden est un des principaux points de relâche dans cette mer. On n'y trouve ni blé, ni troupeaux; mais l'ambre, l'aloès, le musc y abondent. Aden est l'entrepôt des marchandises du Sind, de l'Inde, de la Chine, du Zendj, de l'Abyssinie, de Basrah, de Djeddah et de Kolzoum (Suez). La grande mer orientale produit de l'ambre excellent. Elle recèle dans ses flots un poisson long de cent à deux cents coudées; les marins le redoutent, et, pour l'éloigner, ils choquent des morceaux de bois l'un contre l'autre.[120] On trouve dans les mêmes parages un poisson volant, long d'une coudée, à face de chouette; un poisson, long de vingt coudées et qui renferme dans son ventre jusqu'à quatre poissons du même genre (squales, requins) ; une tortue ronde de vingt coudées, qui pond mille œufs à la fois ; sa carapace fournit une écaille excellente : cet animal est vivipare. (On y trouve aussi) un poisson vivipare qui ressemble au chameau; enfin, un oiseau qui pond et couve ses œufs à la surface des vagues, sans jamais se poser sur le rivage. ROUTE DU FARS (GOLFE PERSIQUE) VERS L'ORIENT.D'Obollah à Kharek, 50 fars. Cette île, qui a un farsakh en long et en large, produit du blé, des palmiers et des vignes. — De Kharek à Lafet, 80 fars. Lafet a 2 fars. en long et en large; elle produit du blé et des palmiers. — De là à Aval (ou Abroun), île longue et large d'un fars. et qui produit du blé et des palmiers, 7 fars. — De là à Khîn,[121] île déserte qui n'a pas plus d'un demi-farsakh d'étendue, 7 fars. — Kîs (Kîch), île qui a 4 fars. On y trouve du blé, des palmiers et des troupeaux ; il y a dans ces parages une pêcherie de perles très estimées, 7 fars. — Ile des Bènou-Kavân, 3 fars. d'étendue et de largeur ; elle est habitée par des hérétiques de la secte des Ibadites, 18 fars. — Ormuz, 7 fars. — Narmechîreh (Ed. Bannechîn), qui est la ligne de démarcation entre la Perse et le Sind, 7 journées de navigation. — Daïbal, 8 journées. Cette ville est à 2 fars. des bouches du Mehrân (Indus). Le pays du Sind produit le koust (costas speciosus, famille des balisiers), le rotang et le bambou. — Du fleuve Mehrân à…[122] où commence le territoire indien, 4 journées. On y récolte le rotang dans les montagnes et le blé dans les vallées; les habitants, divisés en tribus, vivent de brigandages. Deux farsakhs plus loin, habite une autre peuplade qui se livre au vol, ce sont les Meyd.[123] — De là à Koul (ou Koula), 2 fars.— De Koul à Sendân, où l'on récolte le bois de teck « sadj » et le rotang, 18 fars. — De Sendân à Mely (Malabar), pays du poivre et du rotang, 5 journées. Au dire des marins, chaque grappe du poivrier est surmontée d'une feuille qui l'abrite de la pluie ; lorsque la pluie cesse, le feuillage s'écarte; s'il recommence à pleuvoir, il recouvre de nouveau le fruit.[124] — De Mely à Balîn, 2 journées.[125] — De là au grand golfe, 2 journées. A Balîn, la route se partage. En suivant la côte, on arrive à Baneh (ou Bas), qui produit du riz qu'on porte à Serendîb, 2 journées. — Sandy et Askan, pays qui produit du riz, 2 journées. — Koura, où se jettent plusieurs fleuves, 3 fars. — Kilakân (Ed. Kilkayân), Louar et Kendjeh, 2 journées.[126] Ce pays produit du froment et du riz ; on y expédie de l'aloès par voie d'eau douce (le Godavery, selon le docteur Sprenger), de contrées situées à une distance de 15 journées, comme Kamoul et d'autres lieux. — De Semender à Ourtasîr (Ed. Kachmîr), grand royaume où abondent l'éléphant, le cheval, le buffle et toutes sortes de productions, 12 fars. Le roi de ce pays est très puissant.[127] — D'Ourtasîr à Aïneh, où l’on trouve aussi des éléphants, 4 journées. — De Houbalîn (?) à Serendîb, 2 journées. Serendîb (Ceylan) a 80 fars. en long et en large. On y voit la montagne sur laquelle Adam fut précipité (après avoir été chassé du paradis terrestre). Le sommet se perd dans les nues, et il est aperçu des navigateurs à une distance d'environ vingt journées (sic). Les Brahmanes, qui sont les dévots de l'Inde, montrent sur cette montagne l'empreinte de l'un des pieds d'Adam; l'autre empreinte se trouve dans l'Inde, à une distance de deux ou trois journées de la première. On recueille dans cette montagne l’aloès, le poivre, plusieurs espèces d'aromates et de parfums. On trouve dans les environs différentes variétés de rubis et d'autres pierres précieuses; enfin, dans la vallée, une mine de diamants et des chèvres à musc. Les habitants de l'Inde disent que le pied d'Adam n'a laissé qu'une seule empreinte dans le roc, et qu'une flamme jaillit sans cesse, comme un éclair, du sommet de la montagne.[128] Serendîb produit le cocotier, et l'émeri, qui sert à essayer les métaux; on trouve dans ses rivières le cristal de roche, et le long de ses côtes sont établies des pêcheries de perles. Au delà de Serendîb, est l'île de Ramy, où vit le rhinocéros. Elle produit le bokam (bois de Brésil) dont les racines sont efficaces contre les poisons mortels. Ce remède s'emploie surtout avec succès pour les morsures de vipères. On y trouve aussi des buffles sans queue (lacune de quelques mots). . . . Les habitants de ces îles vont nus, et s'abritent au milieu des fourrés. Leur langage est une sorte de sifflement inintelligible. Ils évitent la société des autres hommes. Leur taille est de 4 chibr (36 pouces); les parties génitales, dans les deux sexes, sont de petite dimension ; ils ont les cheveux rouges et crépus. Ils grimpent aux arbres avec les mains[129]… Il existe sur le rivage de cette mer une race de blancs qui peuvent atteindre à la nage les bâtiments, même lorsqu'il vente grand frais. Ils échangent, contre du fer, de l'ambre qu'ils apportent entre leurs dents.[130] — Une autre île est habitée par des noirs, qui mangent leurs prisonniers tout vivants, après les avoir suspendus et en avoir partagé les membres[131] ….. Une montagne, dont la terre est mêlée d'argent. Soumise à l'action du feu[132]…… Dans les montagnes du Zendj (Zabedj ?) il y a d'énormes serpents qui dévorent les hommes et les buffles; on en trouve même qui dévorent les éléphants. Ce pays produit le camphrier qui a, à peu de chose près, la taille de l'homme.[133] On pratique, au sommet de l'arbre, une incision par laquelle s'échappe l'eau (la résine) de camphre. On la recueille; puis on fait une autre incision au-dessous, vers le milieu de l'arbre, et le camphre en découle goutte à goutte. Après cela, l'arbre se dessèche et meurt; Cette île renferme une foule de merveilles qu'on ne saurait ni énumérer, ni décrire.[134] La route de Chine fait un coude à Balîn (Ed. Balbak et Balbank), et laisse à gauche l'île de Serendib. De Serendîb, on se rend, en dix ou quinze journées de navigation, à l'île de Likbalous.[135] Les habitants de cette île vont nus; ils vivent de bananes, de poisson cru et de cocos; leur principale richesse est le fer. Ils fréquentent les marchands étrangers. De Likbalous à l'île de Kalah, six journées de navigation. Cette île appartient au Djabah de l'Inde. Elle renferme des mines d'étain alka'ly et des plantations de bambou.[136] — A gauche et à deux journées de Kalah est l'ile de Balous, habitée par des anthropophages. Productions : camphre excellent, bananes, cocotiers, canne à sucre. Deux fars. plus loin est l'île du Djabah de Chelahet, nommé Maharadja. Cette île est très vaste; le roi qui la possède est vêtu d'une robe et d'un chaperon (Kalansoua) d'or; il adore le Bouddab. Productions : cocotiers, bananes, canne à sucre, bois de sandal, jacinthe, giroflier. Près de là se trouve une petite montagne qui vomit des flammes, sur un circuit de cent coudées et à la hauteur d'une lance; le jour il en sort de la fumée, et le feu ne se montre que durant la nuit. Après quinze jours de traversée, on arrive au pays du coton. Entre Djaba et Chelahet, on compte environ[137].... Les rois et les peuples de l'Inde s'abstiennent de boire du vin[138] ; mais ils considèrent l'adultère comme une action licite, à l'exception du roi de Komar, qui s'interdit et l'adultère et l'usage du vin. Au contraire, le roi de Serendîb fait venir les vins de l'Irak pour sa consommation. Tous ces rois font grand cas de l'éléphant, et ils s'en disputent l'acquisition à prix d'or. Le maximum de la taille chez cet animal est neuf coudées; cependant, on trouve dans les ghobb[139] des éléphants qui ont jusqu'à dix et onze coudées de haut. Le plus puissant souverain de l'Inde est le Balhara, dont le nom signifie « roi des rois. » Sur le chaton de sa bague, est gravée cette devise : « Ce qu'on entreprend avec passion finit toujours par réussir. » Après lui viennent le roi de Tafen ; le roi de Djabah (Java); le roi de Djozr (Guzerat?), chez lequel ont cours les dirhems dits tatherides;[140] le roi d'Anah et le Rahma. Les Etats de ce dernier sont distants de tous les autres d'une année de marche.[141] Le Rahma possède cinquante mille éléphants, des étoffes de coton et de l'aloès. Après lui vient le roi de Kamroun, dont le royaume touche à la Chine, et abonde en rhinocéros. Cet animal porte sur le front une corne, longue d'une coudée, et épaisse de deux palmes; on y remarque une sorte de figure dans le sens de sa longueur. Quand on la fend, on trouve dans l'intérieur, et se détachant en blanc sur un fond noir, l'image de l'homme, du cheval ; du poisson, du paon, ou de quelque autre oiseau. Les Chinois les achètent et en fabriquent des ceintures dont le prix varie depuis deux cents dinars jusqu'à trois et quatre mille dinars.[142] Tous les rois dont il vient d'être parlé ont les oreilles percées.[143] Le roi du Zabedj est nommé Maharadja; il possède dans ses Etats une île nommée Dhou-Taïl, qui retentit du son des tambours et des timbales.[144] Au rapport des navigateurs, on trouve dans ces parages un cheval qui ressemble à l'espèce chevaline répandue parmi nous, mais dont la crinière est si longue qu'elle traîne par terre. — Le Maharadja perçoit chaque jour une contribution de 200... d'or; il fait fondre cette somme en un seul lingot et la jette dans l'eau en disant : voilà mon trésor.[145] Il y a dans cette mer une île où vivent des singes qui ont la taille de l'âne.[146] ITINÉRAIRE DE LA CHINE.En parlant de Mabit (Ed. Maït et Mafit), on trouve à gauche l'île de Koyoumah (Ed. Tonoumah, et plus loin, Choumah. Relat. des voyages, Botoumah), qui produit l'aloès indien et le camphre. De là on va, en cinq journées, à Komar, pays qui produit l'aloès indien nommé komary, et du riz. De Romar à Senf,[147] trois journées, en suivant la côte. L'aloès de Senf, nommé à cause de cela senfy, l'emporte sur celui de Komar, car il va au fond de l'eau ; ce qui prouve sa qualité supérieure. On trouve dans cette île des bœufs et des buffles. ………….. Parmi les villes les plus connues de l'Inde, sont: Saïl, Medry (Mendary), Barouh, Kandahar, Cachemire[148].... De Senf à el-Wakîn (Ed. Loukîn), qui est le premier point de relâche en Chine, 100 fars. par la route de terre et de mer. On trouve à el-Wakîn d'excellent fer de Chine, de la porcelaine et du riz.[149] On peut aller d'el-Wakîn, qui est un grand port, à Khanfou, en quatre journées par mer, et en vingt journées par terre. Khanfou (Hang-tcheou-fou) produit toute espèce de fruits et de légumes, le blé, l'orge, le riz et la canne à sucre. De Khanfou, on arrive en huit journées à Djanfou (Khan-djen-fou), ville qui offre les mêmes productions que Khanfou. De là à Kantou, où l'on trouve aussi les mêmes productions, six journées. Dans tous les ports de la Chine il y a un grand fleuve navigable qui est soumis à l'influence de la marée. On trouve dans le fleuve de Kantou l'oie, le canard et d'autres volatiles. La plus grande longueur de la côte chinoise, depuis Almaïd (Ed. sic, t. II, p. 89) jusqu'à l'autre extrémité, est de deux mois de voyage. La Chine renferme trois cents villes, toutes prospères et bien connues. Ce pays est borné par la mer, le Tibet et le pays des Turcs. Les étrangers venus de l'Inde sont établis dans les provinces orientales. Le pays des Wakwak est si riche en mines d'or, que les habitants fabriquent, avec ce métal, les chaînes de leurs chiens et les colliers de leurs singes. Ils livrent au commerce des tuniques brochées d'or. Abd el-Ghaffar le marin, originaire de Syrie,[150] étant interrogé sur le flux et le reflux, en donna l'explication suivante : Ce phénomène se manifeste dans la mer de Perse, au lever de la lune; dans la grande mer, il se divise en deux saisons : l'une d'été, dans la direction d'est-nord-est, pendant six mois; à cette époque, la mer hausse dans les régions orientales, comme la Chine, et elle diminue dans les régions occidentales; l'autre d'hiver, dans la direction de l'ouest-sud-ouest, durant six autres mois; la mer hausse alors dans les contrées occidentales.[151] Ce qui est au delà de la Chine n'est pas connu. En face de Kantou, s'élèvent de hautes montagnes. C'est le pays de Sila (Japon?) où l'or abonde. Les Musulmans qui s'y rendent s'établissent définitivement dans cette contrée, à cause de tous les avantages qu'elle présente. On ignore ce qui est situé au delà. Le pays de Sila fournit à l'exportation : le ghorraïb (ixore, plante de la famille des rubiacées), la gomme kino, le musc, l'aloès, le camphre, des voiles, des selles, de la porcelaine, du satin, le cinnamome et le galanga. Du pays des Wakwak, on tire l'or et l'ébène; de l'Inde, l'aloès, le camphre, la muscade, le clou de girofle, la racine de nymphaea, le cubèbe, le coco, des tissus de coton et de velours, des éléphants. On exporte de Ceylan toutes les variétés du rubis et d'autres pierres de ce genre, le diamant, les perles et l'émeri qui sert à essayer les métaux, de Mely et de Sendân, le poivre et le cristal de roche ; de Kalah, le plomb dit alka'ly; des régions du Sud, le bois de bokam (bois de Brésil) et le dary,[152] le costus, le rotang et le bambou. -— La longueur de cette mer, entre Kolzoum (Suez) et le pays des Wakwak, est de 4.500 fars. (2.700 myriamètres). — On tire principalement du Yémen les soies rayées de diverses couleurs et plusieurs autres étoffes, l'ambre, le wars (safran d'Arabie) et la gomme.[153] L'Inde est partagée en sept castes : 1° Les Sabek-ferya (B : les Sabiens; Ed. Sekrya); c’est la caste des nobles et du roi. Toutes les autres castes se prosternent devant eux ; mais ils ne rendent cet hommage à personne. 2° Les Brahmanes, qui ne boivent ni vin, ni liqueur fermentée. 3° Les Kesrya (kchatrya) ; ils boivent trois coupes de vin seulement; ils ne peuvent contracter alliance dans les familles des Brahmanes; mais ceux-ci épousent leurs filles. 4° Les Soudarya (soudra) ou cultivateurs. 5° Les Meïsera (veisya), artisans et ouvriers.[154] 6° Les Sandalya (tchandala), gens de service et d’escorte. 7° Les Zenya, musiciens et jongleurs. Il y a quarante-deux sectes religieuses parmi les Hindous ; les unes croient en Dieu (que son saint nom soit glorifié!) et en la mission des prophètes; d'autres rejettent les prophètes, d'autres rejettent toutes ces croyances à la fois. On trouve dans ce pays une classe de magiciens qui réalisent tout ce qu'ils veulent, par leurs enchantements, et guérissent toutes les maladies. Versés dans les sciences occultes et dans l'art de la divination,[155] ils exercent une autorité absolue, font le bien et le mal, évoquent des apparitions et des fantômes qui frappent l'esprit d'épouvante, commandent à la pluie et à la grêle[156]. . . le maghreb ou occident.Le Maghreb formait un quart de l'Empire sous l'ancienne monarchie des Perses; son gouverneur était nommé Kharberân-Espehboud. ROUTE DE BAGDAD AU MAGHREB.Sindjileïn (Yak. Salyaheïn, 3 fars.), 4 fars. —El-Anbar, 8 fars. — Ed-Derb, 7 fars.[157] — Hît, 12 fars. — Narousyeh, île sur l'Euphrate, 7 fars. — Eladousyeh (Kod. Alouseh), 7 fars. — Ed-Dara, 6 fars. El-Fakhîmah (Ed. Odjaîmah), 6 fars. — Et-Behyeh (Kod. El-Behymeh), 1a fars. — El-Fardhah (K.od. El-Ardhah) dans la plaine, 6 fars. — Ouady esseba' « vallée des lions, m 6 fars. — Khilidj « le canal » (Ed. « canal des Bènou Djoumah ou Djoumaï, » ibid. 145), 5 fars. — Montagnes[158] de Karkisya, 7 fars. — Nahr-Sayid, 8 fars. — El-Hourrîn (Kod. El-Hourân; Ed. Djordjan), 14 fars. — El-Menzil (Ed. El-Mebrek; K.od. El-Menazil), 21 fars. (il faut lire 11 fars.) — Rakkah, ville nommée par les Grecs Kalanikous,[159] 8 fars. (Villes principales) : Rakkah; Harrân; Roha; Somaïsat; Saroudj; Hisn-Kifa; El-Ard el-Beïdha « la terre blanche; » Tell « colline » de Mauzen; Ezzewaby; El-Mazidjân; Roçafah; Zeïtounab. — Impôts de la Mésopotamie (El-Djezireh) : quatre millions de dinars. Au rapport d'El-Ispahâny, l'impôt du Diar-Modar a été fixé à la somme de 9.500.000 dinars, y compris les dîmes.[160] Division administrative de l'Euphrate : Karkiçya ; Khabour; Rahbah; Eddalyah « la vigne; » Anal; El-Hadîthah; Hît; Elanbar; Beïder; Masîn; Somaïsat; Es-Sikr[161].... Tabân; Bir el-Alya; Bir es-Soufla. Telles sont les villes nommées villes de Khabour. Les stations de cette route, en partant de Rakkah, sont : Douser; Balès, où l'on passe l'Euphrate; Khousaf; Naourah; Alep; Kinnisrîn. — La province de Kinnisrîn comprend les districts suivants : Maarat-Mofrîn;[162] Berdjewân; Sermîn; Djebar el-Açab; Dolouk; Raabân; Alep. — Places fortes[163] : Kourès; El-Djoumeh; Menbedj; Antakyeb; Nirîn; Loubna; Balès; Rossafah « la chaussée » de Hicham, fils d'Abd el-Mélik. — L'impôt de la province de Kinnisrîn et des places fortes se monte à 400.000 dinars. De Kinnisrîn on se rend à Chîzer, puis à Hamat, puis à Hims (Emèse). La province de Hims renferme les districts suivants (dans ce pays, on donne au district le nom d'Iklim « climat ») : Chîzer; Afaniyah; Marat en-Nomân; Sourân; El-Atmîn; Tell-Meïçerah; Loubnân (le Liban); Es-Sofrah; les cinq districts où l'on cultive le dattier; El-Ghoutas; Nawah ; Raçîn ; Damîn ; Koustoul ; Selmyah ; Adounah ; Djouçyab ; Soudanyah ; Tadmor (Palmyre). — Villes de la côte: Kilata (?); Djebelah; Bolonyas (Apollonie de Syrie); Natroun (peut-être Antartous, Tortose); Merkabah (Castrum Merghabum); Kaçirah; Saka; Habyab ; Eltiouleh ; Adjloun; Barîn; Afirama. ROUTE PARTANT DE HIMS (ÉMÈSE).Djousiah,[164] 10 fars. —El-Kara, 30 m. — Nebek, 12 m. — Kotaïfab, 20 m. — Damas, 24 m. Damas, qui est la ville nommée Dhat el-Imad,[165] existait, dit-on, avant le prophète Noé. L'arche partit du sommet du Liban et s'arrêta sur le mont Djoudy, dans le Kurdistan. Lorsque les enfants de Noé se furent multipliés, ils abandonnèrent les serdab (cavernes, voûtes cyclopéennes) au roi Nimroud, fils deKouch, le premier qui régna sur les Juifs, sectateurs de la Thorah. — Impôt foncier de Hims, 340.000 dinars. Mais, suivant Ispahâny, il n'a jamais dépassé 180.000 dinars.[166] Province de Damas, districts : la plaine du Gawtah (banlieue et jardins de Damas); Senîr; la ville de Balbek; la Bekaa et le Liban; district de Djounyah; district de Tripoli; district de Djobeïl (ou Gebaïl); Beïrout; Saïda et Bathanée; district du Haurân; district de Djaulân; la banlieue[167] de Balka; les environs du Jourdain; district de Moab; district du Djebal ou Montagnes; district de Chera (ou Cherat); Bosra; Amman et El-Djabyeh. ROUTE PARTANT DE DAMAS.Djaçim, 24 m. — Fîk, 24 m. — Tibériade, chef-lieu du Jourdain, 6 m.[168] — Impôt foncier de Damas 400.000 dinars, plus une fraction. El-Ispahâny ajoute : « Cet impôt a été rigoureusement évalué par Ibn el-Moudebbir; il se monte, en y comprenant le total des dîmes et la capitation des Juifs, à la somme de 140.000 dinars. » Districts : le Jourdain; Tibériade; Samarie; Beïsân; Fahl; Hawîm; Naplouse; Djadar; Abil (Méraçid : Abil ez-Zeït); Sousyah; Safouryah; Akka (Saint-Jean-d'Acre); El-Kouds (Jérusalem); Sour (Tyr). De Tibériade à El-Lahoun, 20 m. — Kaïsatyeh, 20 m. — Ramlah, chef-lieu de la Palestine, 24 m. (Total, 128 kilom.) — Impôt de la province du Jourdain, 350.000 dinars; mais, selon Ispahâny, il n'a jamais dépassé la moitié de cette somme, non plus que l'impôt de la Palestine.[169] Districts de la Palestine : Ilya ou Beït el-Makdes (Jérusalem, Mlixx Capilolina). David et Salomon y avaient déposé leurs trésors. De Jérusalem à la mosquée d'Abraham (Hébron), où se trouve le tombeau de ce prophète, on compte 13 m. — Suite des districts : Amwas; Loudd; Ramlah; Yafa; Kaïsaryeh; Sebastyeh; Askaloun; Ghazza; Beït-Djebrîn. ROUTE PARTANT DE RAMLAH.Azdoud, 12 m. — Ghazza, 20 m. — Rafah (Bekry : Rafakh), 16 m. — El-Arîch, dans les sables, 24 m. — Warradah, 18 m. — Ghoraïbeh (Kod. Bakarah; Mok. Nafarah), 20 m. — Farama (Péluse), 24 m. dans les sables. — Djordjîr, 30 m. — El-Kaçyrah, 24 m. — Mosquée de Kodhaa, 18 m. — Bilbîs, 21 m. — Foslat, capitale de l'Egypte, 24 m. (Total, 251 m. = 502 km.) L'Egypte, patrie des Pharaons, était nommée aussi Macédoine. Fostat doit son nom au camp qui y fut dressé par Ami, fils d'El-Assy. — Impôt de la Palestine, 500.000 dinars.[170] DISTRICTS DE L'ÉGYPTE.Menf; Waçîm; Dalass; Bousîr; le Fayyoum; Ahnas; El-Raïs; Taha ; Achmounîm; Osyouth; Kebfa ; Behnesa; Ikhmîm; Ed-Deïr (c'est le couvent d'Abou Chanoudah); Abchayah; Ermount; Kyft; El-Askir (Méraçid : El-Aksar); Esnè; Ramît; Oswân; Alexandrie; Kolzoum (Clisma, Suez);Thour; Eïlah; Maçîl et Malidous; Kartassa; Kharbita, Sabas; Sakha; Nebdeh (Yak. Tydeh); Alaf; Loubya; El-Awsyeh; Thowah; le Bas-Menouf; Chantouf; le Haut-Menouf; Atrîb ; Aïn-Chems ; Karasta (?); Kaïmen (?); Sân et Iblîl ; El-Bokhoum; Moghîrah; Ahyâ et Dachnah; El-Hauf occidental; El-Hauf oriental ; Bobaïrah « le lac » ou région basse;[171] Bathn er-Rîf; Chorounah; Saïd; Tinnis; Dimyat; Farama; Dokhoula; Bothaïrah; Nakyzah; Bosaïth; Matharyeh; Ternout; El-Babr(?); Bedaryeh; Bedakoun; Cherak; Maryout; Samryah (Yak. Wasimah); Bernîl; Ansina; Chatal; Debîk. L'étendue de l'Egypte en long, depuis Chedjreteïn « les deux arbres,[172] » et El-Arîch jusqu'à Oswân aSyène, » et en large, depuis Barkah jusqu'à Eïlah, est évaluée à un mois de voyage. ROUTE D'ÉGYPTE AU MAGHREB, EN PARTANT DE FOSTAT.Dhat es-Sabil (Kod. Dhat es-Selasil), 24 m. — Tarnout (Marbout, leçon erronée dans Makrizy), aa m. — Rafikah (Kod. Rafyah), le long du Nil, 24 m. — Karasta (Ed.Karma), 24 m. — Kerboun, 24 m. — Alexandrie, 24 m. — Nounyah (Kod. Abou-Mounyab; Mok. Bayyoubab), 20 m. — Dhat el-Houmam « séjour de la fièvre, » 18 m.[173] — Djennet er-Roum « jardin des Grecs » (Bekry : Hanyat er-Roum « l'arcade des Grecs »), 24 m. — Thahounah « la meule, » 30 m. — Kenaïs el-Awsedj « citerne de la plante nommée rhamnus, » on n'y trouve que de l'eau de pluie, 30 m. — Sikket' el-Hammam « relais du bain, » 30 m. — Kasr-Chemmas « château du diacre, » 25 m. — Khirbet el-Koum « ruine de sable, » 15 m. —Kharab Abou Halyma (Bekry : Kharaïb; Mok. et Ed. Haouanit « boutiques »), 35m. — La citerne d'Abd Allah, 30 m. — Djanad es Saghîr, 30 m. —- . . . 35 m.[174] — Ouady Makhîl, 35 m. — Citerne de Houlmân (variante : Holaïmân), 35 m. — El-Meghar « la caverne » (Ed. Meghar er-Rakîm « des Sept dormants »), 35 m. — Takenest (Ed. Yakîst), 25 m. — Nedamah, 26 m. — Barkah 6 m.[175] Cette ville, au milieu du sable rougeâtre du désert, ressemble à une belle fleur de lotus; un amphithéâtre de montagnes l'environne à une distance de 6 milles. ROUTE DE BARKAH A L'OCCIDENT.Mabanab (Kod. Melitya; Mok. Meïseh), 15 m. — Kasr el-Açel « château du miel, » 29 m. (il faut lire 19 m. d'après les autres itinéraires). — Awirân (Ed. Avrar; Kod. Awirab), 12 m. — Selouk, 30 m. — Barmest (Ed. Tourmest; Kod. Termeçeh), sur la côte, 24m.[176] — Makyah, sur la côte, 20 m. — Adjabyah, 26 m. —El-Djezîreh (Kod. Haï-Nowah), 20 m. — La Sabkhah « terrain salé » de Menhousah, 30 m. — Kasr el-Atach « château de la soif, » 24 m. — El-Yahoudyeh, sur le bord de la mer, 34 m. — Tombeau d'El-Ibady, 34 m. — Sarb (lisez Syrt « la grande Syrte »), 34m. — Karyeteïn « les deux bourgs » (Kod. Karneïn), 13 m. — Château de Haçan ben Nomân el-Ghassany,[177] compagnon de Walid, fils d'Abd el-Mélik, 30 m. — Marsaf (Kod. Mansaf), 40 m. —Tourgha, 24 m. — Ragouga, 26 m. — Wardaçah, 8 m. — Un poëte a dit : Il rencontra un jour El-Biraz qui conduisait son cheval, aussitôt il le jeta sur Wardaçah. El-Medjteby, 22 m. — Ouady er-Reml « torrent de sable, » 20 m. — Tripoli,[178] 24 m. — Sabrah, 24 m. — Bîr (ou Beït) el-Hammalîn, 20 m. — Kasr er-Rizk (Kod. Er-Rouk), 30 m. — Naderkbat, 24m....[179] Kaïrowân, ville située au centre du Maghreb dont elle est la capitale, 24 m. — Distance entre Bagdad et Misr (vieux Caire) 570 fars. ce qui équivaut à 1.710 milles.[180] ÉTATS D'IBN-EL-AGHLEB.Kaïrowân; le cours supérieur du Nil, l'Abyssinie et la Nubie. Les Nubiens ont acheté la paix des musulmans, au prix d'un tribut annuel de 400 esclaves.[181] Sous les Pharaons, l'impôt foncier de l'Egypte s'élevait à 96 millions de dinars. Abd Allah, fils d'El-Hidjab (lisez El-Haddjadj), le fixa, sous les Omeyades, à 2.123.837 dinars. Après l'avènement de la maison d'Abbas, Mouça, fils d'Yça, fils d'Aly, taxa l'Egypte à 2.180.000 dinars. — Les autres possessions de l'Aghlébite sont Kabès; Djeloula; Subeïtyah (Suffelula), ville du roi chrétien Djordjis (sans doute Grégoire, préfet de l'empire), à 70 m. de Kaïrowân; Zeraoud (?); Ghadamès; Merdjanab; Kafsah; Kastylyah; la ville du Zab (Tobnah?) ; Berizert; Chelehbân (Gheloubinah) ; Waddân; le versant du mont Wa'rân (Ouigran?) ; Tunis, à deux journées de caravane de l'Ifrikyah. Tunis se nommait autrefois Karthadjiha (du latin Carthagini). Elle était située sur le bord de la mer, et entourée d'un mur de 21.000 coudées de circuit (dans Bekry, 24.000). Tunis est séparée .de l'Espagne par la mer Blanche, qui a, en cet endroit, 7 fars. de large (sic). De là on va à Gordoue en six journées. ÉTATS DU ROUSTEMIDE MEÏMOUN, FILS D'AJBD EL-WEHHAB, FILS D'ABD ER-RAHMAN, FILS DE ROUSTEM EL-IBADY.[182]Ce prince est d'origine persane, et on le salue du nom de khalife. Ses États sont : Herzeh; Chelîf; Melyanah; Tahert et ses dépendances; cette ville est à un mois de voyage de l'Ifrikyah, par caravane; enfin le territoire de Sebtah où régnait Julien, jusque dans le voisinage d'El-Khadrâ. ÉTATS DE SOGHAÏR LE BERBÈRE, DE LA TRIBU DE MASMOUDA.[183]. . . Jusqu'à Ouady er-Remel; Ouady ez-Zeîtoun; le château d'Aswed, fils d'El-Heïthem, jusqu'à Tripoli; tout le territoire situé en deçà, jusqu'à la mer qui baigne l'Espagne. ÉTATS DE L'HÉRÉTIQUE ES-SOFRY.[184]Matghah, grande ville très peuplée. . . Mine d'argent sur les frontières méridionales de l'Abyssinie ; une autre ville nommée Din. Ibrahim, fils de Mohammet le Mo'tazely, possède une ville nommée Er-Rezah, dans le voisinage de Tahert. ÉTATS DE LA DYNASTIE D'IDRIS, FILS D'IDRIS, FILS D'ABD ALLAH, FILS D'EL-HAÇAN (lisez HUÇEÏN) LE THALÉB1TE.Tlemcen à 25 journées de marche[185] de Tahert, sur un territoire partout cultivé; Tanger; Fez, résidence du souverain, à 24 journées de Tahert. Derrière Tanger vient le Sous el-Adna (inférieur), à 2.000 m. de Kaïrowân ; derrière le Sous el-Adna, le Sous el-Akça (supérieur). Ces deux provinces sont à plus de 20 journées l'une de l'autre. — Au même souverain idriçite appartiennent aussi Walila (en berbère, Oulîli); Medaka; Zeloula; Rakoun,[186] Heudjrah (Ibn Haukal ajoute en-Ners « le nid de l'aigle »); El-Hodjeïrab; El-Hadjir; Madjeradjera ; Figoun (Ifghan); El-Khadhra,[187] sur le bord de la mer qui, en cet endroit, n'a que 6 fars. de large; (le mont) Auras; le pays contigu au royaume du Dayi, fils du Dayi,[188] et le pays des nègres qui vont nus, lequel s'étend jusqu'au rivage de la mer. [189][On a reconnu que le pays habité par les Abyssins et les Noirs a une étendue de sept années de marche. L'Egypte ne forme que la soixantième partie de la terre. D'après l'opinion la plus répandue, la terre n'a pas moins de 500 années de marche, dont un tiers est cultivé, habité et peuplé, un tiers occupé par de vastes solitudes, et le dernier tiers envahi par les eaux de la mer.] Le roi de la famille des Idriçites ne reçoit pas le surnom de khalife; on le salue du titre de fils de l'apôtre de Dieu. ÉTATS DE L'OMEYADE ISSU D'ABD ER-RAHMAN, FILS DE MOAWYAH, FILS DE HICHAM, FILS D'ABD EL-MELIK, FILS DE MERWÂN.Le pays d'El-Andalous,[190] situé de l'autre côté de la Méditerranée. Cordoue est à 5 journées de la mer. Depuis le littoral de la province de Cordoue jusqu'à Narbonne, ville frontière entre l'Espagne et le pays des Francs, il y a une étendue de 1.000 m. Tolède, où réside le roi, est à 20 (sic) journées de Cordoue. L'Espagne renferme quarante[191] villes, comme Marida, Saragosse, Larida, Djarbada (Gironne) et El-Beïdhâ. Ce royaume est limitrophe de la France, et au delà s'étendent les contrées habitées par des peuples polythéistes. La dimension de l'Espagne, en long et en large, est d'un mois[192] de marche à travers une contrée riche, fertile et abondante en fruits. Les montagnes qui la bornent au nord, sur la frontière des Romains et des Francs (empire de Charlemagne), sont couvertes de neiges. De la dernière de ces montagnes on voit sans cesse jaillir des flammes, au milieu d'une pluie de pierres et de sable.[193] — A l'époque de la conquête musulmane, l'Espagne avait pour roi Lodarik (Rodrigue) originaire d'Ispahan. En effet c'est de la ville d'Ispahan que les habitants de Cordoue dérivent leur nom Espân.[194] Le prince omeyade qui règne actuellement en Espagne est salué du titre de fils des khalifes, et non pas du titre même de khalife, qui n'appartient qu'au souverain des deux villes saintes. TRIBUS BERBÈRES.[195]Les Howarab; les Zenatah; les Dharyssah; les Maghîlah; les Ouarfaddjoumab, branche des Nafzah; les Oulîtah; les Matmatah; les Sanhadjah, les Waharah ; les Ketamah ; les Louatah ; les Mezatah ; les Mediounah; les Masmoudah ; les Gomarah; les Kalmah (Guelma); les Warkah (Ouergha); les Asah; les Bènou Sokhour; les Arkinah (Auga, tribu zénatienne); les Bènou Kemlôn; les Bènou Masdouren; les Bènou Ouandjen; les Bènou Manhousah (Mettousa). — Les Berbères, domiciliés d'abord en Palestine, obéissaient au roi Djalout. Lorsque ce roi fut tué par David, ils émigrèrent vers l'occident, et, arrivés dans le pays de Loubyah et de Marakyah, ils se disséminèrent. Les tribus Zenatah, Maghîlah et Dharyssah établirent leur résidence dans les montagnes. Les Louatah s'arrêtèrent à Barkah, ville nommée par les Grecs Antabolous, πενταπόλις, ce qui signifie « les cinq villes. » Les Howarah vinrent habiter Eyas[196] ou Tarobolous, c'est-à-dire en grec « les trois villes ». A la suite de cette invasion, les Grecs se réfugièrent en Sicile, qui est une île de la Méditerranée. Les Berbères se répandirent jusqu'à Sous el-Adna, derrière Tanger, à 2.050 m. de la ville nommée Kamounyah,[197] dans le Kaïrowân. Alors les Grecs et les Francs revinrent dans leurs anciennes possessions, après avoir conclu la paix avec les Berbères. Ceux-ci, dédaignant le séjour des villes, se fixèrent dans les montagnes et au milieu des plaines sablonneuses. La discorde déchira les colonies grecques jusqu'à l'époque de l'invasion musulmane……….. (suit une ligne illisible). On exporte par la mer du Maghreb des eunuques tirés du pays des Slaves[198] et du Soudas; de jeunes esclaves chrétiens; des filles espagnoles; des peaux de buffles et des laines, des parfums, entre autres le storax benjoin, et parmi les résines, le mastic. On tire du fond de cette mer, dans le voisinage du pays des Francs, le sebei,[199] substance connue ordinairement sous le nom de merdjân « corail. » La mer qui s'étend au delà du pays des Slaves jusqu'à la ville de Boulyah n'est fréquentée par aucun navire ni bâtiment de commerce, et l'on n'en tire aucun produit. Pareillement, l'Océan occidental, où se trouvent les îles Fortunées, n'est pas exploré par les marins et ne fournit au commerce aucun objet de consommation. ITINÉRAIRE DE BAGDAD À RAKKAH, PAR MOÇOUL.De Bagdad à El-Baradân, 4 fars. — Okbera, 5 fars. — Badjoumaïra, 3 fars. — Kadiçyeh, 7 fars. — Sorra-men-râ, 3 fars. — Kerkh, 2 fars. — Haïlita (Mustaufy : Halyân), 9 fars. — Souk-Kadiçyeh « le marché de Kadiçyeh » (Kod. Soudfanyeh), 5 fars. — » Narema (Kod. Barema), 5 fars. — Sinn et la rivière du Zab, 5 fars. — El-Hadythah, 12 fars. — Beni-Taïbân (Ed. Tamyân), 7 fars. — Moçoul, 7 fars.[200] Villes de la province de Moçoul : Tikrit; en face est Taubeh, ville du prophète Khidr;[201] Tizer; Tirhân ; Essinn, El-Houlyeh ; Merdj-Djohaïneh ; Ninive, ville du prophète Jonas; Badjila; Marhada; Baadra ; Houbtoun; Maïkala; Hazzah; Yanaas (?); El-Maallah ; Ramîn ; EI-Hannanah ; Mahawa ; Maalya ; Tell-Sabour (Maçoudi : « tombeau de Sabour ») ; Dakouka ; Khanidjar. — Impôt foncier de cette province, 4 millions de dirhems. (SUITE DE L'ITINÉRAIRE.)De Moçoul à Beled, 7 fars. — Baainatha, 6 fars. (Kod. 7 fars.) — Barkaïd, 6 fars. — Adhramah, 6 fars. — Tell-Feraçah, 5 fars. (Kod. 3 fars.)— Niçibîn, chef-lieu du Diar-Rebyah, 4 fars.[202] — Provinces du Diar-Rebyah : Niçibîn; Erzen; Raçaïn; Myafarikîn ; Mardîn; Baaïnatha; Beled ; Sindjar; Kyrda;[203] Bazibda; Thour; Abdyn. — Impôt foncier, 7.700.000 dirhems. De Niçibîn à Dara, 5 fars. —Kefer-Toutha, 7 fars. — Raçaïn, 7 fars. — Djaroud, 5 fars. — La forteresse de Masamah, 6 fars. — Badjrewân, 7 fars. — Rakkah, 3 fars.[204] Embranchement de droite, conduisant de Niçibîn à Erzen : Dara, 5 fars. — Kefer-Toutha, 7 fars. — Château des Béni Zinaa',[205] 6 fars. — Amid, sur le Tigre, 7 fars. — Myafarikîn, 5 fars. —- Erzen, 7 fars. (Total, 222 km.). Embranchement de gauche d'Amid à Rakkah[206] : Chimchat, 7 fars. — Tell-Haam (Mok. TeH'Khoum), 5 fars. — Djernân, 6 fars. — Bam'adah, 5 fars. — Djoullab, 7 fars. — Roha (Edesse), 4 fars. — Harrân, 4 fars. — Badjra(?), 4 fars. — Badjrewân, 7 fars. — Rakkah, 3 fars. (Total, 312 km) ROUTE DE GAUCHE ALLANT DE BELED À SINDJAB ET KARKIÇYA.Tell-Afar « colline cendrée, » 5 fars. — Sindjar, 7 fars. — Aïn el-Djebal « la source des montagnes; » 5 fars. — Sokaïr « la petite digue » d'el-Abbas, 9 fars. — El-Ghadîr, 5 fars. —- Masekîn, 6 fars. — Karkiçya, 7 fars.[207] — Toutes ces stations sont sur les bords du Khabour et de l'Euphrate. ROUTE DE RAKKAH AUX VILLES FRONTIÈRES.A savoir : Salaous; Keïçoum; forteresse de Mansour; Malathyah ; Zibetrah; El-Hadeth; Mar'ach; Kamakh. — De Rakkah à Aïn er-Roumyeh « source de la Grecque, » 6 fars. — Tell-Abda,[208] 7 fars. — Saroudj, 7 fars. — El-Medîneh (Kod. Merîneh), 6 fars. — Somaïsat, 7 fars. — Forteresse de Mansour, 6 fars. — Malathyah, 10 fars. — Zibetra (Sozopetra), 5 fars. — El-Hadeth, 4 fars. — Mar'ach, 5 fars. — Kamakh, à 4 fars de Malathyah. — El-Omk, près de Mar'ach. On appelle omk une vallée profonde encaissée dans de hautes montagnes. De Aïn et-Tamr « source du palmier » à Bosra : on passe par El-Ahdabyah, — El-Djisr « pont de bateaux, » — El-Holaït, — Sera, — El-Odjaïfar « le petit puits, » et on arrive à Bosra. ROUTE DE LA MÉSOPOTAMIE AU LITTORAL (DE LA MÉDITERRANÉE).Stations depuis Rakkah : Douser; Rasten (Arethusa); Pont de Menbedj; Alep; El-Erbab; Haïr; Antakyeh ; Ladikyeh ; Djebelleh ; Tripoli ; Beïrout ; Saïda; Sour; El-Kades (dans le voisinage du Carmel); Kaïçaryeh; Arsouf (Apollonia); Yafa; Askaloun ; Gazzah. De Rakkah à Damas, par Roçafah[209] : Roçafab, 24 m. — Zeraat (Kod. Mok. Deraat), 40 m. — Kastal, 36 m. — Salamyah, 30 m. — Hims (Emèse), 24 m. — Semkîn (Kod. Mok. Chemsîn), 18 m. — Karah, 22 m. — Nebek, 12 m. — Kotayab, 20 m. — Damas, 24 m.[210] Postes entre Hims et Damas, en passant par Baalbek : d'Émèse à Hawseh, 4 relais. — Baalbek, 6 relais. — Damas, 9 relais.[211] Route de Koufah à Damas (par le désert) : on va d'El-Hîrah à Kotkotanah, puis à Abyad ; — Djoussa ; — Djema' ; — Khouta; — Mihneh ; — El-Oulwa; — Dawary ; — Saïdah; — Bokayiah; — El-Anak ; — Adri'at; — Damas. POSTES ENTRE ALEP ET LES VILLES FRONTIÈRES.D'Alep à Kinnisrîn, 7 relais (Kod. 9). — An-tioche, 4 relais. — Iskenderyeh (il faut lire Iskenderoun, Alexandrette), 4 relais. — Maçyça, ville sur les bords du Djeïhân (Djehan-Tchaï, Pyramos), 7 relais. — Adanah, sur le Seïhân (Seïkhoun-Tchaï, Saras), 3 relais, — Tarsous, 5 relais. — Les places fortes[212] sur les frontières de Syrie sont : Aïn-Zerbah ; Harounyeb ; Keniçet es-Souda « église de la (Vierge) noire; » Tell-Djobeïr; Derb es-selamah « chemin du salut. » ROUTE (DE TARSOUS) AU CANAL DE CONSTANTINOPLE.El-Olaïk, 12 m. — Zohour (distance omise. Cf. Edriçy, II, 308). — Djauzat, 12 m. — Kharbout, 7 m. — Bedendoun (ancien Podandus), 7 m. — Ma'sker el-Mélik « le camp du roi, » 10 m. — On passe devant Loulouah et Safsaf, si l'on veut traverser le Derb (Pylœ Ciliciœ). — De Ma'sker à Ouady-Tarfa, 12 m. — Mina, 20 m. — Rivière d'Héraclée (cf. Aboulféda, p. 51), 12 m. — Selmîn, 16 m. — Sources de Bargouta, 12 m. — Rivière d'El-Ahsa, 18 m. — Rebedh « faubourg » de Naumah (Ed. Kounyah), 13 m. — El-Alémeïn (Ed. Meldjis), 15m, — Endoumyanah, 20 m. — Ouadv el-Hout « rivière du poisson, » 12 m. —Amouryah, 12 m. [Mais il y a une autre route partant d'El-Alémeïn. — De là aux villages de Nasr-le-Crétois, 15 m. — La pointe du lac de Masiloun, 10 m. — Sedd « la digue, » 10 m. — Forteresse de Seyyarah, 18 m. — Saala, 25 m. — Akyb-Amouryah « chaussée d'Amorium, » 30 m. — Villages des Bènou'l-Hareth, 15 m. — Saîry[213] est un autre nom de la ville d'Amouryah.] De là à Fendj, 12 m. — Le khalife Mo'taçem-Billah fonda la ville d'Angora et fit la conquête d'Amouryah. — On passe ensuite par Kalamy el-Ghabeh « les roseaux des jungles, » 15 m. — Hisn el-Yahoud « forteresse du Juif, » 12 m. — Sendabery (Santabaris, aujourd'hui nommée Seïdel-Ghazy), 15 m. — Merdj « la prairie, » 130 m. — Forteresse de Gharouboly, 15 m. — Kenaïs el-Mélik « églises du roi, » 3 m. — Teloul « les collines, » 25 m. — El-Akwar, 15 m. — Meladjina (Aïn-Gueul), 15 m. — Ecuries du roi, 5 m. — Hisn el-Koubara (Ed. El-Abra), 30 m. — Le canal de Constantinople, 2 km. —Nikyeh est en face d'El-Koubara, et à 30 m. de Constantinople. C'est un lieu de transit pour les colis de marchandises[214] à destination de cette capitale. Autre route partant de Bedendoun : Keroum « les vignes; » — El-Ba'ryeh; — El-Kenaïs, à droite de Kaukeb (Ed. Thouleb) ; — Zendeh ; — Belysah ; — Merdj el-Askaf « la prairie de l'évêque; » — Felougary ; — Karyet el-Asnam « bourg des idoles ; » — Ouady er-Rîh « vallon du vent ; » — Sabbah ; — Aïnawah ; — Medjassah ; — Karyet el-Djouz « le bourg aux noix; » — Kostaçyn ; — Karyet el-Bathrik « bourg du patrice; » — Merdj-Bamoulyah; — Ednos. — Là commence une route qui aboutit à Deroulyah; une autre route, tournant à droite, prisse par la forteresse de Beloumîn, et finit au canal de Constantinople. Ce canal est formé par la mer Nitas (Pont-Euxin), qui dérive de la mer des Khazars.[215] La largeur de son embouchure, en cet endroit, est de 6 milles. Il se dirige, sous l'impulsion d'un fort courant, jusqu'à Constantinople, à 60 milles de ses bouches; parvenu à l'endroit nommé Abydos,[216] il passe entre deux montagnes, et se rétrécit tellement que ses deux rives ne sont qu'à une portée de flèche l'une de l'autre. Abydos est à 100 milles de Constantinople, par une route unie. C'est là que se trouve la source à laquelle Maslamah, fils d'Abd el-Mélik, laissa son nom,[217] à l'époque où il assiégeait Constantinople. Le canal se prolonge jusqu'à la mer de Syrie; et à son embouchure dans cette mer, ses rives sont éloignées seulement d'une portée de flèche; deux hommes peuvent communiquer avec la voix, d'un bord à l'autre, le canal n'ayant alors que 4 milles de largeur. En cet endroit est bâtie, sur un rocher, une tour à laquelle est attachée la chaîne qui ferme l'entrée du canal aux navires musulmans. La longueur entière du détroit, depuis la mer des Khozars,[218] jusqu'à la mer de Syrie, est de 320 milles. Il est sillonné par les bâtiments qui descendent des îles de la mer des Khazars ou des parages voisins, et par ceux qui de la mer de Syrie, remontent vers Constantinople. La largeur du canal, près de cette ville, est de 4 milles. Les autres pays du Roum, à l'Occident, sont, en premier lieu, Rome et la Sicile, qui est une île. Rome, l'ancienne capitale de cet empire, fut la résidence de vingt-neuf rois ; deux autres rois habitèrent Amouryah, qui est située à 60 milles de Constantinople, sur la rive asiatique du canal. Constantin le Grand, après avoir tenu d'abord sa cour à Rome, se transporta à Byzance, qu'il fortifia et nomma Constantinyeh. Depuis cette époque, elle est restée la capitale du Roum. On dit que le canal baigne cette ville de deux côtés, à l'orient et au nord[219] ; les deux autres côtés, ceux du couchant et du midi, tiennent au continent. Le mur d'enceinte le plus élevé a 21 coudées, et le plus bas, qui donne sur la mer, 5 coudées de haut (Maçoudi, 10 coudées). Entre ce mur et la mer, il y a un espace de 5…………….. Sur la face méridionale du mur, du côté de la terre ferme, s'ouvrent plusieurs portes, entre autres la porte Dorée, dont les battants sont en fer incrusté d'or. Constantinople possède environ cent portes. On dit que les patrices et leur suite résident au près du souverain dans Constantinople. La cavalerie se compose de quatre mille hommes et l'infanterie de………..….[220] Au rapport de Mouslim, surnommé El-Haramy, l'empire byzantin se divise en quatorze provinces administrées par les délégués du roi. Trois de ces provinces sont situées de l'autre côté de la mer.[221] 1° Thalaka (Thrace), province qui renferme Constantinople.[222] Ses limites sont, à l'orient, la partie du canal formée par la mer de Syrie, jusqu'à la muraille (sic) ; à l'occident, tout ce qui est compris entre la mer des Khozars et la mer de Syrie. Son étendue en long est de quatre journées de marche. 2° ………… (La province qui commence à deux journées de Constantinople), bornée, au midi, par la mer de Syrie. Elle est nommée Torakya;[223] ses bornes sont la muraille à l'est, la Macédoine au sud, le pays des ordjân à l'ouest, la mer des Khazars au nord. Elle a quinze journées de marche en long, sur trois journées en large. 3° La Macédoine. Ses limites sont, à l'est, la muraille; au sud, la mer de Syrie; à l'ouest, le pays des Slaves; au nord, celui des Bordjân……….. largeur, 5 journées de marche de la mer……… 3 forteresses à 11 m. du canal. 4° Afladjounyali (Paphlagonie), qui renferme cinq forteresses.[224] 5° Antamathy, nom qui signifie « l'oreille et l'œil; » cette province renferme trois forteresses.[225] 6° Elasik (Ed. Opsikion), dont la ville principale est Nikyeh (Nicée); dix forteresses. 7° El-Efesis, dont le chef-lieu porte le même nom (Ephèse); c'est la ville des Compagnons de la caverne; quatre forteresses. Le khalife Wathik-Billah avait chargé Mohammed, fils de Mouça l'astronome, d'une mission relative aux Sept dormants. (Ashab er-rakîm, Cf. Coran, chap. xviii.) En conséquence il écrivit au roi de Byzance, afin qu'il pourvût aux frais du voyage. — Moi Abou'l- Kaçem[226]... fils de Khordadbeh, j'ajoute : Voici la relation de ce voyage, telle que je l'ai recueillie de la bouche de Mohammed ben Mouça lui-même. Le roi de Byzance lui donna une escorte qui les conduisit à Korrah.[227] Puis ils continuèrent leur route et arrivèrent, en quatre étapes, devant une colline dont le diamètre à sa base n'était pas de mille coudées. Un souterrain, dont l'entrée s'ouvrait à ras de terre, donnait accès au lieu où reposaient les Sept Dormants. « Tandis que (racontait Mohammed) nous gravissions le sommet de la colline, nous vîmes un puits assez large à son orifice, et au fond duquel jaillissait une source. Nous redescendîmes ensuite jusqu'à la porte du souterrain, et, après avoir marché trois cents pas, nous arrivâmes au lieu même que nous dominions auparavant. Une salle en arceaux, taillée dans le roc et soutenue par des piliers sculptés, renfermait plusieurs chambres (chapelles). Une d'elles, dont le seuil s'élevait d'une brasse au-dessus du sol, était fermée par une porte en pierre taillée au ciseau ; c'est là que les corps étaient conservés. Un gardien, assisté de deux eunuques d'une beauté remarquable, dérobe la vue de ces corps à la curiosité des pèlerins. Dans ce but il leur fait accroire que, s'ils allaient plus loin, ils s'exposeraient aux plus terribles malheurs, et ce mensonge est pour lui une source intarissable de profits. « Laisse-moi entrer, lui dis-je, ta responsabilité sera à couvert. » Puis je pénétrai dans le sépulcre, avec un de mes serviteurs, muni d'une grosse torche. Les corps étaient revêtus de suaires qui s'effilaient en charpie, au simple toucher; ils étaient enduits de substances propres à les conserver, telles que l'aloès, la myrrhe et le camphre. La peau était collée aux os; en passant ma main sur la poitrine de l'un d'eux, je sentis le contact rugueux des poils. Le gardien avait fait préparer un repas auquel il nous invita; mais, dès la première bouchée, nous quittâmes la table en refusant de prendre aucune nourriture. En effet cet homme voulait ou nous empoisonner, ou tout au moins nous infliger un traitement honteux, afin de perpétuer dans l'esprit de son roi la croyance que ces corps étaient bien ceux des Sept dormants.[228] Je lui dis en partant : « Je croyais que tu nous aurais montré des morts dont l'aspect serait celui des vivants; mais, ici, nous n'avons vu rien de semblable. » 8° L’Anatholos, c'est-à-dire le Levant, c'est la plus grande province de l'empire grec; elle renferme la ville d'Amoryah, les forteresses El-Alémeïn, Bordj ech-Chehm, Bargouth, Michkîn et trente autres places fortifiées. 9° Khorsoun (Κερσὼν), sur la route de Malathya : ville principale Kharachna (Chersonus) et quatre forteresses. 10° Kalath (Galatie): ville principale, Angora; seize forteresses. 11° El-Arsak[229] : Kolonyab, ville fortifiée, et seize forteresses. 12° Kelkyeb(Cilicie), ses limites sont…….. (lacune), six forteresses. 13° Seloukyah, depuis la mer de Syrie jusqu'à Tarsous et le Lamis (fleuve Lamotis ou Lamuzo); cette province est gouvernée par l'intendant des routes. Ville principale, Seloukyah: six forteresses. 14° Kabadak (Cappadoce), province comprise entre les montagnes de Tarsous, Adanah et Messissah. Ses forteresses sont Korah,[230] Hadhar, Antakoua, El-Ahzab, Dou'l-Kela' et quatorze autres places (suit une ligne illisible). L'impôt foncier est affermé annuellement à 200 modi (de pièces valant) 3 dinars. Le modi vaut 3 mekkouk.[231] La dîme prélevée sur les céréales est destinée aux approvisionnements de l'armée. Les juifs et les idolâtres payent, chaque année, 1 dinar par tête. On prélève aussi une contribution annuelle de 1 dirhem sur chaque feu.[232] — Les fruits arrivent à maturité en septembre, dans les montagnes comme dans les plaines. Le rôle de l'armée comprend 120.000 hommes.[233] Un patrice commande 10.000 hommes. Il a sous ses ordres deux thoumarkh, qui commandent chacun 5.000 hommes. Puis viennent : cinq thoumahar commandant 1.000 hommes; cinq coumès, commandant 200 hommes; cinq katontarkh, commandant 100 hommes ; dix damarkh, commandant 10 hommes. — La paye (des officiers) est, au maximum, de 40 ritles d'or; elle descend à 36, à 24, à 12, à 6, et jusqu'à 1 ritle. (Ce nom répond ici à la λίτρα. Cf. Ducange, Dict. med. graec. sub verb.) La paye du soldat varie entre 8 et 12 dinars (de 80 à 120 francs) par an. Mais ordinairement elle n'a lieu que tous les trois ans. On paye alors, en une fois, la somme représentant quatre, cinq et même six années de service. Le grand patrice est en même temps le lieutenant et le ministre du roi. Puis viennent le otaïth (le grand dioctète?), chef du département des finances; le logaïth (le grand logothète?), chef du bureau des requêtes ; le chef des postes, le grand juge et le chef des gardes. Iles du pays de Roum : Chypre, qui a un circuit de 15 journées de marche. — La Crète, 15 journées de marche. — L'île du Moine, où l'on mutile les esclaves destinés au service d'eunuques. — L'île d'Argent. — La Sicile, qui a en circuit 15 journées de marche.[234] DESCRIPTION DE ROME.[235]Cette ville est baignée par la mer au levant, au midi et au couchant ; le côté septentrional seul tient à la terre ferme. Son étendue, de la porte orientale à la porte occidentale, est de 28 milles. Deux murs, séparés par un espace de 60 coudées, forment son enceinte; le mur intérieur a as coudées de large sur 72 de haut; le mur extérieur 8 coudées sur 42. Entre cette double enceinte passe un canal couvert, pavé de dalles en cuivre, longues de 46 coudées chacune. Entre la porte d'or et la porte du roi on compte 22 milles. Près du mur compris entre la porte, orientale et la porte occidentale s'élève un triple portique, dont les arcades centrales reposent sur des colonnes de cuivre romain ; le pied, le fût et le chapiteau ont été fabriqués avec ce cuivre mis en fusion; elles ont 30 coudées d'élévation. C'est le lieu où sont les boutiques des marchands; entre ces boutiques et l'entrée du portique passe un petit canal (pavé) de cuivre jaune;[236] il se dirige de l'est à l'ouest. Ce canal, qui communique avec la mer, sert au transit des marchandises, de sorte que les bâtiments qui les transportent s'arrêtent devant les boutiques mêmes. On voit dans la ville une église sous l'invocation des apôtres Pierre et Paul;[237] sa longueur est de 300 coudées et sa hauteur de 200. Elle est formée par des arceaux de bronze ; la toiture et les parois latérales sont en cuivre jaune roumy. Rome renferme douze cents églises, un grand nombre de marchés pavés de marbre blanc, et quarante mille[238] bains. Une de ses églises, construite sur le modèle de celle de Jérusalem, a 1 mille de longueur. L'autel sur lequel on célèbre le sacrifice est d'émeraude verte; il a 20 coudées de long sur 6 de large; il est entouré de douze statues d'or hautes de 2 coudées ½ ; les yeux de ces statues sont formés de rubis ponceau, dont l'éclat illumine l'église tout entière. Elle a vingt-huit portes de i'or le plus pur, mille portes de bronze, sans compter celles en ébène, et de magnifiques boiseries, dont la valeur ne peut être estimée. Hors de l'enceinte de Rome » il y a deux cent vingt colonnes habitées par des moines (stylites). Au rapport d'Abd Allah,[239] fils d'Amr, fils d'el-Assy, on compte quatre Merveilles dans le monde : 1° le miroir suspendu au phare d'Alexandrie. Un homme placé sous ce miroir y voyait facilement ce qui se passait à Constantinople, malgré l'étendue de mer qui sépare les deux villes (cf. Maçoudi, II, 431) ; 2° le cavalier de bronze en Espagne, qui, le bras étendu, semblait dire du geste: « Derrière moi il n'y a plus de routes frayées; quiconque s'aventurera au delà périra sous le dard des abeilles[240] ; » 3° dans le pays des Adites, une colonne de bronze portant un cavalier de même métal. Pendant les mois sacrés l'eau en jaillissait assez abondante pour suffire aux besoins des habitants et remplir leurs citernes; ce temps expiré, l'eau cessait de couler; 4° à Rome,[241] un arbre de bronze sur lequel est perché un oiseau semblable à la grive, également en bronze. Dans la saison des olives, cet oiseau de métal se met à siffler, toutes les grives arrivent aussitôt, tenant trois olives, l'une dans leur bec et les deux autres dans leurs pattes, et elles les laissent tomber sur cette image. Les habitants ramassent le fruit, le mettent au pressoir et en tirent assez d'huile pour la préparation des peaux et des cuirs de sandale, jusqu'à l'année suivante. RELAIS SUR LA ROUTE DE L'OCCIDENT (MAGHREB).De Sorra-men-râ à Haïletha, 7 relais. — Essinn. 10 relais. — Hadithah, 9 relais. — Beled, 4 relais. — Adramah, 9 relais. — Nissibîn, 6 relais. — Kefer-Toutha (distance omise ; Kod. 3 relais). — Raçaïn, 10 relais. — Rakkah, 15 relais. — Nokaïrah, 10 relais. — Menbedj, 5 relais. — Alep, 9 relais. — Kinnisrîn, 3 relais. — Sour, 10 relais. —Hamat, 2 relais. — Hims, 4 relais. — Kharechtah, 4 relais. -— Baalbek, 6 relais. — Damas, 9 relais. — Elladjoun, 4 relais. — Ramlah, chef-lieu de la Palestine, 9 relais. — El-Djefar, 1 relais (?). — Baroukyeh, 19 relais.[242] — De Fostat à Alexandrie, 13 relais. — D'Alexandrie à Djoubb er-remel « puits de sable, » dans le voisinage de Barkah, 30 relais. PAYS DU NORD OU EL HARBY (ENNEMI).Ils formaient un quart de la monarchie (des Perses) sous l'autorité d'un chef nommé Azerbaïdjan-Espehboud.[243] — Sous le nom d’El-Harby étaient compris : l'Arménie; l'Azerbaïdjan; Rey; Donbavend, dont le roi se nommait Donbavend, fils de Karen; le Tabaristan ; Rouïân ; Amol ; Saryeh ; Chalous ; Dihistân; Guilân; Beïlakân; Thaïliçân (pays desTaliches); les Khazars; les Alans; les Abar (Abari, cf. Hist. des Mongols, p. 413). ROUTE (DU KHOKAÇAN) A L'AZERBAÏDJAN ET L'ARMÉNIE.De Sersameïrah à Dinaver, 5 fars. (lisez relais). — Zendjân, 29 relais. — Meragah, 19 relais. — Mianedj (Mianeh), 2 relais. — Ardebîl, 11 relais. — Warthân, qui forme la limite de l'Azerbaïdjan, 11 relais. Villes et bourgs principaux de l'Azerbaïdjan : Meragah; Mianedj; Ardebîl; Wartbân; Selîneb; Berzeh; Sarkhâst; Tebriz; Mérend; Khouï; Kousireh; Moukân; Berzendj ; Djenzeb (Guenjeh), ville du roi Pervîz; Ourmyah:, ville de Zoroastre; Selmas ; Chîz. Dans cette ville est l'Azerkhastas,[244] temple du feu, très vénéré des Guèbres. Sous l'ancienne monarchie, leurs rois s'y rendaient en pèlerinage, et à pied, depuis Médaïn (Ctésiphon). Badjrevân; bourg d'Ourem ; bourg de Chîzeh (Yak. Chîzer); bourg de Mabalhoudj. ROUTE DE DINAVER A BIRZEND.Djenardjân, 7 fars. (Ed. et Kod. 9 fars.) — Tell Vân, 6 fars. — Sîser, 7 fars. (Il y a ici, d'après Kodama, une bifurcation.) — Enderâb, 4 fars. — Beïlakân, ville d'Arménie, 5 fars. — Berzeh, 6 fars. (Kod. 8). — Serkhâst, 8 fars. — Meraghah,[245] 7 fars. — Khirguân, 11 fars. —Tebriz, 9 fars. — Merend, 10 fars. — Serah (Yak. Serav), 10 fars. — El-Bîr « le puits, » 5 fars. — Kouvasireh, 10 fars. — Mou-kân, 10 fars. — D'Ardebîl à Khoch, 8 fars. — Birzend (ou Birzendj), 6 fars. Cette ville………… à Chaderasp, où se trouve le premier retranchement d'El-Afchîn, 2 fars. — Rehguzèr, où est lé troisième retranchement, 2 fars. — Bedd, ville de Babek.[246] De Birzend au désert de Belasdjân et à Warthân, sur la limite de l'Azerbaïdjan, 12 fars. — De Meraghah à Djenzeh, 6 fars. — Mouça-Abâd, 5 fars. — Berzeli, 4 fars. — Djabrevân, 8 fars. — Berîn, 4 fars. — Ourmyah, ville de Zoroastre, 14 fars. — Selmas, ville sur le lac d'Ourmyah, 6 fars. — Lorsque Ibn-et-Thaousy (El-Afchîn) conduisait les sectaires (de Babek) dans l'Azerbaïdjan, il alla de Meraghah à Berzeh, ensuite à Sîser, ensuite à Chîz, 4 fars. — Impôt de Dinaver, un million de dirhams. ROUTES D'ARMÉNIE.De Warthân à Berdaah, 8 relais. — De là à Mansourah, 4 relais. —De Berdaah à Tiflis, 10 relais, et à Bab-el-Abwab (Derbend), 15 relais. — De Berdaah à Debîl, 7 relais. (Ed. 162 milles.) — De Merend à Dara, 10 fars. — Nechwa (ou Naktchevân), 20 fars. — Ardebîl, 20 fars. — De Warthân au Koubân. (Ed. 3 fars. Ist. 7 fars.) — Chirvân, 7 fars. — Berdaah, 3 fars. — De Bedd à Berdaah, 30 fars. Division administrative.[247] Arménie 1ère : Sisdjân; Errân; Bidlîs; Berdaah ; Beïlakân ; Fileh; Chirvân. —Arménie II: Khazarân (autre nom de Tiflis, selon Yakout); Soghdebil; Bab-Firouz; le Kourr. — Arménie III : Sefourdjân (Basfourguân); Debîl ; Siradj-et-Taïr « flambeau de l'oiseau ; » Birzend ; Nechwa. — Arménie IV : Chimchat; Khilat; Kalikala; Erdjîeh; Badjenis (Bayézid, selon Jaubert). Les autres villes de ce pays sont : Halda, Sanaryeh,[248] Baf, Kisar, Djar, Kalat-el-Hourmân, Houbrân, Chakky. BAB-EL-ABWAB.On nomme ainsi les bouches des vallées formées par le mont Kabk (Caucase). Les principales forteresses de ce pays sont: Bab-Soul; Bab-Ellân; Bab-essabirân; Bab-Lazikah (Lezguis); Bab-Selsedjy ; la ville du Maître du trône « Sabib-es-Serir; » la ville de Filân-Chah; Bab-Karounân; la ville de Tabaristan-Chah (alii Teberserân); la ville d'Abvar-Chah (Abkhazes?); la ville de Lebân-Chah;[249] la ville de Semender, derrière Bab-el-Abwab, bâtie par le roi Anouchirwan, fils de Kobad. Tout le pays situé au delà est occupé par les Khazars. — Impôt de l'Arménie, 4 millions de dirhems. Derrière Semender est la muraille de Gog et Magog. Voici ce qui m'a été raconté par Sallam l'interprète[250] : « Le khalife Wathik, ayant vu en songe que la muraille élevée par Dou'l-Karneïn entre nos contrées, et Gog et Magog était ouverte, m'ordonna d'aller sur les lieux et de lui rendre compte de ce que j'aurais vu.[251] Il me donna une escorte de cinquante hommes, une somme de 5.000 dinars, plus une indemnité personnelle de. 10.000 dirhems. Chaque homme reçut 1.000 dirhems et des provisions pour une année ; deux cent mulets portaient les vivres et l'eau nécessaires au voyage. Nous partîmes de Sorra-men-râ, munis d'une lettre adressée par le khalife à Ishak, fils d'Ismaïl, qui gouvernait l'Arménie et résidait à Tiflis, l'invitant à faciliter notre voyage. Ishak nous remit une lettre pour le Maître du trône « Sahib-es-Serir; » celui-ci écrivit à notre sujet au roi des Allâns ; ce roi au Filân-Chah, et ce dernier au Tharkhân, roi des Khazars. Arrivés chez le Tharkhân, nous nous arrêtâmes un jour et une nuit, puis nous repartîmes accompagnés de cinq guides que ce roi nous donna. Après avoir marché pendant vingt-sept jours, notre troupe entra dans un pays dont le sol était noir et fétide; heureusement nous avions eu la précaution de nous pourvoir de parfums propres à combattre le mauvais air. Au bout de dix journées de voyage à travers cette contrée, nous passâmes, durant vingt-sept jours, au milieu de villes en ruines. On nous apprit que c'étaient les restes des villes envahies autrefois par les peuples de Gog et Magog. Nous arrivâmes enfin près des forteresses (Kazwîny: d'une forteresse) bâties au fond de la vallée formée par la montagne où se trouve la muraille. Les habitants de ces forteresses sont des musulmans, sachant lire le Coran, possédant des écoles et des mosquées. Ils nous interrogèrent sur notre origine et notre pays natal. Apprenant que nous étions les envoyés de l'Emir des croyants, ils s'écrièrent avec surprise: « L'Emir des croyants! — Oui, leur répondîmes-nous, tel est son nom. — Est-il vieux ou jeune? — Il est jeune. » — Leur étonnement redoubla; ils ajoutèrent : « Où réside-t-il? — En Irak, dans une ville nommée Sorra-men-râ. — Nous n'en avions jamais ouï parler, » répondirent-ils. Cependant nous étions arrivés devant une montagne[252] lisse et sans végétation, coupée par une vallée large de 150 coudées. Deux énormes piles (ou jambages) de 25 coudées de large et formant une saillie de 10 coudées s'élevaient sur chaque versant de la montagne, à droite et à gauche de la vallée, bâties en briques de fer, recouvertes de bronze, sur une hauteur de 50 coudées. Entre ces deux piles s'étendait une barrière (dervend) en fer de 120 coudées de long; elle était ajustée à chaque pile, à une profondeur de 10 coudées, sur 5 de large. Au-dessus de la barrière, une maçonnerie massive en fer et en bronze se dressait jusqu'au sommet de la montagne, à perte de vue; elle était couronnée de créneaux en fer, reliés entre eux par des hourdis en forme de cornes. La porte aussi en fer avait deux battants de 50 coudées (Kazwîny : 60) de large, sur 5 d'épaisseur; les gonds étaient proportionnés aux dimensions de la barrière. Sur la porte, et à 25 coudées du sol, on voyait une serrure longue de 7 coudées et d'une brasse de circonférence ; au-dessus de la serrure, un verrou plus long que celle-ci, et dont les deux crampons avaient chacun 2 coudées. Une clef pendait au-dessus du verrou, longue de 7 coudées et demie, et terminée par douze dents de fer d'une force étonnante.[253] La chaîne qui la retenait était longue de 8 coudées sur 4 empans de diamètre, et l'anneau auquel elle était rivée ressemblait à l'anneau des machines de siège.[254] Le seuil de la porte avait 10 coudées de haut, sur un développement de 100 coudées, non compris la maçonnerie placée au-dessous des deux jambages, et la partie saillante de 5 coudées. La coudée dont il est parlé ici est la coudée noire.[255] Le roi qui commande dans ces forteresses sort tous les vendredis, suivi de dix cavaliers munis de masses d'armes en fer, du poids de cinquante menn. Ils frappent trois fois la serrure, avec ces masses, pour avertir ceux du dehors que la porte est bien gardée, et prévenir de leur part toute tentative d'agression. Un de nos compagnons ayant frappé ainsi sur la serrure, nous appliquâmes nos oreilles contre la porte et nous entendîmes un bruit sourd, provenant de l'intérieur. « Dans le voisinage s'élève une grande forteresse, qui a 10 farsakhs en long et en large (Kazwîny : 1 fars.). La porte elle-même est flanquée de deux citadelles qui ont chacune 200 coudées en long et en large; à droite et à gauche de leur porte sont plantés deux arbres; une source d'eau douce coule entre les deux citadelles. On conserve, dans l'une d'elles, les instruments qui ont servi à la construction de la muraille ; ce sont d'énormes chaudières de fer, comme celles qui servent a la fabrication du savon, placées à chaque angle de la place; des haches en fer; des débris de blocs du même métal, soudés les uns aux autres par la rouille. Ces blocs sont hauts et larges d'une coudée et demie, sur un empan d'épaisseur. Nous demandâmes aux habitants s'ils avaient jamais vu des hommes de Gog et Magog; ils nous racontèrent qu'ils avaient aperçu, un jour, une troupe de ces barbares au-dessus du mur, où un vent impétueux les avait jetés. Vus à cette distance, leur taille ne paraissait pas dépasser un empan et demi. A notre départ, nous fûmes escortés par des guides qui nous mirent sur la route du Khoraçan ; nous continuâmes notre voyage, munis de provisions par les soins du chef des forteresses. Nous sortîmes enfin dans la plaine, à 7 fars. derrière Samarcande, et nous nous rendîmes[256] chez Abou'l-Abbas Abd Allah, fils de Taher. » L'interprète Sallam ajoutait : « Ce gouverneur me donna 100.000 dirhems et en distribua 500 à chacun de mes compagnons; il alloua, en outre, 5 dirhems par jour à chaque cavalier et 3 dirhems à chaque fantassin. Nous arrivâmes ainsi à Rey et de là je regagnai Sorra-men-râ, vingt-huit mois (Kazwîny : dix-huit mois) après mon départ. » Le récit abrégé qui précède m'a été fait par Sallam l'interprète, lequel me l'a dicté sur la relation même qu'il rédigea pour le khalife Wathik-Billah. PAYS DE LA DROITE OU MIDI.L'Espehboud qui les gouvernait autrefois était nommé………………………………………. ROUTE DE BAGDAD À LA MECQUE.[257]Djisr-Kouta, 7 fars. — Château d'Ibn-Hobeïrah, 5 fars. — Souk-el-Açed « marché du lion » (Kod. El-Oçaïd), 7 fars. — Chahy, 6 fars. — Koufah, 5 fars. — Kadiçyeh, 15 fars.[258] — El-Orthaïb, sur la limite du désert, 6 m. — El-Moghaïbah (Kod. Moghythah), 14 m. on soupe à Ouady es-Sebal « vallée des lions, » 7 m.[259] — El-Kara', 32 m. on soupe à la mosquée de Saad, 14 m. — Wakiçah, puits, 29 m. —- El-Akabah « la côte, » 27 m. (Kod. 29); on soupe à El-A'sat, 14 m. — El-Kaa', 24 m.[260] on soupe à Khaldja, 14 m. — Zobalah, où l'on trouve de l'eau en abondance, 24 m. on soupe à Djoubeïn, 14 m. — Chokouk, citernes,[261] 29 m. (Mok. 21); on soupe à Elmas, 14 m. — El-Bithân, tombeau d'El-Ibady, 29 m. on soupe à Yalhabah, 14 m. — Taghlebyeh,[262] citernes et puits hydrauliques, 32 m. (Kod. et Mok. 29); on soupe à El-Amîs, 14 m. — El-Hareçyeh, citernes, 32 m. — Hafar,[263] puits, 24 m. on soupe à Eladj, 15 m. — Feïd, source d'eau vive, 30 m. (Kod. et Mok. 36) ; on soupe à El-Hodjaïmah,[264] 13 m. — El-Hadjir, puits, 30 m. (Kod. et Mok. 33); on soupe à Belasah, 11 m. — Ma'den-en-Nokrah « la mine d'argent, » puits, 32 m. (Kod. 37). La dîme aumônière de la tribu de Bekr ben Waïl, qui occupe la route de la Mecque, se monte à 3.000 dirhems.[265] De Ma'den-en-Nokrah, un embranchement conduit à Médine, par les stations suivantes : El-Oçaïlah (Ed. Koçaîlah), puits d'eau saumâtre, 66 m. —-Bathn-Nakhl « vallon des dattiers, » eau abondante, 36 m, — Taraf (Yac. Tarfah), eau de pluie, 22 m. — Médine, 35 m. Médine, nommée aussi Tayibeh et Yatrib, était gouvernée, ainsi que le Tehamah, avant l'islamisme, par un délégué du Merzebân du désert, chargé de la perception des impôts. Les tribus Koraîzah et Nadhîr possédaient ce territoire, sous la suprématie des Aws et des Khazradj.[266] Le poète El-Ansary a rappelé cette circonstance, quand il a dit: Après le tribut du Chosroès, après le tribut de Koraïzah et de Nadhir, on nous rançonne encore ! De la province de Médine dépendent le Taïmâ et la forteresse d'El-Ablak, surnommée l'unique, entre la Syrie et le Hedjaz; elle appartenait au Juif Samuel,[267] fils d'Adya, que sa bonne foi a rendu célèbre. On connaît le vers : Il réside dans le Teïma, à El-Ablak l'unique, forteresse redoutable, auprès d'un hôte sans félonie. ROUTE SUIVIE PAR LE PROPHÈTE DANS SA FUITE.Le guide vint le prendre au-dessous de la Mecque et le conduisit à Es-Sahil, au bas d'Osfàn. Puis, traversant la route, il passa par Kodaïd et voyagea dans la Hararah,[268] jusqu'à Thenyet-el-Morar. Après avoir laissé sur sa route Medlet-Modjah, Madhedj, Dhat-Keched, El-Adjrad, il s'engagea dans Dhou-Samor (Ed. Dhou-Chamir), dans le vallon de Aada, appartenant à la tribu de Madhedj, et arriva dans Ochaïrah. Il reçut l'hospitalité à El-Fahid (Ed. Fadjah), se reposa à El-Ardj, et, continuant son voyage par Thenyet-el-Ayar, à droite de Rakoubah, il mit enfin pied à terre au puits d'Amr fils d'Awf, à Koubba. Autres dépendances de Médine : El-Fourou'; Dhou'l-Mirwah ; Ouady'l-Kora ; Madian; Khaïbar; Fedek; villages d'Oraïnah; El-Wahîdeh; Nomeïrah; El-Hadîkah « le verger; » Ady; Rahbah; Seyyalah; Sabeh ; Rohath ; El Akhal ; El-Hamyyeh. ROUTE DES PÈLERINS DE MÉDINE A LA MECQUE.De Médine à Chedjrah « l'arbre, » où les Médinois prennent le manteau pénitentiel ihram, 6 m. — Melel, puits, 12 m. — Seyyalah,' puits, 19 m.[269] — Sokya, où se trouvent une rivière et des jardins, 36 m. — El-Abwa, puits, 39 m. (Ed. 27). — Djohfah, où les pèlerins de Syrie prennent l'ihram ; cette étape est à 8 milles de la mer (Yak. 6; Ed. 4), 27 m. — Kodaïd. puits, 27 m. — Osfân, puits, 23 m.[270] SUITE DE LA ROUTE DE BAGDAD A LA MECQUE, DEPUIS MA'DENEN-NOKRAH.[271]Moghîthat-el-Mawân, citernes et puits, 33 m. (Kod. 27); on soupe à Samath, 16 m. — Rabadheh, citernes, 24 m. on soupe à Ada'bab, 14 m. — Mine des Bènou-Solaim, où il est impossible de se procurer de l'eau, si les citernes sont desséchées, 24 m. on soupe à Saroura, 12 m. — Chelîlah, 26 m. on soupe à Alem-Nohas, 13 m. — Omk, puits, 21 m. on soupe à Amdjeh, 13 m. — Ofay'iah, citernes et puits, 32 m. on soupe à Kirah, 15 m. — Maslah, citernes et puits, 34 m. on soupe à Kiram, 14 m. — Ghomrah (ou Omrah), citernes et puits, 18 m. — Dhat-Yrk, puits abondants, 26 m. on soupe à Awtas, 12 m. — Jardin des Bènou-Amir, puits abondants, 32 m. on soupe à Omrat-Kendah, 12 m. — La Mecque, 24 m. on soupe à moitié route, à Besatîn. Distance totale de Bagdad à la Mecque, 275 fars. (2/3) ou 827 m. (1.654 km.). Cantons[272] de la Mecque : Tayef ; Nedjrân ; Kyrn-el-Ménazil; El Akik « vallée creusée par les eaux ; » El-Okazh; Walîmeh; Turbeh; Bîcheh; Tebalah; Hodjeïrab ; Kyçeh ; Djorach ; Gherat ; Tehamab ; Senkân ; Anîm ; Beïch. Route de la Mecque à Tayef : Bîr-Ibn-el-Mortafi' (Ed. au lieu de bîr « puits, « kybr « tombeau »); — Kyrn-el-Ménazil, rendez-vous des Yéménites et prise de l'ihram; — Tayef. — On peut aller de la Mecque à Tayef par les hauteurs « Akabah, » en passant par Arafat, le vallon de Nomân, la côte de Hokaybah et de là à Tayef. STATIONS DE LA MECQUE AU YÉMEN.Puits d'Ibn-el-Mortafi'; — Kyrn-el-Ménazil, grosse bourgade; — El-Ghaïk (Faïk), grosse bourgade; — Safar ; — Berneh, grosse bourgade ; — Kodâ, palmiers et sources; —Rowaïthali (Kod. Wathyab), palmiers et sources; — Tebalah, ville importante; sources; — Djesdâ, puits, lieu désert[273] ; — Kecheh, grosse bourgade; sources; lieu de garnison; — Bîcheh-Yaktan ; eau limpide ; vignes, à 8 milles de Djorach; —- Mahdjerah, gros village; sources et puits; halte des caravanes. On y remarque un grand arbre nommé thalhat el-mélik ; il ressemble au gharab « salix babylonica ; » ce lieu est la limite entre le territoire de la Mecque et le Yémen; — Orfah; eau rare; lieu désert; — Saadah, gros village; tannerie de peaux et de cuir pour chaussures; — Amchyah, lieu inhabité; petite source; — Khaïwân, village riche en vignobles; deux citernes; les habitants y souffrent d'ophtalmie ; — Anabit, ville : blé, vignes et sources ; — Sanaa, capitale du Yémen.[274] CANTONS DU YÉMEN.Sanaa; el-Hacheb ; Rohabeh ; Mersel ; Sîf-Sanaa « littoral de Sanaa; » Saadali. De Sanaa à Khaïwân, 24 fars. — De Khaïwân à Saadah, 16 fars. -— De Saadah à Mahdjerah, sous le coteau d'El-Mounsih, non loin de Talhat el-Mélik, où commence le territoire de la Mecque, 10 fars. — Total, 60 fars. de Saadab à Sanaa. — Canton de Nour, où se trouvent Reïbeb, le puits tari, et le château fortifié, dont il est parlé dans le Coran;[275] — Khaïwân ; — Dhou-Sohaïm ; — Adwah, où se voit la colline de feu, adorée par les anciens habitants du Yémen. — Cantons à droite de Saana : En-Nar ; — War'ah ; Tam ; Arhab ; Djobeïrah; Hamdân; Djoraf; Murad ; — Sendeh; — Soudda; — Djoufâ; — El-Harreh; — El-Mechrek; — Berchân; — Ala'k; — Ana'm. — Canton El-Moçabîn. — Canton des Bènou'l-Olhaïf; — Karyet'-Mareb, qui renferme le village de Salomon; — Sirwah: — Saba, pays du château de Bilkis et de la digue El-Arim. —- De Sanaa, on se rend à Soudda, Djoufa, Sendeh, et le Hadramaut; ces deux cantons sont séparés de la mer par des plaines de sable. — Distance de Sendeh, 30 fars. — De Sanaa au Hadramaut, 72 fars. —. Canton de Kawlân et Rakh, où est le Ouady-Yémen. — Canton Ahwar. — Hakal-Warmân (Méraçid : Méhràn), à 16 fars. de Sanaa; — Canton des Bènou-Amir; — Bab; — Reda' ; — Renyeh ; — Cheref ; — Ochar ; — Roaïn ; — Nesefàn ; — Kahlân ; — Sankân ; — Reïbân ; — Nafé'; — Moushy ; — Hodjr; — Bedr; — Aslah ; — Seïheb (Méraçid : Sihab). Canton d'Abian, où se trouve Aden. — Canton de Badân et Yéman. — Canton de Nçbah et d'el-Mizra'. — Canton d'El-Mekarim et d'Amloul.[276] Distances : de Sanaa à Dhimar, 8 fars. — De Saba à Hodjr et Bedr (Mok. Badad), 20 fars. — De là au bourg d'Aden, dans le canton d'Abian, 24 fars. — En tout, entre Sanaa et Aden, 68 fars. Cantons de Salif; — El-Adam; — A'lan; — El-Hinneh; — Sekasik (tribu des Bènou Seksek, Méraçid), qui est le dernier canton du Yémen. — De Sanaa à Dhimar, 16 fars. — De Dhimar au Haut-Yahsoub, 8 fars. C'est dans ce canton de Yahsoub que se trouvent la ville de Dhalar et son château (Kasr-Zeïdân), résidence des anciens rois du Yémen. — Du Haut-Yahsoub à Sohoul, 8 fars. — De Sohoul à Thoudjeh, 48 fars. (lisez 8 fars. Mok. dit 8 fars. Ed. 36 milles). Cantons de gauche, en retournant à Sanaa : Ans (Yac. Khams) ; — Ziady ; — El-Moafir ; — Bènou'l-Medjid; — Rekeb; — Chakab; — Thanadjir; dans ce canton est le bourg fortifié nommé Almad; il est habile par la postérité de Dhou'l-Menakh. Ibn el-Djoun el-Menakhy l'himyarite en est originaire. — Canton de Sohoul; — les Bènou-Saab; — Wahadhah ; — Haut-Yashoub ; — Kanaab ; — El-Wardyeh; — El-Hadjar; — Zebîd, en face est le littoral de Gallafikah et El-Mandeb; — Rima'; — Makda ; — Alhân ; dans ce canton est compris Djoublân, possession de la famille (himyarite).de Dhou Sarh; — El-Hakaleïn; — El-Ourf; — El-Ohrouf (Méraçid : El-Okhrout). Distances : de Sanaa à El-Ourf, 8 fars. — D'El-Ourf à Alhân, 10 fars. — D'Alhân à Djoublân, 14 fars. — De Sanaa à Djoublân, 32 fars. — De Djoublân à Zébid et Rima', 12 fars. Suite des cantons : Kawlân, au delà de Sanaa; — Hadar et Houcheb; — Akk-Kezzabah; quiconque va dans ce pays y meurt;[277] — Yahcha'; — Haraz et Hawzen ; — El-Okhroudj et Medjnah ; — Hadhour ; Mareb et Djamlân (Méraçid : Hamlân), où se trouve la ville de Sahiad. — Sakin ; Chibam ; Beït An'am et El-Meçani', demeures de la postérité de Dhou-Hawal, fils de Maghar. Dja'far, fils d'Abd er-Rahman, fils de Koreïb, appartient à cette famille; — Watha' et El-Meflek, entre Sanaa et Chibam. — De Sanaa à Chiham, 8 fars. — Hakem;[278] — Djazân; — Mouça (Cf. Fresnel, Journ. asiat. 1840, p. 93); — Chardjah; — Hadjour et El-Maareb. Entre Basrah (il faut lire Omrah avec les autres itinéraires) et Sanaa, il y a 69 relais de poste. — Entre Sanaa et Dhimar, 4 relais. — Entre Dhimar et Aden, 7 relais. — Entre Dhimar et El-Djened, 4 relais. — Entre Sanaa et Mareb, 7 relais. — Entre Mareb et Abdal, c'est-à-dire le Hadramaut, 9 relais, à dos de chameau. J'ai trouvé dans les registres de compte d'un agent du Yémen que le maximum de l'impôt payé par cette province, sous la dynastie actuelle, se monte à 600.000 dinars (6 millions de francs). Après la conquête musulmane, le Yémen fut divisé en trois gouvernements : le premier et le plus important est Djened et ses cantons; le deuxième, d'une importance moyenne, Sanaa et ses cantons; le troisième, qui est le plus petit, l'Hadramaut et ses cantons. Les habitants du Yémen racontent que, lorsque le prophète Salomon épousa la reine Bilkîs, les démons bâtirent, pour Dhou-Tobba, roi de Hamdân (sic), des châteaux et d'autres édifices. Une pierre portait l'inscription suivante : « Nous avons bâti Seldjen, Sirwah, Mirwah (suivent deux noms illisibles), Arîn, (Idrit?), Hindeh et Honeïdeh, Kaïsoum-Befaa, et les bourgs de Namath. Ce château a été construit l'année où nos demeures étaient en Egypte. » Selon Wahb, fils de Mounebbih, cela fait plus de seize cents ans. Une inscription himyarite[279] d'un château appartenant à Chainmir était ainsi conçue : « Cet édifice a été bâti par Chammir, fils d'Achar…. « reine du soleil. » — On lisait sur la porte de la ville de Dhafar[280] : « Qui posséda Dhafar? — Les nobles de la Perse. — Qui possède Dhafar ? — Les marchands koreïchites. — A qui Dhafar? — Il reviendra (iaahar) aux fils d'Himyar. » Les Abyssins ayant envahi le Yémen, quatre de leurs rois régnèrent dans ce pays pendant soixante-douze ans. STATIONS ENTRE MESDJID-SAAD ET BASRAH.Barik. — El-Asla'. — Selmân. — Akmar —El-Adjaryeh. — Aïn-Saïdam (Yak. Said). Aïn-djemel « source du chameau. » — Basrah. (D'après Edriçy, il y a cinq journées entre Koufah et Basrah.) STATIONS ENTRE BASRAH ET LA MECQUE.[281]Sabkhayeh (Sabayeh). — Kofaïr (Djofaïr, Hodaïr). — Rohaïl. — Sadjr (Sendjek). — Kefer (Djefer-Aby-Mouça). — Matoumah (Mawyab). — Dhat-el-Açeb (Ochar). — Basnouah (Suraah). — Chemseh (Somaïrah). — Sebah. — Oumoudyah. — Karyeteïn. — Ramah. — Thikfah. — Daryyah. — Djadîlah (Hawîlah). — Feledjeh (Milhah). — Rokaïbah. — Kana (Koba).-— Merrân. — Ouadj-rah. — Awtas. — Dhat-Yrk, dans le Tehamah. — Le jardin des Bènou-Amir. — La Mecque. STATIONS DU YEMAMAH À LA MECQUE.El-Hadîkah « le verger » (Ed. Arydh). —Sabah. — Thenyeh (Kod. ajoute El-A'fa). — Saka. — Sedd « la digue. » — Sadat (Kod. Merarah). — Sovaïkah. — Karyeteïn. Puis viennent les stations entre Basrah et làa Mecque, indiquées dans la route précédente. ROUTE D'OMAN À LA MECQUE, LE LONG DE LA CÔTE.[282]Fawk (Farak). — Awkelân (Arkelân). — La côte de Hamat (Minah). —-Chihr, habitée par la tribu de Kindah. — Bourg de Kindah. — Bourg d'Abd Allah, fils de Madhedj. — Hadjedj — Aden, qui dépend d'Abian. — La pêcherie de perles. —Canton des Bènou-Medjîd (Bènou-Mohammed). — Mendjelah (Menhad). — Canton de Rekeb. — Mendeb (Mender). — Zebyd. — Ghalafikah. — Canton d'Akk. — Djoudah. — Canton de Hakem. — Sohaïm. — Havre de Dhenkân. — Havre de Nahla (Halya). — Serîr. — Ounab. — Merdjab-sasah (Sefïneh). — Une autre station. — Djeddah. — La Mecque. DE KHAWLAN-DHOU-SOHAÏM A LA MECQUE.[283]Bîcheh. — Yaktân. — Dhenkân. — Hala. — Bîcheh (Ed. ajoute Harân). — Kanouna. — Hachah. — Darkah. — Olaïb. — Nyab. — Bîrek. — Yelem (Méraçid : Yelemleh); c'est là que les habitants de la Mecque revêtent l'ihram. — Melkân. — La Mecque. STATIONS D'EGYPTE À LA MECQUE.[284]De Fostat à El-Djoubb « le puits. » — Boaïb. — Station d'Ibn-Sadakah (Yac, Ibn-Karkarah). — Adjroud. — Demeh (Kod. Rebîbeh). — Kersen. — Hofaïr. — Station.[285] — Eïlah. — Hafa. — Madian. — Ela'râ. — Station (nom omis). —Kilabch (Kilanyeh). — Cha'b. — Bedâ (Kod. Bena). — Sarhateïn. — Badhâ. —; Ouady'l-Kora. — Rohaïbah. — Dhou'l-merwah. — Médine. — Voir, pour la suite de l'itinéraire, la route de Médine à la Mecque, ci-dessus. DE DAMAS À LA MECQUE.Station. — Autre station.[286] — Dhat-el-Ménazil. — Yanou'. — Tebouk. — Mohainah. — Elakra'. — Hanefyeh. — Ouady'l-Kora. — Rohaïbah. — Dhou'l-merwa. — Soeïdâ. — Dhou-khacheb. — Médine. — Pour le reste des stations, voir la route de Médine à la Mecque, ci-dessus. DE BASRAH AU YEMAMAH.De Basrah à………….. (Ed. Dehmân). — Kazhimah. — Autre station. — Kora'. — (Kod. Fora'). — Tbikhfah (Kod. Safhah). — Samân. — Cinq autres stations.[287] — Soleïmah. — Sal (Kod. Sînal). — Yémamah. Dépendances du Yémamah : Hadjar; Houd, à 24 heures de Hadjar; El-Yrdh, vallée[288] qui traverse le Yémamah dans toute sa longueur, et renferme plusieurs villages; El-Manfoukhah (Ed. Manboukhah); Thoudah; Makrah; Nedjarah; Ouady'l-fitar. Bourgs du Bahreïn : Khatt; Katîf; Elawreh; Hadjar; Awrak; Yalnoubeh; Machkar; Zareh; Houlyeh; Saboun; Darîn;[289] El-Ghabeh. STATIONS ENTRE LE YEMAMAH ET LE YEMEN.Houroudj. — Merdj « la prairie. » — Safa. — Bîr-el-abar « le puits des puits. » — Nedjrân. — Hama. Barakas. — Merba'. — Mahdjereb. — Pour la suite des stations, voyez la route ordinaire jusqu'à Sanaa, ci-dessus. RÉCAPITULATION DES STATIONS DE POSTE.[290]Le nombre total des relais de poste dans l'empire s'élève à 930; les dépenses pour l'achat et la nourriture des chevaux, l'entretien du personnel et des fervanègui (voir l'introduction) se montent à 154.100 dinars (1.541.000 francs.) ITINÉRAIRE DES MARCHANDS JUIFS, DITS RADANITES.[291]Ces marchands parlent le persan, le romain (grec et latin), l'arabe, les langues franque, espagnole et slave. Ils voyagent de l'Occident en Orient, et de l'Orient en Occident, tantôt par terre, tantôt par mer. Ils apportent de l'Occident des eunuques, des esclaves femelles, des garçons, de la soie, des pelleteries et des épées. Ils s'embarquent dans le pays des Francs, sur la mer occidentale, et se dirigent vers Farama (près des ruines de l'ancienne Péluse); là ils chargent leurs marchandises sur le dos de bêtes de sommes, et se rendent par terre à Kolzoum (Suez), à cinq journées de marche, sur une distance de 20 farsakhs. Ils s'embarquent sur la mer orientale (la mer Rouge) et se rendent de Kolzoum à El-Djar[292] et à Djeddah; puis ils vont dans le Sind, l'Inde et la Chine. A leur retour, ils se chargent de musc, d'aloès, de camphre, de cannelle et des autres productions des contrées orientales, et reviennent à Kolzoum, puis à Farama, où ils s'embarquent de nouveau sur la mer occidentale. Quelques-uns font voile pour Constantinople, afin d'y vendre leurs marchandises ; d'autres se rendent dans le pays des Francs. Quelquefois les marchands juifs, en s’embarquant sur la mer occidentale, se dirigent (à l'embouchure de l'Oronte) vers Antioche. Au bout de trois jours de marche, ils atteignent les bords de l'Euphrate et arrivent à Bagdad. Là ils s'embarquent sur le Tigre et descendent à Obollah, d'où ils mettent à la voile pour l'Oman, le Sind, l'Inde et la Chine. Le voyage peut donc se faire sans interruption. Les Russes, qui appartiennent à la race slave, se rendent, des régions les plus éloignées du pays des Slaves, sur les côtes de la mer de Roum (la Méditerranée), et y vendent des peaux de castor et de renard, ainsi que des épées. L'empereur (grec) se contente de prélever un dixième sur leurs marchandises. Les négociants russes descendent aussi le fleuve des Slaves (le Volga), traversent le bras qui passe par la ville des Khazars (aux environs d'Astrakhan), où le souverain du pays prélève sur eux un dixième; puis ils entrent dans la mer de Djordjan (Caspienne), et se dirigent sur le point qu'ils ont en vue. Cette mer a 500 fars. de diamètre. Quelquefois les marchandises des Russes sont transportées, à dos de chameaux, de la ville de Djordjan jusqu'à Bagdad. Ces divers voyages peuvent se faire également par terre. Les marchands qui partent de l'Espagne et du pays des Francs se rendent à Tanger et au Maroc, d'où ils se mettent en marche pour la province d'Afrique et l'Egypte. De là ils se dirigent vers Ramlah, visitent Damas, Koufah, Bagdad et Basrah, pénètrent dans l'Ahvaz, le fars. le Kerman, le Sind et arrivent dans l'Inde et à la Chine. — On peut encore prendre la route d'Arménie et se rendre, à travers le pays des Slaves, auprès de la ville des Khazars; on s'embarque sur la mer de Djordjan, puis on arrive à Balkh, dans la Transoxiane, le pays des Tagazgaz et la Chine. L'accès à la cour de Chosroès était interdit aux étrangers qui arrivaient des cinq contrées suivantes : de Syrie, par Hît; du Hedjaz et du Yémen, par El-Odbaïb ; du fars. par Nabîn ; du pays des Khazars et du pays des Allans, par Bab-el-Abwab (Derbend). On lui adressait un rapport sur les arrivants, et on retenait ceux-ci à la frontière, jusqu'à ce que le roi eût pris une décision à leur égard. La terre a été partagée en quatre parties : 1° l'Europe, comprenant l'Andalous, le pays des Slaves, des Grecs et des Francs ; Tanger, jusqu'à la frontière égyptienne; 2° la Libye, comprenant l'Egypte, (la mer de) Kolzoum, l'Abyssinie, les Berbères et les pays situés au delà; 3° la mer méridionale, qui baigne le Tehamah, le Yémen, le Sind, l'Inde et la Chine; 4° l'Asie, comprenant l'Arménie, le Khoraçan, le pays des Turcs et des Khazars. Il y a encore une division du globe différente de celle qui précède. MERVEILLES DE LA TERRE.[293]Volcan de Sicile……………. L'Espagne………………… On voit, dans l'Inde un rocher d'où jaillit du feu, mais on ne peut rien allumer à sa flamme……..… On ne trouve pas en Sicile la grosse fourmi nommée el-foursân (formica leo), et les singes sont inconnus en Espagne, à cause du grand nombre d'animaux sauvages que renferme cette contrée. Dans le pays des Grecs, sur les bords de la mer des Khazars (mer Noire), est une contrée nommée Mostatîleh,[294] où l'hiver et l'été sont la saison des pluies; les habitants ne peuvent ni battre, ni vanner leurs blés; ils les entassent en gerbes dans leurs maisons; puis, au fur et à mesure de leurs besoins, ils prennent une certaine quantité d'épis, les frottent dans leurs mains, pour en extraire le grain ; après quoi ils le font moudre et le cuisent. Les singes sont nombreux dans ce pays. Dans le Hedjaz et le Yémen, il pleut tout l'été, mais jamais en hiver. A Sanaa et au delà de cette ville, la pluie tombe en juin, juillet, août et une partie de septembre, depuis midi jusqu'au coucher du soleil. C'est pourquoi les habitants s'abordent en disant : « Hâtons-nous avant la pluie, car voici la saison pluvieuse qui arrive. » Lorsque les Arabes conquirent l'Espagne, ils trouvèrent dans le palais de la ville des rois (Tolède) vingt-quatre couronnes, autant qu'il y avait eu de rois dans ce pays. Chacune de ces couronnes était d'un prix inestimable; elle portait le nom du roi auquel elle avait appartenu, la mention de son âge et la durée de son règne. On y trouva aussi une table qui provenait, dit-on, de Salomon, fils de David. Dans ce palais était une autre salle fermée par vingt-quatre serrures, chaque roi ayant ajouté une serrure à celle de son prédécesseur[295] ; personne ne savait ce que cette chambre renfermait. Le dernier roi (chrétien) de l'Espagne voulut en violer le secret, persuadé qu'elle recelait des trésors. Les évêques et les prêtres cherchèrent à lui représenter la gravité de cet acte, et le supplièrent de se conformer à l'exemple des rois qui l'avaient précédé, en lui disant : « Si c'est de l'or qu'il vous faut, nous vous en donnerons, à la condition que cette porte restera fermée. » Mais le roi, sourd à leurs prières, ordonna qu'elle fût ouverte. On y trouva des figures d'Arabes à cheval, avec leurs turbans et leur costume, armés d'arcs et de flèches. Ce fut en cette même année qu'eut lieu l'invasion de l'Espagne par les musulmans. Les savants qui ont tracé cette sphère, image du globe terrestre, ont voulu donner une preuve sensible de la divine sagesse, laquelle, réunissant sur les bords et autour du globe les affinités de ces éléments, c'est-à-dire mélangeant la chaleur avec la chaleur, le froid avec le froid, comme on le voit ci-dessous, a créé le monde, avec les oppositions et les contrastes qui y règnent.[296]
EDIFICES DIGNES D'ADMIRATION.Les pyramides d'Egypte, construites en granit et en marbre; leur hauteur (verticale) est de 600 coudées; c'est aussi leur mesure en long et en large.[297] Toutes sortes de recettes médicales et de talismans merveilleux y sont gravés. On y lit aussi : « Que le roi qui se dit puissant essaye de les détruire, quoiqu'il soit plus facile d'abattre que d'édifier. » Et, en effet, le revenu du monde entier ne suffirait pas pour cette œuvre de destruction…………………. On rapporte que la construction d'Alexandrie dura trois cents ans, et que, pendant soixante et dix ans, les habitants n'osaient sortir durant le jour, leurs yeux ne pouvant supporter le reflet mat et éclatant de ses murs. Son phare prodigieux s'élevait du milieu de la mer, sur une écrevisse de verre (Cf. Prairies d'or, II, 430, 433). Outre sa population indigène, Alexandrie comptait 600.000 juifs tributaires. — Memphis, capitale et résidence des Pharaons; leur armée résidait à Djeïroun. — Deux colonnes, vestiges des démons,[298] à Aïn-Chems, en Egypte. Au sommet de chacune est un collier de cuivre; de l'une des deux, et au-dessous de ce collier, il distille de l'eau qui descend jusqu'à la moitié de la colonne, sans arriver plus bas. Elle suinte sans interruption, jour et nuit; la partie de la colonne qui en est mouillée est verte et humide; l'eau ne tombe pas jusqu'à terre. C'est un ouvrage de Houcheng. — La forteresse de Souk-el-Ahvaz ; ce sont deux forteresses superposées. Un édifice tout semblable se voit au Maroc. C'est l'œuvre de Houcheng.[299] Les Grecs prétendent qu'il n'y a pas de monuments en pierre qui égalent l'église de Roha (Edesse) et l'église d'Emèse. Abou'l-Kaçem, fils de Khordadbeh, dit : « De tous les édifices construits en brigues et en ciment, le plus beau était le palais (Eïvân) de Chosroês à Médaïn; il fut détruit et servit à la construction de Koufah. » Un poète a dit : Les ancêtres et les rois (kaïl) de Kahtân placent les bases de leur gloire sur Bahram Gour; C'est dans son palais de Khavarnak et dans le Sedir qu'ils ont manifesté la justice de leur règne. Un des plus magnifiques monuments en pierre et en ciment est le Chadrevân de Touster. Ce château d'eau est en pierre, porté par des piliers de fer et pavé de dalles en plomb. Parmi les transformations de l'eau les plus singulières, on cite une montagne du Yémen, du sein de laquelle jaillit une source, qui se répand sur ses parois et se solidifie, avant d'arriver à terre ; elle forme le beau cristal blanc nommé yémany. On trouve dans l'Azerbaïdjan une rivière dont l'eau, après avoir coulé quelque temps, se transforme ensuite en couches de silex. PARTICULARITÉS CURIEUSES DES CLIMATS.Quand un étranger arrive au Tibet, il éprouve, sans pouvoir s'en rendre compte, un sentiment de gaieté et de bien-être qui persiste jusqu'au départ. Vers les confins de la Chine est une contrée nommée Sîla, très riche en mines d’or. Les musulmans sont tellement séduits par la beauté de ce pays, quand ils y pénètrent, qu'ils s'y fixent et ne veulent plus en sortir. (Voyez ci-dessus.)……… Si un étranger demeure un an à Moçoul………. son intelligence s'éteint, ou tout au moins s'amoindrit[300]..... El-Djahiz affirme avoir entendu dire aux sages- femmes de l'Ahvaz qu'elles trouvaient souvent des enfants atteints de la fièvre en venant au monde. — Sur la montagne qui domine la ville et surplombe les maisons, à Souk-el-Ahvaz,[301] pullulent les vipères; les scorpions appelés djerrareh, dont la piqûre est mortelle, abondent dans les demeures. Au bout de deux mois, les parfums s'altèrent dans cette ville, de même qu'à Antioche. — Quiconque arrive dans le pays des Zendjs gagne la lèpre (ou l'éléphantiasis). —Quiconque jeûne pendant l'été, à Messissali (Mopsueste), est tourmenté par l'atrabile et exposé à perdre la raison. — Le climat de Bahreïn provoque des engorgements du foie, comme l'a dit un poète : Celui qui demeure à Bahreïn sent son foie grossir et son ventre se gonfler, malgré la diète.[302] Au rapport des savants, la contrée la plus favorisée de la nature est Rey avec son charmant canton de Sinn; celle qui l'emporte par l'industrie et le travail de l'homme est le Tabaristan; la plus productive, Neïsabour; celle dont la beauté a survécu aux ravages du temps, Djoundeï-Sabour avec sa magnifique végétation. Puis on cite Merv pour ses oliviers; El-Madjân et le Gaujtah (banlieue) de Damas pour leurs fertiles vallons; Niçibîn, arrosée par le Hermas; Samaïrah et ses deux forteresses; Basrah et son (canal) Nahrevân; en Perse, le vallon de Bewân et les coteaux de Chehresour couverts de jardins à droite et à gauche ; Médaïn; Sous; Touster entre ses quatre rivières : le petit Tigre, le Mousrikân, le Mabân et le Pouriân ; enfin Néhavend, Ispahan et Balkh. Mais les hauteurs de Samarcande, dans la Sogdiane, l'emportent sur tout le reste par leur beauté et leur richesse. — Le roi Kobad disait que, dans tout son royaume, les meilleurs fruits venaient des villes suivantes : Médaïn, Sabour, Erradjân, Rey, Néhavend, Houlvân et Maçabadân. SOURCE ET EMBOUCHURE DES FLEUVES.— Le Djéïhoun (Oxus), fleuve de Balkh, sort des montagnes du Tibet, passe devant Balkh, Termed, le Kharezm et se jette dans la mer de Djordjan (Caspienne). — Le Sind (Mehrân ou Indus) sort d'une montagne appelée Saghyân,[303] passe par Mansourah et se jette dans l'Océan oriental, après avoir formé plusieurs des rivières de l'Inde. —- Le fleuve de Chach[304] ..... — L'Euphrate sort de Kalikala, traverse le pays des Grecs jusqu'à Kamakh, passe à deux milles de Malatya et arrive à Somaïsat, où il devient navigable..... — Le Tigre prend sa source dans les montagnes d'Amid, traverse le mont Selseleh (« la chaîne, » le Taurus). Grossi par de nombreux affluents venus de l'Arménie, il passe à Beled, où il commence à porter les bateaux et les keleks; plus loin, il reçoit les deux Zab et le Nahrevân, passe à travers les étangs et se joint au Tigre d'Obollah (canal), pour se jeter ensuite dans la mer orientale. — L'Araxe, fleuve d'Arménie, sort de Kalikala, traverse l'Errân, où il reçoit la rivière de ce nom, passe devant Warthân et à El-Djem’ (confluent), où il se joint au Kourr; la ville de Beïlakân est entre les deux fleuves; après leur jonction, ils se jettent dans la mer de Djordjan.[305] — Les deux Zab sortent de l'Arménie et se jettent dans le Tigre : le grand Zab à El-Hadîthah, le petit Zab à Essinn. — Le Nahrevân (canal dérivé du Tigre) sort de l'Arménie, passe à Bab-Taloua, où il est appelé Mamara (il faut lire (fleuve de Sorra-men-râ), reçoit les affluents nommés Kathoul, arrive au canton de Souly,[306] où il prend le nom de Nahrevân, et se jette dans le Tigre au-dessous de Djebboul. — Le Khabour sort de Ras-Aïn, reçoit le Hermas et se jette dans l'Euphrate à Karkiçya. — Le Balîkh (Billicha) sort d'une source nommée Dehbanyeh, dans la province de Harrân, et se joint à l'Euphrate au-dessous de Rakkah. — Le Hermas part de Tour-Abdîn et se jette dans le Khabour. — Le Therthar est un bras du Herihas qui passe à El-Adhr (Atra) et se jette dans le Tigre. — Le Nil d'Egypte sort des montagnes de la Lune, se dirige vers les contrées sises au nord de l'équateur, coule le long de la Nubie, et entre en Egypte; enfin une de ses branches débouche dans la mer de Roum, à Damiette ; l'autre branche se jette dans la même mer, après avoir passé à Fostat (Vieux-Caire). — Le Dodjeïl « petit Tigre, » dans l'Ahvaz, sort de la province d'Ispahan et se jette dans la mer orientale (près d'Abadan). — Le fleuve de Djoundeî-Sabour, un de ses affluents, vient aussi du fond de la province d'Ispahan. — Le fleuve de Sous, autre affluent du petit Tigre, part de Zeïtoun. — Le Mousrikân vient du Ghadrevàn « château d'eau, aqueduc, » de Touster et se jette dans la mer orientale. — Le Zendéroud, fleuve d'Ispahan, prend sa source dans cette province, arrose ses dix-sept cantons, se perd ensuite dans les sables, et reparaît, soixante fars. plus loin, dans le Kermân ; là, après un certain parcours, il se jette dans la mer orientale. — Le Seïhân, fleuve d'Adanah, et le Djeïhân, fleuve de Messissah, viennent l'un et l'autre du pays des Grecs et se jettent dans la mer de Syrie. — L'Oronte, fleuve d'Antioche, prend naissance dans la province de Damas, du côté de Baalbek (je lis ainsi, au lieu de Berber), coule du sud au nord et se jette dans la Méditerranée. — La rivière de Damas, qui fertilise le Gautab, se jette dans le lac de Damas. (Ce sont les trois étangs à l'est de la ville.) MONTAGNES.Le mont El-Ardj, situé entre Médine et la Mecque, se dirige vers la Syrie; là il se réunit au Liban, près de Hims, et, plus loin, aux montagnes d'Antakieh et de Messissah ; il prend alors le nom d'El-Lokam; il se joint ensuite à la chaîne de Malatya, de Somaïsat et de Kalikala, et s'étend jusqu'au rivage de la mer des Khazars (Caspienne), près de Bab el-Abwab (Derbend).[307] TABLE DES MATIÈRES.
[1] Elle est désignée dans les notes par la lettre B, et la copie d'Oxford par la lettre A. [2] Khordadbeh signifie en parsi « l'excellent don du soleil; » c'est l'équivalent du grec Héliodore. [3] Le père de notre auteur est quelquefois nommé Ahmed, notamment dans le Fihrist; mais cette variante ne se lit pas dans les deux copies. [4] Cependant une autre étymologie est proposée par quelques auteurs arabes. Ils prétendent que berid vient du persan buriden « couper, » parce que les chevaux de poste avaient ordinairement la queue coupée. Il est surprenant que le savant auteur de Post- and Reiserouten ait accepté sans hésiter cette plaisanterie. Autant vaudrait admettre, avec les mêmes auteurs, que divan (bureau, cour des comptes) est tiré de divanè ou de div, parce que, dans le feu du travail, l'employé se démène comme un fou, et que, par ses contorsions, il ressemble aux démons de l'enfer. Privés du sentiment philologique, les Orientaux ne demandent à l'étymologie qu'un prétexte à jeux de mots. Accueillons ces prétendues explications comme une preuve de la subtilité de leur esprit, mais gardons-nous de les prendre au sérieux. [5] Voyez Post und Reiserouten, Vorrede, p. 5. [6] Sur les Anwa, on peut consulter l’Introduction à la Géographie des Orientaux, p. clxxxv. [7] Il est inutile d'ajouter que Hadji Khalfa avait sous les yeux un ouvrage de différent, où le passage eu question est cité. A ce propos, je dois relever deux inexactitudes dans le texte publié par M. Fluegel. Le nom de l'auteur y est écrit deux fois Khordad, au lieu de Khordadbeh; en second lieu, l'expression proverbiale qui termine l'extrait de la préface doit être lue au lieu de « œuvre commandée est (d'avance) excusée » termine ordinairement les préfaces pompeuses des écrivains musulmans. [8] Allusion au passage du Coran, chap. xx, v. 27. [9] Le mot nèsim, employé par l'auteur, se traduirait plus exactement par atmosphère terrestre. Les physiciens arabes donnaient à la couche d'air qui enveloppe la terre une épaisseur de seize mille coudées. Kazvîny entre dans de longues explications à cet égard, dans le deuxième discours de sa Cosmographie (texte publié par M. Wüstenfeld). [10] Au lieu de « contrées, districts, » leçon qui ne donne pas de sens satisfaisant, je lis « longueur, » avec Edriçy et Massoudi, qui ont reproduit littéralement ce passage. [11] L'auteur adopte, on le voit, l'ancienne évaluation de Ptolémée, qui compte 20 stades à la parasange. On sait que, sous le règne de Mamoun, deux commissions furent chargées, à quelques années de distance, de mesurer un degré d'un grand cercle de la terre. Les premières observations, faites entre Apamée et Palmyre, donnèrent pour résultat 57 milles; les secondes, dans la plaine de Sindjar, 56 milles; « chaque mille contenant quatre mille coudées noires, de celles adoptées par Almamon. » (Voyez l'analyse de la table d'Ibn Younis, dans le .tome VII des Notices et extraits, et les prolégomènes de la Géographie d'Aboulféda.) Maçoudi et Yakout ont reproduit l'évaluation des anciens, probablement d'après le Livre des routes. Voici enfin un troisième système cité par le cosmographe Schems ed-Dîn Dimichky (ms.de la Bibl. imp. f°3). Le degré terrestre égale 19 farsakhs ou parasanges, moins 1/6. Le farsakh = 3 milles ; le farsakh indien = 8 milles; le relai de poste = 4 farsakhs. D'après le voyageur Mokaddessy, la parasange vaut 3 milles ; un relai de poste 12 milles en Syrie et en Irak, 6 milles seulement dans le Khoraçan. Une journée de marche est en moyenne de 6 farsakhs 1/7. (Voy. Post- und Reiserouten, préf. p. xxvi.) [12] C'est par erreur qu'Edriçy, en copiant ce passage, a écrit 12.000 parasanges ; cette méprise a été d'ailleurs relevée par le traducteur (t. I, p. 2, en note). [13] Je pense qu'il faut lire 64e degré, avec Edriçy (ibid.), au lieu de 24e, afin de se rapprocher de la 63e parallèle de Ptolémée. Le chiffre 64 se trouve aussi dans Ibn Khaldoun (Trad. française des Prolégomènes, p. 92). [14] Cette théorie paraît se rapporter au système géographique des Romains, mis en lumière par M. Reinaud. (Mém. sur les relations de l'Emp. romain avec l’Asie, p. 61 et carte n° 2.) Toutes les généralités de géographie physique qu'on lit ici ont été copiées et développées par Mokaddessy (f° 42). La division qu'il adopte a pour origine une vieille tradition attribuée à Abd Allah, fils d'Amr. On peut la résumer ainsi : « La terre a une étendue de 500 années de marche; 400 dans les pays déserts et 100 dans les pays habités. Les contrées soumises au Coran occupent sur cette surface un territoire d'une année de marche environ. La race humaine s'étend sur 14.000 parasanges, dont 12.000 à la race noire, 8.000 aux Grecs, aux Francs, etc. 3.000 aux Persans et 1.000 aux Arabes. [15] Ce paragraphe est un des plus mutilés du livre; les erreurs et les lacunes dont il fourmille me paraissent cependant devoir être attribuées plutôt aux copistes ou au premier abréviateur qu'a l'auteur lui-même. Depuis longtemps déjà, la nécessité de déterminer exactement la position du temple de la Mecque avait donné naissance à des traités spéciaux qu'Ibn Khordadbeh n'avait pu manquer de consulter. Un de ces traités, composé sous le règne de Mamoun, par un Persan originaire de Neïriz, dans le fars. était répandu dans le public. Mustaufy en a fait usage, en le complétant, au début de la description de la Perse qui termine son Nouzhet. Kazvîny (Athar el-Bilad, p. 76) a donné un plan grossier de la Kaaba, entouré de médaillons dont les légendes indiquent la position des principales contrées du monde musulman autour de « la maison sainte. » (Cf. Reinaud, Introd. à la géogr. d'Aboulféda, Carte, p. cxcviii.) [16] La pierre noire est encastrée dans le mur qui fait face à l'orient. (Voyages d'Ali-Bey, II, 346.) Il faut, je pense, donner au mot qui se lit ici, la valeur de 75 milles, ainsi que le dit Birouny d'après le calcul attribué à Ptolémée. (Kazvîny, Cosmographie, p. 146.) On obtient ainsi 450 milles ou 150 parasanges, à raison de 3 milles pour une parasange. [17] Yakout a transporté une partie de ces détails dans son grand dictionnaire géographique. On sait que le mot Irak est la transcription arabe de Irah, vocable parsi tiré du sanscrit arya et ayria « homme vertueux; » c'est un nom commun à toute la race des Arians. Le persan moderne a conservé la forme Iran qui désigne la Perse. M. Reinaud pense que le nom Irak fut appliqué d'abord au royaume de la Mésène et de la Kharacène, et qu'il s'étendit plus tard à la Babylonie. (Mém. sur le royaume de la Mésene et de la Characènet p. 60.) [18] Au lieu de , je lis « tractus, regio. » [19] Je pense qu’il faut lire, avec Yakout, Schadè-djâni-Khosrou « la joie de l'âme de Chosroès. » Cependant, d'après ce qui est dit dans le Méraçid, ce district paraît avoir été plus communément connu sous le nom de Khosrou-Sabour, et par abréviation Khasrabour. [20] Ce nom ne se lit dans aucun traité géographique; peut-être l'auteur avait-il écrit boreït « terre molle et légère. » Dans le Méraçid, une localité du Sawad est ainsi nommée. [21] Le nom Ardechir est écrit dans les anciennes copies persanes, de là la leçon Azdechir, si fréquente dans Maçoudi, Hamzah d'Ispahan, etc. Bahman signifie en parsi « sage et heureux. » Ce fut vers l'an 225 de Jésus-Christ qu'Ardechir, après avoir détrôné les Arsacides, fit la conquête de la Mésène et lui donna son nom. (Voyez le passage de Hamzah sur cette expédition, Recherches sur la Mésène, etc. par M. Reinaud, p. 46 et suiv.) La description de Dest-Meïsan « la plaine de Mésène » se trouve dans Saint-Martin (Hist. et géogr. de la Mésène, etc. p. 59.) Le nom du quatrième canton cité ici est écrit Ebezkobad dans Yakout et le Méraçid. Ainsi que l'auteur du Mo'djem le remarque, plusieurs historiens musulmans ont confondu ce canton avec celui d'Erradjân, dans la Susiane. (Cf. mon Dict. de la Perse, p. 10.) [22] La copie A lit « le Tigre ; » l'inexactitude de cette leçon est démontrée par ce qui précède. Au rapport de Yakout, dans le Mosch-tarik, on nomme Dodjeïl un canal qui prend naissance au-dessous de Sorra-men-râ, et se dirige sur Bagdad, à travers un territoire vaste et fertile. (Cf. Description du pachalik de Bagdad, par Rousseau; Chrestom. arabe, I, 73.) L'asitân el-Ali fut nommé plus tard Nehr-Iça, lorsque l'oncle du khalife Mansour y fit creuser un canal. (Aboulféda, trad. française, p. 67.) C'est le nom de Mesken qui avait fait croire à d'Anville, égaré par le témoignage mal compris de Pline le Naturaliste, qu'il y avait deux Mésènes, dont l'une était placée plus au nord. Le canton de Kotrobbol (cette prononciation est donnée par le Kamous et le Moschtarik) était cité à côté de ceux de Salyhia et de Tizen-Abâd, pour ses fameux coteaux : ces trois noms se rencontrent souvent dans les poésies bachiques d'Abou-Nowas. (Voyez Odes 27, 36 et passim, édition Ahlwardt.) [23] Parmi les canaux dérivés du Petit-Tigre, Yakout mentionne le canal de Schirîn, qui répond au canal nommé ici Schîr. Le canal Derkit, qui ne se trouve nulle part ailleurs sous cette forme, est peut-être pour Deïr « le couvent » dont il est question dans le Mo'djem el-Bouldan. Au lieu de Djoubarah, qui est la vraie leçon, le texte porte el-Howaïzah. Sur le canal Kouta, cf. Aboulféda, ibid. p. 67. [24] Le haut Zab est surnommé Medjnoun « le fou » à cause de la violence de ses eaux; il commence entre Moçoul et Arbelles, et se jette dans le Tigre, près de Essinn. Le Zab moyen finit dans le canton de Nômanyab. Le petit Zab passe entre Arbelles et Dakouka, avant de se réunir au Tigre (Yakout, Aboulféda). Enfin il est question, dans le Moschtarik, d'un quatrième canal nommé encore Zab, qui sort de l'Euphrate et se jette dans le Tigre, près de Waçit. [25] Les deux lexicographes Djewbery et Firouzâbâdy disent qu'on nomme felloudjah une terre labourée, arrosée et prête à recevoir les semailles. [26] Le canal de Soura est le dernier bras qui met en communication l'Euphrate et le Tigre, près de Korna; quanta remplacement de la ville de Soura, il a donné lieu à de sérieuses difficultés. (Voyez Aboulféda, trad. p. 67.) Le Canal royal, en araméen Nahr-Malka, est décrit par Saint-Martin (Mémoire cité). [27] Le nom de Forât est déjà cité par Pline (Hist. nat. VI, xxxii). Saint-Martin (même ouvrage, p. 29 et suiv.) place ce canton un peu au nord-ouest du canal el-Haffar, entre Basrah et l'ancienne ville de Charax. Sur les différentes lectures du mot badakla, on peut consulter les notes et additions au Méraçid par Juynboll (I, p. 171). [28] Soit 5.525.000 francs, à raison de 0,65 f. par dirhem. Ce chiffre ne s'accorde pas exactement avec les sommes portées dans les tableaux qui vont suivre; je ne sais si l'on doit en accuser l'auteur ou les copistes. Mais il est hors de doute que ce petit paragraphe est mal placé dans les deux copies, puisqu'il se trouve entre les deux derniers districts réunis sous le nom collectif de Behkobad. Sa place naturelle est ici, à la suite des douze districts qui, selon l'auteur, forment le Sawad, et avant l'évaluation des ressources agricoles et financières de cette province. [29] On verra plus loin que la valeur attribuée à cette quantité par l'auteur lui-même est de 33 dirhems, plus une fraction. [30] En d'autres termes : 1 arpent blé.......................................... 2f 60e id. orge.................................................. 1 30 id. palmiers 5 20 id. vignes et vergers 3 90 Tout ce qui est dit ici de l'impôt établi par Omar est traduit, discuté et enrichi de documents nouveaux, par Hamd Allah, l'auteur du Nouzhet el-Kouloub. Je regrette de ne pouvoir ajouter à ma traduction le travail du géographe persan; mais j'espère publier tôt ou tard son intéressant livre sur la topographie de la Perse, dénaturé et mis en lambeaux par Langlès, dans les notes du Voyage de Chardin. [31] Ce prince fut envoyé en Irak, à l'âge de trente-trois ans, et gouverna cette province pendant vingt ans. (Dict. arabe de Nawawy, éd. Wüstenfeld, p. 144.) [32] L'auteur emploie le mot qui indique un payement en différents termes. Dans l'ancienne comptabilité ottomane, la solde de l'armée se payait par qysteïn, c'est-à-dire par semestres. (Voyez Hist. économique de la Turquie, par M. Belin, Journ. asiat. 1864, III,482.) [33] Il y a ici une erreur très grave, mais dont les copistes sont seuls responsables, car il est impossible que l'auteur ignorât la date d'événements presque contemporains et aussi important; il faut, au lieu de 211 et 212, lire 221 et 222. Nous savons, par le témoignage de Hamzab d'Ispahan (p. 179), qu'Abd Allah, fils de Taher, reçut du khalife Mamoun le gouvernement du Khoraçan en 215 (septembre 830), qu'il administra cette province pendant quatorze ans, et mourut en 230, sous le règne de Wathik. Cette assertion est confirmée de point en point par Yacouby, dans son Historique du gouvernement du Khoraçan (éd. Juynboll, p. 41). Enfin Kodama nous apprend qu'une répartition de l'impôt fut faite par Abd Allah, fils de Taher, l'an 221 (836 de J. C), et c'est là très certainement le document dont Ibn Khordadbeh avait une copie sous les yeux. (Cf. Journ. asiat. août 1862, p. 169.) [34] Voici l'impôt payé par ces trois provinces un siècle plus tard ; je tire les chiffres qui suivent du manuscrit de Mokaddessy appartenant au docteur Sprenger, fol. 260. « Rey, 10 millions; Koumès, 1.196.,000; Djordjan, 10.196.800. » L'auteur ajoute: « Dinaver paye 3 millions; Koumm, 2 millions; Saïmarah, 3.100.000 dir.; Kachân, 1 million ; Démavend, 10 millions. » (Ibid.) [35] Mokaddessy dit que le Kerman payait encore 60 millions au moment ou il écrivait; mais je crois qu'il y a une erreur de copie en cet endroit. Dans Kodama, on lit 6 millions. [36] Ce mot est douteux. Le groupe de la copie A pourrait se lire Deraverd . Le Méraçid place une ville de ce nom dans le Khoraçan. [37] Kohendiz, mot qui est constamment défiguré dans les copies. L'auteur entend par là le centre politique d'une province, le siège du gouvernement. Le Kohendiz est, pour les villes de l'Orient, ce que la Kasbah était pour l'Afrique septentrionale et l'Espagne. [38] Un mot entièrement illisible. [39] Ce nom et celui qui le précède sont incertains: ils me paraissent répondre à et dans Edriçy, I, 480. [40] En dirhems dits khârezmy. [41] Une copie porte tateryeh, l'autre halaryeh . La citation de Mokaddessy, qui est donnée plus loin, prouve qu'il faut lire ghi-trifyeh, du nom de l'auteur de cette monnaie. [42] Mirkhond, Histoire des Samanides, traduite par M. Defrémery, p. 113, dit que Nouh gouvernait seulement Samarcande, et que le reste des provinces au delà de l'Oxus avait été partagé entre ses frères, par Ghassan, ministre du khalife el-Mamoun. Ce qui se lit ici prouve au contraire que Nouh réunissait le pays entier sous son autorité. Hamzah Ispahàny, dont les Annales furent rédigées vers 350, vient à l'appui de cette opinion. Voici ses propres paroles : « Cum Almamun e. Chorassana in Iracam proficisceretur, Nuch, filius Asadi, eum illuc comitatus est, ac per plures annos tam assiduum ei se praebuit, ut Transoxanam auspiciis Thaheridarum ab eo regendam acciperet. » (Trad. de Gottwaldt, p. 185.) [43] A ajoute nysfeïn « deux moitiés », ce qui pourrait se traduire par « payable en deux termes. » (Voy. la note 32.) [44] Les sommes données ici, ajoutées à l'impôt de la province de Boukhara, formeraient un total de 3.087.300 dirhems. Il est hors de doute que plus d'une erreur s'est glissée dans les copies. Toutefois, il se peut que l'auteur n'ait pas compris dans sa récapitulation les taxes en nature, telles qu’étoffes, métaux, etc. En adoptant pour celles-ci, d'après les données mêmes du texte, le chiffre 1.015.300 dir. et en ajoutant ce total à la somme de 2.073.000 qui, selon Ibn Khordadbeh, forme le montant de l'impôt dans la Transoxiane, on obtient, en dernier lieu, 3.087.300 dirhems. [45] Il s'agit probablement de chevaux de luxe à l'usage des souverains. Le texte de Mokaddessy donne vingt chevaux. [46] Kodama, qui ne travaillait pas, il est vrai, sur des documents de même date, évalue les contributions du Khoraçan à 38 millions de dirhems ; mais quelques pages plus loin, dans sa récapitulation, il dit 37 millions seulement. Cette contradiction et l'omission de la somme payée par chaque ville ou district en particulier ne permettent pas de tenir grand compte de son témoignage. D'autre part, un écrivain contemporain, Yacouby, qui, sans avoir accès aux sources officielles, possédait cependant des renseignements positifs sur l'histoire administrative du Khoraçan, termine ainsi son aperçu chronologique des gouverneurs de celle province : « L'impôt du Khoraçan entier s'élève à 40 millions de dirhems, non compris le quint prélevé sur les places frontières au profit des Tahérides. Indépendamment de cette somme, dont ils ont la jouissance pleine et entière, ils reçoivent encore treize millions et de riches cadeaux, de la part du khalife. » (Texte arabe, p. 42.) Un témoignage aussi respectable doit, ce me semble, trancher la question entre les chiffres incertains de Kodama et les données qui résultent de notre texte. Tant que des documents plus précis ne viendront pas dissiper nos derniers doutes, nous pouvons accepter, comme une approximation satisfaisante, les sommes suivantes : Sawad.......................................... 30 millions de francs. Khoraçan et Transoxiane... 30 Fars............................................. 20 Susiane....................................... ... 20 Total .............................................. 90 millions. soit de 90 à 100 millions pour les quatre provinces principales de l'empire des khalifes. Je crois devoir ajouter ici le relevé donné par Mokaddessy, à la suite de la description du Khoraçan et des provinces situées au delà de l'Oxus. Il ne faut pas oublier que ce voyageur publia son ouvrage en 375 de l'hégire (985 de notre ère). « Impôts : Ferghana, 180.000 dirhems mohammedy. — Chach, 180.000 dir. moçaïby. — Khodjendeh (sur la ferme des dîmes) 100.000 dir. moçaïby. —Soghd, Kech, Neçef, Achrousneh, 1.039.031 (sic) dir. mohammedy. — Isfidjab, 4.000 et une fraction, plus un cadeau pour le sultan. — Boukhara, 1.166.897 dir. nommés ghitrifyeh. Les trois sortes de monnaies dont il est question ici doivent leur nom à trois frères, Mohammed, Moçaïbet Ghitrif, qui les firent frapper; elles sont noires, mais plus estimées que les pièces blanches. — Saghaniân, 48.339. —Dakhân, 40.000. — Le Kharezm, 420.120 dir. dits khârezmy; le dirhem de ce nom vaut 4 danek et demi. » Puis faisant allusion au Livre des routes que, nous le savons par sa préface, il avait quelquefois consulté, il ajoute : « J'ai lu ailleurs que l'assiette de l'impôt, dans le Khoraçan, est 44.800.943 dirhems, plus 20 chevaux, 2.000 moutons, 1.200 esclaves, 1.300 pièces de cuivre en chaudières ou en plaques. » On voit que le texte d'Ibn Khordadbeh qu'il avait sous les yeux ne différait pas sensiblement du nôtre, au moins dans ce fragment. Le même voyageur donne, sur les droits de douane, des détails fort curieux et qu'on peut résumer ainsi : « Ces droits sont légers, sauf pourtant la taxe prélevée sur les esclaves au passage de l'Oxus. Nul esclave mâle ne peut traverser le fleuve sans être muni d'une autorisation du sultan ; il paye en outre 70 à 100 dirhams; il en est de même des femmes réduites en esclavage; mais l'autorisation du gouvernement n'est pas exigible pour les esclaves de race turque. Une esclave paye de 20 à 30 dirhems; un chameau 2 dirhems; un passager, pour son bagage, 1 dirhem. Les voyageurs sont fouillés rigoureusement, parce que les lingots d'argent qu'on porte à Boukhara sont l'objet d'un commerce important. Enfin, chaque voyageur est soumis à un droit de 1 dirhem ou d'un demi-dirhem, par relai. » (Fol. 221.) [47] Ce paragraphe, qui n'est pas ici à sa place, puisqu'il se rattache naturellement à la section qui a pour titre, « Des rois de la terre, » plus loin, p. 256, a été si maltraité par le temps que presque tous les noms qu'il renferme sont douteux. L'auteur du Modjmel a consacré un chapitre au même sujet; mais l'unique copie de la Bibliothèque impériale, dont j'ai pu faire usage, et qui a servi à M. Mohl pour les extraits publiés dans ce recueil (IIIe & IVe série, 1841-1843), est elle-même très fautive et remplie de leçons différentes. Je signale en note celles qui semblent se rapporter aux mêmes personnages. Dans le Dictionnaire persan intitulé Borhan-é-kati, si précieux pour l'histoire et l'archéologie de la Perse anté-islamique, il est dit que le gouverneur du Séistan, sous Yezdidjird, dernier prince de la dynastie sassanide, se nommait Mahaveïh. [48] Le roi du petit Soghd est nommé Bekteguîn; le roi du grand Soghd, Ikchîd ; le roi de Bamiân, Schîn. (Modjmel, fol. 271 et suiv.) [49] Les deux copies portent tantôt , tantôt . [50] Est-ce la prononciation emphatique et conforme aux habitudes persanes du vocable tartare tarkhân? [51] Même leçon dans le Modjmtl et dans Yacouby. L'auteur du Modjmel ajoute que ce surnom, qui date de l'âge héroïque de Roustem, est encore « site dans le pays. Maçoudi (Prairies d'or, IV, 213), parlant d'un combat singulier entre, un Arabe et le chef du Sedjestan, à la bataille de Kadiçyeh, nomme ce dernier Schakriar, [52] « L'homme à la huppe. » sobriquet tiré de l'idiôme d'Himyar, d'après le Kamous. [53] Peut-être faut-il lire: Tourân-chah. L'alphabet arabe rend possibles des confusions de ce genre. [54] La déplorable incertitude: qui règne dans ces dernières lignes provient certainement de l'auteur qui a pu prendre des noms propres pour des titres, et les a défigurés, à mesure qu'il les copiait ou les entendait prononcer. [55] Kodama écrit à tort Medhar. Journ. asiat. loc. laud. p. 168. [56] Au rapport de Mokaddessy, cette division en sept districts est la seule en vigueur dans le pays. L'unique variante que présente le texte de cet auteur est Davrak, au lieu de Sorrak; c'est-à-dire le nom du chef-lieu substitué à celui du district. (Cf. Dictionnaire géographique de la Perse, p. j4i.) [57] Les détails que donne Mokaddessy sur la répartition de l'impôt dans le Fars trouvent naturellement leur place ici : « Le chiffre des redevances varie dans cette province. Ainsi, à Chiraz, un arpent de blé ou d'orge paye 190 dirhems, un arpent de fruits ou de plantes potagères, 237 dirhems; un arpent de cotonniers, 237 dirhems et 4 danek; un arpent de vigne, 1.425 dirhems. (L'auteur parle ici du grand arpent qui vaut 70 coudées royales; cette coudée est de 9 perches.) A Kovar, les mêmes produits payent un tiers de moins qu'à Chiraz, en vertu d'une loi dont Haroun er-Réchid est l'auteur. [58] Kodama établit ainsi l'impôt sous Chosroès II (608 de J. C.) : 720.000 miskals d'or monnayé et 600 millions de dirhems d'argent. Le savant traducteur qui nous a fait connaître ce précieux fragment (Journ. asiat. loc. laud. p. 181) termine son travail par cette conclusion : 1 ° qu'en 619 de Jésus-Christ, le montant des impôts payés par l'empire perse dépassait 300 millions de francs; 2° qu'en 820 de Jésus-Christ, sous le règne d'El-Mamoun, le revenu du khalifat de l'Orient dépassait un milliard. Le calcul rigoureux tiré du texte d'Ibn Khordadbeh, et dont on a déjà vu les résultats partiels dans les notes qui précèdent, prouve au contraire que le revenu avait considérablement baissé sous la domination musulmane. En revanche, le revenu de la monarchie sassanide doit être supérieur à celui qui résulte de l'évaluation de M. de Slane. Ibn Khordadbeh affirme que le miskal des Sassanides valait, non un dinar musulman, c'est-à-dire de 10 à 12 francs, mais bien 33 dirhems et une fraction, soit environ 21 francs 50 cent. Etablissant le calcul sur cette base, on voit que Chosroès avait plus que doublé la richesse publique, puisque l'impôt s'éleva de 500 millions à près de 1.300 millions de notre monnaie. Kodama ajoute une sorte d'allusion timide qui laisse deviner un affaiblissement dans le revenu. « Je crois, dit-il, que ces pays sont encore ce qu'ils étaient; le sol est fertile; mais pour les bien administrer, il faut un homme qui ait toujours la crainte de Dieu, etc. » Que l'auteur du Livre des routes puisse être cru sur parole dam son évaluation du miskal perse, il est permis de l'admettre, si l'on veut bien se rappeler qu'il était petit-fils d'un mage originaire du Khoraçan, et que la nature de ses fonctions, dans l'Irak-Adjèmy, l'obligeait à connaître, au moins à titre de renseignement et comme terme de comparaison, les lois et usages de l'ancienne administration. Au surplus, son assertion, bien qu'il nous en laisse ignorer la source, est corroborée par le témoignage unanime des chroniques persanes et des poèmes, échos des souvenirs populaires dont Khosrou est le héros. Les uns et le » autres célèbrent à l'envi les splendeurs de son règne, ses immenses richesses et l'étendue de son empire. Toutefois, il importe de remarquer que la dix-septième année, ou, suivant notre texte, la dix-huitième de ce règne, coïncide avec l'année 607 ou 608 de l'ère vulgaire, et non point avec l'an 619, comme le dit la traduction de Kodama. L'auteur du Modjem el-Mulouk, Mustaufy, Mirkhond, etc. tous s'accordent à dater l'avènement de Chosroès II de l’an 500 de notre ère, lorsque l'usurpateur Vahram fit graver le nom du jeune prince sur la monnaie d'or et d'argent [59] Ou Irak persan ; on écrit plus ordinairement Djebal, pluriel de djebel, « montagne. » Le terme Kouhistan, qui en est l'équivalent en persan est réservé à une province du Khoraçan. [60] On désigne ainsi les deux districts dont Dinaver et Nèhavend sont les chefs-lieux. Yakout propose différentes étymologies pour le mot mah. (Voy. Dict. géogr. de la Perse, pages 5ii et 574.) [61] Ce mot est incertain : A lit ; B ; et Tacouby (p. 5o) , « de création récente. » Je n'hésite pas à lire , convaincu qu'il est question ici de domaines constitués en fondations pieuses. On sait que, dans le langage de la jurisprudence, houbous ou ahbas est l'équivalent du terme wakf, vulgairement vaqouf, usité en Turquie. [62] C'est ainsi que je crois devoir corriger le texte, qui ne présente aucun sens satisfaisant. Istakhry et Ibn Haukal placent Koumm dans la région méridionale du Déïlem où de l'Azerbaïdjan. Mokaddessy comprend dans le Djebal toutes les filles situées entre la chaîne du Démavend et les plaines d'Ispahan; mais il ajoute que les deux districts de Keredj et Koumm, à cause de leur importance, étaient administrés séparément el pouvaient être considérés comme distincts de l’Irak-Adjèmy (fol. 153). [63] Il est incontestable que le texte est incomplet, puisque Iredj, autrement dit Iran, n'est pas nommé. Le poète qui a mis en vers ce thème ethnologique, si goûté des anciens historiens musulmans, appartenait, s'il faut en croire Maçoudi, à l'une des familles persanes qui, de bonne heure, se convertirent à l'islamisme. Maçoudi (Prairies d’or, II, p. 116) et Yakout (Dict. géogr. de la Perse, p. 64) rapportent la même tradition et citent les vers qu'on lit ici. Mais l'un et l'autre écrivent à la fin du troisième vers , au lieu de la leçon rapportée par Ibn-Khordadbeh, et qui me semble plus ancienne. (Cf.Ibn Khaldoun, Ier vol.de son Histoire universelle, traduite en turc par Soubhi-Bey, p. 179; Hamzah Ispahâny, p. 33.) [64] Comme il s'agit ici de titres plutôt que de noms propres, il est naturel de croire que l'auteur transcrit ainsi βασιλεύς; cependant, à en juger par les renseignements assez détaillés qu'il donne sur l'empire byzantin, quelques pages plus loin, il est probable qu'il connaissait de nom Basile le Macédonien, qui occupa le trône de 866 à 886. [65] Je suis porté à croire qu'il faut lire après Khozlodjes « les Kirghizes, » comme l'écrit Schems ed-Din de Damas (fol. 8 v°). Quelle que soit d'ailleurs la lecture qu'on adopte, il est indubitable qu'il s'agit d'une tribu de race turque, soumise à une branche collatérale de la famille de Féridoun, d'après le système ethnographique exposé dans les vers cités précédemment. (Cf. Edriçy, I, p. 173.) [66] Sur le Balhara, souverain de Manguir, voir Prairies d'or, I, 176 ; et sur les autres rois de l'Inde, ibid. p. 372 à 390. Edriçy a reproduit le même passage, en y ajoutant quelques données nouvelles sur les rois de Ghanah. (Voy. traduction de Jaubert, I, p. 16.) Ce géographe parle aussi du Kamil, « nom qui passe, dit-il, par voie d'héritage, à tous les princes de la dynastie. » (Ibid. p. 33.) Une grande confusion règne chez les auteurs musulmans qui ont essayé de transcrire el d'expliquer les nomades souverains de l'Asie et de l'Afrique. Pour en donner un exemple, le roi de Cachemire, nommé raï ou rajah par Maçoudi, est nommé tchaïbal dans le Modjmel; l'auteur de cet ouvrage place le Maharadja au-dessus du Balhara, et ainsi du reste. (Ms. de la Biblioth. impér. fol. 274.) [67] Ce nom, donné par la copie A, la seule ou ce paragraphe soit lisible, ne serait-il pas un souvenir altéré, mais encore reconnaissante, du « le pays d'Assur ? » (Isaïe, VII, 18.) [68] Les deux mots qui terminent cet article si étrangement altéré sont entièrement méconnaissables. Il est d'ailleurs facile de voir qu'il ne pouvait pas s'arrêter aussi brusquement dans la rédaction originale, et que le paragraphe sur les rois du Khoraçan (ci-dessus, p. 249) devait en être la suite naturelle. Quoiqu'il en soit, la première section du livre, celle qui traite de l'impôt et de la division politique des royaumes, s'arrête ici, et l'auteur va commencer la description des itinéraires) qu'il poursuivra, à travers quelques digressions, jusqu'aux dernières pages de son livre, ou du moins jusqu'au chap. iv. Description des montagnes, des fleuves, etc. » [69] Le mot sipahbed, « maître de la cavalerie, » se trouve dans Procope, De bello persico, I, ix. Voyez aussi Lajard, Recherches sar le culte de Mithra, p. 81. Selon Yakout, le gouverneur d'Ispahan, à' l'époque où cette ville fut prise par les Musulmans, se nommait Kadouskân. (Dict. géogr. de la Perse, au mot Ispahan.) [70] Afin de ne pas multiplier inutilement les notes et les renvois, je place entre parenthèses les variantes de noms et de distances, fournies par les itinéraires arabes. Les ouvrages que j'ai consultés sont désignés par les abréviations suivantes : Kod. = Kodamah, livre du Kharadj. Ed. = Edriçy, trad. de Jaubert. Yac. = Yacouby, éd. Juynboll. Yak. = Yakout, Modjem el-Bouldân. Mok. = Mokaddessy, ms. du docteur Sprenger. Ist. = Istakhry, éd. Moeller. Fars, veut dire farsakh ou parasange (6 km). M. = mille, tiers de la parasange. [71] 4 fars. suivant Mokaddessy. Kodama dit que la distance entre Bagdad et Kirmânchah est de 71 fars. D'après Ibn-Khordadbeh, elle serait de 70 fars (420 kilomètres). [72] C'est par inadvertance que le docteur Sprenger dit que ce nom est omis par l'auteur, il se trouve dans les deux copies et fort lisiblement écrit. Kodama compte 31 fars. de Kirmânchah à Hamadan; mais le total de son itinéraire ne donne que 30 fars. le nôtre compte 28 fars. [73] Les distances additionnées donnent 61 fars. entre Hamadan et Rey, ce qui s'accorde avec l'itinéraire par milles d'Edriçy. Dans Mokaddessy, on lit 9 journées, soit 56 fars. — En résumé, nous trouvons, entre Bagdad et Rey, 159 fars. (954 kilomètres.) [74] La distance est omise et le nom lui-même est douteux; j'ai suivi les leçons identiques d'Edriçy et de Kodama. [75] Faute des copistes; le calcul ne donne que 62 fars. chiffre confirmé par Edriçy, qui compte 189 milles = 63 fars. [76] Kodama et Edriçy placent une étape intermédiaire de 6 fars. entre Babman et Khosroudjird, et une autre étape de 4 fars. après Khosroudjird. Le texte est donc altéré dans mes deux copies. L'évaluation totale, donnée quelques lignes plus loin, prouve bien que deux ou même trois stations doivent être ajoutées à celles qui sont nommées dans le texte. [77] Je ne trouve que 301 fars. même en tenant compte des deux étapes omises sur la route de Koumès à Neïchapour; il se peut qu'une autre station ait été oubliée par l'auteur lui-même. Du reste, cette différence est minime, et nous pouvons fixer, sans être trop loin de la vérité, la distance entre Bagdad et la capitale du Khoraçan à environ 1800 kilomètres. [78] Au lieu de Bagdad, les copies portent « El-Haddadeh, » leçon erronée ; en outre le calcul donne seulement 368 fars. Cette contradiction s'explique par une légère différence dans ta distance de deux étapes. Si l'on compte, avec Edriçy et Kodama, 5 fars. entre Nichapour et Ghaïbas, 6 fars. entre Ghaïbas et Djouiak, on obtient, grâce à cette correction, le chiffre de 371 fars. donné par l'auteur. [79] L'itinéraire n'est pas complet, et le chiffre 19 fars. doit être placé avant Chora'. C'est ce que prouve le texte de Kodama, qui met Boukhara à 5 fars. de Masals ou Yasara. En rétablissant cette distance, oubliée dans notre texte, nous trouvons, entre Amol et Boukhara, 20 fars ½. Edriçy compte, lui aussi, 60 milles entre les deux villes, ce qui revient au même. [80] Comme on l'a vu dans la note précédente, le texte a été mutilé en cet endroit, et le nom de Boukhara n'est même pas mentionné après Masals. Il faut donc prendre pour point de départ l'étape nommée Chora', ce qui ne donnerait encore que 36 fars. Mais je pense, avec le docteur Sprenger, que, pour arriver au chiffre présenté par Inn Khordadbeh, il faut compter, comme le fait Edriçy, 6 fars. au lieu de 5 entre Irtikhen et Rozmân. (Cf. Die Post- und Reiserouten, p. 17.) [81] Ici commence une nouvelle lacune assez considérable; la suite de l'itinéraire de Samarcande à Chach est perdue. [82] Je présume que ce nom vient du verbe « touïourmaq, » qui, en turc oriental, signifie « aller à reculons ; » dans le même dialecte, ouïouroun a aussi le sens de « tourbillon, chute d'eau. » [83] Le texte ajoute : « entre Atrân et Khounket, 7 fars. » Je pense que ce mot fait double emploi avec l'étape placée avant Atrân ou Taraz, car il n'est cité dans aucun autre itinéraire. D'ailleurs le total donné par l'auteur est en désaccord avec les distances partielles. Il résulte des chiffres présentés par Kodama, dont le texte a subi ici moins de mutilations, qu'il y a environ 30 fars. entre Isfidjab et Taraz. [84] La distance manque dans les copies, je l'ai rétablie d'après Kodama. [85] Autre lacune. Le nom de cette station manque dans Kodama. Dans Edriçy on lit : Djebel-Choub, 12 milles (soit 4 fars.) [86] Le texte porte plus haut Birsakhaïa, et ici, Bouchdjân ; j'ai suivi la lecture du docteur Sprenger, loc. cit. p. 23. [87] Kodama compte seulement 35 fars. mais il ne veut probablement parler que de la distance entre Zamîn et Ferghana ; il resterait par conséquent 18 fars. pour la distance entre Samarcande et Zamîn. Cette indication permet de combler la lacune signalée ci-dessus. [88] Akabah ou Nokaïl, dans le Yémen, est un roc escarpé qui coupe une route ; c'est exactement ce que les Persans, dans leur pays si accidenté, nomment kotel. [89] Maçoudi place dans la ville de Kouchâd la résidence habituelle de l'Irkhân, roi des Tagazgaz. « Ce chef, le plus puissant des souverains de race turque, est surnommé, dit le même auteur, le roi des bêtes féroces et des chevaux. » (Prairies d'or, I, p. 358. Cf. M. Reinaud, Relat. des voyages, Introd. p. cliii.) [90] « La tente du khan s'ouvre du côté de l'orient, par respect pour le côté du ciel où se lève le soleil. » (Documents chinois sur les Tou-kioue, trad. par M. St. Julien, Journal asiatique, mars-avril 1864, p. 335.) [91] Je ne puis lire les deux groupes qui suivent; ce sont sans doute des noms de villes que l'auteur aura confondus avec les noms des principales tribus. (Cf. Sprenger, loc. cit. p. 36.) Edriçy a cité textuellement ce passage, I, 498; mais ses leçons ne peuvent inspirer aucune confiance. [92] Les copies portent Maçyat-Karat ou Farat, peut-être faut-il lire Medynet-Farab. [93] Au rapport de Yakout, dans le Mo'djem, ce château, appelé Sinvân avant la conquête musulmane, doit son nom à El-Ahnef, fils de Kaïs, qui s'empara du Tukharistan, l'an 32 de l'hégire. (Sur ce personnage, voy. C. de Perceval, Essai sur l’hist. des Arabes, III, 275 ; Ibn-Kotaïbah, éd. Wüstenfeld, p. 219.) [94] Kodama, qui donne quelques détails sur les principales stations de cette route, nous apprend que Sedreh était d'abord un simple relai de poste, dans le désert. L'an 203 de l'hégire, à la suite d'un tremblement de terre qui se fit sentir aux environs de Merv et dans le Tukharistan, une source abondante jaillit auprès de Sedreh et forma une rivière qui roula ses eaux bourbeuses jusqu'à Merv et Amol, répandant la fertilité sur son passage. Depuis ce temps, Sedreh est un bourg important, entouré de vergers et de champs cultivés. [95] Je ne trouve que 118 fars. mais il est certain que deux stations dont le nom est cité par Kodama ont disparu de nos copies. En tenant compte de cette omission, et après un examen attentif des deux documents, je trouve que cette distance est de 127 fars. (Cf. Sprenger, loc. cit. p. 41.) Mokaddessy compte 17 journées de marche, à raison de 6 fars ½ par journée. [96] Voilà pourquoi cette station est nommée Derbend « barrière » dans le Livre des Climats. Ibn-Khallikan, citant un passage de l'Histoire des vizirs, par Djouchiary, assure que Fadhl le Barmécide fut investi du gouvernement de tout le pays qui s'étend entre le Chirvan et les frontières du Turkestan, l'an 176 de l'hégire. Yakout a transcrit textuellement ce passage d'Ibn Khordadbeh, dans son dictionnaire, au mot . [97] La longueur totale de cette route est ici de 28 fars. et dans Kod. de 30 fars. [98] Il est bon de s'arrêter un moment sur ces chiffres, afin d'en tirer des indications .précises. Kodama, qui part de Bagdad, compte 73 relais jusqu'à Rey ; Ibn Khordadbeh part de Sorra-men-râ, et en compte 72. Le nombre total des postes entre la capitale de l'Irak et celle du Khoraçan, entre Bagdad et Nichapour, s'élève à 104. Or, comme une poste, nous le savons par le témoignage du voyageur Mokaddessy, était de 6 milles dans le Khoraçan, il s'ensuit que, entre l'une et l'autre capitale, le service régulier du berid avait à parcourir 624 milles, soit 208 parasanges ou farsakhs (1.248 kilomètres).Cependant nous avons vu précédemment que cette distance était de 301 fars ; et il serait malaisé de trouver la raison d'une telle inégalité si l'on oubliait que ce dernier chiffre s'applique seulement à la route suivie par les caravanes. Quelque considérable que paraisse d'abord un écart de 93 fars. ou plus de 55 myriamètres, cette considération suffit à l'expliquer. Quiconque a voyagé en Asie Mineure ou en Perse sait avec quelle lenteur désespérante marchent les caravanes; que de détours et de contremarches elles sont condamnées à faire pour trouver, soit un gué, soit un village d'approvisionnement, soit un pâturage pour les bêtes épuisées. Le tchapar « courrier » brûle l'espace ; n'ayant d'autre bagage que son sac de dépêches, sa pipe et le tapis qui lui sert de lit, il vole de relais en relais, franchissant torrents et montagnes, prenant, pour abréger sa route, des sentiers escarpés où nu) autre n'oserait s'engager, et terminant ainsi en vingt-quatre heures le trajet que le paisible muletier accomplit à peine en huit jours. Les paragraphes spéciaux consacrés par notre auteur aux stations de la poste (sikkeh) prouvent incontestablement qu'il y avait à côté de la route ordinaire, fréquentée par le public, une route plus spécialement affectée aux besoins du service postal, et plus directe que la première. La différence entre les deux itinéraires s'explique ainsi d'elle-même. [99] La distance est omise; mais dans Kodama on lit 4 fars. Cet écrivain estime à 44 fars.la distance entre Souk-el-Ahvaz, le principal marché de la Susiane, et Erradjân. Mokaddessy compte 7 journées, environ 45 fars. = 225 km. [100] C'est la petite ville nommée Gurouh par Hamd-Allah-Mustaufy, dans son Nouzhet. [101] Au lieu de Chehr, Mustaufy, qui a cité cet article dans le même ouvrage, écrit Satr. Le nom suivant est illisible dans le texte; c'est peut-être le Dariân de Mokaddessy. (Cf. Sprenger, loc. cit. p. 69.) [102] L'orthographe de ce nom n'est pas fixée. Dans les traités d'Istakhry et d'Edriçy, on trouve .constamment la forme . La prononciation adoptée ici est celle de Yakout et de Mokàddessy. Ce dernier (f° 290) compte 33 tribus ou clans chez les Kurdes ; mais il est impossible de les rapprocher des noms cités par notre auteur; en outre, trois de ces tribus sont omises dans la copie du D' Sprenger. (Vtyex aussi Prairies d'or, III, p. 253, et un mémoire d'E. Quatremère dans les Notices et extraits, t. XIII, p. 300 et suiv.) J'ai déjà fait remarquer ailleurs (Dict. géogr. de la Perse, p. 264) quelle confusion régnait dans les auteurs musulmans qui ont parlé des tribus kurdes. L'étude plus complète des dialectes et des traditions populaires pourra seule dissiper ces ténèbres. [103] Il faut lire six au lieu de cinq que portent les copies, puisque ce nombre se trouve confirmé par la nomenclature qui suit; il est donné aussi par Mokaddessy. (Cf. Sprenger, loc. cit. p. 69.) [104] Ce lac est nommé Henguiam par Edriçy, qui en donne la description (I, p. 411). [105] Ce paragraphe est plein de lacunes et d'erreurs. En admettant comme exactes les deux distances additionnées par l'auteur, on a 77 fars. pour la distance entre Chiraz et la capitale du Kerman. C'est presque le résultat obtenu par Kodama : 76 fars. Edriçy, qui suit une route différente par le désert, dit 228 milles (76 fars.). Dans Yakout, on lit 64 fars. seulement ; mais le texte est certainement mutilé dans cet article du Mo'djem. [106] Le délabrement du texte est encore évident ici, puisque les villes les plus importantes, telles que Berdasir, Bemm, etc. ne sont pas mentionnées. Il est permis de supposer aussi que l'auteur, travaillant sur un document incomplet et inexact, aura pris pour des noms de ville les clans des Koufs et des Baloutches, ainsi que les gorges de Karen (écrites aussi Barzen) où vivaient ces nomades. (Cf. Istakhry, p. 72 ; Dict. de la Perse, p. 451.) [107] Ce qui fait, pour la longueur totale de cette route, 101 fars. Kodama compte seulement 80 fars. mais il faut remarquer qu'il suit une route différente à travers le Kouhistan. [108] Sur la prise de Moultân et l'expédition de Mohammed dans la vallée de l'Indus, on peut consulter l'extrait du Livre des Conquêtes, de Beladory, publié par M. Reinaud dans le Journ. asiat. 4e série, t. V, p. 121 et suiv. La maison ou frontière d'or est citée par Maçoudi, t. I, p. 207 et p. 377. [109] Les copies lisent Kerman. La confusion entre ces deux noms, qui ne différent, en arabe, que par la position d'une lettre, est fréquente dans les manuscrits. (Voyez, par exemple, le passage d'Ibn Haukal, cité par Aboulféda, texte, p. 346.) [110] L'origine de ces deux quartiers est expliquée par Mustaufy, dans la description de Kazvîn qui termine son Histoire choisie. (Voyez un extrait de cette chronique, Journ. asiat. 5e série, t. X, p. 261.) [111] Distance totale, 45 fars. = 370 km. [112] Les distances des deux dernières stations ne sont pas indiquées. Dans Istakhry, où l'avant-dernière étape est nommée Khânlendjân, la distance est 14 fars. et la route complète, 72 fars. Dans Kodama, 70 fars. mais il est à remarquer que l'un et l'autre prennent Chiraz pour point de départ. [113] Total du parcours, 81 fars. La carte n° VII du Dr Sprenger, dressée d'après l’Atval, donne 79 fars. [114] L'auteur ne donne pas les distances entre chaque station, parce qu'une partie du voyage se fait sur les canaux qui coupent toute cette contrée. Mais, au rapport des meilleurs géographes musulmans, Bagdad étant à 100 fars. de Basrah, Vaçit, qui doit son nom à sa position intermédiaire entre les deux villes, est à 50 fars. de l'une et de l'autre. C'est ce qu'affirme Yacouby (p. 107 et 108), qui mentionne avec soin chacune des stations nommées ici. Kodama suit exactement le même itinéraire, malheureusement presque tous les noms y sont méconnaissables. Il est à remarquer qu'Edriçy ne compte que 120 m. ou 40 fars. de Bagdad à Vaçit. La station nommée Deïr-el-Ammal doit probablement son nom aux manufactures de tissus dont parle Yacouby (loc. cit. p. 109). Enfin le Méraçid, au mot , explique l'origine des deux canaux d'Abou'l-Açed et de Ma'kal. [115] En évaluant le relai à 6 milles ou 2 fars. la distance entre Bagdad et Vaçit est 56 fars. entre Okbera et Vaçit, 86 fars. Il est vrai que Mokaddessy donne 12 milles au relai, dans le désert et l'Irak; mais cela n'est pas applicable aux stations d'un pays sillonné de canaux, où les détours sont à l'infini. Le même auteur dit que 6 milles font un fars. en Syrie, et je pense que cette base est plus acceptable ici. (Cf. Sprenger, Vorrede, p. 6.) Ce qui le prouve aussi, c'est que Mokaddessy compte 10 fars. entre Bagdad et Okbera; il faudrait lire 20 fars. si le relai était calculé sur le pied de 12 milles, c'est-à-dire exagérer de moitié la distance bien connue entre ces deux points. [116] Après Oman, la copie A ajoute un mot illisible. Istakhry (p. 15) dit que cette route, divisée en 18 stations, est dangereuse à cause des nomades qui y exercent leurs déprédations. Dans Edriçy, le nom des stations est totalement différent jusqu'à El-Kora (t. I, p. 371). On sait que Sobar fut le nom primitif de la ville qu'on appela depuis Oman. [117] La description des khachebat, ou barrage de Basrah, se trouve dans Maçoudi, I, p. 230. [118] Prairies d'or, loc. cit. p. 240; Ibn-Batoutah, II, 247. [119] Le tourbillon, aux environs du cap Moçendom. (Prairies d’or, l. c. ;Kaxvîny, Athar-el-Bilad, p. 117, et Relation des Voyages, lxxix.) [120] C'est le cachalot décrit par Maçoudi, sous le nom d'oval, I, 234. (Voyez aussi Relation des Voyages, II, vi, 75.) [121] Khîn n'est cité nulle part; mais on lit dans Edriçy (I, 424) : « Hormuz est bâti sar les bords d'un canal dérivé du golfe Persique, et qui.est nommé El-Hîz . » C'est sans doute le même nom estropié par les copistes. [122] Nom illisible. Edriçy dît Yeksîr ou Yeksîn. [123] Maçoudi, I, 378. [124] Kazvîny (Athar el-Bilud, p. 84, au mot Melibar) donne de nombreux détails sur ce phénomène, qui est décrit ici en termes brefs et obscurs. [125] Balîn peut être identifié avec le port nommé par M. Reinaud, d'après Birouny. (Journ. asiat. loc. cit. p. 128, et Mémoire sur l’Inde, p. 104.) [126] Il y a après ces mots une petite lacune; dans Edriçy, tout ce qui suit se rapporte à la description de Semender. [127] . Il faut ajouter au texte ces mots donnés par les deux copies, et qui ont été omis par mégarde au moment de la composition. [128] Tout ce qui est dit ici du Pic d'Adam et du volcan a été copié textuellement par Edriçy (t. I, p. 71). Mokaddessy rapporte la même tradition, et avec plus de précision. « Serendîb, dit ce voyageur, a 80 fars. en long et en large; on y voit la montagne où tomba Adam. Elle est nommée Rohn et peut être aperçue à plusieurs journées de là. On y remarque une empreinte de pied, large d'environ 70 coudées; l'autre empreinte, située à vingt-quatre heures de marche de la première, est entourée de flammes pendant la nuit. » [129] Sans le secours des pieds, et on ne peut les atteindre, à cause de la rapidité de leur course. » C'est ainsi que cette lacune est complétée par Edriçy (I, p. 75). [130] Edriçy a suivi une leçon différente et moins bonne: « Ils échangent, avec les navigateurs, des perles contre de l'ambre qu'ils portent chez eux. » La lecture qui résulte de nos deux copies est la même dans Kazvîny. (Adjaïb, p. 108.) [131] Le texte a souffert dans ce passage ; mais il peut être rétabli ainsi qu'il suit avec le secours d'Edriçy :
[132] Ces lignes se rapportent dans Edriçy à Djalous, qui est l'île nommée Balous par notre auteur. « La terre ainsi mêlée se dissout et se transforme en argent. » (Loc. cit. p. 79.) [133] Peut-être lisait-on, dans la rédaction originale, à la suite de ces lignes la description du baobab ou de quelque arbre gigantesque, puisque la copie B a conservé une leçon très différente, qui se trouve aussi dans Kazvîny et Edriçy : « Il peut étendre l'ombre de son feuillage sur cent personnes. » On sait que le camphrier a d'ordinaire le port et la hauteur du tilleul. [134] Edriçy a reproduit et développe cette description; mais il la rapporte à l'île Kilah ou Kalah (t. I, p. p. 79-80). [135] Nommée aussi Lengbalous, Lengalous, etc. (Voyez les variantes de ce nom dans le Journal des savants, 1846, p. 687.) [136] Relation des Voyages, I, lxii ; Prairies d'or, I, 341. [137] Lacune. Edriçy dit deux parasanges environ (Le. p. 80). Au lieu de « pays du coton, » la copie « pays des aromates. [138] Passage copié par Maçoudi (I, 168). [139] Pluriel : agkbab. Les géographes arabes nomment ainsi des vallées spacieuses et étendues qui s'avancent dans la mer. Maçoudi les place dans le voisinage de Ceylan. [140] Voyez, sur cette monnaie, M. Reinaud, Mém. sur l'Inde, p. 235, et Gildemeister, p. 28. [141] Maçoudi place l'empire du Rahma près du Guzerat (I, 383}. [142] Maçoudi a cité avec quelques détails nouveaux cette description, dont le fond paraît avoir été emprunté au Livre des Animaux de Djahez. Après avoir parlé de la gestation fabuleuse de la femelle du rhinocéros, l'auteur des Prairies d'or termine par ces mois : « J'ignore où Djabei a puisé ce conte, et s'il est le résultat de ses lectures, ou de ses informations. » (T. I, p. 388.) [143] C'est-à-dire portent des boucles d'oreille. (Cf. Relat. des voyages, I, 151.) [144] Cette île est nommée Bertaïl par Kazvîny, mais les manuscrits de cet ouvrage donnent encore d'autres leçons. (Voy. édition Wüstenfeld, p. 112.) Chems ed-dîn de Damas (f82) prétend que l’île de Tanil est habitée par une peuplade qui ressemble aux Turcs, et que les bruits signalés par les voyageurs sortent d'une montagne élevée. Les marins musulmans, au dire du Maçoudi, qui décrit cette île sans la nommer, croient qu'elle sert de séjour au Deddjal ou Antéchrist. — La description du cheval marin se lit dans le même passage de Kazvîny, d'après l'ouvrage de Mohammed, fils de Zakarya er-Raxy. (V. aussi Relat. des voyages, introd. p. xcv.) [145] Le même fait est raconté avec plus de détails par Maçoudi (I, 176). Cet écrivain ajoute que le poids de la brique ou lingot d'or ne peut être évalué par lui avec exactitude. [146] Le texte est mutilé en cet endroit : la rédaction originale devait ajouter d'autres renseignements dont on retrouve la trace dans Edriçy. Tout ce qu'on vient de lire sur la description de l'archipel indien et la roule suivie par les navires arabes, a été soumis à un examen sérieux par le docteur Sprenger. Ce savant démontre, par d'ingénieux rapprochements, que le fragment d'Ibn Khordadbeh, malgré ses erreurs et ses lacunes, a conservé un caractère d'exactitude remarquable. (Die Poste, etc. p. 82 et suiv.) On peut comparer ce récit à celui du marchand Suleiman (Relat. des voyages, I, 16-21). Voyez aussi la discussion de cet itinéraire, par M. Alf. Maury dans le Bulletin de la Société de géographie de Paris, avril 1846. [147] Tchenf, la Ciampa de Marco Polo. La traduction d'Edriçy porte à tort 8 milles, au lieu de 3 journées. (Cf. Relat. des voyages, p. cvi.) Loin de faire l'éloge de l'aloès komary, l'auteur de l'Athar el-Bilad, p. 64, assure qu'il est d'une qualité inférieure et qu'il diffère peu du bois ordinaire. (Cf. Prairies d'or, I, 169.) [148] Fragment incohérent et qui n'est pas à sa véritable place. [149] B, au lieu de porcelaine, porte « terre vernissée » . On peut consulter, sur la fabrication de la porcelaine en Chine, Relal. des voyages, II, 75 ; le traité chinois traduit par M. Stanislas Julien, Paris, 1856, et le Mémoire sur la porcelaine du Japon trad. par M. J. Hoffmann, Journ. asiat. Ve série, t. V, p. 198. La traduction d'Edriçy nomme Loukin la première échelle de la Chine ; M. Jaubert parait avoir lu degrés, qui n'a jamais, je crois, le sens de port ou station. [150] Tout ce qui suit est textuel dans Kazvîny ; c'est en consultant cette cosmographie que j'ai pu rétablir le oom cité ici et absolument méconnaissable dans l'une et l'autre copie. [151] Passage copié presque littéralement par Maçoudi (I, 252). Cependant cet écrivain dit tenir ses renseignements des marins de Sîrafet de l'Oman. [152] Je crois qu'il faut lire « Dracaena ferrea », production que Maçoudi attribue aussi aux îles Kilab et Serirah (I, 242). [153] Je lis , au lieu de et de , leçons également inadmissibles. [154] On voit que l'auteur intervertit l'ordre de ces deux castes, celle des veysias ou marchands étant supérieure à la caste des soudras (artisans). Je n'ai pas hésité à transcrire par Tchandala le mot suivant, écrit Sandafyah dans les deux copies : il désigne le fils d'un soudra et d'une femme d'origine brahmanique. Il reste encore deux noms douteux dans cette liste, celui de la 1ère caste et celui de la 7e. Edriçy a copié ce passage (II, 98) ; mais ses leçons s'éloignent plus que les nôtres du thème sanscrit. [155] L'expression wahm est employée dans le même sens et au sujet des sorciers de l'Inde, par Maçoudi, II, 452. Ce terme assez vague est expliqué dans les fragments de Kaivîny publiés par Chézy. (Chrest. arabe, III, 448.) [156] Ici commence une lacune dont il est impossible de déterminer l'étendue. Elle se termine par deux lignes incohérentes relatives à certains droits fiscaux de la ville de Bagdad. Il y est dit que le trésor perçoit 130.000 dirhems (84.500 francs) sur les Juifs, et 1.500.000 dirhems (975.000 francs) sur les approvisionnements de la capitale. [157] Kodama écrit ; Edriçy . Par une inadvertance singulière, Jaubert a lu eyam au lieu de emyal, et il traduit, en conséquence, journées au lieu de milles, II, 144. [158] Avant , la copie B donne le groupe, . Comme il n'y a pas de montagnes autour de Circesium, le docteur Sprenger propose de lire . En acceptant cette conjecture, on devrait traduire : « de là à Elghas, en face de Circesium, 7 fars. » [159] Callinicum est le premier nom de cette ville fondée par Seleucus Callinicus. (D'Anville.) La distance complète est ici 134 fars. dans Kodama on lit 126 seulement; mais il est vrai que son itinéraire omet deux étapes. D'après Edriçy, il y a en tout 372 milles, ou 124 fars., ce qui établit une différence de 10 fars. entre son itinéraire et le nôtre. Il importe de remarquer qu'indépendamment de cette route, laquelle suit la rive de l'Euphrate, il y a, ainsi que l'atteste Kodama, un chemin plus direct, par l'intérieur du pays, jusqu'à Deïr, où l'on rejoint l'Euphrate. Dans Edriçy il est fait aussi mention d'une voie qui traverse le désert et abrège, de cinq journées environ, la durée du voyage. [160] D'après cette seconde version, le revenu de la province présenterait une différence de plus du double. Comme je l'ai dit ailleurs, ce témoignage paraît n'avoir été invoqué par l'auteur que pour fournir de plus amples matériaux et d'autres points de comparaison à l'histoire économique du khalifat. Cependant il ne serait pas impossible que les chiffres généraux donnés ici et dans d'autres passages, sur la foi d'El-Ispahâny, fussent simplement des annotations marginales, introduites plus tard dans le texte par un copiste. [161] Le mot qui suit n'est pas ponctué. Le groupe entier répond au Sikket el-Abbas d'Edriçy, Il, 154. [162] La copie B porte Marîn. Il est parlé de Marat-Mofrîn et de la ville de Naourab dans les fragments de l'histoire d'Alep, publiés par Freytag, 6 et passim. [163] La nomenclature des places frontières se trouve textuellement dans le traité d'Ibn-Haukal, et elle est citée, d'après ce dernier, par Aboulféda, texte, p. 133. La seule variante qui mérite d'être notée est Tizîn au lieu de Nirîn. [164] Ce nom est indéchiffrable dans les deux copies; j'ai suivi la leçon de Yakouby, laquelle se trouve aussi dans Kodama et Mokad-dessy, il faut lire avec ces trois écrivains 13 milles, au lieu de 10 fars. que porte notre texte. Il est à remarquer que la route décrite par Ibn-Khordadbeh est une de celles que suivait la poste, mais elle passait par Nebek, tandis que l'autre, mentionnée par Mokaddessy, passait par Ba'lkek; elles avaient à peu près la même étendue, environ 200 kilomètres. [165] La ville aux piliers, allusion au passage du Coran, LXXXIX, 5 et suiv. Ce n'est pas, à proprement parler, Damas même, mais bien un temple d'origine prétendue adite, et nommé Djeïroun, en souvenir de son fondateur, qui est l'objet de la légende musulmane. Maçoudi, après avoir résumé les différentes versions qui circulaient, de son temps, sur la ville et le temple aux piliers, cherche à en démontrer l'origine fabuleuse. (Prairies d'or, t. IV, p. 88, sous presse.) [166] S'il faut en croire Yakouby, l'impôt d'Émèse, établi sur une base invariable, ne dépasse pas 120.000 dinars, non compris, il est vrai, les redevances des biens affermés par l'État. Les contradiction qu'on remarque dans ces chiffres tiennent surtout à l'âge différent des documents que les trois auteurs avaient sous les yeux. (Voyez aussi la note 160.) [167] Littéralement « l'extérieur » zhahir; cette expression est appliquée par Yakouby à la même localité, texte arabe, p.114. [168] Total, 132 km. L'impôt de cette province est à peu près le même dans la relation de Yakouby : 300.000 dinars, sans compter les domaines affermés. Ibn-el-Moudebbir, dont parle notre auteur, après avoir été fait prisonnier par le chef des Zendjs, sous le règne de Mo'taded, fut mis en liberté et passa au service d'Obeïd Allah, fils le Suleïmân, dernier vizir de ce khalife. C'est du moins ce qui résulte d'une anecdote racontée par Ibn-Khallikan (Vie du poète Abou'l A'la). Si le personnage en question est bien celui dont l'auteur invoque ici l'autorité, il n'est pas facile d'expliquer la différence énorme des deux évaluations. [169] Yakouby donne à peu près le même renseignement; il estime l'impôt du Jourdain, prélèvement fait des fermes, à 100.000 dinars. L'évaluation d'Ibn-Khordadbeh semble donc exagérée d'un tiers au moins. [170] On a vu dans la note précédente que, d'après une évaluation plus modérée, l'impôt de la Palestine n'atteignait pas même à 200.000 dinars. Mokaddessy, après avoir donné les chiffres de notre auteur pour les villes de Kinnisrîn, Émèse, le Jourdain et la Palestine, les rectifie ainsi qu'il suit, d'après ses informations particulières : « Kinnisrîn et les places frontières, 360.000 dinars. — Jourdain, 700.000 dinars (le texte me paraît fautif). — Palestine, 259.000 dinars. — Damas, 400.000 dinars et une fraction. » (F° 126.) [171] Selon Yakouby, ce district se compose de six villes, situées sur la rive orientale du Nil. (Ibid. p. 126.) [172] On trouve souvent la variante Chedjreh « l'arbre. » Cette bourgade, située entre El-Arîch et Rafah, séparait la Syrie de l'Egypte. (Cf. Prairies, II, 205.) [173] De cette étape part l'embranchement des deux routes conduisant à Barkah. (Cf. Belcry, trad. par M. de Slane, Journ. asiat. 5e série, XII, p. 48.) La distance jusqu'à cette station est, d'après notre texte, de 180 milles = 360 km. Mais Kodama ajoute une étape de 24 milles, entre Tarnout et Kaum-Cheryk, lieu dont il n'est pas fait mention ici. D'après cela, la distance entre Alexandrie et l'embranchement de Dhat el-Houmam doit être 62 milles = 124 km. Dans Mokaddessy, on la trouve évaluée à 3 journées, plus deux postes; mais le manuscrit présente quelques incertitudes dans ce passage; il semble d'ailleurs que ce voyageur ait copié et réuni par mégarde l'itinéraire d'Ibn-Khordadbeh et celui de Kodama. [174] Le nom de la station est en blanc. Dans Edriçy on lit « citerne du champ de course, » et dans Mokaddessy « citerne de la terreur ». [175] En ajoutant le nombre des stations indiquées par le contexte, an fragment de route évalué ci-dessus, jusqu'à Dhat el-Houmam, on trouve entre le Caire et Barkah 650 milles = 1.300 km. Edriçy compte 553 milles environ entre Alexandrie et Barkah, ce qui, réuni aux 144 m. qui séparent Alexandrie de Fostat, donne 696 m. Il importe de remarquer que notre texte décrit, à partir de Sikket el-Hammam, la route la plus courte à travers le désert; l'autre chemin mentionné par Kodama donne, à une légère différence près, le total des stations d'Edriçy. Bekry, qui note avec une si scrupuleuse exactitude les moindres stations de cet itinéraire, oublie malheureusement quelquefois de compter la distance qui les sépare. [176] De là partent plusieurs embranchements jusqu'à Adjabyah ; le nôtre a 68 m. de parcours; celui dont parie Kodama (Sprenger, ibid. p. 98), 74 m. D'où il résulte que, d'après Ibn-Khordadbeh, la distance entre Barkak et Adjabyah est de 144 m. d'après Kodama, de 150 m. Le calcul d'Edriçy donne 6 journées = 152 m. [177] Ce général, investi du gouvernement de l'Afrique septentrionale par le khalife Abd el-Mélik, en 687 de J. C. fut défait près de Cabès par une armée berbère. Obéissant aux ordres de son souverain, il demeura dans le pays et y construisit deux forteresses auxquelles il donna son nom ; Bekry dit en avoir vu les ruines. (Journ. asiat. 5e série, XII, 433; Hist. des Berbères, III, 192 et suiv.) Le même fait est raconté par Ibn-Haukal. (Voir l'extrait de son livre publié par M.de Slane, Journ.asiat. mai 1841, p. 557.) [178] La comparaison du paragraphe mutilé d'Edriçy avec le texte ci-dessus donne entre Syrt et Tripoli 254 milles = 308 km. [179] La fin de cette route est perdue; mais on peut la compléter avec les relations de Yakouby, de Kodama et de Mokaddessy : Fawa-rab, 30 m. — Kabès, 30 m. — Bîr-Zeïtounah, 18 m. — Ketanah, 21 m. — Lebès ou Kebès (dist. omise). — Kaïrowân, 24 m. — Ce qui fait, entre Tripoli et cette dernière ville, 200 m. (400 km.) ou un peu plus, si l'on tient compte de la lacune des textes. [180] A raison de 3 m. pour une parasange, soit 3.420 km. Il est aisé de voir que ce paragraphe a été déplacé par les copistes et qu'il devait se trouver primitivement à la suite de la route dont Foslat est le terme. [181] Maçoudi (Prairies, III, 39) relate les circonstances historiques qui ont donné naissance à cet impôt, qu'il nomme bakt ou nakt. Le nombre des esclaves livrés annuellement aux musulmans s'élevait, dit-il, à 442. Ce passage a été reproduit par Et. Quatremère, dans son Mémoire sur la Nubie. Les renseignements que nous a laissés Ibn-Khordadbeh sur les fluctuations de l'impôt en Egypte, outre qu'ils ne sont pas à leur place naturelle, dénotent une rédaction précipitée et confuse. Mokaddessy, après les avoir insérés dans son livre, ajoute (fol. 142) : « J'ai lu dans le traité du Kharadj, par Kodama, que le revenu métallique de l'Egypte était autrefois de 2.500.000 dinars. Or j'ai trouvé dans l'ouvrage d'Ibn-el-Fakih des chiffres bien différents, ainsi qu'un historique détaillé du revenu de l'Egypte sous les Pharaons, sous Haddjadj et la dynastie abbasside. » Mokaddessy critique la justesse du mot kharadj, employé en cet endroit, et rapporte a ce propos une conversation curieuse qu'il eut avec un Égyptien établi à Boukhara. De ce morceau, que je regrette de ne pouvoir traduire ici, il résulte que : « Dès le IIe siècle de l'hégire, le système de l'impôt en numéraire était tombé en désuétude; que le fellah payait une, redevance en nature pour la terre dont il était usufruitier; que cette redevance reposait sur le rendement annuel delà terre, ou, pour parler plus exactement, de la crue plus ou moins favorable du Nil, etc. » [182] Les bornes de mon travail ne permettent pas de rappeler les événements historiques qui morcelèrent l'Afrique septentrionale eh plusieurs petites principautés indépendantes ; ils sont d'ailleurs connus des lecteurs de ce recueil, par les fragments de Bekry et d'Ibn-Haukal, dont M. de Slane a donné la traduction. J'indiquerai donc simplement les passages qui peuvent éclaircir les données si confuses du Livre des routes. [183] Le texte ajoute un mot méconnaissable, peut-être Djelyanah. [184] On peut consulter, sur la secte des Sofriles et des Waçilites, le Journ. asiat. 5e série, XIII, p. 116. Malgré les déplorables mutilations du texte, il n'est pas impossible de démêler à quelle contrée de l'Afrique l'auteur fait allusion. Selon moi, c'est le pays de Tamedelt, sur la route d'Aghmat ou Sous. D'après le témoignage de Bekry, il y a, à une faible distance de Mergbad, une mine d'argent d'un riche produit. La ville nommée plus loin Dîn répondrait, en ce cas, à Derâ, bourg situé à l'orient de Tamedelt. (Journ. asiat. ibid. p. 483.) [185] Il n'y a pas plus de 5 à 6 journées de voyage entre ces deux villes. Presque toutes les distances indiquées daus les paragraphes suivants sont calculées avec la même exagération. [186] Peut-être Zerhoun , sur les ruines de l'ancienne Oulîli. [187] La position de Khadhra me paraît répondre au petit château dont il est fait mention dans la Table géographique de l'Histoire des Berbères. [188] Ou, en d'autres termes, le missionnaire des Fatimites. (Voir Journ. asiat. 3e série, XIII, p. 249.) [189] Tout le passage compris entre crochets est interpolé. [190] M. Reinaud (Géographie d'Aboulféda, trad. française, p. 234) a déjà signalé l'emploi vague et arbitraire que les écrivains arabes du moyen âge font du mot Andalous, dont l'acception vulgaire est l'Espagne musulmane. [191] Mokaddessy, en citant ce passage in extenso, fait remarquer qu'il y est seulement question des villes les plus importantes. (Fol. 146.) [192] Ou deux mois, d'après la leçon conservée dans les Prairies d'or. Ibn-Yça, écrivain espagnol, ayant reproduit ce passage de Ma- çoudy, Makkary en démontre l'exagération et cherche à prouver qu'il faut réduire la distance à un mois et demi. (Éd. de Boulac, I, p. 65.) [193] La description fantastique de ce volcan se trouve dans l’Athar el-Bilad, p. 339. [194] Maçoudi, qui emprunte ces dernières lignes à notre auteur, ajoute qu'on considère les Echbân comme un peuple issu de Japhet et dont il ne reste aucun vestige. Mais il fait remarquer, en même temps, que l'opinion la plus accréditée en Espagne rattachait Rodrigue à la race des Galiciens, peuple d'origine franque. Toutes les conjectures des musulmans sur l'origine des Espagnols sont recueillies sans ordre par Makkary. (Ed. de Boulac, I, p. 70.) D'après l'auteur des Prairies d'or, d'accord en cela avec le témoignage des numismates, les Omeyades d'Espagne recevaient le titre d’émir el-mouminîn « prince des croyants. » [195] Ce paragraphe, qui fourmille de noms étrangers, nous est parvenu dans un état méconnaissable. En le comparant à la nomenclature donnée, dans le même ordre, par Maçoudi (III, 241), j'avais réussi à restituer le nom de quelques tribus; mais c'est surtout aux conseils de M. de Slane que je suis redevable d'une restauration aussi complète que possible. [196] Ce mot transcrit assez exactement le grec Εῶας, premier nom de Tripoli. (Journ. asiat. 1858, p.429.) [197] Un canton du même nom est cité par Bekry, sur la route d'Oran à Kaïrowân, dans le voisinage de la petite ville de Kafsah. Maçoudi, en copiant tout ce paragraphe sur les émigrations berbères (III, 242), écrit Kabouçah. Il oublie aussi de mentionner l'établissement de la tribu des Louatah à Barkah. Dans Ibn-Haukal, le nom de cette même localité est écrit Kâmoudah. (Journ. asiat.1842, p. 244.) [198] C'est par erreur que nous avons imprimé ; les deux copies portent lisiblement , et dans le fragment d'Ibn-Haukal cité ci-dessus, il est parlé aussi des eunuques esclavons. (Cf. Invasion des Sarrasins, etc. par M. Reinaud, p. 236.) [199] Ou zebed marin, selon l'orthographe de Kazwîny, qui donne une longue description de la pèche du corail sur les côtes d'Afrique. (Cf. Adjaïb, p. 238.) [200] Distance de Bagdad à Moçoul, 74 fars. ou 444 kilom. Cette route est une de celles que Mustaufy a empruntées à l'auteur. [201] On lit dans le Méraçid : « La colline du repentir, taubeh, est un surnom donné à Ninive. » Ibn-Djobeïr la place à 2 milles de Moçoul, sur la rive gauche du Tigre. « C'est là, dit ce voyageur, que Jonas prêcha et convertit les infidèles; telle est l'origine de son nom » (p. 137). [202] En tout, 204 km. Mais, d'après Mokaddessy, il y aurait 6 journées de marche entre les deux villes ; ce qui, à raison de 6 fars. 1/7, donnerait un supplément de route d'environ 22 km. [203] Un fragment de vers cité par Maçoudi (I, p. 227) prouve qu'il faut lire Bakyrda. Ces deux villes ou bourgades étaient situées près du confluent du Khabour et du Tigre. [204] Les distances additionnées donnent 40 fars. ce qui met Bagdad à 148 fars. = 888 km de Rakkah. (Cf. Spreager, carte n° 15.) Le calcul d'Edriçy donne un résultat un peu plus fort: 25 journées = 924 km. [205] Kodama : château des Béni Baldaa' ; Edriçy écrit Ibn-Bari' et ajoute une station qu'il désigne sous la forme Tell-Yaraa. [206] Dans le texte, p. 82, ligne dernière, il faut lire au lieu de . [207] Total du parcours, 44 fars. = 264 km. Edriçy place Circesium à 4 journées de Rakkah, par un chemin direct. [208] Ou Tell-Abdah , d'après l'auteur du Méraçid et Ibn-Djobeïr. Celui-ci ajoute : « Cette colline, qui a la forme d'une table, est couronnée d'un édifice en ruine. » [209] On nomme ainsi une chaussée en pierres plates et bien cimentées, au-dessus d'un terrain accidentellement inondé; plusieurs villes portaient ce nom. Celle dont il est question ici fut construite par le khalife Hicham, fils d'Abd el-Mélik, qui en fit sa résidence, alors que la peste ravageait la Syrie. [210] Une partie de cette route a été suivie par Ibn-Djobeïr, dans son voyage d'Emèse à Damas. Parmi les particularités que signale sa relation, on lit que « le village de Karah est entièrement habité par des chrétiens de Saint-Jean, et qu'on n'y trouverait pas un seul musulman » (p. 266). Le total des stations réunies donne 250 milles. Nebek est cité pour la beauté de ses sources. (Cf. Kremer, Ausfluge nach Palmyra, p. 24.) La station suivante, nommée dans le texte Kolaya, leçon qui est répétée par Kodama, répond, je crois, au village de Koçaïr, dans Ibn-Djobeïr. [211] En estimant le relais de poste, en Syrie, à 12 milles, comme le veut Mokaddessy, la distance complète serait 228 milles = 456 km, chiffre évidemment exagéré. Il résulte, en effet, des relations modernes les plus exactes, que le trajet de Damas à Baalbek n'exige pas plus de dix-huit heures, ni celui de Baalbek à Emèse plus de vingt heures. [212] Sur les boulevards de la Syrie, que deux copies nomment à tort awadil, au lieu de awaçim, voyez Aboulféda, texte, p. 235. Aïn-Zerba est l'antique Anararba. Tell-Djobeïr, d'après le Méraçid, est à 16 milles seulement de Tarsous. La ville de Harounyeb doit son nom au khalife Haroun er-Réchîd. (Cf. Edriçy, II, 141.) [213] Peut-être faut-il lire Saghiry, du nom de la rivière Sangaris, qui passe à l'occident d'Amorium. Ici se termine l'embranchement dont parlent l'auteur et Kodama. Les stations suivantes sont communes aux deux routes. [214] Au lieu de cette leçon, on trouve, dans la traduction de Jaubert, « légumes; » on voit qu'il a lu abkal; la fertilité des environs de Nicée, au moyen âge, peut justifier cette variante. La distance entre Nicée et Constantinople, telle qu'elle est présentée ici, est une erreur évidente. [215] Ibn-Khordadbeh partageait, d'après cela, l'opinion, généralement accréditée à cette époque, d'une prétendue communication entre la mer Caspienne et la mer Noire. (Prairies d'or, I, 273. Introdwstion à la Géographie d'Aboulféda, p. ccxcv.) [216] L'auteur du Takwim el-Bouldân et d'autres géographes comptent 70 milles, exagérant ainsi la longueur du Bosphore d'au moins 16 milles. L'étendue réelle de ce canal est de 27 kilom. [217] Dans le tome II des Prairies dor, où se trouve le même renseignement, il faut substituer Abydos à la leçon Andalous que donnent les copies. Ce lieu est mentionné avec son nom correctement écrit dans la Géographie d'Aboulféda, et l'expédition de Maslamah, dans les Annales musulmanes du même auteur (I, 434). [218] Ce nom avait été donné à la mer Noire, à cause du séjour de la tribu tartare des Khazars dans la presqu'île de Crimée, ou Khazarie. Maçoudi évalue à 350 milles la longueur du détroit, des bouches de la mer Noire aux Dardanelles. [219] Il faut lire chimal au lieu de châm, comme dans Maçoudi, II, 319. Cet auteur a su éviter l'erreur commise par Ibn-Khordadbeh, qui joint le côté méridional de la ville au continent. Je profite de ce rapprochement pour corriger une faute d'impression qui s'est glissée dans ce même passage de notre édition. Ligne 15 : « mais c'est au sud que la mer a le plus d'élévation. » Au lieu de la mer, lisez le mur. La porte Dorée, dont il est question quelques lignes pins loin, se voit encore derrière les sept tours, à la pointe sud-ouest du mur d'enceinte. (Cf. Edriçy, II, 298.) [220] Le texte ajoute arbaa' « quatre » suivi d'une lacune. Les données des historiens byzantins sur la garde urbaine sont trop vagues pour qu'il me soit possible de rétablir ce fragment. On entrevoit cependant, dans ce que dit l'auteur, une allusion au magister equitum et au magister peditam, dont la création est attribuée à Constantin. (Voyez Schoell, Histoire de la littérature romaine, III, 368.) [221] Ce paragraphe sur la division administrative et les limites des provinces grecques est rempli de lacunes, de mots intervertis et illisibles. Quelques-uns se retrouvent, il est vrai, dans Edriçy (II, 299) ; mais ils y sont aussi défigurés et classés dans un ordre différent. J'ignore où Ibn-Khordadbeh a trouvé sa division en 14 provinces, au lieu de la classification bien connue en 32 thèmes, dont 15 en Europe et 17 en Asie. Il nous reste, à cet égard, un important témoignage, c'est le Περὶ τῶν Θεμάτων de Constantin Porphyrogénète. Quelques passages de ce livre, dont je dois la communication à l'obligeance de M. Brunet de Presle, m'ont paru se rapporter aux indications si incomplètes de mon géographe; je les indique en note, sans discuter les questions intéressantes que ces rapprochements pourraient soulever. [222] Premier thème de Constantin : τὸ Θέμα τῆς Θρᾴκης (Édition Bekker, Bonn, 1840, p.44.) [223] C'est ainsi que je propose de lire le groupe ; la suite se rapporte avec une exactitude suffisante au Θέμα Δυρράκιον. (Ibid. p. 56.) [224] Constantin ne nomme que six villes principales dans ce thème. (Ibid. p. 30.) [225] Le texte ajoute Amouryah, erreur de copiste. La province que l'auteur désigne sous cette dénomination bicarré répond très probablement au thème Οπτίματον, dans Porphyrogénète, qui avoue lui-même, ne pas en connaître l'origine. Le Grec peu instruit qui fournit à Ibn-Khordadbeh ces vagues renseignements sur l'empire byzantin dut, suivant un procédé familier aux Orientaux, demander à la langue usuelle l'explication des noms de pays et de villes ; de là la définition « l'oreille et l'œil, αὐτὶ μάτι. » Le traducteur d'Edriçy avait déjà reconnu, dans le thème suivant, l'Οψίκιον des Grecs. (Cf. Const. Porphyrog. p. 24.) [226] Après Abou'l-Kaçem, le texte ajoute Mohammed, ce qui est sans doute une inadvertance du copiste et fait double emploi avec le nom du voyageur dont la relation est citée. On pourait, à la rigueur, au lieu de Mohammed, lire ben Ahmed, pour se rapprocher de la filiation donnée à l'auteur dans le Fihrist. (Voyez ci-dessus, Introd. p. 10.) [227] Ce lieu, s'il n'est pas question ici du promontoire de Kara-Bournou, ne peut être cherché que dans le voisinage de Smyrne ; il y a seulement quatre étapes entre cette ville et Ephèse, par Trianda et Yéni Kéni, [228] La légende des Compagnons de la caverne ou des Sept dormants, car je crois qu'elle a été mal à propos dédoublée par quelques écrivains musulmans, fut recueillie par Mahomet dans un de ses voyages en Syrie. On sait comment il l'a racontée à son tour; mais le récit tronqué et puéril du Coran suffit pour exciter à un haut degré la curiosité des néo-convertis. Au rapport du Modjmel (fol. 292), au début de la guerre contre les Grecs, Moawyah et Abd Allab, fils d'Abbas, étant arrivés aux environs d'Éphèse, Moawyah voulut pénétrer dans la fameuse caverne, maigre les instances de son compagnon. » Enfin il se précipita aveuglément dans le souterrain; mais un vent impétueux, sortant des profondeurs de la montagne, le rejeta au dehors. » Le thème incomplet du Coran fut développé, avec plus de naïveté que de richesse d'invention, par l'école traditionniste, à partir de Kaab el-Ahbar, un des pères de la tradition musulmane. (Voyez une de ces mille versions dans les Mines de l'Orient, t. III, p. 347.) Une seconde rédaction un peu différente du voyage de Mouça fut publiée par Serakhsy, et Maçoudi l'inséra dans son Histoire moyenne. C'est du moins ce qu'on peut conclure d'un passage assez laconique des Prairies. Ici encore notre traduction a besoin d'être corrigée sur le texte même du Livre des routes. t. II, p. 308, l. 6, au lieu de « le meurtre de tous les musulmans qui l'avaient accompagné, » on voit qu'il faut traduire plus exactement : « La tentative d'empoisonnement faite contre lui et contre les musulmans qui l'avaient accompagné. » [229] Il est possible que cette forme désigne le pays nommé par les Grecs Arzès (Cf. Constantin, ibid. p. 31); en effet le thème de Colonea était considéré comme d'origine arménienne. [230] « Propugnaculum quod Corum dicitur. » (Constantin, ibid. p. 21.) Je ne sais à quelles villes rapporter les noms qui suivent. La .dernière place, nommée ici Dou'l-Kela', est peut-être la transcription par métathèse de Σάλικος; ville classée par Porphyrogénète dans le même thème. [231] Le mekkouk était autrefois, chez les Arabes, l'équivalent d'un saa et demi, ce qui fait 3 litres 3/4. D'après cela le modi (modius) pourrait valoir de 11 à 12 litres. Le modius des Romains ne valait que 8 litres 63. On sait à quel point les mesures musulmanes ont varié selon les époques et les provinces; il serait donc difficile de tenter une appréciation du revenu de l'empire grec, d'après une donnée aussi incertaine. Cette difficulté est rendue plus sérieuse encore par l'incertitude qui règne, parmi les auteurs byzantins, sur la valeur relative des monnaies, et l'impossibilité où l'on est de tirer de leurs renseignements une notion, même par à peu près, du chiffre de l'impôt foncier. (Voyez l’Hist. du droit byzantin, par Mortreuil, t. III, 107.) [232] Ce terme traduit exactement le καπνικὸν des Novelles de Comnène. (Cf. Mortreuil, ibid.) [233] La liste qui suit n'est pas tellement défigurée qu'on ne puisse en rétablir quelques passages, malgré la double mutilation qu'elle a subie de la part de l'auteur et des copistes. Le thoumarkh et le thoumahar, noms qui semblent provenir d'une même leçon, font penser à deux grades de l'armée grecque, d'une dénomination presque identique : le μεράρχης et le μοιράρχης. Le passage suivant de la Tactique de Léon, que M. E. Miller a bien voulu me faire connaître, laisse supposer que notre thoumarkh pourrait être le Mœrarchès des Byzantins: Μεράρχαι, οἱ λεγόμενοι ποτε οτρατηλάται, νῦν δὲ τῆ συνεθείᾳ, καλούμενοι τουρμάρχαι. Il resterait encore à rechercher si, vers la fin du ixe siècle, la μοῖρα était composée de cent hommes; mais c'est une question qu'il ne m'appartient pas de discuter. Le Coumès ne doit donner lieu à aucune difficulté; il se nommait aussi τριβοῦνος, et pouvait commander jusqu'à 400 hommes. L'ἑκατοντάρχος est encore reconnaissable dans le groupe suivant : seulement, pour observer la proportion numérique qui se remarque dans les grades précédents, il semble que le nombre de ces hékatontarques doive être porté à deux au lieu de cinq. Le dernier titre damarkh est, sans contredit, le δεκάρχος, decurio. La confusion entre le mim et le kaf médial est trop fréquente, pour qu'il y ait lieu de douter de cette lecture. — De tous les auteurs musulmans auxquels j'ai demandé des éclaircissements ou une citation analogue, l'écrivain anonyme du Modjmel est le seul qui ait traité de la hiérarchie militaire des Grecs, à peu près dans le même ordre qu'Ibn-Khordadbeh ; et malheureusement l'unique copie que nous possédons de cet ancien document est déparée par des fautes non moins graves. Après avoir énuméré ces différents grades au-dessus desquels il place l’Astartakhous, forme sous laquelle on ne peut méconnaître le Στρατήγος, l'auteur persan termine en ces termes :
« Le plus grand de tous les chefs (civils) était nommé barmakîn (grand primicier), son lieutenant, dikrit (drungaire, δρουγγάριος), Le chef de la garde du roi était le kotlos (ἀκόλουθος, chef des Varangiens). Un domestikos était chargé de l'entretien des villes, et ainsi de suite. Plusieurs de ces dignités sont encore en vigueur aujourd'hui! (fol. 275-276). Cette dernière observation est parfaitement justifiée par ce que nous savons des changements continuels survenus dans les charges du palais et de l'administration. Une étude sérieuse du τὰ Οφφίκια τοῦ παλατίου de Codinus apporterait plus de certitude aux assimilations que je propose. [234] L'île du Moine (aujourd'hui Favignana) devait ce nom, comme l'atteste Ibn-Djobeïr, à un anachorète qui vivait dans les ruines d'un château, au sommet de la montagne. (Édition Wright, p. 340; Journ. asiat. 1846, p. 86.) L'île d'argent est nommée Konsourah par Edriçy. C'est la Κόσσυρα des Grecs, aujourd'hui Pantellaria. [235] Cette peinture d'une Rome digne des Mille et une Nuits n'appartient point à l'auteur. Mise depuis longtemps en circulation d'après de vagues récits faits par les marchands musulmans et juifs, elle était déjà ornée de ses détails fantastiques lorsqu’Ibn-Khordadbeh, ami du merveilleux et peu sceptique, lui donna droit de cité dans son recueil. C'est là qu'Edriçy, et plus tard Mustaufy, Ibn el-Wardy sont venus la chercher pour l'embellir, ou plutôt la défigurer à leur guise. Une description analogue à la nôtre par le fond, mais plus exagérée encore, était due à l'imagination d'Ibn-el-Fakih, écrivain assez frivole du ive siècle de l'hégire. Elle a passé de son traité dans celui de Kazwîny (Athar, p. 397 et suiv.). [236] Passage cité textuellement par Edriçy, mais entièrement méconnaissable dans la traduction française. Sur le fleuve et l'ère de bronze, on consultera avec finit les remarques de M. Reinaud, Trad. d'Aboulféda, p. 311. [237] L'auteur n'a fait qu'une seule et même église de l'ancienne Basilique de Saint-Pierre, fondée par Constantin le Grand, et d'une autre église du ve siècle, dédiée à saint Paul ; elle était située hors des murs de Rome. La même confusion se remarque chez Maçoudi et Edriçy. (Cf. Aboulféda, ibid. p. 180.) [238] Edriçy, effrayé d'une pareille exagération, en a réduit le nombre à mille; mais Ibn-el-Wardy et les traducteurs persans, moins scrupuleux, ont répété la leçon de notre texte. L'église bâtie sur le modèle du Saint-Sépulcre est nommée l’église de Siom par Kazwîny (Athar, p. 398). [239] Ce personnage, après avoir pris une part brillante à la bataille de Siffîn, se retira en Syrie et y demeura jusqu'à la mort du khalife Yêzid. Il mourut à la Mecque, ou, selon d'autres, en Egypte, âgé de soixante et douze ans, en 65 de l'hégire. Il avait étudié le syriaque et recueillit curieusement les traditions rabbiniques et les légendes populaires; un grand nombre de traditions apocryphes ont été placées sous son autorité. [240] J'ai lu cavalier au lieu de cheval que portent les copies, pour me conformera la leçon de Maçoudi et du Modjmel qui interprètent de cette façon la légende des colonnes d'Hercule. Quant aux abeilles, il n'en est parlé nulle part, sauf par Ibn-el-Wardy, dont le témoignage est de nulle valeur; j'ignore où l'auteur a trouvé ce supplément à la tradition attribuée à Abd Allah. [241] Ce conte, d'origine grecque, a fait son chemin dans le monde musulman. On en trouve la traduction littérale dans le Modjmel (p. 311), dans les compilateurs persans, et, en général, chez tous ceux qui ont consulté le Livre des routes. Comme toujours, c'est Apollonius de Tyane qui a les honneurs de ce singulier talisman. — Maçoudi ne pouvait se dispenser de mentionner un récit aussi populaire; mais il en parle en courant et d'une manière assez confuse. (t. IV, p. 94.) Cependant l'auteur des Prolégomènes le blâme d'avoir accueilli ce conte en même temps que d'autres légendes (trad. de M. de Slane, vol. I, p. 73), reproche assez peu fondé, car Maçoudi n'en dit quelques mots qu'a titre d'information curieuse et sous forme dubitative. [242] Voir dans Post- and Reiserouten du Dr Sprenger, p. 8, le même itinéraire, d'après Kodama. [243] Le groupe illisible qui suit ce mot me parait devoir être rétabli ainsi : . [244] C'est le pyrée nommé Nar-Dirakheh dans le Borhané-Katy et dans la Géographie de Kazwîni. L'auteur des Prairies d'or (t. IV, p. 74) en dit quelques mots et rappelle une légende qui n'est pas sans analogie avec celle des trois Mages chez les chrétiens. La ressemblance entre les noms de Chiz, Chizer et Chiraz, a déterminé quelques auteurs musulmans à placer dans la province du Fars et à Persépolis même, le temple du feu et les récits apocryphes dont il est l'objet. (Cf. Yakout, Dict. de la Perse, p. 368.) Le colonel Rawlinson a identifié ce temple avec les raines trouvées près de Sohraverd, sur l'emplacement de l'Ecbatane du nord. (Journ. of the Geogr. Society, t. X, p. 71.) [245] Cet itinéraire ne nous a pas été conservé intact, et les stations y sont calculées trop faiblement; car on ne trouve que 50 fars. de Dinaver à Meraghah, tandis que Mokaddessy et le Livre des climats en comptent 60. [246] Distance omise. Kodama met Ardebil à 8 farsakhs de Khân-Babek. Les retranchements dont il est parlé ici sont, je crois, les trois camps fortifiés que Haïdar, fils de Taous, surnommé El-Afchîn, fit creuser, quand il poursuivit Babek, révolté contre le khalife Mo'tacem. Ce sectaire, dont les dogmes encore peu connus se rattachaient à ceux des Bathéniens, tint en échec pendant vingt ans l'armée du khalife. Vaincu dans une grande bataille contre El-Afchîn, il se réfugia auprès du gouverneur d'Arménie, qui le livra à ses ennemis, en 222 de l'hégire. (Aboulféda, Ann. moslem. t. II.) Le nom de sa patrie est incertain; Yakout et Maçoudi l'écrivent comme notre géographe. [247] Dans le grand dictionnaire de Yakout, les villes principales de l'Arménie sont classées à peu près dans le même ordre. (Cf. Mosch-terik; Aboulféda, texte, 387; Saint-Martin, Mém. sur l’Arménie, 107 et suiv.) [248] Ou Sanabaryeh, chez Edriçy. Maçoudi nomme cette ville Sanareh et la place au confluent du Kourr et de l'Araxe. [249] On peut comparer ces noms, dont j'ai respecté l'orthographe, avec la liste de Maçoudi dans le chapitre consacré à l'ethnographie du Caucase. (Prairies, t. II, chap. xvii.) [250] Parmi les huit relations arabes et persanes de ce voyage que j'ai pu consulter, relations dont l'ouvrage d'Ibn-Khordadbeh a été le point de départ, j'ai choisi de préférence celles qui s'en éloignaient le moins, ou par leur date comme la version du Modjmel et le traité de Mokaddessy, ou par une reproduction assez exacte de l'original, comme la cosmographie de Kazwîny. Ce dernier cependant ainsi que les deux autres ont corrigé les mots peu lisibles du texte qu'ils avaient sous les yeux, ou cherché à l'expliquer dans les passages obscurs. Je ne donnerai qu'un très petit nombre des variantes dues à ce travail de révision. [251] Mokaddessy ajoute ici un fait que je n'ai trouvé dans aucune autre version: « Wathik avait envoyé précédemment l'astronome Mohammed, fils de Mouça, originaire du Khârezm, chez le Thar-khân, roi des Khozars. Ce voyageur se joignit à moi, etc. » [252] Ici commence la description abrégée, empruntée au Livre des routes, par le cosmographe Chems ed-dîn, de Damas. (Ms. de la Bibl. imp. f° 13, v°.) [253] Kazwîny et Mokaddessy remplacent ces mots par une leçon dont je ne comprends pas la signification : . [254] Mendjanik « mangonneau ; » ce terme est expliqué par M. Reinaud (Journ. asiat. sept. 1848, p. 225). Je pense que le narrateur entend par l'anneau l'arc du centre ménagé de façon à livrer passage au projectile, conformément à la description des machines anciennes telle qu'on la trouve dans Vitruve, X, xv. [255] Appelée aussi mamouny, parce qu'elle fut adoptée sous le règne d'El-Mamoun; elle était de vingt-sept doigts. [256] Dans Mokaddessy, la relation se termine par ces mots : « Je me rendis ensuite chez le khalife et lui racontai mon voyage. Le récit qu'on vient de lire prouve que c'est à tort qu'on a voulu placer en Espagne le mur de Gog et Magog. » Il paraît, en effet, que quelques écrivains avaient proposé cette conjecture; d'autres confondaient les Yadjoudj et Madjoudj du Coran avec les Khazars, et leur donnaient pour séjour la contrée située derrière Derb-Houzân. Maçoudi (Prairies, II, 308), après avoir signalé l'incertitude de ces hypothèses, ajoute qu'on voyait, de son temps, des images représentant la grande muraille de Gog et Magog, à laquelle la Croyance populaire donnait un développement de 150 fars. Un savant astronome, Mohammed, originaire de Ferghana, mort en 815, c'est-à-dire trente ans environ avant l'expédition de Sallam, avait cherché, dans ses ouvrages, à démontrer combien ces contes étaient absurdes et dénués de vraisemblance. En effet, lorsque les barrières du Caucase cédèrent devant l'effort des armées musulmanes, il fallut reculer, la demeure supposée des peuples dont Mahomet avait fait une peinture terrifiante. Des rives du Volga, on les transporta dans les steppes de l'Oural et de l'Altaï ; on finit même par confondre la digue d'Alexandre avec la grande muraille de la Chine. (Cf. Introduction à la Géographie des Orientaux, § 3.) Je crois que la mission de Sallam avait surtout un but politique ; le prétendu songe du khalife exprimait l'inquiétude qu'inspiraient aux musulmans les hordes de Scythes et de Huns massées sur la frontière nord-est de l'empire. Sallam, qui s'arrêta probablement sur les bords du Volga, avait été chargé de recueillir des informations à cet égard. Pour concilier la réalité de son voyage avec les fables puériles qui en remplissent la seconde moitié, on doit donc supposer que ces fables furent inventées après coup, et répandues dans le public, pour satisfaire sa curiosité et lui donner le change, en le rassurant sur l'imminence du danger. [257] Décrite par Yakouby, mais moins détaillée (p. 92 du texte publié à Leyde). Le docteur Sprenger a étudié avec un soin particulier l'itinéraire d'Arabie, et j'ai profité, en maint passage douteux, de ses judicieuses observations (Post- and Reiserouten, p. 109-159). [258] Bourg important entouré de palmiers, et arrosé parles canaux de l'Euphrate. (Ibn-Djobeïr.) Le même voyageur, passant à Koufah vers minuit, arriva le matin à Kadiçyeh, ce qui prouve qu'il faut, au lieu de 15 farsakhs, lire 15 milles, comme dans le texte de Ko-dama. Hamdâny, cité par Sprenger, évalue la distance à 14 milles. [259] Les haltes de repos, étapes intermédiaires où les caravanes faisaient le repas du soir, ne sont citées que par Ibn-Khordadbeh, ce qui ne m'a pas permis de contrôler l'exactitude des noms propres. Elles indiquent ordinairement le milieu de la distancé entre deux stations : c'est donc par erreur qu'ici les copistes ont écrit 14 milles au lieu de 7. [260] Le texte porte à tort 14 milles. La distance est donnée régulièrement dans Kodama. [261] « La plupart des puits et des citernes qu'on trouve sur cette route sont dus à la munificence de Zobeïde, femme du khalife Haroun er-Réchîd. » (Ibn-Djobeïr.) [262] Ibn-Djobeïr écrit , leçon qu'on rencontre aussi chez Kodama et Mokaddessy. Près de cet endroit, est une forteresse en ruines. [263] Kodama et Ibn-Djobeïr : El-Adjfar. « Les Arabes, dit ce dernier, nomment cette station le beau site ou la colline des deux vierges. » [264] Feïd est à 13 journées de Koubh, c'est-à-dire à peu près à moitié route de Bagdad à la Mecque. Ce renseignement, donné par Ibn-Djobeïr, s'accorde avec les distances d'Edriçy et de Yakouby. [265] L'itinéraire est coupé ici par l'embranchement qui mène à Médine; il est continué plus loin, p. 500. [266] Voyez l’Histoire des Arabes avant l’islam, par M. C. de Perceval, t. II, livre VII. L'auteur des vers cités ci-après est Abou Abd Allah Djaber el-Ansary, l'un des plus célèbres Compagnons de Mahomet, mort en 74 ou 78 de l'hégire. (Ann. Moslem. I, 105 et passim. Michkat el-Meçabih, I, p. 13.) [267] L'histoire de ce personnage est bien connue et elle a donné naissance à un dicton expliqué par Meïdany. Vert l'an 535 de notre ère, il accorda l'hospitalité à Imrou'l-Kaïs, et, pour défendre la fille de ce poète, il soutint un long siège contre El-Hârith, roi Ghassanide. (Cf. C. de Perceval, ouvrage cité, II, p. 313; Meidany, I, 218.) Le même vers est donné par Maçoudi, qui l'attribue au poète El-Acha'. (Prairies, III, 199.) [268] Terrain volcanique, couvert de pierres calcinées et de sables ; ce mot est expliqué par M. Reinaud, dans une note de sa traduction d'Aboulféda, p. 104. [269] Ici manque une étape de 34 milles, nommée Rowaïthah; elle est formée de la réunion de quatre puits, au milieu du désert. (Edriçy; Yakouby.) [270] Le paragraphe finit brusquement ici ; mais il se complète par le texte de Kodama, qui ajoute : « Batn-Marr, 16 m. et de là à la Mecque, 16 m. » La distance entière de Médine à la Mecque est, en ajoutant les stations omises dans les deux copies, 246 milles. D'après Burton et Burckhardt, elle est de 248 milles anglais. [271] La première partie de cet itinéraire se trouve plus haut route de bagdad à la mecque. [272] Mikhlaf, terme spécial à la Péninsule arabique. (Cf. Ann. Moslem. II, 664.) Les noms qui suivent étaient presque tous illisibles dans le texte; ils se retrouvent dans Edriçy (I, 142 et suiv.), mais non moins défigurés. Pour cette partie du livre, le Méraçid est un guide précieux; les noms y sont orthographiés soigneusement, avec des preuves tirées soit de la Chronique du Yémen, soit du témoignage respectable, en cette circonstance, de l'auteur du Komous. [273] Edriçy dit peu d'habitants. D'après Kodama, c'est un campement d'Arabes de la tribu de Kaïs. [274] Au lieu des 18 stations nommées dans cet article, Kodama en cite 19; mais dans un autre passage, il compte 18 journées de caravane entre la Mecque et Sanaa. Au surplus, quelques lignes plus loin, Ibn-Khordadbeh va nous apprendre qu'entre la frontière du Hédjaz et Sanaa il y a 60 fars. [275] Chap. xxii, vers. 44. Les légendes relatives à ce passage du livre saint sont racontées par Kazwîny, Athar, p. 67. [276] Ces quatre derniers cantons, d'après le Méraçid, doivent leur nom aux petites tribus qui les habitent. [277] Je pense que l'auteur avait écrit « son port est Dehlek, » leçon conforme à celle du Méraçid. Les copistes ne pouvant lire ce membre de phrase l'auront interprété par . On doit cependant faire remarquer, en faveur de cette variante, que l'île de Dehlek a toujours été considérée comme un séjour mortel à cause de l'excessive chaleur qui y règne. Les premiers khalifes y exilaient les agents dont ils avaient à se plaindre. [278] Ce canton, d'après le Méraçid, doit son nom à El-Hakem, fils de Saad el-Achirah. [279] Il y aurait plus que de la témérité à tenter des recherches sérieuses sur un texte aussi mutilé. Je ne puis cependant m'empêcher de signaler la singulière ressemblance que présente la première moitié du groupe avec le nom himyarite lu et transcrit par Fresnel, sar les fragments IX, LV et LVI des inscriptions recueillies par M. Arnaud. On sait que Fresnel y trouvait le nom d'Astarté, Vénus-Uranie, l’Aschtôreth des Sidoniens. L'épithète domina solis, qui se lit dans la version arabe d'Ibn-Khordadbeh, rend, il me semble, ce rapprochement encore plus frappant. (Cf. Journ. asiat. octobre 1845.) Bien entendu, toute trace de ce nom a disparu chez tes écrivains musulmans. Dans la table ethnologique des rois himyarites, Chammir est fils tantôt d'Afrikous, tantôt de Yaçer-Younim. [280] Cette prétendue inscription, où se révèlent pourtant les aspirations d'une nationalité souvent asservie au joug étranger, est postérieure à la conquête du Yémen par les musulmans. Elle a été mise en vers, pour être plus facilement retenue, et c'est sous cette forme qu'on la trouve dans les ouvrages historiques de Maçoudi et d'Ibn Khaldoun. Kazwîny et d'autres compilateurs l'ont citée en prose, avec des variantes qui en modifient sérieusement le sens. Le défaut d'espace m'empêche de discuter ce fragment, d'ailleurs épisodique dans le Livre des routes. La durée de la domination des Abyssins est ici exactement indiquée; elle prit place entre 525 et 597 de J. C. date de l'établissement du premier vice-roi persan dans le Yémen. [281] Les leçons entre parenthèses sont données, soit par Mokaddessy, soit par Bekry. Le calcul des stations n'est pas relevé dans notre texte, non plus que dans celui de Kodama, encore plus incomplet en cet endroit. On trouve dans Bekry 16 stations, formant un total de 411 milles, et dans Mokaddessy, 20 stations, dont le total serait 538 milles : celui-ci cependant affirme que la distance exacte de Basrah à la Mecque est 700 milles. On voit, d'après cela, que 4 étapes ont été omises probablement par les copistes, M. Sprenger en a déjà fait la remarque. (Même ouvrage, p. 117.) Cette distance est évaluée ordinairement à 827 milles, en 32 journées de caravane. [282] Les variantes de cette route peu connue sont tirées de la copie de Kodama. [283] Cette route est donnée en sens inverse par Edriçy, I, 145. [284] Route indiquée par Edriçy, I, 329, et par Yakouby, p. 129, chez ce dernier avec des variantes notables. La première station, le Puits, à cinq heures du Caire, est, au rapport de Burckhardt, le rendez-vous des pèlerins égyptiens. [285] Nom omis ; il manque aussi chez Edriçy. — Dans le telle de Yakouby on lit : . [286] Ni l'une ni l'autre ne sont nommées dans nos copies ; mais on lit dans Edriçy: « De Damas à une petite rivière, et de la à Daah, une journée. » Du reste, tout ce paragraphe est mutilé et il manque encore deux étapes entre Damas et Tebouk. D'après les relations modernes, on compte onze journées entre ces deux points, et douze entre Tebouk et Médine. [287] Kodama nomme les deux dernières seulement: elles sont appelées, d'après cet auteur, Djoubb-el-Korat et Mutevelly. [288] Cette vallée est arrosée par la rivière appelée Aftan; elle sépare la province en haute et basse. Sur ses bords sont situés des villages bien peuplés, des champs cultivés, des palmiers et d'autres arbres. » (Edriçy, I, 156.) [289] « Port du Bahreïn, entrepôt du musc nommé pour cette raison musc Darîny, bien qu'on le tire de l'Inde. » (Méraçid.) [290] Après avoir calculé avec soin les chiffres partiels, indiqués dans le courant de l'ouvrage, aux paragraphes spéciaux, je ne trouve que 631 relais; mais il est juste d'ajouter que les postes de plusieurs routes importantes, comme celle de Bagdad à la Mecque, etc. ne se trouvent plus dans le traité d'Ibn-Khordadbeh, tel que le temps nous l'a transmis. M. Sprenger, qui a fait usage, avant moi, de ces renseignements, en les comparant à ceux de Kodama, les résume ainsi : « En jetant les yeux sur le réseau des routes postales, il est aisé de comprendre le système de ce service. De Bagdad, sa résidence, le Khalife était en communication avec ses agents les plus éloignés : il pouvait correspondre au nord-ouest avec Nichapour, dont le gouverneur, vassal de nom, indépendant de fait, exerçait son autorité jusqu'aux rives du l’Axarte. Au sud-ouest, le Khalife correspondait avec Chiraz et Istakhr, où régnaient les Bouyides. Il est intéressant de remarquer que ses intelligences s'étendaient jusqu'aux frontières les plus reculées, au nord. Obligé de défendre l'empire musulman contre les Grecs, il avait besoin de recevoir aussi rapidement que possible, par ses estafettes, tous les renseignements de nature à l'éclairer sur les mouvements de l'ennemi. » (Post- and Reiserouten, p. 10.) [291] Ce morceau si intéressant pour l'histoire du commerce de l'Europe avec l'Orient, au moyen âge, a été traduit, pour la première fois, par M. Reinaud (Introduction à la géographie des Orientaux, p. 58). Je ne pouvais mieux faire que de conserver la traduction de mon savant et cher maître, en y introduisant un ou deux changements de détails, nécessités par la comparaison des deux copies. Le surnom donné ici à ces marchands me paraît devoir son origine aux trois cantons de Radân, dans la partie orientale du Sawad. (Cf. ci-dessus. Tableau statistique, p. 240.) Cette forme est expliquée de la même manière par Soyouthy, dans son Dictionnaire des surnoms ethniques. [292] Au lieu de Hedjaz, je lis forme très nettement écrite dans les deux copies. El-Djar est un port à trois marches de Médine, et une île près de Djeddah, fréquentée par les navigateurs, qui y font de l'eau. L'auteur du Méraçid ajoute que la partie de la mer Rouge comprise entre Djeddah et Suez se nomme elle-même El-Djar. Il faut en effet corriger ainsi le texte, qui porte . [293] Le commencement de ce chapitre est entièrement perdu, et le reste ne nous est parvenu qu'avec des lacunes considérables. La lecture du peu qui nous a été conservé n'est pas de nature à en faire regretter sérieusement l'ensemble. [294] « Contrée longue, étendue. » Kazwîny a trouvé ce passage dans le traité de géographie de Djeïhani, où l'ouvrage de notre auteur avait passé presque en entier, et il l'a cité d'une façon peu correcte. Mustaufy l'a traduit dans son Nouzhet; mais, oubliant que l'expression « mer des Khazars » désignait aussi la mer Noire, il suppose que cette description s'applique au Guilân, dont le climat est humide et pluvieux. [295] Il est inutile d'insister sur ces légendes d'origine chrétienne, qui ont défrayé bon nombre d'historiens arabes et persans. On en trouve le détail dans le grand ouvrage de Makkary (édition de Boulac, I, p. 115 et suiv.), d'après Hafiz el-Homaïdy, auteur d'une galerie des savants et des littérateurs arabes-espagnols. (Cf. Dozy, Introd. au Bayân al-Mogrib, p. 70.) Le conte rapporté par Ibn-Khordadbeh se lit également dans un des annalistes les plus graves de la conquête musulmane, Ibn-el-Kouthya, dont M. Cherbonneau a publié d'intéressants fragments (Journ. asiat. 1856, novembre-décembre, p. 434). [296] L'obscurité de cette théorie se complique du laconisme de l'auteur et de l'incorrection du texte. Je n'essayerai pas de discuter celle thèse entièrement étrangère à l'objet principal de mon travail: je me bornerai à rappeler que le cosmographe et naturaliste arabe Kazwîny a consacré un long paragraphe à l'élude des quatre éléments, de leurs combinaisons, etc. (édition Wüstenfeld, p. 89), ou l'idée fondamentale qu'on entrevoit à peine ici est développée avec une clarté satisfaisante. En ce qui concerne les caractères distinctes de chaque quart du monde, les définitions renfermées dans les quatre cases de la figure ci-jointe sont répétées presque mot pour mot dans le chapitre lxii des Prairies d'or (t. IV). Une seule différence, mais radicale, sépare les deux rédactions : Maçoudi applique à l'orient les caractères qui, selon Ibn-Khordadbeh, distinguent le midi. En s'orientant à la façon des musulmans, de manière à avoir le levant en face de soi, le midi à droite, etc. l'ordre indiqué par notre texte semble plus rationnel. [297] Sur les dimensions des pyramides, calculées par les Arabes, voir Abdellatif (p. 216). D'après les mesures du colonel Wyse, la grande pyramide de Khéops a 137 mètres de hauteur verticale et 227,30 m de largeur à chacune de ses bases; la hauteur de la face mesurée sur le plan incliné est de 173 mètres. [298] Makrizy, en copiant ce passage, lit « restes d'un plus grand nombre de colonnes » (voyez la note de S. de Sacy, Relation d'Abdellatif, p. 227). Ainsi que je l'ai dit en commençant (introduction, p. 17), l'historien arabe de l'Egypte devait avoir sous les yeux une rédaction plus complète et plus correcte que la nôtre. Il est difficile d'admettre qu'Ibn-Khordadbeh, malgré sa crédulité désespérante, ait attribué aux démons les deux colonnes d'Aïn-Chems, puisque, deux lignes plus loin, il fait remonter leur origine à Houcheng, le roi légendaire de la dynastie des Pichdadiens. [299] Ces mots me semblent une répétition inutile de la fin du paragraphe précédent. [300] J'ai séparé par des points ces phrases incohérentes, parce que je crois qu'il y a plusieurs lacunes dans le texte. On lit à la suite : « On ne trouve personne dont le teint soit coloré, » et, après un espace en blanc, « la fièvre y est endémique. » Ces lambeaux me semblent se rapporter, non pas à la ville de Moçoul, mais à une description perdue de la Susiane. Yakout (Dict. de la Perse, p. 60) parle à peu près dans les mêmes termes de la fièvre et des animaux nuisibles de ce pays. « On ne voit, dit-il en citant le témoignage d'Ahmed Hamadany, sur aucun visage le coloris de la santé, les fièvres de l'Ahvaz sont permanentes, etc. » [301] Je lis au lieu de qui n'offre pas de sens satisfaisant. Edriçy parle, lui aussi, du scorpion jaune nommé djerrareh. [302] Après cela vient une ligne illisible pour moi, suivie de quelques mots incohérents : « On trouve à Yatrib une racine odorante….. A Chiraz, ville du Fars…. une chanson agréable. » [303] Birouni place la source de l'Indus dans les montagnes d'Onnanak, sur les frontières du Turkestan. (Journ. asiat. septembre 1844). Cf. Burnes, I, 63 et 262.) [304] Lacune. (Voyez Aboulféda, II, 78.) [305] Cette dernière page nous est parvenue dans un état déplorable. Voici les mots qui doivent être ajoutés au texte pour lui donner un sens, p. 125, l. 4. Après il faut lire :
[306] C'est ainsi que je corrige, avec Aboulféda (II, 78), le groupe inintelligible . [307] Passage copié par Kazwiny, II, 169. Maçoudi, qui cite cette opimon de l'auteur pour la critiquer, nous fournit en même temps la preuve que, loin de se terminer aussi brusquement, ce chapitre renfermait une théorie complète de ta constitution du globe. « Il nous enseigne, dit Maçoudi, que les différentes parties du monde se touchent et tiennent ensemble, sans solution de continuité; que la surface de la terre offre tantôt des dépressions, tantôt des renflements considérables, etc. » A en juger par l'ensemble du chapitre, cette dernière partie devait être aussi peu développée et présentée avec la même sécheresse que le reste; on n'en trouve aucune trace ni dans la copie de Constantinople, ni dans celle d'Oxford. Cette dernière seule porte une date; elle a été terminée le jeudi 2 du mois de redjeb 632 (avril 1235 |