Caius Gracchus

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Un fou furieux?

FLORUS : On ne sait rien de Florus. Il écrivit une histoire romaine (-753 - +9). Son oeuvre est publiée à la fin du règne d'Hadrien.

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Il est évident que Florus n'est pas un supporter enthousiaste de Caius Gracchus.  Il est amusant de voir de qu'en dit Plutarque en annexe.

XVI. -- SEDITIO CAII GRACCHI

Statim et mori is et legum fratris sui vindex, non minore impetu incaluit Caius Gracchus. Qui cum pari tumultu atque terrore plebem in avitos agros arcesseret, et recentem Attali hereditatem in alimenta populo polliceretur, iamque nimius et impotens altero tribunatu, secunda plebe volitaret, obrogare auso legibus suis Minutio tribuno fretus comitum manu, fatale familiae suae Capitolium invasit. Inde proximorum caede depulsus, cum se in Aventinum recepisset, inde quoque obvia senatus manu, ab Opimio consule oppressus est. Insultatum quoque mortis reliquiis, et illud sacrosanctum caput tribuni plebis percussoribus auro repensatum.

FLORUS, III. XVI

  vocabulaire

XVI. -- SÉDITION DE CAIUS GRACCHUS

Aussitôt Caius Gracchus veut venger la mort et les lois de son frère. Il est enflammé de la même ardeur. Avec un même tumulte et une même terreur il fait venir la plèbe dans les terres ancestrales et promet comme subsistance au peuple le récent héritage du roi Attale. Déjà excessif et déchaîné par un second tribunat il se démenait avec le soutien de la plèbe. Le tribun Minutius osa s'opposer à ses lois. Confiant dans la troupe de ses partisans, Caius s'empare du Capitole, fatal à sa famille. Il en est chassé par le massacre de ses proches. Il se retire sur l'Aventin. Là aussi il tombe sur les troupes du Sénat. Il est tué par Opimius. On insulta aussi les restes du mort. La tête sacro-sainte du tribun du peuple fut payée au poids d'or à ses assassins.

FLORUS, III. XVI

 

 

Plutarque, vies parallèles

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27. Quand le peuple ratifia cette loi, il lui donna le pouvoir de choisir les chevaliers qu’il voulait pour être juges : on l’investissait d’une sorte de pouvoir royal et le sénat lui-même accepta de recevoir son avis sur des sujets difficiles. Il ne donna jamais d’avis qui aurait pu pourrait porter atteinte à l'honneur de ce corps. Par exemple, la résolution qu’il prit au sujet du blé envoyé par le propréteur Fabius d’Espagne, fut juste et honorable. Il persuada le sénat de vendre le blé et renvoya l'argent aux provinces qui l’avait fourni. Il critiqua également ce Fabius de rendre le gouvernement romain odieux et insupportable. Il obtint par là un respect et une faveur extraordinaires dans les provinces. En plus il proposa des mesures pour la fondation de plusieurs colonies, pour construire des routes et des greniers publics. Pour tous ces travaux il en prit lui-même la gestion et la direction et voulait toujours donner les ordres nécessaires pour l'avancement de toutes ces différentes grandes entreprises; et cela avec une efficacité et diligence merveilleuses comme s’il ne s’occupait que d’une seule. Ceux qui le détestaient ou qui le craignaient étaient stupéfaits de voir la capacité qu’il avait pour effectuer et accomplir tout ce qu’il entreprenait. Quant au peuple il était émerveillé en le voyant entourer d’une foule d’entrepreneurs, d’artisans, de mandataires publics, d’officiers militaires, de soldats et de spécialistes. Il les traitait tous avec familiarité sans pour pourtant abandonner sa dignité dans sa politesse et adapter sa nature aux gens qui s’adressaient à lui. Il montrait par là que ceux qui le représentaient avec un caractère terrible, grossier et violent n’étaient rien d’autre que détracteurs. Il était même un maître plus grand dans l’art de la conversation ordinaire et dans ses gestes que dans ses discours publics.

28. Il s’occupa plus particulièrement à construire des routes. Il tenait à les rendre belles et plaisantes aussi bien que commodes. Elles étaient tracées par ses soins en ligne droite à travers les champs en partie pavées avec des pierres de taille et en partie recouvertes de gravier. Quand il rencontrait des vallées ou des cours d'eau profonds sur son chemin, il les comblait de déchets ou construisait des ponts au-dessus et le nivellement était tellement bien fait que tout était uni de chaque côté : le travail présentait une perspective uniforme et jolie. En plus il divisa les routes en milles (chaque mille contenant un peu moins de huit stades). Il érigea des piliers en pierre pour indiquer la distance d'un endroit à un autre. Il plaça même d'autres pierres à petites distances les unes des autres, des deux côtés, pour aider les voyageurs à monter facilement à cheval sans avoir besoin d’aide.

29. Les gens le félicitaient de cela et dans toutes les occasions ils exprimaient leur affection envers lui. Un jour, dans un discours solennel devant le peuple, il déclara qu'il n’avait qu’une seule faveur à leur demander et que, si le peuple la lui accordait, ce serait pour lui la plus grande des choses mais, si le peuple la lui refusait, il ne lui en tiendrait pas rancune. Ces paroles firent croire qu’il avait l’ambition de devenir consul. On s’attendait même à ce qu'il souhaite être en même temps consul et tribun. Quand le jour de l'élection des consuls arriva et que tout le monde était dans l’expectative, il s’avança au Champ de mars avec Caius Fannius et fit campagne avec ses amis pour le faire élire. Ce fut un grand appui pour Fannius. Il fut élu consul et Caius fut élu tribun pour la seconde fois sans avoir posé sa candidature mais à l’unanimité du peuple. Mais il comprit vite que les sénateurs étaient ses pires ennemis et que Fannius lui-même n’était plus un de ses fervents défenseurs. Il commença alors à exciter le peuple par de nouvelles lois. Il proposa qu'une colonie de citoyens romains soit envoyée pour repeupler Tarente et Capoue et que les latins aient les mêmes privilèges que les citoyens romains. Le sénat prit peur qu’il ne devienne trop puissant et trop dangereux. Il trouva un nouveau moyen inattendu pour lui faire perdre sa popularité en faisant de la démagogie pour s’opposer à lui et en favorisant le peuple à l’encontre de toute bonne politique. Livius Drusus était le collègue tribun de Caius. Il n’était inférieur aux autre Romains ni par ses origines ni par son intelligence. Par son éloquence et ses richesses il rivalisait avec les hommes les plus honorés et avec la plupart des plus puissants de son temps. Les chefs de sénateurs s’adressèrent à lui et lui demandèrent instamment d'attaquer Caius et de s'associer à leur conspiration contre celui-ci. Leur plan était de ne pas employer la force ni de s’opposer au peuple mais de le flatter et de lui faire plaisir avec des choses déraisonnables qui auraient paru raisonnables à celui qui s’exposait à la plus grande impopularité en résistant.

30. Livius accepta de mettre au service du sénat son autorité dans ces affaires. Il commença en conséquence de proposer des lois qui en réalité n'étaient ni honorables ni avantageuses pour le peuple. Son idée était de surpasser Caius en satisfaisant et cajolant la populace (comme s’il jouait dans une comédie) avec des basses flatteries et autres satisfactions Le sénat approuva la chose parce que les mesures politiques de Caius ne le dérangeaient pas. Il voulait simplement le discréditer complètement ou du moins diminuer sa réputation. Quand Caius proposa l’établissement de seulement deux colonies et qu’il désigna la meilleure classe de citoyens pour en faire partie, le sénat l’accusa que c’était une insulte pour le peuple, mais il donnait son accord à Drusus quand il proposa l’établissement de douze colonies, chacune composée de trois mille personnes nécessiteuses. Quand Caius divisa l’ager publicus pour les pauvres citoyens et leur demanda une petite redevance annuelle au trésor, le sénat se fâcha contre lui en prétendant qu’il cherchait à faire plaisir au peuple dans son propre intérêt mais ils félicitèrent Livius quand il les exempta de ce payement. Le sénat fut contrarié quand Caius offrit aux latins l’égalité des votes avec les Romains pour l'élection des magistrats mais quand Livius proposa qu’il était illégal qu’un général romain châtie un soldat latin, il accepta de voter cette loi. Et Livius, dans tous ses discours au peuple leur disait toujours qu’il ne proposait jamais aucune loi sans l’agrément du sénat qui respectait particulièrement le peuple. Ce fut le seul point positif de son action car il amena le peuple à avoir des sentiments amicaux pour le sénat. Alors qu’autrefois le peuple suspectait et détestait les principaux sénateurs, Livius apaisa et atténua ce ressentiment et cette et animosité en professant qu'il ne faisait rien en faveur et au profit du peuple sans le conseil et l’approbation du sénat.

31. Mais la plus grande illustration que Drusus a agi par bienveillance et justice envers le peuple c’est qu’il n’a jamais proposé une loi dans son propre intérêt ou pour son propre avantage. Il laissa le soin à d’autres commissaires l’installation des colonies et jamais il ne s’occupa de distribuer de l’argent alors que Caius prit toujours sur lui la plus grande partie de toutes les transactions importantes. Rubrius, un autre tribun du peuple, proposa de reconstruire Carthage qui avait été détruire par Scipion. Le sort tomba sur Caius pour exécuter ce projet; c’est pourquoi il partit vers l’Afrique. Drusus profita de son absence pour se faire encore mieux voir du peuple principalement en accusant Fulvius qui était un ami de Caius et qui avait été nommé commissaire avec lui pour la division des terres. Fulvius était un homme turbulent et il était notoire que le sénat le haïssait. En outre certains le suspectaient de fomenter une désunion entre citoyens et alliés et d’inciter secrètement les Italiens à se rebeller. Il n’y avait pas d’autre preuve de la véracité de ces accusations que son caractère instable et son tempérament bien connu de révolutionnaire.Ce fut la cause principale de la ruine de Caius : une partie de la haine contre Fulvius retomba sur lui. Et quand Scipion l’Africain mourut soudainement on ne put attribuer une cause certaine à cette mort inopinée : quelques marques de coups sur son corps faisaient penser qu’il y avait eu violence.  Comme je l’ai raconté dans l’histoire de sa vie, on incrimina Fulvius parce qu'il était son ennemi et que le jour-même de sa mort il avait attaqué Scipion lors d’un discours devant le peuple. Caius fut aussi soupçonné. Cependant cet attentat commis contre la personne la plus grande et la plus considérée de Rome ne fut jamais puni et on ne fit pas d’enquête parce que la plèbe s'y opposa et refusa toute enquête de peur que Caius ne soit impliqué dans ce meurtre. Mais tout ceci s’est passéil y a quelques années. (En 129)

32. Mais en Afrique où se trouvait alors Caius occupé à repeupler Carthage qu'il appela Junonia, beaucoup d’événement sinistres, présages de désastre, furent envoyés par les dieux. Une rafale soudaine de vent s’abattit sur le premier étendard et comme le porteur le tenait solidement le manche cassa. Un orage violent survint lors des sacrifices : les offrandes sur les autels furent emportées au delà des limites prévues pour la nouvelle ville. Des loups emportèrent les bornes qui délimitaient la colonie. Caius, malgré tout cela, commanda et expédia toutes les affaires en l'espace de soixante-dix jours.

 

 

 

ab, prép. : + Abl. : à partir de, après un verbe passif = par
ager, agri
, m. : la terre, le territoire, le champ
alimentum, i
, n., plutôt au pl. : les aliments
alter, era, erum
: l'autre (de deux)
arcesso, is, ere, iui, itum
:1. faire venir, mander (arcessitus, a, um : cherché, peu naturel) 2. citer en justice, accuser
atque
, conj. : et, et aussi
Attalus, i
, m. : Attale (roi de Pergame)
audeo, es, ere, ausus sum
: oser
Aventinum, i
, n. : Aventin
avitus, a, um
: ancestral
aurum, i,
n. : l'or
caedes, is
, f. : le meurtre, le massacre
Caius, i,
m. : Caius
Capitolium, ii
, n. : le Capitole
caput, itis
, n. :1. la tête 2. l'extrémité 3. la personne 4. la vie, l'existence 5. la capitale
comes, itis
, m. : le compagnon
consul, is
, m. : le consul
cum
, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que
depello, is, ere, puli, pulsum
: chasser, repousser; écarter de, détacher de
et
, conj. : et. adv. aussi
familia, ae
, f. : la famille, la maisonnée
fatalis, e
: fatal, funeste
frater, tris
, m. : le frère
fretus, a, um
: confiant en, fort en
Gracchus, i
, m. : Gracchus
hereditas, atis
, f. : l'hérédité, l'héritage, la succession
iam
, adv. : déjà, à l'instant
ille, illa, illud
: adjectif : ce, cette (là), pronom : celui-là, ...
impetus, us
, m. : le mouvement en avant, l'élan, l'assaut
impotens, entis
: 1. impuissant, faible 2. incapable, irresponsable 3. immodéré, déchaîné, emporté
in
, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
incalesco, is, ere, calui, -
: s'échauffer
inde
, adv. : de là, donc
insulto, as, are
: sauter de, de démener, être insolent, braver
invado, is, ere, vasi, vasum
: 1. faire invasion, se jeter sur 2. assaillir, attaquer 3. saisir
is
, NOM M SING de is,ea,id : ce, cette, celui-ci, il
lex, legis
, f. : la loi, la (les) condition(s) d'un traité
manus, us
, f. : la main, la petite troupe
minor, oris
: plus petit (comp. de parvus)
Minutius, i,
m. : Minutius (nom d'homme)
morior, eris, i, mortuus sum
: mourir
mors, mortis
, f. : la mort
nimius, a, um
: excessif
non
, neg. : ne...pas
obrogo, as, are
: présenter une loi qui en détruit une autre, s'opposer à une loi
obvius, a, um
: qui se trouve sur le passage de qqn., banal
Opimius, i,
m. : Opimius
opprimo, is, ere, pressi, pressum
: opprimer, accabler
par, aris
: semblable, pareil par, paris, m. : le couple, la paire)
percussor, oris
, m. : l'assassin
plebs, plebis,
f. : la plèbe
polliceor, eris, eri, pollicitus sum
: promettre
populus, i
, m. : le peuple
proximus, a, um
: proche
qui
, 1. n N.M.S ou N.M.PL. du relatif 2. idem de l'interrogatif 3. après si, nisi, ne, num = aliqui 4. Faux relatif = et ei 5. interrogatif = en quoi, par quoi
quoque
, adv. : aussi
recens, entis
: frais, jeune, récent, dispos
recipio, is, ere, cepi, ceptum
: 1. retirer, ramener 2. reprendre 3. recevoir, accepter, admettre 4. se charger de
reliquiae, arum
, f. : les restes
repenso, as, are
: compenser, payer une tête son poids d'or (Florus)
sacrosanctus, a, um
: inviolable
se
, pron. réfl. : se, soi
secundus, a, um
: second, favorable
senatus, us
, m. : le sénat
statim
, adv. : aussitôt
sum, es, esse, fui
: être
suus, a, um
: adj. : son; pronom : le sien, le leur
terror, oris
, m. : la terreur, l'effroi, l'épouvante
tribunatus, us
, m. : le tribunat
tribunus, i
, m. : le tribun ; tribunus pl. : le tribun de la plèbe
tumultus, us
, m. : le tumulte, le bruit
vindex, icis
, m. : le défenseur, le justicier
volito, as, are
: voltiger, voleter, courir çà et là
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