Le temps des généraux : Marius

Guerre contre Jugurtha

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111 - 104

Résumé de Florus

FLORUS : On ne sait rien de Florus. Il écrit une Histoire romaine (-753 - +9). Son oeuvre est publiée à la fin du règne d’Hadrien.

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Florus nous donne un résumé de l'oeuvre de Salluste

MASINISSA, MICIPSA ET LES AUTRES

Haec ad Orientem. Sed non ad meridianam plagam eadem quies. Quis speraret post Carthaginem aliquod in Africa bellum? Atqui non leviter se Numidia concussit; et fuit in Iugurtha, quod post Hannibalem timeretur. Quippe rex callidissimus populum romanum, armis invictum, opibus aggressus est; sed citra spem omnium fortuna cessit, ut rex fraude praecipuus fraude caperetur.
Hic, Massinissa avo, Micipsa patre per adoptionem, cum interficere fratrem statuisset, agitatus regni cupiditate, nec illos magis quam senatum populumque romanum, quorum in fide et clientela regnum erat, metueret, primum scelus mandat insidiis; potitus Hiempsalis capite, cum se in Adherbalem convertisset, isque Romam profugisset, missa per legatos pecunia, traxit in sententiam suam senatum. Et haec eius fuit de nobis prima victoria. Missos deinde, qui regnum inter illum Adherbalemque dividerent, similiter aggressus cum in Scauro ipsos romani imperii mores expugnavisset, inchoatum nefas perfecit audacia. Sed non diu latent scelera. Corruptae nefas legationis erupit, placuitque persequi bello parricidam.

HONTE, DÉSHONNEUR ET ENFIN MÉTELLUS

Primus in Numidiam Calpurnius Bestia consul immititur. Sed rex, expertus fortius adversus Romanos aurum esse quam ferrum, pacem emit. Cuius flagitii reus, cum interveniente publica fide a senatu arcesseretur, pari audacia et venit et competitorem imperii Massivam immisso percussore confecit. Haec altera contra regem causa belli fuit. Igitur sequens ultio mandatur Albino. Sed huius quoque - pro dedecus! - fratris ita corrupit exercitum, ut voluntaria nostrorum fuga vinceret Numida castrisque potiretur : addito etiam turpi foedere in pretium salutis, quo quos emerat, dimisit exercitus.
Tandem in ultionem, non tam imperii romani, quam pudoris, Metellus assurgit, qui callidissimum hostem, nunc precibus, nunc minis, iam simulata, iam vera fuga eludentem, artibus suis aggressus est. Agrorum atque vicorum populatione non contentus, in ipsa Numidiae capita impetum fecit. Et Zamam quidem frustra assiluit; ceterum Thalam, gravem armis thesaurisque regis, diripuit. Tunc urbibus exutum regem et iam finium suorum regnique fugitivum, per Mauros atque Getuliam sequebatur.

MARIUS ET SYLLA : FIN DE LA GUERRE

Postremo Marius, auctis admodum copiis, cum pro obscuritate generis sui capite censos sacramento adegisset, iam fusum et saucium regem adortus, non facilius tamen vicit, quam si integrum et recentem. Hic et urbem ab Hercule conditam, Capsam, in media Africa siti, anguibus arenisque vallatam, mira quadam felicitate superavit, et saxeo inditam monti Mulucham urbem, per Ligurem aditu arduo inaccessoque penetravit. Mox non ipsum modo, sed Bocchum quoque, Mauritaniae regem, iure sanguinis Numidam vindicantem, apud oppidum Cirtam graviter cecidit : qui ubi, diffisus rebus suis, alienae cladis accessio fieri timet, pretium foederis atque amicitiae regem facit. Sic fraudulentissimus regum fraude soceri sui in insidias deductus Syllae in manum traditur; tandemque opertum catenis Iugurtham in triumpho populus romanus aspexit. Sed ille quoque, quamvis victus ac vinctus, vidit urbem, quam venalem, et quandoque perituram, si habuisset emptorem, frustra cecinerat. Iam ut venalis fuisset, habuit emptorem, et cum illum evaserit, certum erit, non esse perituram.

FLORUS, III

   vocabulaire

MASINISSA, MICIPSA ET LES AUTRES

Voici pour l'Orient. (Florus vient de parler d'Attale, roi de Pergame) mais pour la région méridionale ce n'était pas la même tranquillité. Qui aurait espéré, après Carthage, une guerre en Afrique? Et ce ne fut pas une légère agitation en Numidie ! Ce qu’on craignait après Hannibal, on l’eut avec Jugurtha. En effet ce roi très rusé s’attaqua avec ses richesses au peuple romain invincible par les armes. Mais au delà de tout espoir, le sort fit que ce roi expert en ruse fût lui-même pris par ruse. Il avait comme oncle Masinissina, comme père adoptif Micipsa. Jugurtha, poussé par le désir du pouvoir, avait décidé de tuer ses frères. Il ne les craignait pas plus que le sénat et le peuple romain qui tenait ce royaume sous sa protection et comme vassal. Il commit son premier crime par une embuscade, il s’empara de la tête de Hiempsal. Il se retourna contre Adherbal. Celui-ci s'enfuit à Rome. Jugurtha envoya des ambassadeurs avec de l'argent et retourna le sénat à sa cause. Ce fut sa première victoire sur nous. Il attaqua ensuite les ambassadeurs envoyés pour partager le royaume entre Adherbal et lui-même et par l’intermédiaire de Scaurus il vainquit les moeurs mêmes de l'empire romain. Son audace acheva le commencement de son crime. Mais ses crimes ne restèrent pas longtemps cachés. Le sacrilège de l'ambassade corrompue fut dévoilé et on décida de faire la guerre au parricide.

              HONTE, DÉSHONNEUR ET ENFIN MÉTELLUS

Calpurnus Bestia fut envoyé le premier en Numidie. Mais le roi, sachant par expérience que contre les Romains l'or a plus d'importance que le fer, acheta la paix. Coupable de ce scandale, il fut convoqué par le Sénat sous la protection de la parole donnée. Il y arriva avec la même audace et vint à bout de son concurrent au pouvoir Massiva en le faisant assassiner. Ce fut une seconde cause de guerre contre ce roi. La vengeance fut donc confiée à Albinus. Mais, honte!, le Numide corrompit aussi l'armée de son frère, remporta la victoire par la fuite volontaire des nôtres et s'empara du camp. Pour prix de leur salut, il ajouta un traité honteux par lequel il renvoya les armées qu'il avait achetées.
Alors se dressa Métellus comme vengeur non pas tant de l'empire romain que de son honneur; Il attaqua avec sa propre tactique l'ennemi rusé qui essayait de le déjouer tantôt par des prières, tantôt par des menaces, tantôt par une fuite soit simulée soit véritable. Non content de dévaster les campagnes et les bourgades, il prit d'assaut les capitales de la Numidie. Il attaqua en vain Zama mais pilla Thala remplie des armes et trésors du roi. Alors il poursuivit à travers la Mauritanie et la Gétulie le roi dépouillé de ses villes et qui fuyait son pays et son royaume.


MARIUS ET SYLLA : FIN DE LA GUERRE

Finalement Marius augmenta considérablement ses troupes : il avait fait prêter serment en souvenir de ses origines obscures à des prolétaires. Il attaqua le roi déjà en déroute et démoralisé. Il ne l'emporta pas facilement : c'est comme s'il avait attaqué un homme frais et dispos. Il prit avec une chance extraordinaire Capsa, ville fondée par Hercule, située au milieu de l'Afrique, protégée par le soif, les serpents et le désert. Il pénétra, grâce à un Ligurien, dans la ville de Mulucha, placée sur une montagne, difficile d'accès et inaccessible. Ensuite il tailla en pièces devant la ville de Cirta non seulement Jugurtha lui-même mais aussi Bocchus roi de Mauritanie qui aidait le Numide à cause de ses liens de sang.
Bocchus ne se fiait pas aux circonstances présentes et craignait l'arrivée d'un désastre qui ne le concernait pas. Il fit du roi le prix d'un traité et de l'amitié avec Rome. Ainsi le plus fourbe des rois fut livré par trahison à Sylla grâce à la tromperie de son beau-père. Alors le peuple romain put voir Jugurtha couvert de chaînes au milieu du triomphe. Jugurtha quant à lui, vaincu et enchaîné, put voir la ville qu'il avait appelée vénale et dont il avait en vain prophétisé qu'elle périrait si elle trouvait un acheteur. Elle eut donc un acheteur parce qu'elle était à vendre et puisqu'elle lui échappa, il est certain qu'elle ne périra pas.

FLORUS, III

 

http://www.mondeberbere.com/civilisation/histoire/jugurtha.htm

Jugurtha, un roi berbère et sa guerre contre Rome
par Mounir Bouchenaki
conservateur en chef au Service des Antiquités, Tipasa (Algérie)
(dans « Les Africains », Tome 4, sous la direction de Charles-André Julien et Magali Morsy, Catherine Coquery-Vidrovitch, Yves Person, Éditions J.A, Paris, 1977.)


La figure de Jugurtha rappelle à tout Africain la lutte d'un chef numide contre la pénétration romaine à la fin du IIe siècle avant l'ère chrétienne. Mais qu'est-ce que l'Afrique pour Rome, à cette période ? S'il est assez facile de parler de Rome à la fin du IIe siècle avant Jésus-Christ, il est beaucoup plus compliqué, en revanche, de fournir des renseignements sur l'Afrique où pourtant Rome avait eu des visées expansionnistes dès le début de cette guerre de cent ans de l'Antiquité, plus connue sous le nom des « trois Guerres puniques ».
Entre la date de 146 avant Jésus-Christ qui marque la fin de Carthage et les différents épisodes de la guerre dite de Jugurtha, entre 111 et 105 avant Jésus-Christ, s'ouvre une nouvelle phase de l'histoire de l'Afrique ou la figure dominante, succédant au célèbre Massinissa, est sans conteste celle de Jugurtha.
Pourtant, et comme pour une grande partie de l'histoire de cette période, les données manquent et si ce n'était l'oeuvre de l'historien latin Salluste [1], connue sous le nom de « Guerre de Jugurtha », nous n'aurions que très peu de choses à en dire. Les sources de notre connaissance du personnage sont en effet très limitées. L'oeuvre maîtresse dans laquelle tous les historiens puisent des renseignements sur Jugurtha reste donc le Bellum Jugurthinum. À côté de cet ouvrage ne subsistent que quelques fragments, notamment dans Diodore de Sicile ou dans l'Histoire romaine de Tite-Live, dans laquelle les événements ayant trait à la guerre de Jugurtha se trouvent réduits à de simples et brèves mentions.
Salluste a écrit la « Guerre de Jugurtha » vers les années 42-40 avant Jésus Christ, alors qu'il était âgé de quarante-six ans environ et qu'il s'était retiré de la vie politique après son dernier poste de proconsul dans la toute dernière province que Rome venait d'annexer : l'Africa Nova [2].
Les limites du nouveau territoire, dont la capitale était soit Zama, soit Cirta Nova Sicca (Le Kef), demeuraient imprécises au sud. Du côté est, la limite suivait la frontière de l'Africa Vetus, le fossé de Scipion ou Fossa Regia, depuis l'Oued-el-Kebir, près de Tabarka, jusqu'à l'entrée de la petite Syrte, à côté de la ville de Thaenae (Henchir Thyna près de Sfax). Du côté occidental la nouvelle province était bordée par un territoire donné à Sittius, un lieutenant de César. Il semble que la limite entre l'Africa Nova et le territoire de Sittius partait d'un point situé sur la côte entre Hippo Regius (Annaba) et Rusicade (Skikda), passait à l'ouest de Calama (Guelma) et se poursuivait vers le sud-ouest.
Salluste a donc eu à exercer une responsabilité sur ce territoire pendant plus d'un an et demi. Lorsqu'il en parle, à propos de la guerre de Jugurtha, on peut supposer qu'il a une certaine familiarité avec le pays, même si ça et là on note quelques erreurs. Cependant un certain nombre de questions se posent à propos du sujet qu'il a choisi de traiter alors que près de soixante-dix ans s'étaient écoulés depuis la fin de la guerre et qu'il n'a pu, par conséquent, utiliser des témoignages oraux.
L'auteur a-t-il étudié consciencieusement son sujet, a-t-il su et voulu dire la vérité ? Pour répondre, il faudrait savoir où Salluste a puisé ses sources et dans quel esprit il a mis en oeuvre les renseignements qu'il avait recueillis.
En ce qui concerne les sources utilisées, Salluste rapporte lui-même qu'il s'était fait traduire les livres du roi numide Hiempsal écrits en punique [3]. Pour les sources grecques ou latines de Salluste, nous n'avons aucune indication. On suppose seulement qu'il a pu s'inspirer de certains annalistes, tels Sempronius Asellio, d'historiens latins, comme Cornelius Sisenna, ou encore d'historiens grecs, tel le célèbre Posidonius d'Apamée.
Le problème, on le voit, est assez complexe quand il s'agit d'étudier un personnage aussi important à son époque que fut Jugurtha, avec pratiquement une seule et unique source. Il est alors permis de se demander quel degré de confiance l'on peut accorder au récit de Salluste sur les événements au cours desquels s'est illustré Jugurtha. Jugurtha, petit-fils de Massinissa.
Salluste entreprend son récit, comme dans une pièce dramatique, en nous présentant les personnages et les protagonistes du drame qui va se jouer en grande partie sur la terre africaine. Il met l'accent, dès le départ, sur le problème fondamental qui est, à ses yeux, la trahison du parti de la noblesse à Rome, qui n'a que « mépris pour la vertu et la chose publique ». Avant d'en arriver au personnage qui s'opposera à Rome, entre 118 et 105 avant Jésus-Christ, Salluste fait un bref rappel de la situation antérieure :
« J'entreprends d'écrire l'histoire de la guerre que le peuple romain a faite à Jugurtha, roi des Numides. D'abord, parce qu'elle a été cruelle, sanglante, marquée par bien des vicissitudes. Ensuite parce qu'elle est devenue le point de départ de la lutte contre la tyrannie des nobles, lutte qui a bouleversé toutes choses divines et humaines et mis un tel délire dans les esprits que seuls la guerre et le ravage de toute l'Italie ont pu mettre fin à ces fureurs civiles. Mais avant d'en aborder le récit, je résumerai en quelques mots les faits antérieurs pour rendre cette histoire plus claire.
Lors de la seconde Guerre punique, dans laquelle le chef des Carthaginois, Hannibal, avait porté à l'Italie le plus rude des coups qu'elle avait eu à subir depuis l'établissement de la puissance romaine, Massinissa, roi des Numides, admis à notre alliance par Publius Scipion que ses exploits avaient fait surnommer l'Africain, s'était signalé par des faits d'armes multiples et brillants. Le peuple romain l'en récompensa après la défaite des Carthaginois et la capture de Syphax, souverain d'un vaste et puissant empire africain, en lui faisant don de toutes les villes et de toutes les terres qu'il avait conquises. Aussi Massinissa nous garda-t-il toujours une amitié fidèle et indéfectible. Mais son règne finit avec sa vie. Son fils Micipsa fut seul à lui succéder, la maladie ayant emporté ses frères Mastanabal et Gulussa. Micipsa fut père d'Adherbal et de Hiempsal. Il recueillit dans son palais le fils de son frère Mastanabal, Jugurtha, laissé par Massinissa dans une condition inférieure parce qu'il était né d'une concubine, et lui donna la même éducation qu'à ses propres enfants. »
(Bellum Jugurthinum, V). En aidant à la reconstitution du grand royaume de Numidie, Scipion l'Africain désirait non seulement récompenser Massinissa pour l'aide qu'il avait apportée à Rome dans sa lutte contre Carthage, mais encore l'entraîner dans une situation de vassalité qu'il lui aurait été difficile de secouer. Massinissa termine sa vie [4] par une sorte d'aveu d'impuissance puisqu'en 148 il fait appeler, pour régler sa succession, le petit-fils adoptif de Scipion l'Africain qui conduit le siège devant Carthage.
Les attributions royales furent partagées entre ses trois fils légitimes : Micipsa reçut l'administration du royaume, Gulussa l'armée, et Mastanabal la justice. Notons à ce sujet qu'une stèle punique datant de 148, découverte à Constantine, dans le quartier d'EI-Hofra, mentionne les trois rois sans différence dans les prérogatives.
Gulussa et Mastanabal moururent peu de temps après leur père et Micipsa resta seul roi (en libyque, on disait aguellid). Son long règne (148-118) ne fut pas marqué par d'importants événements. À l'égard de Rome, il se conduisit en fidèle allié, mettant à sa disposition une aide humaine et matérielle chaque fois qu'elle était demandée, notamment en Espagne contre Viriathe et les Lusitaniens et durant le siège de Numance par Scipion Émilien en 134. Il ne posait donc aucun problème aux Romains qui s'étaient installés, après la destruction de Carthage en 146, sur le territoire de l'ancienne puissance voisine de la Numidie.
Il semble même avoir facilité l'implantation de commerçants, mais aussi de trafiquants romains à Cirta (Constantine) et dans la Numidie. À la fin de sa vie, et comme lors de la succession de Massinissa, probablement sous l'influence romaine, il a dû penser à celui qui prendrait la relève et assumerait le pouvoir, tout en restant en bons termes avec les Romains qui administraient la province Africa [5].Micipsa avait deux fils légitimes, Adherbal et Hiempsal, à qui il aurait souhaité réserver la succession tout entière, écartant ainsi les autres prétendants de la famille de Massinissa (voir le tableau généalogique de la dynastie massyle de Numidie). Mais il dut prendre une autre décision.
Son frère Mastanabal avait eu également deux enfants, Gauda, né d'une épouse légitime, et Jugurtha, issu d'une concubine et normalement « non qualifié pour accéder au trône ». Gauda ne semble avoir été retenu qu'en seconde position pour la succession car « c'était, selon Salluste, un homme rongé de maladies qui avaient quelque peu diminué son intelligence » [6]. Il n'en régna pas moins à partir de 105 avant Jésus-Christ.
Salluste à tenté d'expliquer alors les raisons qui amenèrent Micipsa à adopter Jugurtha. Il lui fait dire, en effet, sur son lit de mort : « Tu n'étais qu'un petit enfant, Jugurtha ; ton père était mort, et t'avait laissé sans avenir et sans ressource. Alors moi, je t'ai reçu dans la famille royale ; j'ai fait cela dans la pensée que ces bienfaits me voudraient de ta part une affection égale à celle qu'auraient pour moi mes propres enfants, si je venais à en avoir ». [7]
Cette légitimation a dû intervenir alors que Jugurtha n'avait qu'une dizaine d'années, vers 143 avant Jésus-Christ, avant même que naissent Adherbal et Hiempsal.
Par quelques phrases suggestives, Salluste nous a dépeint la jeunesse de Jugurtha, et sa rapide ascension au milieu de son entourage. Ses qualités physiques et sa personnalité rappellent celles de son grand-père Massinissa.
« Des sa première jeunesse, Jugurtha s'était fait remarquer par sa vigueur, par sa belle prestance et, surtout, par son intelligence. Il ne se laissait pas corrompre par le luxe et par l'oisiveté, mais comme c'est l'usage dans son pays, montait à cheval, lançait le javelot, disputait le prix de la course aux garçons de son âge et, tout en se montrant supérieur à tous, se faisait aimer de tous. Il consacrait, en outre, une grande partie de son temps à la chasse et était toujours le premier, ou parmi les premiers, à s'attaquer à des lions et autres bêtes féroces. Nul n'agissait plus que lui et nul ne parlait moins de ses propres actions. » (Bellum Jugurthinum, VI).
Il devint populaire parmi les tribus numides ce qui ne manqua pas d'inquiéter le vieux roi Micipsa, enfin père de deux garçons. « Mais n'osant pas le faire périr, par crainte d'une révolte de ses sujets, il l'aurait envoyé devant Numance, avec l'espoir qu'il s'y ferait tuer, victime de sa bravoure. » [8]
Jugurtha a donc quitté la capitale, Cirta, au cours de l'année 134 et s'est rendu en Espagne, à la tête de cavaliers numides, pour aider les troupes romaines qui assiégeaient Numance [9]. Il se fit remarquer aussi bien par les Romains que par les troupes adverses. Salluste lui-même reconnaît « qu'il était à la fois intrépide dans les combats et sage dans le conseil, qualités qui vont rarement de pair... Il en résulta que Scipion prit l'habitude de charger Jugurtha de toutes les entreprises dangereuses » [10]...
Dans son récit, Salluste laisse entendre qu'à ce moment-là déjà Jugurtha aurait été encourage par certains amis romains à revendiquer le trône numide. Dans l'interprétation faite par Charles Saumagne de ce texte assez énigmatique, où l'on annonce déjà « qu'à Rome tout était à vendre », il faudrait voir un avertissement à Jugurtha [11] : « Jugurtha devra savoir que c'est du peuple (romain), et non de la complaisance des nobles, qu'il pourra obtenir la puissance royale... Que Jugurtha ne s'écarte pas de la ligne que lui trace cette sorte d'investiture officieuse ; qu'il se pénètre tout de suite du principe que le peuple romain est bien le maître de disposer du trône de Numidie, et ce trône s'offrira comme de lui-même à ses ambitions. »
Il nous semble que cette vision de la Numidie pratiquement terre romaine est quelque peu extrapolée et qu'une confiance démesurée est accordée au texte de Salluste. N'oublions pas qu'il était romain, qu'il avait été gouverneur d'une province romaine en Afrique, et qu'il n'avait pas le souci d'objectivité d'un historien moderne. Aussi les explications de Salluste sont-elles à prendre avec beaucoup de précaution surtout en ce qui concerne ce problème de succession, « car Micipsa aurait pu, s'il l'avait voulu, se débarrasser facilement de Jugurtha, avant même de l'envoyer à Numance » [12].
Toujours est-il qu'après la prise de Numance, à laquelle les contingents numides contribuèrent grandement, Scipion Émilien fit les louanges de Jugurtha devant toute l'armée et lui remit une lettre pour Micipsa rédigée à peu près dans ces termes : « Ton Jugurtha a fait preuve de la plus grande vaillance dans la guerre de Numance. Je suis sûr que tu t'en réjouiras... Tu as là un homme digne de toi et de son grand-père Massinissa » [13].
Le jeune prince, déjà auréole de gloire, fut alors adopté par Micipsa. Les talents militaires du fils de Mastanabal avaient probablement incité le roi à prévoir une répartition des charges entre ses deux enfants et son neveu, à l'image de ce qui avait été fait entre ses deux frères et lui-même.
Lorsque survint la mort de Micipsa, en 118, les trois héritiers se sont réunis pour établir leur part respective de la royauté. Mais ce fut tout de suite objet de litige et aucun accord ne put être enregistré. Ainsi les précautions prises par Micipsa auront été vaines.
Cette affaire de succession ouverte aux portes de Rome, aux frontières de la province d'Afrique, n'a certainement pas laissé insensibles les dirigeants romains. On peut même supposer, Salluste ne le dit pas, que l'un des deux consuls de l'année 118, M. Porcius Caton, mort la même année en Afrique, a dû être dépêché auprès des trois rois numides pour appuyer une solution favorable à Rome.
Effectivement, Adherbal, Hiempsal et Jugurtha ne pouvant s'entendre, renoncent à toute association et décident de faire le partage du trésor, puis du royaume. Au cours du laps de temps qui sépara la première conférence des trois princes et le moment où ils fixèrent la date pour le partage du trésor et du royaume, Jugurtha allait profiter de la situation. Il fit assassiner Hiempsal, dans une des villes du royaume, Thirmida. Ce geste eut pour conséquence de diviser les Numides en deux camps, l'un pour Adherbal, et le second constitué surtout par l'élite militaire favorable à Jugurtha.
Comme l'on peut s'y attendre, le texte de Salluste flétrit le geste de Jugurtha et favorise, par contre, un sentiment de pitié à l'égard d'Adherbal qui fait d'abord appel au Sénat romain puis « se fiant à la supériorité numérique de ses troupes, va tenter la fortune des armes ».[14] À peine le combat engagé, Adherbal fut battu par Jugurtha. Il chercha alors refuge dans la province romaine de l'Africa, et de là partit pour Rome.
À l'incohérence de la conduite d'Adherbal qui, après avoir procédé par la voie juridique avec un appel porté devant le Sénat, a recours aux armes par la suite, s'oppose la fermeté de l'attitude de Jugurtha à qui la division de la Numidie en trois ne pouvait convenir. Le problème qui est soumis à l'attention du Sénat romain va voir se développer les deux thèses en présence. La première, illustrée par le roi Adherbal soulignait le fait que la Numidie était « chose romaine » et que le « roi » (ou aguellid) n'en était que le régisseur. Il se faisait ainsi le porte-parole d'une tendance favorable à l'introduction de la Numidie dans la propriété de Rome.
La seconde était brièvement exposée par les envoyés de Jugurtha qui, selon Salluste, étaient chargés de présents pour les sénateurs : « ...Des problèmes ont surgi dans le royaume numide où Jugurtha doit être jugé selon ses actes. Or, vous l'avez eu comme ami et allié à Numance. » Il n'est pas question ici d'une quelconque allégeance à l'égard de Rome. Jugurtha accepta cependant l'arbitrage d'une commission de dix personnes qui présida au partage du royaume. Toujours selon Salluste, Jugurtha reçut la partie de la Numidie « la plus fertile et la plus peuplée » qui touchait à la Maurétanie, tandis qu'Adherbal « eut celle qui, tout en comptant plus de ports et de belles constructions, avait moins de ressources naturelles que d'apparence. » [15]
Ceci se passait en 117 avant Jésus-Christ, un an à peine après la mort de Micipsa. Dans le récit de Salluste, on assiste alors à une pause. L'auteur esquisse légèrement l'aspect général et la physionomie de l'Afrique. En même temps, il indique quels peuples l'habitaient à l'origine, quelles migrations successives s'y étaient développées, et enfin quel était l'état politique de ce territoire au moment où commence la guerre de Jugurtha :
« Au temps de la guerre de Jugurtha, la plupart des villes puniques étaient administrées au nom du peuple romain, par des magistrats romains. Une grande partie du pays des Gétules et la Numidie jusqu'au fleuve Muluccha étaient sous la domination de Jugurtha. Les Maures obéissaient au roi Bocchus qui ne connaissait des Romains que le nom et qui ne nous était connu ni comme ennemi ni comme allié. » [16]
Ce qui semble sûr, c'est qu'à Rome, l'habitude était prise d'appeler Numidie la vaste contrée qui s'étendait depuis le territoire de Carthage jusqu'au fleuve Muluccha (Moulouya) et Maurétanie, le pays le plus lointain compris entre la Muluccha et l'Atlantique. La Numidie était un peu mieux connue puisqu'on savait qu'elle était partagée entre deux grandes tribus, ou plutôt confédération de tribus, qui dominaient sur toutes les autres : à l'ouest, celle des Masaesyles qui obéirent, entre autres au célèbre roi Syphax et eurent pour capitale Siga, à l'embouchure de la Tafna ; à l'est, celle des Massyles, avec leur chef, célèbre rival de Syphax, l'aguellid Massinissa, autour de la capitale Cirta (actuelle Constantine).
Après une trêve de quatre années sur laquelle Salluste n'apporte aucune information, Jugurtha, qui ne s'était pas résigné au partage de la Numidie, prit en 113 l'initiative des opérations et s'attaqua au royaume d'Adherbal qui avait Cirta pour capitale.
Bien entendu, Salluste nous présente, dans sa conception manichéenne du monde, le « méchant » Jugurtha face à un Adherbal paisible et pacifique qui ne désirait même pas répondre par la brutalité, sauf s'il y était contraint. Adherbal se contentait d'appeler au secours ses protecteurs romains. Des ambassades furent envoyées, l'une après l'autre, sans succès aucun. Jugurtha tenait ferme et continuait le siège de Cirta.
C'étaient des Romains et des Italiotes (Togati et Italici) pratiquant le commerce dans les États d'Adherbal, et ayant établi leur centre d'affaires à Cirta, qui avaient protégé la retraite du roi et interdit les portes de la ville à ceux qui les talonnaient. Ils avaient monté la garde aux remparts. On imagine bien que cette attitude des Italiens présents à Cirta n'était dictée que par le désir de conserver leurs intérêts avec un roi à leur merci, plutôt que de se livrer à un Jugurtha qui ne leur aurait pas permis les même facilités.
Diodore de Sicile suit, en la dramatisant encore plus, la version de Salluste pour cet épisode qui fut le casus belli qu'attendaient les ennemis de Jugurtha à Rome:
« Dans une bataille que se livrèrent en Libye les deux rois et frères Adherbal et Jugurtha, ce dernier remporta la victoire, et fit mordre la poussière à un grand nombre de Numides. Adherbal, qui s'était réfugié à Cirta, assiégé dans cette place, envoya des députés à Rome pour réclamer son appui, et prier qu'on n'abandonnât pas, dans un péril si pressant, un roi et un allié fidèle. Le Sénat accueillit cette demande et fit partir des commissaires chargés d'ordonner la levée du siège ; mais Jugurtha n'ayant pas obéi à cette première injonction, les Romains envoyèrent de nouveaux députés pris dans un rang plus élevé que les premiers : ils ne réussirent pas mieux, et revinrent à Rome sans avoir rien obtenu. Cependant Jugurtha avait fait entourer la ville d'un fossé et cherchait par tous les moyens de réduire la place. Dans cette extrémité, son frère Adherbal même vint à la rencontre du vainqueur, offrit de lui céder la royauté et se borna à demander la vie ; mais Jugurtha, sans respecter ni les liens du sang, ni les saintes lois qui protègent les suppliants, fit sans pitié égorger Adherbal, et ordonna en même temps le supplice de quelques Italiens qui avaient suivi le parti de son frère, et qu'il fit périr dans les tourments. » (Diodore de Sicile, Fragments).
En prenant Cirta, Jugurtha venait de reconstituer l'unité du royaume de Numidie. Ce faisant, il n'ignorait pas qu'il se heurterait à l'hostilité de Rome, surtout à la suite du massacre des négociants et trafiquants romains. Mais sa volonté d'unifier la Numidie fut telle qu'il n'hésita pas à payer d'audace.

Jugurtha en lutte contre Rome

À Rome, ce fut « l'union sacrée » contre Jugurtha. L'un des tribuns récemment élus au cours de l'année 112, Caius Memmius, enflamma l'assemblée par ses harangues belliqueuses. Il faisait certainement partie d'un groupe de financiers solidaires des négociants d'Afrique.
Talonné par la propagande de Caius Memmius, le Sénat fut contraint de prendre position dès l'automne de l'année 112 en créant une « province de Numidie », désignant ainsi le territoire de Jugurtha comme champ de prochaines batailles. Le sort chargea le nouveau consul pour l'année 111, Lucius Calpurnius Bestia, d'y mener la campagne pour laquelle une armée fut levée et des crédits alloués.
Cette décision surprit fortement Jugurtha, nous rapporte Salluste [17]. Mais «cette guerre, beaucoup de Romains clairvoyants ont voulu et voudraient l'éviter, souligne Gsell ; ils n'ont pas besoin de l'or de Jugurtha pour comprendre qu'elle est inopportune et qu'elle sera très dure... On sait, depuis le temps d'Hannibal, que ces barbares d'Afrique ne sont pas des ennemis à dédaigner. » [18]
Lorsque les armées romaines, sous la direction de Calpurnius Bestia et d'Aemilius Scaurus débarquèrent en Afrique, Jugurtha les laissa pénétrer quelque peu en territoire numide puis il leur proposa une trêve, « en achetant les chefs », nous dit Salluste. Et, poursuit l'auteur, « dans la Numidie, comme dans notre armée, ce fut la paix ». L'année 111 fut donc assez favorable à Jugurtha qui évitait ainsi à son pays les difficultés d'une guerre à outrance. Mais l'opinion publique romaine, manipulée par les financiers, n'acceptait pas ce trop rapide dénouement et exigeait le châtiment des nobles qui s'étaient, parait-il, laissé corrompre par l'or numide.
Encore une fois le tribun Memmius souleva l'indignation du parti populaire et exigea du Sénat de faire témoigner Jugurtha lui-même contre la vénalité des nobles : « Qu'ils soient poursuivis par la justice, dénoncés par Jugurtha lui-même! » [19]
Pour Jugurtha qui semblait connaître assez bien les méandres de la politique romaine, il n'était plus question de remettre en cause une paix qu'il avait signée avec le consul romain et un prince du Sénat. Aussi accepta-t-il de se rendre à Rome au début du mois de décembre 111.
Les commentateurs de Salluste expliquent différemment l'attitude de Jugurtha au procès des nobles. Pour Saumagne, Jugurtha va nouer des relations avec le parti populaire et, tournant le dos à une noblesse incapable de maîtriser l'irréversible mouvement des forces plébéiennes, il est conduit à devenir l'animateur et l'informateur de cette « conjuration jugurthine »... mais lui-même deviendra à son tour victime de sa propre cabale [20].
C'est ainsi qu'on explique son attitude devant l'Assemblée du peuple où il se tut comme le lui avait demandé le tribun Baebius, acheté lui aussi, selon Salluste, à prix d'or.
Pour Gsell, au contraire, « il n'est pas moins vrai qu'un honnête homme eut pu trouver légitime d'agir comme lui (Baebius) car rien n'était plus humiliant pour la République que cette scène théâtrale où un barbare, qui s'était joué de Rome et souillé de sang italien, était appelé à jeter le déshonneur sur les personnages les plus considérables de l'État. » [21]
En fait, reconnaît Saumagne, le récit de cette première partie de la guerre de Jugurtha sent l'enflure et l'artifice. On y flaire un parti pris d'excitation à froid qui ne parvient pas même à communiquer sa fausse chaleur [22]...
Jugurtha semble avoir séjourné plusieurs semaines à Rome. La fin de l'année 111 marque en effet la désignation de deux nouveaux consuls, tandis que le roi numide est toujours présent à Rome. L'un des deux consuls, Spurius Postumius Albinus, avait tenté d'apporter une solution au problème de la Numidie en suscitant un rival à Jugurtha. L'homme « providentiel » était justement à la disposition des Romains, mais Salluste n'en parle qu'à cette occasion : « Il y avait alors à Rome un Numide du nom de Massiva, fils de Gulussa, et petit-fils de Massinissa. Il s'était déclaré contre Jugurtha lors de la querelle des princes et, après la réddition de Cirta et le meurtre d'Adherbal, avait du quitter en fugitif sa patrie. Spurius Albinus qui, avec Quintus Minucius Rufus, avait succédé à Bestia dans le consulat, s'adressa à cet homme et l'engagea, puisqu'il descendait de Massinissa, à profiter de la haine et de la terreur qu'avaient inspirées les crimes de Jugurtha, pour demander au Sénat de le reconnaître pour roi de Numidie. » [23]
Mais Jugurtha, grâce aux amitiés qu'il avait à Rome, avait été mis au courant de cette nouvelle offensive destinée à le destituer du trône de Numidie. Il eut l'audace, selon Salluste, de faire assassiner Massiva à Rome même. Puis il quitta la ville en prononçant sa fameuse phrase : « Ville à vendre ! Que tu périras vite si tu trouves un acheteur ! »
La guerre va reprendre au début de l'année 110. Jugurtha va tenir tête aux troupes dirigées par le consul Spurius Albinus, en multipliant les manoeuvres de diversion et en appliquant une stratégie qui réussissait d'autant mieux qu'il connaissait parfaitement l'armée adverse. L'aguellid devait savoir également que le consul était pressé et qu'il devait rentrer à Rome avant la fin de l'automne pour des raisons politiques. Spurius Albinus finit par laisser son frère Aulus à la tête de l'armée qui avait pris ses quartiers d'hiver, dans la province Africa, aux frontières de la Numidie. Ce dernier, voyant que son frère tardait à revenir de Rome, et rêvant d'une victoire facile, se mit à menacer Jugurtha de la puissance de son armée.
Il entreprit alors, en plein hiver, le siège de Suthul, lieu nous dit Salluste, où était déposé le trésor du roi numide. On a cherché à identifier, mais sans preuve, Suthul avec Calama (Guelma). Par une habile manœuvre, Jugurtha réussit à l'entraîner, puis à l'encercler avec ses troupes et remporter ainsi une grande victoire sur l'armée romaine.
« Le lendemain, Jugurtha eut une entrevue avec Aulus. Bien qu'il le tienne enfermé avec son armée, bien qu'il ne dépende que de lui de l'exterminer par le fer ou par la faim, il est prêt à prendre en considération l'instabilité des choses humaines. Si Aulus est dispose à traiter il ne fera que le passer sous le joug, lui et les siens, après quoi ils pourront s'en aller où bon leur semble. Mais Aulus aura dix jours pour quitter la Numidie... La nouvelle de ces événements plongea Rome dans la douleur et dans l'angoisse. » [24]
Ainsi Jugurtha prenait-il sa revanche en humiliant Rome et en lui imposant sa paix. C'est alors qu'éclata la suite de cette singulière aventure au cours de laquelle Jugurtha continua à s'illustrer comme le champion d'une Numidie libre.
Ce fut d'abord le frère aîné d'Aulus, Spurius Albinus qui, repoussant le traité signé, et voulant effacer la honte de la défaite, s'embarqua pour l'Afrique, mais devant ses troupes démoralisées et indisciplinées « tira la conclusion qu'il ne lui restait plus rien à faire ».
À ce moment-là, Salluste fait apparaître un nouveau personnage, Quintus Caecilius Metellus, élu consul pour l'année 109 et chargé de conduire la guerre contre Jugurtha. Il se fait accompagner par deux légats, Publius Rutilius Rufus et Caius Marius que Jugurtha avait rencontrés au cours du siège de Numance, vingt-cinq ans plus tôt. Les adversaires se connaissaient donc bien, et les dispositions prises montrent à quel point les Romains craignaient le roi des Numides :
« Jugurtha était, en effet, si fécond en ruses, il avait une telle connaissance du pays, une expérience militaire si grande, qu'on ne savait ce qu'il fallait redouter le plus : son absence ou sa présence, ses offres de paix ou de combat. » [25]
Les différents épisodes qui ont marqué la lutte que Jugurtha soutint contre Metellus et ses lieutenants sont parmi les plus commentés mais aussi les plus controversés du texte de Salluste. Les historiens modernes ont, en effet, tenté, chaque fois que cela était possible, d'identifier les sites où eurent lieu des combats en suivant le texte de Salluste et, en les plaçant ainsi sur une carte, de reconstituer le déroulement de ce qu'on qualifie communément de campagnes de Metellus.
À suivre de si près le texte de Salluste, qui n'était pas un géographe, loin s'en faut, on risque de tomber dans certaines exagérations, notamment celle des auteurs du « problème de Cirta » qui proposent de revoir toute la géographie politique de l'Afrique ancienne, en remplaçant par exemple Cirta (Constantine), capitale de la Numidie par Cirta Nova Sicca (Le Kef), et en réduisant le théâtre des opérations de la guerre contre Jugurtha à une partie seulement de l'actuelle Tunisie [26]. Or, les distances comme la durée et l'importance des opérations ne sont pas toujours données avec exactitude par Salluste qui se contente souvent d'allusions. Gsell écrivait déjà, dans son Histoire ancienne de l'Afrique du Nord [27] : « En telle matière, Salluste ne se pique pas de la précision et de l'exactitude rigoureuse du grand historien grec Thucydide. Aussi, nous est-il assez malaisé de rétablir la suite chronologique des faits qui nous sont présentes, et impossible de reconstituer l'ensemble des opérations militaires, en les plaçant dans leur milieu géographique. D'autres textes nous permettent de constater l'omission par Salluste d'un événement qui nous parait fort important : la perte de Cirta, dont Metellus s'était emparé en 108, et qui en 106 n'appartenait plus aux Romains. »
Les campagnes de Metellus se sont déroulées au cours des années 109 et 108 avant Jésus-Christ. Encore une fois, Jugurtha va avoir à mobiliser l'énergie et les ressources de la Numidie pour affronter un ennemi dont les troupes ont été grossies et réorganisées. Celles-ci pénètrent en Numidie et occupent la place de Vaga (Beja) qui était un important marché agricole.
La première bataille s'est déroulé, non loin de la, près du fleuve Muthul, dont l'identification a une grande importance (l'Oued Mellegue d'après Gsell, l'Oued Tessa, d'après les travaux de Saumagne).
Jugurtha, sans abandonner les méthodes de guérilla qu'il avait commencé d'appliquer contre l'armée romaine, a tenté cependant, durant l'été 109, une opération de grande envergure au cours de laquelle Salluste nous le montre en train d'exhorter ses troupes et les encourager à défendre leur pays :
« Ensuite, il se mit à parcourir, un à un, escadrons et manipules, les exhortant, les conjurant de se souvenir de leur glorieux passé et de leur récente victoire, et de défendre leur pays et leur roi contre la rapacité des Romains : »Ceux qu'ils vont combattre, une fois déjà ils les ont vaincus et fait passer sous le joug. En changeant de chef ils n'ont pas changé d'âme. Tout ce qu'un général doit faire pour assurer à ses troupes les meilleures conditions de combat, il l'a fait. Ils ont l'avantage du terrain. Ils sont exercés au combat, l'ennemi ne l'est pas ; et ils ne lui sont pas inférieurs en nombre. Qu'ils se tiennent donc prêts et résolus pour fondre sur les Romains au premier signal. Le jour est venu qui va voir soit le couronnement de tous leurs efforts et toutes leurs victoires, soit le commencement de leur ruine.« Il trouve un mot pour chaque combattant. Quand il reconnaît un soldat qui a reçu de lui une récompense, il lui rappelle cette faveur et le donne en exemple aux autres. Selon le caractère de chacun, il promet, menace, supplie, bref, use de tous les moyens pour exciter leur courage. » [28]
Ainsi, en véritable chef militaire, Jugurtha déployait-il une activité inlassable. On retrouvera ce trait de caractère tout au long de sa résistance.
« Jugurtha ne reste pas inactif. On le trouve partout. Partout il exhorte ses soldats. Il recommence le combat. Toujours à la tête des siens, tantôt il vole à leur secours, tantôt il attaque ceux des nôtres qui fléchissent, tantôt il combat de loin ceux qui tiennent ferme. » [29]
Les Romains décidèrent alors d'employer une autre tactique, celle de la terre brûlée, car Jugurtha demeurait irréductible. Mais le roi s'en tenait à la stratégie de la guérilla et du harcèlement des troupes romaines, dont il fit un véritable art militaire :
« Dérobant soigneusement ses déplacements par des marches nocturnes à travers des routes détournées, il surprenait les Romains en train d'errer isoles... Partout où il savait que l'ennemi devait passer, il empoisonnait le fourrage et les rares sources qu'on rencontrait dans la région. Il s'en prenait tantôt à Metellus, tantôt à Marius. Il tombait sur la queue de la colonne et regagnait ensuite précipitamment les hauteurs les plus proches, pour revenir à la charge aussitôt après, harcelant, tantôt l'un, tantôt l'autre. Jamais il n'engageait le combat mais, aussi, jamais il ne laissait un instant de répit à l'ennemi, se contentant de contrarier tous ses desseins. » [30]
La seconde bataille de l'année 109, qui dut se dérouler vers le début de l'automne, jeta une ombre sur les opérations militaires de Metellus, car elle fut un véritable désastre de l'armée romaine devant la ville de Zama assiégée.
Naturellement, le texte de Salluste n'est pas très accablant pour les Romains et, comme pour dédouaner Metellus des résultats limités de sa campagne engagée avec force et éclat, il nous le montre en train de déployer une fébrile activité diplomatique pour capturer Jugurtha par traîtrise. C'est ainsi qu'il entra en contact avec Bomilcar, l'un des lieutenants de Jugurtha, et « le séduisit par les plus magnifiques promesses », à condition qu'il lui livrât Jugurtha, mort ou vivant.
Bomilcar se mit à l'oeuvre et chercha à décourager le roi. Après avoir écouté un moment les mauvais conseils de son collaborateur, Jugurtha ne put supporter l'idée d'un esclavage éventuel et reprit la lutte de plus belle. Profitant d'un relâchement de l'armée romaine, [au cours de l'hiver 109-108] occupée à suivre les intrigues de Marius pour accéder au consulat et remplacer Metellus, le roi numide organisa le soulèvement de la population de Vaga qui massacra la garnison romaine, le jour de la fête des Cereres. Une violente politique de répression suivit ce « coup » de Vaga.
« Cependant Jugurtha, ayant renoncé à se rendre et résolu de recommencer la guerre, s'y préparait avec une ardeur fébrile. Il levait des troupes, cherchait à gagner par la terreur ou par l'appât des récompenses les cités qui s'étaient détachées de lui, fortifiait les places, faisait réparer les armes, en achetait de nouvelles, des traits, des projectiles de toute sorte, pour remplacer ceux qu'il avait livrés dans l'espoir d'une paix. Il attirait à lui les esclaves des Romains, s'efforçait de corrompre les soldats de nos garnisons. Pour tout dire, il n'y avait pas de moyen qu'il ne tentât, d'argument qu'il ne fit valoir, d'occasion qu'il ne négligeât. » [31]
L'échec du complot contre Jugurtha fut également le début d'une nouvelle vie pour le roi dont certains familiers comme Bomilcar ou Nabdalsa avaient trahi la confiance. « À partir de cette époque, il ne connut plus de repos, ni de jour ni de nuit... Au fond ce qu'il craignait, c'était la trahison, et il croyait pouvoir y échapper en multipliant ses déplacements, jugeant que l'exécution de tels desseins nécessite toujours un temps plus ou moins long avant que s'offre un concours de circonstances favorables. » [32]
Pour l'armée romaine également, la campagne de l'année 108 est marquée par un changement dans la stratégie. Metellus, après une attaque surprise au cours de laquelle il ne réussit cependant pas à vaincre Jugurtha, décida de pénétrer au cœur du pays numide et d'engager de longues opérations où il s'attaquerait aux centres qui soutenaient Jugurtha.
À Thala, ville du sud, « dont l'emplacement est discuté » [33], la population a résisté quarante jours au siège que lui imposaient les Romains. « Les défenseurs voyant leur ville perdue, transportèrent tous leurs biens, tout l'or et l'argent au palais, et livrèrent tout aux flammes : le palais, les trésors et leurs corps, préférant la mort à la servitude. » [34]
Ainsi, les effets escomptes par les opérations de Metellus se révélaient inefficaces, puisqu'après la perte de Thala, Jugurtha entreprit de former une armée parmi les populations du sud de la Numidie, et renforça ses positions par une alliance avec le roi de Maurétanie, son beau-père, Bocchus.
« Donc, les armées se réunissent en un lieu convenu entre les deux rois. Là, après un échange de serments, Jugurtha cherche par son discours à exciter l'ardeur de Bocchus : les Romains, peuple injuste d'une rapacité sans frein, sont les ennemis de l'humanité. Le motif de leur guerre contre Bocchus est celui-là même qui les arme contre lui, Jugurtha, et contre tant d'autres, c'est leur soif de domination. Ils voient un ennemi dans toute puissance autre que la leur. Aujourd'hui Jugurtha. Hier Carthage, le roi Persée. Demain tout peuple, quel qu'il soit, s'il est trop riche à leur gré. » [35]
Les deux rois s'avancèrent alors vers l'est, en direction de Cirta que Metellus avait occupée et où il avait fait « entreposer son butin, ses prisonniers et ses bagages ». Mais le proconsul romain refusait le combat et se protégeait dans un camp retranché. C'était la fin de l'année 108 et voici que des nouvelles de Rome lui apprirent que son légat Marius venait d'être élu consul chargé de conduire la guerre en Numidie. Marius intriguait depuis longtemps contre Metellus et entretenait des rapports avec un demi-frère de Jugurtha, nomme Gauda.
Comme son prédécesseur, Marius recruta de nouveaux et importants contingents pour rentrer en Numidie. Il y avait déjà une importante armée d'occupation, mais, faute de précisions, il est difficile d'avancer le moindre chiffre. Les combats reprirent au printemps de l'année 107 et Marius, poursuivant la tactique de Metellus, s'efforçait de couper Jugurtha de ses bases d'appui et de ravitaillement. N'ayant enregistré aucun succès, il voulut, à l'exemple de son ancien chef, s'emparer d'une ville du sud. Ce genre d'opérations frappait l'opinion publique à Rome et permettait aux militaires de recevoir une aide accrue.
À la fin de l'été, Marius réussit à occuper Capsa (Gafsa) qui « fut livrée aux flammes. Les Numides adultes furent massacrés ; tous les autres vendus comme esclaves... ». Cet acte, Salluste le reconnaît, était contraire aux lois de la guerre. Le deuil et le carnage se répandaient partout [36]. L'auteur passe ensuite sous silence tout ce qui a pu se produire au cours de l'hiver 107 jusqu'au printemps 106 où une place forte située à la limite de la Numidie et de la Maurétanie, près du fleuve Muluccha (Moulouya), tomba aux mains des Romains qui purent s'emparer du trésor de Jugurtha. Cette longue expédition à travers toute la Numidie, et sur laquelle Salluste ne dit mot, fait l'objet de discussion entre les historiens.
Comment expliquer, en effet, que Salluste ne mentionne pas un trajet aussi long, surtout quand il ajoute que le questeur Lucius Cornelius Sulla (Sylla) a rejoint Marius jusqu'au fortin de la Muluccha ? Sur les invraisemblances du texte de Salluste, est-il utile de répéter qu'il n'existe pas d'autre texte qui permette de le corriger ou de le compléter ? Cependant, il est à constater que la guerre menée par les Romains contre Jugurtha avait pris une tournure particulière et surtout qu'elle se poursuivait depuis plus de quatre ans.
À l'arrivée du questeur Sylla, il n'était pas impossible que, forts d'un gros apport de troupes, le consul Marius puis son questeur cherchèrent à occuper le pays et à risquer de s'enfoncer profondément à travers la Numidie.
« Cependant Jugurtha, qui venait de perdre Capsa et plusieurs autres places importantes, ainsi qu'une grande partie de ses trésors, avait demandé à Bocchus d'amener au plus tôt ses troupes en Numidie : le temps était venu, selon lui, de livrer bataille... Bocchus rejoignit Jugurtha à la tête d'une armée considérable et tous deux, ainsi réunis, marchèrent contre Marius qui était en train de regagner ses quartiers d'hiver. »
[37]
Juste avant l'hiver 106, peut-être en octobre, eurent lieu deux batailles, séparées par un intervalle de quelques jours, que se livrèrent les deux armées. Au cours de la première, favorable à l'armée de Jugurtha et de Bocchus, Marius avait réussi à échapper à un désastre et à un massacre de son armée. Jugurtha engagea la seconde bataille près de Cirta :
« Marius se trouvait alors à l'avant-garde où Jugurtha dirigeait en personne la principale attaque. À la nouvelle de l'arrivée de Bocchus, le Numide s'éclipse discrètement et accourt avec précipitation, suivi d'une poignée d'hommes, du côté où combattent les fantassins de son allié. Là, il s'écrie en latin - il avait appris cette langue au siège de Numance - que »toute résistance des Romains est vaine, qu'il vient de tuer Marius de sa propre main « ... Ces paroles jettent l'épouvante dans nos rangs. » [38]
Grâce à cette ruse de Jugurtha, les Romains faillirent connaître une seconde défaite, mais l'intervention de Sylla renversa les chances et la rencontre fut défavorable aux deux rois. Bocchus, découragé, chercha à négocier, tandis que Jugurtha poursuivait, infatigable, la lutte contre Marius. Mais ce dernier, probablement sous l'influence de Sylla, au lieu d'opérations hasardeuses et difficiles dans lesquelles s'enlisait l'armée romaine, préféra la voie des pourparlers avec Bocchus.
Les Romains voulaient amener Bocchus à leur livrer Jugurtha. Hésitant, Bocchus finit par faire croire à Jugurtha que des tractations étaient en cours avec les Romains pour la signature d'un accord.
Jugurtha lui fit répondre qu'il était « prêt à signer et à accepter toutes les conditions mais qu'il n'avait que peu de confiance en Marius. Combien de fois a-t-on déjà signé avec les généraux romains des traités de paix qui sont demeurés sans valeur ! » [39]
Il proposa donc à Bocchus de lui livrer Sylla contraignant ainsi Rome à signer. Le roi maure fit mine d'accepter cette dernière proposition tout en préparant un guet-apens qui lui permit de livrer Jugurtha « chargé de chaînes » à Sylla. Ce dernier le conduisit chez Marius [40], en automne de l'année 105.
Fidèle soutien des Romains, le roi Bocchus fut récompensé en ajoutant à ses États ceux du Numide qu'il avait trahi.
Le récit de Salluste s'arrête presque net à ce point, passant sous silence la fin tragique réservée à l'aguellid numide qui avait âprement défendu l'indépendance de sa patrie. Plusieurs années de guerre avaient été nécessaires pour tenter de venir à bout du redoutable Jugurtha que l'on considérait, en Italie même, comme un second Hannibal. Et encore ne fut-il pris que par traîtrise...
C'est Plutarque qui nous a transmis un récit détaillé de l'exécution de Jugurtha qui eut lieu, le 1er janvier 104, pendant le triomphe de Marius :
« Revenu d'Afrique avec son armée, il (Marius) célébra en même temps son triomphe et offrit aux Romains un spectacle incroyable : Jugurtha prisonnier ! Jamais aucun ennemi de ce prince n'aurait jadis espéré le prendre vivant, tant il était fertile en ressources pour ruser avec le malheur et tant de scélératesse se mêlait à courage !... Après le triomphe, il fut jeté en prison. Parmi ses gardiens, les uns déchirèrent violemment sa chemise, les autres, pressés de lui ôter brutalement ses boucles d'oreilles d'or, lui arrachèrent en même temps les deux lobes des oreilles. Quand il fut tout nu, on le poussa et on le fit tomber dans le cachot souterrain... Il lutta pendant six jours contre la faim et, suspendu jusqu'à sa dernière heure au désir de vivre... », il aurait été étranglé, selon Eutrope, par ordre de Marius [41].
C'est dans la prison du Tullianum, sur le Forum romain, que l'illustre condamné subit ces ultimes supplices. Ses deux fils, qui avaient précédé le char du triomphe, furent envoyés à Venusia, où ils passèrent leur vie dans la captivité.
Le roi du Pont, Mithridate, reprocha aux Romains leur barbarie envers le petit-fils de Massinissa. « Si l'action de Jugurtha fut un essai conscient d'unir tous les Berbères dans une guerre patriotique, c'est en vain qu'on cherchera une preuve dans Salluste, car Jugurtha n'y est que prétexte à un jugement moral sur Rome, et ses chefs » [42], écrit A. Laroui, dans un de ses récents ouvrages, à propos du texte du Bellum Jugurthinum qui constitue pratiquement notre seule source d'étude du roi numide.
Effectivement, toute la première partie de l'oeuvre de Salluste, qui va de la jeunesse de Jugurtha jusqu'à sa résistance à Metellus, a toujours constitué un obstacle pour la recherche d'une histoire impartiale. Les événements de la guerre dite de Jugurtha nous apprennent finalement peu de choses sur ce personnage, hormis quelques détails sur sa jeunesse et sa vie de résistant. Mais que fut le roi ? Comment administrait-il son royaume ? Quelles étaient ses ressources ? Cela Salluste ne le dit pas et aucun auteur ancien ne s'en est soucie, laissant ainsi un aspect important de la vie de cet homme dans l'ombre. C'est ce qui rend d'ailleurs Jugurtha si énigmatique et si attirant à la fois.
Pour la majorité des chercheurs qui se sont intéressés à Salluste et à son oeuvre, la « Guerre de Jugurtha » est considérée plutôt comme une oeuvre de composition harmonieuse où la recherche de l'effet dramatique est prédominant. On peut se demander également dans quelle mesure le séjour de Salluste en Afrique a pu le préparer à raconter la guerre de Jugurtha, car finalement ces événements n'ont été pour lui qu'une occasion pour s'attaquer à la noblesse et montrer les dommages causes à la république romaine par l'aristocratie maîtresse de l'État depuis la chute des Gracques.
C'est sur cette toile de fond qu'apparaît la forte personnalité de Jugurtha, en même temps que tout le tragique de la situation du royaume numide dont l'indépendance va être rendue de plus en plus illusoire au fur et à mesure que Rome s'engage dans sa politique coloniale.

Notes :

1. Salluste, son nom entier est Caius Sallustius Crispus, né vers 87 avant Jésus-Christ à Amiterne, l'une des plus anciennes villes du pays des Sabins. C'est en suivant l'exemple de bien de ses compatriotes que Salluste « descendit » à Rome y chercher honneur et fortune. Après une vie politique assez agitée, il suivit le parti de César qui le désigna d'ailleurs gouverneur de la nouvelle province d'Afrique, en 47 avant Jésus-Christ. Il amassa en Afrique une fortune scandaleuse qui lui permit, une fois retiré de la vie politique, de faire construire une somptueuse maison entourée de de jardins. Salluste mourut en 35 avant Jésus-Christ.
2. Après la victoire de César à Thapsus, en 46 avant Jésus-Christ, le roi de Numidie Juba 1er s'était donné la mort. César réunit alors la partie orientale de ce royaume aux possessions de Rome appelées jusque-là Provincia Africa. Ces dernières prirent le nom d'Africa Vetus, tandis qu'on donnait le nom d'Africa Nova à la nouvelle province.
3. Dans la dynastie numide existait un véritable goût littéraire : Mastanabal, père de Jugurtha, était versé dans les lettres grecques, selon le témoignage de Tite-Live. Hiempsal qui a régné longtemps avait un penchant pour les œuvres puniques et écrivait lui-même dans cette langue. Plus tard, Juba II, petit-fils de Hiempsal, fut, on le sait, l'un des plus grands écrivains de son temps. Malheureusement il ne nous est pratiquement rien resté de leurs œuvres.
4. Le mausolée appelé improprement Soum'a du Khroub, à proximité de Constantine, a probablement servi de tombeau au célèbre aguellid Massinissa.
5. Fort peu étendu était ce territoire de près de 25 000 km² qui occupait le nord-est de la Tunisie.
6. Bellum Jugurthinum, LXV, traduction de Ch. Saumagne, La Numidie et Rome, Massinissa et Jugurtha, Paris, 1966, p. 103.
7. Ch. Saumagne, op. cit., p. 103.
8. St Gsell, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, t. VII, reimp., Osnabruck, 1972, p.140.
9. La guerre d'Espagne avait commencé en 154 avant Jésus-Christ.
10. Bellum Jugurthinum, VII.
11. Ch.Saumagne,op.cit.,p.14.
12. G. Camps, Aux origines de la Berbérie, Massinissa ou les débuts de l'Histoire, dans Libyca, t. VIII, 1er sem. 1960, p. 241.
13. BellumJugurthinum,lX.
14. Ibid.,XIII.
15. Ibid., XVI.
16. Ibid., XIX.
17. Ibid.,XXVIII.
18. St Gsell, op.cit., pp. 154-155.
19. Bellum Jugurthinum, XXXI.
20. Ch.Saumagne, op.cit., pp.216-217.
21. St Gsell, op.cit., p.168.
22. Ch. Saumagne, op. cit., p. 196.
23. BellumJugurthinum,XXXV.
24. Ibid, XXXVIII-XXXIX.
25. Ibid, XLVI.
26. A. Berthier, J. Juillet, R. Charlier, Le « Bellum Jugurthinum » de Salluste et le problème de Cirta, dans Recueil des Notices et Mémoires de la Société Archéologique de Constantine, t. LXVII, 1950-1951, p. 3 à 104.
27. Ch. A. Julien, Histoire de l'Afrique du Nord, Paris,1968,t.I, p. 116.
28. BellumJugurthinum.XLIX.
29. Ibid.,LI.
30. Ibid., LIV-LV.
31. Ibid., LXVI.
32. Ibid., LXXII.
33. Ch. A. Julien, op. cit., p. 116.
34. M. Kaddache, L'Algérie dans l'Antiquité ; Madrid, 1972, p. 88.
35. Bellum Jugurthinum, LXXX.
36. Ibid., XCI-XCII.
37. Bellum Jugurthinum, XCVII.
38. Ibid., CI.
39. Ibid., CXII.
40. Ibid., CXIII.
41. Plutarque, Vie de Marius. Voir également Le Gall, « La mort de Jugurtha » dans Revue de Philologie de littérature et d'histoire ancienne, t. XVIII, 1944 pp. 94-100
42. A. Laroui, L'Histoire du Maghreb, Essai de synthèse, Paris, 1970, p. 35.

Bibliographie :

SALLUSTE, Bellum Jugurthinum, trad. par G. Walter, coll. La Pléiade, Paris, 1968.
GSELL (St), Histoire ancienne de l'Afrique du Nord, t. Vll, Paris, 1928, réimp., Osnabrück, 1972.
BERTHIER (A.), JUILLET (J.), CHARLIER (R.), « Le Bellum Jugurthinum de Salluste et le problème de Cirta » , dans Recueil de Constantine, t. LXVII, 1950-l951, pp.3-144.
SAUMAGNE (Ch.), La Numidie et Rome, Massinissa et Jugurtha, Paris, 1966.
CAMPS (G.), « Aux origines de la Berbérie, Massinissa ou les débuts de l'Histoire », dans Libyca, Archeologie-Epigraphie, t. VIII, 1er sem. 1960, pp. 3-320.
JULIEN (Ch.-A.), Histoire de l'Afrique du Nord, Algérie-Tunisie-Maroc, Paris, 1952, rééd. 1968.
LA PENNA (A.), « L'interpretazione sallustiana della guerra contra Giugurtha », dans Annali della Scuola Normale Superiore di Pisa, t. XXVIII, 1959, pp. 45 à 86 et 243 à 284.

 

ab, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
ac, conj. : et, et aussi
accessio, ionis, f. : 1. action de s'approcher 2. l'arrivée, l'accès d'une maladie 3. l'addition, l'augmentation 4. l'accessoire
ad, prép. : + Acc. : vers, à, près de
addo, is, ere, didi, ditum : ajouter
Adherbal, alis, m. : Adherbal (fils de Micipsa, roi des Numides)
adigo, is, ere, egi, actum : 1. pousser en avant, enfoncer 2. contraindre, forcer à, faire prêter serment
aditus, us, m. : l'accès, l'entrée
admodum, adv. : tout-à-fait, pleinement
adoptio, onis, f. : l'adoption
adorior, iris, iri, adortus sum : attaquer
adversus, a, um : contraire (prép. + acc. = contre)
Africa, ae, f. : l'Afrique
ager, agri, m. : la terre, le territoire, le champ
aggredior, eris, i, agressus sum : aller vers, s'approcher, attaquer
agito, as, are : mettre en mouvement, s'occuper de
Albinus, i, m. : Spurius Albinus (consul vers 110)
alienus, a, um : 1. d'autrui, étranger 2. éloigné, déplacé, désavantageux
aliqui, qua, quod : quelque
alter, era, erum : l'autre (de deux)
amicitia, ae, f. : l'amitié
anguis, is, m. : le serpent
apud, prép. : + Acc. : près de, chez
arcesso, is, ere, ivi, itum : faire venir, mander (arcessitus, a, um : cherché, peu naturel)
arduus, a, um : élevé, escarpé, ardu
arena, ae, f. : le sable, le désert
arma, orum, n. : les armes
ars, artis, f. : l'art
aspicio, is, ere, spexi, spectum : regarder, examiner, considérer, voir
assilio, is, ire, silui, - : sauter contre, assaillir
assurgo, is, ere, surrexi, surrectum : se dresser
atque, conj. : et, et aussi
atqui, inv., et pourtant, eh bien
audacia, ae, f. : l'audace
augeo, es, ere, auxi, auctum : augmenter, accroître, enrichir
aurum, i, n. : l'or
avus, i, m. : l'ancêtre, l'aïeul, le grand-père
bellum, i, n. : la guerre
Bestia, ae, m. : Calpurnius Bestia
Bocchus, i, m. : Bocchus (roi de Mauritanie)
caedo, is, ere, cecidi, caesum : tuer, abattre
callidissimus, a, um : superlatif de callidus, a, um : rusé, roué, madré
Calpurnius, i, m. : Calpurnius
cano, is, ere, cecini, cantum : 1. chanter, résonner, retentir 2. prédire, prophétiser 3. jouer d'un instrument de musique
capio, is, ere, cepi, captum : prendre
capite censi : les personnes qui n'appartiennent à aucune des 5 classes établies par Servius Tullius; ils ne paient pas le cens et ne font pas de service militaire, les prolétaires
Capsa, ae, f. : Capsa (ville d'Afrique)
caput, itis
, n. :1. la tête 2. l'extrémité 3. la personne 4. la vie, l'existence 5. la capitale
Carthago, inis, f. : Carthage
castra, orum, n. pl. : le camp militaire
catena, ae, f. : la chaîne
causa, ae, f. : la cause, le motif; l'affaire judiciaire, le procès; + Gén. : pour
cedo, is, ere, cessi, cessum : 1. aller, marcher 2. s'en aller, se retirer 3. aller, arriver 4. céder, concéder
censeo, es, ere, censui, censum : estimer, être d’avis, décider
certus, a, um : certain
ceterum, adv. : du reste
Cirta, ae, f. : Cirta (ville d'Afrique)
citra, adv. : en deçà; prép. + acc. en deçà de
clades, is, f. : la blessure, la perte, le dommage, le désastre militaire, la grave défaite
clientela, ae, f. : la clientèle, la condition de client, le vassal
competitor, oris, m. : le concurrent
concutio, is, ere, cussi, cussum : agiter, secouer, ébranler
condo, is, ere, didi, ditum : cacher, enfermer, enterrer (condere urbem : fonder une ville)
conficio, is, ere, feci, fectum
: 1. faire (intégralement) 2. réaliser 3. réduire 4. venir à bout de 5. accabler, épuiser
consul, is, m. : le consul
contentus, a, um : content de, satisfait de
contra, adv : au contraire, en face ; prép+acc : contre
converto, is, ere, verti, versum : tourner complètement
copia, ae, f. : l'abondance, la possibilité, la faculté (pl. les richesses, les troupes)
corrumpo, is, ere, rupi, ruptum : corrompre
cuius, 1. GEN. SING. du pronom relatif 2. idem de l'interrogatif 3. faux relatif = et eius 4. après si, nisi, ne, num = et alicuius
cum, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que
cupiditas, atis, f. : le désir
de, prép. + abl. : au sujet de, du haut de, de
dedecus, oris, n. : le déshonneur
deduco, is, ere, duxi, ductum : 1. faire descendre 2. conduire 3. fonder 4. détourner de
deinde, adv. : ensuite
diffido, is, ere, fisus sum : ne pas se fier à, se défier de
dimitto, is, ere, misi, missum : 1. envoyer dans tous les sens 2. disperser 3. renvoyer, laisser partir 4. renoncer à, abandonner
diripio, is, ere, ripui, reptum : piller
diu, adv. : longtemps
divido, is, ere, visi, visum : diviser
eius, Gén. Sing. de IS-EA-ID : ce, cette, son, sa, de lui, d'elle
eludo, is, ere, elusi, elusum : déjouer, gagner au jeu
emo, is, ere, emi, emptum : acheter
emptor, oris, m. : l'acheteur
erumpo, is, ere, rupi, ruptum : faire sortir violemment, éclater
et, conj. : et. adv. aussi
etiam, adv. : encore, en plus, aussi, même, bien plus
evado, is, ere, vasi, vasum : s'échapper ; finir par devenir
exercitus, us, m. : l'armée
experior, iris, iri, expertus sum : éprouver, essayer (expertus, a, um : éprouvé, qui a fait ses preuves)
expugno, as, are : prendre par la force, vaincre
exuo, is, ere, exui, exutum : dégager, se dégager de, se débarrasser de, dépouiller
facilius, inv. : plus facilement
facio, is, ere, feci, factum : faire
felicitas, atis, f. : le bonheur
ferrum, i, n. : le fer (outil ou arme de fer)
fides, ei, f. : 1. la foi, la confiance 2. le crédit 3. la loyauté 4. la promesse, la parole donnée 5. la protection (in fide : sous la protection)
finis, is, f. : la limite, la fin ; pl., les frontière, le territoire
fio, is, fieri, factus sum : devenir
flagitium, ii, n. : l'action honteuse et scandaleuse, le scandale
foedus, deris, n. : le traité
fortius, adv. : plus courageusement
fortuna, ae, f. : la fortune, la chance
frater, tris, m. : le frère
fraudulentissimus, a, um : superlatif de fraudulentus, a, um : fourbe, trompeur, frauduleux
fraus, fraudis, f. : la mauvaise foi, la tromperie
frustra, adv. : en vain
fuga, ae, f. : la fuite
fugitivus, i, m. : l'esclave fugitif
fundo, is, ere, fusi, fusum : étendre, répandre, disperser
genus, eris, n. : la race, l'origine, l'espèce
Getulia, ae, f. : la Gétulie (contrée au Nord-Ouest de l'Afrique)
gravis, e : sérieux, triste, lourd, alourdi
graviter, inv. : lourdement, gravement
habeo, es, ere, bui, bitum : avoir (en sa possession), tenir (se habere : se trouver, être), considérer comme
Hannibal, alis, m. : Hannibal
Hercules, is, m. : Hercule
hic, haec, hoc : adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
Hiempsal, alis, m. : Hiempsal (fils de Micipsa, roi des Numides)
hostis, is, m. : l'ennemi
iam, adv. : déjà, à l'instant
idem, eadem, idem : le (la) même
igitur, conj. : donc
ille, illa, illud
: adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ...
immito, is, ere, immisi, immissum : lâcher, lancer contre, envoyer dans, laisser aller, laisser flotter
imperium, ii, n. : le pouvoir (absolu)
impes, (= impetus) : impetis, m. : élan, charge, attaque
impetus, us, m. : le mouvement en avant, l'élan, l'assaut
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
inaccessus, a, um : inaccessible
inchoo, as, are : commencer
indo, is, ere, indidi, inditum : mettre sur, mettre dans, donner un nom
insidiae, arum : l'embuscade, le guet-apens
integer, gra, grum : non touché, sain et sauf ; de integro : de nouveau; ex integro : de fonds en comble
inter, prép. : + Acc. : parmi, entre
interficio, is, ere, feci, fectum : tuer
intervenio, is, ire, veni, ventum : arriver, survenir, intervenir, se mêler de
invictus, a, um
: invincible
ipse, a, um
: (moi, toi, lui,...) même
is, NOM M SING de is,ea,id : ce, cette, celui-ci, il
ita, adv. : ainsi, de cette manière ; ita... ut, ainsi que
Iugurtha, ae, m. : Jugurtha
ius, iuris
, n. : le droit, la justice
lateo, es, ere, latui : se cacher
legatio, onis, f. la députation, l'ambassade, la fonction
legatus, i, m. : le légat, l'envoyé, l'ambassadeur
leviter, adv. : légèrement
Ligur, uris, m. : le Ligure
magis, adv. : plus
mando, as, are : confier
manus, us, f. : la main, la petite troupe
Marius, i, m. : Marius
Massinissa, ae, m. : Massinissa (roi des Numides, ennemi de Carthage, grand-père de Jugurtha)
Massiva, ae, f. :Massiva (petit-fils de Masinissa, vint à Rome où Jugurtha le fit assassiner)
Mauri, orum, m. : les Maures (habitants de la Mauritanie)
Mauritania, ae, f. : la Mauritanie
medius, a, um : qui est au milieu, en son milieu
meridianus, a, um : de midi, relatif à midi; du sud, méridional
Metellus, i, m. : Métellus
metuo, is, ere, ui, utum : craindre
Micipsa, ae, m. : Micipsa ((roi des Numides, fils et successeur de Masinissa, oncle de Jugurtha)
minae, arum : les menaces
mirus, a, um : étonnant
mitto, is, ere, misi, missum : I. 1. envoyer 2. dédier 3. émettre 4. jeter, lancer II. laisser aller, congédier
modo, adv. : seulement ; naguère, il y a peu (modo... modo... tantôt... tantôt...)
mons, montis,
m. : le mont, la montagne
mos, moris, m. : sing. : la coutume ; pl. : les moeurs
mox, adv. : bientôt
Mulucha, ae, f. : Mulucha (ville d'Afrique)
nec, adv. : et...ne...pas
nefas, inv. : criminel, sacrilège
non, neg. : ne...pas
nos, nostrum
: nous, je
noster, tra, trum : adj. notre, nos pronom : le nôtre, les nôtres
Numida, ae, f. : le Numide
Numidia, ae, f. : la Numidie
nunc, adv. : maintenant
obscuritas, atis, f. : 1. l'obscurité 2. le manque de clarté, la condition obscure, le rang obscur
omnis, e
: tout
operio, is, ire, perui, pertum : couvrir, fermer
oppidum, i, n. : l'oppidum, la ville fortifiée
ops, opis, f. : sing., le pouvoir, l'aide ; pl., les richesses
oriens, entis : le soleil levant, l'orient, le levant, l'est
par, aris
: semblable, pareil par, paris, m. : le couple, la paire)
parricida, ae, m. : le parricide
pater, tris, m. : le père, le magistrat
pax, pacis, f. : la paix
pecunia, ae, f. : l'argent
penetro, as, are : faire entrer, pénétrer
per, prép. : + Acc. : à travers, par
percussor, oris, m. : l'assassin
perficio, is, ere, feci, fectum : 1. faire complètement, achever, accomplir 2. faire de manière parfaite 3. aboutir à
periturus, a, um :participe futur de pereo, is, perire : périr
persequor, eris, i, persecutus sum : 1. suivre jusqu'au bout, poursuivre 2. s'attacher à
placeo, es, ere, cui, citum : 1.plaire, être agréable (placitus, a, um : qui plaît, agréable) 2. paraître bon, agréer
plaga, ae, f. : le coup, la blessure; l'étendue, la région
populatio, onis, f. : le ravage, le pillage, la dévastation
populus, i, m. : le peuple
post, adv. : en arrière, derrière; après, ensuite; prép. : + Acc. : après
postremo, adv. : enfin
potior, iris, iri, potitus sum : s'emparer de
praecipuus, a, um : 1. particulier, spécial 2. supérieur (praecipua, orum : le principal, l'essentiel)
preces, um, f. pl. : les prières
pretium, ii, n. : le prix, la valeur, la récompense, le salaire
primus, a, um : premier
pro, prép. : + Abl. : devant, pour, à la place de, en considération de
profugio, is, ere, profugi, profugitum : fuir, abandonner ; s'échapper
publicus, a, um : public
pudor, oris, m. : la honte
quam, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel? qui? 3. après si, nisi, ne, num = aliquam 4. faux relatif = et eam 5. introduit le second terme de la comparaison = que 6. adv. = combien
quamvis, conj. : bien que
quando, adv. : quand; après si, nisi, ne, num = aliquando = parfois; conj. : quand, puisque
qui, 1. n N.M.S ou N.M.PL. du relatif 2. idem de l'interrogatif 3. après si, nisi, ne, num = aliqui 4. Faux relatif = et ei 5. interrogatif = en quoi, par quoi
quidam, quaedam, quoddam/quiddam : un certain, quelqu'un, quelque chose
quidem, adv. : certes (ne-) ne pas même
quies, etis, f. : la tranquillité, le repos
quippe, inv. : car, assurément
quis, 1. pronom interrogatif N. M. S. 2. pronom indéfini = quelqu'un 3. après si, nisi, ne, num = aliquis 4. = quibus
quo, 1. Abl. M. ou N. du pronom relatif. 2. Abl. M. ou N. du pronom ou de l'adjectif interrogatif. 3. Faux relatif = et eo. 4. Après si, nisi, ne, num = aliquo. 5. Adv. =où ? (avec changement de lieu) 6. suivi d'un comparatif = d'autant 7. conj. : pour que par là
quod, 1. pronom relatif nom. ou acc. neutre singulier : qui, que 2. faux relatif = et id 3. conjonction : parce que, le fait que 4. après si, nisi, ne, num = aliquod = quelque chose 5. pronom interrogatif nom. ou acc. neutre sing. = quel?
quoque, adv. : aussi
quorum, 1. GEN. MASC. ou N. PL. du relatif. 2. GEN. MASC. ou N. PL. de l'adjectif ou du pronom interrogatif. 3. Après si, nisi, ne, num = aliquorum. 4. Faux relatif = et eorum
quos
, 1. ACC. MASC. PL. du relatif. 2. Idem de l'interrogatif. 3. après si, nisi, ne, num = aliquos. 4. faux relatif = et eos
recens, entis : frais, jeune, récent, dispos
regnum, i, n. : le pouvoir royal, le trône, le royaume
res, rei
, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens
reus, i, m. : l'accusé
rex, regis, m. : le roi
Roma, ae, f. : Rome
Romanus, a, um : Romain (Romanus, i, m. : le Romain)
sacramentum, i, n. : l'enjeu, le serment militaire
salus, utis, f. : 1. la santé 2. le salut, la conservation 3. l'action de saluer, les compliments
sanguis, inis, m. : le sang, la vigueur
saucius, a, um : 1. blessé 2. atteint, endommagé, maltraité 3. atteint au moral
saxeus, a, um : de pierre
Scaurus, i, m. : Aemilius Scaurus (patricien, consul. Se laissa corrompre par Jugurtha)
scelus, eris, n. : le crime
se, pron. réfl. : se, soi
sed, conj. : mais
senatus, us
, m. : le sénat
sententia, ae, f. : l'avis, l'opinion
sequor, eris, i, secutus sum : 1. suivre 2. poursuivre 3. venir après 4. tomber en partage
si, conj. : si
sic, adv. : ainsi ; sic... ut : ainsi... que
similiter, inv. : de la même manière
simulo, as, are : 1. rendre semblable 2. simuler, feindre, faire semblant
sitis, is, f. : la soif
socer, eri, m. : le beau-père
spero, as, are : espérer
spes, ei, f. : l'espoir
statuo, is, ere, statui, statutum : 1.. établir, poser, placer 2. être d'avis, juger 3. décider
sum, es, esse, fui : être
supero, as, are : vaincre
suus, a, um : adj. : son; pronom : le sien, le leur
Sylla, ae, m. : Sylla
tam, adv. : si, autant
tamen, adv. : cependant
tandem, adv. : enfin
Thala, ae
, f. : Thala
thesaurus, (thens-), i, m :le trésor, le dépôt, le magasin
timeo, es, ere, timui : craindre
trado, is, ere, didi, ditum : 1. transmettre, remettre 2. livrer 3. enseigner
traho, is, ere, traxi, tractum : 1. tirer 2. solliciter, attirer 3. traîner 4. extraire 5. allonger, prolonger 6. différer, retarder
triumphus, i, m. : le triomphe (entrée solennelle à Rome d'un général victorieux)
tunc, adv. : alors
turpis, e : honteux
ubi, adv. : où; conj. quand
ultio, ionis : la vengeance
urbs, urbis, f. : la ville
ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
vallo, as, are : entourer de palissade, fortifier, retrancher, défendre, protéger
venalis, e : à vendre
venio, is, ire, veni, ventum : venir
verus, a, um : vrai
victoria, ae, f. : la victoire
vicus, i, m. : le quartier, le village
video, es, ere, vidi, visum : voir (videor, eris, eri, visus sum : paraître, sembler)
vincio, is, ire, vinxi, vinctum : enchaîner
vinco, is, ere, vici, victum : vaincre
vindico, as, are : 1. revendiquer, réclamer 2. venger, punir
voluntarius, a, um : volontaire
Zama, ae, f. : Zama (ville d'Afrique)
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