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 PHEDRE TRAVESTIE  

 

 

 

Une tragiLoufoquerie

par

 Philippe Renault

 

 

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Très librement inspiré de euh... Ripide ! Bref, un grand texte, en vers et contre tout.

À consommer sans modération jusqu'à la Racine !

 

 

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Hippolyte

 

Madame, qu'avez-vous ? Vous me paraissez pâle ;

Vos yeux sont humectés et j'entends comme un râle.

Souffrez-vous de la fièvre ? Holà, rassurez-moi !

Contez votre souci et votre désarroi.

Phèdre

 

Oh oui ! je me sens lasse et Tristesse est ma sœur !

Respectez, je vous prie, une grande douleur !

Laissez mes yeux pleurer, laissez faire le sort,

Laissez venir à moi le spectre de la mort.

Déjà je sens sa main serrer ma gorge rêche,

Ma bouche est une braise, une flamme me lèche,

Je suis sur un volcan, au moins sur un bûcher,

Je me consume tant que je suis asséchée !

 

Hippolyte

 

Vous un être de poids, souveraine divine,

Quelle ardeur vous possède et quel tracas vous mine ?

Quel est l'affreux secret qui vous ronge et vous blesse ?

 

Phèdre

 

Je ne suis qu'une femme et ne suis que faiblesse.

Votre reine est souffrante, votre reine est malade.

 

Hippolyte

 

Confiez-vous au roi...

 

Phèdre

 

                                   Mais il est en balade !

Laissez, je veux mourir consumée par ces feux

Qui ne sont d'artifice...

 

Hippolyte

 

                                   Allons, par tous les dieux,

Parlez et soulagez votre douleur immense :

Plus la douleur s'accroît, plus dur est le silence.

 

Phèdre

 

Certes, je dirai tout, oui, tout sur mon dépit :

C'est l'amour qui me brûle et qui me décatit.

Mon maquillage fond, il fait une chaleur !

Le fard me dégouline et je me fais si peur !

Que dire enfin ? Je suis au bord du désespoir.

Mon calvaire me suit du matin jusqu'au soir.

Ah ! comment débuta l'insoutenable ennui ?

C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit,

J'aime le son du cor le soir au fond des bois...

Mais qu'est-ce que je dis ? Je suis tout en émoi !

Je fais n'importe quoi ! Parbleu, je deviens folle.

 

Hippolyte

 

Vous l'esprit vertueux qui jamais ne rigole,

Vous de l'austérité un modèle certain,

Je vous le dis crûment : vous m'en bouchez un coin !

Oui, Phèdre se morfond, elle est si désireuse...

 

Phèdre

 

Holà ! je suis pieuse et non point vicieuse.

Ah, laissez-moi, je pleure...

 

Hippolyte

 

                                        On connaît votre élu ?

Est-ce un homme très jeune ou très vieux et chenu ?

 

Phèdre

 

Non, c'est un jeune loup...

 

Hippolyte

 

                                           Et vous êtes l'agneau !

Vénus vous a gâtée ! Alors là, c'est du beau !

 

Phèdre

 

Ah, pas un mot de plus sur Vénus la cynique,

La catin de l'Olympe aux armes maléfiques.

J'ai commis un grand crime, ô condamnable ivresse !

J'aime ! Je suis maudite ! Oui, mon ardeur me presse

Vers un être farouche apeuré par ce lien,

Beau comme un Adonis, fou comme un jeune chien.

 

Hippolyte

 

Seriez-vous entichée d'un bel adolescent ?

Cétait votre destin quoiqu'il fût indécent !

Vos alarmes cessez ! Ressaisissez-vous, reine,

Gardez votre maintien, vous êtes souveraine...

 

Phèdre

 

Pour être souveraine, on n'en est pas moins femme !

Et je vais te prouver la fureur de ma flamme.

Ah ! mon chéri, chéri, ô toi dont les doux yeux

Me transportent soudain à plus de mille lieux...

 

Hippolyte

 

Alors transportez-vous ! Goûtez seule l'inceste.

Demeurez, je vous prie, un peu plus que modeste.

 

Phèdre

 

Hippolyte adoré, ma flamme est si ardente

Que jour et nuit je pense au désir qui me tente,

Ce désir de te voir au fin fond de mon lit !

Affronte mon amour, ici tout n'est qu'envie...

Presse-toi sur mon cœur...

 

Hippolyte

 

                                         Quand vous aurez fini !

Courez au gynécée, là est votre devoir ;

Et couvrez-moi ce sein que je ne saurais voir !

 

Phèdre

 

Je suis transie d'amour et ne veux plus tarder !

J'ai le droit de t'aimer, de vouloir te garder !

Viens à moi, Hippolyte, et formons un tandem.

 

Hippolyte

 

Il suffit, débauchée ! Mon refus est suprême !

Femme, vous faites fi de toute bienséance.

 

Phèdre

 

Je me ris de cela, plongeons dans la licence.

Dis-moi tout ! Confie-toi ! Confie-toi ! Confie-toi !

 

Hippolyte

 

Vous me rassasiez avec ces confits d'oies !

 

Phèdre

 

Tu me feras mourir, ô implacable enfant !

Il te faut donc ma vie, il te faut donc mon sang !

Attendez, je suis morte.

 

Elle se dirige vers la fenêtre

 

Hippolyte

 

                                             Affreuse vision !

 

Phèdre

 

De Phèdre l'on verra l'humili-a-ti-on !

 

Hippolyte

 

Quoi donc ! Vous aplatir pour devenir carpette ?

Ce suicide, madame, est une idée simplette.

 

Phèdre

 

Par cet amour sans nom, je suis édifiante...

 

Hippolyte

 

Vous êtes à côté de la plaque tournante !

 

Phèdre

 

En principe, je meurs, sacrifice sublime,

Je rejoins les Enfers et le profond abîme.

Laisse-moi terminer ma noble tragédie.

 

Hippolyte

 

Je crois qu'il faut partir, il est déjà midi !

D'ailleurs, votre discours maintenant se démode.

L'alexandrin fleuri si fort nous incommode !

Quittons tous deux la scène et renonçons au drame.

 

Phèdre

 

Nenni, ma passion touche encore les âmes.

 

Hippolyte

 

Non, le simple quidam des passions se rit.

Nous avons bien vieilli, partons, je vous en prie.

 

Phèdre

 

Mais j'ai des vers à dire à l'assemblée humaine.

 

Hippolyte

 

Elle n'écoute plus votre terrible peine.

 

Phèdre

 

Enfant, devrais-je dire, hélas ! que je m'en vais,

Comme le dit si bien Verlaine au vent mauvais.

 

Hippolyte

 

La tragédie, je crois, n'a que trop perdurée !

Maudits alexandrins par nous deux massacrés !

Prenons la clé des champs par crainte qu'on la perde !

 

Phèdre

 

Un dernier mot ?

 

Hippolyte

 

                          Holà ! cette rime m'em...