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PROCOPE.

HISTOIRE SEcrète.

Une nouvelle Mode : LA HUNNIQUE

 

CHAPITRE VII.

1. J'ai rapporté dans mes écrits antérieurs comment le peuple était divisé anciennement en deux partis. Justinien en choisit un, celui des Vénètes (les bleus) qu'il avait cultivé auparavant, et par lequel il eut le pouvoir de tout troubler et d'exciter des mouvements tumultueux. Il en résulta que la constitution romaine fléchit. Cependant tous les Vénètes ne consentirent pas à épouser sa passion, mais seulement ceux qui étaient amis des changements. Encore, quand le mal fut à son comble, parurent-ils les plus sages des hommes; car ils profitèrent très peu de l'occasion qui leur était offerte de commettre des crimes. De leur côté, les Prasiniens (les verts), amis de la sédition, ne restèrent pas inertes; mais ils donnèrent incessamment lieu, par toutes sortes d'excès, aux plus justes reproches, quoiqu'ils fussent châtiés isolément et sans relâche. Ces châtiments ne faisaient que les exciter, et ils devenaient de jour en jour plus téméraires; car les hommes opprimés ont coutume de tomber dans l'aveuglement.

Τότε οῦν, τοὺς Βενέρους αὐτοῦ ῥιπίζοντός τε, καὶ διαφανῶς ἐρεθίζοντος, πασα κατ' ἄρκας ὴ ῾Ρωμαίων ἀρχὴ ἐκινήθη, ὥσπερ σεισμοῦ ἢ κατακλυσμοῦ ἐπιπεσόντος, ἢ πόλεως ἑκάστης πρὸς τῶν πολεμίων ἁλούσης. Πάντα γὰρ ἐν πασι ξυνεταράχθη, καὶ οὐδὲν ὐφ' ἑαυτοῦ τὸ λοιπὸν ἔμεινεν· ἀλλ' οἵ τε νόμοι, καὶ ὁ τῆς πολιτείας κόσμος, ξυνχρύσεως ἐπιγενομένης, ἐς πᾶν τοὑνατίον ἐχώρησαν. Καὶ πρῶτα μὲν, τοῖς στασιώραις, τὰ ἐς τὴν κόμην, ἐς νεώτερόν τινα μετεβέβλητο τρόπον. ᾿Απεκείροντο γὰρ αὐτὴν, οὐδεν ὁμοίως τοῖς ἄλλοις ῾Ρωμαίους. Τοῦ μὲν γὰρ μύστακος καὶ τοῦ γεννείου, οὐδαμῆ ἥττοντο · ἀλλ' αὐτοῖς κατακομᾶν ἐπι πλεῖστον, ὥσπερ οἱ Πέρσαι, ἐς ἀεὶ ἤθελον. Τῶν δὲ ἐν τῇ κεφαλῇ τριχῶν τὰ ἔμπροσθεν, ἄχρι ἐς τοὺς κροτάφους ἀποτεμόμενοι; τὰ ὅπισθεν ἀποκρέμασθαι σφίσιν ἐπὶ μακρότατον λόγῳ οὐδενὶ εἴων · ὥσπερ οἱ Μασσαγέται. Διὸ δὴ καὶ Οὐννικὸν τὸ τοιοῦτον εἶδος ἐκάλουν.

2. Justinien, en encourageant et excitant manifestement les Vénètes, ébranla l'empire romain tout entier dans ses fondements, comme un tremblement de terre, ou un cataclysme imprévu, ou comme si chaque cité avait été prise par l'ennemi. Toutes choses, en effet, furent bouleversées, et sur tous les points. Il ne laissa rien debout. Les lois et l'ordre public de la cité, renversés, firent place à des institutions entièrement opposées. D'abord les séditieux firent quelques changements à leur chevelure : ils affectèrent de la couper de manière à ce qu'elle n'eût plus rien de commun avec celle des autres Romains; ils ne s'occupèrent plus de se faire la moustache et de raser leur menton; mais ils laissèrent tout croître, comme il est d'usage immémorial chez les Perses. Quant aux cheveux de la tête, ils coupaient tous ceux de devant jusqu'aux tempes; et à l'égard de ceux de derrière, ils permettaient de les laisser croître le plus long possible, et sans aucune règle, comme le font les Massagètes. Ils appelèrent cette coiffure hunnique (la mode des Huns).

 ῎Επειτα δὲ, τὰ ἐς τὰ ἱμάτια εὐπάρυφοι ἠξίουν εἶναι παντες · κομπωδεστέραν ἢ κατὰ τὴν ἑκάστου ἀξίαν ἐνδιδυσκόμενοι τὴν ἐσθῆτα. Κτᾶσθαι γὰρ αὐτοῖς τὰ τοιαῦτα ἐξ οὐ προσηκόντων παρῆν. Τοῦ δὲ χιτῶνος, τὸ ἀμφὶ τὼ χεῖρε μέρος, ἐς τὸν καρπὸν ξυνῄει σφίσιν ἐν στενῷ μάλιστα. Τὰ δὲ ἐνθένδε ἄχρι ἐς ὧμον ἑκάτερον, ἐς ἄφατόν τι εὔρους διεκέχυντο χρῆμα. ῾Οσάκις τε ἡ χεὶρ σείοντο, ἀναβοῶσιν ἐν τοῖς θεάτροις τε καὶ ἱπποδρομίοις, ἢ ἐγκελευομένοις, ᾖπερ εἰώθει, ἐς ὕψος αὐτοῖς τοῦτο τὸ μέρος ἀτεχνῶς ᾔρετο, αἴσθησιν παρεχόμενον τοῖς ἀνοήτοις, ὅτι δὴ αὐτοῖς οὕτω καλὸν τε τὸ σῶμα καὶ ἀδρον εἴη ἄν, ὥστε δεῖν γε αὐτοῖς πρὸς τῶν τοιούτων ἱματίων καλύπτεσθαι · οὐκ ἐννοῦσιν ὅτι δὴ αὐτοῖς τῷ τῆς ἐσθῆτος ἠραιωμένῳ τε καὶ κενῷ πολλῳ ἔτι μᾶλλον τὸ τοῦ σώματος ἐξίτηλον διελεχθείη. Αἱ ἐπωμιδες δὲ καὶ ἀναξυρίδες, καὶ τῶν ὑποδημάτων τὰ πλεῖστα, ἐς τῶν Οὕννων τό τε ὄνομα καὶ τὸν τρόπον, ἀπεκέκριτο σφίσιν.

3. Quant aux vêtements, ils résolurent tous de prendre des manteaux à larges bordures, plus riches qu'il n'était permis à chacun d'après son état de s'en revêtir, mais dont ils faisaient les frais avec les gains illicites qu'ils se procuraient. La partie de la tunique qui s'étend jusqu'aux mains était resserrée surtout au poignet; mais la partie intérieure, jusqu'à l'une et à l'autre épaule, était d'une amplitude inouïe. Toutes les fois qu'ils étendaient la main, au milieu des clameurs qu'ils poussaient dans les théâtres ou dans les hippodromes, ou qu'excités par quelque incident, d'ailleurs habituel, ils élevaient le bras sans y faire attention, ils faisaient croire aux ignorants que leur corps était si beau et si vigoureux, qu'ils étaient obligés de le cacher sous de tels vêtements. Ils ne s'apercevaient pas que l'amplitude de cet habillement ne faisait, au contraire, que ressortir la maigreur et la faiblesse de leur corps. Les épaulettes, les caleçons et la plupart des chaussures étaient taillés à la manière des Huns, et en recevaient le nom.

3.  Ἔπειτα δὲ, τὰ ἐς τὰ ἱμάτια εὐπάρυφοι ἠξίουν εἶναι ἅπαντες· κομπωδεστέραν ἢ κατὰ τὴν ἑκάστου ἀξίαν ἐνδιδυσκόμενοι τὴν ἐσθῆτα. Κτᾶσθαι γὰρ αὐτοῖς τὰ τοιαῦτα ἐξ οὐ προσηκόντων παρῆν. Τοῦ δὲ χιτῶνος, τὸ ἀμφὶ τὼ χεῖρε μέρος αὐτοῖς τὰ μὲν ἐς τὸν καρπὸν ξυνῄει σφίσιν ἐν στενῷ μάλιστα· τὰ δὲ ἐνθένδε ἄχρι ἐς ὦμον ἑκάτερον, ἐς ἄφατόν τι εὔρους διεκέχυτο χρῆμα. Ὁσάκις τε ἡ χεὶρ αὐτοῖς σείοιτο, ἀναβοῶσιν ἐν τοῖς θεάτροις τε καὶ ἱπποδρομίοις, ἢ ἐγκελευομένοις, ᾗπερ εἰώθει, ἐς ὕψος αὐτοῖς τοῦτο τὸ μέρος ἀτεχνῶς ᾖρετο, αἴσθησιν παρεχόμενον τοῖς ἀνοήτοις, ὅτι δὴ αὐτοῖς οὕτω καλόν τε τὸ σῶμα καὶ ἁδρὸν εἴη ἂν, ὥστε δεῖν γε αὐτοῖς πρὸς τῶν τοιούτων ἱματίων καλύπτεσθαι· οὐκ ἐννοοῦσιν ὅτι δὴ αὐτοῖς τῷ τῆς ἐσθῆτος ἠραιωμένῳ τε καὶ κενῷ πολλῷ ἔτι μᾶλλον τὸ τοῦ σώματος ἐξίτηλον διελεγχθείη. Αἱ ἐπωμίδες δὲ καὶ ἀναξυρίδες, καὶ τῶν ὑποδημάτων τὰ πλεῖστα, ἐς τῶν Οὔννων τό τε ὄνομα καὶ τὸν τρόπον, ἀπεκέκριτο σφίσιν.

4. D'abord ils ne portaient presque tous des armes apparentes que la nuit. Le jour, ils cachaient des poignards à double tranchant sous leurs vêtements, le long de la cuisse. Réunis par groupes, lorsque les ténèbres de la nuit se répandaient, ils attaquaient les gens les plus paisibles, soit en pleine place publique, soit dans les rues étroites, et ils enlevaient à ceux qui étaient tombés dans leurs mains leurs manteaux, ceintures, agrafes d'or, et les autres objets dont ceux-ci étaient porteurs. D'autres, après avoir été pillés, étaient massacrés, afin qu'ils ne pussent révéler à personne les noms de leurs assaillants. Tout le monde, et ceux des Vénètes qui n'étaient pas des séditieux, supportaient ces crimes avec indignation. Mais comme on vint à ne pas les épargner eux-mêmes, la plupart se revêtirent de ceintures et d'agrafes de bronze, et de manteaux bien au dessous de leur condition ordinaire, afin que leurs ornements ne fussent pas la cause de leur perte. Ils n'attendaient pas le coucher du soleil pour rentrer dans leurs maisons et s'y cacher. Le mal ne faisait que s'étendre; l'autorité préposée a la protection du peuple s'abstenait de punir les coupables, et l'audace de ces hommes ne put que s'en accroître. Le crime, en effet, quand il s'exerce en liberté, grandit naturellement jusqu'à l'infini, puisqu'on ne peut, même par les supplices, le faire entièrement disparaître; tant la plupart sont entraînés par leur instinct à se livrer au mal. Telle fut la conduite des Vénètes à cette époque.

4.  Ἐσιδηροφόρουν δὲ νύκτωρ μὲν τὰ πρῶτα, ἐκ τοῦ ἐμφανοῦς ἅπαντες σχεδὸν· ἐν δέ γε ἡμέρᾳ, ξιφίδια παρὰ τὸν μηρὸν δίστομα ὑπὸ τῷ ἱματίῳ ἀποκρυψάμενοι· ξυνιστάμενοί τε κατὰ συμμορίας, ἐπειδὰν ξυσκοτάζοι, ἐλωποδύτουν τοὺς ἐπιεικεστέρους, ἔν τε ὅλῃ ἀγορᾷ, κἀν τοῖς στενωποῖς, ἀφαιρούμενοι τοὺς παραπεπτωκότας, τά τε ἱμάτια καὶ ζώνας τε καὶ περόνας χρυσᾶς, καὶ εἴ τι ἄλλο ἐν χερσὶν ἔχοιεν. Τινὰς δὲ πρὸς τῇ ἁρπαγῇ καὶ κτείνειν ἠξίουν, ὅπως μηδενὶ τὰ ξυμπεσόντα σφίσιν ἀναγγείλωσιν. Οἷς δὴ ἅπαντες, καὶ τῶν Βενέτων οἱ μὴ στασιῶται μάλιστα ἤχθοντο· ἐπεὶ οὐδὲ αὐτοὶ ἀπαθεῖς ἔμενον. Καὶ ἀπ' αὐτοῦ χαλκαῖς τὸ λοιπὸν ζώναις τε καὶ περόναις καὶ ἱματίοις. Πολλῷ ἐλασσόνως ἢ κατὰ τὴν ἀξίαν, ὡς πλεῖστοι ἐχρῶντο, ὅπως δὴ μὴ τῷ φιλοκάλῳ ἀπόλωνται· καὶ οὔπω δεδυκότος ἡλίου ἐς τὰς οἰκίας ἀναχωροῦντες, ἐκρύπτοντο. Μηκυνομένου δὲ τοῦ κακοῦ, καὶ οὐδεμιᾶς ἐπιστροφῆς ἐς τοὺς ἡμαρτηκότας πρὸς τῆς τῷ δήμῳ ἐφεστώσης ἀρχῆς γινομένης ἐπὶ μέγα τὸ τῶν ἀνδρῶν θράσος ἐς ἀεὶ ᾖρετο. Ἁμαρτία γὰρ, παρρησίας ἀξιωθεῖσα, ἐπ' ἄπειρον φέρεσθαι πέφυκεν· ἐπεὶ καὶ κολαζόμενα τὰ ἐγκλήματα φιλεῖ, οὐκ ἐς τὸ παντελὲς ἀποκόπτεσθαι. Φύσει γὰρ οἱ πλεῖστοι ἐς τὸ ἁμαρτάνειν εὐπετῶς τρέπονται.  Τὰ μὲν οὖν τῶν Βενέτων ἐφέρετο τῇδε. 

5. Quant à leurs adversaires, les uns s'associèrent aux bandes déjà organisées, en vue de se venger d'un parti qui lui avait fait éprouver de grandes injustices; les autres préférèrent la fuite, et allèrent se tacher dans d'autres pays. Beaucoup d'entre eux furent arrêtés et mis à mort, soit par leurs ennemis, soit par ordre du gouvernement. Nombre de jeunes gens qui jamais n'avaient songé à de pareilles distractions, se laissèrent entraîner dans cette association (des Vénètes), attirés soit par la puissance dont elle disposait, soit par le désir de faire le mal. Il n'y a pas de corruption connue dans l'humanité qui, dans ce temps, ne se soit développée et ne soit demeurée sans répression.

5. Τῶν δὲ ἀντιστασιωτῶν, οἱ μὲν ἐς τὴν ἐκείνων ἀπέκλινον μοῖραν, ἐπιθυμίᾳ τοῦ ξυναμαρτάνειν τε καὶ μὴ δοῦναι τὴν δίκην· οἱ δὲ φυγῇ ἐχόμενοι, ἐς ἑτέρας τινὰς ἐλάνθανον χώρας· πολλοὶ δὲ καὶ αὐτοῦ καταλαμβανόμενοι, διεφθείροντο πρὸς τῶν ἐναντίων, ἢ πρὸς τῆς ἀρχῆς κολαζόμενοι. Καὶ ἄλλοι δὲ νεανίαι πολλοὶ, ἐς ταύτην δὴ τὴν ἑταιρίαν ξυνέρρεον, οὐδεπώποτε πρότερον περὶ ταῦτα ἐσπουδακότες, ἀλλὰ δυνάμεώς τε καὶ ὕβρεως ἐξουσίᾳ ἐνταῦθα ἠγμένοι. Οὐ γάρ ἐστιν οὐδὲν μίασμα ὑπὸ ἀνθρώπων ὠνομασμένον, ὅπερ οὐχ ἡμαρτήθη τε ἐν τούτῳ τῷ χρόνῳ, καὶ τιμωρίας ἐκτὸς ἔμεινε. 

6. D'abord on se défit de ses antagonistes personnels; puis, allant plus avant, les hommes de parti firent périr ceux qui ne les avaient en rien offensés. Beaucoup se débarrassèrent de leurs ennemis, en soldant des assassins, auxquels ils les désignaient sous le nom de Prasiniens (verts), quoiqu'ils fussent tout à fait inconnus sous cette qualité. Ces meurtres s'exécutaient, non plus dans l'obscurité ou en secret, mais à toutes les heures du jour, dans chaque partie de la cité, en présence même, si le hasard le voulait ainsi, des citoyens les plus élevés en dignité. On n'avait plus besoin de cacher ces crimes, lorsque n'existait plus la crainte du châtiment. C'était même une sorte de titre à l'estime publique, un moyen de faire preuve de force et de courage, que de tuer d'un seul coup l'homme désarmé qu'on rencontrait.

6. Πρῶτον μὲν οὖν, σφῶν τοὺς ἀντιστασιώτας διέφθειρον· προϊόντες δὲ καὶ τοὺς οὐδὲν προσκεκρουκότας αὐτοῖς, ἔκτεινον. Πολλοὶ δὲ καὶ χρήμασιν αὐτοὺς ἀναπείσαντες, ἀπεδείκνυον τοὺς σφετέρους ἐχθροὺς· οὕσπερ ἐκεῖνοι διεχρῶντο εὐθὺς· ὄνομα μὲν Πρασίνων αὐτοῖς ἐπενεγκόντες· ἀγνῶτας δὲ σφίσι παντάπασιν ὄντας. Καὶ ταῦτα, οὐκ ἐν σκότῳ ἔτι οὐδ' ἐν παραβύστῳ ἐγένετο, ἀλλ' ἐν ἅπασι μὲν τῆς ἡμέρας καιροῖς, ἐν ἑκάστῳ δὲ τῆς πόλεως χώρῳ, ἀνδράσι τοῖς λογιμωτάτοις τῶν πρασσομένων, ἂν οὕτω τύχοι, ἐν ὀφθαλμοῖς ὄντων. Οὐδὲν γὰρ ἐπικαλύπτειν ἐδέοντο τὰ ἐγκλήματα· ἐπεί τοι αὐτοῖς οὐκ ἐπέκειτο κολάσεως δέος· ἀλλά τις προσῆν καὶ φιλοτιμίας ἀξίωσις, ἰσχύος τε καὶ ἀνδρείας ἐμποιουμένοις ἐπίδειξιν· ὅτι δὴ πληγῇ μιᾷ τῶν τινα παραπεπτωκότων γυμνὸν ἔκτεινον.

7. Personne ne conservait plus l'espoir de passer sa vie en sûreté, et tous avaient la mort en perspective, puisqu'il n'y avait aucun lieu, aucune circonstance, qui pussent leur servir de garantie. Car on ne respectait pas les temples les plus vénérés, et on perpétrait ces meurtres sans motif au milieu des cérémonies du culte. On ne pouvait asseoir aucune confiance en ses amis ni en ses parents. Beaucoup, en effet, périrent sous les coups qui furent préparés par leurs proches. Aucune recherche n'était faite à l'égard de ces forfaits. Les catastrophes arrivaient à l'improviste sur la tête de tons, et on ne trouvait de secours nulle part. Il n'y avait de garantie ni dans la loi ni dans les contrats qu'on croyait avoir le mieux cimentés. La force avait pris la place de toute autre institution. La constitution, dominée surtout par la tyrannie, n'avait plus de valeur ; elle changeait en chaque occurrence, et était incessamment remplacée par une autre. Les opinions des premiers fonctionnaires de l'État ressemblaient à celles des hommes frappés d'aliénation; elles étaient enchaînées à la volonté d'un seul homme. Les juges appelés à vider des procès contradictoires portaient leurs sentences, non plus d'après les règles du droit et de la loi, mais selon que les parties étaient bien ou mal avec l'association des séditieux. Car, si le magistrat voulait en rien s'écarter de leur volonté, il était lui-mime puni de mort. Beaucoup de créanciers furent obligés, par les violences qu'ils eurent à subir, de rendre sans payement à leurs débiteurs les titres dont ils étaient porteurs. Un grand nombre aussi donnèrent, malgré eux, la liberté à leurs esclaves.

7. Ἐλπίς τε οὐδενὶ τοῦ ἔτι βιώσεσθαι, ἐν τῷ τῆς διαίτης σφαλερῷ ἔμενε. Πάντες γὰρ ἐγκεῖσθαι σφίσι τὸν θάνατον τῷ περιδεεῖς εἶναι ὑπώπτευον· καὶ οὔτε τόπος τις ὀχυρὸς οὔτε καιρὸς ἐχέγγυός τινι ἐς τὴν σωτηρίαν ἔδοξεν εἶναι, ἐπεὶ κἀν τοῖς τῶν ἱερῶν τιμιωτάτοις, κἀν ταῖς πανηγύρεσι λόγῳ οὐδενὶ διεφθείροντο· πίστις τε οὐδεμία πρός τε τῶν φίλων καὶ τῶν ξυγγενῶν ἔτι ἐλέλειπτο. Πολλοὶ γὰρ, καὶ τῇ τῶν οἰκειοτάτων ἐπιβουλῇ, ἔθνησκον. Ζήτησις μέντοι οὐδεμία τῶν πεπραγμένων ἐγίνετο. Ἀλλὰ τὰ πάθη ἀπροσδόκητα πᾶσιν ἔπιπτε, καὶ τοῖς πεπτωκόσιν οὐδεὶς ἤμυνε. Νόμου δέ τινος ἢ συμβολαίου δύναμίς τις ἐν τῷ βεβαίῳ τῆς τάξεως οὐκέτι ἐλέλειπτο, ἀλλ' ἐπὶ τὸ βιαιότερον ἅπαντα τετραμμένα ξυνεταράχθη· τυραννίδι τε ἦν ἡ πολιτεία ἐμφερὴς μάλιστα, οὐ καθεστώσῃ μέντοι γε, ἀλλὰ καθ' ἑκάστην τε ἀμειβομένῃ, καὶ ἀεὶ ἀρχομένῃ. Τῶν τε ἀρχόντων αἱ γνῶμαι, ὥσπερ ἐκπεπληγμέναις ἐῴκεσαν, ἑνὸς ἀνδρὸς φόβῳ δεδουλωμένων τὸ φρόνημα· οἵ τε δικάζοντες τὰς ὑπὲρ τῶν ἀντιλεγομένων ποιούμενοι γνώσεις, τὰς ψήφους ἐδίδοσαν· οὐχ ᾗπερ αὐτοῖς ἐδόκει δίκαιά τε καὶ νόμιμα εἶναι, ἀλλ' ὥσπερ τῶν διαφερομένων ἑκάστῳ, τὰ ἐκ τῶν στασιωτῶν δυσμενῆ τε καὶ φίλα ἐτύγχανεν ὄντα. Δικαστῇ [γὰρ] ὠλιγωρηκότι τῆς ἐκείνων προρρήσεως, θάνατος ἡ ζημία ἐπέκειτο. Καὶ πολλοὶ μὲν δανεισταὶ, τὰ γραμματεῖα τοῖς ὠφληκόσι ξὺν βίᾳ πολλῇ οὐδὲν τοῦ ὀφλήματος κεκομισμένοι, ἀπέδοντο, πολλοὶ δὲ οὔτι ἑκούσιοι ἐλευθέρους τοὺς οἰκέτας ἀφῆκαν.

8. On dit que des femmes furent contraintes à se livrer à leurs propres domestiques; des fils de famille et qui n'appartenaient pas aux moins distinguées, affiliés à la jeunesse dépravée dont nous avons parlé, forcèrent leurs parents, non seulement à leur donner ce qu'ils étaient résolus à leur refuser, mais à leur délivrer d'avance leur part d'héritage. Beaucoup d'imberbes furent obligés, malgré leur résistance, au su de leurs pères, de subir le viol de la part des séditieux. Des attentats semblables furent consommés sur des femmes mariées, dans leurs propres maisons.

8. Φασὶ δὲ καὶ γυναῖκάς τινας, πολλὰ ὧν οὐκ ἐβούλοντο, τοῖς αὐτῶν δούλοις ἀναγκασθῆναι. Ἤδη δὲ καὶ παῖδες οὐκ ἀφανῶν ἀνδρῶν, τούτοις δὴ τοῖς νεανίαις ἀναμιχθέντες, τοὺς πατέρας ἠνάγκαζον ἄλλα τε πολλὰ οὔτι ἐθελουσίους ποιεῖν, καὶ τὰ χρήματα σφίσι προίίεσθαι. Πολλοὶ δὲ καὶ ἀκούσιοι παῖδες, τοῖς στασιώταις ἐς κοίτην ἀνοσίαν, οὐκ ἀγνοούντων ἠναγκάσθησαν τῶν πατέρων ἐλθεῖν. Καὶ γυναιξὶ μέντοι, ἀνδράσι ξυνοικούσαις, ταὐτὸν τοῦτο ξυνέβη παθεῖν.