Cornélie, mère des Gracques

Une mère cultivée

CORNELIUS NEPOS : Cornélius Népos était originaire de la Cisalpine, comme Catulle (plus jeune que lui d'une génération), qui lui dédia le recueil de ses poèmes. Il était également lié avec Cicéron et Atticus. Mais il semble ne s'être jamais mêlé de politique, ce qui lui permit de vivre vieux, tout en ayant pour inconvénient de le faire peu connaître à ses contemporains.
Son œuvre majeure était un vaste recueil de biographies qu'il publia une première fois vers 35-34, une deuxième entre 29 et27, et qu'il intitula De Viris Illustribus.
A ce livre sont joints deux vitae extraites du livre sur les historiens latins ; celle de Caton l'Ancien et celle d'Atticus (qui peut passer pour un historien, puisqu'il était l'auteur d'un manuel de chronologie, le Liber annalis). On possède aussi, extraite du même recueil, une lettre de Cornélie, la mère de Gracques, mais on ne sait si ce document est authentique.

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Cornelia était de plus une femme très cultivée.

I. Verba ex epistula Corneliae Gracchorum matris ex eodem libro Cornelii Nepotis excerpta.

Dices pulchrum esse inimicos ulcisci. Id neque maius neque pulchrius cuiquam atque mihi esse videtur, sed si liceat re publica salva ea persequi. Sed quatenus id fieri non potest, multo tempore multisque partibus inimici nostri non peribunt atque, uti nunc sunt, erunt potius quam res publica profligetur atque pereat.

Eadem alio loco

Verbis conceptis deierare ausim, praeterquam qui Tiberium Gracchum necarunt, neminem inimicum tantum molestiae tantumque laboris, quantum te ob has res, mihi tradidisse: quem oportebat omnium eorum, quos antehac habui liberos, partis [eorum] tolerare atque curare, ut quam minimum sollicitudinis in senecta haberem, utique, quaecumque ageres, ea velles maxime mihi placere, atque uti nefas haberes rerum maiorum adversum meam sententiam quicquam facere, praesertim mihi, cui parva pars vitae superest. Ne id quidem tam breve spatium potest opitulari, quin et mihi adversere et rem publicam profliges? Denique quae pausa erit? Ecquando desinet familia nostra insanire? Ecquando modus ei rei haberi poterit? Ecquando desinemus et habentes et praebentes molestiis insistere? Ecquando perpudescet miscenda atque perturbanda re publica? Sed si omnino id fieri non potest, ubi ego mortua ero, petito tribunatum: per me facito quod lubebit, cum ego non sentiam. Ubi mortua ero, parentabis mihi et invocabis deum parentem. In eo tempore non pudet te eorum deum preces expetere, quos vivos atque praesentes relictos atque desertos habueris? Ne ille sirit Iuppiter te ea perseverare nec tibi tantam dementiam venire in animum! Et si perseveras, vereor, ne in omnem vitam tantum laboris culpa tua recipias, uti in nullo tempore tute tibi placere possis.

CORNELIUS NEPOS

  vocabulaire

PAROLES OU LETTRE DE CORNÉLIE, MÈRE DES GRACQUES (DU LIVRE SUR LES HISTORIENS LATINS)

Tu me diras qu'il est beau de se venger de ses ennemis. Personne plus que moi ne trouve ce projet grand et beau, si toutefois il peut s'accomplir sans compromettre le salut de l'État. Mais puisque cela ne se peut, le temps s'écoulera, les partis se multiplieront sans que nos ennemis périssent, et nous les laisserons ce qu'ils sont aujourd'hui, plutôt que de ruiner et de faire périr la république.

(LA MÊME DANS UN AUTRE ENDROIT)

J'oserais le jurer par un serment solennel, après ceux qui ont mis à mort Tibérius Gracchus, nul ennemi ne m'a causé autant de peine et de chagrin que toi par ta conduite ; quand tu devais me tenir lieu de tous les enfants que j'ai perdus, prendre soin d'écarter de mes vieux jours les moindres ennuis, et regarder comme une impiété de rien entreprendre d'important contre mon aveu. Et c'est moi, quand il me reste si peu de temps à vivre, qui ne peux même obtenir, par grâce pour mes derniers instants, que tu ne te mettes point en opposition avec moi et que tu ne ruines point ta patrie. Où nous arrêterons-nous enfin, et quand notre famille cessera-t-elle d'être en démence ? Quel sera le terme de ces égarements ? Quand serons-nous las de nous créer des chagrins et d'en créer aux autres ? Quand rougirons-nous de troubler et de bouleverser la république ? Si ce que je demande n'est pas possible, attends que je sois morte pour briguer le tribunal ; après moi, fais ce que tu voudras, je ne serai plus là pour le voir. Quand je n'existerai plus, tu m'honoreras par de pieux sacrifices, tu invoqueras le dieu ton père. Mais n'auras-tu pas honte d'implorer alors ces dieux que tu as négligés et délaissés tandis qu'ils vivaient, qu'ils étaient devant tes yeux ? Puisse Jupiter ne point permettre que tu persévères dans cette voie et que ton âme soit aveuglée à ce point ! Si tu persistes, je crains que tu n'attires, par ta faute, sur ta vie entière, de si terribles orages, que jamais tu ne puisses être heureux.

CORNELIUS NEPOS

 

 

 

L'avis porté sur Tibérius et Caius Gracchus a été différent selon les auteurs et les positions politiques des personnes. Cicéron lui-même penche tantôt d'un côté tantôt de l'autre. Il y a chez tous les auteurs un accord unanime au sujet de leur mère Cornélie. C'est le respect vis-à-vis d'une mère et quand on parle d'elle c'est toujours en disant : Cornélie, la mère des Gracques.

Pourquoi cet honneur même chez les pires conservateurs de l'époque?

1. Elle est la fille de Scipion l'Africain., le vainqueur d'Hannibal, celui qui a changé la façon de faire des Romains en amenant dans une ville encore rurale une façon de faire hellénistique. (Ce qui ne sera pas du goût de tout le monde : Caton l'ancien voulait qu'on en revienne aux bonnes vieilles traditions).
2. Elle fait partie d'une des plus grande famille de Rome : la gens Cornelia.
3. Sa mère fait partie de la gens Aemilia (elle est la fille d'Aemilius Paulus vaincu à Cannes en 216).
4. Elle a une formation soignée, elle connaît le Grec, elle écrit.
5. Elle a une formation stoïcienne qui lui a appris à supporter les malheurs avec une égalité d'humeur.
6. Elle a une famille nombreuse et se comporte comme la véritable matrone romaine.
7. Elle fait un mariage d'amour : elle épouse quelqu'un d'une famille "ennemie" : Tiberius Sempronius Gracchus.
8. Elle est mère d"une famille nombreuse : 12 enfants.
9. Elle a des malheurs : elle en perd 9 en trois ans: il ne lui reste que Tibérius, Caius et Sempronia.
10. Elle les éduque avec des précepteurs Grecs : Blossius de Cumes et Diaphane de Mytilène.
11. Elle marie sa fille Sempronia avec Scipion Emilien.
12. Elle marie Tibérius avec Claudia la fille de Appius Claudius Pulcher.
13. Elle supporte ses malheurs avec dignité.

 

adversor, aris, atus sum : s'opposer
adversus, a, um : contraire (prép. + acc. = contre)
ago, is, ere, egi, actum : 1. mettre en mouvement, pousser 2. faire, traiter, agir
alius, a, ud : autre, un autre
animus, i, m. : le coeur, la sympathie, le courage, l'esprit
antehac, adv. : auparavant
atque, conj. : et, et aussi
audeo, es, ere, ausus sum : oser
brevis, e : court (espace ou temps)
concipio, is, ere, cepi, ceptum : faire naître, produire
Cornelia, ae, f. : Cornélie (mère des Gracques)
Cornelius, i, m. : Cornélius
cui, 4 possibilités : 1. datif singulier du pronom relatif : à qui, pour qui 2. datif singulier de l'interrogatif : à qui? à quel? 3. faux relatif = et ei 4. après si, nisi, ne num = alicui
culpa, ae, f. : la faute
cum, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que
curo, as, are : se charger de, prendre soin de (curatus, a, um : bien soigné)
deiero, as, are : jurer, faire serment
dementia, ae, f. : la démence, la folie
denique, adv. : enfin
desero, is, ere, ui, desertum : abandonner
desino, is, ere, sii, situm : cesser
deus, i, m. : le dieu
dico, is, ere, dixi, dictum : dire, appeler
ea, 1. ABL. FEM. SING - NOM-ACC. N. PL. de is, ea, id (ce, cette, le, la...) 2. adv. : par cet endroit
ecquando, est-ce que jamais, si jamais
ego, mei : je
ei, DAT. SING ou NOM. M. PL. de is,ea,id : lui, à celui-ci, ce,...
eo, 1. ABL. M-N SING de is, ea, is : le, la, les, lui... ce,..; 2. 1ère pers. sing. de l'IND PR. de eo, ire 3. adv. là, à ce point 4. par cela, à cause de cela, d'autant
eorum, G. M et N. PL. de is,ea,id = d'eux, leur, leurs
epistula, ae, f. : la lettre
et, conj. : et. adv. aussi
ex, prép. : + Abl. : hors de, de
excerpo, is, ere, cerpsi, cerptum : prendre des notes
expeto, is, ere, ii, itum : désirer vivement, souhaiter, convoiter, réclamer, revendiquer
facio, is, ere, feci, factum : faire
familia, ae, f. : la famille, la maisonnée
fio, is, fieri, factus sum : devenir
Gracchus, i, m. : Gracchus
habeo, es, ere, bui, bitum : avoir (en sa possession), tenir (se habere : se trouver, être), considérer comme
hic, haec, hoc : adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
id, NOM-ACC N. SING. de is, ea, is : il, elle, le, la, ....
idem, eadem, idem : le (la) même
ille, illa, illud : adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ...
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
inimicus, a, um : ennemi, de l'ennemi (inimicus, i, m. : l'ennemi)
insanio, is, ire, iui, itum : être fou, insensé
insisto, is, ere : être assis, s'attacher à
invoco, as, are : invoquer
Iuppiter, Iovis, m. : Jupiter
labor, oris, m. : la peine, la souffrance, le travail pénible
liber, bri, m. : le livre
liberi, orum, m. pl. : les enfants (fils et filles)
liceo, v. impers. : il est permis ; conj. + subj. : bien que
locus, i, m. : le lieu, l'endroit; la place, le rang; la situation
lubet, lubui, lubitum est : il plaît
maior, oris : comparatif de magnus. plus grand. maiores, um : les ancêtres)
maius, adv. : comparatif neutre de magnus ou adverbe : plus grand
mater, tris, f. : la mère
maxime, adv. : surtout
meus, mea, meum : mon
minimus, a, um : très petit
misceo, es, ere, ui, mixtum : mélanger
modus, i, m. : la mesure, la limite, la manière
molestia, ae, f. : la peine, le chagrin, le désagrément, la gêne
mortuus, a, um : mort
multus, a, um : en grand nombre (surtout au pl. : nombreux)
ne, adv. : ... quidem : pas même, ne (défense) ; conj. + subj. : que (verbes de crainte et d'empêchement), pour que ne pas, de ne pas (verbes de volonté)
nec, adv. : et...ne...pas
neco, as, are : tuer
nefas, inv. : criminel, sacrilège
nemo, neminis : personne, nul... ne, personne
nepos, otis, m. : le petit fils ; péj. : le dissipateur, le dépensier
neque, adv. : et ne pas
non, neg. : ne...pas
noster, tra, trum : adj. notre, nos pronom : le nôtre, les nôtres
nullus, a, um : aucun
nunc, adv. : maintenant
ob, prép. : + Acc : à cause de
omnino, adv. : complètement, tout-à-fait
omnis, e : tout
opitulor, aris, atus sum : secourir, porter secours, assister, aider
oportet, vb. Impersonnel : il importe, il faut que
parens, entis, m. : le père ou la mère, le parent, le grand-père
parento, as, are : célébrer une cérémonie funèbre, faire un sacrifice en l'honneur d'un mort
pars, partis, f. : la partie, le côté
parvus, a, um : petit
pausa, ae, f. : la cessation, l'arrêt, la pause
per, prép. : + Acc. : à travers, par
pereo, is, ire, ii, itum : périr
perpudesco, is, ere : ressentir une grande honte
persequor, eris, i, persecutus sum : 1. suivre jusqu'au bout, poursuivre 2. s'attacher à
persevero, as, are : rester, persister
perturbo, as, are : bouleverser, troubler, inquiéter
peto, is, ere, ivi, itum : 1. chercher à atteindre, attaquer, 2. chercher à obtenir, rechercher, briguer, demander
placeo, es, ere, cui, citum : 1.plaire, être agréable (placitus, a, um : qui plaît, agréable) 2. paraître bon, agréer
possum, potes, posse, potui : pouvoir
potius, inv. : plutôt
praebeo, es, ere, bui, bitum : fournir
praesens, entis : présent
praesertim, inv. : surtout
praeterquam, adv. : excepté, sauf
preces, um, f. pl. : les prières
profligo, as, are : porter un coup décisif, abattre, renverser
publicus, a, um : public
pudeo, es, ere, ui, itum : avoir honte ; surtout impers. : me pudet + gén. : j'ai honte de...
pulcher, chra, chrum : beau
pulchrius, comparatif adverbial ou neutre de pulcher, chra, chrum : beau
quae, 4 possibilités : 1. N.F.S. N.F.PL. N.N.PL., ACC. N. PL. du relatif = qui, que (ce que, ce qui) 2. idem de l'interrogatif : quel? qui? que? 3. faux relatif = et ea - et eae 4. après si, nisi, ne, num = aliquae
quam, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel? qui? 3. après si, nisi, ne, num = aliquam 4. faux relatif = et eam 5. introduit le second terme de la comparaison = que 6. adv. = combien
quantum, ... tantum : autant... autant
quatenus, conj. : + subj. : puisque
quem, 4 possibilités : 1. acc. mas. sing. du pronom relatif = que 2. faux relatif = et eum 3. après si, nis, ne num = aliquem : quelque, quelqu'un 4. pronom ou adjectif interrogatif = qui?, que?, quel?
qui, 1. n N.M.S ou N.M.PL. du relatif 2. idem de l'interrogatif 3. après si, nisi, ne, num = aliqui 4. Faux relatif = et ei 5. interrogatif = en quoi, par quoi
quicumque, quae-, quod- (-cun-) : qui que ce soit, quoi que ce soit
quidem, adv. : certes (ne-) ne pas même
quin, inv. : pourquoi ne... pas ?, bien plus, construction des verbe de doute négatifs (non dubito quin)
quisquam, quaequam, quidquam ou quic- : quelque, quelqu'un, quelque chose
quod, 1. pronom relatif nom. ou acc. neutre singulier : qui, que 2. faux relatif = et id 3. conjonction : parce que, le fait que 4. après si, nisi, ne, num = aliquod = quelque chose 5. pronom interrogatif nom. ou acc. neutre sing. = quel?
quos, 1. ACC. MASC. PL. du relatif. 2. Idem de l'interrogatif. 3. après si, nisi, ne, num = aliquos. 4. faux relatif = et eos
recipio, is, ere, cepi, ceptum : 1. retirer, ramener 2. reprendre 3. recevoir, accepter, admettre 4. se charger de
relinquo, is, ere, reliqui, relictum : laisser, abandonner
res, rei, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens
salvus, a, um : en bonne santé
sed, conj. : mais
senecta, ae, f. : la vieillesse
sententia, ae, f. : l'avis, l'opinion
sentio, is, ire, sensi, sensum : percevoir, s'apercevoir
si, conj. : si
sino, is, ere, sivi, situm : permettre
sollicitudo, dinis, f. : le tourment, la grosse inquiétude
spatium, ii, n. : la distance, l'espace (lieu ou temps)
sum, es, esse, fui : être
supersum, es, esse, fui : demeurer, survivre
tam, adv. : si, autant
tantum, adv. : tant de, tellement ; seulement
tantus, a, um : si grand ; -... ut : si grand... que
tempus, oris, n. : 1. le moment, l'instant, le temps 2. l'occasion 3. la circonstance, la situation
Tiberius, ii, m. : Tibère
tolero, as, are : 1. porter, supporter 2. soutenir, maintenir 3. résister à
trado, is, ere, didi, ditum : 1. transmettre, remettre 2. livrer 3. enseigner
tribunatus, us, le tribunat
tu, tui : tu, te, toi
tutus, a, um : en sécurité, sûr
tuus, a, um : ton
ubi, adv. : où; conj. quand
ulciscor, eris, i, ultus sum : venger, se venger
ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
uti, = ut
utique, inv. : en tout cas, surtout
venio, is, ire, veni, ventum : venir
verbum, i, n. 1. le mot, le terme, l'expression 2. la parole 3. les mots, la forme
vereor, eris, eri, veritus sum : 1. révérer, respecter 2. appréhender, craindre
video, es, ere, vidi, visum : voir (videor, eris, eri, visus sum : paraître, sembler)
vita, ae, f. : la vie
vivus, a, um : vivant
volo, vis, velle : vouloir
texte
texte
texte
texte