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Oeuvre numérisée par Marc Szwajcer

 

 

 

 

DIOSCOURIDE

 

EXTRAITS DE « LA MATIÈRE MÉDICALE »

 

 

Liv. II, c. — Περὶ Λυγγουρίου. — Il ne faut pas croire que ce qu'on appelle le lyngurium est l'urine du lynx qui se transforme en pierre quand l'animal la lâche, car c'est une erreur. C'est, en effet, ce qu'on appelle l'ambre ptérygophore, ainsi nommé parce qu'il attire les plumes. Bu avec de l'eau, il est bon pour l'estomac et le flux de ventre.

Liv. V, civ. — Περὶ Χρυσοκόλλης. — La chrysocolle la plus estimée est celle d'Arménie : elle a la couleur d'un porreau excessivement vert. Vient en seconde ligne celle de Macédoine, puis celle de Chypre : de cette dernière, il faut préparer la plus pure; celle qui contient de la terre ou des pierres doit être écartée. Voici comment il faut la laver : après l'avoir concassée, mets-la dans un mortier, puis verse de l'eau et avec la main étendue vers le fond du mortier broyé vivement ; puis laisse reposer et décante. Verse de nouveau de l'eau et broyé de nouveau, et recommence encore jusqu'à ce que l'eau sorte claire et pure. Sèche le résidu au soleil, et mets-le en réserve pour t'en servir. Si tu veux le calciner, passe-le ainsi au feu : prends la quantité suffisante, mets-la dans une poêle sur des charbons allumés et conduis l'opération comme il a été dit plus haut. La chrysocolle a la propriété de faire disparaître les cicatrices, de réduire les excroissances de chair, d'être purgative, astringente, brûlante, septique et légèrement rongeante. Elle fait partie des vomitifs et peut occasionner la mort.

cv. — Περὶ ρμενίου. — La pierre d'Arménie qu'il faut préférer, doit être légère, de couleur bleue, bien unie, sans cailloux et facile à broyer. Elle a les mêmes propriétés que la chrysocolle, seulement elle est moins énergique. Elle est excellente pour fortifier les cils.

cvi. — Περὶ Kυάνου. — Le cyanus se forme dans les mines de cuivre de Chypre, mais plus encore dans le sable des rivages, car on le trouve dans certaines excavations en forme de cavernes, au bord de la mer ; c'est le meilleur. Il faut prendre celui qui est de couleur très foncée. Il faut le calciner comme la chalcite et le laver comme la cadmie. Il est astringent, légèrement septique, fait former des croûtes et provoque des ulcères.

cvii. — Περὶνδικοϋ. — De l'indigo, une sorte se forme naturellement, comme une écume, de certains roseaux indiens; l'autre est une teinture faite avec les écailles qui se soulèvent des chaudières de cuivre, que les ouvriers raclent et font sécher. On doit donc supposer que le meilleur est celui qui a l'aspect du cyanus, qui a du suc et qui est lisse. Il est au nombre des médicaments légèrement astringents et qui font céder les inflammations et les œdèmes; il purifie et nettoyé les ulcères.

cviii. — Περὶ χρας. — On doit prendre l'ocre très légère et jaune à l'intérieur, de couleur foncée, sans pierre, friable, venant de l'Attique. On doit la calciner et la laver comme la cadmie. Ses propriétés sont septiques, elle dissipe les inflammations et les abcès, ronge les excroissances de chair; mêlée à la cire, elle remplit les crevasses et amollit les concrétions goutteuses.

cix. — Περὶ Κινναβάρεως. — Plusieurs croient à tort que le cinabre est le minium (μμί). Le minium se prépare en Espagne avec une certaine pierre mélangée à un sable argentifère. Celte pierre n'est pas autrement connue : dans le creuset, elle prend une couleur très brillante et d'un rouge très ardent : elle exhale dans les mines une émanation suffocante ; aussi les habitants mettent-ils sur leurs visages des vessies qui leur permettent de voir sans respirer l'air. Les peintres s'en servent pour les somptueuses décorations murales. Le cinabre dont il est ici question vient de Libye : il se vend très cher, tellement, que les peintres s'en procurent difficilement pour leurs tableaux. Il est d'une couleur forte et foncée, d'où quelques personnes ont cru que c'était du sang de dragon. Ses propriétés sont les mêmes que celles de l'hématite : il est bon pour les yeux, plus efficace, car il est astringent et plus hémostatique : incorporé à la cire, c'est un remède pour les brûlures et les exanthèmes.

cx. — Περὶ δραργύρου. — Le vif-argent est extrait du minium (μμίου), improprement appelé cinabre. On met sur un plat de terre un récipient de fer contenant du cinabre, on couvre d'un couvercle luté avec de l'argile, et on chauffe avec des charbons allumés ; le dépôt qui adhère au couvercle (μβικι) ayant cessé de bouillir et se refroidissant, le vif-argent se forme. On l'obtient aussi lorsqu'on fond l'argent ; car il se rassemble goutte à goutte sur les couvercles des creusets. Il y a des gens qui disent qu'on trouve le vif-argent naturel dans les mines. On le conserve dans des vases de verre, de plomb, d'étain ou d'argent, car il mange toute autre matière et s'écoule. Si on le boit, il a cette propriété destructive : par son poids il détruit l'intérieur du corps. Le remède est du lait absorbé en grande quantité et rejeté en vomissant, ou du vin d'absinthe, ou une décoction de persil, ou de la graine de sauge, ou de l'origan, ou du vin d'hysope.

La limaille d'or, c'est-à-dire de la raclure très fine, en boisson, est un remarquable remède contre le vif-argent.

cxi. — Περὶ Μίλτου Σινωπικς. — L'ocre rouge de Sinope est très solide ou dense, lourde, couleur de foie, sans pierres, bien égale de couleur et, en dilution, foisonne beaucoup. On la recueille en Cappadoce dans des cavernes. On la purifie et on l'envoie à Sinope où elle est mise en vente : de là son nom. Elle a une vertu siccative et peut servir aux emplâtres. Pour ce motif, elle entre dans la composition des emplâtres pour les blessures et des trochisques siccatifs et astringents. Prise avec un œuf ou dans un clystère, elle arrête le cours du -ventre; on la donne aussi aux gens qui ont le foie malade.

cxii. — Περὶ Τεκτονικς. — L'ocre rouge artificielle est inférieure en tout à celle de Sinope : la meilleure est celle d'Egypte et de Carthage, elle n'a pas de pierre et est facile à broyer. On la fait dans l'Ibérie occidentale, avec de l'ocre jaune (ὤχρας) calcinée, qui se change en ocre rouge (μίλτον).

cxxi. — Περὶ ρσενικο. — L'orpiment se trouve dans les mêmes mines que le réalgar. On doit supposer que le meilleur est celui couvert de croûtes et couleur d'or, et ayant les croûtes disposées comme des écailles se recouvrant les unes les autres; il n'est mélangé à aucune autre matière. Tel est celui qu'on trouve en Mysie, dans l'Hellespont. Il y en a de deux sortes. L'une, comme celui dont nous venons de parler : l'autre, semblable a un rognon, et de la couleur du réalgar. On l'apporte du Pont et de la Cappadoce. Ce dernier ne vient qu'au deuxième rang. Voici comment on le grille : l'ayant déposé sur une coquille de terre neuve, place-le sur des charbons ardents et remue sans t'arrêter jusqu'à ce qu'il change de couleur et devienne rouge; une fois refroidi, broie-le et mets-le de côté. Ses propriétés sont septiques et astringentes, il fait former des croûtes en brûlant et avec une violente cuisson ; il est au nombre des médicaments qui arrêtent les excroissances, et il fait tomber les poils.

cxxii. — Περὶ Σανδαράκης. — Le réalgar à préférer doit être foncé, rouge ardent, friable, facile à broyer, pur, avoir la couleur du cinabre (κιννναβαρίζουσαν) et une odeur sulfureuse. Il a les mêmes propriétés et le même pouvoir brûlant que l'orpiment. Incorporé à la résine, c'est un remède contre l'alopécie : avec de la poix, il arrête la chute des ongles qui tombent par écailles : avec de l'huile, il convient contre la phtiriase : avec de la graisse, il dissout les tumeurs : avec de l'huile de roses, il est bon pour les ulcères du nez et de la bouche, pour tous les autres exanthèmes et pour les grosseurs calleuses. On le donne avec du vin miellé à ceux qui crachent de l'humeur. Pour la toux chronique, on le brûle avec de la résine, en amenant la vapeur par un tube à la bouche : en électuaire avec du miel, il éclaircit la voix : on le donne en pilules, avec de la résine, aux asthmatiques.

cxxiii. — Περὶ θείου. — On doit considérer comme le meilleur soufre, celui qui n'a pas été préparé au feu, dont la couleur est brillante, qui est translucide et sans pierres. Celui qui a passé par le feu est jaune-vert et très gros. C'est à Milo et à Lipari qu'on le trouve surtout. Le premier dont on vient de parler, chauffe, dissipe, mûrit les toux : pris avec un œuf, ou en fumigation, il soulage ceux qui ont des crachements d'humeur et les asthmatiques : en outre, en fumigation, il fait sortir le fœtus : mêlé à la térébenthine, il guérit aussi les lèpres, les lichens, les ongles qui se détachent par écailles : appliqué avec du vinaigre, il convient aux lèpres, il fait aussi disparaître les dartres blanches : mélangé a la résine, il guérit les piqûres des scorpions. Avec du vinaigre, il guérit les piqûres de la vive et des scorpions : étendu légèrement avec du nitre, puis essuyé, il calme toutes les démangeaisons : étendu sur le front à la valeur d'une cuillerée ou avalé dans un œuf clair, il fait disparaître la jaunisse : il est utile pour le coryza et le catarrhe : répandu en poudre sur le corps, il arrête les sueurs : on en fait un onguent avec du nitre et de l'eau pour les goutteux : on soigne la surdité avec sa vapeur introduite dans les oreilles par un tube : sa vapeur est bonne aussi pour ceux qui sont en léthargie : il arrête l'hémorragie : en onguent avec du vin et du miel, il guérit les blessures des oreilles.

cxxv. — Περὶ Κισσήρεως. — La pierre ponce qu'il faut choisir doit être la plus légère possible avec de nombreux trous, facile a casser et sans pierres, et de plus, friable et blanche. On doit ainsi la calciner : prends la quantité que tu veux, enfonce-la dans des charbons ardents, et quand elle aura bien rougi, enlève-la et éteins-la dans du vin parfumé : de nouveau fais rougir et éteins : l'ayant retirée une troisième fois, laisse-la refroidir seule et mets-la de côté pour t'en servir. Elle est astringente et dentifrice : elle purifie en les desséchant, les taches sur les pupilles : elle ferme et cicatrise les blessures : elle fait disparaître les excroissances, et broyée, elle sert à nettoyer les dents. Elle fait tomber les croûtes du corps et est parfaite pour l'épilation. Théophraste dit que si on jette dans un tonneau de vin qui bout de la pierre ponce, aussitôt l'ébullition du vin cessera.

cxxxiv. — Περὶ Γύψου. — Le gypse a une vertu astringente : il est propre à servir d'emplâtre : il arrête les hémorragies et les sueurs : mais si on le boit, il étouffe en suffoquant.

cxxxix. — Περὶ Κοραλλίου. — Le corail, que d'aucuns ont appelé lithodendron, est certainement une plante marine ; il durcit aussitôt qu'il est tiré du fond de la mer et hors de l'eau et dans l'air qui nous environne. La plus grande partie se trouve au pied du promontoire de Syracuse, appelé Pachynus [Passaro]. Le meilleur est celui qui est rouge et qui a la couleur de l'asphodèle ou du vermillon pur, également aussi quand il est bien broyé, et bien homogène dans toutes ses parties, avec une odeur de mousse ou d'algues, et en outre bien garni de branches et ressemblant au cannelier dans l'aspect de ses rameaux. Celui qui ressemble à une pierre, et dont l'assemblage et la surface sont raboteux, qui a des crevasses et des pores, doit être regardé comme de qualité inférieure. Il est astringent et doucement rafraîchissant, il fait disparaître les excroissances de chair, il nettoyé les cicatrices des yeux, remplit les crevasses et les cicatrices : il est assez efficace contre les crachements de sang et soulage les malades de la dysurie : bu avec de l'eau, il amollit la rate.

cxl. Περὶ ντιπαθος. — Ce qu'on nomme l'antipathe doit être considéré comme du corail, mais avec une différence spécifique, car il est noir : il a aussi l'apparence d'un petit arbrisseau, mais avec plus de branches. Il a les mêmes propriétés que celui dont nous venons de parler.

cxli. Περὶ Φρυγίου λίθου. — La pierre phrygienne, dont se servent les teinturiers en Phrygie (d'où son nom), est originaire de Cappadoce. La meilleure est celle d'un jaune pâle et peu pesante, qui n'est pas très dure dans la combinaison de ses éléments, qui a des veines blanches comme la calamine. Voici comment on la calcine. Après l'avoir mouillée dans de très bon vin, enfonce-la dans des charbons ardents et souffle sans interruption : lorsque après avoir changé de couleur, elle sera devenue plus jaune, retire-la et éteins-la dans le même vin : l'ayant de nouveau placée dans les charbons, recommence l'opération : chauffe une troisième fois, faisant seulement attention qu'elle ne se brise pas et ne se réduise pas en suie. Elle a la propriété, crue ou calcinée, d'être très astringente, de purger par en haut, de faire lever les croûtes en quelque quantité que ce soit. Avec de la cire, c'est un remède pour les brûlures. Il faut la laver comme la calamine.

cxlii. Περὶσίου λίθου. — On doit prendre la pierre d'Asis, de la couleur de la pierre ponce, poreuse et légère, friable, avec des veines verdâtres la traversant. Sa fleur est un sel jaunâtre qui apparaît à la surface des pierres, de constitution fine; quanta sa couleur, elle est en quelques parties blanche, en quelques autres comme de la pierre ponce, tirant sur le vert. Mise sur la langue, elle est légèrement acre. La pierre et sa fleur sont astringentes, quelque peu septiques. Elles détruisent les excroissances de chair, mélangées à la térébenthine ou à la poix liquide. Sa fleur est préférable pour son efficacité. En plus, séchée, elle guérit les anciennes plaies difficiles à cicatriser : elle arrête les excroissances de chair : avec du miel, elle purifie les excroissances fongueuses et les ulcères malins : elle remplit les crevasses des blessures, et avec du miel, les purifie : avec de la cire, elle arrête les ulcères rongeurs : avec de la farine de fèves, on en fait des cataplasmes pour les goutteux : pour les hypocondriaques, on la mêle au vinaigre et à la chaux vive. Préparée avec du miel, sa fleur soulage les phtisiques. On prépare avec cette pierre des bains de pieds, dans lesquels les goutteux peuvent mettre leurs pieds : ils en éprouvent du bien-être : on en fait également des cercueils qui consument les chairs (σαρκοφάγοι). Si dans le bain, à la place de nitre, on employé cette pierre, les corps très charnus et obèses seront diminués. Si l'on veut laver les minéraux dont il vient d'être question, qu'on les lave comme la calamine.

cxliii. — Περὶ Πυρίτου λίθου. — La pyrite est une espèce de pierre d'où on extrait le cuivre. On doit choisir celle qui ressemble au cuivre, donnant facilement des étincelles. On doit ainsi la calciner; l'ayant arrosée de miel, mets-la sur un feu doux et souffle sans interruption jusqu'à ce qu'elle devienne de couleur jaune. D'autres l'enduisent fortement de miel et la posent sur un grand feu de charbons très ardents ; lorsqu'elle arrive à la couleur jaune, ils l'enlèvent, puis écartant et soufflant la cendre, ils la mouillent et la cuisent de nouveau jusqu'à ce qu'elle devienne uniformément friable, car souvent la surface seule est calcinée. L'ayant ainsi calcinée et séchée, ils la mettent de coté. Si le besoin se fait sentir de la laver, il faut la laver comme la calamine. Calcinée ou crue, elle est brûlante, astringente, elle dissipe les taies des yeux, elle fait disparaître et dissout les squirres. Mêlée à la résine, elle arrête les excroissances de chair en les brûlant et en les contractant. Et quelques-uns appellent la pyrite qui est ainsi brûlée, diphryge (διφρυγές).

cxliv. Περὶ  Αματίτου λίθου. — La meilleure pierre d'hématite est friable et de couleur foncée, ou noire; de sa nature elle est dure et très unie, exempte de toute impureté, sans aucune veine. Elle est astringente, légèrement brûlante, et, mêlée au miel, elle amincit et fait disparaître les cicatrices des yeux et les aspérités internes de la paupière. Avec du lait de femme, elle convient pour les ophtalmies, les ruptures de veines et les épanchements de sang dans les yeux. Bue avec du vin, elle est bonne pour la dysurie et la leucorrhée : avec une décoction de grenadier, pour les crachements de sang. Avec cette pierre on prépare des collyres et des remèdes excellents pour les affections des yeux. On la calcine comme la pierre phrygienne, moins le vin. Voici le point de calcination : devenir modérément légère et se couvrir de bulles légères. Voici comment on la falsifie : prenant une bande de pierre de schiste compacte et ronde (telles sont ce qu'on appelle les racines du schiste), on la tient au feu dans le fond d'une marmite d'argile contenant de la cendre chaude ; puis, au bout d'un instant, on la retire et on la frotte sur la pierre à aiguiser, pour voir si elle a pris la couleur de l'hématite. S'il en est ainsi, on la met de côté, sinon, on la replace dans la cendre et sans interruption, on la retire, on l'essaye, car laissée trop longtemps dans la cendre, elle change de couleur, puis se désagrège. Celle qui est falsifiée se reconnaît, d'abord à ses veines, car elle se fend directement suivant ses veines, ce qui n'a pas lieu pour l'hématite, puis par la couleur : le schiste donne une couleur éclatante, l'hématite au contraire est sombre et semblable au cinabre. L'hématite se trouve dans l'ocre rouge de Sinope et se prépare avec la pierre d'aimant (μαγνήτιδος) fortement calcinée. Celle qui est naturelle se trouve en Egypte, dans des mines.

cxlv. Περὶ Σχιστο λίθου. — Le schiste est une pierre qui se trouve dans l'Ibérie occidentale : le meilleur paraît être celui qui a la couleur du safran, qui est friable et facile à fendre naturellement ; il ressemble pour la combinaison el la connexion de ses veines au sel ammoniac. Il a les propriétés de l'hématite, seulement il n'a pas sa vertu. Délayé dans du lait de femme, il remplit les crevasses et pour les ruptures de veines et la cataracte, comme pour les engorgements des paupières et les staphylomes, il est extrêmement efficace.

cxlvi. Περὶ Γαγάτου λίθου. —On doit préférer la pierre gagate qui s'enflamme rapidement et a l'odeur de l'asphalte. En général, elle est noire et sale, puis rugueuse et très légère. Elle est émolliente et sudorifique. En fumigation, elle révèle l'épilepsie et guérit les maladies de matrice ; brûlée, elle chasse les serpents : on la mêle aux remèdes pour les goutteux et aux préparations fortifiantes. On la trouve en Lycie, dans le cours d'un fleuve qui se jette dans la mer, près de la ville de Plagiopolis. Et le pays, comme le fleuve à l'embouchure duquel se trouvent ces pierres, s'appelle Gagas.

cxlvii. Περὶ Θρακίοι λίθου. — La pierre de Thrace se trouve en Scythie dans un fleuve qu'on appelle le Pontos. Elle a les mêmes propriétés que la gagate. On dit qu'elle s'enflamme au contact de l'eau, qu'elle s'éteint avec de l'huile : ce qui a lieu aussi pour l'asphalte.

cxlviii. — Περὶ Μαγνήτου. — La meilleure pierre d'aimant est celle qui attire facilement le fer et dont la couleur est brun foncé, qui est dense, mais pas très pesante. Donnée au poids de trois oboles dans de l'eau miellée, elle fait sortir les humeurs épaisses. Il y a des gens qui la calcinent et la vendent comme de l'hématite.

cxlix. Περὶ ραβικοῦ λίθου. — La pierre dite d'Arabie ressemble à la défense d'éléphant. Broyée et appliquée en cataplasme, elle dessèche les hémorroïdes : calcinée, c'est un excellent dentifrice.

cl. Περὶ Γαλακτίτου λίθου. — La galactite est ainsi nommée parce qu'elle laisse couler un suc semblable au lait. Cependant, elle est couleur de cendre, mais de saveur douce. En lotion, elle est excellente pour le flux des yeux et les plaies : mais il faut, après l'avoir délayée dans l'eau, la mettre dans une capsule de plomb à cause de la viscosité qui se forme autour d'elle.

cli. — Περὶ Μελιτίτου λίθου. — La mélitite ressemble en tout à la galactite. Elle n'en diffère que parce que le suc qu'elle rend est plus doux. Elle produit les mêmes effets que la galactite.

clii. — Περὶ Μορόχτου λίθου. — La pierre morochthe que quelques personnes appellent galaxia ou leucographide, se trouve en Egypte. Comme elle est molle et facile à délayer, les foulons s'en servent pour blanchir les vêtements. Elle est considérée comme bonne pour fermer les plaies : bue avec de l'eau, elle convient à ceux qui crachent le sang, à ceux qui ont des coliques et des douleurs de vessie : et en pessaire, elle est également bonne pour la leucorrhée. On la mélange aux collyres mous pour les yeux : elle remplit en effet leurs crevasses et arrête leurs fluxions. Mêlée au cérat, elle cicatrise les ulcères mous.

cliii. — Περὶλαβαστρίτου λίθου. — La pierre d'albâtre, appelée onyx (νυξ), calcinée et mêlée à la résine ou à la poix, amollit les indurations : avec le cérat, elle soulage les douleurs de l'estomac; elle fortifie les gencives.

cliv. Περὶ Θυίτου λίθου. — La pierre qu'on nomme thyite se trouve en Ethiopie : elle est verdâtre, se rapprochant du jaspe. Si on la dissout, elle a une apparence laiteuse : elle est fortement caustique. Elle a la propriété de faire disparaître les taies qui obscurcissent les paupières.

clv. Περὶ ουδαῖκοῦ λίθου. — On trouve la pierre judaïque en Judée : elle a la forme d'un gland, elle est blanche, très jolie, ayant des lignes parallèles, comme faites au tour. Délayée dans l'eau, elle n'a aucun goût à la dégustation. A la grosseur d'un pois chiche, délayée comme un collyre sur la pierre à aiguiser avec trois cotyles d'eau chaude, en potion, elle est excellente pour soigner les dysuriques et briser les calculs de la vessie.

clvi. Περὶ μιάντου λίθου. — La pierre d'amiante se trouve à Chypre. Elle ressemble à l'alun du schiste (στυπτηρία σχιστή). Comme elle est souple, les commerçants en font des tissus pour le théâtre. Si on les jette dans le feu, ils flambent à la vérité, mais ils en sortent plus éclatants, n'ayant pas été attaqués par le feu.

clvii. — Περὶ Σαπφείρον λίθου. — Le saphir en potion soulage, dit-on, ceux qui ont été mordus par un scorpion. On le boit aussi pour les ulcérations intestinales : il est également salutaire pour les excroissances qui viennent aux yeux, il arrête les staphylomes et les pustules, et resserre les déchirures des membranes.

clviii. — Περὶ Μεμφίτου λίθου. — La pierre memphite se trouve en Egypte, près de Memphis; elle a la grosseur d'un petit caillou, elle est onctueuse et de plusieurs couleurs. On dit que si on la broie et qu'on mette de sa poudre sur les endroits qu'on doit couper ou brûler, elle produit une anesthésie qui écarte tout danger.

clix. — Περὶ Σεληνίτου λίθου. —La pierre sélénite, que quelques-uns appellent aphrosélénite parce qu'on la trouve en pleine nuit pendant que la lune est en croissant, se trouve en Arabie : elle est blanche, brillante, légère. On donne ses raclures en boisson aux épileptiques; les femmes s'en servent comme d'amulette, à la place de phylactères. Il paraît aussi qu'en la plaçant au pied des arbres, elle leur fait produire des fruits.

clx. Περὶ άσπιδος λίθου. — Une sorte de jaspe ressemble à l'émeraude : une autre, ayant un aspect cristallin, ressemble à un glaire : une troisième a l'aspect brumeux : une quatrième est la capnias (καπνίας), on la dirait enfumée : celle-ci ayant des lignes blanches et brillantes s'appelle assyrios : celle-là enfin est dite térébenthine, elle est de couleur bleu turquoise (καλαίνῳ). Tous s'accordent à dire que, portés au cou, ce sont des phylactères et qu'attachés à la cuisse, ils facilitent l'accouchement.

clxi. — Περὶ Ατίτου λίθου. — La pierre aétite, dans laquelle une autre pierre remue, qui rend un son, comme si elle était grosse d'une autre pierre, liée au bras gauche, retient le fœtus quand la matrice est mal attachée : mais au moment de l'accouchement, enlevez-la du bras, attachez-la à la cuisse et l'accouchement aura lieu sans douleurs. Elle fait découvrir les voleurs si on la met dans le pain qu'on présente, car le voleur ne pourra en avaler la pâte. On dit que si l'aétite est cuite avec les aliments, elle fait aussi connaître les voleurs, car le voleur ne pourra avaler les mets avec lesquels la pierre aura bouilli. Broyée et mêlée à l'onguent de cyprès, mélangée de vin doux ou dans quelque autre préparation échauffante, elle est tout à fait bonne pour les épileptiques.

clxii. Περὶ φίτου λίθου. — Pierre ophite. Une sorte est lourde et noire : une autre est couleur de cendre et tachetée : une troisième a des lignes blanches. Toutes sont utiles, portées comme amulettes par ceux qui ont été mordus par un serpent ou par ceux qui ont mal à la tête. Spécialement celle qui a des lignes est, dit-on, précieuse pour ceux qui sont en léthargie et pour ceux qui ont mal à la tête.

clxiii. — Des pierres qui sont dans les éponges. — Les pierres qui se trouvent dans les éponges, bues avec du vin, brisent les calculs de la vessie.

clxv. Περὶστρακίτου λίθου. — La pierre ostracite est semblable à une coquille: elle est rugueuse et facile à fendre : les femmes s'en servent pour s'épiler en guise de pierre ponce. Bue avec du vin, au poids d'une drachme, elle arrête les menstrues : bue à la valeur de deux drachmes, quatre jours après les menstrues, elle empêche de concevoir : en onction avec du miel, elle adoucit l'inflammation des seins et arrête les ulcères rongeurs.

clxvi. Περὶ Σμύριδος. — L'émeril est la pierre dont les graveurs de sceaux se servent pour intailler les pierres précieuses : elle est utile pour les remèdes septiques et caustiques : elle sert pour soigner les gencives ulcérées et pour nettoyer les dents.

clxviii. — Περὶ  Ἀκνης. — La raclure de la pierre à aiguiser de Naxos, provenant d'un fer aiguisé par elle, en onguent, fait pousser les cheveux sur les télés chauves, et empêche les seins des jeunes filles de grossir : bue avec du vinaigre, elle amollit la rate et est très utile pour les épileptiques.

clxix. Περὶ λίθου Γεώδους. — La pierre géode resserre, sèche et fait disparaître les taies des yeux. En onguent avec de l'eau, elle calme les inflammations des seins et des testicules.

clxxiii. — Περὶ το ἐν Σάμ λίθου. — On trouve à Samos une pierre dont les orfèvres se servent pour polir et pour brunir l'or. Celle qui est blanche et dure est la meilleure. Elle est astringente et rafraîchissante : en potion, elle convient aux gens qui ont mal à l'estomac : elle émousse les sens : mêlée au lait, elle est bonne pour les fluxions des yeux et les ulcères. Il paraît que, portée, elle facilite l'accouchement et est un phylactère pour les femmes ayant conçu.

clxxxi. Περὶμπελίτιδος γς. — De l'ampélitis, appelée par quelques-uns pharmacitis (φαρμακτιν), qu'on trouve à Séleucie en Syrie, celle qu'on doit préférer est noire, semblable à de petits charbons de pin, facile à fendre et uniformément brillante : elle fond facilement lorsqu'on la broyé en versant un peu d'huile dessus. On doit établir que celle qui est blanche, couleur de cendre, difficile à amollir est de qualité inférieure : elle est dissolvante et rafraîchissante : on s'en sert comme de fard, pour teindre les paupières, les cheveux et la barbe : on l'emploie aussi pour enduire les vignes au moment de la sortie des bourgeons, car elle tue les larves des insectes qui naissent à la surface.