La comédie reflet de la société

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La femme

Les ravages du temps font fuir les amants

PLAUTE : Titus Maccius Plautus est né en Ombrie d'une famille très modeste. Sa vie est mal connue. Venu tôt à Rome, il se consacra essentiellement au théâtre. Nous conservons de lui 21 comédies.

Autres textes de Plaute    Index général

MOSTELLARIA : Un fils de famille dont le père est absent fait la noce avec la complicité d'un esclave, Tranion. Le père revient : pour empêcher que la conduite du fils ne soit découverte, Tranion prétend que la maison est hantée

Dialogue entre la courtisane Philématie et sa servante Scapha.

 

SC.  Stulta es plane,
       quae illum tibi aeternum putes fore amicum et benevolentem.
       Moneo ego te : te ille deseret aetate et satietate.
PH.  Non spero.
SC.  Insperata accidunt magis saepe quam quae speres.
       Postremo, si dictis nequis perduci ut vera haec credas
       mea dicta, ex factis nosce rem. Vides quae sim ; et quae fui ante !
       Nihilo ego quam nunc tu amata sum, atque uni modo gessi morem,
       qui pol me, ubi aetate hoc caput colorem commutavit,
       reliquit deseruitque me. Tibi idem futurum credo.

vocabulaire

morem alicui gerere se plier aux désirs de qqn. --> avoir une liaison avec qqn.

Scapha : Tu es tout à fait idiote, toi qui considères que tu auras un petit ami éternel et dévoué. Je t'avertis : il t'abandonnera avec le temps et l'ennui.
Philématie : J'espère bien que non.
Scapha : Les choses inattendues arrivent plus souvent que celles qu'on espère. Enfin, si tu crois que tu ne peux être amenée par mes paroles à croire qu'elles sont vraies, juge donc les faits. Tu vois ce que je suis; et jadis ce que j'ai été! J'ai été autant aimée que toi et je me suis donnée à un seul homme, qui, par Pollux, quand, avec l'âge, cette tête a changé de couleur, m'a laissée et abandonnée. Je crois que la même chose t'arrivera.

PLAUTE, Mostellaria , 195-202

Textes parallèles

1. LUCIEN, Dialogues des courtisanes, 1. Glycère et Thaïs.

Glycère
Connais-tu ce soldat, Thaïs, je veux dire l'Acarnanien qui entretenait autrefois Habrotonon et qui ensuite est devenu mon amant, cet homme à l'habit bordé de pourpre et qui porte la chlamyde ? Le connais-tu ou as-tu oublié sa figure ?
Thaïs

Non, ma petite Glycère; je le connais bien. Il buvait avec nous l'an dernier à la fête des Aires. Mais quoi? tu semblais avoir quelque chose à en dire.
Glycère

Gorgona, la coquine, que je croyais être mon amie, l'a enjôlé et me l'a enlevé.
Thaïs

Et à présent, il n'est plus à toi, cet homme? il a pris Gorgona pour maîtresse ?
Glycère

Oui, Thaïs, et cela ne m'a pas médiocrement touchée.
Thaïs

C'est un méchant tour, ma petite Glycère, mais il fallait un peu t'y attendre; il est assez dans nos habitudes à nous autres courtisanes. Il ne faut donc pas le prendre trop à coeur ni en faire de reproche à Gorgona; car Habrotonon ne t'en a pas fait, quand il l'a quittée jadis, et cependant vous étiez amies.
Mais il y a une chose qui m'étonne. Quel attrait a-t-il bien pu trouver en elle, à moins qu'il ne soit complètement aveugle ? Il n'a donc pas vu qu'elle avait les cheveux clairsemés et qu'elle avait le devant de la tête fort dénudé. Ses lèvres sont livides et pâles comme celles d'un cadavre, son cou maigre, ses veines saillantes et son nez démesuré. Elle n'a qu'une chose pour elle, sa taille haute et droite et un sourire très engageant.
Glycère

Tu crois donc, Thaïs, que c'est par sa beauté qu'elle a pris l'Acarnanien ? Ne sais-tu pas que Chrysarion, sa mère, est magicienne, qu'elle connaît des incantations thessaliennes et qu'elle fait descendre la lune sur la terre? On prétend même qu'elle vole dans l'air pendant la nuit. C'est elle qui a affolé cet homme en lui faisant boire de ses philtres, et à présent elles le plument.
Thaïs

Eh bien toi, ma petite Glycère, tu en plumeras un autre. Laisse courir celui-là.



2. Aristide BRUANT, Dans la rue, pp. 112-114.

Les ravages du temps...

Quand j'vois des fill's de dix-sept ans,
Ca m'fait penser qu'y a ben longtemps,
Moi aussi j'l'ai été pucelle
A Grenelle
Mais c'est un quartier plein d'soldats
On en rencontre à tous les pas,
Jour et nuit i's font sentinelle
A Grenelle
(...)
Fantassins, officiers, colons
Montaient à l'assaut d'mes mam'lons
I's m'prenaient pour eun'citadelle
A Grenelle
(...)
Bientôt j'm'aperçus qu'mes beaux yeux
Sonnaient l'extinction des feux.
On s'mirait pus dans ma prunelle
A Grenelle
Mes bras, mes jambes, mes appas
Tout ça foutait l'camp à grands pas
J'osais pus fair' la p'tite chapelle
A Grenelle
Aujourd'hui qu'j'ai pu d'position,
Les régiments m'font une pension :
On m'laiss' manger à la gamelle,
A Grenelle
(...)

 

accido, is, ere, cidi : arriver
aetas, atis, f. : 1. le temps de la vie, la vie 2. l'âge 3. la jeunesse 4. te temps, l'époque (in aetatem : pendant longtemps)
aeternus, a, um : éternel
amicus, a, um : ami (amicus, i, m. : l'ami)
amo, as, are : aimer, être amoureux
ante, prép. : +acc., devant, avant ; adv. avant
atque, conj. : et, et aussi
benevolens, entis : bienveillant, dévoué
caput, itis, n. : la tête
color, oris, m. : la couleur, le teint du visage, l'éclat (du style)
commuto, as, are : changer, transformer
credo, is, ere, didi, ditum : I. 1. confier en prêt 2. tenir pour vrai 3. croire II. avoir confiance, se fier
desero, is, ere, ui, desertum : abandonner
dictum, i, n. : la parole
ego, mei : je
et, conj. : et. adv. aussi
ex, prép. : + Abl. : hors de, de
factum, i, n. : le fait, l'action, le travail, l'ouvrage
fore, infinitif futur de esse
futurus, a, um, part. fut. de sum : devant être
gero, is, ere, gessi, gestum : 1. porter 2. exécuter, faire
hic, haec, hoc : adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
idem, eadem, idem : le (la) même
ille, illa, illud : adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ...
insperatus, a, um : inattendu
magis, adv. : plus
meus, mea, meum : mon
modo, adv. : seulement ; naguère, il y a peu (modo... modo... tantôt... tantôt...)
moneo, es, ere, ui, itum : avertir, engager à
mos, moris, m. : sing. : la coutume ; pl. : les moeurs
nequeo, is, ire, ii, itum : ne pouvoir pas, n'être pas en état de
nihilo, inv. : pas du tout
non, neg. : ne...pas
nosco, is, ere, novi, notum : apprendre ; pf. savoir
nunc, adv. : maintenant
perduco, is, ere, duxi, ductum : amener, conduire
plane, adv. : vraiment
pol, interj. : parbleu !
postremo, adv. : enfin
puto, as, are : 1. élaguer, émonder, apurer 2. supputer 3. estimer, penser, croire 4. supposer
quae, 4 possibilités : 1. N.F.S. N.F.PL. N.N.PL., ACC. N. PL. du relatif = qui, que (ce que, ce qui) 2. idem de l'interrogatif : quel? qui? que? 3. faux relatif = et ea - et eae 4. après si, nisi, ne, num = aliquae
quam, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel? qui? 3. après si, nisi, ne, num = aliquam 4. faux relatif = et eam 5. introduit le second terme de la comparaison = que 6. adv. = combien
qui, 1. N.M. S., N. M. PL. du pronom relatif = qui 2. faux relatif = et is - et ei 3. NMS ou N.M.PL. de l'interrogatif = qui? quel? 4. après si, nisi, ne, num = aliqui
relinquo, is, ere, reliqui, relictum : laisser, abandonner
res, rei, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens
saepe, inv. : souvent
satietas, atis, f. : le rassasiement, le dégoût, l'ennui, la satiété
si, conj. : si
spero, as, are : espérer
stultus, a, um : sot
sum, es, esse, fui : être
tu, tui : tu, te, toi
ubi, adv. : où; conj. quand
unus, a, um : un seul, un
ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
verus, a, um : vrai
video, es, ere, vidi, visum : voir (videor, eris, eri, visus sum : paraître, sembler)
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