RETOUR À L’ENTRÉE DU SITE

ALLER à LA TABLE DES MATIERES DES TEXTES GRECS

DION CASSIUS

HISTOIRE ROMAINE

livre XXXIX

 

-55

INAUGURATION DU THÉÂTRE DE POMPÉE 

 


 

 

38. Pendant ces mêmes jours, Pompée dédia le théâtre dont nous sommes fiers encore aujourd'hui, et y fit donner une représentation musicale et des jeux d'athlètes. Il fit célébrer aussi dans l'hippodrome un combat de chevaux et une grande chasse de bêtes féroces de toute espèce. Cinq cents lions furent égorgés en cinq jours, et dix-huit éléphants combattirent contre des hommes pesamment armés. Parmi ces éléphants, les uns périrent sur-le-champ, les autres quelque temps après : plusieurs trouvèrent grâce auprès du peuple, contre l'attente de Pompée. Ils s'étaient retirés du combat couverts de blessures et allaient de côté et d'autre, élevant leurs trompes vers le ciel et faisant entendre de tels gémissements, qu'on disait qu'ils ne les poussaient pas au hasard, mais qu'ils invoquaient ainsi le serment qui les avait déterminés à sortir de la Libye, et qu'ils imploraient par leurs plaintes la vengeance des dieux. On rapporte, en effet, qu'ils n'étaient montés sur les vaisseaux qu'après que ceux qui voulaient les emmener eurent juré qu'il ne leur serait fait aucun mal ; mais je ne sais si cela est vrai, ou si c'est un conte. On dit encore que les éléphants comprennent la langue du pays où ils sont nés, et qu'ils ont l'intelligence de ce qui se passe dans le ciel ; qu'ainsi, à la nouvelle lune, avant qu'elle se montre à nos yeux, ils se dirigent vers une eau limpide et s'y purifient. Voilà du moins ce que j'ai entendu raconter : j'ai ouï dire aussi que ce ne fut point Pompée, mais son affranchi Cn. Démétrius qui construisit ce théâtre, avec l'argent qu'il avait amassé pendant qu'il servait sous ses ordres. Et en effet, Démétrius donna avec raison à ce théâtre le nom de Pompée, pour qu'on ne lui reprochât pas qu'un de ses affranchis avait pu s'enrichir assez pour faire une pareille dépense. 

Κἀν ταῖς αὐταῖς ἡμέραις ὁ Πομπήιος τὸ θέατρον, ᾧ καὶ νῦν λαμπρυνόμεθα, καθιέρωσε, καὶ ἔν τε ἐκείνῳ θέαν καὶ μουσικῆς καὶ ἀγῶνος γυμνικοῦ, κἀν τῷ ἱπποδρόμῳ καὶ ἵππων ἅμιλλαν καὶ θηρίων πολλῶν καὶ παντοδαπῶν σφαγὰς ἐποίησεν. Λέοντές τε γὰρ πεντακόσιοι ἐν πέντε ἡμέραις ἀναλώθησαν, καὶ ἐλέφαντες ὀκτωκαίδεκα πρὸς ὁπλίτας ἐμαχέσαντο. Καὶ αὐτῶν οἱ μὲν παραχρῆμα ἀπέθανον, οἱ δὲ οὐ πολλῷ ὕστερον. Ἠλεήθησαν γάρ τινες ὑπὸ τοῦ δήμου, παρὰ τὴν τοῦ Πομπηίου γνώμην, ἐπειδὴ τραυματισθέντες τῆς μάχης ἐπαύσαντο, καὶ περιιόντες, τάς τε προβοσκίδας ἐς τὸν οὐρανὸν ἀνέτεινον· καὶ ὠλοφύροντο οὕτως ὥστε καὶ λόγον παρασχεῖν ὅτι οὐκ ἄλλως ἐκ συντυχίας αὐτὸ ἐποίησαν, ἀλλὰ τούς τε ὅρκους οἷς πιστεύσαντες ἐκ τῆς Λιβύης ἐπεπεραίωντο, ἐπιβοώμενοι, καὶ τὸ δαιμόνιον πρὸς τιμωρίαν σφῶν ἐπικαλούμενοι. Λέγεται γὰρ ὅτι οὐ πρότερον τῶν νεῶν ἐπέβησαν, πρὶν πίστιν παρὰ τῶν ἀγόντων σφᾶς ἔνορκον λαβεῖν, ἦ μὴν μηδὲν κακὸν πείσεσθαι. Καὶ τοῦτο μὲν εἴτ' ὄντως οὕτως εἴτε καὶ ἄλλως πως ἔχει, οὐκ οἶδα. Ἤδη γάρ τινες καὶ ἐκεῖνο εἶπον, ὅτι πρὸς τῷ τῆς φωνῆς τῆς πατριώτιδος αὐτοὺς ἐπαίειν, καὶ τῶν ἐν τῷ οὐρανῷ γιγνομένων συνιᾶσιν· ὥστε καὶ ἐν ταῖς νουμηνίαις, πρὶν ἐς ὄψιν τοῖς ἀνθρώποις τὴν σελήνην ἐλθεῖν, πρός τε ὕδωρ ἀείνων ἀφικνεῖσθαι, κἀνταῦθα καθαρμόν τινά σφων ποιεῖσθαι. Ἤκουσα μὲν δὴ ταῦτα· ἤκουσα δὲ καὶ ἐκεῖνο, ὅτι τὸ θέατρον τοῦτο οὐχ ὁ Πομπήιος ἐποίησεν, ἀλλὰ καὶ Δημήτριός τις, ἀπελεύθερος αὐτοῦ, ἐκ τῶν χρημάτων ὧν συστρατευόμενός οἱ ἐπεπόριστο. Ὅθενπερ καὶ τὴν ἐπωνυμίαν τοῦ ἔργου δικαιότατα αὐτῷ ἀνέθηκεν· ἵνα μὴ μάτην κακῶς ἀκούῃ ὅτι ἐξελεύθερος αὐτοῦ ἠργυρολόγησεν, ὥστε καὶ ἐς τηλικοῦτον ἀνάλωμα ἐξικέσθαι.