Apocryphes coptes

APOCRYPHES COPTES

LES ÉVANGILES DES DOUZE APÔTRES.

 

Traduction française : E. Revillout

Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

 

AVERTISSEMENT

 

 

La présente publication comprendra d'abord tous les apocryphes coptes du Nouveau Testament. Elle se divisera en plusieurs parties :

1° Les Evangiles apocryphes proprement dits.

2° Les vies de la Vierge, de saint Joseph, de saint Jean-Baptiste, de l'ensemble de la sainte famille en un mot.

3° Les vies des Apôtres.

4° Les diverses apocalypses non canoniques.

Tous les textes auront une double pagination dont l'une se réfère aux tomes de la Patrologie orientale dans lesquels ils paraîtront, l'autre à l'ensemble des apocryphes coptes.

Dans le volume actuel nous commencerons par l'Evangile inédit des douze Apôtres et par l'Evangile inédit de saint Barthélémy, avant d'en venir aux deux versions différentes des Acta Pilati ou Evangile de Nicodème, etc. Pour ce premier volume nous avons dû emprunter le caractère copte en usage à l'imprimerie Didot sans attendre celui que Mgr Graffin fait spécialement graver, sous notre direction, pour la Patrologia Orientalis : par suite nous avons été obligé d'imprimer le texte copte sans accents.

Nous avons utilisé entre autres les manuscrits coptes de Paris, 129/17 et 129/18 qui sont un agrégat de feuillets divers; nous avons donc donné un sigle particulier (A1, A2 etc., B1, B2 etc.) aux feuillets qui proviennent de manuscrits différents. On pourra ainsi constater que les fragments publiés par nous proviennent de vingt-neuf manuscrits.

Nous devons noter ici qu'un de nos élèves, M. Noël Giron, nous avait signalé et copié plusieurs des documents qui, soigneusement revus par nous, prendront place soit dans le volume actuel, soit dans les suivants.

E. Revillout.


 

INTRODUCTION

 

En dehors de l'Evangile de saint Pierre si célèbre dans les premiers siècles de l'Église[1] et dont M. Bouriant a édité un important fragment d'après un manuscrit grec que le grand paléographe Wessely date du temps de Dioclétien ou de Constantin, tous les Evangiles apocryphes qu'on a publiés jusqu'ici ont un cadre historique différent de celui dès Evangiles canoniques. Il n'en est pas de même pour l'Evangile des douze Apôtres[2] et pour celui de saint Barthélemy[3] dont j'ai à deux reprises trouvé et dont je vais donner ici des morceaux assez considérables et qui traitent l'un et l'autre des grandes périodes de la vie du Christ. Le plus important, sans contredit, est celui des douze Apôtres. Pour s'en assurer, on n'a qu'à consulter Origène.

Origène qui partait de l'idée courante, répétée encore par saint Jérôme[4] et qui faisait de l'Evangile selon les Hébreux, la forme hébraïque[5] primitive (un peu grossie) de l'Évangile selon saint Matthieu, considère l'Évangile selon les Égyptiens et l'Évangile des douze Apôtres comme les plus anciens évangiles apocryphes, peut-être antérieurs à saint Luc et visés par lui dans son prologue;[6] tous les autres sont pour lui postérieurs et, s'il n'admet pas historiquement ceux-ci à l'égal des évangiles canoniques, c'est que l'Église les a repoussés parce qu'ils n'étaient pas inspirés par le Saint-Esprit (ce que saint Jérôme[7] rendra plus tard par ces mots : « necesse est dicere extitisse quosdam qui sine spiritu et gratia Dei conati sunt magis ordinare narrationem quam historiae texere veritatem »). Ce serait donc comme émanant de contemporains d'une bonne foi douteuse et jugée telle par les chefs de l'Église que ces deux Évangiles seraient repoussés. Ceci devient la clef de voûte des systèmes de saint Jérôme, de saint Ambroise,[8] de Bède,[9] etc. Seulement les Pères les plus récents confondent avec les deux apocryphes fondamentaux les plus antiques (plus antiques même que l'Évangile de saint Pierre, visé ailleurs par Origène),[10] ceux qu'Origène nomme, dans ce même passage, en les en distinguant avec soin, tant au point de vue des dates qu'à un autre point de vue encore : Pour lui, il y a ceux qui ont voulu scribere et ceux qui ont voulu ordinare narrationem. Ceux qui ont voulu scribere, ce sont ceux qui ont essayé de raconter, à l'instar des Évangiles canoniques, les événements de la grande période de la vie du Christ dont ont traité Matthieu, Marc, Jean et Luc (ce que nous remarquerons dans l'Evangile des douze Apôtres et dans celui de saint Pierre cités par Origène, aussi bien que dans celui de saint Barthélémy qu'il ne paraît pas encore avoir connu[11]). Il y a aussi ceux qui ont voulu ordinare, c'est-à-dire ici composer et inventer, comme l'ont fait les auteurs des évangiles encore existants de saint Thomas et de saint Matthias sur l'enfance de Jésus et de Marie, que cite Origène dans le même passage, ou le proto-évangile, également connu depuis longtemps, de saint Jacques, ayant un sujet analogue et qu'Origène signale lui-même dans son commentaire sur saint Matthieu, comme d'ailleurs beaucoup d'autres Pères qu'il serait trop long d'énumérer.

Tout ceci est dans Origène parfaitement net, tandis que le mélange des divers apocryphes opéré par les Pères postérieurs (qui se sont pourtant surtout inspirés de lui) l'est beaucoup moins.

Origène voulait montrer qu'il fallait seulement s'attacher aux quatre évangiles canoniques pour les récits proprement évangéliques. Que lui importaient les autres, traitant d'autres sujets, même s'ils étaient déjà cités par Irénée, etc. C'était hors de la question et il n'en parlait secondairement que pour prouver l'audace grande de ceux qui avaient voulu inventer de tels évangiles. Voilà pourquoi, dans cette seconde partie, il cite d'abord celui de l'hérétique Basilide, avant d'en venir à ceux qui avaient été attribués à saint Matthias, etc.

Semblablement, à cause de l'importance capitale qu'avait, à côté de l'Évangile selon les Egyptiens, l'Evangile des douze Apôtres (rapproché ailleurs par saint Jérôme[12] de l'Evangile des Nazaréens ou selon les Hébreux et de l'Evangile hébreu de saint Matthieu se trouvant dans la bibliothèque de Césarée), les critiques allemands qui ont commenté les nouveaux fragments évangéliques coptes de Strasbourg ont semblé hésiter comme attribution entre ces deux textes, tout en penchant vers l'Évangile selon les Égyptiens. J'avoue que l'étude comparative de ces fragments de Strasbourg et des miens m'amène à une conclusion toute différente. Tous également me paraissent devoir être attribués à l'Évangile des douze Apôtres. En effet, l'Évangile selon les Égyptiens[13] comme l'Évangile selon les Hébreux[14] ne se permettait que de très légères intercalations par rapport aux récits canoniques. Il en était tout différemment de l'Évangile des douze Apôtres,[15] beaucoup plus suspect aux premiers Pères par conséquent, en dépit de sa date relativement très ancienne.

Nous remarquerons, d'ailleurs, dans ces nouveaux fragments que nous attribuons à l'Evangile des douze Apôtres, un ton de bonne foi historique et de simplicité qui est tout à fait étranger aux nouveaux fragments de l'Évangile gnostique et très apprêté de saint Barthélemy. Certains récits se rapprochent beaucoup, comme saveur spéciale, de ces Gesta Pilati que les Pères des second, troisième et quatrième siècles croyaient authentiques et dont Tischendorf a magistralement démontré l'existence actuelle dans la première partie de l'Évangile de Nicodème. L'un d'eux semble même faire suite, en quelque sorte, au 13e chapitre; et j'avais d'abord pensé à une partie perdue de ces Gesta Pilati. Mais si l'on rapproche ce récit des récits antérieurs de l'Évangile des douze Apôtres sur Pilate, songeant d'abord à faire roi le Christ, se brouillant à ce sujet avec Tibère, etc., on a grande tendance à voir dans la conversion de Pilate, après son instruction judiciaire sur le fait de la résurrection du Christ, une suite toute naturelle de ce premier Evangile, inspiré, du reste, par des traditions analogues à celles qu'on trouve dans les Gesta Pilati et dans la célèbre lettre de Pilate à l'empereur.

Il n'y a pas eu, je le répète, d'autre récit parallèle à celui des Évangiles canoniques en dehors des Gesta et des trois évangiles apocryphes signalés plus haut. Or les fragments des Évangiles de saint Pierre et de saint Barthélémy font toujours parler leurs auteurs prétendus à la première personne. Dans nos textes, saint Pierre et saint Barthélémy sont nommés à la troisième personne, ainsi que chacun des autres Apôtres. L'auteur supposé n'est donc pas un Apôtre. Mais, ainsi que cela avait été dit par les auteurs de la Bible de Vence pour l'Évangile des douze Apôtres —qui seul subsiste pour nous comme origine probable, — cet auteur prétendait avoir reçu ces traditions de tout le collège apostolique.

Quel était-il? — Lui aussi il parle souvent à la première personne, en semblant s'adresser aux chrétiens qui l'écoutent et qu'il interpelle parfois. Mais il ne se nomme qu'une seule fois et c'est justement dans le fragment relatif à Pilate juge d'instruction sur le fait de la résurrection. Là il dit : « Moi Gamaliel, je le suivais (Pilate) au milieu de la foule. » Le docteur de la loi Gamaliel est cité par les Actes des Apôtres comme ayant pris la défense des disciples du Seigneur devant les prêtres juifs (Actes, v, 34-39). Il est indiqué aussi comme ayant été le maître de saint Paul (Actes, xxii, 3). La tradition en fait donc un converti : et cette tradition n'est pas seulement une tradition chrétienne, mais une tradition juive. En effet M. Lowe dans son « Fragment of Talmud Babli, Psachim » et M. Nicholson dans son « Gospel according to the Hebrews » ont attiré l'attention sur un fragment très intéressant du Talmud de Babylone (Shabbath) relatif à Imma Shalom (= Salomé), fille de Rabbi Éliézer (ben Hyrcanus) et sœur de Rabban Gamaliel le jeune. Le Rabban Gamaliel en question qui fut président du sanhédrin entre l'an 70 et l'an 82 de Jésus-Christ après la destruction de Jérusalem, à propos d'un cas particulier à sa sœur, opposait ou faisait opposer la loi juive de Moïse qui refusait tout droit d'hérédité aux femmes, à une autre loi récente qui mettait la fille et le fils sur le même pied. On donnait la préférence à cette dernière (la loi chrétienne) et on citait deux textes qu'on a crus tirés de l'Évangile selon les Hébreux et qui ont pu fort bien être tirés de l'Évangile des douze Apôtres rédigé par l'ancien Gamaliel (celui des Actes). On comprendrait très bien en effet comment devant Gamaliel le jeune on aurait cité (selon une tradition juive évidemment postérieure) un évangile émanant de sa famille et que justement — du moins pour certains passages — saint Jérôme rapproche de l'Évangile des Nazaréens ou des Juifs convertis.

Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, l'auteur qui a rédigé la plupart de nos fragments semble préoccupé par l'idée de montrer l'affection du Christ pour tous ses apôtres, de détailler les bénédictions dont il comble chacun d'eux, séparés ou réunis, bref de mettre le plus possible en lumière le corps apostolique, ce qui convient bien à un évangile des douze Apôtres. Si même on admet cette hypothèse — vers laquelle j'incline de plus en plus maintenant — que, tout en suivant généralement le cadre historique des évangiles canoniques, l'auteur de notre texte ait voulu ne pas s'arrêter à la résurrection du Christ, mais prolonger son récit jusqu'à l'assomption de Marie, arrivée quinze ans après selon la tradition, pour rapprocher, en quelque sorte, ces deux miracles, nous trouverons à la fin de ce récit la déclaration expresse, qui est censée faite collectivement par les apôtres à Gamaliel, que tout ce qu'ils ont raconté, ils l'ont vu de leurs propres yeux, déclaration analogue à celle que fait ailleurs Gamaliel, selon un passage déjà reproduit.

Il va sans dire qu'à notre avis rien de tout cela ne remonte effectivement jusqu'aux apôtres et jusqu'à Gamaliel l'ancien;[16] mais les récits très circonstanciés de l'Évangile en question ne nous donnent pas moins de curieuses traditions devant avoir été écrites dès le second siècle, comme les Gesta Pilati, etc., puisque dès le troisième, Origène en fait un apocryphe très ancien pouvant être antérieur à l'œuvre de saint Luc (que saint Jérôme, avec preuves à l'appui, nous représente comme le disciple et le secrétaire de saint Paul, soit pour son Évangile, soit pour les Actes des Apôtres).

Dans les premiers fragments publiés par moi et que viennent compléter d'autres morceaux, il est question d'un certain Carius envoyé par Tibère pour nommer un nouveau tétrarque, alors que, selon les Evangiles canoniques, on cherchait Jésus pour le faire roi. M. Robinson a pensé que Carius représentait le Quirinus de l'Evangile de saint Luc (II, 2). Je penserais plutôt y voir Caïus qui, d'après Tacite, fut envoyé par Tibère pour pacifier l'Arménie et y installer un roi de son choix. D'après un autre fragment qui doit être antérieur, Tibère avant de penser à la nomination d'un tétrarque devant remplacer Philippe, aurait reçu d'Hérode des dénonciations contre son frère et il aurait ordonné de s'emparer des biens de Philippe, en ne lui laissant que sa vie, celle de sa femme et celle de sa fille. Est-ce en exécutant cet ordre qu'Hérode se serait emparé de sa belle-sœur et de sa nièce? La chose est douteuse ; mais toute cette affaire du remplacement de Philippe par Jésus qui, grâce au consentement de Pilate, aurait brouillé ce dernier avec Hérode, semble aussi visée par le fragment récemment retrouvé de l'Évangile de saint Pierre qui raconte la réconciliation de Pilate et d'Hérode, lors de la passion. C'étaient donc là des légendes alors courantes, comme celle qui se rapporte à la conversion définitive du prêtre Gamaliel, qui aurait eu lieu soit après l'instruction de Pilate sur la résurrection du Christ à laquelle Gamaliel aurait assisté, soit, ce qui me paraît moins probable, lors de l'Assomption de la Vierge, si l'on assimile Gamaliel au grand prêtre converti dont il parlerait et qui déjà antérieurement, au moment de la passion, aurait défendu saint Pierre contre la portière de la maison de Caïphe. Rien n'indique, en effet, dans les Actes des Apôtres, la conversion complète de ce docteur bien intentionné quand il prit la défense des chrétiens devant ses collègues.

Les apocryphes de cette époque s'inspirent ainsi sans cesse des textes sacrés, qu'ils combinent assez habilement avec leurs affirmations.

Parfois même, notre texte cite expressément « l'Evangile », c'est-à-dire un des évangiles canoniques. Il n'a donc pas la prétention de se substituer à eux et, disons-le, en dehors de certaines tendances très discutables vers le docétisme qu'aurait eues également, selon les Pères, l'Evangile de saint Pierre, cet évangile des douze Apôtres, si net quand il parle de l'infaillibilité pontificale, paraît, d'ordinaire, être fort orthodoxe. Les passages mêmes qui, pour l'incarnation, peuvent s'interpréter dans le sens des docètes, sont souvent corrigés plus loin par le contexte. Ainsi, Jésus habite, cela est vrai, avec les séraphins dans le sein de la Vierge, niais il n'en devient pas moins homme, etc.

— Au point de vue de l'orthodoxie, nous n'avons pas de semblables hésitations pour l'Evangile de saint Barthélémy, très gnostique et faisant suite aux textes gnostiques qu'ont analysés saint Irénée, saint Epiphane, l'auteur des Philosophumena, etc.

Ajoutons que si, dans l'Évangile de Nicodème, nous trouvons des phrases hébraïques interprétées en grec, de semblables traductions, s'appliquant, cette fois, à la langue céleste, se rencontrent sans cesse ici.[17] Il est vrai qu'Origène a beaucoup insisté sur ces fragments de langues inconnues, usitées jusque dans les incantations, etc. Mais Origène était devenu, lui aussi, un gnostique, et admettait, des puissances célestes, des dieux païens, pouvant se convertir, de véritables éons analogues à ceux de notre Evangile de saint Barthélémy et des documents valentiniens.

Comme l'Evangile de saint Barthélémy, du reste, il croyait à la conversion et à la libération des damnés.

Dans notre texte, Jésus les emmène tous au ciel, excepté Caïn, Judas et Hérode. L'histoire de la mort de Judas est ici fort curieuse.

On remarquera aussi la distinction nettement établie entre Marie, sœur de Marthe, et Marie Madeleine à propos du récit de la résurrection et de l'entrevue de la mère du Sauveur avec son Fils.

Pour cette entrevue même et la substitution de la Sainte Vierge Marie à Madeleine l'auteur s'est inspiré de l'Évangile des douze Apôtres, certainement de beaucoup antérieur.[18]

E. Revillout.

 


 

I

ÉVANGILE DES DOUZE APÔTRES

1er FRAGMENT[19]

(Hérode), lui aussi, était tétrarque sur la Galilée. Enfin, Satan entra en lui. Il se leva. Il alla près de l'empereur Tibère. Il accusa Philippe près de lui à savoir : ………….

[Cet empereur] se fâcha beaucoup disant : « Voilà donc que tout l'univers est soumis à ma puissance depuis le temps où Dieu a donné ces choses entre les mains de mon père Auguste. Et Philippe excitera des séditions contre ma royauté et ma grande puissance. Je ne le permettrai pas, moi. » Et il ordonna : ……………………………………….

tu confisqueras Philippe, tu lui enlèveras sa maison. Tu te saisiras de ses serviteurs, de ses bestiaux, de toutes ses richesses, de tout ce qui est à lui et tu m'enverras ces choses au siège de mon empire. Tous ses biens, tu les compteras pour moi et tu ne lui laisseras rien, si ce n'est sa vie, celle de sa femme et (celle de sa fille). »

[Voici ce que Tibère dit] à l'impie Hérode.

Il alla, ainsi que ceux qu'on avait envoyés avec lui. Il prit Philippe sans qu'il sût rien et sans qu'il connût l'affaire [pour laquelle on le traitait ainsi].

2e FRAGMENT[20]

«... Mes amis. » Avez-vous vu, ô mes frères, de seigneur comme celui-ci, aimant ses apôtres, leur promettant son royaume pour qu'ils mangent et boivent avec lui sur la table de son royaume? Depuis qu'il était sur la terre, il mangeait avec eux sur la table de la terre, en leur rappelant la table de son royaume; car il comptait pour rien les choses du monde.

Si tu veux savoir, écoute, je t'enseignerai. Est-ce que Dieu n'a pas aimé ses apôtres — eux tous? Ecoute Jean l'Évangéliste témoignant que le Christ a prié son Père pour eux « pour qu'ils soient un, comme nous sommes un[21] ».

Tu veux savoir la vérité : il les a choisis les douze pour qu'ils fussent…………………………………… ……………………………………………………. sur eux en disant : « J'ai pitié de cette multitude, car voilà trois jours qu'ils restent près de moi et ils n'ont pas de quoi manger. Je ne veux pas les renvoyer ayant faim, de peur qu'ils ne manquent de force en route. »

André lui dit : « Seigneur, où trouverons-nous du pain dans ce lieu désert, car... » ……………………..

Jésus dit à Thomas : « Va près de cet homme. Il a cinq pains d'orge en sa main et deux poissons. Apporte-les-moi ici. »

André dit : « Maître, ces cinq pains que feront-ils pour une si grande multitude? »

Jésus lui dit : « Apportez-les-moi et cela suffira. »

Ils allèrent. Ils amenèrent le petit enfant auprès de Jésus et il l'adora à l'instant. Il lui apporta les pains et les deux poissons.

L'enfant dit à Jésus : « Maître, j'ai pris beaucoup de peine pour ceux-ci. »

Jésus dit à l'enfant : « Donne-moi les cinq pains dont tu es le dépositaire; car ce n'est pas toi qui sauves du besoin cette multitude, mais c'est un dessein providentiel pour que tu voies une chose admirable dont le souvenir ne disparaîtra pas à jamais et une nourriture dont ils seront rassasiés. »

Jésus prit les pains. Il rendit grâces sur eux. Il les divisa. Il les donna à ses apôtres pour qu'ils les apportassent aux multitudes.

Judas fut le dernier qui participa aux pains.

André dit à Jésus : « Maître, Judas n'a pas reçu d'héritage dans les pains quand il est venu pour les donner à ces multitudes ; et tu (as voulu) que nous donnions... »

(Jésus dit :) « ... ta parole; car celui auquel je n'ai pas donné le partage des pains de mes mains n'est pas digne du partage de ma chair. Et du reste il ne se soucie pas du don aux pauvres, mais se soucie seulement de la bourse. — C'est un mystère de mon Père qui a trait au partage de ma chair. »

Alors il les bénit disant : « Mon Père, racine de toute bonté, je te prie de bénir ces cinq pains d'orge pour qu'ils rassasient toute cette multitude, afin que ton fils reçoive gloire en toi et que ceux que tu as tirés à lui hors du monde lui obéissent. »

Alors sa parole devint à puissance. Sa bénédiction pénétra dans les pains entre les mains des apôtres. Et le peuple entier mangea et fut rassasié. Ils bénirent Dieu.

Vous avez vu, ô mes bien-aimés, l'amour de Jésus pour ses apôtres; car il ne leur a rien caché dans les œuvres de sa divinité : une fois dans la bénédiction des cinq pains d'orge; une fois dans l'action de grâces à son Père; une fois en rendant grâce pour les sept pains.

Thomas dit à Jésus : « Mon Seigneur, voici que toute grâce tu as faite avec nous dans ta bonté. Il y aune seule chose que nous voulons que tu nous accordes : nous voulons, mon Seigneur, voir des morts reposant dans les tombeaux que tu aies ressuscites : cela comme signe de ta résurrection qui aura lieu pour nous. Nous savons, Seigneur, que tu as ressuscité le fils de la veuve de Naïn. Mais autre chose est le miracle de ce moment-là, car tu les as trouvés marchant avec lui (le mort) dans le chemin. Nous voulons voir des ossements qui se sont disjoints dans le tombeau, comment ils s'y réuniront l'un à l'autre, en sorte que les (morts) puissent parler. »

Jésus dit à Thomas : « Thomas, mon ami, interroge-moi, ainsi que tes frères, au sujet de toutes choses que tu désires. Je ne vous cacherai rien, en sorte que tu voies, que tu palpes et que ton cœur soit affermi. Si tu désires voir des gens dans le tombeau qui ressuscitent, c'est avec raison que tu cherches un signe de la résurrection, car je vous ai répondu disant : Je suis la résurrection et la vie; si le grain de froment ne meurt pas, il ne donne pas de fruits. Si, vous aussi, vous ne voyez pas de vos yeux, votre cœur n'est pas affermi. Ne vous ai-je pas dit : Bienheureux ceux qui n'ont pas vu et qui croient bien plus que ceux qui ont vu et qui ne croient pas. Vous voyez combien j'ai fait de miracles et de prodiges devant les Juifs et ils n'ont pas cru en moi.

Maintenant donc, ô mes frères, vous connaissez Lazare, l'homme de Béthanie qu'on nomme mon ami : voilà quatre jours que je reste auprès de vous et que je ne suis pas allé prendre des nouvelles de ses sœurs; car voilà quatre jours que Lazare est mort. Allons auprès de lui pour les consoler à cause de leur frère Lazare. Didyme, viens avec moi. Allons à Béthanie. Je te montrerai le type de la résurrection du dernier jour dans son tombeau, afin que votre cœur s'affermisse ; car je suis la résurrection et la vie. Viens avec moi, Didyme; je te montrerai les os qui se sont disjoints dans le tombeau se réunissant de nouveau ensemble. Viens avec moi, Didyme; je te montrerai les yeux de Lazare qui se sont creusés (vidés) par la pourriture et ont laissé la lumière. Viens avec moi, Didyme, jusqu'à la montagne de Béthanie; je te montrerai la langue de Lazare qui s'est liquéfiée par la corruption et qui parlera avec toi encore. Viens avec moi, Didyme, jusqu'au tombeau de Lazare, pour que tu voies la destruction des os et de sa sépulture (de son corps enseveli) que les vers ont rongé et ce qui lui advient à ma voix quand je l'appelle. Viens avec moi, Didyme, jusqu'au tombeau de Lazare, alors que voilà quatre jours qu'il est mort, et je le ressusciterai vivant encore. Tu cherches le signe de la résurrection, Thomas; viens et je te le montrerai dans le tombeau de Lazare; tu cherches à voir des os adhérer de nouveau les uns aux autres ; viens avec moi au tombeau de Lazare pour les voir allant et venant sur la porte de son tombeau. Tu cherches des mains qui s'étendent; viens, je te montrerai les mains de Lazare liées de leurs bandelettes, enveloppées par les linceuls, qui s'en élèveront là, sortant du tombeau. Didyme, mon ami, viens avec moi au tombeau de Lazare; car ma bouche désire ce que tu as pensé. Voilà aujourd'hui le quatrième jour pour Lazare. Marthe et Marie m'attendent pour que j'aille les visiter à cause de leur frère. »

Telles sont ces choses que Jésus dit à ses Apôtres.

Didyme prit son élan. Il lui dit : « Monseigneur, comment donc irons-nous là, alors que les Juifs cherchent à te lapider? »

Il dit cela, parce qu'il était affligé de la parole que Jésus avait dite à propos de Lazare et afin de ne pas y aller.

Jésus lui dit : « Didyme, celui qui marche dans la lumière ne trébuchera pas. »

Jésus dit cette parole à Thomas pour le consoler, parce qu'il avait vu qu'il était affligé au sujet de la mort de Lazare.

Après tout cela, il arrivait presque à la porte du tombeau de Lazare que sa sœur vint à sa rencontre en ce lieu. Elle lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort, car tu es la résurrection, ressuscitant les morts. Je te connais depuis ton enfance, ainsi que mon frère Lazare. »

Jésus lui dit : « Tu crois cela, à savoir que je suis la résurrection, ressuscitant les morts et la vie de quiconque? »

Marthe lui dit : « Oui, Seigneur, je crois. »

Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »

Ils disaient ces choses, Marthe et Marie étant avec Jésus. Ils vinrent au tombeau de Lazare, Jésus marchant devant les Apôtres.

Il leur dit : « Enlevez la pierre de là, afin que toi, Thomas, tu voies le témoignage semblable à la résurrection des morts. »

En cet instant Thomas pleura devant Jésus, disant : « Tu as reçu cette fatigue, tu es venu au tombeau d'un mort à cause de mon incrédulité. Que ta volonté soit faite sur moi et que ce tombeau me reçoive jusqu'au jour de ta résurrection. »

Jésus sut que Thomas s'affligeait. Il lui dit, avec une voix joyeuse et une parole de vie : « Thomas, ne t'afflige pas. Ce que je fais, tu ne le sais pas. Est-ce que c'est une peine de prendre une pierre de là pour un ami qui est enfermé dans le tombeau afin qu'il ressuscite et sorte? Ne t'afflige pas, ô Thomas. Je te l'ai dit, ôte la pierre de là, afin qu'un témoignage de résurrection apparaisse dans un tombeau de mort. Ne t'afflige pas, ô Thomas. Je te l'ai dit : ôte la pierre de là, pour ressusciter le mort. Ouvre la porte du tombeau et je ferai sortir celui qui est mort. Ote la pierre de là, pour que je donne la vie à celui qui dort dans ce tombeau. Enlève la pierre, Thomas, afin que celui qui est mort trouve le chemin de sortir du tombeau. Si je t'oblige, Thomas, à ôter la pierre, ce n'est pas parce que je n'ai pas le pouvoir de faire sortir Lazare, alors que la pierre ferme (le tombeau). Oui, j'ai pouvoir pour toute chose. Mais si tu enlèves la pierre, ô Thomas, le tombeau sera manifeste en sorte que tous les hommes le verront et verront le mort comme il dort. Et est-ce que quand tu enlèves la pierre, ô Thomas, c'est pour que la mauvaise odeur sorte et que la pourriture et les vers apparaissent, comme cela a lieu pour tous les morts? Non ! à Dieu ne plaise ! »

Après cela, Jésus dit à Marie : « Tu crois que ton frère ressuscitera? »

Elle dit : « Oui, Seigneur, je le crois. Déjà il sent mauvais; car voilà quatre jours qu'il est mort. Mais je crois que tu peux toute chose. »

Jésus se tourna vers Thomas et lui dit : « Viens et vois les os du mort qui reposent dans le tombeau avant que je ne les ressuscite. Viens avec moi, ô Thomas, et vois les yeux qui se sont liquéfiés avant que je ne leur rende de nouveau la lumière. Viens avec moi, ô Thomas, et vois celui qui dort, comment il est placé, avant que je ne le fasse se lever de nouveau. Viens, Thomas, place la foi en toi à mon égard et crois que j'ai puissance pour toute chose. Marthe et Marie, affermissez votre cœur, et toi (Thomas), place la foi en toi plus que Marthe et Marie qui m'ont rendu témoignage en disant : Oui, tu as puissance pour tout. »

Jésus dit cela ; puis il cria disant : « Mon Père, mon Père, racine de toute bonté, je te prie; car le moment est venu de donner gloire à ton Fils, afin que tous connaissent que c'est toi qui m'as envoyé pour cela. Gloire à toi à jamais! Amen. »

Après que Jésus eut dit ces choses, il cria, disant : « Lazare! viens dehors! »

A cet instant la montagne tourna comme une roue. Les morts ressuscitèrent et sortirent à cause de la voix de Jésus qui avait appelé : « Lazare ! viens dehors. »

A cet instant Lazare vint dehors, enveloppé de bandelettes et la face liée d'un suaire. Sa tête était attachée par des kuria.

Jésus dit : « Déliez-le et laissez-le aller. »

Lorsque Lazare vit Jésus debout devant la porte de son tombeau, il se prosterna, il l'adora. Il cria, disant : « Sois béni, Jésus à la voix duquel tremble l'Amenti (l'enfer égyptien, séjour des morts) et qui m'as appelé, toi dont tous ceux qui sont dans l'Amenti désirent voir la lumière de sa divinité ; sois béni, toi dont la voix est résurrection, parce que c'est toi qui jugeras le monde entier. »

Voilà ce que disait Lazare à Jésus et la multitude courait pour le voir.

Jésus donc vit que la multitude se pressait pour le voir, ainsi que Lazare. Quelques-uns appartenant à sa race (à sa gens) serraient celui-ci dans leurs bras. Quelques-uns lui faisaient visite. Ses deux sœurs baisaient sa bouche. Enfin il y avait de grands cris dans la montagne de Béthanie. Quelques-uns poussaient des cris de joie. Quelques-uns confessaient, disant : « Il n'y eut jamais d'homme comme cet homme dans Israël. » D'autres : « Nous croyons à ceci qu'il y a résurrection dans ce que nous avons vu dans le tombeau de Lazare aujourd'hui. » Ils se réunissaient autour de Lazare, comme les abeilles sur le rayon de miel, à cause du miracle qui avait eu lieu.

Enfin Lazare ne lâchait pas les pieds de Jésus, les embrassant et rendant témoignage à la multitude en disant : « La résurrection des vivants et des morts est Jésus. Qu'est la théorie (la procession sacrée) de ce lieu devant la théorie de l'Amenti au moment où il appela mon nom à la porte de mon tombeau en disant : « Lazare, viens dehors? » Je le dis, à ce moment mon père Adam reconnut sa voix, comme s'il était à la porte de l'Amenti à m'appeler. Il passa un moment l'oreille inclinée du côté de la voix, pensant qu'elle l'appelait. Et il rendit témoignage — Adam — en ces termes : « Cette voix que j'ai entendue est celle de mon créateur. Cette voix que j'ai entendue est celle de mon garant (fide jussor). Cette voix est celle de celui qui était ma gloire quand il m'appelait dans le paradis. Où est-il le moment où il avait coutume de venir dans le paradis pour m'appeler? Quel est le bon fils que mon créateur appelle par son nom en disant : Lazare, viens dehors? Je t'en prie, mon fils Lazare, jusqu'auquel la miséricorde du Tout-Puissant est descendue : va dehors. Porte mes salutations à mon Créateur, ô mon fils Lazare. Ah ! en quel temps pourrai-je, moi aussi, entendre cette voix de vie m'appelant. »

Telles étaient les choses, que Lazare disait à la multitude, alors qu'il était prosterné aux pieds de Jésus.

Le bruit en parvint jusqu'aux grands des Juifs, à savoir : « Jésus a fait ce miracle le jour du sabbat ». Ils vinrent pour voir Lazare et pour lapider Jésus.

Or il arriva que ces jours-là dans lesquels Jésus ressuscita Lazare, un grand de Galilée était venu trouver Hérode au sujet de l'administration (du soin) qui leur incombait des contrées de Philippe, lequel Philippe on avait accusé devant l'empereur comme les ayant dévastées, sous le prétexte de sa femme qu'Hérode lui avait enlevée.

Carios (Caius) donc, le grand de l'empereur, quand il eut entendu les miracles que Jésus faisait, s'empressa d'aller près de lui et le vit. Alors Carios apporta des nouvelles de Jésus. Il dit à Hérode : « Celui-là est digne d'être fait roi sur toute la Judée et sur toutes les contrées de Philippe. »

Lorsque Hérode entendit ces choses au sujet de Jésus, à savoir : « il est digne d'être fait roi », il fut fort en peine et il dit de grandes accusations par derrière Jésus, en ajoutant : « Nous ne voulons pas qu'il soit roi sur la Judée. » Il réunit aussi tous les grands des Juifs. Il leur dit ce que Carios pensait au sujet de Jésus pour le faire roi. A cet instant Hérode leur ordonna, disant : « Celui qu'on trouvera consentant à cette chose sera mis à mort par le glaive et l'on se saisira de toutes les choses qui sont dans sa maison. »

Anne et Caïphe, les grands des Juifs, se réunirent à Carios, le grand de Tibère l'empereur. Ils établirent des paroles de mensonge et des témoignages faux, qui ne tenaient pas, contre Jésus : et cela depuis sa naissance jusqu'à la fin. Quelques-uns portaient que c'était un magicien, d'autres qu'il avait été engendré par une femme, d'autres qu'il rompait le sabbat; d'autres qu'il détruisait la synagogue des Juifs.

A cet instant il (Carios) envoya chercher Joseph et Nicodème qui étaient, eux aussi, des grands des Juifs ; et ceux-ci ne furent pas d'accord avec eux pour leurs accusations menteuses; mais ils dirent des paroles de bénédiction sur Jésus.

Lorsque Hérode apprit les choses faites par Joseph et Nicodème, il entreprit de les jeter en prison pour les tuer parce qu'ils n'avaient pas fait cette tromperie mauvaise : cela aurait eu lieu, s'ils n'avaient averti Carios de cette ruse d'Hérode.

Il (Carios) réunit les grands des Juifs. Il jura devant eux, disant : « Par le salut de l'empereur Tibère ! si un mal arrive à Joseph et à Nicodème, le glaive de l'empereur vous fera tous périr et on brûlera votre ville. »

Lorsque eurent eu lieu ces choses, Hérode demanda à chacun des grands des Juifs une livre d'or. Il réunit une grande somme. Il la donna à Carios pour qu'il ne fît pas (parvenir) la renommée de Jésus devant l'empereur Tibère.

Carios reçut l'argent de la main d'Hérode et il ne transmit pas l'affaire à César.

Joseph, quand il vit que les Juifs le poursuivaient, sortit de Jérusalem et alla à Arimathie.

Quant à Carios, il envoya auprès de l'empereur l'apôtre Jean qui lui dit toute chose au sujet de Jé3us. L'empereur Tibère accorda de grands honneurs à Jean et il écrivit au sujet de Jésus qu'on le prît pour le faire roi, selon ce qui est écrit dans les Evangiles, à savoir : « Notre-Seigneur Jésus, lorsqu'il sut qu'on venait pour le saisir et le faire roi, s'écarta dans un lieu tout seul.[22] »

Les jours de sa retraite étant écoulés, il appela les Apôtres. Il leur dit : « Mes frères, voici que les jours de ma sortie hors de ce monde sont près d'être accomplis. Ceux que mon Père m'a accordés, je vous les ai accordés. Je ne vous ai pas laissés sans vous enseigner toutes les choses que vous désiriez.

« Toi Pierre, tu gouverneras la foule de tes frères. Viens près de moi sur cette pierre, que je te bénisse et que je te fasse ἐνομαστος (ὀνομαστός célèbre?) sur le monde entier. Ta tête ne te fera pas de tourment, tes yeux ne se sépareront pas de la lumière dans le sommeil. Ton ongle ne te sera pas enlevé. Ta chevelure ne s'en ira pas. La pourriture du tombeau ne détruira pas ton corps à jamais. Le prurit de ta chair ne reviendra pas dans ta chair à jamais. Courbe ta tête, ô Pierre. La droite de mon Père est élevée sur toi pour t'ordonner archevêque. Que les vingt-quatre vieillards remplissent leurs phiales de parfums et les versent sur ta tête, ô Pierre, pour t'ordonner archevêque. Que les quatre animaux me fassent bénédiction ainsi qu'à mon Père et qu'ils disent le trisagios; car on va ordonner aujourd'hui mon élu Pierre archevêque. O vous quatre éons de lumière, ouvrez-vous, car la puissance de mon Père viendra en vous pour habiter dans la bouche de mon élu Pierre. Trésors célestes et lieux d'habitation de mon royaume, réjouissez-vous aujourd'hui; car on donnera vos clefs à mon élu Pierre. Puissances et Dominations du ciel, réjouissez-vous; car j'ai donné une puissance qui ne passera pas à la langue de Pierre. Trônes et seigneuries, réjouissez-vous aujourd'hui; car je donnerai une paternité à mon élu Pierre sur (avec) des milliers de peuples à jamais. Terre entière, réjouis-toi, car j'ai donné la puissance de délier à un homme miséricordieux et prêt à délier. Paradis, réjouis-toi aujourd'hui et répands tes parfums, car je revêtirai Pierre d'une étole (στολή) sans tache à jamais! Amenti (enfer), tu prends deuil aujourd'hui ainsi que tes puissances; car j'ai promis à Pierre un testament éternel, parce que je bâtirai (sur lui) mon Église et les portes de l'enfer ne pourront rien contre elle. »

Ces choses, Jésus les dit, tandis que Pierre était sur la montagne. Il dit : « Simon Pierre, dis-moi : Qui suis-je? »

Et à cet instant Pierre regarda au ciel. Il vit les sept cieux ouverts. Il vit la gloire du Père et les armées célestes qui descendaient sur la terre à cause de son ordination. Et il vit la droite du Père bon venant sur sa tête d'une seule venue (ou d'une seule ressemblance?) avec le Fils, tous les deux le revêtant du Saint-Esprit, et lorsque, seul, il l'eut contemplé, à cet instant, il poussa un cri, se précipita à terre en disant : « Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant. »

Jésus lui dit : « Tu es heureux, Simon Bariona, car la chair et le sang ne t'ont pas révélé ces choses. Maintenant donc, écarte-toi pour que je donne la puissance de ma langue à ta langue pour lier et délier. »

Alors il plaça sa main sur sa tête : et toutes les armées célestes dirent le trisagios de sorte que les éons qui étaient sur la montagne criaient avec eux : « Saint, saint, saint l'apa Pierre grand prêtre! »

Lorsque Pierre eut reçu ce grand honneur, son visage s'illumina. Il resplendit comme le soleil, devant les apôtres, comme un Moïse de ce temps.

Jésus, lorsqu'il vit les apôtres ayant leur cœur humilié en eux. ………………………………………

3e FRAGMENT[23]

………………………………………………… sur la tête de Pierre. Il le bénit — le Père — en disant : « Tu seras dans les sommets de mon royaume. Tu seras très élevé à la droite de mon Fils. Celui sur lequel tu élèveras la main sur la terre, moi, mon Fils et l'Esprit saint élèverons la main sur lui. Ce que tu délieras sur la terre, nous le délierons dans le ciel, et ce que tu lieras, nous le lierons. Personne ne sera aussi élevé que toi et ton siège, et celui qui ne participera pas à ton siège (ou : qui ne sera pas en communion avec toi), sa main sera rejetée et non acceptée. Ton souffle (esprit) viendra du souffle (esprit) de mon Fils et de l'Esprit saint, de sorte que tout homme que tu baptiseras et au visage duquel tu souffleras (par la confirmation) recevra l'Esprit saint au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »

Les chérubins, les séraphins et tous les anges répondirent : « Amen. » « Et il bénit André en disant : « Tu seras une colonne de lumière dans mon royaume, Jérusalem, ma ville bien-aimée. Amen.

« O Jacques, toute ville où tu entreras, tu m'y verras ainsi que mon Fils avant que tu n'y prêches. Amen.

« Toi, Jean mon bien-aimé, le lien qui est lié sur le cœur de mon Fils, ton esprit et celui de mon Fils et le mien, il n'y a pas de séparation entre eux. Mais tu seras béni dans le royaume. Amen.

 « Toi, Philippe, en toute ville où tu entreras pour y prêcher le verbe de mon Fils, sa croix restera marchant avec toi jusqu'à ce qu'ils croient en toi. Amen.

« Toi, mon élu Thomas, ta foi sera un aigle de lumière qui volera dans tous les pays jusqu'à ce qu'ils croient au nom de mon Fils par toi. Amen.

« O Barthélémy, ton âme sera le lieu de séjour et d'habitation des mystères de mon Fils. Amen.

« Toi aussi, Matthieu... »

4e FRAGMENT[24]

« Rien ne peut être impossible pour vous dans le transport même des montagnes. Maintenant ayez foi dans l'amour de mon Père, car la perfection de toute chose, c'est la foi. »

Toutes ces choses, le Sauveur les disait aux apôtres pour les consoler sur la montagne; car il connaissait ce qui était répandu à son sujet dans la Judée par les puissances qui étaient venues pour l'enlever pour le faire roi. Les messagers de Théophile vinrent jusqu'à Jésus. Ils l'avertirent, disant qu'on cherchait après lui, voulant le faire roi. Les apôtres dirent à Jésus : « Notre Seigneur, c'est une joie pour nous qu'on te fasse roi. » Jésus leur dit : « Est-ce que je ne vous ai pas dit souvent que mon royaume à moi n'est pas de ce monde? Ne mettez pas la joie dans votre cœur pour le royaume de ce monde, ô mes frères les apôtres! N'est-il pas pour un temps? Est-ce que j'ai établi cela avec vous, ô mes membres saints et mes frères : de manger avec vous sur la table d'un royaume de ce monde? Mon royaume à moi demeure éternellement dans le ciel et sur la terre. »

Ces choses et d'autres encore, Jésus les disait à ses disciples, caché sur la montagne parce qu'on le cherchait pour le faire roi. Et les autorités de Tibère, avec Pilate aussi — firent acte de puissance une seconde fois au sujet de Jésus pour le faire roi. Pilate les approuva beaucoup en disant : « Vraiment, d'après les miracles et les prodiges que fait cet homme, il mérite d'être fait roi sur toute la Judée et les contrées qui en dépendent; d'après les choses que j'ai entendues de cet homme, il est bon et digne d'être fait roi. » Voilà ce que disait Pilate devant les autorités de Tibère l'empereur.

Hérode ne put supporter cela sans mépriser Pilate. Il dit : « Tu es un Pontus Galiléen, étranger, égyptien. Tu ne connais rien à la loi. Tu n'es d'ailleurs pas resté assez longtemps praeses en cette ville pour connaître les œuvres de cet homme. » Hérode lui dit : « Quiconque va contre les ordres du roi irrite le roi. Non! Il ne me convient pas, à moi, que Jésus soit roi sur la Judée. »

Et alors il y eut une inimitié entre Hérode et Pilate au sujet de Jésus depuis ce moment.

Cette parole se répandit et devint célèbre dans toute la Judée : « Jésus, roi des Juifs. » Et (c'est pourquoi) Pilate écrivit le rapport sur Jésus et fit sur la croix cette inscription : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. »

Lorsque Hérode entendit ces choses, il resta encore plus fixé dans sa manie contre Jésus, disant : « Mon père mourut dans l'aversion de Jésus dès l'enfance de celui-ci. Moi, je ne me laisserai pas mourir, celui-ci vivant. » Il donna beaucoup de richesses aux puissances et les envoya auprès de l'empereur et il organisa une conspiration perfide dans toute la Judée.

Notre-Seigneur Jésus connaissait toute chose qui se préparait contre lui. Il dit à ses disciples : « Le diable a préparé (versé) un calice de ruse pour me faire crucifier. Maintenant donc, mettez tous mes mystères dans vos oreilles. Je ne vous ai laissés manquer de rien dans les mystères de mon royaume. Je vous ai donné toute puissance dans le ciel et sur la terre. Je vous ai donné force et pouvoir sur les serpents et les scorpions, qui sont sous votre autorité. Maintenant, levez-vous. Sortons de ce lieu; car Hérode cherche après moi pour me faire mourir. »

Notre-Seigneur Jésus descendit de la montagne avec ses disciples.

Voici que le diable se présenta devant eux sous la forme d'un pécheur. Beaucoup de démons le suivaient portant une multitude de filets, de pièges, d'hameçons et de crochets, jetant les filets et les hameçons sur la montagne.

Les apôtres, quand ils les virent jetant leurs filets de côtés et d'autres, et leurs hameçons aussi, s'étonnèrent beaucoup. Ils dirent : « Notre Seigneur, quel est l'homme de cette sorte qui fait ces choses dans ce désert? »

Jésus leur dit : « Pierre, celui-là est celui dont je t'ai dit : Voici que Satan vous demande pour vous cribler comme le froment; moi j'ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas.[25] »

Jean lui dit : « Que trouvent-ils dans ce désert? »

Jésus lui dit : « Mon bien-aimé Jean, celui après lequel il cherche, voici qu'il l'a pris. C'est le pêcheur qui prend tous les poissons mauvais. C'est le chasseur qui prend toutes les botes souillées et quiconque est mauvais. »

Philippe lui dit : « Qui donc a été saisi par l'hameçon de celui-ci, ou dans ses filets? »

Jésus lui dit : « Il y a une multitude qui est prise par l'hameçon ou dans le filet de celui-ci. »

André lui dit : « Mon Seigneur, quel est le bénéfice de celui-ci à faire transgresser les hommes? »

Jésus dit : « Est-ce que je ne suis pas venu pour prendre à mon royaume ceux qui sont à moi? Celui-ci aussi cherche ceux qui sont à lui pour son tourment. J'ai supporté cette grande humiliation. Je suis descendu au monde afin d'arracher mes brebis à la mort qui est celui-ci. »

Jean lui dit : « Mon Seigneur, ordonne-moi, et je le poursuivrai pour savoir ce qu'il fait. »

Jésus lui dit : « Va, mon bien-aimé Jean, car je t'ai purifié des le soin de ta mère. »

Saint Jean marcha vers le diable. Il lui dit : « Que fais-tu de ces filets et que prends-tu en ce lieu? »

Le diable lui dit : « J'ai entendu à ton sujet et au sujet de tes frères que vous êtes des pêcheurs prenant le poisson. Je suis venu ici pour voir votre habileté aujourd'hui. Me voici moi, mes serviteurs et mes filets. Appelle aussi tes frères. Qu'ils viennent auprès, de toi en ce lieu avec leurs filets, et jetons-les ici. Celui qui prend du poisson ici, celui-là est le maître. Il n'est pas bien étonnant de prendre du poisson dans les eaux, mais dans ce désert il est étonnant de prendre du poisson. »

Jean lui dit : « J'ai fini d'entendre parler de ton habileté. Avant que je vienne près de toi en ce lieu, jette tes filets. Nous verrons ce que tu prendras. »

A cet instant il les jeta et prit toute espèce des poissons qui sont dans les eaux. Quelques-uns étaient pris par leurs yeux, d'autres étaient pris par leurs lèvres.

Jésus était au loin ainsi que les apôtres, contemplant ces choses. Il leur dit : « Voyez la manière dont Satan prend les pécheurs par leurs membres. »

Jésus dit à Jean : « Dis-lui de jeter... »

5e FRAGMENT[26]

Nous avons trouvé cet homme volant dans les choses qu'on jetait dans la bourse chaque jour, les apportant à sa femme, et en frustrant les pauvres dans son service. Quand, des fois (sic), il s'en retournait à la maison ayant des sommes entre les mains, elle avait coutume de se réjouir de ce qu'il avait fait. Nous l'avions même vu n'ayant pas pris pour elle chez lui conformément à la malice de ses veux et son insatiabilité. Et alors, elle avait coutume de le tourner au ridicule.

De cette façon donc, par suite de l'insatiabilité et du mauvais œil de cette femme, il resta ce jour-là et elle lui conseilla cette grande chose si terrible, à savoir : « Voici que les Juifs poursuivent ton Maître. Lève-toi donc et livre-le-leur. On te donnera beaucoup de richesses et nous les mettrons pour nous dans notre maison, afin d'en vivre. »

Il se leva, le malheureux, après avoir écouté sa femme, jusqu'à ce qu'il eût conduit son âme au tartare de l'Amenti, de la même manière qu'Adam écouta sa femme, jusqu'à ce qu'il devînt étranger à la gloire du Paradis et de telle façon que la mort dominât sur lui et sa race. De même, Judas écouta sa femme et se rendit de la sorte étranger aux choses du ciel et aux choses de la terre pour aboutir à l’Amenti, le lieu des pleurs et des gémissements.

Il alla vers les Juifs et il convint avec eux de trente pièces d'argent pour livrer son Seigneur. Ils les lui donnèrent.

Ainsi fut accomplie la parole qui était écrite : « ils ont reçu les trente pièces d'argent pour le prix de celui qui est précieux. »

Il se leva. Il les porta à sa mauvaise femme. Il lui dit : ……………………..

6e FRAGMENT[27]

Le Sauveur le mit (Mathias) avec les douze apôtres et la table était devant eux.

Quand le Sauveur étendait la main vers la nourriture, la table faisait le tour, en sorte qu'ils étendaient tous leurs mains vers ce dont le Sauveur mangeait et il le bénissait.

Mathias déposa un plat sur lequel était un coq. Le sel était sur la table. Le Sauveur étendit la main pour prendre du sel d'abord, et sur la table qui faisait le tour, tous les apôtres en prirent.

Mathias dit à Jésus : « Rabbi, tu vois ce coq. Lorsque les Juifs me virent le tuer, ils dirent : « On tuera ton maître comme ce coq. »

Jésus sourit. Il dit : « O Mathias, la parole qu'ils ont dite, ils l'accompliront. Ce coq donnera le signal avant la lumière se levant. C'est le type de Jean Baptiste qui a annoncé devant moi. Moi je suis la lumière véritable qui n'a en elle rien de ténébreux. Quand ce coq est mort, on a dit sur moi que je mourrais, moi aussi que Marie a fait être dans son sein. J'y ai résidé avec les Chérubins et les Séraphins. Je suis sorti du ciel des cieux sur la terre. Il fut dur pour la terre de pouvoir porter ma gloire. Je suis devenu homme pour vous.

« Maintenant donc ce coq ressuscitera. » Jésus toucha le coq et lui dit : « Je te dis, ô coq, de vivre, comme tu l'as fait. Que des ailes te poussent et que tu voles en l'air, afin d'avertir du jour où on me livrera. »

Se leva le coq sur le plat. Il s'échappa.

Jésus dit à Mathias : « Voilà que l'oiseau que tu as immolé il y a trois heures est ressuscité. On me crucifiera; et mon sang sera le salut des nations; (et je ressusciterai le troisième jour)... » …………………………….

7e FRAGMENT[28]

... « Mon vrai fils, l'arbre de mon jardin, on le connaîtra à côté de celui de l'Étranger : On le fera reconnaître par son fruit ; car il est préférable à une multitude de ceux de l'ennemi (?). En vérité, donne-moi ta force, ô mon Père. Etablis-la pour celui qui souffrira avec moi pour le bien (ou le bon). En vérité j'ai reçu pour moi la couronne du royaume, la couronne de ceux qui ont en partage le mépris dans leur humiliation et qui n'ont pas trouvé le repos. Je suis roi de par toi, ô mon Père. Tu feras que cet ennemi (le diable) me soit soumis. En vérité, cet ennemi il sera brisé par qui? Par le Christ (ou le doux χρητός ou χριστός). En vérité, l'aiguillon de la mort sera détruit par qui? Par le Fils unique En vérité le royaume appartient à qui? Il appartient au Fils. En vérité, toutes choses ont été faites par qui? par le premier-né... »

 Lorsqu'il eut achevé cette prière à son Père, il se retourna vers nous. Il nous dit : « Elle est venue l'heure où l'on me prendra à vous. L'esprit est vif, mais la chair est faible. Restez donc à prier avec moi. »

Nous les apôtres, nous pleurâmes en lui disant: « Aie pitié de nous, ô fils de Dieu ! A nous aussi, quelle sera notre destinée? »

Il répondit et nous dit : « Ne craignez pas la dissolution... Mais bien plus, ne craignez pas la puissance. Souvenez-vous de tout ce que je vous ai dit ; car de même qu'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; vous donc, réjouissez-vous, car j'ai vaincu le monde. ………………………………………………………

8e FRAGMENT[29]

« Je vous ai révélé toute ma gloire et je vous ai enseigné toute votre force ainsi que le mystère de votre apostolat. » En vérité il nous avait révélé ces choses : et précédemment je vous ai donné les témoignages relatifs aux enseignements et aux bénédictions qu'il nous avait donnés sur la montagne . . ……………….. .

9e FRAGMENT[30]

……………………………………………… nos yeux pénétrèrent en tout lieu. Nous contemplâmes la gloire de sa divinité, ainsi que toute la gloire de notre seigneurie. Il nous a revêtus de force pour notre apostolat... Toutes ces choses devinrent claires pour nous comme le soleil et s'illuminèrent ……………………….

10e FRAGMENT[31]

……………………………………… jusqu'à Jésus qui était dans le prétoire. Il lui dit : « D'où es-tu et que dis-lu de toi-même? J'ai peiné en combattant pour toi et je n'ai pu te sauver. Si tu es roi des Juifs, dis-le-nous avec assurance. » Jésus répondit et dit à Pilate : « Tu dis cela de toi-même, ou si d'autres te l'ont dit de moi? » Pilate lui dit : « Suis-je un juif, moi? Ton peuple t'a livré à moi. Qu'as-tu fait? »

Jésus répondit : « Mon royaume à moi n'est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs combattraient afin qu'on ne me livrât pas aux juifs. Maintenant donc mon royaume n'est pas de ce monde. »

Pilate lui dit : « Donc, tu es roi? »

Jésus répondit : « C'est toi qui l'as dit : je suis roi. »

Pilate lui dit : « Si tu es roi, enseigne-moi la vérité de ta bouche afin que ces troubles et ces révolutions s'éloignent de toi. »

Il lui dit alors : « Voici que tu confesses et que tu dis de ta bouche que je suis roi. J'ai été enfanté et je suis venu dans le monde pour cette chose : pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de moi écoute ma voix. »

Pilate lui dit : « Qu'est la vérité? »

Jésus lui dit : « Est-ce que tu n'as pas vu, toi, que celui qui parle avec toi est vérité? Ne vois-tu pas à sa face qu'il a été enfanté par le Père? N'entends-tu pas aux paroles de sa bouche qu'il ne vient pas de ce monde?

« Sache donc, ô Pilate, que celui-là que tu juges, c'est lui qui jugera le monde avec justice. Ces mains que tu saisis, ô Pilate, t'ont formé (ou créé). Ce corps que tu vois et cette chair qu'ils ont ……………………………

11e FRAGMENT[32]

« (Je m'affligeai) beaucoup parce qu'il n'y a aucune chose que je puisse placer en parallèle de cette autre — et cela de manière à me faire dire : Mon âme est triste jusqu'à la mort.

« Semblablement j'ai vu (par prophétie) la multitude de mes compatriotes m'environnant et me chassant avec mépris; criant contre moi; préparant un verre de vinaigre et le plaçant devant moi; d'autres préparant des clous; d'autres tressant une couronne d'épines; les porteurs de lances m'entourant avec leurs armes; ……. toute cette multitude de Juifs criant : Prenez-le! Prenez-le! Crucifiez-le!

« Lorsque j'eus vu ces choses de cette façon, je m'affligeai beaucoup et jusqu'à la mort, voyant ceux que j'avais créés bellement (sic) voulant me perdre méchamment dans leur folie; voyant l'argile luttant contre le potier; voyant la créature voulant tuer celui qui l'a créé ; voyant l'œuvre de mes mains alors que je me tenais debout devant elle comme accusé. Je n'ai pas péché et on n'a pas trouvé de malice dans ma bouche. C'est pourquoi mon âme a été affligée jusqu'à la mort. »

Après toutes ces choses, Pilate reçut les apologues de Jésus en disant (encore) : « Si tu es le roi des Juifs, dis-le-nous avec assurance. »

Jésus lui dit : « Après ce long temps, tu ne sais pas encore que je suis roi et que c'est moi qui t'ai formé de mes mains, ô Pilate? C'est mon Père qui m'a envoyé ici afin que je ramène l'homme à son principe encore, parce que, depuis le temps où il a violé nos commandements, nous l'avons chassé dehors du Paradis en vertu de sa désobéissance. Je veux maintenant l'y faire revenir encore. Depuis que Caïn a tué son frère Abel, le sang de celui-ci ne se tait point, criant jusqu'à cette heure. Il ne cessera pas de crier jusqu'à ce que le mien crie et que le sien se taise.

 « Ils ont scié en deux Isaïe. Ils ont écartelé Jérémie. Ils ont étranglé les uns. Ils ont lapidé les autres. Ils ont frappé une multitude de prophètes et jusqu'à présent ils n'ont point cessé leur audace et leur impudence. Ils ont tué le prêtre Zacharie, fils de Barachias,[33] et Jean son fils. Et voici que maintenant ils s'attaquent à celui qui est plus grand qu'eux tous, c'est-à-dire à moi »

Lorsque Pilate entendit ces paroles, il eut très peur. Il amena Jésus au milieu du sanhédrin et dit : « Voilà l'homme que vous cherchez en ce lieu. »

Alors, ils crièrent à Pilate : « Prenez-le! Prenez-le! Crucifiez-le! »

Pilate leur dit …………………………………………………………………..

12e FRAGMENT[34]

………….. Juifs — patient pour eux; car il est patient, sachant qu'ils viendront en ses mains pour qu'il les juge.

Voici qu'un homme de la multitude dont le nom était Ananias et qui était de Bethléem la cité de David, se précipita vers la croix de Jésus, courut à lui, plaça ses mains sur les mains du Fils de Dieu. Il appliqua son cœur au cœur ni du Fils de Dieu. Il embrassa les pieds de Jésus. Il embrassa les mains de Jésus. Il embrassa la bouche de Jésus. Il embrassa le flanc de Jésus qu'on a percé pour notre salut. Il embrassa tous les membres du Fils de Dieu, disant : « O Juifs menteurs et impurs! Tuez-moi, mais ne tuez pas le Fils de Dieu (lapidez-moi, mais ne lapidez pas le Fils de Dieu. Crucifiez-moi, mais ne crucifiez pas le Fils de Dieu), car Jésus est mon Seigneur, Jésus est mon Dieu. C'est le Christ. »

Lorsqu'il eut dit ces choses, une voix sortit du corps du Sauveur sur la croix, disant : « Ananias, Ananias, ton âme n'ira pas à l'Amenti, ton corps n'aura pas l'odeur des morts. La mort ne pourra rien sur ton corps. On écrira ton nom sur la porte des cieux et on t'appellera dans les cieux « les prémices des fruits d'immortalité (ou de la bénédiction) ».

Telles sont les choses que le corps du Fils de Dieu dit, suspendu à la croix.

Les grands prêtres étaient tout à fait hors d'eux-mêmes, jetant des pierres sur l'homme.

Le vieillard bienheureux apa Ananias ouvrit la bouche pour louer Dieu en disant : « Mon cœur se réjouit de la bonne odeur du Fils de Dieu. La lumière du Fils de Dieu a illuminé mon âme et mon corps. Je suis plein d'allégresse. Gloire au Père et au Saint-Esprit à jamais! Amen. »

Les prêtres, après être restés à lapider l'homme sans qu'il mourût, ordonnèrent de le brûler vivant. Quand ils eurent allumé le brasier de feu, le feu rafraîchit son corps, comme un vent de rosée. Il resta au milieu du feu trois jours et trois nuits jusqu'à ce que le Sauveur ressuscitât d'entre les morts. Lorsqu'ils eurent vu que le feu ne le touchait pas, les grands prêtres le percèrent d'une lance...

 A cet instant le Sauveur prit l'âme d'Ananias en haut avec lui vers les cieux. Le Seigneur lui dit : « Tu es bien heureux, ô toi Ananias, parce que tu as cru au Fils de Dieu au temps où tu étais dans le monde. Non seulement tu as cru, mais tu es devenu le parent du Fils de Dieu. Le corps que tu as uni à mon corps ne se corrompra pas. La terre ne le détruira pas, car[35] ...............................................................................

13e FRAGMENT[36]

 « ... Et tous mes membres pour que tu les examines. Je n'ai pas honte en effet des blessures qui sont dans mon corps, je n'ai pas honte des coups que j'ai reçus, je ne cacherai pas les trophées de ma victoire et de ma gloire ; mais je les manifesterai et les rendrai bien évidents. Le soleil connaît ces choses puisqu'il s'est obscurci. La terre connaît ces choses puisqu'elle s'est agitée, cherchant un lieu de repos pour elle. Les pierres connaissent ces choses puisqu'elles se sont fendues, en faisant deuil de mes souffrances par cette brisure d'elles-mêmes. Les morts ont connu ces choses puisque à cause de cela ils sont ressuscités et ils sont sortis de leur tombeau. Le voile du temple a connu ces choses, puisqu'il s'est fendu et a ainsi pleuré le premier sur la perte des Juifs.

« Tu vois mes mains comme tu l'as voulu; tu peux pénétrer dans mes plaies avec tes doigts ; si tu veux voir mon côté je ne t'affligerai pas (en cela), voilà que je te le découvre. Apporte ta main qui veut chercher et s'instruire. Mets ta main dans mon flanc et touche mon corps conçu sans intervention de l'homme. Touche mon corps que j'ai reçu de la Vierge sainte. Touche mon corps qui est ton parent. Touche mon corps qui a supporté la souffrance d'après ma volonté. Touche mon corps qui est mort (et ressuscité). »

14e FRAGMENT[37]

« Les mères qui en ces pays ont vu la mort de leurs fils, quand elles vont au tombeau pour voir le corps de ceux qu'elles pleurent, une grande consolation et une... en résultent pour elles. Moi je suis sortie pour le voir... avec tous ceux-ci... élevé sur sa croix comme un voleur... Voici que... »

 Elle ouvrit ses yeux, car ils étaient abaissés pour ne pas regarder sur terre à cause des scandales. Elle lui dit avec joie : « Maître, mon seigneur, mon Dieu, mon fils, tu es ressuscité, bien ressuscité. » Elle voulait le saisir pour le baiser sur la bouche. Mais lui l'en empêcha et la pria, disant : « Ma mère, ne me touche pas. Attends un peu, (car) c'est le vêtement que mon Père m'a donné quand il m'a ressuscité. Il n'est pas possible que rien de charnel ne me touche jusqu'à ce que j'aille au ciel.

« Ce corps est cependant celui avec lequel j'ai passé neuf mois dans ton sein... Sache ces choses, ô ma mère. Cette chair est celle que j'ai reçue en toi. Celle-là est celle qui a reposé dans mon tombeau. Celle-là est aussi celle qui est ressuscitée aujourd'hui, celle qui se tient debout devant toi. Fixe tes regards sur mes mains et mes pieds. O Marie, ma mère, sache que c'est moi que tu as nourri. Ne doute pas, ô ma mère, que je ne sois ton fils. C'est moi qui t'ai laissée aux mains de Jean au moment où j'étais monté sur la croix.

« Maintenant donc, ô ma mère, hâte-toi d'avertir mes frères et de leur dire... Selon ces paroles que je vous ai dites, allez en Galilée : vous me verrez. Hâtez-vous, car il ne m'est pas possible de ne pas aller au ciel vers mon Père, pour ne plus vous rencontrer.

« Ceux qui ont souffert avec moi sur la terre... »

15e FRAGMENT[38]

Il appela le second. Il lui dit : « Je sais que tu es un homme véridique plus que tous ceux-ci. Apprends-moi combien d’Apôtres ont pris le corps de Jésus dans le tombeau? »

Il dit : « Ils vinrent tous les onze ainsi que leurs disciples. Ils le prirent furtivement et se séparèrent seulement de cet autre (de Judas). »

 Il appela le troisième et lui dit : « Je prise ton témoignage plus que ceux de beaucoup. Qui a pris le corps de Jésus dans le tombeau? »

Il lui dit : « Joseph avec Nicodème et leurs parents. »

Il appela le quatrième. Il lui dit : « Tu es le plus considérable parmi eux et je les ai tous renvoyés. Apprends-moi maintenant ce qui a eu lieu quand on a pris de vos mains le corps de Jésus dans le tombeau. »

Il lui dit: « Notre seigneur, le praeses, voici que nous dormions. Nous nous étions oubliés et nous n'avons pu savoir qui Ta pris. Ensuite nous nous sommes levés, nous l'avons cherché, mais nous ne l'avons pas trouvé... Nous avons averti... »

Pilate dit aux Juifs et aux centurions : « Ces gens-là mentent de cette façon.[39] Leurs paroles sont partagées (et se contredisent) pour le mensonge! » Et il ordonna qu'on s'assurât des soldats jusqu'à ce qu'il vînt au tombeau.

En cet instant il se leva avec les grands des Juifs et le sanhédrin et les grands prêtres. Ils trouvèrent les linceuls placés à terre sans personne là.

Pilate dit : « O hommes! qui détestez votre propre vie, si on avait pris le corps, (on aurait pris) les bandelettes aussi. »

Eux, ils lui dirent : « Tu ne vois pas que ce ne sont pas les siennes, mais d'autres étrangères? »

Pilate se souvint de la parole de Jésus : « Il faut que de grands miracles aient lieu dans mon tombeau. » Pilate se hâta donc d'entrer dans le tombeau. Il prit les linceuls de Jésus. Il les serra contre son sein. Il pleura sur eux. Il les baisa de joie comme si Jésus en était entouré.

Il fixa son attention sur le centurion qui se tenait debout à la porte du tombeau et vit qu'il n'avait qu'un seul œil (car on avait crevé l'autre œil dans le combat) et qu'il le cachait de sa main, tout le temps, pour ne pas voir la lumière.

Pilate...

 « (Vous croyez donc que Dieu ne saura pas vous) chercher querelle pour la vie du Seigneur? Mais elle est venue sur vous, la flamme de sa colère. »

Eux, ils donnèrent de la tête (ils consentirent) à cette condamnation en disant : « Son sang soit sur nous ainsi que sa mort à jamais ! »

Pilate dit au centurion : « Mon frère, ne livre pas la vie véritable que tu as reçue, et cela en vain pour le mensonge et pour le repos des Juifs. »

Voilà ce qu'il dit en présence des Juifs[40] (et des disciples du Christ) . . .

(On conduisit) Pilate et le centurion sur le puits d'eau du jardin, puits très profond. Moi, Gamaliel, je les suivais aussi au milieu de la troupe. Ils regardèrent en bas dans le puits.

Les Juifs crièrent : « O Pilate, voici[41]. . . Le corps de Jésus qui est mort, n'est-ce pas celui-ci? »

Eux (les disciples) ils dirent : ce Notre seigneur, les linceuls qui sont sur toi sont ceux de Jésus. Ce corps-là est celui du voleur qu'on a crucifié avec Jésus... Joseph et Nicodème (ont placé sur le corps) les bandelettes (que tu as en mains)[42] ». Pilate se rappela ce qu'avait dit Jésus : « Les morts ressusciteront dans mon tombeau. »

C'est pourquoi il appela les grands des Juifs et leur dit : « Vous croyez que c'est le Nazaréen? » Ils dirent: « Nous le croyons. » Il dit : « Il convient de placer son corps dans son tombeau comme on le fait pour tous les morts.[43] »

16e FRAGMENT[44]

Lorsqu'il vit ces apôtres, il se leva. Il les appela.

Il dit : « Ayez pitié de ma misère. »

Il se tourna vers Pierre et lui dit : « Je t'en prie, aie pitié de moi. Souviens-toi du moment où la portière discuta avec toi en disant : « Tu es un « disciple de Jésus. » Moi je l'ai réprimandée. Maintenant donc, mon père Pierre, ne me laisse pas mourir dans ce tourment. »

Pierre lui dit : « Cette puissance ne nous appartient pas; mais si tu crois en Dieu et en son fils unique, Jésus-Christ que la Vierge a enfanté, (tu obtiendras grâce). »

Ce grand prêtre répondit : « Nous savons, nous aussi, que c'est le fils de Dieu. Mais que feras-tu pour l'avarice qui nous a aveuglé les yeux? et cela alors avec nos pères, (qui), allant arriver à la mort, nous ont dit : « Voici qu'on nous a faits prêtres pour servir à la tête du peuple et recevoir les prémices et les dîmes de leurs mains. Mais gardez-vous d'aimer l'argent, de peur que Dieu ne s'irrite contre vous. Ce qui vous sera de trop, donnez-le aux pauvres et à ceux qui ont besoin. » Nous, nous n'avons pas obéi aux prescriptions de nos pères, mais nous avons été des marchands achetant et vendant. Jésus vint. Il nous chassa du temple en disant : « Ne laissez pas ceux-ci dans ce lieu; car du temple de mon Père ils ont fait un marché. » Nous donc, nous nous sommes mis en colère à cause de ses paroles, nous avons fait projet ensemble, nous l'avons pris, nous l'avons crucifié sans avoir connaissance que c'est le Fils de Dieu. Maintenant, mon père Pierre, n'entre pas en compte avec moi pour mon manque de foi. Pardonne-moi mon audace; voici que Dieu n'a pas voulu que je fusse aveuglé comme les autres qui n'ont pas été dignes de voir la gloire du corps de la mère de mon Seigneur. »

Alors Pierre lui dit : « Si tu crois au Christ, va embrasser le corps de la Vierge en disant : Je crois en toi et en celui que tu as enfanté, vierge sans tache.»

Le grand prêtre courut en cet instant, il embrassa le corps de la Vierge en parlant en hébreu, bénissant Dieu et rendant témoignage de ce qui est écrit dans la loi et les prophètes au sujet du Christ : de telle sorte que les apôtres admiraient tout ce qu'il disait.

Lui-même donc il saisit sa main qui avait été coupée. Il l'applique en son lieu en disant : « Au nom de celui qu'on a crucifié sur le bois de la croix, de celui que la Vierge Marie a enfanté, ô Jésus-Christ, tu m'écouteras aussi aujourd'hui, tu recevras ma prière et tu feras adhérer mon bras à sa place de nouveau; car moi, mon Seigneur, je t'ai vu recollant l'oreille du serviteur du grand prêtre que Pierre avait coupée. »

Au moment où la parole cessa dans sa bouche, sa main adhéra comme auparavant.

Pierre lui dit : « Lève-toi, prends des palmes de ce palmier et va à la ville : Tu y trouveras des multitudes d'hommes aveugles; tu leur diras toutes les choses qui te sont arrivées. Celui qui croira au Christ, mets ces palmes sur ses yeux et il verra ; celui qui ne croira pas en lui ne verra pas.

Lui, le grand prêtre, il trouva une multitude d'aveugles assis, pleurant et disant : « Malheur à nous ! Ce qui est arrivé aux gens de Sodome nous est arrivé. »

A cet instant, le grand prêtre parla avec eux du Christ et de ce qui lui était arrivé à lui-même. Tous ceux qui crurent virent.

Les apôtres cependant portaient le corps de la Vierge. Ils le déposèrent dans le tombeau. Ils restèrent dans ce lieu attendant le Seigneur pour qu'il ressuscitât le corps de la Vierge d'entre les morts et l'emportât aux cieux auprès de lui, comme il l'avait dit.

Les apôtres dirent aux vierges qui les suivaient : « Que chacune de vous retourne en sa maison en paix. »

Les vierges ne voulurent pas, parce qu'elles désiraient rester, elles aussi, en ce lieu.

Pierre et Jean leur dirent : « Courage! ô mes filles. Allez-vous-en en paix. Le Christ vous conduira. Nous avons bien mis en sûreté son corps (de la Vierge), parce qu'il a été le lieu d'habitation du Verbe du Père. Ne nous faites pas être comme une procession de noce, en restant entre nous et notre Maître, car les Juifs le haïssent. Maintenant donc son corps (de la Vierge), nous l'avons placé dans le tombeau. Mais nous croyons qu'il ne le laissera pas à jamais. Il viendra pour le ressusciter comme il nous l'a dit. Voici que je vous le dis : « Votre peine ne tombera pas, car vous servez ainsi la Mère du Seigneur. »

Ces choses, ils les leur dirent en les consolant. Elles dirent : « Bénissez-nous, nos pères, afin que cette bénédiction soit avec nous dans nos lieux de résidence. »

Pierre dit à Jean : « Lève-toi, mon frère, bénis-les. » Jean lui dit : « Pardonne-moi, mon seigneur et père, c'est à toi que la gloire convient. »

Pierre leur fit baisser la tête. Il les bénit en disant : « Je t'en prie, Seigneur Jésus-Christ, pasteur véritable, qui réunit ses brebis et ne laisse pas l'homme égaré dans la main du diable, car tu l'as sauvé par ton sang saint;

Jésus notre Seigneur, Jésus notre force, Jésus notre espérance, Jésus notre vie, Jésus notre joie; tu nous béniras, tu nous ombrageras par l'ombre de tes ailes. Gloire à toi et à ton Père bon, à l'Esprit-Saint, à jamais! Amen. »

Lorsqu'il eut dit ces choses, voici que l'homme qui crut en Dieu, vint au tombeau à la troisième heure du jour.

Il trouva les apôtres assis. Il leur dit : « Où est mon père Pierre?»

Eux, ils l'appelèrent et il vint en hâte. Le grand prêtre lui dit : « Pardonne-moi, mon père, que je te dise toutes les choses qui me sont arrivées :

« Moi donc, lorsque je vins à la ville, je leur dis ce qui m'était advenu. Lorsque les Juifs entendirent, ils furent remplis de colère contre vous à cause de Marie, la mère du Seigneur. Ils parlèrent ensemble en disant : « Que faut-il que nous fassions? Car au moment où l'on a crucifié son Fils Jésus, nous avons dit : Les disciples l'ont pris en secret de nuit. Maintenant voici que sa mère est morte, nous sommes allés pour brûler son corps, nous n'avons pu trouver que son lieu de repos, nous y avons mis le feu et il n'a pas brûlé. » Et ils dirent : « Voici qu'ils l'ont mise dans le tombeau. Allons maintenant, brûlons-la, ainsi que son tombeau, pour qu'on ne puisse plus la trouver du tout : et cela, de peur qu'elle ne ressuscite comme son Fils et que la dernière erreur soit pire que la première. » D'autres disaient: «Voici que nous sommes restés aveugles et que nous ne voyons point. » Enfin ils firent une parole ensemble, à savoir : « Courons cette fois pour la brûler. » Moi donc, quand j'ai su leur dessein, je suis venu vous avertir de tout ce qui s'est passé. Allez ! cachez-vous, de peur qu'ils ne viennent vous trouver et vous tuer. » Lorsqu'il eut dit ces choses, il s'en alla dans sa maison en grand secret.

Pierre avertit les disciples. Mais le bon Dieu donna un oubli au cœur des grands prêtres. Ils ne recherchèrent pas le corps de la Vierge de nouveau, disant : « Nous avons échappé la première fois alors que nous voulions y aller. Restons. »

Pierre et Jean prirent assurance. Ils laissèrent la place à Dieu. Ils restèrent ensemble en disant : « Ne laissons pas le corps. Elle a la force de prier pour nous et de nous sauver. »

Ils étaient encore réunis à parler des grandeurs de Dieu. Voici qu'une voix vint à eux, disant : « N'ayez crainte, mes élus, rien de mal ne vous arrivera. Ces athées ne viendront pas de nouveau vers vous. Restez. Je ressusciterai son corps (de la Vierge) sans retard. Je donnerai honte à ces impies juifs. »

Lorsque la voix eut dit ces choses, elle retourna aux cieux dans la gloire.

Il arriva, après cela, que nous parvînmes au seize mésoré ; nous parlions ainsi, réunis avec les apôtres en racontant les grands miracles de Dieu. Nous vîmes des éclairs au-dessus de nous à la porte du tombeau dans lequel était la Vierge ; nous eûmes très peur.

Après cela, un grand bruit se fit entendre, de telle sorte que nous nous dîmes : « Le lieu va s'effondrer sur nous », et nous sentîmes une bonne odeur qui se répandit.

Ensuite de grandes voix eurent lieu et des éclairs de lumière et de feu qui passaient devant nous; nous entendîmes le bruit d'une multitude de trompettes sonnant devant nous à grand éclat.

Nous vîmes la porte du tombeau qui était ouverte. Il y avait en elle une grande lumière.

Ensuite, voici qu'un grand char lumineux descendit, un feu l'environnant.

Nous regardâmes ; nous vîmes le Seigneur Jésus qui étendait la main droite. Il nous embrassa. Il nous donna la paix.

Après cela, il nous appela au tombeau : « Marie, ma mère, mon lieu de repos dans lequel j'ai été, lève-toi; laisse derrière toi ces linceuls et viens dehors du tombeau. Comme mon Père m'a ressuscité des morts, moi je te ressusciterai pour t'emmener au ciel auprès de moi. »

Nous regardâmes; alors nous vîmes la Vierge sainte Marie portant le vêtement (le corps) dans lequel elle avait été enfantée, comme si elle n'avait pas du tout vu la mort.

Nous vîmes le Seigneur Jésus qui étendit sa main, la fit monter sur le char de lumière qui le portait.

Nous vîmes des chœurs d'anges qui marchaient devant eux jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés aux cieux.

Nous étions encore dans l'étonnement en regardant derrière eux quand nous entendîmes une voix disant : « Paix à vous, mes frères, ne craignez point; aucun mal ne vous arrivera. »

En effet, le miracle qui eut lieu en ce jour-là, où la Vierge est ressuscitée des morts, est plus grand que celui où le Seigneur est ressuscité des morts. Le jour où le Seigneur est ressuscité des morts, nous ne l'avons pas vu, mais seulement, Marie, sa mère et Marie la Madeleine : ce sont elles auxquelles il est apparu. Elles vinrent, elles nous avertirent. Nous allâmes au tombeau, nous ne trouvâmes point son corps, mais ce sont ses vêtements funèbres seuls que nous avons trouvés et qui étaient déposés là. Nous ne l'avons pas vu jusqu'à ce que nous soyons arrivés en Galilée où nous l'avons trouvé. Elle, quand elle est ressuscitée des morts, nous avons vu des éclairs.et nous avons entendu des trompettes, nous avons vu ……………………………………….

De cette façon a été prise la Vierge au ciel ……….

Nous donc, les apôtres, nous pouvons témoigner de ces choses. Nous n'y avons rien ajouté; nous n'avons rien retranché de ce que nous avons vu de nos yeux, de ce que nous avons entendu de la bouche de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Verbe qui s'est fait chair comme tous les hommes et qui est maintenant à la droite du Père bon.

Et la chair en laquelle a été engendrée la Vierge dans le sein de sa mère, elle est ressuscitée elle-même, elle est à la droite de son Fils Jésus-Christ. Elle prie pour le monde entier : et le Père reçoit les supplications et les prières qu'elle fait pour nous plus que celles de tous les saints.

Au temps où Dieu jugera l'humanité entière, Chacun le verra (le Christ) portant la chair qu'il a reçue de Marie la Vierge sainte.

Après ces choses, nous allâmes au tombeau. Nous trouvâmes les vêtements déposés dans ce lieu où on avait placé son corps; nous les ensevelîmes... Nous...

SUPPLEMENT

FRAGMENT 4 bis...[45]

…………………………………. le temps soit accompli. Lorsqu'il eut dit ces choses, il alla en Galilée. Quand ses frères furent montés à Jérusalem pour la fête, il y alla aussi, non pas d'une façon apparente, mais en secret. Les juifs cependant cherchaient après lui et ils disaient : « Où est-il? » Et c'était la maison d'Irméel qui était son lieu de séjour à cause de la multitude. Eux donc disaient :

« Que ferons-nous? » ……………………………………………….


 

ÉVANGILE DE SAINT BARTHÉLEMY

1er FRAGMENT[46]

Liar (Belial). Il enlaça Melchir. Il l'attacha d'une chaîne de fer et d'acier. Tandis que la mort parlait avec le corps (la sépulture) de Jésus dans le tombeau, Jésus affranchissait toute la race humaine. Il guérissait les fils d'Adam que l'ennemi avait frappés. Il ramenait la brebis qui s'était égarée vers la bergerie encore. Il replaçait Adam dans son état primitif et lui remettait ses péchés en paix. Amen.

Jésus se retourna vers l'homme qui l'avait livré, c'est-à-dire Judas Iscariote. Il lui dit : « En quoi as-tu bénéficié, ô Judas, de m'avoir livré? Moi j'ai souffert toutes les douleurs pour sauver une créature. Mais toi, Judas, malheur à toi! Double anathème et malédiction sur toi. »

(13

a

Judas, son partage est avec le diable. On a effacé son nom du livre de vie.

On a pris son destin d'entre le nombre des vivants. On a détruit son πεναγίς (παναγίς). On a déchiré son étole. Satan a reçu son jugement avec lui, alors qu'il s'en va dans le mépris. On lui a enlevé son épiscopat. On lui a volé sa couronne. Des étrangers se sont emparés de ses peines. Il s'est revêtu de malédiction. Il a été souillé comme une eau corrompue. On lui a volé son vêtement de gloire. On a éteint la lumière de son luminaire. On a laissé sa maison déserte. Ses jours ont été amoindris. Sa vie s'est terminée. Sa tranquillité s'est éloignée de lui. La douleur est venue le trouver. Les ténèbres l'ont saisi. Le ver en a hérité. On l'a couvert de pourriture. Les anges qui suivent le Seigneur l'ont repoussé.

2e FRAGMENT[47]

Telles sont les choses que le Sauveur dit sur Judas qui était au fond de l'Amenti.

Le Sauveur ressuscita d'entre les morts le troisième jour.

L'Abbaton[48] (qui est la mort) se leva. Il ne trouva pas le corps (mot à mot la momie) de Jésus avec laquelle il parlait dans le tombeau. Il dit à sa puissance (δυνατός pour δύναμις) le fléau (λοιμός) : « Descends vite dans l'Amenti. Fortifie bien ta main, ferme les portes de l'Amenti jusqu'à ce que je voie qui est celui-là qui m'a trompé de cette façon sans que je le connaisse. Nous avons parlé avec lui. Il s'est caché à nous et nous ne savons pas où il va. Peut-être est-ce le fils de Dieu. Sinon, moi je détruis quiconque. Mais lui, je n'ai pu trouver force contre lui, ni mes puissants. »

La mort descendit dans l'Amenti avec ses six décans. Elle trouva l'Amenti désolé et sans aucune âme en lui. Mais il était tout entier rempli de terreur.

Ses portes étaient brisées, ses verrous forcés et il (Jésus) avait comblé les fournaises d'airain allumées.

Ils ne trouvèrent personne dans ce lieu, si ce n'est trois voix d'hommes seulement qui criaient dans la crainte, les larmes, la douleur, et le trouble. Ils étaient dans le lieu des larmes et des grincements de dents, le lieu du gémissement, du trouble de la terreur et du ver qui ne dort pas. Malheur à eux les infortunés misérables devant Dieu, ces trois hommes qu'on avait effacés du livre de vie, qu'on avait enlevés de la bibliothèque des saints et de la gnose du salut; c'est-à-dire Judas, Gain et Hérode. Ils étaient dans ce lieu les tricéphales sur lesquels pesait le décret de non-miséricorde, leur souvenir ne subsistera pas du tout.

Judas a livré le Seigneur de tout ce qui est dans le ciel et sur la terre ; Hérode a frappé Jésus d'un grand coup sur la face; Caïn s'est levé contre son propre frère et l'a tué.

La mort suivie de ses décans cria, disant : « Celui-là est le fils de Dieu qui est ressuscité des morts, a sauvé Adam et tous ses fils. Il leur a remis leurs péchés par la paix de son Père. Amen. Le Sauveur est ressuscité des morts, il a emmené en haut toute la captivité. »

Elle vint au tombeau, elle trouva les anges au moment de (l'apparition) de la lumière du dimanche. Ils chantaient ces hymnes que les anges ont coutume de chanter au point du jour du dimanche sur le corps et le sang du Christ.

Au matin encore, alors que les ténèbres étaient à l'extérieur, vinrent au tombeau les saintes femmes dont voici les noms : Marie Madeleine et Marie, celle de Jacques qui la sauva des mains de Satan, et Salomé la séductrice, et Maria la servante (du Christ) et Marthe, sa sœur, et Jeanne, la femme de Kouza l'intendant d'Hérode, et Bérénice dont il a guéri la perte de sang à Capharnaüm, et Lia l'artiste dont le Christ ressuscita le fils à Naïm, et la femme pécheresse à laquelle le Sauveur dit : « Tes péchés te seront remis. »

Elles se tenaient debout dans le jardin de Philogène, le jardinier (χηπουρός) dont le Sauveur guérit le fils Siméon au temps où il descendait de la montagne des Oliviers avec les Apôtres.

Marie dit à Philogène : « Si c'est toi, je te connais. »

Philogène lui dit : « Tu es Marie la Mère de Thalkamarimlath, » mot dont la traduction est la joie, la bénédiction et l'allégresse.

Marie lui dit : « Si c'est toi qui as pris le corps de mon Seigneur, dis-moi où tu l'as mis — n'aie pas peur —et je le prendrai? » Philogène lui dit : « Ma sœur Marie, la vierge, la mère du Christ, quelles sont ces paroles que tu dis?

« Depuis le moment ou les Juifs l'ont crucifié ils sont restés, cherchant un tombeau bien défendu pour l'y placer à cause des disciples, de peur qu'ils ne viennent de nuit pour l'enlever secrètement. Moi je leur dis : Il y a un tombeau proche de mon jardin à légumes. Apportez-l'y. Placez-l'y. Je veillerai sur lui. Je pensais dans mon cœur : Quand ils s'en iront pour retourner à leurs maisons, j’irai au tombeau de mon Seigneur pour l'enlever et lui mettre des aromates et beaucoup de parfums. Ils l'apportèrent. Ils le déposèrent dans ce tombeau. Ils scellèrent la pierre, mirent garde et allèrent à leurs maisons.

« Au milieu de la nuit, je me levai, j'entrai dans le tombeau de mon Seigneur. Je trouvai toute l'armée des anges en ordre. Le premier bataillon des Chérubins faisait 12.000, le second bataillon des séraphins 20.000, le troisième bataillon des Puissances 13.000, le quatrième bataillon des vierges 30.000. Des milliers de milliers chantaient pour lui; des myriades de myriades lui rendaient gloire. Un grand char ardent se tenait là tout embrasé de feu comme un flambeau. Douze vierges étaient debout sur le char chantant des hymnes dans la langue des Chérubins qui répondaient derrière elles : Amen.

« Je vis les sept cieux ouverts. Le Père sortait des hauteurs avec sa tente de lumière. Il le ressuscita d'entre les morts. Toutes ces gloires, je les ai vues, ô ma sœur Marie. Je trouvai là Pierre le grand interprète. Il saisit ma main. Il nous donna la sienne. Si je n'avais pas lâché sa main je serais mort à cause de la grande gloire que j'ai vue. Maintenant donc, ô ma sœur Marie, que faut-il que je fasse jusqu'à ce que j'aille en ce lieu-là? »

Voici les choses que disait Philogène à Marie. Le Sauveur vint au milieu d'eux, monté sur le grand char du Père du monde entier.

Il cria dans la langue de sa divinité : « Marikha, Marima, Thiath. » L'interprétation en est : Mariham mère du fils de Dieu.

Mariham connaissait l'interprétation. Elle se retourna. Elle dit : « Rabboni Kathiath Thamioth » dont la traduction est : Fils du Dieu Tout-Puissant, mon Seigneur et mon Fils.

Le Sauveur lui dit : « Salut à toi qui as porté la vie du monde entier! Salut, ma mère! mon arche sainte. Salut, ma mère, ma ville, mon lieu de séjour. Salut, mon vêtement de gloire dont je me suis revêtu on venant dans le monde. Salut, mon hydria pleine d'eau sainte. Salut, toi qui as porté la vie du monde entier dans ton sein. Salut, toi qui as reçu à toi les sept éons dans un seul mode. Salut, ô plaque fixée au paradis du septième ciel dont l'interprétation est khomthomach. Le paradis entier se réjouit à cause de toi. Je te le dis, Marie, ma mère, celui qui t'aime, aime la vie. »

Le Sauveur lui dit : « Va près de mes frères pour leur dire que je suis ressuscité des morts; dis-leur aussi ceci : j'irai à mon Père qui est votre Père, à mon Dieu qui est votre Dieu. Souvenez-vous des paroles que je vous dites. Je viens à vous au temps de la lumière de demain, au moment où j'ai coutume d'étendre ma droite divine pour que le soleil brille sur la terre, au moment où j'ai coutume d'agiter mon vêtement spirituel, alors que je suis assis à la droite du Père, pour que la rosée du septième ciel et du Paradis descende sur la terre et y fasse germer les fruits de vie. Je viens vers vous à ce moment pour vous donner ma paix que j'ai reçue du Père. C'est la paix que le Père m'a donnée quand je suis venu dans le monde. Je vous la donne, mes disciples, à vous et à tous ceux qui croient en mon nom et à Marie, ma mère, la Vierge véritable, le trésor de perles, l'arche de salut de tous les enfants d'Adam. Celle qui a porté le corps de Dieu et son sang véritable. »

Marie dit à son fils : « Mon Seigneur, bénis mon sein dans lequel tu as été avant d'aller auprès de ton Père. »

Lui répondit le Sauveur, notre vie, notre salut, notre espérance, disant : « Tu seras assise à ma droite dans mon royaume. »

Croyez-moi, mes frères, les apôtres. Moi Barthélémy l'apôtre du Fils de ………..

« …………… que j'ai reçue de mon Père, c'est-à-dire la paix que mon Père m'a donnée, alors que je suis venu dans le monde ; je vous la donne à vous, mes apôtres. »

Dit Marie à son fils : « Jésus, mon Seigneur et mon Fils unique, bénis-moi (car je suis ta Mère qui t'ai (enfanté avant que tu n'ailles aux cieux près de ton Père), si tu ne veux pas que je te touche. »

Jésus, notre vie à tous, répondit alors : « Tu seras assise avec moi dans mon royaume. »

Croyez-moi, ô mes frères, les apôtres saints : moi Barthélémy, j'ai vu le Dieu, j'ai vu le Fils de Dieu qui s'éleva sur le char de Chérubins et des milliers de milliers d'anges se tenaient debout avec des myriades de myriades d'archanges et des myriades de Chérubins et de Séraphins, de Puissances. Leurs têtes étaient inclinées à terre et ils étaient tout prêts à répondre : Amen. Quant à la bénédiction que le Sauveur dit à sa mère sur son sein virginal...

Fils de Dieu qui s'est élevé sur son char de Chérubins, et se tenaient debout des milliers de milliers tout prêts à répéter : Alléluia.

Alors notre Sauveur étendit sa main droite. Il bénit la Vierge, .le vis les cieux ouverts et les sept firmaments. Je vis un bras d'homme lumineux qui restait sur la tête de la Vierge sainte. C'était la main du Tout-Puissant. Il la bénit, disant : « Tu seras bénie dans le ciel et sur la terre, tu seras appelée par es anges « la ville du grand roi. » Toutes les armées célestes répondirent : Amen.

Il lui dit : « Quand tu sortiras du corps, je viendrai à toi. Moi avec Michel et Gabriel près de toi pour que nous ne te laissions pas avoir peur devant la mort, devant laquelle tout le monde craint, et pour que je t'emporte aux lieux d'immortalité et que tu sois avec moi dans mon royaume. Je laisserai ton corps auprès de l'arbre de vie que veille mon chérubin avec le glaive de feu jusqu'au jour de ma royauté, tu la porteras. »

Voilà les choses que le Sauveur dit à sa Mère.

Elle s'en alla. Elle prévint les apôtres : à savoir le Seigneur est ressuscité des morts et il a dit : « Venez au moment de la lumière de demain, je vous donnerai ma paix que mon Père m'a donnée. »

Marie vint donc au siège des apôtres sur la montagne des Oliviers où ils offraient un sacrifice au Seigneur. Elle fit la συναξις avec eux. Répondit l'archevêque Pierre: ………


 

APPENDICE

MORCEAUX DOUTEUX

1er FRAGMENT[49]

L'apôtre Judas, quand le diable entra en lui, il sortit et il courut vers les grands prêtres. Il dit : « Que donnerez-vous pour que je vous le livre?» Ils lui donnèrent 30 pièces d'argent.

Or la femme de Judas prit (avait pris) le fils de Joseph d'Arimathie pour le nourrir.

Le jour où le malheureux Judas reçut les trente pièces d'argent et les porta à sa maison, le petit (ne voulut pas boire).

Joseph vint dans la chambre de la femme... Judas….

Joseph y vint tout affligé sur son fils.

Lorsque le petit enfant vit son père (il avait sept mois) il cria, disant : « Mon père, viens, emporte-moi de la main de cette femme qui est une bête sauvage. Depuis la 9e heure d'hier, ils ont reçu le prix (du sang du juste). »

Lorsqu'il entendit cela, son père le prit.

Judas sortit aussi. Il prit... et des autres gens du roi. Ils prirent Jésus. Ils l'amenèrent au prince. Pilate leur dit : « Que voulez-vous que je lui fasse? »

Ils lui dirent : « Crucifiez-le! »

Et lorsqu'ils vinrent au lieu où on devait le crucifier, ils le mirent nu …. Ils lui tressèrent une couronne d'épines, qu'ils placèrent sur sa tête. Ils lui mirent un bâton dans sa main droite. Ils crucifièrent deux voleurs avec lui, un à sa droite, un à sa gauche et lui au milieu. Il leva les yeux au ciel. Il dit : « Mon père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. »

Et ils se moquaient[50] ………………………………………………….

2e FRAGMENT[51]

Lorsqu'il habitait parmi nous, le Seigneur nous a dit : « Celui qui évangélisera une multitude de villes et sauvera une multitude d'âmes recevra une r a multitude de grâces dans le royaume des cieux. »

Ils parlaient encore ensemble, lorsque passa un marchand Tekontophore. Il vit les apôtres assis comme les……...

Il leur dit : « (De quoi parlez-vous ensemble)

Ils dirent... L'apparence de...

Tandis qu'ils disaient ces choses, Jésus était debout, les écoutant parler ensemble, sans qu'ils sachent que c'était Jésus.

A cet instant, il se transforma devant eux. Il se révéla à eux. Il parla avec eux en langue hébraïque, disant : « Bonjour, mon évêque vénérable Pierre. Bonjour, Thomas mon second χρηστός……………....

……………. à Jésus, parce qu'il avait pris l'aspect d'un marchand. Il s'assit sur une pierre. Il se révéla à eux.

Pierre dit au marchand : « Voilà Notre-Seigneur, viens-t'en parler avec lui de ce que tu veux à notre égard. »

Alors le marchand dit à Jésus : « Salut, homme grand et vénérable, tu sembles être un homme important et bien né. »

Le marchand regarda la face de Thomas. Il le trouva ayant la force de l'âge plus que Matthieu. Il dit : « Reçois le prix de celui-ci et donne-le-moi. » Jésus lui dit : « Donne-moi tant de livres d'or pour lui. » Le marchand y consentit. Il dit à Jésus : « Écris-moi la vente. » Jésus écrivit disant : « Je reconnais vendre mon homme... »

 

 


 


[1] Origène en parle, ainsi que du proto-évangile de saint Jacques, à propos du double mariage attribué à saint Joseph (Origène in Matth., Migne, Patrologia Graeca, t. XIII, c. 875 et suiv.); voir aussi sur cet Évangile, Eusèbe, l. III, ch. iii; l. VI, ch. x; Théodoret. Haeres. Fab. l. II, ch. ii (qui nous dit que les Nazaréens ou les Juifs convertis s'en servaient; et saint Jérôme, De viris illustr., ch. ii). D'après les renseignements fournis par Eusèbe (l. VI, ch. x), ce livre de l'Evangile de saint Pierre a surtout commencé à être connu au moment des persécutions de Sévère contre l'Église, c'est-à-dire du temps de Sérapion, évêque d'Antioche, et d'Origène. Certains frères habitants Rhossus en Cilicie, in ecclesia Rossensi, avaient demandé d'abord à Sérapion de lire cet évangile : ce à quoi il avait consenti, les croyant tous orthodoxes. Mais il apprit ensuite qu'il s'agissait de docètes cherchant à répandre leurs erreurs. Il se ravisa donc et interdit absolument la lecture de l'Evangile dit de saint Pierre, par lui attribué à un certain Marcianus et non Marcion. On comprend comment Origène ne réunit pas cet évangile aux deux évangiles plus antiques selon les Hébreux et des douze Apôtres (voir infra). La découverte de M. Bouriant n'en est pas moins des plus intéressante, bien qu'il n'ait pas connu les témoignages antiques sur cet évangile (Mémoires publiés par les membres de la mission archéologique française au Caire, Paris, 1892, t. IX, p. 137 et suiv.). Il avait seulement vu, dans Tischendorf, un renvoi à l'Apocalypse de saint Pierre, qu'Eusèbe (l. III, ch. iii) signale à côté de l'Évangile du même Apôtre.

[2] J'en avais déjà donné plusieurs fragments dans mes apocryphes coptes du Nouveau Testament (E. Revillout, Apocryphes coptes du Nouveau Testament, Paris, Vieweg, 1876). M. I. Guidi les a publiés de nouveau en y joignant une page nouvelle (Rendiconti della R. Accademia dei Lincei, vol. III, 1er semestre; vol. IV, 1er semestre, Rome, 1888). J'ai retrouvé récemment: 1° d'autres fragments se reliant directement aux premiers ; 2° d'autres fragments, très nombreux, qui, sans se réunir directement aux premiers, paraissent bien appartenir au même document (voir plus loin). Notons que c'est cette année seulement que j'ai songé à assimiler les anciens fragments (comme les nouveaux) à l'Évangile des douze Apôtres.

[3] Les fragments de l'Évangile de saint Barthélémy paraissent ici pour la première fois.

[4] Conf. saint Jérôme, Contr. Pelag., l. III, ch. i, De viris illustribus; ch. ii, ch. iii, ch. xvi, ch. xxvi.

[5] Voir aussi saint Irénée, Contra haereses, l. III, ch. i.

[6] Origène in Lucam, Migne, P. G., t. XIII, c. 1802. Ce livre d'Origène a été traduit par saint Jérôme. Voici le passage en question : « Sicut olim in populo Iudaeorum multi prophetiam profitebantur et quidam erant pseudo-prophetae... ita et nunc in novo testamento multi conati sunt scribere Evangelia, sed non omnes recepti. Et ut sciatis non solum quatuor evangelia sed plurima esse conscripta, e quibus haec quae habemus electa sunt et tradita Ecclesiis, ex ipso prooemio Lucae quod ita contexitur, cognoscamus « Quoniam quidem multi conati sunt ordinare narrationem ». Hoc quod: ait : « Conati sunt » latentem habet accusationem eorum qui absque gratia spiritus sancti ad scribenda Evangelia prosiluerunt. Matthaeus quidem et Marcus et Iohannes et Lucas non sunt « conati » scribere sed spiritu sancto pleni scripserunt Evangelia. « Multi » « igitur conati sunt ordinare narrationem de his rebus quae manifestissime cognitae sunt in nobis ». Ecclesia quatuor habet Evangelia, haeresis plurima : e quibus quoddam scribitur secundum Aegyptios, aliud iuxta duodecim Apostolos. Ausus fuit et Basilides scribere Evangelium et suo illud nomine titulare. Multi conati sunt scribere; sed et multi conati sunt ordinare. Quatuor tantum Evangelia sunt probata, e quibus sub persona Domini et Salvatoris nostri proferenda sunt dogmata. Scio quoddam Evangelium quod appellatur « secundum Thomam » et « iuxta Matthian » et alia plura legimus, ne quid ignorare videremur propter eos qui se putant scire aliquid si ista cognoverint. Sed in his omnibus nihil aliud probamus nisi quod Ecclesia, id est quatuor evangelia recipienda. »

[7] Saint Jérôme in Matth., Migne, P. L., t. XXVI, c. 15 et suiv. Le passage commence ainsi : « Plures fuisse qui Evangelia scripserunt et Lucas Evangelista testatur dicens : « Quoniam multi, etc. » et perseverantia usque ad praesens tempus monimenta declarant quae a diversis auctoribus edita diversorum haereseon fuere principia, ut est illud iuxta Aegyptios, et Thomam, et Matthiam, et Bartholo-maeum, duodecim quoque apostolorum et Basilidis atque Apellis ac reliquorum quos enumerare longissimum est, etc. »

[8] Saint Ambroise, Proœm. in Lac. Il dit seulement de notre texte : « Et aliud quidem fertur Evangelium quod duodecim apostoli scripsisse dicuntur. »

[9] Bède in Luc, Migne, P. L., t. XCII, c. 307, donne à propos du prologue de Luc : « Quoniam multi, etc. », le commentaire suivant évidemment tiré aussi d'Origène : « Quo manifestissime prooemio significat eam sibi maxime causam Evangelii fuisse scribendi, ne pseudo-evangelistis facultas esset falsa praedicandi, qui, ut eorum hodieque monumenta testantur, sub nomine apostolorum perfidiae conati sunt inducere sectas. Denique nonnulli Thomae, alii Bartholomaei, alii Matthiae, aliqui etiam duodecim Apostolorum titulo reperiuntur falso sua scripta praenotasse. Sed et Basilides atque Apelles quorum unus trecentos sexaginta quinque coelos, alter duos invicem contrarios deos inter alia nefanda dogmalizabant, evangelia sui nomine errore foeda reliquisse. Inter quae notandum quod dicitur Evangelium iuxta Hebraeos non inter apocryphas sed inter ecclesiasticas numerandum historias; nam et ipsi sacrae Scripturae interprete Hieronymo pleraque ex eo testimonia usurpare et ipsum in Latinum Graecumque visum est transferre sermonem. »

[10] Origène in Matth., Migne, P. G., t. XIII, c. 875 et suiv. : « Putabant igitur illum esse Ioseplii et Mariae filium; fratres autem Jesu filios esse Ioseph ex priore coniuge quam ipse ante Mariam duxerit, affirmant nonnulli, ad id scilicet adducti traditione Evangelii quod secundum Petrum inscribitur vol libri Iacobi. » Le second livre cité paraît être le proto-évangile de saint Jacques qui est aussi cité dans les Philosophoumena, p. 148 de l'édition Cruice. La même tradition se retrouve dans plusieurs autres apocryphes, la Vie de saint Joseph le charpentier, etc. Il est bien certain, d'après le passage reproduit précédemment, qu'Origène n'attribuait pas à l'Évangile de saint Pierre la même importance (surtout au point de vue de l'antiquité), qu'aux deux grands apocryphes donnés par lui comme types.

[11] L'Évangile de saint Barthélemy commence à être cité durant le quatrième et le cinquième siècle. Saint Jérôme, dans un passage déjà cité des Prolégomènes de son commentaire, l'indique à côté de l'Évangile de saint Thomas et de celui de saint Matthias (textes déjà cités ou visés par Justin après Origène, l'auteur des Philosophumena, Eusèbe, etc. et que nous possédons encore). Bède (loc. cit.) nomme de même l'Évangile de saint Barthélemy et le catalogue Gélasien le condamne. Mais tout semble prouver que ce texte, très gnostique, n'a pas de beaucoup précédé saint Jérôme comme composition. Il va sans dire que l'Évangile de saint Barthélemy n'a rien de commun, quoi qu'on en ait dit, avec l'Évangile hébreu de saint Matthieu qu'Eusèbe (l. V, ch. x), saint Jérôme (De viris illustribus, ch. xxxvi), Nicéphore (l. IV, ch. xxxii), prétendent avoir été rapporté par Panthaenus des Indes où il avait été porté par saint Barthélemy.

[12] Voici le passage en question (S. Jérôme, Adv. Pelag., l. III, ch. i) : « In evangelio iuxta Hebraeos, quod Chaldaico quidem Syroque sermone sed Hebraicis literis scriptum est, que utuntur usque hodie Nazaraeni, (in Evangelio) secundum Apostolos, sive (in Evangelio) ut plerique autumant, iuxta Matthaeum quod et in Caesariensi habetur bibliotheca, narratur historia : « Ecce mater Domini et fratres eius dicebant ei... etc. ». On a cru voir une assimilation entre ces trois évangiles, fort bien distingués par Origène, par Bède, etc., dont cependant au moins l'histoire comparative nous est contée ailleurs par S. Jérôme lui-même, De viris Illustribus, Migne, P. L., t. XXIII, c. 614. C'est là une erreur. Saint Jérôme faisait seulement un triple renvoi pour un texte commun aux trois sources, comme plusieurs récits sont communs aux quatre évangiles canoniques.

[13] L'Evangile selon les Égyptiens, cité par saint Clément (Clem. Ad. Cor., p. 2, § 12, Migne, P. G., t. I, c. 346), par saint Clément d'Alexandrie (Clem. Alex., l. III, Strom., p. 445), par saint Épiphane (Haeres. 62), par saint Jérôme (Prooem. in Matth.), par Théodote (in calce Oper. S. Cl. Alex.), par Origène (in Matth.), Tite de Bostres, Théophylacte (sur suint Matthieu), etc., suivait généralement les évangiles canoniques auxquels il ajoutait quelques détails ou de rares légendes d'un caractère essénien, comme le disent les éditeurs de la Bible de Vence : Quand le monde finira-t-il? « Lorsque, répond Jésus, deux ne feront qu'un, quand ce qui est au dehors sera au dedans, lorsque l'homme et la femme ne seront ni mâle ni femelle, et lorsque vous foulerez aux pieds les habits de votre nudité ». Salomé ayant demandé au Seigneur : « Jusqu'à quand les hommes mourront-ils? » Jésus répondit : « Tant que vous autres femmes produirez des enfants. » « J'ai donc bien fait de n'avoir point d'enfants », répliqua Salomé. Mais le Sauveur lui dit : « Nourrissez-vous de toute sorte d'herbes, à l'exception de celle qui est arrière (du péché). » Ailleurs on prête au Christ ces paroles : « Je suis venu pour détruire les œuvres de la femme. » C'est là tout ce que nous savons de cet évangile, si l'on en excepte un passage de saint Épiphane, lui attribuant des idées sabelliennes.

[14] M. Nicholson a publié et commenté tous les passages attribués à cet Évangile dans son ouvrage The Gospel accorrling to the hebrews, Londres, 1879. Les extraits donnés par lui prouvent combien cet évangile était généralement synoptique par rapport aux évangiles canoniques et combien courtes étaient les intercalations.

[15] Beaucoup plus nombreux et plus considérables sont ici les récits complets et étrangers aux évangiles canoniques, bien que ces récits rentrent dans la trame historique des textes sacrés. Il en est de même, d'ailleurs, dans les textes de Strasbourg, dont certains passages visent, du reste, évidemment d'autres fragments récemment découverts par nous de l'Évangile des douze Apôtres, par exemple celui-ci : « Je vous ai révélé toute ma gloire et je vous ai enseigné votre puissance et le mystère de votre apostolat... sur la montagne...» Ce discours que Jésus adresse à ses Apôtres après la résurrection vise, avec certitude, la bénédiction donnée par le Sauveur aux Apôtres sur la montagne alors qu'il leur prophétisa leur rôle, suivant nos nouveaux textes.

[16] Pour la critique détaillée de ces textes comparés à ceux des évangiles canoniques, voir notre travail intitulé : « l'Évangile des XII Apôtres récemment découvert », extrait de la Revue biblique, avril et juillet 1904. J'ai retrouvé depuis un nouveau fragment important, reproduit et commenté plus loin, p. 68.

[17] Nous avons aussi un fragment où de semblables intercalations en langue céleste ont été ajoutées au récit de la passion que donnent les Acta Pilati en s'inspirant de saint Luc. Je me suis demandé un instant si l'Évangile de saint Barthélémy n'avait pas emprunté cette page aux Acta en la grossissant. Nous aurons à revenir sur cette question dans le prochain fascicule.

[18] Nous avons indiqué en note (page 195) les raisons qui nous faisaient ajouter, en appendice de l'Évangile de saint Barthélémy, deux fragments très douteux aussi. Les deux seuls fragments certains sont ceux que nous indiquons dans le texte de cette préface; mais d'autres paraissent avoir été utilisés par des sermonaires dont nous parlerons.

[19] Ce fragment auquel nous donnons la lettre A1 occupe le folio 154 recto et verso du recueil de fragments, portant le n° 129/18 du fonds copte de la Bibliothèque nationale de Paris.

[20] La première partie de ce fragment, comprenant les manuscrits Borgia CXI et GXII, a été publiée d'abord par moi dans mes Apocryphes coptes, p. 113 et suiv. M. Guidi l'a republiée en y joignant une page nouvelle tirée d'un manuscrit Bodléien dans ses frammenti copti, p. 373 des Rendiconli de l'Académie des Lincei, vol. III, fasc. 13, 2e semestre. 4e, Roma, 1887. Enfin une nouvelle partie, se rejoignant aux trois morceaux primitifs, a été récemment découverte aussi par moi (Recueil 129/17 de la Bibl. nat. de Paris, fol. 53 à 58).

Quand nous nous trouvons avoir ainsi plusieurs textes, j'indique en note les variantes. Le numéro CXI Borgia portera ici la lettre A2. Le manuscrit CXII la lettre A3. Le manuscrit Bodléien la lettre A4. Nous avons de plus les fragments A5 (Recueil 129/17, fol. 53 à 58). A6 (Recueil 129/18 Bibl. nat., fol. 151). A7 (ibid., fol. 158). A8 (ibid. f. 92).

Nous suivons ici A2.

[21] Jean, XVII, 11.

[22] Jean VI, 15.

[23] Ce fragment, paraissant appartenir au même manuscrit que le dernier reproduit plus haut, est aussi entièrement inédit. Il est extrait du recueil 129/17, fol. 66, de la Bibliothèque nationale. Nous lui donnons la lettre A9.

[24] Ce texte n° CXIII Borgia a été aussi publié par moi pour la première fois dans mes Apocryphes coptes, p. 124 et suiv. Il a été ensuite reproduit par M. Guidi loc. cit., p. 381. Nous lui donnerons la lettre A10.

[25] Luc XXII, 31.

[26] Ce fragment, auquel nous donnerons la lettre A11, est extrait du fol. 25 du manuscrit copte 132/1 de la Bibliothèque nationale.

[27] Morceau inédit. Ms. copte 129/17, fol. 61, de la Bibliothèque nationale. Nous lui donnerons la lettre A12.

[28] Ce fragment, auquel nous donnons la lettre A13, provient de Strasbourg et a été publié pour la première fois par Jacoby en 1900, chez Trübner, sous le titre : « Ein neues Evangelien fragment ». Après avoir pensé à l'Évangile des douze Apôtres (que semble viser la phrase. « Nous, les Apôtres, etc. », laquelle se retrouve d'ailleurs dans d'autres de nos fragments), le savant Allemand l'avait définitivement attribué à l'Évangile selon les Égyptiens. Mais la phrase ci-dessus visée, aussi bien qu'une autre citée plus haut et dont nous reparlerons, le style général etc. ne nous permettent plus guère d'hésiter. Ce fragment fait corps avec les nôtres et doit être attribué à l'Évangile des douze Apôtres. Voir la révision déjà faite par nous, le 22 septembre 1900, dans l'Intermédiaire des curieux. Nous en publions ici une nouvelle, très corrigée d'après les photographies.

[29] Ce fragment et le suivant auxquels nous donnons la lettre A14 et A15, provenant également de Strasbourg et également publiés d'abord par Jacoby, font suite au précédent. Comme lui, ils paraissent se rapporter à la scène du jardin des Oliviers. Jésus y continue son discours aux Apôtres. Ceux-ci lui répondent, puis, plus loin, ils racontent d'une façon plus impersonnelle. Ainsi que nous l'avons dit dans la préface, Jésus et ses Apôtres y visent également deux des fragments antérieurement publiés par nous et dans lesquels le Christ et le Père éternel ont révélé aux Apôtres, non seulement leur gloire (comme à quelques-uns d'entre eux dans la transfiguration), mais aussi la mission de chacun d'eux, c'est-à-dire leur propre apostolat. Tout cela est censé avoir eu lieu alors sur la montagne, où Jésus s'était réfugié quand on voulait le faire roi.

[30] Voir la note précédente.

[31] Ce fragment auquel nous donnerons le n°A16 est inédit et tiré du Ms. copte 121/17, fol. 52. du la Bibl. nat. J'en ai seulement donné la traduction dans l'Intermédiaire en le rattachant alors à l'Évangile selon les Egyptiens, comme on rattachait au même évangile les fragments de Strasbourg.

[32] Ce fragment est tiré du manuscrit 129/17, fol 42. Nous lui donnerons la lettre A17.

[33] Dans le manuscrit 129/17, fol. 11 v°, on trouve un fragment intitulé : « Martyre du saint Apa Zacharie, le prêtre, le 8 du mois de thot ». Le fragment concerne la visite des mages à Hérode et le trouble du roi à ce sujet. La suite nous manque. Mais, selon une tradition, ce serait à l'occasion de la mort des saints Innocents que Zacharie aurait été martyrisé pour avoir défendu saint Jean. Notre texte assimile ce Zacharie, père de saint Jean-Baptiste, au Zacharie fils de Barachias, dont le Christ a parlé deux fois. Cf. Patrol. Or., t. I, fasc. 3 : Le synaxaire arabe jacobite publié et traduit par René Basset, au huitième jour de Tout. Le Livre de la création en parle.

[34] Ce récit inédit se trouve en partie dans trois manuscrits : 129/l7, f. 51, auquel nous donnons la lettre A18; 129/17, f. 60, auquel nous donnons la lettre A19; et 129/18, f. 156, auquel nous donnons la lettre A20. Nous suivons d'abord A18 dans le texte du haut de la page et A19 dans celui du bas. A20 constituera le 13e fragment.

[35] Je remplirais facilement ainsi la lacune: car tu participeras à mon incorruptibilité. A cause de ta piété à vénérer mes blessures, je te les livre ainsi que tous mes membres pour les examiner, etc.

[36] Ce fragment se trouve dans le ms. 129/18, fol. 156 (voir plus haut).

[37] Morceau inédit extrait du manuscrit 129/17, fol. 20; nous lui donnons la lettre A21.

[38] Ce texte (tiré du manuscrit 129/17, fol. 37 et suiv., et auquel nous donnons la lettre A22) est inédit. J'en avais seulement donné une traduction dans l'Intermédiaire des curieux en le rapprochant des Gesta Pilati si bien étudiés par Tïschendorf et au seizième chapitre desquels il fait pour ainsi dire suite. Mais tout bien considéré, il me paraît impossible d'admettre la perte de cette partie dans les Actes dont tant de versions nous sont conservées, même en copte. Je crois donc que nous avons encore ici affaire à l'Évangile des douze Apôtres.

[39] Ici une grande lacune de quatre pages du manuscrit. Evidemment Pilate se doute que ce centurion, ainsi ébloui, a vu quelque chose. Celui-ci lui fait des aveux complets. Il raconte comment il a contemplé la résurrection du Seigneur. Il raconte aussi la discussion qu'il a eue avec ces Juifs obstinés qui avaient payé ces soldats pour ne rien dire et comment il les a menacés des châtiments du ciel. C'est ainsi que commence le passage suivant.

[40] Dans la lacune textuelle, on devait mettre en face les adversaires naturels, c'est-à-dire les Juifs et les disciples; car on les voit plus loin soutenir des deux parts une opinion contraire. On devait aussi indiquer à Pilate l'existence d'un mort dans un puits, qu'il va aussitôt examiner en bon juge d'instruction.

[41] Autre lacune.

[42] Il ne reste que deux ou trois mots de la dernière phrase. Mais il est certain que les disciples continuaient leur plaidoyer en invoquant ce témoignage de Joseph et de Nicodème qui avaient fait l'ensevelissement du Christ.

[43] Malheureusement, la suite contenant sans doute la résurrection et le témoignage du voleur mort a disparu dans une nouvelle lacune, cette fois définitive.

[44] Ce fragment, plus douteux que les autres, auquel nous donnons la lettre A13, est tiré du manuscrit 129/17, f. 67 et f. 21 et suiv.

[45] Ce fragment, retrouvé après coup, est à intercaler après le n° 4. Nous lui avons donné le n° A24. Il est extrait du manuscrit 129/18, fol. 125. Il se rapporte à l'arrivée de Jésus à Jérusalem avant sa dernière Pâque. L'auteur suit surtout saint Jean xi, 51 et suiv., en ce qui touche cette venue secrète (Cf. Luc xxi, 37), les recherches des Juifs, le conseil présidé par Caïphe (Jean xi, 47 et suiv.). Seulement, il suppose que c'était dans la maison d'Irméel située sans doute sur la montagne des Oliviers (Luc xxi, 37) que se rendait Jésus (Voir aussi Math, xxvi, 6; Marc xiv, 3; Jean xii, 1). On sait que, dans le conseil présidé par Caïphe, les premiers mots prononcés furent : « Que ferons-nous? » Pour le commentaire exégétique de nos autres fragments, voir l’étude que nous avons publiée sur l'Évangile des douze Apôtres récemment découvert dans la Revue Biblique, 1904, nos d'avril et de juillet.

[46] Texte inédit du manuscrit 129/17, fol. 63, de la Bibliothèque nationale. Je lui donne la lettre B1.

[47] . Il est tiré en partie du manus. 129/17, fol. 31, 33, 34, 35, 36. Je lui donne la lettre B2. Un autre texte auquel nous donnerons la lettre B3 est tiré du manus. 129/17, fol. 32, et complète le récit. Je mettrai les deux textes l'un au-dessous de l'autre dans les parties correspondantes.

[48] Voir la Vie de saint Joseph le charpentier dans mes Apocryphes coptes. C'est, on l'a dit depuis longtemps, ,

[49] Ce fragment provient du manuscrit 129/17, f. 59, nous lui donnons le n° B4.

Ce qui nous ferait décidément supposer possible l'attribution de ce fragment à l'évangile de saint Barthélémy, c'est le rôle qu'y occupe Judas, dont l'évangile de saint Barthélémy nous raconte la destinée d'outre-tombe. Dans ces textes imités des évangiles apocryphes et dont nous parlerons bientôt, on voit Judas se donner la mort dans l'espérance que le Christ l'emmènera avec lui au ciel, lors de sa résurrection (tandis que, d'après le dire de Barthélémy, le Christ le laissera à peu près seul en enfer). Dans le texte actuel, cette malédiction complète de Judas est déjà préparée. L'Evangile des douze Apôtres, au contraire, accuse surtout sa femme.

[50] C'est ici que j'avais songé à intercaler le fragment qui se trouve dans le manuscrit 129/18 au folio 140 et qui contient un récit de la suite de la passion identique à celui qui se trouve dans la version copte des Acta Pilati, sauf quelques légères intercalations gnostiques.

La chose est à la rigueur possible. Mais, ainsi que je l'ai dit plus haut, dans ma préface, je préfère le réserver pour mon édition des Acta Pilati, qui paraîtra dans le prochain fascicule.

[51] Ce fragment est extrait du 129/18, fol. 108; nous lui donnons la lettre B5. L'attribution possible à l'Évangile de saint Barthélémy est basée sur la comparaison d'un fragment inédit, tiré des Actes de saint Barthélémy (ibid., f. 206 et suiv.) qui raconte la vente faite par saint Pierre de l'apôtre saint Barthélémy, vente analogue à celle que fait ici le Christ; nous publierons, du reste, bientôt ce document avec les autres analogues, relatifs aux apôtres.