Caius Gracchus

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Résumé final

AUGUSTIN : Aurelius Augustinus est un des monuments de la littérature latine chrétienne. Né en Numidie ( Algérie) de famille berbère, en cette Afrique du Nord depuis longtemps latinisée, Augustin se convertit au christianisme, devient évêque. De son oeuvre littéraire extrêmement foisonnante, deux titres émergent : Les Confessions, introspection remarquable par sa profondeur et sa sincérité, et La Cité de Dieu, qui affirme la fragilité des civilisations et la vocation surnaturelle de l'humanité.

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Cinq siècle plus tard, Saint Augustin en parle encore.

DE DISCORDIA CIVILI, QUAM GRACCHINAE SEDITIONES EXCITAVERUNT.

Initium autem civilium malorum fuit seditiones Gracchorum agrariis legibus excitatae. Volebant enim agros populo dividere, quos nobilitas perperam possidebat. Sed iam vetustam iniquitatem audere convellere periculosissimum, immo vero, ut res ipsa docuit, perniciosissimum fuit. Quae funera facta sunt, cum prior Gracchus occisus est. Quae etiam, cum alius frater eius non longo interposito tempore. Neque enim legibus et ordine potestatum, sed turbis armorumque conflictibus nobiles ignobilesque necabantur. Post Gracchi alterius interfectionem L. Opimius consul, qui adversus eum intra urbem arma commoverat eoque cum sociis obpresso et extincto ingentem civium stragem fecerat, cum quaestionem haberet iam iudiciaria inquisitione ceteros persequens, tria milia hominum occidisse perhibetur. Ex quo intellegi potest, quantam multitudinem mortium habere potuerit turbidus conflictus armorum, quando tantam habuit iudiciorum velut examinata cognitio. Percussor Gracchi ipsius caput, quantum grave erat, tanto auri pondere consuli vendidit; haec enim pactio caedem praecesserat. in qua etiam occisus est cum liberis M. Fulvius consularis.

Saint Augustin, cité de Dieu, 3,24

  vocabulaire

DE LA DISCORDE CIVILE QU'ALLUMA L'ESPRIT SÉDITIEUX DES GRACQUES.

Le signal des guerres civiles fut donné par les séditions qu'excitèrent les Gracques à l'occasion des lois agraires. Ces lois avaient pour objet de partager au peuple les terres que la noblesse possédait injustement; mais vouloir extirper une injustice si ancienne, c'était une entreprise non seulement périlleuse, mais encore, comme l'événement l'a prouvé, des plus pernicieuses pour la république. Quelles funérailles suivirent la mort violente du premier des Gracques, et, peu après, celle du second! Au mépris des lois et de la hiérarchie des pouvoirs, c'étaient la violence et les armes qui frappaient tour à tour les plébéiens et les patriciens. On dit qu'après la mort du second des Gracques, le consul Lucius Opimus, qui avait soulevé la ville contre lui et entassé les cadavres autour du tribun immolé, poursuivit les restes de son parti selon les formes de la justice et fit condamner à mort jusqu'à trois mille hommes d'où l'on peut juger combien de victimes avaient succombé dans la chaleur de la sédition, puisqu'un si grand nombre fut atteint par l'instruction régulière du magistrat. Le meurtrier de Caïus Gracchus vendit sa tête au consul son pesant d'or; c'était le prix fixé avant ce massacre, où périt aussi le consulaire Marcus Fulvius avec ses enfants.

Saint Augustin, cité de Dieu, 3,24

 

 


Construction du temple de la Concorde

Saint Augustin continue en racontant la construction du temple de la Concorde.

CHAPITRE XXV.

DU TEMPLE ÉLEVÉ A LA CONCORDE PAR DÉCRET DU SÉNAT, DANS LE LIEU MÊME SIGNALÉ PAR LA SÉDITION ET LE CARNAGE.

Ce fut assurément une noble pensée du sénat que le décret qui ordonna l'érection d'un temple à la Concorde dans le lieu même où une sédition sanglante avait fait périr tant de citoyens de toute condition, afin que ce monument du supplice des Gracques parlât aux yeux et à la mémoire des orateurs. Et cependant n'était-ce pas se moquer des dieux que de construire un temple à une déesse qui, si elle eût été présente à Rome, l'eût empêchée de se déchirer et de périr par les dissensions? à moins qu'on ne dise que la Concorde, coupable de ces tumultes pour avoir abandonné le cœur des citoyens, méritait bien d'être enfermée dans ce temple comme dans une prison. Si l'on voulait faire quelque chose qui eût du rapport à ce qui s'était passé, pourquoi ne bâtissait-on pas plutôt un temple à la Discorde? Y a-t-il des raisons pour que la Concorde soit une déesse, et la Discorde non? celle-là bonne et celle-ci mauvaise, selon la distinction de Labéon, suggérée sans doute par la vue du temple que les Romains avaient érigé à la Fièvre aussi bien qu'à la Santé. Pour être conséquents, ils devaient en dédier un non seulement à la Concorde, mais aussi à la Discorde, Ils s'exposaient à de trop grands périls en négligeant d'apaiser la colère d'une si méchante déesse, et ils ne se souvenaient plus que son indignation avait été le principe de la ruine de Troie. Ce fut elle, en effet, qui, pour se venger de ce qu'on ne l'avait point invitée avec les autres dieux aux noces de Pélée et de Thétis, mit la division entre les trois déesses 1, en jetant dans l'assemblée la fameuse pomme d'or, d'où prit naissance le différend de ces divinités, la victoire de Vénus, le ravissement d'Hélène et enfin la destruction de Troie. C'est pourquoi si elle s'était offensée de ce que Rome n'avait pas daigné lui donner un temple comme elle avait fait à tant d'autres, et si ce fut pour cela qu'elle y excita tant de troubles et de désordres, son indignation dut encore s'accroître quand elle vit que dans le lieu même où le massacre était arrivé, c'est-à-dire dans le lieu où elle avait montré de ses œuvres, on avait construit un temple à son ennemie. Les savants et les sages s'irritent contre nous quand nous tournons en ridicule toutes ces superstitions; et toutefois, tant qu'ils resteront les adorateurs des mauvaises comme des bonnes divinités, ils n'auront rien à répondre à notre dilemme sur la Concorde et la Discorde. De deux choses l'une, en effet: ou ils ont négligé le culte de ces deux déesses, et leur ont préféré la Fièvre et la Guerre, qui ont eu des temples à Rome de toute antiquité; ou ils les ont honorées, et alors je demande pourquoi ils ont été abandonnés par la Concorde et poussés par la Discorde jusqu'à la fureur des guerres civiles.

 

adversus, a, um : contraire (prép. + acc. = contre)
ager, agri, m. : la terre, le territoire, le champ
agrarius, a, um : agraire
alius, a, ud : autre, un autre
alter, era, erum : l'autre (de deux)
arma, orum, n. : les armes
audeo, es, ere, ausus sum : oser
aurum, i, n. : l'or
autem, conj. : or, cependant, quant à -
caedes, is, f. : le meurtre, le massacre
caput, itis, n. :1. la tête 2. l'extrémité 3. la personne 4. la vie, l'existence 5. la capitale
ceteri, ae, a : pl. tous les autres
civilis, e : civil
civis, is, m. : le citoyen
cognitio, ionis, f. : l'action d'apprendre, l'étude, la connaissance; l'enquête
commoveo, es, ere, movi, motum : 1. pousser, déplacer 2. agiter 3. émouvoir (commotus, a, um : en mouvement, ému, agité)
conflictus, us, m. : le choc, le heurt, la lutte
consul, is, m. : le consul
consularis, e : consulaire
convello, is, ere, vulsi, vulsum : arracher complètement, d'un bloc
cum, inv. :1. Préposition + abl. = avec 2. conjonction + ind. = quand, lorsque, comme, ainsi que 3. conjonction + subj. : alors que
de, prép. + abl. : au sujet de, du haut de, de
discordia, ae, f. : la discorde, le désaccord, la désunion
divido, is, ere, visi, visum : diviser
doceo, es, ere, cui, ctum : enseigner (+ 2 acc.)
eius, Gén. Sing. de IS-EA-ID : ce, cette, son, sa, de lui, d'elle
enim, conj. : car, en effet
eo, 1. ABL. M-N SING de is, ea, is : le, la, les, lui... ce,..; 2. 1ère pers. sing. de l'IND PR. de eo, ire 3. adv. là, à ce point 4. par cela, à cause de cela, d'autant
et, conj. : et. adv. aussi
etiam, adv. : encore, en plus, aussi, même, bien plus
eum, ACC M SING. de is, ea, id : il, lui, elle, celui-ci...
ex, prép. : + Abl. : hors de, de
examino, as, are : essaimer, peser, examiner
excito, as, are : exciter, réveiller, dresser
exstinguo, is, ere, stinxi, strinctum : éteindre, faire disparaître, faire mourir
facio, is, ere, feci, factum : faire
frater, tris, m. : le frère
Fulvius, i, m. : Fulvius
funus, eris, n. : les funérailles, l'ensevelissement ; la mort, la ruine
Gracchinus, a, um : des Gracques
Gracchus, i, m. : Gracchus
gravis, e : sérieux, triste, lourd, alourdi
habeo, es, ere, bui, bitum : avoir (en sa possession), tenir (se habere : se trouver, être), considérer comme
hic, haec, hoc : adj. : ce, cette, ces, pronom : celui-ci, celle-ci
homo, minis, m. : l'homme, l'humain
iam, adv. : déjà, à l'instant
ignobilis, e : contraire de nobilis : inconnu, obscur
immo, inv. : pas du tout, non, au contraire
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
ingens, entis : immense, énorme
iniquitas, atis, f. : 1. l'inégalité 2. le désavantage, la difficulté, le malheur 3. l'injustice
initium, ii, n. : le début, le commencement
inquisitio, ionis, f. : l'enquête
intellego, is, ere, lexi, lectum : comprendre
interfectio, ionis, f. : le meurtre
interpono, is, ere, posui, positum : placer entre, opposer
intra, prép. : + acc. : à l'intérieur de
ipse, a, um : (moi, toi, lui,...) même
iudiciarius, a, um : judiciaire
iudicium, ii, n. : le jugement, la décision
L, abrév. : Lucius
lex, legis, f. : la loi, la (les) condition(s) d'un traité
liberi, orum, m. pl. : les enfants (fils et filles)
longus, a, um : long
M, inv. : abréviation de Marcus
malus, a, um : mauvais, malheureux, méchant (malum, i, n. : le mal, le malheur, les mauvais traitements)
milium, ii, n. : mille
mors, mortis, f. : la mort
multitudo, dinis, f. : la foule, le grand nombre
neco, as, are : tuer
neque, adv. : et ne pas
nobilis, e : connu, noble
nobilitas, atis, f. : la réputation, la noblesse
non, neg. : ne...pas
obprimo, is, ere, pressi, pressum : presser, comprimer, accabler
occido, is, ere, occidi, occisum : I. 1. tomber à terre 2. succomber, périr 3. se coucher II. couper, mettre en morceaux, tuer
Opimius, i, m. : Opimius
ordo, inis, m. : le rang, l'ordre, la file (de soldats), la centurie
pactio, ionis, f. : la convention, l'accord, le traité
percussor, oris, m. : l'assassin
perhibeo, es, ere, ui, itum : présenter, fournir; rapporter, raconter, nommer
periculosissimus, a, um : superlatif de periculosus, a, um : dangereux
perniciosissimus, a, um : superlatif de perniciosus, a, um : funeste, fatal
perperam, adv. : mal, par mégarde, faussement
persequor, eris, i, persecutus sum : 1. suivre jusqu'au bout, poursuivre 2. s'attacher à
pondus, eris, n. : le poids
populus, i, m. : le peuple
possideo, es, ere, sedi, sessum : avoir en sa possession, posséder
possum, potes, posse, potui : pouvoir
post, adv. : en arrière, derrière; après, ensuite; prép. : + Acc. : après
potestas, atis, f. : 1. la puissance, le pouvoir 2. le pouvoir d'un magistrat 3. la faculté, l'occasion de faire qqch.
praecedo, is, ere, cessi, cessum : marcher devant, précéder, devancer
prior, oris : d'avant, précédent
qua, 1. ABL. FEM. SING. du relatif. 2. Idem de l'interrogatif. 3. après si, nisi, ne, num = aliqua. 4. faux relatif = et ea 5. adv. = par où?, comment?
quae, 4 possibilités : 1. N.F.S. N.F.PL. N.N.PL., ACC. N. PL. du relatif = qui, que (ce que, ce qui) 2. idem de l'interrogatif : quel? qui? que? 3. faux relatif = et ea - et eae 4. après si, nisi, ne, num = aliquae
quaestio, ionis, f. : la recherche, la question, l'enquête
quam, 1. accusatif féminin du pronom relatif = que 2. accusatif féminin sing de l'interrogatif = quel? qui? 3. après si, nisi, ne, num = aliquam 4. faux relatif = et eam 5. introduit le second terme de la comparaison = que 6. adv. = combien
quando, adv. : quand; après si, nisi, ne, num = aliquando = parfois; conj. : quand, puisque
quantum, ... tantum : autant... autant
quantus, a, um, pr. excl et interr : quel (en parlant de grandeur)
qui, 1. N.M.S ou N.M.PL du relatif 2. Interrogatif : qui? quels? 3. Après si, nisi, ne, num = quelque 4. Faux relatif = et is - et ei 5. en quoi, par quoi
quo, 1. Abl. M. ou N. du pronom relatif. 2. Abl. M. ou N. du pronom ou de l'adjectif interrogatif. 3. Faux relatif = et eo. 4. Après si, nisi, ne, num = aliquo. 5. Adv. =où ? (avec changement de lieu) 6. suivi d'un comparatif = d'autant 7. conj. : pour que par là
quos, 1. ACC. MASC. PL. du relatif. 2. Idem de l'interrogatif. 3. après si, nisi, ne, num = aliquos. 4. faux relatif = et eos
res, rei, f. : la chose, l'événement, la circonstance, l'affaire judiciaire; les biens
sed, conj. : mais
seditio, onis, f. : la sédition, la division, la discorde, le soulèvement, la révolte
socius, a, um : associé, en commun, allié (socius, ii : l'associé, l'allié)
strages, is, f. : l'écroulement
sum, es, esse, fui : être
tantus, a, um : si grand ; -... ut : si grand... que
tempus, oris, n. : 1. le moment, l'instant, le temps 2. l'occasion 3. la circonstance, la situation
tres, ium : trois
turba, ae, f. : la foule, le désordre, le trouble, l'émoi
turbidus, a, um : troublé
urbs, urbis, f. : la ville
ut, conj. : + ind. : quand, depuis que; + subj; : pour que, que, de (but ou verbe de volonté), de sorte que (conséquence) adv. : comme, ainsi que
velut, inv. : comme
vendo, is, ere, didi, ditum : vendre
vero, inv. : mais
vetustus, a, um : ancien, vieux
volo, vis, velle : vouloir
texte
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