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Diodore de Sicile

Denys de Syracuse

Olym. 93. an 2. 407 ans avant l'ère chrét.

XXII. HERMOCRATE de Syracuse, suivi de toutes les troupes qu'il commandait, sortit de Selinunte et, se plaçant autour d'Himere, il se logea dans les environs de cette ville, actuellement détruite. Ayant recherché soigneusement tous les endroits où les Syracusains avaient campé, il recueillit leurs ossements et, après les avoir mis sur des chariots faits exprès et ornés comme en une pompe funèbre, il les ramena dans leur patrie. Mais comme il était défendu par les lois aux bannis d'entrer dans la ville, il s'arrêta sur des hauteurs des environs et envoya quelques-uns des siens conduire les chariots dans Syracuse : son dessein dans toute cette conduite était de faire en sorte que Dioclès, qui s'opposait le plus à son retour, encourut la haine publique dans une circonstance , où le refus de recevoir Hermocrate, paraissait tomber sur les morts qu'il amenait avec lui et à l'égard desquels il donnait des marques de piété et de religion qui devaient lui attirer l'affection du peuple. Dès que les corps morts furent entrés, il y eut de la division dans l'assemblée. Dioclès eut la hardiesse de s'opposer à leur sépulture , malgré le grand nombre de ceux qui la demandaient. Ce dernier parti demeura le plus fort, les morts furent ensevelis et et l'on exila Dioclès lui-même. Mais ils ne reçurent pas pour cela Hermocrate. On redoutait sa hardiesse et l'on craignait que parvenant à quelque magistrature, il n'usurpât l'autorité absolue et tyrannique. Ainsi, Hermocrate qui ne crut pas le temps convenable pour user de violence, s'en revint à Selinunte. Ses amis l'ayant mandé quelques temps après, il se mit en marche à la tête de trois mille hommes et traversant le territoire de Gela, il arriva de nuit au lieu qu'on lui avait marqué; mais une partie de ses troupes étant encore derrière, il s'avança avec le peu qu'il en avait avec lui, jusqu'à la porte de l'Achradine :il aperçut de là que ses amis de la ville s'étaient saisis en dedans des postes favorables pour le faire entrer. Ainsi, il eut le temps d'attendre ceux de ses gens qui arrivèrent les derniers. Les Syracusains apprenant ce qui se passait, s'assemblèrent en armes dans la place publique où Hermocrate et ses soldats s'étant bientôt montrés ; ils le tuèrent, lui et la plus grande partie de ses adhérents. Au sortir de ce tumulte ils appelèrent en jugement ceux qui restaient en vie, et les condamnèrent à l'exil. On fit passer pour morts en cette occasion quelques-uns de ceux qui n'avaient été que blessés, pour les sauver de la fureur du peuple. De ce nombre là fut Denys, qui dans la suite devint tyran de Syracuse. Voilà quels surent les événements de cette année.

Olympiade 93, an 3. 406 ans avant l'ère chrét.

Descente d'Hannibal et d'Imilcar en Sicile. Détail du siège d'Agrigente, jusqu'à sa prise. Ample description des richesses, de la magnificence, et même du luxe de cette ville, fameuse d'ailleurs par l'hospitalité de ses citoyens. Soupçons d'infidélité contre les officiers militaires de Syracuse, envoyés au secours d'Agrigente.
Denys profite de la frayeur que la prise d'Agrigente avait jetée dans toute la Sicile, et jusque dans Syracuse, pour arriver à la tyrannie en cette dernière ville, où il était né de parents obscurs, et où lui-même avait fait le métier de scribe. Ses harangues pleines de suppositions et de calomnies, font périr les plus puissants et les plus riches. Il parvient d'abord à se faire donner à lui seul toute l'autorité militaire, et par une garde de six cents hommes que lui accordent les troupes, l'autorité la plus absolue, et de la plus longue durée, dont l'histoire eut fourni l'exemple dans un tyran.

l'agitateur

ΧCΙ. ᾿Ιμίλκας δὲ ὀκτὼ μῆνας πολιορκήσας τὴν πόλιν, καὶ μικρὸν πρὸ τῆς χειμερινῆς τροπῆς κυριεύσας αὐτῆς, οὐκ εὐθὺς κατέσκαψεν, ὅπως αἱ δυνάμεις ἐν ταῖς οἰκίαις παραχειμάσωσιν. τῆς δὲ περὶ τὸν ᾿Ακράγαντα συμφορᾶς διαγγελθείσης, τοσοῦτος τὴν νῆσον κατέσχε φόβος, ὥστε τῶν Σικελιωτῶν τοὺς μὲν εἰς Συρακούσας μεθίστασθαι, τοὺς δὲ εἰς τὴν ᾿Ιταλίαν τέκνα καὶ γυναῖκας καὶ τὴν ἄλλην κτῆσιν ἀποσκευάζεσθαι. [2] οἱ δὲ διαφυγόντες τὴν αἰχμαλωσίαν ᾿Ακραγαντῖνοι παραγενηθέντες εἰς Συρακούσας κατηγόρουν τῶν στρατηγῶν, φάσκοντες διὰ τὴν ἐκείνων προδοσίαν ἀπολωλέναι τὴν πατρίδα. συνέβαινε δὲ καὶ ὑπὸ τῶν ἄλλων Σικελιωτῶν ἐπιτιμήσεως τυγχάνειν τοὺς Συρακοσίους, ὅτι τοιούτους προστάτας αἱροῦνται, δι' οὓς ἀπολέσθαι κινδυνεύει πᾶσα Σικελία. [3] οὐ μὴν ἀλλὰ συναχθείσης ἐκκλησίας ἐν Συρακούσαις, καὶ μεγάλων φόβων ἐπικρεμαμένων, οὐθεὶς ἐτόλμα περὶ τοῦ πολέμου συμβουλεύειν. ἀπορουμένων δὲ πάντων παρελθὼν Διονύσιος ὁ ῾Ερμοκράτους τῶν μὲν στρατηγῶν κατηγόρησεν ὡς προδιδόντων τὰ πράγματα τοῖς Καρχηδονίοις, τὰ δὲ πλήθη παρώξυνε πρὸς τὴν αὐτῶν τιμωρίαν, παρακαλῶν μὴ περιμεῖναι τὸν κατὰ τοὺς νόμους λῆρον, ἀλλ' ἐκ χειρὸς ἐπιθεῖναι τὴν δίκην. [4] τῶν δ' ἀρχόντων ζημιούντων τὸν Διονύσιον κατὰ τοὺς νόμους ὡς θορυβοῦντα, Φίλιστος ὁ τὰς ἱστορίας ὕστερον συγγράψας, οὐσίαν ἔχων μεγάλην, ἐξέτισε τὰ πρόστιμα, καὶ τῷ Διονυσίῳ παρεκελεύετο λέγειν ὅσα προῄρητο. καὶ προσεπειπόντος ὅτι καθ' ὅλην τὴν ἡμέραν, ἂν ζημιοῦν θέλωσιν, ἐκτίσει τἀργύριον ὑπὲρ αὐτοῦ, τὸ λοιπὸν θαρρήσας ἀνέσειε τὰ πλήθη, καὶ τὴν ἐκκλησίαν συνταράττων διέβαλλε τοὺς στρατηγούς, ὅτι χρήμασι πεισθέντες ἐγκατέλιπον τὴν τῶν ᾿Ακραγαντίνων σωτηρίαν. συγκατηγόρησε δὲ καὶ τῶν ἄλλων τῶν ἐπισημοτάτων πολιτῶν, συνιστὰς αὐτοὺς οἰκείους ὄντας ὀλιγαρχίας. [5] διόπερ συνεβούλευεν αἱρεῖσθαι στρατηγοὺς μὴ τοὺς δυνατωτάτους, ἀλλὰ τοὺς εὐνουστάτους καὶ δημοτικοὺς μᾶλλον· ἐκείνους μὲν γὰρ δεσποτικῶς ἄρχοντας τῶν πολιτῶν καταφρονεῖν τῶν πολλῶν, καὶ τὰς τῆς πατρίδος συμφορὰς ἰδίας ἡγεῖσθαι προσόδους, τοὺς δὲ ταπεινοτέρους οὐδὲν πράξειν τῶν τοιούτων, δεδιότας τὴν περὶ αὑτοὺς ἀσθένειαν.

Imilcar qui était demeuré huit mois devant Agrigente et qui n'y était entré qu'un peu avant le solstice d'hiver ne la fit pas raser d'abord, parce qu'il voulait y faire hiverner ses troupes. Le sort de cette malheureuse ville jeta une si grande consternation dans toute l'île que tous les Siciliens firent passer leurs femmes, leurs enfants et leurs trésors, les uns à Syracuse, et les autres en Italie. Cependant quelques-uns des Agrigentins, qui s'étaient garantis de la captivité, en abandonnant leur ville, s'étant rendus à Syracuse, accusèrent leurs officiers militaires d'être les auteurs de leur ruine. Cet exemple enhardit tous les autres Siciliens à reprocher à ceux de Syracuse d'avoir choisi pour premiers magistrats des hommes qui mettaient la Sicile entière en danger d'une ruine prochaine. Le peuple s'étant assemblé sur ces murmures et la crainte ayant saisi tous les esprits sur les malheurs dont on était menacé, personne n'osait rien proposer au sujet de la guerre.
DENYS, fils d’Hermocrate prit le temps de ce silence universel pour accuser les généraux d'avoir vendu la patrie aux Carthaginois et, allumant là fureur du peuple, il l'invita à passer par dessus les formalités prescrites par les lois et à se faire justice à l'heure même d'une pareille trahison. Les magistrats ayant condamné sur le champ Denys à une amende, comme perturbateur du repos public, Philistus, celui-là même qui devint depuis historien et qui était fort riche, paya aussitôt cette amende pour le condamné, l'invita en même temps à dire ce qu'il jugerait à propos pour le bien public, en ajoutant qu'il payerait pour lui toutes les autres amendes auxquelles on pourrait le condamner pendant la journée pour le même sujet. Denys enhardi par là recommença ses déclamations et excita une grande rumeur dans l'assemblée, en continuant d'accuser les généraux d'avoir vendu aux ennemis le salut des Agrigentins. Il imputa en même temps aux principaux citoyens de prétendre à l'oligarchie et en conséquence de cette imputation, il proposa l'avis de nommer pour chefs de la guerre non des hommes puissants, comme on avait fait jusqu'alors, mais des hommes bien intentionnés et amis du peuple; d'autant que les premiers dès qu'ils se voyaient en place, prenaient un air despotique, méprisaient les hommes du commun et tournaient à leur profit les malheurs de la patrie, au lieu que les seconds se défiant de leurs forces, n'entreprenaient rien de semblable.

l'ascension

ΧCΙΙ. πάντα δὲ πρὸς τὴν τῶν ἀκουόντων προαίρεσιν καὶ τὴν ἰδίαν ἐπιβολὴν δημηγορήσας οὐ μετρίως ἐξῆρε τὸν τῶν ἐκκλησιαζόντων θυμόν· ὁ γὰρ δῆμος καὶ πάλαι μισῶν τοὺς στρατηγοὺς διὰ τὸ δοκεῖν κακῶς προΐστασθαι τοῦ πολέμου, τότε διὰ τῶν λόγων παροξυνθεὶς παραυτίκα τοὺς μὲν ἔλυσε τῆς ἀρχῆς, ἑτέρους δ' εἵλατο στρατηγούς, ἐν οἷς καὶ τὸν Διονύσιον, ὃς ἐν ταῖς πρὸς Καρχηδονίους μάχαις ἀνδρείᾳ δόξας διενηνοχέναι περίβλεπτος ἦν παρὰ τοῖς Συρακοσίοις. [2] διὸ καὶ μετεωρισθεὶς ταῖς ἐλπίσι πᾶν ἐμηχανήσατο πρὸς τὸ γενέσθαι τῆς πατρίδος τύραννος. μετὰ γὰρ τὴν παράληψιν τῆς ἀρχῆς οὔτε συνήδρευσεν ἅμα τοῖς στρατηγοῖς οὔθ' ὅλως συνῆν· ταῦτα δὲ πράττων διεδίδου λόγον ὡς διαπεμπομένων αὐτῶν πρὸς τοὺς πολεμίους. οὕτω γὰρ μάλιστ' ἤλπιζεν ἐκείνων μὲν περιαιρήσεσθαι τὴν ἐξουσίαν, ἑαυτῷ δὲ μόνῳ περιστήσειν τὴν στρατηγίαν. [3] ταῦτα δ' αὐτοῦ πράττοντος οἱ μὲν χαριέστατοι τῶν πολιτῶν ὑπώπτευον τὸ γινόμενον, καὶ κατὰ πάσας τὰς συνόδους ἐβλασφήμουν αὐτόν, ὁ δὲ δημοτικὸς ὄχλος, ἀγνοῶν τὴν ἐπιβουλήν, ἐπῄνει καὶ μόγις ἔφασκε τὴν πόλιν προστάτην εὑρηκέναι βέβαιον. [4] οὐ μὴν ἀλλὰ πολλάκις ἐκκλησίας συναγομένης περὶ τῆς εἰς τὸν πόλεμον παρασκευῆς, θεωρήσας τοὺς Συρακοσίους καταπεπληγμένους τὸν ἀπὸ τῶν πολεμίων φόβον, συνεβούλευε κατάγειν τοὺς φυγάδας· [5] ἄτοπον γὰρ ὑπάρχειν ἐκ μὲν ᾿Ιταλίας καὶ Πελοποννήσου μεταπέμπεσθαι βοήθειαν παρὰ τῶν ἀλλοτρίων, τοὺς δὲ πολίτας μὴ βούλεσθαι πρὸς τοὺς ἰδίους κινδύνους συμπαραλαμβάνειν, οὕς - τῶν πολεμίων μεγάλας δωρεὰς ὑπισχνουμένων, ἂν συστρατεύωσιν - προαιρεῖσθαι μᾶλλον ἐπὶ ξένης ἀλωμένους ἀποθανεῖν ἤπερ ἀλλότριόν τι κατὰ τῆς πατρίδος βουλεύσασθαι. [6] καὶ γὰρ διὰ τὰς γεγενημένας ἐν τῇ πόλει στάσεις φυγόντας, νῦν γε τυχόντας ταύτης τῆς εὐεργεσίας προθύμως ἀγωνιεῖσθαι, τοῖς εὖ ποιήσασιν ἀποδιδόντας χάριτας. πρὸς δὲ τὴν ὑπόθεσιν ταύτην πολλὰ διαλεχθεὶς οἰκεῖα τοῖς πράγμασι συμψήφους ἔλαβε τοὺς Συρακοσίους· οὐδὲ γὰρ τῶν συναρχόντων οὐδεὶς ἐτόλμα περὶ τούτων ἀντειπεῖν διά τε τὴν τοῦ πλήθους ὁρμὴν καὶ διὰ τὸ θεωρεῖν ἑαυτῷ μὲν περιεσομένην τὴν ἀπέχθειαν, ἐκείνῳ δὲ τὴν παρὰ τῶν εὐεργετηθέντων χάριν. [7] τοῦτο δ' ἔπραξεν ὁ Διονύσιος ἐλπίζων ἰδίους ἕξειν τοὺς φυγάδας, ἀνθρώπους μεταβολῆς ἐπιθυμοῦντας καὶ πρὸς τὴν ἐπίθεσιν τῆς τυραννίδος εὐθέτως διακειμένους· ἤμελλον γὰρ ἡδέως ὄψεσθαι τῶν ἐχθρῶν φόνους, δημεύσεις τῶν οὐσιῶν, ἑαυτοῖς ἀποκαθεσταμένα τὰ χρήματα. καὶ τέλος κυρωθείσης τῆς περὶ τῶν φυγάδων γνώμης, οὗτοι μὲν εὐθὺς εἰς τὴν πατρίδα κατῆλθον·

Ce discours que Denys avait ajusté aux préventions actuelles du peuple et à ses vues particulières, produisit un très grand effet dans l'esprit de ses auditeurs. Ainsi le peuple qui haïssait les généraux, qu'on regardait comme les auteurs de la guerre présente, animé encore par ces déclamations, les cassa tous et en nomma d'autres en leur place, entre lesquels fut Denys lui-même. Il était déjà en grande estime à Syracuse, pour s'être comporté courageusement dans tous les combats où il s'était trouvé contre les Carthaginois. Ainsi ranimant ses espérances en cette rencontre, il mit dès lors tout en oeuvre pour devenir le tyran de sa patrie. Du jour qu'il fut nommé, il ne vint plus au Conseil des autres généraux et ne se trouva jamais avec eux : et cependant il faisait courir le bruit que ses associés s'entendaient avec les ennemis : il se flattait de leur faire ôter par là toute fonction et d'attirer à lui seul toute l'autorité militaire. Les plus accrédités des citoyens se doutèrent bientôt de son projet, et en disaient leur sentiment dans toutes les assemblées. Le peuple ne se prêtait pas à ce soupçon ; il l'accablait de louanges et se félicitait d'avoir enfin trouvé un capitaine invincible et sous lequel il allait vivre en sûreté. Cependant comme il fallait s'assembler souvent au sujet des frais de la guerre, Denys qui voyait le peuple alarmé des grandes forces des Carthaginois, lui proposa de rappeler les bannis. Il était absurde, disait-il, de faire venir à grands frais des troupes de l'Italie et du Péloponnèse, troupes étrangères et sans autre intérêt que leur solde et de refuser des citoyens dont la cause était commune avec la leur, qui avaient actuellement résisté aux offres les plus avantageuses de la part des ennemis et qui avaient plutôt choisi de mourir misérables et abandonnés de toutes parts, que de s'armer contre leur patrie. Que ne pouvait-on pas espérer de ces citoyens, qui, n’ayant été exclus que par le malheur des séditions populaires, se croiraient redevables de leur retour aux habitants de leur propre ville ? Par de semblables discours non moins conformes à la situation apparente des choses, qu'à ses desseins cachés, il obtint tous les suffrages. Aucun de ses collègues n'osa le contredire, de peur d'attirer sur lui-même la haine publique et de rendre encore plus favorable la cause d'un pareil adversaire. Telle fut la conduite de Denys ; il espérait bien de s'attacher les bannis, gens qui n'aspiraient qu'à changer le gouvernement en faveur de la monarchie. Ils se flattaient de voir égorger ceux qui les avaient chassé et de succéder à leurs richesses , que l'on allait mettre à l'encan. En effet, le retour des bannis fut à peine prononcé, qu'ils rentrèrent dans la ville.

le général : aide à la ville de Géla

ΧCΙΙΙ. ἐκ δὲ τῆς Γέλας ἐνεχθέντων γραμμάτων, ὅπως ἀποσταλῶσι στρατιῶται πλείους, ἔλαβεν ὁ Διονύσιος οἰκείαν ἔφοδον τῆς ἰδίας προαιρέσεως. ἀποσταλεὶς γὰρ μετὰ στρατιωτῶν πεζῶν μὲν δισχιλίων, ἱππέων δὲ τετρακοσίων, ἦλθε συντόμως εἰς τὴν πόλιν τῶν Γελῴων, ἣν τότε παρεφύλαττε Δέξιππος ὁ Λακεδαιμόνιος, κατασταθεὶς ὑπὸ Συρακοσίων. [2] ὁ δ' οὖν Διονύσιος καταλαβὼν τοὺς εὐπορωτάτους στασιάζοντας πρὸς τὸν δῆμον, καὶ κατηγορήσας αὐτῶν ἐν ἐκκλησίᾳ καὶ κατακρίνας, αὐτοὺς μὲν ἀπέκτεινε, τὰς δ' οὐσίας αὐτῶν ἐδήμευσεν, ἐκ δὲ τῶν χρημάτων τούτων τοῖς μὲν φρουροῦσι τὴν πόλιν, ὧν ἡγεῖτο Δέξιππος, ἀπέδωκε τοὺς ὀφειλομένους μισθούς· τοῖς δὲ μετ' αὐτοῦ παραγεγονόσιν ἐκ Συρακουσῶν ἐπηγγείλατο διπλοῦς ποιήσειν τοὺς μισθούς, ὧν ἡ πόλις ἔταξε. [3] διὰ δὲ τούτου τοῦ τρόπου τούς τ' ἐν Γέλᾳ στρατιώτας καὶ τοὺς μετ' αὐτοῦ ταῖς εὐνοίαις ἰδίους κατεσκεύασεν. ἐπῃνεῖτο δὲ καὶ ὑπὸ τοῦ δήμου τῶν Γελῴων ὡς αἴτιος αὐτοῖς γεγενημένος τῆς ἐλευθερίας· τοῖς γὰρ δυνατωτάτοις φθονοῦντες τὴν ἐκείνων ὑπεροχὴν δεσποτείαν αὐτῶν ἀπεκάλουν. [4] διόπερ ἐξέπεμψαν πρέσβεις τοὺς ἐπαινοῦντας ἐν Συρακούσαις καὶ τὰ ψηφίσματα φέροντας, ἐν οἷς αὐτὸν μεγάλαις δωρεαῖς ἐτίμησαν. ὁ δὲ Διονύσιος ἐπεβάλετο μὲν τὸν Δέξιππον πείθειν κοινωνῆσαι τῆς ἐπιβολῆς· ἐπεὶ δ' οὐ συγκατετίθετο, μετὰ τῶν ἰδίων στρατιωτῶν ἕτοιμος ἦν ἀνακάμπτειν εἰς Συρακούσας. [5] οἱ δὲ Γελῷοι πυνθανόμενοι τοὺς Καρχηδονίους μέλλειν μετὰ πάσης τῆς δυνάμεως ἐπὶ πρώτην στρατεύειν τὴν Γέλαν, ἐδέοντο τοῦ Διονυσίου μεῖναι καὶ μὴ περιιδεῖν αὐτοὺς τὰ αὐτὰ τοῖς ᾿Ακραγαντίνοις παθόντας. οἷς ἐπαγγειλάμενος ὁ Διονύσιος συντόμως ἥξειν μετὰ πλείονος δυνάμεως, ἐξώρμησεν ἐκ τῆς Γέλας μετὰ τῶν ἰδίων στρατιωτῶν.

En ce même temps on reçut des lettres de Géla, par lesquelles cette ville demandait un puissant secours. Denys profita encore de cette occasion pour avancer son dessein ; car ayant été mis pour cette expédition à la tête de deux mille fantassins et de quatre cents cavaliers, il se rendit incessamment dans Gela actuellement gardée par le Lacédémonien Dexippe, de la part de Syracuse. Ayant trouvé là les riches en dissension avec le peuple et ayant accusé et condamné les premiers dans l'assemblée publique, il les fit mourir et mit leurs biens à l'encan. Du produit de la vente il paya tout ce qui était dû à la garnison, commandée par Dexippe, et régla pour les soldats qu'il amenait de Syracuse une paye double de celle que cette ville leur avait assignée. Il mit par la dans ses intérêts et les soldats de Géla et ceux de Syracuse : il s'attira de plus la reconnaissance du peuple de Géla, qui croyait lui devoir sa liberté : car ce peuple, envieux des riches, qualifiait leur supériorité de tyrannie. C'est pourquoi il envoya des ambassadeurs à Syracuse chargés des louanges de Denys et des décrets que leur ville avait portés à son avantage et à son honneur. Denys fit aussi des tentatives auprès de Dexippe pour l'attirer à son parti et le faire entrer dans ses desseins ; mais trouvant en lui de l'opposition, il fut sur le point de revenir avec ses troupes à Syracuse. Cependant ceux de Géla apprenant que les Carthaginois se disposaient à marcher contre eux avec toutes leurs forces à l'ouverture de la campagne, prièrent Denys de demeurer et de leur sauver, par son assistance, le malheureux sort qu'avaient subi les Agrigentins. Denys leur promit qu'il reviendrait incessamment avec de plus grandes forces encore qu'il n'en avait alors : et là-dessus il sortit de Géla avec toutes ses troupes.

retour à Syracuse : le rusé

ΧCIV. θέας δ' οὔσης ἐν ταῖς Συρακούσαις, κατὰ τὴν ὥραν τῆς ἀπαλλαγῆς τῶν ἐκ τοῦ θεάτρου παρῆν εἰς τὴν πόλιν. συνδραμόντων δὲ τῶν ὄχλων ἐπ' αὐτὸν καὶ πυνθανομένων περὶ τῶν Καρχηδονίων, ἀγνοεῖν αὐτοὺς ἔφη, διότι τῶν ἔξωθεν πολεμιωτέρους ἔχουσι τοὺς ἔνδον τῶν κοινῶν προεστῶτας, οἷς οἱ μὲν πολῖται πιστεύοντες ἑορτάζουσιν, αὐτοὶ δὲ διαφοροῦντες τὰ δημόσια τοὺς στρατιώτας ἀμίσθους πεποιήκασι, καὶ τῶν πολεμίων ἀνυπερβλήτους ποιουμένων τὰς εἰς τὸν πόλεμον παρασκευὰς καὶ μελλόντων ἐπὶ Συρακούσας τὴν δύναμιν ἄγειν, τούτων οὐδ' ἡντινοῦν ποιοῦνται φροντίδα. [2] δι' ἣν δ' αἰτίαν ταῦτα πράττουσιν, εἰδέναι μὲν καὶ πρότερον, νῦν δὲ σαφέστερον ἀνεγνωκέναι· ᾿Ιμίλκωνα γὰρ πρὸς αὐτὸν ἀπεσταλκέναι κήρυκα, πρόφασιν μὲν ὑπὲρ τῶν αἰχμαλώτων, παρακαλεῖν δὲ - πλῆθος τῶν συναρχόντων περιποιησάμενον μηδὲν τῶν πραττομένων πολυπραγμονεῖν - μή γ' ἀντιπράττειν, ἐπειδὴ συνεργεῖν οὐ προαιρεῖται. [3] μηκέτ' οὖν βούλεσθαι στρατηγεῖν, ἀλλὰ παρεῖναι τὴν ἀρχὴν ἀποθησόμενος· οὐ γὰρ ἀνεκτὸν εἶναι, τῶν ἄλλων πωλούντων τὴν πατρίδα, μόνον κινδυνεύειν μετὰ τῶν πολιτῶν ἅμα καὶ δόξειν μετεσχηκέναι τῆς προδοσίας. [4] παροξυνθέντων δὲ ἐπὶ τοῖς ῥηθεῖσι καὶ τοῦ λόγου διὰ πάσης τῆς δυνάμεως ῥυέντος, τότε μὲν εἷς ἕκαστος ἀγωνιῶν εἰς οἶκον ἐχωρίσθη· τῇ δ' ὑστεραίᾳ συναχθείσης ἐκκλησίας, ἐν ᾗ τῶν ἀρχόντων πολλὰ κατηγορήσας οὐ μετρίως εὐδοκίμησε, τὸν δὲ δῆμον κατὰ τῶν στρατηγῶν παρώξυνε. [5] τέλος δὲ τῶν καθημένων τινὲς ἀνεβόησαν στρατηγὸν αὐτὸν αὐτοκράτορα καθιστάναι καὶ μὴ περιμένειν, ἄχρις ἂν οἱ πολέμιοι τοῖς τείχεσιν ἐπεισίωσι· χρείαν γὰρ ἔχειν τὸ μέγεθος τοῦ πολέμου τοιούτου στρατηγοῦ, δι' οὗ δυνατὸν εἶναι εὐπορεῖν τοῖς πράγμασιν· τὰ δὲ περὶ τῶν προδοτῶν ἐν ἐκκλησίᾳ ἑτέρᾳ βουλεύεσθαι· τῶν γὰρ ἐνεστώτων καιρῶν ἀλλότριον εἶναι· καὶ πρότερον δὲ Καρχηδονίων τὰς τριάκοντα μυριάδας περὶ τὴν ῾Ιμέραν νενικῆσθαι στρατηγοῦντος Γέλωνος αὐτοκράτορος.

Le moment où il entra dans Syracuse, fut précisément celui où tout le peuple sortait d'un grand spectacle qui s'était donné. Toute cette foule étant venue au devant de lui, et lui ayant demandé des nouvelles des Carthaginois, il leur répondit qu'ils avaient au dedans de leurs murailles des ennemis beaucoup plus dangereux que ceux du dehors ; c'est-à­dire leurs magistrats mêmes qui s'attiraient leur bienveillance par des fêtes, en dissipant les trésors publics au point que les soldats n'étaient pas payés. Que tandis qu'on ne se mettait en peine de rien, les ennemis faisaient des préparatifs immenses et qu'on les verrait bientôt devant les murailles de Syracuse. Il ajouta qu'il se doutait depuis longtemps du motif de la conduite ou de l'inaction de leurs chefs, mais qu'enfin il en était pleinement instruit, par ce qui lui était arrivé à lui-même. Imilcar, disait-il, lui avait envoyé un héraut, sous le prétexte apparent de retirer quelques prisonniers de guerre, mais pour l'inviter en secret à n'en pas faire plus que ses collègues, à ne se pas mettre en peine de ce qui se passait ; et s'il ne voulait pas entrer dans ses vues, à ne pas s'opposer du moins à ses entreprises. Denys conclut en disant qu'en effet il ne vouait plus se mêler de rien et qu'à l'heure-même il se démettait du commandement, comme n'étant pas juste qu'il s'exposât seul à tous les périls de la guerre, pendant que les autres vendaient tranquillement leur patrie ; ne voulant d'ailleurs être confondu avec eux ni par le même titre, ni par les mêmes imputations. Chacun alors se sépara, emportant chez soi bien de l'animosité, bien des soupçons et bien des craintes. Le lendemain l'assemblée du peuple ayant été convoquée de nouveau, les accusations de Denys contre les commandants eurent encore plus de succès et la multitude s'aigrit vivement contre eux. Bientôt après, quelques voix s'élevèrent beaucoup au-dessus des autres : on disait qu'il fallait nommer Denys commandant général et unique, et ne pas attendre pour cela que l'ennemi eut abattu leurs murailles ; que la guerre présente demandait un chef unique et tel que celui-là, qui pouvait seul rappeler la fortune de leur côté, comme on avait vaincu autrefois devant Himère trois cent mille Carthaginois, sous le commandement de Gélon seul ; et que dans un autre temps on consulterait à loisir de quelle manière on en agirait avec les traîtres, la situation des choses ne permettant pas de s'en occuper alors.

la prise du pouvoir

ΧCV. ταχὺ δὲ τῶν πολλῶν, ὥσπερ εἰώθασιν, ἐπὶ τὸ χεῖρον ῥεπόντων, ὁ Διονύσιος ἀπεδείχθη στρατηγὸς αὐτοκράτωρ. ἐπεὶ δ' οὖν αὐτῷ τὰ πράγματα κατὰ νοῦν ἠκολούθει, ψήφισμα ἔγραψε τοὺς μισθοὺς διπλασίους εἶναι· πάντας γὰρ ἔφησε τούτου γενομένου προθυμοτέρους ἔσεσθαι πρὸς τὸν ἀγῶνα, καὶ περὶ τῶν χρημάτων παρεκάλει μηθὲν ἀγωνιᾶν· ἔσεσθαι γὰρ αὐτῶν τὸν πόρον ῥᾴδιον.
[2] διαλυθείσης δὲ τῆς ἐκκλησίας οὐκ ὀλίγοι τῶν Συρακοσίων κατηγόρουν τῶν πραχθέντων, ὥσπερ οὐκ αὐτοὶ ταῦτα κεκυρωκότες· τοῖς γὰρ λογισμοῖς εἰς ἑαυτοὺς ἐρχόμενοι τὴν ἐσομένην δυναστείαν ἀνεθεώρουν. οὗτοι μὲν οὖν βεβαιῶσαι βουλόμενοι τὴν ἐλευθερίαν ἔλαθον ἑαυτοὺς δεσπότην τῆς πατρίδος καθεστακότες· [3] ὁ δὲ Διονύσιος τὴν μετάνοιαν τῶν ὄχλων φθάσαι βουλόμενος, ἐπεζήτει δι' οὗ τρόπου δύναιτο φύλακας αἰτήσασθαι τοῦ σώματος· τούτου γὰρ συγχωρηθέντος ῥᾳδίως ἤμελλε κυριεύσειν τῆς τυραννίδος. εὐθὺς οὖν παρήγγειλε τοὺς ἐν ἡλικίᾳ πάντας ἕως ἐτῶν τεσσαράκοντα λαβόντας ἐπισιτισμὸν ἡμερῶν τριάκοντα καταντᾶν μετὰ τῶν ὅπλων εἰς Λεοντίνους. αὕτη δ' ἡ πόλις τότε φρούριον ἦν τῶν Συρακοσίων, πλῆρες ὑπάρχον φυγάδων καὶ ξένων ἀνθρώπων. ἤλπιζε γὰρ τούτους συναγωνιστὰς ἕξειν, ἐπιθυμοῦντας μεταβολῆς, τῶν δὲ Συρακοσίων τοὺς πλείστους οὐδ' ἥξειν εἰς Λεοντίνους. [4] οὐ μὴν ἀλλὰ νυκτὸς ἐπὶ τῆς χώρας στρατοπεδεύων, καὶ προσποιηθεὶς ἐπιβουλεύεσθαι, κραυγὴν ἐποίησε καὶ θόρυβον διὰ τῶν ἰδίων οἰκετῶν· τοῦτο δὲ πράξας συνέφυγεν εἰς τὴν ἀκρόπολιν, καὶ διενυκτέρευσε πυρὰ καίων καὶ τοὺς γνωριμωτάτους τῶν στρατιωτῶν μεταπεμπόμενος. [5] ἅμα δ' ἡμέρᾳ τοῦ πλήθους ἀθροισθέντος εἰς Λεοντίνους, πολλὰ πρὸς τὴν τῆς ἐπιβολῆς ὑπόθεσιν πιθανολογήσας ἔπεισε τοὺς ὄχλους δοῦναι φύλακας αὐτῷ τῶν στρατιωτῶν ἑξακοσίους, οὓς ἂν προαιρῆται. λέγεται δὲ τοῦτο πρᾶξαι τὸν Διονύσιον ἀπομιμούμενον Πεισίστρατον τὸν ᾿Αθηναῖον· [6] καὶ γὰρ ἐκεῖνόν φασιν ἑαυτὸν κατατραυματίσαντα προελθεῖν εἰς τὴν ἐκκλησίαν ὡς ἐπιβεβουλευμένον, καὶ διὰ τοῦτο φυλακὴν λαβεῖν παρὰ τῶν πολιτῶν, ᾗ χρησάμενον τὴν τυραννίδα περιπεποιῆσθαι. καὶ τότε Διονύσιος τῇ παραπλησίᾳ μηχανῇ τὸ πλῆθος ἐξαπατήσας ἐνήργει τὰ τῆς τυραννίδος.

La pluralité des suffrages populaires, et comme il arrive souvent, fut pour l'avis le plus pernicieux et Denys fut déclaré commandant unique et absolu. Son projet ayant en ainsi tout le succès qu'il en attendait, il présenta aussitôt une ordonnance, par laquelle il exigeait qu'on doublât la paie des soldats, sur le prétexte que cette augmentation les rendrait plus courageux dans les combats ;et il ajoutait que Syracuse ne devait point plaindre la dépense, vu l'abondance de ses revenus et la facilité de les recueillir. Dès que l'assemblée fut séparée et que chacun fut rentré dans sa maison, la plupart des citoyens trouvèrent à redire à ce qui venait de se passer, comme s'ils n'en eussent pas été les auteurs eux-mêmes. En réfléchissant sur la nomination qu'ils venaient de faire, ils s'apercevaient aisément qu'ils avaient établi une autorité indépendante, et que pour sauver leur liberté, ils s'étaient eux-mêmes donné un maître. Pour prévenir les suites de ces réflexions et de ce repentir, Denys chercha les moyens d'avoir une garde pour sa personne, persuadé que s'il pouvait en venir à bout, il assurerait sa tyrannie. Il ordonna donc à tous ceux qui étaient en âge de porter les armes depuis la jeunesse jusqu'à l'âge de quarante ans, de se pourvoir de vivres pour trente jours et de se rendre bien équipés en la ville des Léontins. Cette ville était alors comme une citadelle de Syracuse et elle était pleine de bannis et d'étrangers. Il comptait beaucoup sur cette espèce d'hommes avides de changements et de nouveautés ; et il se doutait assez que la plupart des soldats syracusains ne voudraient pas venir à Léontium. Cependant s'étant mis lui-même en chemin dès la nuit suivante et s'étant campé en plein champ, il fit semblant d'être attaqué dans sa tente et jeta un grand cri, auquel ses gens accoururent en tumulte et en désordre. Sous ce prétexte, il se réfugia dans la citadelle des Léontins, où il fit tenir des feux allumés pendant toute la nuit et se fit environner de ses soldats les plus affidés. Le lendemain toutes ses troupes étant entrées dans Leontium, il se plaignit beaucoup de la trahison qu'on avait tentée contre lui la nuit précédente et dont il fit un narré faux mais vraisemblable de sorte qu'il se fit accorder par ses troupes une garde de six cents hommes armés, qu'il choisirait lui-même. On dit que Denys prit pour son modèle, en cette circonstance, Pisistrate tyran d'Athènes : car on rapporte de ce dernier qu'il se présenta dans la place publique, couvert de blessures qu'il s'était faites lui-même et qu'il supposait avoir reçues des mains de ses envieux ; ce qui porta le peuple à lui accorder une escorte, par le moyen de laquelle il s'empara du gouvernement absolu et tyrannique, de la même manière, à peu près, que Denys son imitateur.  

la tyrannie

 ΧCVΙ. εὐθὺ γὰρ τοὺς χρημάτων μὲν ἐνδεεῖς, τῇ δὲ ψυχῇ θρασεῖς ἐπιλέξας, ὑπὲρ τοὺς χιλίους, ὅπλοις τε πολυτελέσι καθώπλισε καὶ ταῖς μεγίσταις ἐπαγγελίαις ἐμετεώρισε, τοὺς δὲ μισθοφόρους ἀνακαλούμενος καὶ φιλανθρώποις λόγοις χρώμενος ἰδίους κατεσκεύαζεν. μετετίθει δὲ καὶ τὰς τάξεις, τοῖς πιστοτάτοις τὰς ἡγεμονίας παραδιδούς, καὶ Δέξιππον τὸν Λακεδαιμόνιον ἀπέλυσεν εἰς τὴν ῾Ελλάδα· ὑφεωρᾶτο γὰρ τὸν ἄνδρα τοῦτον, μὴ καιροῦ λαμβανόμενος ἀνακτήσηται τοῖς Συρακοσίοις τὴν ἐλευθερίαν. [2] μετεπέμψατο δὲ καὶ τοὺς ἐν Γέλᾳ μισθοφόρους, καὶ πανταχόθεν συνῆγε τοὺς φυγάδας καὶ ἀσεβεῖς, ἐλπίζων διὰ τούτων βεβαιότατα τηρηθήσεσθαι τὴν τυραννίδα. οὐ μὴν ἀλλὰ παραγενόμενος εἰς Συρακούσας κατεσκήνωσεν ἐν τῷ ναυστάθμῳ, φανερῶς αὑτὸν ἀναδείξας τύραννον. οἱ δὲ Συρακόσιοι βαρέως φέροντες ἠναγκάζοντο τὴν ἡσυχίαν ἔχειν· οὐδὲν γὰρ ἔτι περαίνειν ἠδύναντο· ἥ τε γὰρ πόλις ἔγεμεν ὅπλων ξενικῶν, τούς τε Καρχηδονίους ἐδεδοίκεισαν τηλικαύτας ἔχοντας δυνάμεις. [3] ὁ δ' οὖν Διονύσιος εὐθέως ἔγημε τὴν ῾Ερμοκράτους θυγατέρα τοῦ καταπολεμήσαντος ᾿Αθηναίους, καὶ τὴν ἀδελφὴν ἔδωκε Πολυξένῳ τῆς ῾Ερμοκράτους γυναικὸς ἀδελφῷ· τοῦτο δ' ἔπραξε βουλόμενος οἰκίαν ἐπίσημον εἰς οἰκειότητα προσλαβέσθαι πρὸς τὸ τὴν τυραννίδα ποιῆσαι βεβαίαν. μετὰ δὲ ταῦτα συναγαγὼν ἐκκλησίαν τῶν ἀντιπραξάντων αὐτῷ τοὺς δυνατωτάτους ὄντας, Δαφναῖον καὶ Δήμαρχον, ἀνεῖλεν. [4] Διονύσιος μὲν οὖν ἐκ γραμματέως καὶ τοῦ τυχόντος ἰδιώτου τῆς μεγίστης πόλεως τῶν ῾Ελληνίδων ἐγενήθη τύραννος· διετήρησε δὲ τὴν δυναστείαν ἄχρι τῆς τελευτῆς, τυραννήσας ἔτη δύο λείποντα τῶν τεσσαράκοντα. τὰς δὲ κατὰ μέρος αὐτοῦ πράξεις καὶ τὴν αὔξησιν τῆς ἀρχῆς ἐν τοῖς οἰκείοις χρόνοις διέξιμεν· δοκεῖ γὰρ οὗτος μεγίστην τῶν ἱστορουμένων τυραννίδα περιπεποιῆσθαι δι' ἑαυτοῦ καὶ πολυχρονιωτάτην.

Celui-ci ramassa tous les indigents, en qui il avait aperçu du courage : il en fit bientôt un millier d'hommes, auxquels il donna d'excellentes armes, et qu'il remplit d'espérances merveilleuses. Il attacha à sa personne, par des discours flatteurs, des troupes soudoyées. Il faisait effrontément des passe-droits, pour avancer ceux qui lui paraissaient dévoilés à ses intentions. Il donna congé en même temps au Lacédémonien Dexippe et lui permit de retourner en Grèce : il se défiait de lui comme d'un homme capable de travailler à rendre la liberté à Syracuse. Il fit venir des soldats mercenaires de Géla et avec eux tout ce qu'il y avait de bannis et de mal-vivants, dans l'espérance d'affermir par leur moyen son usurpation. Revenant ensuite à Syracuse, il fit dresser sa tente dans le bassin du port, avec toute la hauteur d'un tyran déclaré. Les Syracusains sentirent vivement cette arrogance, mais ils furent obligés de la souffrir, n'ayant plus de ressource pour s'y opposer. Toute la ville était pleine de soldats étrangers, et l'on craignait encore les forces immenses des Carthaginois. Denys épousa alors la fille d'Hermocrate, celui qui avait battu les Athéniens en leur expédition de Sicile et donna sa soeur à Polyxène, frère de la femme d'Hermocrate : son dessein en tout cela était de fortifier son autorité illégitime par l'alliance d'une famille illustre. Dans une assemblée du peuple, il vint à bout de faire périr Daphnée et Démarque, les plus puissants de ceux qui s'opposaient encore à ses entreprises. C'est ainsi que Denys s'éleva d'une naissance très commune et de la condition de scribe, à la domination despotique et tyrannique d'une ville des plus considérables de la Grèce. Il demeura revêtu de cette puissance jusqu'à sa mort, qui n'arriva que trente-huit ans après. Nous rapporterons ses actions principales et les moyens par lesquels il augmenta son crédit et son autorité, à mesure que la suite des temps les amènera dans le cours de cette Histoire : il paraîtra que sa tyrannie a été la plus considérable et la plus longue de toutes celles dont on ait conservé le souvenir.

Olymp. 93, an 4. 405 ans avant l'ère chrét.

Imilcar forme le siège de Gela en Sicile, où les femmes et les enfants mêmes se défendent courageusement. Denys se résout à aller au secours de Gela; et il met en effet quelque désordre dans l'armée des assiégeants. Mais il reprend bientôt le chemin de Syracuse. La plupart de ses soldats indignés de cette retraite, le soupçonnent d'intelligence avec l'ennemi. Ils songent à secouer le joug; et se rendent avant lui à Syracuse, où ils pillent sa maison dans l'Acradine, et font à sa femme, les plus sanglants outrages. Mais Denys arrivé lui-même dissipe cette faction, par le secours de ses satellites et du reste de son armée qu'il ramenait. Il accepte de la part d'Imilcar un traité de paix, par lequel les conquêtes des Carthaginois leur demeureront; Gela sera rendue à ses citoyens, sans murailles; et Syracuse appartiendra toujours à Denys.

[2] κατὰ δὲ τὴν Σικελίαν ᾿Ιμίλκων ὁ τῶν Καρχηδονίων ἀφηγούμενος ἀρχομένου τοῦ θέρους τὴν μὲν τῶν ᾿Ακραγαντίνων πόλιν κατέσκαψε, τῶν δ' ἱερῶν, ὅσα μηδ' ἱκανῶς ὑπὸ τοῦ πυρὸς ἐδόκει διεφθάρθαι, τὰς γλυφὰς καὶ τὰ περιττοτέρως εἰργασμένα περιέκοψεν· αὐτόθε δ' ἀναλαβὼν ἅπασαν τὴν δύναμιν ἐνέβαλεν εἰς τὴν τῶν Γελῴων χώραν. [3] ἐπελθὼν δὲ ταύτην πᾶσαν καὶ τὴν Καμαριναίαν, πλῆρες ἐποίησε τὸ στράτευμα παντοίας ὠφελείας. μετὰ δὲ ταῦτα ἐπὶ Γέλαν πορευθεὶς παρὰ τὸν ὁμώνυμον ποταμὸν τῇ πόλει κατεστρατοπέδευσεν. [4] ἐχόντων δὲ τῶν Γελῴων ἐκτὸς τῆς πόλεως ᾿Απόλλωνος ἀνδριάντα χαλκοῦν σφόδρα μέγαν, συλήσαντες αὐτὸν ἀπέστειλαν εἰς τὴν Τύρον. τοῦτον μὲν οἱ Γελῷοι κατὰ τὸν τοῦ θεοῦ χρησμὸν ἀνέθηκαν, οἱ δὲ Τύριοι καθ' ὃν καιρὸν ὕστερον ὑπ' ᾿Αλεξάνδρου τοῦ Μακεδόνος ἐπολιορκοῦντο, καθύβριζον ὡς συναγωνιζόμενον τοῖς πολεμίοις· ᾿Αλεξάνδρου δ' ἑλόντος τὴν πόλιν,ὡς Τίμαιός φησι, κατὰ τὴν ὁμώνυμον ἡμέραν καὶ τὴν αὐτὴν ὥραν ἐν ᾗ Καρχηδόνιοι τὸν ᾿Απόλλωνα περὶ Γέλαν ἐσύλησαν, συνέβη τιμηθῆναι θυσίαις καὶ προσόδοις ταῖς μεγίσταις ὑπὸ τῶν ῾Ελλήνων, ὡς αἴτιον γεγενημένον τῆς ἁλώσεως. [5] ταῦτα μὲν οὖν, καίπερ ἐν ἄλλοις πραχθέντα χρόνοις, οὐκ ἀνεπιτήδειον ἡγησάμεθα παρ' ἄλληλα θεῖναι διὰ τὸ παράδοξον. οἱ δ' οὖν Καρχηδόνιοι δενδροτομοῦντες τὴν χώραν τάφρον περιεβάλοντο τῇ στρατοπεδείᾳ· προσεδέχοντο γὰρ τὸν Διονύσιον ἥξειν μετὰ δυνάμεως πολλῆς βοηθήσοντα τοῖς κινδυνεύουσιν. [6] οἱ δὲ Γελῷοι τὸ μὲν πρῶτον ἐψηφίσαντο τέκνα καὶ γυναῖκας εἰς Συρακούσας ὑπεκθέσθαι διὰ τὸ μέγεθος τοῦ προσδοκωμένου κινδύνου· τῶν δὲ γυναικῶν ἐπὶ τοὺς κατὰ τὴν ἀγορὰν βωμοὺς καταφυγουσῶν καὶ δεομένων τῆς αὐτῆς τοῖς ἀνδράσι τύχης κοινωνῆσαι, συνεχώρησαν. [7] μετὰ δὲ ταῦτα τάξεις ποιησάμενοι πλείστας, κατὰ μέρος τοὺς στρατιώτας ἀπέστελλον ἐπὶ τὴν χώραν· οὗτοι δ' ἐμπειρίαν ἔχοντες ἐπετίθεντο τοῖς πλανωμένοις τῶν πολεμίων, καὶ πολλοὺς μὲν αὐτῶν καθ' ἡμέραν ἀνῆγον ζῶντας, οὐκ ὀλίγους δὲ ἀνῄρουν. [8] τῶν δὲ Καρχηδονίων ἀπὸ μέρους προσβαλλόντων τῇ πόλει καὶ τοῖς κριοῖς καταβαλλόντων τὰ τείχη γενναίως ἠμύνοντο· τά τε γὰρ ἐφ' ἡμέρας πίπτοντα τῶν τειχῶν νυκτὸς ἀνῳκοδόμουν, συνυπηρετουσῶν τῶν γυναικῶν καὶ παίδων· οἱ μὲν γὰρ ἀκμάζοντες ταῖς ἡλικίαις ἐν τοῖς ὅπλοις ὄντες διετέλουν μαχόμενοι, τὸ δ' ἄλλο πλῆθος τοῖς ἔργοις καὶ ταῖς ἄλλαις παρασκευαῖς προσήδρευε μετὰ πάσης προθυμίας· [9] τὸ δὲ σύνολον οὕτως ἐδέξαντο τὴν ἔφοδον τῶν Καρχηδονίων εὐρώστως, ὥστε καὶ πόλιν ἀνώχυρον ἔχοντες καὶ συμμάχων ὄντες ἔρημοι, πρὸς δὲ τούτοις τὰ τείχη θεωροῦντες πίπτοντα κατὰ πλείονας τόπους, οὐ κατεπλάγησαν τὸν περιεστῶτα κίνδυνον.

XXVIII. À l'égard de la Sicile, Imilcar général des Carthaginois, acheva de démolir et de raser ce qui restait encore de la ville d'Agrigente et il détruisit avec le marteau les statues et les sculptures que le feu n'avoir qu'endommagées et défigurées. Partant de là avec toutes ses troupes, il se jeta sur le territoire de Gela et de Camarine, et parcourant tout ce pays, il y trouva de quoi procurer à ses soldats bien des richesses. Après quoi , se fixant à la ville de Gela, il posa son camp au pied des murailles, le long du fleuve de même nom. Les habitants avaient hors de leurs murs une statue qui était un Apollon, d'une hauteur prodigieuse, qu'un oracle leur avait ordonné de consacrer à ce dieu. Les Carthaginois l'envoyèrent à Tyr. Mais dans le temps que les Tyriens furent assiégés par Alexandre, ils profanèrent cette statue, comme étant favorable à leurs ennemis. Timée raconte à ce sujet, qu'après la prise de Tyr les Grecs vainqueurs rendirent de grands honneurs et firent de grands sacrifices à cette même statue, à laquelle ils attribuaient leurs succès et que cette cérémonie tomba précisément au même jour et à la même heure que les Carthaginois, bien des années auparavant, avaient insulté le dieu devant Géla. Ainsi nous ne plaçons ici cet événement d'avance, qu'à cause de la singularité des conjonctures. Les Carthaginois ayant abattu des bois qui étaient autour de Géla, fermèrent leur camp et l'environnèrent d'une tranchée ; car ils s'attendaient que Denys amènerait incessamment un secours considérable à cette ville. Les assiégés avaient d'abord résolu d'envoyer leurs femmes et leur en-fans à Syracuse pour les délivrer du péril dont ils se sentaient menacés. Mais toutes les femmes ayant embrassé les autels dressés dans la place publique, en protestant qu'elles voulaient partager les travaux du siège avec leurs maris, on fut obligé de leur céder. Les Citoyens s'étant donc distribués en plusieurs corps, on en envoya quelques-uns hors de la ville. Comme ils connaissaient parfaitement la situation des lieux, ils surprirent aisément ceux des ennemis qui se trouvèrent écartés du gros de leur armée ; ils en amenèrent plusieurs de vivants et en tuèrent beaucoup d'autres. Cependant un côté des murailles fut attaqué par des béliers et défendu vaillamment : car avec le secours des femmes et même des enfants, on rétablissait la nuit ce qui avait été abattu le jour. Les jeunes gens de leur côté, et tous ceux qui étaient en âge de porter les armes, se relevaient exactement et avec un zèle égal pour les combats ou pour les travaux. En un mot, ils soutenaient les assauts des Carthaginois avec tant de vigueur, que bien que leur ville fut peu fortifiée, qu'ils n'eussent actuellement aucuns secours étrangers et qu'une partie de leurs murailles fut abattue, il ne semblait seulement pas qu'ils se crussent encore en péril. 

CΙΧ. Διονύσιος δ' ὁ τῶν Συρακοσίων τύραννος μεταπεμψάμενος παρὰ τῶν ἐξ ᾿Ιταλίας ῾Ελλήνων βοήθειαν ἐξῆγε καὶ παρὰ τῶν ἄλλων συμμάχων δύναμιν· ἐπέλεξε δὲ καὶ τῶν Συρακοσίων τοὺς πλείστους τῶν ἐν ἡλικίᾳ καὶ τοὺς μισθοφόρους κατέλεξεν εἰς τὸ στρατόπεδον. [2] εἶχε δὲ τοὺς ἅπαντας, ὡς μέν τινες, πεντακισμυρίους, ὡς δὲ Τίμαιος ἀνέγραψε, πεζοὺς μὲν τρισμυρίους, ἱππεῖς δὲ χιλίους, ναῦς δὲ καταφράκτους πεντήκοντα. μετὰ δὲ τοσαύτης δυνάμεως ἐξορμήσας ἐπὶ τὴν βοήθειαν τοῖς Γελῴοις, ὡς ἤγγισε τῆς πόλεως, κατεστρατοπέδευσε παρὰ τὴν θάλατταν. [3] ἔσπευδε γὰρ μὴ διασπᾶν τὴν στρατιάν, ἀλλ' ἐκ τοῦ αὐτοῦ τόπου τὴν ὁρμὴν ποιούμενος κατὰ γῆν ἅμα καὶ κατὰ θάλατταν ἀγωνίζεσθαι· τοῖς μὲν γὰρ ψιλοῖς ἠγωνίζετο καὶ τὴν χώραν οὐκ εἴα προνομεύεσθαι, τοῖς δ' ἱππεῦσι καὶ ταῖς ναυσὶν ἐπειρᾶτο τὰς ἀγορὰς ἀφαιρεῖσθαι τὰς κομιζομένας τοῖς Καρχηδονίοις ἐκ τῆς ἰδίας ἐπικρατείας. [4] ἐφ' ἡμέρας μὲν οὖν εἴκοσι διέτριβον οὐδὲν ἄξιον λόγου πράττοντες· μετὰ δὲ ταῦτα Διονύσιος τοὺς πεζοὺς εἰς τρία μέρη διεῖλεν, ἓν μὲν τάγμα ποιήσας τῶν Σικελιωτῶν, οἷς προσέταξεν ἐν ἀριστερᾷ τὴν πόλιν ἔχοντας ἐπὶ τὸν χάρακα τῶν ἐναντίων πορεύεσθαι· τὸ δ' ἕτερον τάγμα συμμάχων καταστήσας ἐκέλευσεν ἐν δεξιᾷ τὴν πόλιν ἔχοντας ἐπείγεσθαι παρ' αὐτὸν τὸν αἰγιαλόν· αὐτὸς δ' ἔχων τὸ τῶν μισθοφόρων σύνταγμα διὰ τῆς πόλεως ὥρμησεν ἐπὶ τὸν τόπον, οὗ τὰ μηχανήματα τῶν Καρχηδονίων ἦν. [5] καὶ τοῖς μὲν ἱππεῦσι παρήγγειλεν, ἐπειδὰν ἴδωσι τοὺς πεζοὺς ὡρμημένους, διαβῆναι τὸν ποταμὸν καὶ τὸ πεδίον καθιππάζεσθαι, κἂν μὲν ὁρῶσι τοὺς ἰδίους προτεροῦντας, συνεπιλαμβάνεσθαι τῆς μάχης, ἂν δ' ἐλαττωμένους, δέχεσθαι τοὺς θλιβομένους· τοῖς δ' ἐν ταῖς ναυσὶ παρήγγειλε πρὸς τὴν τῶν ᾿Ιταλιωτῶν ἔφοδον τῇ παρεμβολῇ τῶν πολεμίων ἐπιπλεῦσαι.

 De côté, le tyran Denys ayant emprunté des troupes des Grecs d'Italie et d'autres alliés, prit encore avec lui la plus grande partie de la jeunesse de Syracuse, jointe à des étrangers soudoyés, et se fit une armée de cinquante mille hommes, selon quelques Historiens. Mais Timée compte trente mille hommes de pied, mille chevaux et cinquante vaisseaux couverts de ponts. Il s'avança avec ses forces du côté de Géla et posa son camp entre la ville et la mer : car son dessein n'était pas de séparer ses troupes, et il voulait combattre les ennemis en même temps par mer et par terre. C'est pourquoi ne les attaquant d'abord qu'avec des soldats armés à la légère, il se contenta de leur interdire le fourrage autour de leur camp et il destinait sa cavalerie et ses vaisseaux à arrêter les munitions qui pourraient leur venir de Carthage. Vingt jours se passèrent ainsi à faire peu de chose de part et d'autre. Mais ensuite Denys partagea son infanterie en trois corps. Le premier qui n'était composé que de Siciliens, eut ordre de se présenter sur le fossé des ennemis qui était au côté gauche de la ville. Il ordonna au second corps, qui était celui des alliés, de s'étendre du côté droit, jusqu'à la mer : et lui-même se mettant à la tête des soudoyés, traversa la ville pour arriver par une autre porte, jusqu'au lieu où les machines des ennemis étaient dressées. Dès qu'on en serait aux mains, sa cavalerie, en traversant même le fleuve à la nage, devait faire tout le tour de la bataille pour soutenir ceux qui auraient l'avantage, ou pour recevoir ceux qui auraient plié. Enfin, les soldats qui étaient dans les vaisseaux devaient venir appuyer l'attaque des Italiens et des alliés autour du camp des ennemis. 

CΧ. εὐκαίρως δ' αὐτῶν ποιησάντων τὸ παραγγελθέν, οἱ μὲν Καρχηδόνιοι πρὸς ἐκεῖνο τὸ μέρος παρεβοήθουν, ἀνείργοντες τοὺς ἐκ τῶν νεῶν ἀποβαίνοντας· καὶ γὰρ οὐδ' ὠχυρωμένον τὸ μέρος εἶχον, ἅπαν τὸ παρὰ τὸν αἰγιαλὸν· [2] οἱ δ' ᾿Ιταλιῶται κατὰ τοῦτον τὸν καιρὸν παρὰ τὴν θάλατταν τὸ πᾶν διανύσαντες ἐπέθεντο τῇ παρεμβολῇ τῶν Καρχηδονίων, τοὺς πλείστους εὑρόντες παραβεβοηθηκότας ἐπὶ τὰς ναῦς· τοὺς δ' ἐπὶ τούτου τοῦ μέρους ὑπολελειμμένους τρεψάμενοι παρεισέπεσον εἰς τὴν στρατοπεδείαν. [3] οὗ γενηθέντος οἱ Καρχηδόνιοι τῷ πλείστῳ μέρει τῆς δυνάμεως ἐπιστρέψαντες καὶ πολὺν διαγωνισάμενοι χρόνον μόγις ἐξέωσαν τοὺς ἐντὸς τῆς τάφρου βιασαμένους. οἱ δὲ ᾿Ιταλιῶται τῷ πλήθει τῶν βαρβάρων καταπονούμενοι κατὰ τὴν ἀναχώρησιν εἰς τὸ τοῦ χάρακος ἀπωξυμμένον ἐνέπιπτον, οὐκ ἔχοντες βοήθειαν· [4] οἵ τε γὰρ Σικελιῶται διὰ τοῦ πεδίου πορευόμενοι καθυστέρουν τῶν καιρῶν, οἵ τε μετὰ Διονυσίου μισθοφόροι μόγις διεπορεύοντο τὰς κατὰ τὴν πόλιν ὁδούς, οὐ δυνάμενοι κατὰ τὴν ἰδίαν προαίρεσιν ἐπισπεῦσαι. οἱ δὲ Γελῷοι μέχρι τινὸς ἐπεξιόντες ἐπεβοήθουν κατὰ βραχὺν τόπον τοῖς ᾿Ιταλιώταις, εὐλαβούμενοι λιπεῖν τὴν τῶν τειχῶν φυλακήν· διόπερ ὑστέρουν τῆς βοηθείας. [5] οἱ δὲ ῎Ιβηρες καὶ Καμπανοὶ μετὰ τῶν Καρχηδονίων στρατευόμενοι, καὶ βαρεῖς ἐπικείμενοι τοῖς ἀπὸ τῆς ᾿Ιταλίας ῞Ελλησι, κατέβαλον αὐτῶν πλείους τῶν χιλίων. τῶν δ' ἐν ταῖς ναυσὶν ἀνειργόντων τοξεύμασι τοὺς διώκοντας, οἱ λοιποὶ μετ' ἀσφαλείας διεσώθησαν πρὸς τὴν πόλιν. [6] ἐκ δὲ θατέρου μέρους οἱ Σικελιῶται πρὸς τοὺς ἀπαντήσαντας Λίβυας διαγωνισάμενοι συχνοὺς μὲν αὐτῶν ἀνεῖλον, τοὺς δ' ἄλλους εἰς τὴν στρατοπεδείαν συνεδίωξαν· τῶν δὲ ᾿Ιβήρων καὶ Καμπανῶν, ἔτι δὲ Καρχηδονίων, παραβοηθησάντων τοῖς Λίβυσι, περὶ ἑξακοσίους ἀποβαλόντες πρὸς τὴν πόλιν ἀπεχώρησαν. [7] οἱ δ' ἱππεῖς ὡς εἶδον τοὺς ἰδίους ἡττημένους, καὶ αὐτοὶ πρὸς τὴν πόλιν ἀπῆλθον, ἐπικειμένων αὐτοῖς τῶν πολεμίων. Διονύσιος δὲ μόγις διελθὼν τὴν πόλιν, ὡς κατέλαβε τὸ στρατόπεδον ἠλαττωμένον, τότε μὲν ἐντὸς τῶν τειχῶν ἀνεχώρησεν.

Dès que les soldats des vaisseaux se mirent en devoir d'exécuter ce qui leur avait été ordonné, les Carthaginois coururent tous de ce côté-là, pour les empêcher de mettre pied à terre ; parce que c'était l'endroit le plus faible de leur camp et qu'ils n'avaient pas eu le temps ou la facilité de se fortifier le long de la mer. Pendant que les Carthaginois couraient ainsi au rivage, les Italiens pressèrent le camp même, presqu'abandonné de ses défenseurs et s'en emparèrent facilement : de sorte que les Carthaginois revenant sur leurs pas avec toutes leurs forces, combattirent très longtemps avant que de pouvoir reprendre leur propre camp défendu par la tranchée qu'ils avaient faite eux-mêmes. Ils en vinrent pourtant à bout, et les Italiens surmontés enfin par le nombre, furent réduits, en cherchant à faire retraite, à s'acculer dans un coin de ce camp, en attendant un secours qui ne venait point. Car d'un côté les Siciliens étaient trop répandus dans la campagne pour se réunir sitôt, et d'un autre côté les soudoyés de Denys embarrassés dans les rues de la ville par où ils avaient passé ne pouvaient arriver de longtemps à un endroit si éloigné, quoiqu'ils en eurent l'intention. Les habitants de Géla leur prêtèrent bien aussi quelque secours par une sortie, mais craignant de laisser leurs murailles sans défense, ils ne voulurent pas s'en éloigner ; et leur secours ne fut ainsi qu'une légère diversion. Pendant ce délai et ces incertitudes, les Espagnols et les Campaniens qui servaient sous les Carthaginois, tombèrent en grand nombre sur les Grecs d'Italie et en tuèrent plus de mille. Mais comme ceux qui étaient demeurés dans les vaisseaux accablaient de traits les Carthaginois, que la chaleur de leur attaque avaient amenés à leur portée, le reste des Siciliens eut le temps de se sauver dans la ville. D'un autre côté le corps des Siciliens commandé pour le côté gauche de Géla, avait eu l'avantage sur les Carthaginois, en avait mis par terre un grand, nombre et avait repoussé les autres jusques dans leur camp. Mais les Espagnols et les Campaniens, étant venus à leur secours, les Siciliens en cette dernière rencontre perdirent près de six cents hommes, et se réfugièrent dans Géla. La cavalerie qui avait eu ordre de les soutenir les voyant défaits, chercha aussi la même retraite et arriva aux portes toujours harcelée par les ennemis qu'elle avait en queue. Denys, lui-même, qui n'était parvenu jusque-là qu'avec beaucoup de peine, voyant toute son armée battue, se renferma avec elle 

CΧΙ. μετὰ δὲ ταῦτα τῶν φίλων συναγαγὼν συνέδριον ἐβουλεύετο περὶ τοῦ πολέμου. πάντων δὲ λεγόντων ἀνεπιτήδειον εἶναι τὸν τόπον περὶ τῶν ὅλων διακρίνεσθαι τοῖς πολεμίοις, πρὸς τὴν ἑσπέραν ἀπέστειλε κήρυκα περὶ τῆς εἰς αὔριον ἀναιρέσεως τῶν νεκρῶν, καὶ τὸν μὲν ἐκ τῆς πόλεως ὄχλον περὶ πρώτην φυλακὴν τῆς νυκτὸς ἐξαπέστειλεν, αὐτὸς δὲ περὶ μέσας νύκτας ἀφώρμησε, καταλιπὼν τῶν ψιλῶν περὶ δισχιλίους. [2] τούτοις δ' ἦν παρηγγελμένον πυρὰ καίειν δι' ὅλης τῆς νυκτὸς καὶ θορυβοποιεῖν πρὸς τὸ δόξαν ἐμποιῆσαι τοῖς Καρχηδονίοις ὡς μένοντος ἐν τῇ πόλει. οὗτοι μὲν οὖν ἤδη τῆς ἡμέρας ὑποφωσκούσης ἀφώρμησαν πρὸς τοὺς περὶ τὸν Διονύσιον, οἱ δὲ Καρχηδόνιοι διαισθόμενοι τὸ γεγονὸς μετεστρατοπέδευσαν εἰς τὴν πόλιν καὶ τὰ περιλειφθέντα κατὰ τὰς οἰκίας διήρπασαν. [3] Διονύσιος δὲ παραγενόμενος εἰς τὴν Καμάριναν, ἠνάγκασε καὶ τοὺς ἐκεῖ μετὰ τέκνων καὶ γυναικῶν εἰς Συρακούσας ἀπιέναι. τοῦ φόβου δ' οὐδεμίαν ἀναβολὴν διδόντος τινὲς μὲν ἀργύριον καὶ χρυσίον καὶ τὰ ῥᾳδίως φέρεσθαι δυνάμενα συνεσκευάζοντο, τινὲς δὲ γονεῖς καὶ τέκνα τὰ νήπια λαβόντες ἔφευγον, οὐδεμίαν ἐπιστροφὴν χρημάτων ποιούμενοι· ἔνιοι δὲ γεγηρακότες ἢ νόσῳ βαρυνόμενοι δι' ἐρημίαν συγγενῶν ἢ φίλων ὑπελείποντο, προσδοκωμένων ὅσον οὔπω παρέσεσθαι τῶν Καρχηδονίων· [4] ἡ γὰρ περὶ Σελινοῦντα καὶ ῾Ιμέραν, ἔτι δὲ ᾿Ακράγαντα, γενομένη συμφορὰ τοὺς ἀνθρώπους ἐξέπληττε, πάντων καθάπερ ὑπὸ τὴν ὅρασιν λαμβανόντων τὴν τῶν Καρχηδονίων δεινότητα. οὐδεμία γὰρ ἦν παρ' αὐτοῖς φειδὼ τῶν ἁλισκομένων, ἀλλ' ἀσυμπαθῶς τῶν ἠτυχηκότων οὓς μὲν ἀνεσταύρουν, οἷς δ' ἀφορήτους ἐπῆγον ὕβρεις. [5] οὐ μὴν ἀλλὰ δυεῖν πόλεων ἐξοριζομένων ἔγεμεν ἡ χώρα γυναικῶν καὶ παίδων καὶ τῶν ἄλλων ὄχλων· ἃ θεωροῦντες οἱ στρατιῶται δι' ὀργῆς μὲν εἶχον τὸν Διονύσιον, ἠλέουν δὲ τὰς τῶν ἀκληρούντων τύχας· [6] ἑώρων γὰρ παῖδας ἐλευθέρους καὶ παρθένους ἐπιγάμους ἀναξίως τῆς ἡλικίας ὡς ἔτυχε κατὰ τὴν ὁδὸν ὡρμημένας, ἐπειδὴ τὴν σεμνότητα καὶ τὴν πρὸς τοὺς ἀλλοτρίους ἐντροπὴν ὁ καιρὸς ἀφῃρεῖτο. παραπλησίως δὲ καὶ τοῖς πρεσβυτέροις συνήλγουν, βλέποντες παρὰ φύσιν ἀναγκαζομένους ἅμα τοῖς ἀκμάζουσιν ἐπισπεύδειν.

et faisant assembler le conseil de guerre, on y délibéra sur la situation présente des choses. L'avis unanime fut que le lieu n'était pas favorable pour consulter sur ce qu'on avait à faire dans toute la suite de cette guerre. Ainsi l'on se contenta d'envoyer dès le soir même un héraut aux ennemis, pour leur demander la permission d'enlever leurs morts le lendemain. Aussitôt Denys, fit sortir de la ville toutes ses troupes, et lui-même partit à minuit en laissant là deux mille hommes légèrement armés. Il avait chargé ces derniers de tenir des feux allumés toute la nuit et de faire assez de bruit pour donner lieu aux ennemis de croire que lui-même était encore dans Géla. Mais dès la pointe du jour, ils en sortirent eux-mêmes et allèrent joindre Denys. Les Carthaginois bientôt instruits de cette manœuvre, se jetèrent bientôt dans la ville, où ils pillèrent toutes les maisons. En même temps Denys arrivant à Camarine, obligea tous les habitants, jusqu'aux enfants et jusqu'aux femmes à le suivre à Syracuse : et comme la crainte les avait saisis tous également, les uns emportaient avec eux leur or et leur argent et quelques autres hardes dont ils pouvaient se charger ; et les autres ne songeant qu'à sauver leurs femmes et leurs enfants, avaient abandonné tout le reste. Un grand nombre de vieillards et de malades fut laissé à la discrétion des Carthaginois, que chacun croyait déjà voir devant soi. L'exemple récent de Selinunte, d'Himère et d'Agrigente frappait tous les esprits et il leur semblait déjà qu'ils allaient essuyer toutes les cruautés des Carthaginois. En effet ces barbares n'avaient aucune compassion de leurs captifs, ils mettaient en croix les uns et accablaient les autres des outrages les plus sanglants. Les soldats mêmes de Denys voyant les femmes, les enfants et tout le peuple de Géla et de Camarine, errant ainsi misérablement dans la campagne, avaient compassion de leur sort. Ils étaient touchés de voir des enfants de famille et surtout des jeunes filles, en âge d'être mariées, conduites ou marchant au hasard dans les grands chemins ou à travers les champs, privées par la rigueur ou par la crainte d'un sort affreux, de la déférence qui leur était due ou de la bienséance, qu'elles devaient elles-mêmes à leur âge, à leur sexe et à leur condition. Ils n'avaient pas moins de compassion pour les vieillards, obligés malgré leur faiblesse et leurs infirmités de marcher du même pas que les jeunes gens.

CΧΙΙ. ἐφ' οἷς ἐξεκάετο τὸ κατὰ τοῦ Διονυσίου μῖσος· καὶ γὰρ ὑπελάμβανον αὐτὸν ἐκ συνθέσεως τοῦτο πεποιηκέναι πρὸς τὸ τῷ Καρχηδονίων φόβῳ τῶν ἄλλων πόλεων ἀσφαλῶς δυναστεύειν. [2] ἀνελογίζοντο γὰρ τὴν βραδυτῆτα τῆς βοηθείας, τὸ μηδένα πεπτωκέναι τῶν μισθοφόρων, τὸ μηδενὸς ἁδροῦ πταίσματος γεγενημένου φυγεῖν ἀλόγως, τὸ δὲ μέγιστον, τὸ μηδένα τῶν πολεμίων ἐπηκολουθηκέναι· ὥστε τοῖς πρότερον ἐπιθυμοῦσι καιρὸν λαβεῖν τῆς ἀποστάσεως καθάπερ θεῶν προνοίᾳ πάντα ὑπουργεῖν πρὸς τὴν κατάλυσιν τῆς δυναστείας. [3] οἱ μὲν οὖν ᾿Ιταλιῶται καταλιπόντες αὐτὸν ἐπ' οἴκου διὰ τῆς μεσογείου τὴν πορείαν ἐποιήσαντο, οἱ δὲ τῶν Συρακοσίων ἱππεῖς τὸ μὲν πρῶτον ἐπετήρουν, εἰ δύναιντο κατὰ τὴν ὁδὸν ἀνελεῖν τὸν τύραννον· ὡς δὲ ἑώρων οὐκ ἀπολείποντας αὐτὸν τοὺς μισθοφόρους, ὁμοθυμαδὸν ἀφίππευσαν εἰς τὰς Συρακούσας. [4] καταλαβόντες δὲ τοὺς ἐν τοῖς νεωρίοις ἀγνοοῦντας τὰ περὶ τὴν Γέλαν, εἰσῆλθον οὐδενὸς κωλύσαντος, καὶ τὴν μὲν οἰκίαν τοῦ Διονυσίου διήρπασαν γέμουσαν ἀργύρου τε καὶ χρυσοῦ καὶ τῆς ἄλλης πολυτελείας ἁπάσης, τὴν δὲ γυναῖκα συλλαβόντες οὕτω διέθεσαν κακῶς, ὥστε καὶ τὸν τύραννον βαρέως ἐνέχειν τὴν ὀργήν, νομίζοντες τὴν ταύτης τιμωρίαν μεγίστην εἶναι πίστιν τῆς πρὸς ἀλλήλους κοινωνίας κατὰ τὴν ἐπίθεσιν. [5] ὁ δὲ Διονύσιος κατὰ τὴν ὁδοιπορίαν τὸ γεγονὸς καταστοχαζόμενος, ἐπέλεξε τῶν ἱππέων καὶ τῶν πεζῶν τοὺς πιστοτάτους, μεθ' ὧν ἠπείγετο πρὸς τὴν πόλιν σπουδῆς οὐδὲν ἐλλείπων· ἐλογίζετο γὰρ οὐκ ἂν ἄλλως δυνατὸν ἐπικρατῆσαι τῶν ἱππέων, εἰ μὴ σπεύδοι· ὅπερ ἐποίησεν. εἰ γὰρ παραδοξότερον ἐκείνων ποιήσαιτο τὴν ἄφιξιν, ἤλπιζε ῥᾳδίως κρατήσειν τῆς ἐπιβολῆς· ὅπερ καὶ συνέπεσεν. [6] οἱ γὰρ ἱππεῖς οὔτ' ἂν ἔτ' ἀπελθεῖν οὔτε μεῖναι κατὰ τὸ στρατόπεδον τὸν Διονύσιον ὑπελάμβανον· διόπερ κεκρατηκέναι τῆς ἐπιβολῆς νομίσαντες, ἔφασαν αὐτὸν ἐκ μὲν Γέλας προσποιηθῆναι τοὺς Φοίνικας ἀποδιδράσκειν, νυνὶ δὲ ὡς ἀληθῶς ἀποδεδρακέναι τοὺς Συρακοσίους.

Ce spectacle les enflammait de colère et d'indignation contre leur chef, et ils soupçonnaient Denys d'avoir laissé venir tout exprès les choses à cette extrémité et de vouloir profiter de la terreur qu'imprimaient les Carthaginois, pour se rendre maître sans aucun effort de sa part, de toutes les villes de la Sicile. Ils remarquaient combien l'assistance qu'il avait fait semblant d'apporter aux habitants de Géla avait été faible et imparfaite, avec qu'elle attention il avait épargné ses soudoyés, et de quel léger désavantage il avait fait le prétexte d'une retraite prématurée. Ils faisaient même observer que les Carthaginois ne s'étaient point mis en peine de le poursuivre : indice de son intelligence avec eux. En un mot, ils donnaient à entendre, que les dieux semblaient avoir préparé à ceux qui songeaient depuis longtemps à secouer le joug de la tyrannie, le moment le plus favorable pour l'exécution de leur dessein. Les Italiens l'abandonnèrent les premiers en se retirant à travers les terres de la Sicile, dans leur patrie. La cavalerie de Syracuse chercha d'abord si elle ne pourrait point venir à bout d'égorger le tyran. Mais voyant que ses soudoyés ne s'écartaient jamais de sa personne, ils se hâtèrent d'arriver avant lui à Syracuse, où les sentinelles de la marine ne sachant point encore ce qui s'était passé à Géla, les reçurent sans aucune difficulté ; les cavaliers allèrent de ce pas à la maison de Denys, qui était pleine d'or et d'argent, et de beaucoup d'autres richesses, dont ils ne laissèrent rien. Mais de plus s'étant saisis de sa femme, ils lui firent de si sanglants outrages que Denys extraordinairement indigné, jugea que la vengeance qu'on avait prise sur elle était le signe d'une conspiration générale faite contre son gouvernement et contre lui. Denys était encore en chemin quand il apprit ces fâcheuses nouvelles ; aussitôt il choisit ce qu'il avait de plus fidèle entre ses gens de pied ou de cheval et se hâta d'arriver à Syracuse, persuadé qu'il ne viendrait à bout de son dessein que par une extrême diligence, et qu'il ne pourrait opprimer les cavaliers révoltés, qu'en tombant tout d'un coup sur eux. C'est ce qui arriva en effet. Ceux-ci pensaient bien que Denys ne demeurerait point dans un camp, mais ils ne s'imaginaient pas non plus qu'il put être si tôt à Syracuse. S'assurant ainsi du succès de leur entreprise, ils publièrent qu'il avait paru sortir de Géla par la crainte qu'il avait des Carthaginois, mais qu'au fond il craignait encore plus les habitants de Syracuse.

CΧΙΙΙ. Διονύσιος δὲ διανύσας σταδίους περὶ τετρακοσίους παρῆν περὶ μέσας νύκτας πρὸς τὴν πύλην τῆς ᾿Αχραδινῆς μεθ' ἱππέων ἑκατὸν καὶ πεζῶν ἑξακοσίων· ἣν καταλαβὼν κεκλεισμένην, προσέθηκεν αὐτῇ τὸν κατακεκομισμένον ἐκ τῶν ἑλῶν κάλαμον, ᾧ χρῆσθαι νομίζουσιν οἱ Συρακόσιοι πρὸς τὴν τῆς κονίας σύνδεσιν. ἐν ὅσῳ δὲ συνέβαινε τὰς πύλας κατακαίεσθαι, προσανελάμβανε τοὺς ἀφυστεροῦντας. [2] ἐπειδὴ δὲ τὸ πῦρ κατέφθειρε τὰς πύλας, οὗτος μὲν μετὰ τῶν ἠκολουθηκότων εἰσήλαυνε διὰ τῆς ᾿Αχραδινῆς, τῶν δ' ἱππέων οἱ δυνατώτατοι τὸ γεγονὸς ἀκούσαντες, τὸ μὲν πλῆθος οὐκ ἀνέμενον, εὐθὺς δ' ἐξεβοήθουν ὄντες ὀλίγοι παντελῶς - ἦσαν δὲ περὶ τὴν ἀγοράν - καὶ κυκλωθέντες ὑπὸ τῶν μισθοφόρων ἅπαντες κατηκοντίσθησαν. [3] ὁ δὲ Διονύσιος ἐπελθὼν τὴν πόλιν τούς τε σποράδην ἐκβοηθοῦντας ἀνεῖλε, καὶ τῶν ἀλλοτρίως διακειμένων ἐπῄει τὰς οἰκίας, ὧν τοὺς μὲν ἀπέκτεινε, τοὺς δ' ἐκ τῆς πόλεως ἐξέβαλε. τὸ δὲ λοιπὸν πλῆθος τῶν ἱππέων ἐκπεσὸν ἐκ τῆς πόλεως κατελάβετο τὴν νῦν καλουμένην Αἴτνην. [4] ἅμα δ' ἡμέρᾳ τὸ μὲν πλῆθος τῶν μισθοφόρων καὶ τὸ στράτευμα τῶν Σικελιωτῶν κατήντησεν εἰς τὰς Συρακούσας, Γελῷοι δὲ καὶ Καμαριναῖοι τῷ Διονυσίῳ διαφόρως ἔχοντες εἰς Λεοντίνους ἀπηλλάγησαν.

Cependant Denys ayant fait d'une seule traite plus de huit lieues, arriva à minuit devant la porte de l'Acradine avec cent cavaliers et six cents hommes de pied. La trouvant fermée, il fit apporter des marais voisins une quantité prodigieuse de ces roseaux, dont on se sert à Syracuse pour faire la chaux. Pendant que la porte brûlait ceux de ses gens qui étaient demeurés derrière les autres eurent le temps d'arriver : dès qu'elle eut été consumée, il entra de vive force avec tout son monde dans l'Acradine. À cette nouvelle, les plus vigoureux des cavaliers n'attendirent pas qu'ils fussent soutenus par la multitude, et en quelque petit nombre qu'ils se trouvassent, ils se mirent en devoir de repousser l'ennemi commun. Mais comme ils s'étaient rendus tous ensemble dans la place publique, les soudoyés du tyran les environnèrent et les percèrent tous de leurs lances. Aussitôt Denys conduisant ses exécuteurs dans les différentes rues de Syracuse, ils tuèrent indifféremment tous ceux qui venaient à leur rencontre. Il entra ensuite dans les maisons des citoyens qu'il savait lui être contraires ; il en fit égorger les uns, et fit mettre les autres hors de la ville. Il employait cependant la plus forte partie de sa cavalerie à assiéger cette forteresse placée hors des murailles, que nous appellons aujourd'hui l'Acradine. Au lever du soleil, le reste des soudoyés du tyran et tout le corps des Siciliens arriva Syracuse. Mais pour les habitants de Géla et de Camarine qui haïssaient Denys, ils s'étaient retirés chez les Leontins.

CXIV. ... διόπερ ὑπὸ τῶν πραγμάτων ἀναγκαζόμενος ᾿Ιμίλκας ἔπεμψεν εἰς Συρακούσας κήρυκα, παρακαλῶν τοὺς ἡττημένους διαλύσασθαι. ἀσμένως δ' ὑπακούσαντος τοῦ Διονυσίου τὴν εἰρήνην ἐπὶ τοῖσδε ἔθεντο· Καρχηδονίων εἶναι μετὰ τῶν ἐξ ἀρχῆς ἀποίκων ᾿Ελύμους καὶ Σικανούς· Σελινουντίους δὲ καὶ ᾿Ακραγαντίνους, ἔτι δ' ῾Ιμεραίους, πρὸς δὲ τούτοις Γελῴους καὶ Καμαριναίους οἰκεῖν μὲν ἐν ἀτειχίστοις ταῖς πόλεσι, φόρον δὲ τελεῖν τοῖς Καρχηδονίοις· Λεοντίνους δὲ καὶ Μεσσηνίους καὶ Σικελοὺς ἅπαντας αὐτονόμους εἶναι, καὶ Συρακοσίους μὲν ὑπὸ Διονύσιον τετάχθαι, τὰ δὲ αἰχμάλωτα καὶ τὰς ναῦς ἀποδοῦναι τοὺς ἔχοντας τοῖς ἀποβαλοῦσι. [2] τῶν συνθηκῶν δὲ γενομένων Καρχηδόνιοι μὲν εἰς Λιβύην ἐξέπλευσαν, πλεῖον ἢ τὸ ἥμισυ μέρος τῶν στρατιωτῶν ἀποβαλόντες ὑπὸ τῆς νόσου· οὐδὲν δ' ἧττον καὶ κατὰ Λιβύην διαμείναντος τοῦ λοιμοῦ, παμπληθεῖς αὐτῶν τε τῶν Καρχηδονίων, ἔτι δὲ τῶν συμμάχων διεφθάρησαν. [3] ἡμεῖς δὲ παραγενηθέντες ἐπὶ τὴν κατάλυσιν τῶν πολέμων, κατὰ μὲν τὴν ῾Ελλάδα τοῦ Πελοποννησιακοῦ, κατὰ δὲ τὴν Σικελίαν τοῦ Καρχηδονίοις πρὸς Διονύσιον πρώτου συστάντος, ἡγούμεθα δεῖν ἐπιτετελεσμένης τῆς προθέσεως τὰς ἑξῆς πράξεις εἰς τὴν ἐχομένην βίβλον καταχωρίσαι.

Alors Hamilcar qui crut que la paix convenait à la situation de ses affaires, envoya un héraut à Syracuse pour la proposer aux vaincus. Denys fut charmé de cette avance et l'on traita à ces conditions : savoir, qu'outre le pays qui appartenait déjà aux Carthaginois dans la Sicile, ils auraient encore à eux tout le territoire des Sicaniens, Selinonte, Agrigente et Himère ; qu'à l'égard de Géla et de Camarine, les habitants de l'une et de l'autre pouvaient habiter dans leurs villes, pourvu qu'elles fussent sans murailles et qu'elles payassent tribut aux Carthaginois. Que les citoyens de Leontium, de Messine et de toutes les autres villes de la Sicile se gouverneraient elles-mêmes, à l'exception de Syracuse, qui demeurerait sous la domination de Denys. Enfin, que l'on rendrait de part et d'autre les prisonniers et les navires. Ce traité ayant été signé, les Carthaginois s'en retournèrent chez eux, après avoir perdu plus de la moitié de leur armée par les maladies. Et la peste continuant dans l'Afrique après leur retour, emporta encore un très grand nombre, tant dans leurs propres soldats que de ceux de leurs alliés. Pour nous étant arrivés à la fin des deux guerres, l'une des Grecs dans le Péloponnèse et l'autre des Carthaginois dans la Sicile, nous avons rempli le sujet que nous nous étions proposé dans ce Livre et nous renvoyons les faits qui les suivirent au livre suivant.  

livre XIV

Olymp. 94. an 1. 404 ans avant l'ère chrétienne.

grands travaux

VΙΙ. κατὰ δὲ τὴν Σικελίαν Διονύσιος ὁ τῶν Σικελῶν τύραννος ἐπειδὴ πρὸς Καρχηδονίους εἰρήνην ἐποιήσατο, περὶ τὴν ἀσφάλειαν τῆς τυραννίδος διενοεῖτο μᾶλλον γίνεσθαι· ὑπελάμβανε γὰρ τοὺς Συρακοσίους ἀπολελυμένους τοῦ πολέμου σχολὴν ἕξειν εἰς τὸ τὴν ἐλευθερίαν ἀνακτήσασθαι. [2] θεωρῶν δὲ τῆς πόλεως τὴν Νῆσον ὀχυρωτάτην οὖσαν καὶ δυναμένην ῥᾳδίως φυλάττεσθαι, ταύτην μὲν διῳκοδόμησεν ἀπὸ τῆς ἄλλης πόλεως τείχει πολυτελεῖ, καὶ πύργους ὑψηλοὺς καὶ πυκνοὺς ἐνῳκοδόμησε, καὶ πρὸ αὐτῆς χρηματιστήρια καὶ στοὰς δυναμένας ὄχλων ἐπιδέχεσθαι πλῆθος. [3] ᾠκοδόμησε δ' ἐν αὐτῇ πολυτελῶς ὠχυρωμένην ἀκρόπολιν πρὸς τὰς αἰφνιδίους καταφυγάς, καὶ συμπεριέλαβε τῷ ταύτης τείχει τὰ πρὸς τῷ μικρῷ λιμένι τῷ Λακκίῳ καλουμένῳ νεώρια· ταῦτα δ' ἑξήκοντα τριήρεις χωροῦντα πύλην εἶχε κλειομένην, δι' ἧς κατὰ μίαν τῶν νεῶν εἰσπλεῖν συνέβαινεν. [4] τῆς δὲ χώρας τὴν μὲν ἀρίστην ἐξελόμενος ἐδωρήσατο τοῖς τε φίλοις καὶ τοῖς ἐφ' ἡγεμονίας τεταγμένοις, τὴν δ' ἄλλην ἐμέρισεν ἐπ' ἴσης ξένῳ τε καὶ πολίτῃ, συμπεριλαβὼν τῷ τῶν πολιτῶν ὀνόματι τοὺς ἠλευθερωμένους δούλους, οὓς ἐκάλει νεοπολίτας. [5] διέδωκε δὲ καὶ τὰς οἰκίας τοῖς ὄχλοις πλὴν τῶν ἐν τῇ Νήσῳ· ταύτας δὲ τοῖς φίλοις καὶ τοῖς μισθοφόροις ἐδωρήσατο. ἐπεὶ δὲ τὰ κατὰ τὴν τυραννίδα καλῶς ἐδόκει διῳκηκέναι, τὴν δύναμιν ἐξήγαγεν ἐπὶ τοὺς Σικελούς, πάντας μὲν σπεύδων τοὺς αὐτονόμους ὑφ' ἑαυτὸν ποιήσασθαι, μάλιστα δὲ τούτους διὰ τὸ συμμαχῆσαι πρότερον Καρχηδονίοις. [6] οὗτος μὲν οὖν ἐπὶ τὴν τῶν ῾Ερβησσίνων πόλιν στρατεύσας τὰ πρὸς τὴν πολιορκίαν παρεσκευάζετο. οἱ δὲ συστρατευόμενοι Συρακόσιοι κύριοι τῶν ὅπλων ὄντες συστάσεις ἐποιοῦντο καὶ κατηγόρουν ἀλλήλων, ὅτι τοῖς ἱππεῦσιν οὐ συνεπελάβοντο τῆς καταλύσεως τῆς τοῦ τυράννου. ὁ δὲ καθεσταμένος ὑπὸ τοῦ Διονυσίου τῶν στρατιωτῶν ἡγεμὼν τὸ μὲν πρῶτον ἠπείλησέ τινι τῶν παρρησιαζομένων, ἀντειπόντος δ' ἐκείνου θρασέως ἐπῆλθεν ὡς πατάξων. [7] ἐφ' ᾧ παροξυνθέντες οἱ στρατιῶται τὸν μὲν ἔπαρχον ὄνομα Δωρικὸν ἀπέκτειναν, τοὺς δὲ πολίτας βοῶντες ἐπὶ τὴν ἐλευθερίαν μετεπέμποντο τοὺς ἐκ τῆς Αἴτνης ἱππεῖς· οὗτοι γὰρ ἐν ἀρχῇ τῆς τυραννίδος ἐκπεπτωκότες ᾤκουν τοῦτο τὸ φρούριον.

À l'égard de la Sicile. Denys Tyran de Syracuse, après avoir fait la paix avec Carthage, ne songea plus qu'à affermir pour toujours sa nouvelle domination. Car il ne doutait pas que Syracuse délivrée d'une guerre étrangère, n'employât aussi son repos à chercher les moyens de recouvrer sa liberté. Voyant que cette partie de la ville qu'on appelait l'île était avantageusement placée et très aisée à fortifier, il la fit environner d'un grand mur, flanqué de distance en distance de tours très hautes et très fortes. Il garnit ce mur en dedans de casernes et de boutiques, entre des portes capables de recevoir de nombreuses troupes. Il fit élever dans l'intérieur de l'espace une puissante citadelle, où l'on put se retirer en cas d'un tumulte subit. Il trouva moyen d'enfermer dans son enceinte le bassin d'un petit port appelé le Lac. Ce port ne lassait pas de contenir soixante vaisseaux ; mais I'entrée du bassin n'en laissait passer qu'un à la fois. Au reste Denys distribua le meilleur territoire de Syracuse à ses amis et à ses soldats particuliers et il fit des parts égales de tout le reste tant aux étrangers qu'aux citoyens. Il comprit même dans cette dernière classe les esclaves affranchis, distingués seulement par le surnom de citoyens nouveaux. Il laissa les maisons de la ville au peuple, car pour celles de l'île il n'y voulut recevoir que ses amis et les soldats attachés à sa personne. Après avoir pris toutes ces mesures pour affermir sa tyrannie, il conduisit ses troupes contre les Siciliens naturels ou originaires, souhaitant de soumettre les peuples de l'île entière à fa domination, mais particulièrement ceux-ci, parce qu'ils avaient eu des liaisons avec les Carthaginois. Il s'avança donc vers la ville d'Herbesse et se disposa à l'assiéger. Alors les Syracusains se voyant armés, eurent entr'eux des conférences secrètes dans lesquelles ils se reprochaient les uns aux autres de ne s'être pas joints aux cavaliers qui songeaient à se défaire du tyran. Un des lieutenants de Denys, qui entendit quelqu'un de ces discours, commença par menacer un de ceux qui les tenaient ; et celui-ci lui ayant fait une réponse un peu fière, le lieutenant s'avança comme pour le frapper. Les autres soldats, irrités de cette entreprise, tuèrent d'abord cet officier qui se nommait Doricus et ensuite excitant à la liberté, par de grands cris, les citoyens de la ville même qu'ils venaient assiéger, ils envoyèrent chercher de la cavalerie dans la forteresse d'Ætna : car dès le commencement de la tyrannie quelques Syracusains s'étaient réfugiés là.

VΙΙΙ. Διονύσιος δὲ καταπλαγεὶς τὴν ἀπόστασιν τῶν Συρακοσίων, τὴν μὲν πολιορκίαν ἔλυσεν, εἰς δὲ τὰς Συρακούσας ἠπείγετο, σπεύδων καταλαβέσθαι τὴν πόλιν. οὗ φυγόντος οἱ τὴν ἀπόστασιν ποιησάμενοι στρατηγοὺς εἵλαντο τοὺς ἀποκτείναντας τὸν ἔπαρχον, καὶ παραλαβόντες τοὺς ἐξ Αἴτνης ἱππεῖς ἐν ταῖς καλουμέναις ᾿Επιπολαῖς ἀντεστρατοπέδευσαν τῷ τυράννῳ, καὶ διέκλεισαν αὐτὸν τῆς ἐπὶ τὴν χώραν ἐξόδου. [2] εὐθὺς δὲ πρός τε Μεσσηνίους καὶ ῾Ρηγίνους πρέσβεις ἀπέστειλαν, δεόμενοι κατὰ θάλατταν συναντιλαβέσθαι τῆς ἐλευθερίας· εἰώθεισαν γὰρ αἱ πόλεις αὗται κατ' ἐκεῖνον τὸν καιρὸν τριήρεις πληροῦν οὐκ ἐλάττους ὀγδοήκοντα. ἃς τότε τοῖς Συρακοσίοις αἱ πόλεις ἀπέστειλαν, σπεύδουσαι συνεπιλαβέσθαι τῆς ἐλευθερίας. [3] ἐπεκήρυξαν δὲ καὶ χρημάτων πλῆθος τοῖς ἀνελοῦσι τὸν τύραννον, καὶ τοῖς μεταβαλομένοις τῶν ξένων ἐπηγγείλαντο μεταδώσειν τῆς πολιτείας. κατεσκεύασαν δὲ καὶ μηχανήματα, δι' ὧν τὰ τείχη σαλεύοντες ἐξελοῦσι, καὶ προσέβαλλον καθ' ἡμέραν τῇ Νήσῳ, καὶ τοὺς μεταβαλλομένους τῶν ξένων φιλανθρώπως ἀπεδέχοντο. [4] Διονύσιος δὲ τῆς εἰς τὴν χώραν ἐξόδου διακεκλεισμένος καὶ ὑπὸ τῶν μισθοφόρων ἐγκαταλειπόμενος, συνήγαγε τοὺς φίλους βουλευσόμενος περὶ τῶν ἐνεστώτων· οὕτω γὰρ τελέως ἀπήλπιστο τὰ τῆς δυναστείας, ὥστε οὐ ζητεῖν αὐτόν, πῶς καταπολεμήσῃ τοὺς Συρακοσίους, ἀλλὰ ποῖον ὑπομείνας θάνατον μὴ παντελῶς ἄδοξον ποιήσῃ τὴν κατάλυσιν τῆς ἀρχῆς. [5] ῞Ελωρις μὲν οὖν, εἷς τῶν φίλων, ὡς δ' ἔνιοί φασιν, ὁ ποιητὸς πατήρ, εἶπεν αὐτῷ, διότι καλὸν ἐντάφιόν ἐστιν ἡ τυραννίς· Πολύξενος δὲ ὁ κηδεστὴς ἀπεφήνατο δεῖν λαβόντα τὸν ὀξύτατον ἵππον εἰς τὴν τῶν Καρχηδονίων ἐπικράτειαν ἀφιππεῦσαι πρὸς τοὺς Καμπανούς· τούτους γὰρ ᾿Ιμίλκων ἀπελελοίπει φυλακῆς ἕνεκα τῶν κατὰ Σικελίαν τόπων· Φίλιστος δ' ὁ μετὰ ταῦτα τὰς ἱστορίας συνταξάμενος, ἀντειπὼν τῷ Πολυξένῳ, προσήκειν ἔφησεν οὐκ ἐφ' ἵππου θέοντος ἐκπηδᾶν ἐκ τῆς τυραννίδος, ἀλλὰ τοῦ σκέλους ἑλκόμενον ἐκπίπτειν. [6] ᾧ προσσχὼν ὁ Διονύσιος ἔκρινε πᾶν ὑπομεῖναι πρότερον ἢ τὴν δυναστείαν ἐκλιπεῖν ἑκουσίως. διόπερ ἀποστείλας πρέσβεις πρὸς τοὺς ἀφεστηκότας, τούτους μὲν παρεκάλει δοῦναι τὴν ἐξουσίαν αὐτῷ μετὰ τῶν ἰδίων ἀπελθεῖν ἐκ τῆς πόλεως, πρὸς δὲ τοὺς Καμπανοὺς λάθρᾳ διαπεμψάμενος ὡμολόγησεν αὐτοῖς δώσειν χρήματα ὅσα ἂν αἰτήσωσιν εἰς τὴν πολιορκίαν.

 Denys effrayé de cette révolte abandonna le siège d'Herbesse et revint incessamment à Syracuse dans le dessein de contenir cette capitale. Après sa retraite les auteurs de la conspiration se donnèrent pour chefs tous ceux qui avaient eu part à la mort du lieutenant : après quoi se joignant aux cavaliers arrivés d'Ætna, ils vinrent assiéger le tyran dans l'Epipole dont ils lui fermèrent toute sortie. Ils envoyèrent ensuite des députés aux citoyens de Messine et de Rhege, pour les prier de leur aider par mer à recouvrer la liberté. Ces deux villes alors n'avaient pas moins de quatre-vingts vaisseaux de guerre qu'elles prêtèrent à Syracuse pour avoir part à sa délivrance. Elles mirent même la tête du tyran au prix d'une somme marquée et considérable, et assurèrent de plus le droit de bourgeoisie chez elles, aux étrangers qui viendraient à bout de cette entreprise. On dressait cependant des machines pour battre la forteresse, on environnait exactement toute l’île et l'on recevait agréablement tous les étrangers qui se présentaient au service des assiégeants. Denys gui, abandonné d'une grande partie de ses soldats mercenaires, se voyait enfermé de toutes parts, assembla alors ses amis pour les consulter sur sa situation présente. Il avait tellement renoncé à toute espérance de conserver son autorité, qu'il ne songeait plus aux moyens de se défendre contre les Syracusains et qu'il ne voulait délibérer avec son conseil que sur le choix de la mort la plus honnête qui put terminer sa domination. Eloris l'un de ses amis, ou, comme le rapportent quelques-uns, le poète son père lui dit que le nom de souverain était la plus belle épitaphe qu'il put avoir; Polyxène son beau-frère lui conseilla de monter à cheval et d'aller à toute bride solliciter le secours des Campaniens, qu'Imilcar général des Carthaginois avait laissés à la garde des places qu'il avait conservées en Sicile. Mais Philistus, qui a depuis écrit l'histoire de cette île s'opposant à Philoxène, dit qu'au lieu de sortir à cheval d'un lieu où l'on avait été le maître, il ne s'en fallait laisser tirer que par les pieds. Denys se rendant à cet avis , résolut de s'exposer plutôt à tout que d'abandonner volontairement l'autorité souveraine. Dans ce dessein il envoya des députés aux rebelles, par lesquels il leur demandait la permission de sortir de Syracuse avec sa famille; et en même temps il dépêcha secrètement un courrier aux Campaniens, par lequel il leur promettait tout l'argent qu'ils voudraient pour venir à son secours.

ΙΧ. τούτων δὲ πραχθέντων οἱ μὲν Συρακόσιοι τὴν ἐξουσίαν δόντες τῷ τυράννῳ μετὰ πέντε νεῶν ἀποπλεῖν, ῥᾳθυμότεροι καθειστήκεσαν, καὶ τοὺς μὲν ἱππεῖς ἀπέλυσαν οὐδὲν χρησίμους ὄντας πρὸς τὴν πολιορκίαν, τῶν δὲ πεζῶν οἱ πλεῖστοι κατὰ τὴν χώραν ἐξῄεσαν ὡς ἤδη καταλελυμένης τῆς τυραννίδος. [2] οἱ δὲ Καμπανοὶ ταῖς ἐπαγγελίαις μετεωρισθέντες τὸ μὲν πρῶτον ἐπ' ᾿Αγύριον παρεγενήθησαν· ἐκεῖ δὲ τὴν ἀποσκευὴν ῎Αγυρι παραθέμενοι τῷ δυναστεύοντι τῆς πόλεως ἐξώρμησαν ἐπὶ Συρακούσας εὔζωνοι, τὸν ἀριθμὸν ὄντες ἱππεῖς χίλιοι διακόσιοι. [3] ταχὺ δὲ διανύσαντες τὴν ὁδὸν ἀπροσδοκήτως ἐπεφάνησαν τοῖς Συρακοσίοις, καὶ πολλοὺς αὐτῶν ἀνελόντες εἰσεβιάσαντο πρὸς τὸν Διονύσιον. κατέπλευσαν δὲ καὶ τριακόσιοι μισθοφόροι τῷ τυράννῳ κατὰ τὸν αὐτὸν καιρόν, ὥστε αὐτὸν ἀνακῦψαι ταῖς ἐλπίσιν. [4] οἱ δὲ Συρακόσιοι πάλιν τῆς δυναστείας ἰσχυροποιουμένης ἐστασίασαν πρὸς ἀλλήλους, τῶν μὲν ἀποφαινομένων μένειν καὶ πολιορκεῖν, τῶν δὲ λύειν τὸ στρατόπεδον καὶ τὴν πόλιν ἐκλιπεῖν. [5] ἃ δὴ συνιδὼν ὁ Διονύσιος ἐξήγαγεν ἐπ' αὐτοὺς τὴν δύναμιν, καὶ τεταραγμένοις ἐπιπεσὼν ῥᾳδίως ἐτρέψατο περὶ τὴν Νέαν πόλιν καλουμένην. ἀνῃρέθησαν μὲν οὖν οὐ πολλοί· παριππεύων γὰρ ὁ Διονύσιος ἐκώλυσε φονεύειν τοὺς φεύγοντας· οἱ δὲ Συρακόσιοι παραχρῆμα μὲν κατὰ τὴν χώραν ἐσκεδάσθησαν, μετ' ὀλίγον δὲ πρὸς τοὺς ἱππεῖς εἰς Αἴτνην ἠθροίσθησαν ὑπὲρ τοὺς ἑπτακισχιλίους. [6] Διονύσιος δὲ τοὺς πεσόντας τῶν Συρακοσίων θάψας ἀπέστειλε πρέσβεις εἰς Αἴτνην, ἀξιῶν τοὺς φυγάδας διαλύεσθαι καὶ τὴν πατρίδα κατοικεῖν, διδοὺς πίστιν μὴ μνησικακήσειν αὐτοῖς. [7] τινὲς μὲν οὖν τέκνα καὶ γυναῖκας ἀπολελοιπότες ἠναγκάσθησαν πεισθῆναι τοῖς παρακαλουμένοις· οἱ δὲ λοιποί, προφερομένων τῶν πρεσβευτῶν τὴν τοῦ Διονυσίου περὶ τὴν ταφὴν τῶν πεσόντων εὐεργεσίαν, ἔφασαν αὐτὸν ἄξιον εἶναι τυχεῖν τῆς ὁμοίας χάριτος, καὶ τοῖς θεοῖς ηὔχοντο τὴν ταχίστην αὐτὸν ἐπιδεῖν ταύτης τυγχάνοντα. [8] οὗτοι μὲν οὖν οὐδενὶ τρόπῳ βουληθέντες πιστεῦσαι τῷ τυράννῳ κατέμειναν ἐν Αἴτνῃ, καιρὸν ἐπιτηροῦντες κατ' αὐτοῦ· Διονύσιος δὲ τοῖς μὲν κατελθοῦσι φυγάσι φιλανθρώπως ἐχρήσατο, βουλόμενος καὶ τοὺς ἄλλους προτρέψασθαι κατελθεῖν εἰς τὴν πατρίδα, τοὺς δὲ Καμπανοὺς ταῖς καθηκούσαις δωρεαῖς τιμήσας ἐξαπέστειλεν ἐκ τῆς πόλεως, ὑφορώμενος αὐτῶν τὴν ἀβεβαιότητα. [9] οἳ πορευθέντες εἰς ῎Εντελλαν, καὶ πείσαντες τοὺς ἐν τῇ πόλει λαβεῖν ἑαυτοὺς συνοίκους, νυκτὸς ἐπιθέμενοι τοὺς μὲν ἡβῶντας ἀπέσφαξαν, τὰς δὲ γυναῖκας τῶν παρασπονδηθέντων γήμαντες κατέσχον τὴν πόλιν.

Les citoyens accordèrent d'abord à Denys la permission de se retirer avec cinq vaisseaux : et regardant la domination du tyran comme finie, ils se relâchèrent dans les travaux du siège. L'on retrancha même une partie des assiégeants et la plupart de ceux qui composaient l'infanterie retournèrent dans leurs villages Cependant les Campaniens gagnés par les grandes promesses qu'on leur avait faites de la part de Denys se mettent en marche et arrivent à Agyre. Ayant laissé-là leur bagage entre les mains d'Agyris gouverneur et maître de la ville, ils se rendent en toute diligence à Syracuse au nombre de douze cents cavaliers; s'étant présentés tout d'un coup aux Syracusains surpris, ils en tuent un grand nombre, et entrant dans la citadelle, ils parviennent jusqu'à Denys. Il lui arriva en même temps par mer trois cents hommes qui s'offrirent de se mettre à sa solde. Là-dessus ses espérances se ranimèrent et les Syracusains se voyant replongés dans la servitude prirent querelle entr'eux. Les uns voulaient que l'on continuât le siège et les autres soutenaient qu'il fallait le lever absolument et licencier leurs troupes. Denys qui s'aperçut de cette dissension et de ce désordre en profita pour tomber sur eux et les pouffa tous sans beaucoup de peine jusque dans le quartier qu'on appelait la Ville-neuve. Il ne périt pourtant pas en cette occasion beaucoup de monde parce que Denys courant à cheval de tous côtés, empêchait que l'on ne tuât les fuyards. Ainsi les Syracusains se répandirent d'abord dans la campagne, et bientôt après se réunirent en assez grand nombre pour former un corps de sept mille cavaliers. Cependant Denys eut soin de faire ensevelir tous les morts et il envoya des députés à Etna pour inviter les citoyens réfugiés là de renoncer à leur haine et de revenir dans leur patrie ; ajoutant à cette invitation une promesse inviolable d'oublier tout. Plusieurs de ceux qui avaient laissé leurs femmes et leurs enfants à Syracuse, furent en quelque sorte obligés de se fier à cette promesse : mais les autres sur le récit que les députés leur faisaient de l'attention que Denys avait eue de faire ensevelir les morts , répondaient qu'il était juste de lui tenir compte de cette bonne action et qu'ils priaient les dieux de les mettre bientôt en état de lui rendre le même devoir. En un mot, ces derniers s'obstinèrent à demeurer dans leur forteresse, d'où ils attendaient même le temps et l'occasion de surprendre le tyran. Cependant Denys faisait toute sorte d'amitiés aux fugitifs revenus, afin de ramener tous les autres par l'exemple qu'il dormait à l'égard de ces premiers. Pour les Campaniens, comme il connaissait parfaitement leur inconstance et le peu de foi qu'il fallait prêter à leurs serments, il se contenta de leur faire des présents convenables et les renvoya. Ils se retirèrent à Entelle, où ayant persuadé aux habitants de les recevoir au nombre de leurs concitoyens, ils égorgèrent dans une nuit dont ils étaient convenus entr'eux, tous les jeunes mariés, après quoi ils épousèrent leurs femmes de force et se rendirent maîtres de la ville.

Olymp. 94. an 2. 403 ans avant l'ère chrétienne.

ΧΙV. Διονύσιος δ' ὁ τῶν Συρακοσίων τύραννος ἐπειδὴ τὴν πρὸς Καρχηδονίους εἰρήνην ἐποιήσατο, τῶν δὲ κατὰ τὴν πόλιν στάσεων ἀπήλλακτο, τὰς ὁμόρους τῶν Χαλκιδέων πόλεις ἔσπευδε προσαγαγέσθαι· [2] αὗται δ' ἦσαν Νάξος, Κατάνη, Λεοντῖνοι. τούτων δ' ἐπεθύμει κυριεῦσαι διὰ τὸ συνορίζειν αὐτὰς τῇ Συρακούσῃ καὶ πολλὰς ἀφορμὰς ἔχειν πρὸς τὴν αὔξησιν τῆς δυναστείας. πρῶτον μὲν οὖν τῇ Αἴτνῃ προσστρατοπεδεύσας παρέλαβε τὸ φρούριον, τῶν φυγάδων οὐκ ὄντων ἀξιομάχων πρὸς τηλικαύτην δύναμιν· [3] μετὰ δὲ ταῦτα ἐπὶ Λεοντίνους ἀναζεύξας ἐγγὺς τῆς πόλεως κατεστρατοπέδευσε παρὰ τὸν Τηρίαν ποταμόν. καὶ τὸ μὲν πρῶτον ἐκτάξας τὴν δύναμιν ἐξαπέστειλε κήρυκα πρὸς τοὺς Λεοντίνους, κελεύων παραδοῦναι τὴν πόλιν καὶ νομίζων τῷ φόβῳ καταπλῆξαι τοὺς ἔνδον· [4] οὐ προσεχόντων δὲ τῶν Λεοντίνων, ἀλλὰ πάντα παρεσκευασμένων τὰ πρὸς τὴν πολιορκίαν, Διονύσιος οὐκ ἔχων μηχανήματα τὴν μὲν πολιορκίαν κατὰ τὸ παρὸν ἀπέγνω, τὴν δὲ χώραν ἅπασαν ἐλεηλάτησεν. [5] ἐκεῖθεν δ' ἀνέζευξεν ἐπὶ τοὺς Σικελούς, προσποιούμενος τὸν πρὸς τούτους πόλεμον ἐπαναιρεῖσθαι πρὸς τὸ τοὺς Καταναίους καὶ Ναξίους ῥᾳθυμοτέρους γενέσθαι περὶ τὴν τῆς πόλεως φυλακήν. [6] διατρίβων δὲ περὶ τὴν ῎Ενναν ᾿Αείμηνστον τὸν ᾿Ενναῖον ἔπεισεν ἐπιθέσθαι τυραννίδι, συνεπιλήψεσθαι τῆς προθέσεως ἐπαγγελλόμενος. [7] κρατήσαντος δ' ἐκείνου τῆς ἐπιβολῆς, καὶ τὸν Διονύσιον οὐκ εἰσαγαγόντος εἰς τὴν πόλιν, διοργισθεὶς μετεβάλετο καὶ τοὺς ᾿Ενναίους παρεκάλει καταλύειν τὸν τύραννον. ὧν συνδραμόντων εἰς τὴν ἀγορὰν μετὰ τῶν ὅπλων καὶ τῆς ἐλευθερίας ἀντιποιουμένων, πλήρης ἦν ἡ πόλις ταραχῆς. [8] Διονύσιος δὲ πυθόμενος τὴν στάσιν, ἀνέλαβε τοὺς ψιλοὺς καὶ ταχέως διά τινος ἐρήμου τόπου παρεισέπεσεν εἰς τὴν πόλιν, καὶ τὸν μὲν ᾿Αείμνηστον συλλαβὼν παρέδωκε τοῖς ᾿Ενναίοις πρὸς τὴν τιμωρίαν, αὐτοὺς δ' οὐδὲν ἀδικήσας ἀπῆλθεν ἐκ τῆς πόλεως. τοῦτο δ' ἔπραξεν οὐχ οὕτως τοῦ δικαίου φροντίζων, ὡς βουλόμενος προτρέψασθαι τὰς ἄλλας πόλεις αὐτῷ πιστεύειν.

DENYS Tyran de Syracuse , après avoir fait la paix avec les Carthaginois et apaisé les révoltes du peuple contre lui, travailla à joindre à sa domination quelques villes des environs du mont Chalcidique dans la Sicile : ces villes étaient Naxus, Catane et Leontium. Il avait songé à les acquérir parce qu'elles n'étaient pas éloignées de Syracuse et qu'elles étaient utiles à l'affermissement de sa puissance. Il commença donc par la petite ville d'Etna, dont il prit aisément la citadelle, d'autant que les fugitifs qui s'y étaient retirés n'étaient pas en état de la défendre contre lui. De là il marcha vers Leontium et campa auprès de la ville, le long du fleuve Tyria. Après avoir fait montre de son armée aux citoyens qu'il crut avoir épouvantés, il leur envoya un héraut pour les sommer de se rendre. Ils ne furent pas de cet avis et se disposèrent au contraire à soutenir le siège. Sur leur réponse Denys qui ne se voyait point de machines suspendit pour lors son dessein et se contenta de piller toute la campagne des environs : après quoi il fit semblant d'aller porter la guerre aux Siciliens naturels, dans la vue de rendre par cette feinte les habitants de Naxus et de Catane moins vigilants sur leur défense. S'arrêtant à Enna il mit dans l'esprit d'Aemnestus, citoyen de cette ville, la pensée de s'en rendre le maître, en lui promettant de le soutenir dans son usurpation. Celui-ci en vint à bout, mais comme il tint le portes fermées à Denys , ce dernier changea aussitôt de parti et conseilla aux Ennéens de se défaire de leur tyran. Ils s'assemblèrent, en effet, tous en armes dans la place publique et criant à la liberté, ils excitèrent un tumulte général parmi eux. Denys qui en fut instruit prit avec lui les plus braves et les plus fidèles des siens : passant par un endroit qui n'était point gardé, il se trouva tout d'un coup au dedans des murailles. Là faisant prendre Aemnestus, il le livra lui-même aux Ennéens pour le punir de mort et sortit aussitôt de la ville sans y avoir fait aucun acte d'hostilité, modération qui ne venait pas tant d'un principe de justice, que de l'envie qu'il avait d'attirer les autres Villes à son parti.

ΧV. ἐκεῖθεν δ' ἀναζεύξας τὴν τῶν ῾Ερβιταίων πόλιν πορθεῖν ἐπεχείρησεν· οὐδὲν δὲ πράσσων πρὸς μὲν τούτους εἰρήνην ἐποιήσατο, τὴν δὲ δύναμιν ἤγαγεν ἐπὶ Κατάνην· ᾿Αρκεσίλαος γὰρ στρατηγὸς ὢν τῶν Καταναίων ἐπηγγέλλετο αὐτῷ προδώσειν τὴν πόλιν. διόπερ ὑπὸ τούτου περὶ μέσας νύκτας παρεισαχθεὶς κύριος τῆς Κατάνης ἐγένετο. ἀφελόμενος δὲ τῶν πολιτῶν τὰ ὅπλα, φρουρὰν ἐν αὐτῇ κατέστησεν ἱκανήν. [2] μετὰ δὲ ταῦτα Προκλῆς ὁ τῶν Ναξίων ἀφηγούμενος ἐπαγγελιῶν μεγέθει πεισθεὶς παρέδωκε τὴν πατρίδα τῷ Διονυσίῳ· ὃς τὰς δωρεὰς ἀποδοὺς τῷ προδιδόντι καὶ τοὺς συγγενεῖς αὐτῷ χαρισάμενος τὴν πόλιν ἐξηνδραποδίσατο, καὶ τὰς μὲν κτήσεις ἐφῆκε τοῖς στρατιώταις διαρπάσαι, τὰ δὲ τείχη καὶ τὰς οἰκίας κατέσκαψεν. [3] παραπλησίως δὲ καὶ τοῖς Καταναίοις χρησάμενος ἐλαφυροπώλησε τοὺς αἰχμαλώτους ἐν Συρακούσαις. τὴν μὲν οὖν τῶν Ναξίων χώραν Σικελοῖς τοῖς ὁμοροῦσιν ἐδωρήσατο, τοῖς δὲ Καμπανοῖς τὴν πόλιν τῶν Καταναίων οἰκητήριον ἔδωκεν. [4] μετὰ δὲ ταῦτα ἐπὶ Λεοντίνους στρατεύσας ἁπάσῃ τῇ δυνάμει τὴν πόλιν περιεστρατοπέδευσε, καὶ πρὸς τοὺς ἔνδον διαπρεσβευσάμενος ἐκέλευσεν αὐτοὺς παραδιδόναι τὴν πόλιν καὶ μετέχειν τῆς ἐν Συρακούσαις πολιτείας. οἱ δὲ Λεοντῖνοι, βοήθειαν μὲν οὐδεμίαν ἕξειν προσδοκῶντες, τὰς δὲ Ναξίων καὶ Καταναίων συμφορὰς ἀναλογιζόμενοι, κατεπλήττοντο, φοβούμενοι μὴ τοῖς αὐτοῖς περιπέσωσι δυστυχήμασιν. διόπερ εἴξαντες τῷ καιρῷ συνεχώρησαν, καὶ τὴν πόλιν ἐκλιπόντες εἰς Συρακούσας μετῴκησαν.

En effet il décampa aussitôt dans le dessein d'aller piller Erbite : mais ne pouvant en venir à bout il fit un traité de paix avec les habitants et ramena toutes ses forces à Catane. Arcésilas général des Catanois s'était engagé à lui livrer cette ville dans laquelle il fit entrer le tyran en pleine nuit, et l'en rendit maître ; Denys dépouillant tous les citoyens de leurs armes, y établit une garnison convenable. Proclés chef de la milice de Naxus gagné de même par ses promesses, lui remit aussi sa patrie. Le tyran s'acquitta envers lui de tout le prix dont il était convenu ; et de plus il excepta sa famille et ses pareils de l'esclavage où il réduisit tous les autres citoyens. Il abandonna ensuite leurs richesses au pillage de ses soldats ; après quoi il fit raser les maisons et les murailles. Il traita de même les Catanois et après les avoir pillés, il les envoya vendre à Syracuse. Le territoire de Naxus fut accordé aux Siciliens les plus voisins et l'on donna aux Campaniens la ville de Catane pour habitation. Denys passant delà chez les Léontins, environna d'abord leurs murailles de toutes ses troupes et leur envoya ensuite un héraut pour les sommer de lui remettre leur ville et d'aller habiter sa capitale. Les Léontins, qui n'avaient aucun secours à espérer et qui frappés de l'infortune où venaient de tomber ceux de Naxus et de Catane, craignaient d'éprouver les mêmes rigueurs, cédèrent au temps et abandonnant leur ville se transportèrent à Syracuse.

ΧVΙ. ᾿Αρχωνίδης δ' ὁ τῆς ῾Ερβίτης ἐπιστάτης, ἐπειδὴ πρὸς Διονύσιον εἰρήνην ὁ δῆμος ὁ τῶν ῾Ερβιταίων συνέθετο, διενοεῖτο κτίσαι πόλιν. εἶχε γὰρ μισθοφόρους τε πλείους καὶ σύμμικτον ὄχλον, ὃς τῷ πρὸς Διονύσιον πολέμῳ συνέδραμεν εἰς τὴν πόλιν· πολλοὶ δὲ καὶ τῶν ἀπόρων ῾Ερβιταίων ἐπηγγέλλοντο αὐτῷ κοινωνήσειν τῆς ἀποικίας. [2] ἀναλαβὼν οὖν τὸ συνδραμὸν πλῆθος κατελάβετό τινα τῶν λόφων ὀκτὼ σταδίους ἀπέχοντα τῆς θαλάττης, ἐν ᾧ πόλιν ἔκτισεν ῞Αλαισαν· οὐσῶν δὲ καὶ ἄλλων πόλεων κατὰ τὴν Σικελίαν ὁμωνύμων, ᾿Αρχωνίδιον αὐτὴν προσηγόρευσεν ἀφ' ἑαυτοῦ. [3] ἐν δὲ τοῖς ὕστερον χρόνοις τῆς πόλεως πολλὴν ἐπίδοσιν λαμβανούσης διά τε τὰς ἀπὸ τῆς θαλάττης ἐργασίας καὶ διὰ τὴν ὑπὸ ῾Ρωμαίων δοθεῖσαν ἀτέλειαν, οἱ ῾Αλαισῖνοι τὴν τῶν ῾Ερβιταίων συγγένειαν ἀπηρνήσαντο, αἰσχρὸν ἡγούμενοι καταδεεστέρας πόλεως ἑαυτοὺς ἀποίκους νομίζεσθαι. [4] οὐ μὴν ἀλλὰ μέχρι νῦν παρ' ἀμφοτέραις συγγένειαί τε πλείονες διαμένουσι καὶ τὰς κατὰ τὸ ᾿Απολλώνιον θυσίας τοῖς αὐτοῖς ἔθεσι διοικοῦσιν. τινὲς δέ φασιν ὑπὸ Καρχηδονίων ἐκτίσθαι τὴν ῞Αλαισαν, καθ' ὃν καιρὸν ᾿Ιμίλκων τὴν πρὸς τὸν Διονύσιον εἰρήνην ἐποιήσατο.
[5] κατὰ δὲ τὴν ᾿Ιταλίαν ῾Ρωμαίοις πρὸς Βηίους πόλεμος συνέστη διὰ τοιαύτας αἰτίας. τότε πρώτως ἐπεψηφίσαντο ῾Ρωμαῖοι τοῖς στρατιώταις καθ' ἕκαστον ἐνιαυτὸν εἰς ἐφόδια διδόναι χρήματα. ἐξεπολιόρκησαν δὲ καὶ τὴν Οὐόλσκων πόλιν, ἣ τότε μὲν ῎Ανξωρ ἐκαλεῖτο, νῦν δ' ὀνομάζεται Ταρρακίνη.

Archanidès chef des Erbitenses, d'abord après la paix conclue entr'eux et Denys, songea à fonder lui-même une autre ville ; car il avait à ses gages beaucoup de soldats ramassés de côté et d'autre, que la crainte qu'inspirait Denys avait fait réfugier dans Erbite. Plusieurs même des citoyens lui avaient promis de le suivre dans sa nouvelle habitation. Ainsi prenant avec lui cette multitude de gens de bonne volonté, il choisit un lieu élevé à huit stades de distance de la mer, sur lequel il bâtit la ville d'Alese ; mais comme ce nom était commun à plusieurs autres villes de la Sicile, il surnomma celle-ci Archonidion de son nom même. Dans la suite des temps cette ville tira de grands avantages du commerce que le voisinage de la mer lui facilitait et surtout de l'immunité que les Romains lui accordèrent; de sorte qu'elle désavoua son origine et tint à déshonneur de n'être qu'un démembrement d'une ville très inférieure à elle. Cependant il s'est fait jusqu'aujourd'hui beaucoup d'alliances entre les familles de ces deux villes et elles observent les mêmes cérémonies. dans le temple d'Apollon. Quelques-uns disent pourtant que ce sont les Carthaginois qui bâtirent Alese dans le temps de la paix qui fut conclue entre Hamilcar et Denys. En Italie, les Romains. Portèrent la guerre aux Veïens à cette occasion... Ce fut aussi en ce même temps que l'on fit à Rome le décret de fournir tous les ans du trésor public la paye des soldats. Les Romains prirent aussi une ville des Volsques qui s'appelait alors Anxur et qui se nomme aujourd'hui Tarracine. 

Olymp. 94. an 3. 402 ans avant l'ère chrétienne.

ΧVΙΙΙ. κατὰ δὲ τὴν Σικελίαν Διονύσιος ὁ τῶν Σικελῶν τύραννος, ἐπειδὴ τὰ κατὰ τὴν δυναστείαν αὐτῷ προεχώρει κατὰ γνώμην, διενοεῖτο μὲν πρὸς Καρχηδονίους ἐκφέρειν πόλεμον· οὔπω δὲ ταῖς παρασκευαῖς ἱκανὸς ὢν τὴν μὲν προαίρεσιν ταύτην ἔκρυπτε, πρὸς δὲ τοὺς μέλλοντας κινδύνους τὰ χρήσιμα διῴκει. [2] εἰδὼς οὖν κατὰ τὸν ᾿Αττικὸν πόλεμον τὴν πόλιν ἐκ θαλάττης εἰς θάλατταν ἀποτετειχισμένην, εὐλαβεῖτο μήποτε παραπλησίοις ἐλαττώμασι περιπεσὼν ἀποκλεισθῇ τῆς εἰς τὴν χώραν ἐξόδου· εὐφυῶς γὰρ ἑώρα κειμένας τὰς καλουμένας ᾿Επιπολὰς κατὰ τῆς πόλεως τῶν Συρακοσίων. [3] διόπερ τοὺς ἀρχιτέκτονας παραλαβών, ἀπὸ τῆς τούτων γνώμης ἔκρινε δεῖν τειχίσαι τὰς ᾿Επιπολάς, ᾗ νῦν τὸ πρὸς τοῖς ῾Εξαπύλοις ὑπάρχει τεῖχος. [4] ὁ γὰρ τόπος οὗτος τετραμμένος ἐστὶ πρὸς ἄρκτον, ὑπόκρημνος δὲ πᾶς καὶ διὰ τὴν τραχύτητα δυσπρόσοδος ἐκ τῶν ἔξωθεν μερῶν. βουλόμενος οὖν ταχεῖαν τὴν κατασκευὴν τῶν τειχῶν γίνεσθαι, τὸν ἀπὸ τῆς χώρας ὄχλον ἤθροισεν, ἐξ οὗ τοὺς εὐθέτους ἄνδρας [ἐλευθέρους] ἐπιλέξας εἰς ἑξακισμυρίους ἐπιδιεῖλε τούτοις τὸν τειχιζόμενον τόπον. [5] καθ' ἕκαστον μὲν οὖν στάδιον ἀρχιτέκτονας ἐπέστησε, κατὰ δὲ πλέθρον ἐπέταξεν οἰκοδόμους, καὶ τοὺς τούτοις ὑπηρετήσοντας ἐκ τῶν ἰδιωτῶν εἰς ἕκαστον πλέθρον διακοσίους. χωρὶς δὲ τούτων ἕτεροι παμπληθεῖς τὸν ἀριθμὸν ἔτεμνον τὸν ἀνέργαστον λίθον· ἑξακισχίλια δὲ ζεύγη βοῶν ἐπὶ τὸν οἰκεῖον τόπον παρεκόμιζεν. [6] ἡ δὲ τῶν ἐργαζομένων πολυχειρία πολλὴν παρείχετο τοῖς θεωμένοις κατάπληξιν, ἁπάντων σπευδόντων τελέσαι τὸ τεταγμένον. ὁ γὰρ Διονύσιος τὴν προθυμίαν τοῦ πλήθους ἐκκαλούμενος μεγάλας προέθηκε δωρεὰς τοῖς προτερήσασι, δίχα μὲν τοῖς ἀρχιτέκτοσι, χωρὶς δὲ τοῖς οἰκοδόμοις καὶ πάλιν τοῖς ἐργαζομένοις· καὶ αὐτὸς δὲ μετὰ τῶν φίλων προσήδρευε τὰς ἡμέρας ὅλας τοῖς ἔργοις, ἐπὶ πάντα τόπον ἐπιφαινόμενος καὶ τοῖς κακοπαθοῦσιν αἰεὶ προσλαμβάνων. [7] καθόλου δ' ἀποθέμενος τὸ τῆς ἀρχῆς βάρος ἰδιώτην αὑτὸν ἀπεδείκνυε, καὶ τοῖς βαρυτάτοις τῶν ἔργων προσιστάμενος ὑπέμενε τὴν αὐτὴν τοῖς ἄλλοις κακοπάθειαν, ὥστε πολλὴ μὲν ἔρις ἐγίνετο καὶ τοῖς τῆς ἡμέρας ἔργοις ἔνιοι προσετίθεσαν καὶ μέρη τῶν νυκτῶν· τοσαύτη σπουδὴ τοῖς πλήθεσιν ἐνεπεπτώκει. [8] διόπερ ἀνελπίστως ἐν ἡμέραις εἴκοσι τέλος ἔσχε τὸ τεῖχος, τὸ μὲν μῆκος κατασκευασθὲν ἐπὶ σταδίους τριάκοντα, τὸ δὲ ὕψος σύμμετρον, ὥστε τῷ τοίχῳ τῆς ὀχυρότητος <προς>γενομένης ἀνάλωτον ἐκ βίας ὑπάρξαι· τοῖς γὰρ πύργοις διείληπτο πυκνοῖς καὶ ὑψηλοῖς, ἔκ τε λίθων ᾠκοδόμητο τετραπέδων φιλοτίμως συνειργασμένων.

EN Sicile, Denys se voyant suffisamment affermi dans sa domination songea à porter la guerre aux Carthaginois. Mais comme il n'avait pas fait encore tous ses préparatifs il cacha quelque temps son dessein et employa cet intervalle à prendre les mesures nécessaires pour assurer le succès d'une entreprise dont il prévoyait tout le danger. Ainsi se ressouvenant que dans la guerre encore récente des Athéniens contre Syracuse, ceux-ci avaient environné la ville d'une muraille qui l'enfermant par derrière n'y laissait d'accès libre que par l'étendue de son part, il craignit que le ennemis qu'il s'allait attirer, employant la même manoeuvre, ne lui fermassent toute sortie dans la campagne. Remarquant donc que l'Epipole était située très avantageusement pour dominer sur la ville de Syracuse, il jugea à propos d'après l'avis des plus habiles architectes, de construire une citadelle dans l'endroit où l'on voit aujourd'hui l'Exapyyle. Le terrain qui regarde le Nord est coupé presque perpendiculairement de sorte qu'il est difficile d'y monter par le dehors. Cependant, comme il voulait finir cet ouvrage en peu de temps, il assembla d'abord une grande multitude d'hommes de tout le pays, sur lesquels il en choisit soixante mille des mieux faits et de condition libre ; et leur distribua tout l'ouvrage qui était à faire. Il établit des entrepreneurs pour chaque stade d'étendue et pour chaque longueur d'arpent un maître qui avoir ses aides de sorte que chaque entrepreneur gouvernait deux cents hommes. Il y avait outre cela un grand nombre d'ouvriers qui n'étaient occupés qu'a tailler les pierres et six mille paires de boeufs pour les transporter aux lieux convenables. L'ordre qui régnait dans tout ce travail, aussi bien que l'attention et le zèle de tous ceux qui y avaient part, formait un spectacle surprenant et ils semblaient tous être aussi impatients que Denys même, de voir leur ouvrage achevé. En effet Denys avait proposé de grands prix, proportionnés d'ailleurs aux entrepreneurs, aux maîtres et aux manoeuvres pour ceux qui auraient fini les premiers l'ouvrage qui leur était propre. Lui-même accompagné de ses amis passait toute la journée au milieu des ouvriers à les voir agir et à faire relever par d'autres ceux qui en avaient assez fait. Comme s'il eut oublié son rang, il se mêlait parmi eux ; il présidait aux travaux les plus pénibles et semblait lui-même les partager. Il leur donnait par là une si grande émulation, que non contents des travaux du jour, quelques-uns y passaient encore une partie de la nuit. Aussi contre toute espérance, la muraille se trouva élevée et finie en vingt jours de temps à la longueur de trente stades. Sa hauteur était proportionnée de telle sorte à son épaisseur, que quelques troupes qu'on pût employer contre elle, il était impossible de l'abattre de force : car elle était soutenue d'espace en espace par des tours hautes, massives et construites de pierres de quatre pieds en tout sens et parfaitement liées les unes avec les autres. 

Olymp. 95. an 2. 399 ans avant l'ère chrétienne

Les habitants de Rhege ennemi du tyran de Syracuse excitent contre lui dans Messine une émotion qui s'apaise bientôt de forte que Denys revient à son ancien projet contre les Carthaginois. Il rétablit dans sa capitale une manufacture d'armes selon les usages de toutes les nations chez lesquelles il comptait de faire lever des soldats. Il fait construire des vaisseaux avec le même soin et il établit dans Syracuse pour ce dessein une manufacture aussi curieuse que celle qu'on a vue à l'égard des fortifications de l’Epipole, (art. 7). Pour s'attirer de plus la bienveillance des villes d'Italie, à la place de sa première femme qui avait péri dans la révolte de ses cavaliers, il demande une fille à ceux de Rhege qui refusent cette alliance et ensuite à ceux de Locres qui lui envoient une de leurs jeunes citoyennes. Il l'épouse conjointement avec une fille de Syracuse même. Les noces se célèbrent magnifiquement et avec de grandes générosités de sa part.

ΧL. ῾Ρηγῖνοι δὲ Χαλκιδέων ὄντες ἄποικοι τὴν αὔξησιν τοῦ Διονυσίου χαλεπῶς ἑώρων. Ναξίους μὲν γὰρ καὶ Καταναίους συγγενεῖς ὄντας ἐξηνδραποδίσατο, τοῖς δὲ ῾Ρηγίνοις, γένους τοῦ αὐτοῦ μετέχουσι τοῖς ἠτυχηκόσιν, οὐ τὴν τυχοῦσαν ἀγωνίαν παρεῖχε τὸ γεγονός, πάντων εὐλαβουμένων μὴ ταῖς αὐταῖς συμφοραῖς περιπέσωσιν. [2] ἔδοξεν οὖν αὐτοῖς, πρὶν τελείως ἰσχυρὸν γενέσθαι τὸν τύραννον, στρατεύειν ἐπ' αὐτὸν κατὰ τάχος. παραχρῆμα δὲ συνεβάλοντο πρὸς τὸν πόλεμον οὐκ ἐλάχιστα καὶ οἱ φυγαδευθέντες τῶν Συρακοσίων ὑπὸ Διονυσίου· τότε γὰρ οἱ πλεῖστοι διατρίβοντες ἐν ῾Ρηγίῳ διετέλουν περὶ τούτων διαλεγόμενοι, διδάσκοντες ὅτι συνεπιθήσονται τῷ καιρῷ πάντες οἱ Συρακόσιοι. [3] τέλος δὲ καταστήσαντες στρατηγούς, ἐξέπεμψαν μετ' αὐτῶν πεζοὺς μὲν ἑξακισχιλίους, ἱππεῖς δὲ ἑξακοσίους, τριήρεις δὲ πεντήκοντα. οὗτοι δὲ διαπλεύσαντες τὸν πορθμὸν ἔπεισαν τοὺς τῶν Μεσσηνίων στρατηγοὺς κοινωνῆσαι τοῦ πολέμου, φάσκοντες δεινὸν εἶναι περιιδεῖν ἀστυγείτονας ῾Ελληνίδας πόλεις ἄρδην ἀνῃρημένας ὑπὸ τοῦ τυράννου. [4] οἱ μὲν οὖν στρατηγοὶ πεισθέντες τοῖς ῾Ρηγίνοις ἄνευ τῆς τοῦ δήμου γνώμης ἐξήγαγον τοὺς στρατιώτας· ἦσαν δ' οὗτοι πεζοὶ μὲν τετρακισχίλιοι, ἱππεῖς δὲ τετρακόσιοι, τριήρεις δὲ τριάκοντα. ἐπεὶ δὲ προῆλθον αἱ προειρημέναι δυνάμεις πρὸς τοὺς ὅρους τῆς Μεσσήνης, ἐνέπεσεν εἰς τοὺς στρατιώτας στάσις, Λαομέδοντος τοῦ Μεσσηνίου δημηγορήσαντος· [5] οὗτος γὰρ συνεβούλευε μὴ κατάρχεσθαι πολέμου πρὸς τὸν Διονύσιον μηδὲν αὐτοὺς ἠδικηκότα. οἱ μὲν οὖν τῶν Μεσσηνίωνστρατιῶται, τὸν πόλεμον οὐκ ἐπικεκυρωκότος τοῦ δήμου, παραχρῆμ' ἐπείσθησαν, καὶ τοὺς στρατηγοὺς καταλιπόντες ἀνέκαμψαν εἰς τὴν πατρίδα· [6] ῾Ρηγῖνοι δ' οὐκ ὄντες ἀξιόμαχοι καθ' ἑαυτούς, ἐπειδὴ τοὺς Μεσσηνίους ἑώρων διαλύοντας τὸ στρατόπεδον, καὶ αὐτοὶ ταχέως ἀνέκαμψαν εἰς ῾Ρήγιον. Διονύσιος δὲ τὸ μὲν πρῶτον ἐπὶ τοὺς ὅρους τῆς Συρακοσίας ἐξήγαγε τὴν δύναμιν, προσδεχόμενος τὴν τῶν πολεμίων ἔφοδον· ὡς δ' ἤκουσε τὴν ἀνάζευξιν αὐτῶν, ἀπήγαγε τὴν στρατιὰν εἰς τὰς Συρακούσας· [7] διαπρεσβευσαμένων δὲ τῶν ῾Ρηγίνων καὶ τῶν Μεσσηνίων περὶ εἰρήνης, κρίνων συμφέρον εἶναι διαλύεσθαι τὴν ἔχθραν πρὸς τὰς πόλεις, συνέθετο τὴν εἰρήνην.

Cependant les habitants de Rhege, colonie de Chalcis, ne voyaient qu'avec peine les progrès du tyran de Syracuse. Il avait déjà soumis les habitants de Naxus et de Catane, et ceux de Rhege, qui avaient pris beaucoup de part à leur infortune, craignaient extrêmement d'en éprouver une pareille. Ils jugèrent donc important de lui faire la guerre au plus tôt, et avant qu'il se fût affermi d'avantage. Les bannis de Syracuse qui avaient reçu beaucoup d'assistance de la part des citoyens de Rhege, se joignirent à eux dans cette entreprise. Plusieurs d'entre les Syracusains s'étaient réfugiés dans cette ville, et en raisonnant ensemble sur les affaires présentes, ils avaient bien fait entendre à leurs hôtes que Syracuse ne s'était soumise au tyran que malgré elle et pour céder au temps. Pour conclusion, ceux de Rhege, ayant nommé des généraux, leur donnèrent une armée de six mille hommes d'infanterie et de six cents cavaliers qu'ils embarquèrent dans cinquante vaisseaux. Quand ils eurent passé le détroit, ils invitèrent à Messine les officiers de guerre de se joindre à eux, en leur représentant qu'il était honteux de voir une ville grecque comme Syracuse soumise à un tyran tel que Denys. Ces officiers entrant dans les sentiments de ceux de Rhege rassemblèrent leurs soldats sans attendre l'avis du peuple et ils formèrent un secours de quatre mille hommes d'infanterie, de quatre cents cavaliers et de trente galères. À peine cette armée fut-elle arrivée aux confins du territoire de Messine qu'il s'éleva entre les soldats une sédition excitée par le Messinois Laomédon, un des harangueurs du peuple. Il représenta qu'on, avoir tort d'aller faire la guerre à Denys de la part duquel on n'avait reçu aucune offense. Là-dessus les soldats Messinois, faisant réflexion d'ailleurs que le peuple n'avoir point autorisé leur entreprise, abandonnèrent leurs capitaines et revinrent dans leur ville : mais de plus les Rheginois, qui par eux-mêmes n'étaient pas de grands guerriers, ne se voyant plus soutenus de ceux de Messsine, suivirent leur exemple et s'en revinrent à Rhege. Denys cependant avait amené son armée sur les confins du territoire de Syracuse pour y attendre les ennemis; et dès qu'il eut appris qu'ils se retiraient, il en fit de même. Bientôt après ceux de Rhege et ceux de Messine, lui ayant envoyé des ambassadeurs pour traiter de paix avec lui, il conçut que la proposition lui était convenable et toute guerre cessa de ce côté-là.

préparatifs de guerre

ΧLΙ. ὁρῶν δὲ τῶν ῾Ελλήνων τινὰς εἰς τὴν ἐπικράτειαν τῶν Καρχηδονίων ἀποτρέχοντας τάς τε πόλεις καὶ τὰς κτήσεις κομιζομένους, ἐνόμιζε τῆς πρὸς Καρχηδονίους εἰρήνης μενούσης πολλοὺς τῶν ὑφ' αὑτὸν ταττομένων βουλήσεσθαι κοινωνεῖν τῆς ἐκείνων ἀποστάσεως, ἐὰν δὲ πόλεμος γένηται, πάντας τοὺς καταδεδουλωμένους ὑπὸ Καρχηδονίων ἀποστήσεσθαι πρὸς αὐτόν· ἤκουσε δὲ καὶ τῶν Καρχηδονίων πολλοὺς ἐν Λιβύῃ διεφθάρθαι λοιμικῇ καταστάσει περιπεσόντας. [2] διὸ καὶ νομίζων εὔθετον ἔχειν καιρὸν τοῦ πολέμου, κατασκευὴν ἔκρινε δεῖν πρῶτον γίνεσθαι· ὑπελάμβανε γὰρ ἔσεσθαι μέγαν καὶ πολυχρόνιον τὸν πόλεμον, ὡς ἂν πρὸς τοὺς δυνατωτάτους τῶν κατὰ τὴν Εὐρώπην μέλλων διαγωνίζεσθαι. [3] εὐθὺς οὖν τοὺς τεχνίτας ἤθροιζεν ἐκ μὲν τῶν ὑπ' αὐτὸν ταττομένων πόλεων κατὰ πρόσταγμα, τοὺς δ' ἐξ ᾿Ιταλίας καὶ τῆς ῾Ελλάδος, ἔτι δὲ τῆς Καρχηδονίων ἐπικρατείας, μεγάλοις μισθοῖς προτρεπόμενος. διενοεῖτο γὰρ ὅπλα μὲν παμπληθῆ καὶ βέλη παντοῖα κατασκευάσαι, πρὸς δὲ τούτοις ναῦς τετρήρεις καὶ πεντήρεις, οὐδέπω κατ' ἐκείνους τοὺς χρόνους σκάφους πεντηρικοῦ νεναυπηγημένου. [4] συναχθέντων δὲ πολλῶν τεχνιτῶν, διελὼν αὐτοὺς κατὰ τὰς οἰκείας ἐργασίας κατέστησε τῶν πολιτῶν τοὺς ἐπισημοτάτους, προθεὶς δωρεὰς μεγάλας τοῖς κατασκευάσασιν ὅπλα. διέδωκε δὲ καὶ τῶν ὅπλων τὸν γένους ἑκάστου τύπον διὰ τὸ τοὺς μισθοφόρους ἐκ πολλῶν ἐθνῶν συνεστηκέναι· [5] ἔσπευδε γὰρ ἕκαστον τῶν στρατευομένων κοσμῆσαι τοῖς οἰκείοις ὅπλοις, καὶ διελάμβανε τὸ στρατόπεδον πολλὴν ἕξειν κατάπληξιν διὰ ταύτην τὴν αἰτίαν καὶ κατὰ τὰς μάχας κάλλιστα χρήσεσθαι τῷ συνήθει καθοπλισμῷ πάντας τοὺς συναγωνιζομένους. [6] συμπροθυμουμένων δὲ καὶ τῶν Συρακοσίων τῇ τοῦ Διονυσίου προαιρέσει, πολλὴν συνέβαινε γίνεσθαι τὴν φιλοτιμίαν περὶ τὴν τῶν ὅπλων κατασκευήν. οὐ μόνον γὰρ ἐν τοῖς προνάοις καὶ τοῖς ὀπισθοδόμοις τῶν ἱερῶν, ἔτι δὲ τοῖς γυμνασίοις καὶ ταῖς κατὰ τὴν ἀγορὰν στοαῖς, ἔγεμε πᾶς τόπος τῶν ἐργαζομένων, ἀλλὰ καὶ χωρὶς τῶν δημοσίων τόπων ἐν ταῖς ἐπιφανεστάταις οἰκίαις ὅπλα παμπληθῆ κατεσκευάζετο.

Quelque temps après il fut instruit que plusieurs Grecs de la Sicile passaient dans les villes occupées en cette île par les Carthaginois et y acquéraient le droit de bourgeoisie et des possessions. Là-dessus il jugea que tant qu'il serait en paix avec Carthage, il se ferait souvent de pareilles transmigrations : et qu'au contraire, s'il était en guerre avec eux, ceux qu'ils auraient asservis ou maltraités se réfugieraient auprès de lui. D'ailleurs il avait appris que la peste qui avait affligé la Libye avait emporté un grand nombre de Carthaginois. Cette circonstance lui parut favorable pour les attaquer. Mais il comprit qu'il fallait faire auparavant de grands préparatifs pour une entreprise longue, difficile et dans laquelle il s'allait attirer sur les bras une nation plus guerrière qu'aucune de celles qui font en Europe. Il fit donc assembler d'abord par une ordonnance publique tous les ouvriers répandus dans les villes de sa domination et il en fit venir par de grandes promesses beaucoup d'autres de l'Italie, de la Grèce et même des villes siciliennes qui appartenaient aux Carthaginois. Il voulait se munir d'armes et de traits de toute espèce et de toute forme; mais surtout il fit construire des galères non seulement à trois, mais encore à cinq rangs de rames : espèce de bâtiment qu'on n'avait pas. encore mis en usage et qui de ce nombre de cinq rames prit alors le nom de Penterique. Après avoir distribué à ce grand nombre d'ouvriers les ouvrages qui leur étaient propres, il leur donna pour inspecteurs les premiers d'entre les citoyens et il proposa des prix considérables à ceux qui réussiraient le mieux, surtout dans la fabrique des armes. Il leur en avait donné lui-même les différents modèles : car ayant à sa solde des hommes de toute nation, il voulait que chacun fut armé à la manière de son pays. Il espérait que la différence de ces armes ferait un spectacle effrayant pour les ennemis : mais surtout il était persuadé de l'avantage qui se trouve à se servir d'armes auxquelles on est habitué. Les Syracusains secondèrent merveilleusement à cet égard les intentions de Denys et la fabrication de ces armes devint pour eux un objet d'émulation. On en établit les manufactures non seulement dans les parvis et dans les derrières des temples mais les lieux d'exercices et les portiques des marchés étaient pleins de travailleurs : et comme les édifices ou les places qui appartenaient au public ne suffisaient pas encore pour les contenir tous, les particuliers propriétaires des plus grandes maisons de la ville en recevaient encore chez eux.

ΧLΙΙ. καὶ γὰρ τὸ καταπελτικὸν εὑρέθη κατὰ τοῦτον τὸν καιρὸν ἐν Συρακούσαις, ὡς ἂν τῶν κρατίστων τεχνιτῶν πανταχόθεν εἰς ἕνα τόπον συνηγμένων. τὴν γὰρ προθυμίαν τό τε μέγεθος τῶν μισθῶν ἐξεκαλεῖτο καὶ τὸ πλῆθος τῶν προκειμένων ἄθλων τοῖς ἀρίστοις κριθεῖσι· χωρὶς δὲ τούτων περιπορευόμενος τοὺς ἐργαζομένους ὁ Διονύσιος καθ' ἡμέραν λόγοις τε φιλανθρώποις ἐχρῆτο καὶ τοὺς προθυμοτάτους ἐτίμα δωρεαῖς καὶ πρὸς τὰ συνδείπνια παρελάμβανε. [2] διόπερ ἀνυπέρβλητον φιλοτιμίαν εἰσφέροντες οἱ τεχνῖται πολλὰ προσεπενοοῦντο βέλη καὶ μηχανήματα ξένα καὶ δυνάμενα παρέχεσθαι μεγάλας χρείας. ἤρξατο δὲ ναυπηγεῖσθαι τετρήρεις καὶ πεντηρικὰ σκάφη, πρῶτος ταύτην τὴν κατασκευὴν τῶν νεῶν ἐπινοήσας. [3] ἀκούων γὰρ ὁ Διονύσιος ἐν Κορίνθῳ ναυπηγηθῆναι τριήρη πρώτως, ἔσπευδε κατὰ τὴν ἀποικισθεῖσαν ὑπ' ἐκείνων πόλιν αὐξῆσαι τὸ μέγεθος τῆς τῶν νεῶν κατασκευῆς. [4] λαβὼν δ' ἐκ τῆς ᾿Ιταλίας ἐξαγωγὴν ὕλης, τοὺς μὲν ἡμίσεις τῶν ὑλοτόμων εἰς τὸ κατὰ τὴν Αἴτνην ὄρος ἀπέστειλε, γέμον κατ' ἐκείνους τοὺς χρόνους πολυτελοῦς ἐλάτης τε καὶ πεύκης, τοὺς δ' ἡμίσεις εἰς τὴν ᾿Ιταλίαν ἀποστείλας παρεσκευάσατο ζεύγη μὲν τὰ πρὸς τὴν θάλατταν κατακομιοῦντα, πλοῖα δὲ καὶ τοὺς ὑπηρέτας πρὸς τὸ τὰς σχεδίας ἀπάγεσθαι κατὰ τάχος εἰς τὰς Συρακούσας. [5] ὁ δὲ Διονύσιος ἐπειδὴ τὴν ἱκανὴν ὕλην ἤθροισεν, ὑφ' ἕνα καιρὸν ἤρξατο ναυπηγεῖσθαι ναῦς πλείους τῶν διακοσίων, ἐπισκευάζειν δὲ τὰς προϋπαρχούσας δέκα πρὸς ταῖς ἑκατόν· ᾠκοδόμει δὲ καὶ νεωσοίκους πολυτελεῖς κύκλῳ τοῦ νῦν μεγάλου καλουμένου λιμένος ἑκατὸν ἑξήκοντα, τοὺς πλείστους δύο ναῦς δεχομένους, καὶ τοὺς προϋπάρχοντας ἐθεράπευεν, ὄντας ἑκατὸν πεντήκοντα.

Ce fut en ce temps-là que les catapultes furent inventées à Syracuse par le concours de tant d'excellents ingénieurs assemblés en un même lieu, éclairés les uns par les autres et animés chacun en particulier par les prix proposés à ceux qui se distingueraient par quelque invention praticable et utile. Outre cela Denys les visitait tous les jours lui-même, les suivant de rang en rang, les animant par des paroles obligeantes, faisant des présents de sa propre main à ceux qui paraissaient les plus zélés et les admettant même quelquefois à sa table. Aussi ces ouvriers faisaient-ils les plus grands efforts pour le satisfaire, et ils imaginaient à l'envi ou des armes ou des machines singulières et capables des plus grands effets. Il sortit de là des galères à trois et à cinq rangs de rames, qui non seulement par cette dernière circonstance que nous avons déjà énoncée , mais encore par toute leur construction formaient une flotte toute nouvelle et dont il fut le premier auteur. Car ayant ouï dire que le premier vaisseau de guerre avait été construit à Corinthe, il crut qu'il convenait à Syracuse qui tirait son origine de cette ville de perfectionner cet art. Ainsi, ayant obtenu la permission de faire venir d'Italie une grande provision de bois, il envoya d'abord un grand nombre de bûcherons sur le mont Etna, qui en ce temps-là était couvert d'une prodigieuse quantité de pins et de sapins. C'est là qu'on devait prendre tous les arbres qui serviraient à faire les traîneaux et les chariots nécessaires à ceux qui allaient en Italie, pour faire descendre ces bois étrangers des montagnes jusqu'à la mer, et ensuite toutes les barques qu'il leur faudrait pour les amener au plus tôt à Syracuse. Ayant donc une quantité suffisante de matière, il fit construire sur le champ et en même temps plus de deux cents vaisseaux et réparer les cent dix qu'il avait auparavant. Il fit bâtir aussi dans l'enceinte du lieu qui s'appelle aujourd'hui le port cent soixante loges ou retraites, dont la plupart étaient capables de recevoir deux vaisseaux ; et ayant fait réparer les cent cinquante qui existaient déjà, cette longue suite de toits et de vaisseaux qu'on voyait dessous était un objet étonnant

ΧLΙΙΙ. διόπερ τοσούτων ὅπλων καὶ νεῶν κατασκευαζομένων ἐν ἑνὶ τόπῳ, τὸ γινόμενον πολλὴν παρεῖχε τοῖς θεωμένοις κατάπληξιν· ὅτε μὲν γάρ τις ἴδοι τὴν περὶ τὰς ναῦς σπουδήν, ἐνόμιζε περὶ ταύτας ἅπαντας πραγματεύεσθαι τοὺς Σικελιώτας· ὅτε δὲ πάλιν τοῖς τῶν ὁπλοποιῶν καὶ μηχανοποιῶν ἔργοις συμπαραγενηθείη, περὶ τούτους μόνους ἐνόμιζεν ἅπασαν εἶναι τὴν τῆς ὑπηρεσίας παρασκευήν. [2] οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τῆς περὶ ταῦτα σπουδῆς ἀνυπερβλήτου γινομένης, κατεσκευάσθησαν ἀσπίδων μὲν τεσσαρεσκαίδεκα μυριάδες, ἐγχειριδίων δὲ καὶ περικεφαλαιῶν ὁ παραπλήσιος ἀριθμός· ἡτοιμάσθησαν δὲ καὶ θώρακες, παντοῖοι μὲν ταῖς κατασκευαῖς, περιττῶς δὲ κατὰ τὴν τέχνην εἰργασμένοι, πλείους τῶν μυρίων τετρακισχιλίων. [3] τούτους δὲ διενοεῖτο διαδιδόναι τοῖς ἱππεῦσι καὶ τῶν πεζῶν τοῖς ἐφ' ἡγεμονίας τεταγμένοις, ἔτι δὲ τῶν μισθοφόρων τοῖς σωματοφυλακεῖν μέλλουσιν. κατεσκευάσθησαν δὲ καὶ καταπέλται παντοῖοι καὶ τῶν ἄλλων βελῶν πολύς τις ἀριθμός. [4] τῶν δὲ παρασκευασθεισῶν νεῶν μακρῶν αἱ μὲν ἡμίσεις αὐτῶν εἶχον πολιτικοὺς κυβερνήτας καὶ πρῳρεῖς, ἔτι δὲ τοὺς ταῖς κώπαις χρησομένους, ταῖς δ' ἄλλαις ὁ Διονύσιος ξένους ἐμισθώσατο. ἐπεὶ δὲ τὰ περὶ τὰς ναῦς καὶ τὴν ὁπλοποιίαν αὐτῷ συντέλειαν ἐλάμβανε, περὶ τὴν τῶν στρατιωτῶν παρασκευὴν ἐγίνετο· τούτους γὰρ ἔκρινε συμφέρειν μὴ πρὸ πολλοῦ μισθοῦσθαι πρὸς τὸ μὴ πολλὰς γίνεσθαι δαπάνας.

cette longue suite d'armes et de vaisseaux qu'on voyait dessous était un objet étonnant. À contempler ce qui se faisait pour la marine, on aurait cru que tout Syracuse s'y employait et à la quantité d'armes et d'autres instruments de fer qu'on y fabriquait en même temps, on aurait dit que toute la ville n'était qu'une communauté de forgerons et de fourbisseurs. En un mot, la diligence de ces derniers alla au point qu'on eut bientôt quatre cens quarante mille boucliers et à peu près autant de casques et de lances. On avait fait aussi des cuirasses à la façon de tous les pays et merveilleusement travaillées, jusqu'au nombre de quatorze mille. Denys les dessinait aux gens de cheval, aux officiers d'infanterie et aux soudoyés de sa garde. Il eut aussi des catapultes et des arbalètes de toute espèce et une quantité innombrable de traits. Il plaça dans une moitié des vaisseaux longs des hommes de la ville pour pilotes et pour rameurs, et choisit pour l'autre moitié des équipages étrangers à ses gages. Après avoir pourvu ainsi à ce qui concernait les galères et les armes, il songea à se faire une armée ; car pour s'épargner une dépense inutile, il avait jugé à propos de ne faire des levées de soldats qu'au moment qu'il en aurait besoin.

Olymp. 95. an 3. 398 avant l'ère chrétienne.

Bigamie pour raison d'état

LXIV. Διονύσιος δ' ὁ τῶν Συρακοσίων τύραννος, ἐπειδὴ τῶν περὶ τὴν ὁπλοποιίαν καὶ ναυπηγίαν ἔργων τὰ πλεῖστα συντέλειαν εἰλήφει, περὶ τὴν τῶν στρατιωτῶν παρασκευὴν εὐθὺς ἐγένετο. [2] τῶν οὖν Συρακοσίων κατέλεγε τοὺς ἐπιτηδείους εἰς τάξεις, καὶ παρὰ τῶν ὑπ' αὐτὸν ταττομένων πόλεων μετεπέμπετο τοὺς εὐθέτους. συνήγαγε δὲ καὶ μισθοφόρους ἐκ τῆς ῾Ελλάδος καὶ μάλιστα παρὰ τῶν Λακεδαιμονίων· οὗτοι γὰρ αὐτῷ συναύξοντες τὴν ἀρχὴν ἔδωκαν ἐξουσίαν ὅσους βούλοιτο παρ' αὐτῶν ξενολογεῖν. καθόλου δ' ἐκ πολλῶν ἐθνῶν σπεύδων τὸ ξενικὸν στρατόπεδον συνηθροικέναι, καὶ μισθοὺς πολλοὺς ἐπαγγελλόμενος, εὕρισκε τοὺς ὑπακούοντας. [3] μέλλων δὲ μέγαν ἐξεγείρειν πόλεμον, ταῖς κατὰ τὴν νῆσον πόλεσι φιλανθρώπως προσεφέρετο, τὴν εὔνοιαν αὐτῶν ἐκκαλούμενος. τοὺς δὲ παρὰ τὸν πορθμὸν κατοικοῦντας ῾Ρηγίνους τε καὶ Μεσσηνίους ὁρῶν ἱκανὴν δύναμιν ἔχοντας συντεταγμένην, εὐλαβεῖτο μήποτε τῶν Καρχηδονίων διαβάντων εἰς Σικελίαν ἐκείνοις πρόσθωνται· οὐ μικρὰν γὰρ αἱ πόλεις αὗται ῥοπὴν εἶχον, ὁποτέροις εἰς τὸν πόλεμον συμμαχήσειαν. [4] ἃ δὴ λίαν ἀγωνιῶν ὁ Διονύσιος, τοῖς Μεσσηνίοις ἔδωκε πολλὴν τῆς ὁμόρου χώραν, ἰδίους αὐτοὺς κατασκευάζων ταῖς εὐεργεσίαις· πρὸς δὲ ῾Ρηγίνους ἀπέστειλε πρεσβευτάς, παρακαλῶν ἐπιγαμίαν ποιήσασθαι καὶ δοῦναι τῶν πολιτικῶν παρθένων αὐτῷ μίαν συμβιώσασθαι· ἐπηγγέλλετο δ' αὐτοῖς πολλὴν τῆς συνοριζούσης χώρας κατακτήσεσθαι, τὴν πόλιν δ' αὐξήσειν ἐφ' ὅσον ἂν αὐτὸς ἰσχύῃ. [5] τῆς γὰρ γυναικὸς αὐτοῦ, θυγατρὸς δ' ῾Ερμοκράτους, κατὰ τὴν ἀπόστασιν τῶν ἱππέων ἀνῃρημένης, ἔσπευδε τεκνοποιήσασθαι, διαλαμβάνων τῇ τῶν γεννηθέντων εὐνοίᾳ βεβαιότατα τηρήσειν τὴν δυναστείαν. οὐ μὴν ἀλλ' ἐν τῷ ῾Ρηγίῳ συναχθείσης περὶ τούτων ἐκκλησίας, καὶ πολλῶν ῥηθέντων λόγων, ἔδοξε τοῖς ῾Ρηγίνοις μὴ δέξασθαι τὴν ἐπιγαμίαν. [6] Διονύσιος δ' ἀποτυχὼν ταύτης τῆς ἐπιβολῆς, περὶ τῶν αὐτῶν ἀπέστειλε τοὺς πρεσβευτὰς πρὸς τὸν δῆμον τῶν Λοκρῶν. ὧν ψηφισαμένων τὴν ἐπιγαμίαν, ἐμνήστευεν ὁ Διονύσιος Δωρίδα τὴν Ξενέτου θυγατέρα, κατ' ἐκεῖνον τὸν χρόνον ὄντος ἐνδοξοτάτου τῶν πολιτῶν. [7] ὀλίγαις δ' ἡμέραις πρὸ τῶν γάμων ἀπέστειλεν εἰς Λοκροὺς πεντήρη πρῶτον νεναυπηγημένην, ἀργυροῖς καὶ χρυσοῖς κατασκευάσμασι κεκοσμημένην· ἐφ' ἧς διακομίσας τὴν παρθένον εἰς τὰς Συρακούσας εἰσήγαγεν εἰς τὴν ἀκρόπολιν. [8] ἐμνηστεύσατο δὲ καὶ τῶν πολιτικῶν τὴν ἐπισημοτάτην ᾿Αριστομάχην, ἐφ' ἣν ἀποστείλας λευκὸν τέθριππον ἤγαγεν εἰς τὴν ἰδίαν οἰκίαν.

Le tyran de Syracuse choisit parmi les citoyens ceux qui lui parurent les plus propres à porter les armes et en envoya chercher de semblables dans les villes qui lui étaient soumises. Ses soudoyés étaient tirés de toute la Grèce et particulièrement des terres de Lacédémone : car cette République, favorisant son usurpation, lui avait permis de prendre chez elle autant de soldats qu'il lui plairait. Mais d'ailleurs comme il voulait avoir dans ses troupes des étrangers de plusieurs nations et qu'il promettait partout de grandes récompenses, il lui en vint bientôt un grand nombre. Pour la sûreté même de la guerre qu'il entreprenait, il crut devoir gagner l'amitié des villes de la Sicile : d'autant plus que ceux de Rhege et de Messine aux deux côtés du détroit, ayant par eux-mêmes des forces capables de donner un grand poids au parti qu'ils embrasseraient, il craignait qu'ils ne se joignent aux Carthaginois, dès que ceux-ci feraient entrés dans l'île. Denys, inquiété de ce soupçon, céda aux Messinois, pour les gagner, une grande partie d'un territoire qui était à leur bienséance et il envoya à Rhege des ambassadeurs pour demander en mariage une de leurs citoyennes. Il leur offrit en considération de cette alliance la partie du rivage de la Sicile qui se trouvait vis-à-vis d'eux et leur promit en général de contribuer aux avantages de leur ville en tout ce qui dépendrait de lui. Denys faisait toutes ces avances parce, qu'ayant perdu sa première femme fille d'Hermocrate dans la révolte de ses cavaliers dont nous avons parlé plus haut, il croyait qu'il lui importait beaucoup d'avoir des enfants, qui se faisant aimer du peuple contribueraient à maintenir son autorité. Cependant le Peuple de Rhege s'étant assemblé au sujet de ces propositions, après beaucoup d'avis pour et contre, la ville ne jugea pas à propos de consentir à cette alliance. Denys refusé de ce côté-là , envoya pour le même sujet d'autres ambassadeurs à Locres. Cette ville après avoir délibéré sur cette demande là lui accorda. Quand on lui eut assuré Doris, fille de Xénète, le plus considérable des citoyens qui fut alors dans cette ville ; peu de jours avant la célébration des noces, il fit partir pour Locres une galère à cinq rangs de rames, décorée de toute sorte d'ornements d'or et d'argent. On y fit monter la jeune accordée que Denys reçut à Syracuse, et qu'il conduisit aussitôt dans la citadelle où il logeait lui-même. Mais en même temps il épousa aussi Aristomaque qui était la fille la plus distinguée qu'il y eut dans Syracuse. Il alla prendre celle-ci dans un chariot attelé de quatre chevaux de front et l'amena de même dans son palais.

Les Citoyens de Syracuse se prêtent d'eux-mêmes au dessein d'attaquer les Carthaginois et ils commencent par piller les vaisseaux que ceux-ci avaient actuellement dans le port de Syracuse, sur la confiance de la paix où l'on était alors avec eux. Ils vont delà exercer toutes fortes de vexations et de cruautés dans les villes que Carthage possédait dans la Sicile. L'Auteur prétend que cet exemple rendit dans la suite les Carthaginois plus humains dans la victoire qu'ils ne l'avaient été jusqu'alors, par la crainte du retour et de la vengeance. Denys forme le siège de Motye ville carthaginoise de la Sicile, ou plutôt d'une petite île très voisine du continent de la grande et y laisse Leptine son lieutenant. Il part delà pour aller ravager le territoire de trois autres et assiéger Egeste et Entelle. Cependant Imilcon général des Carthaginois envoie d'abord un lieutenant dans le port de Syracuse même où celui-ci démonte et met hors d'usage tous les vaisseaux qu'il y trouve après quoi il se retire. Denys de son côté retourne à Motye pour en presser le siège. Imilcon qui y arrive bientôt après, détruit à son tour ou par le fer ou par les flammes tous les vaisseaux de charge qui bordaient le port de terre ferme où Denys avait son camp. Après cette expédition Imilcon repoussé revient en Afrique. Description circonstanciée du siège et de la prise de Motye par Denys.

ΧLV. περὶ δὲ τὸν αὐτὸν χρόνον ἀμφοτέρας γήμας συνεχεῖς ἑστιάσεις ἐποιεῖτο τῶν στρατιωτῶν καὶ τῶν πλείστων πολιτῶν· ἀπετίθετο γὰρ ἤδη τὸ πικρὸν τῆς τυραννίδος, καὶ μεταβαλλόμενος εἰς ἐπιείκειαν φιλανθρωπότερον ἦρχε τῶν ὑποτεταγμένων, οὔτε φονεύων οὔτε φυγάδας ποιῶν, καθάπερ εἰώθει.
[2] μετὰ δὲ τοὺς γάμους ὀλίγας ἐπιμείνας ἡμέρας συνήγαγεν ἐκκλησίαν καὶ παρεκάλει τοὺς Συρακοσίους πόλεμον ἐξενεγκεῖν πρὸς τοὺς Καρχηδονίους, ἀποφαίνων αὐτοὺς καθόλου μὲν τοῖς ῞Ελλησιν ἐχθροτάτους ὄντας, μάλιστα δὲ τοῖς Σικελιώταις διὰ παντὸς ἐπιβουλεύοντας. [3] καὶ νῦν μὲν ἐφ' ἡσυχίας αὐτοὺς μένειν ἀπεδείκνυε διὰ τὸν ἐμπεσόντα λοιμόν, ὃν τοὺς πλείστους τῶν κατὰ Λιβύην διεφθαρκέναι· ἰσχύσαντας δ' αὐτοὺς οὐκ ἀφέξεσθαι τῶν Σικελιωτῶν, οἷς ἐξ ἀρχαίων ἐπιβουλεύουσιν. διὸ αἱρετώτερον νῦν εἶναι πρὸς ἀσθενεῖς αὐτοὺς ὄντας διαπολεμεῖν ἢ μετὰ ταῦτα πρὸς ἰσχυροὺς διαγωνίζεσθαι. [4] ἅμα δὲ συνίστα δεινὸν εἶναι περιορᾶν τὰς ῾Ελληνίδας πόλεις ὑπὸ βαρβάρων καταδεδουλωμένας, ἃς ἐπὶ τοσοῦτον συνεπιλήψεσθαι τῶν κινδύνων, ἐφ' ὅσον τῆς ἐλευθερίας τυχεῖν ἐπιθυμοῦσιν. οὐ μὴν ἀλλὰ πολλοὺς λόγους πρὸς ταύτην τὴν προαίρεσιν διαλεχθεὶς ταχὺ συγκαταίνους ἔλαβε τοὺς Συρακοσίους. [5] οὐ γὰρ ἧττον ἐκείνου τὸν πόλεμον ἔσπευδον γενέσθαι, πρῶτον μὲν μισοῦντες τοὺς Καρχηδονίους, δι' ἐκείνους ἠναγκασμένοι ποιεῖν τὸ προσταττόμενον ὑπὸ τοῦ τυράννου· ἔπειτα δὲ καὶ τὸν Διονύσιον φιλανθρωπότερον ἑαυτοῖς ἤλπιζον χρήσεσθαι, φοβούμενον τοὺς πολεμίους καὶ τὴν ἀπὸ τῶν καταδεδουλωμένων ἐπίθεσιν· τὸ δὲ μέγιστον,ἤλπιζον ἑαυτοὺς κυριεύσαντας ὅπλων, ἐὰν ἡ τύχη δῷ καιρόν, ἀντιλήψεσθαι τῆς ἐλευθερίας.

À l'occasion de cette double noce, il donna des repas continuels et à son armée et à des villes entières qu'il y invitait. Il avait adouci pour lors toute la dureté et toute l'amertume de sa tyrannie, l'ayant changée en humanité et en douceur, il ne s'agissait plus ni de meurtres ni de bannissements. Après les premiers jours de ces noces, il convoqua l'assemblée du peuple et l'invita à faire la guerre aux Carthaginois, en lui représentant que cette nation était ennemie de tous les Grecs en général et qu'elle en voulait particulièrement aux Siciliens. Que si elle les laissait en repos depuis quelque temps, il n'en fallait attribuer la cause qu'à la peste, qui dans ces dernières années avait désolé la Libye mais qu'aussitôt qu'ils auraient réparé leurs forces, ils, ne manqueraient pas de re prendre leur premier dessein et de tomber sur la Sicile. Qu'ainsi ils feraient bien mieux de les aller surprendre eux-mêmes dans la langueur de leur convalescence, que s'ils attendaient dans leur île des ennemis redevenus forts et vigoureux. Il ajouta. qu'il serait honteux et insupportable de voir tant de villes grecques asservies à des barbares ; et qu'il n'y avait cependant qu'un grand courage et un violent amour de la liberté qui put désormais les garantir de cet opprobre, de ce malheur. Les Syracusains applaudirent unanimement à de pareils discours. Ils ne se portaient pas en effet avec moins de zèle que lui à cette guerre ; et ils haïssaient souverainement les Carthaginois par la raison même que c'était crainte qu'ils avaient d'eux qui les forçait de se soumettre à leur tyran. Ils se flattaient en même tempe que Denys aurait plus d'égards pour eux en préférence de I'ennemi commun et s'exposerait moins en cette circonstance qu'en toute autre à irriter ses propres concitoyens. Enfin ils ne désespéraient pas qu'avec les mêmes armes qui auraient vaincu les Carthaginois, ils ne parvinssent aussi à recouvrer tôt ou tard leur liberté.

ΧLVΙ. μετὰ δὲ τὴν ἐκκλησίαν, τοῦ Διονυσίου τὴν ἐξουσίαν δόντος, οἱ Συρακόσιοι τὰ Φοινικικὰ χρήματα διήρπασαν. οὐκ ὀλίγοι γὰρ τῶν Καρχηδονίων ᾤκουν ἐν ταῖς Συρακούσαις ἁδρὰς ἔχοντες κτήσεις, πολλοὶ δὲ καὶ τῶν ἐμπόρων εἶχον ἐν τῷ λιμένι τὰς ναῦς γεμούσας φορτίων, ἃ πάντα διεφόρησαν οἱ Συρακόσιοι. [2] παραπλησίως δὲ καὶ οἱ λοιποὶ Σικελιῶται τοὺς παρ' αὐτοῖς οἰκοῦντας τῶν Φοινίκων ἐκβαλόντες τὰς κτήσεις διήρπασαν· καίπερ γὰρ τὴν Διονυσίου τυραννίδα μισοῦντες, ὅμως ἡδέως ἐκοινώνουν τοῦ πρὸς Καρχηδονίους πολέμου διὰ τὴν ὠμότητα τῶν ἀνδρῶν. [3] ὧν δὴ χάριν καὶ οἱ τὰς ῾Ελληνίδας πόλεις οἰκοῦντες ὑπὸ Καρχηδονίους, ἐπειδὴ φανερῶς ὁ Διονύσιος ἐξέφερε τὸν πόλεμον, ἐναπεδείξαντο τὸ πρὸς τοὺς Φοίνικας μῖσος· οὐ μόνον γὰρ αὐτῶν τὰς οὐσίας διήρπασαν, ἀλλὰ καὶ αὐτοὺς συλλαμβάνοντες πᾶσαν αἰκίαν καὶ ὕβριν εἰς τὰ σώματ' αὐτῶν ἀπετίθεντο, μνημονεύοντες ὧν αὐτοὶ κατὰ τὴν αἰχμαλωσίαν ἔπαθον. [4] ἐπὶ τοσοῦτον δὲ τῆς κατὰ τῶν Φοινίκων τιμωρίας προέβησαν καὶ τότε καὶ κατὰ τὸν ὕστερον χρόνον, ὥστε τοὺς Καρχηδονίους διδαχθῆναι μηκέτι παρανομεῖν εἰς τοὺς ὑποπεσόντας· οὐ γὰρ ἠγνόουν, δι' αὐτῶν τῶν ἔργων μαθόντες, ὅτι τοῖς διαπολεμοῦσι κοινῆς τῆς τύχης ὑπαρχούσης ἀμφοτέρους κατὰ τὰς ἥττας τοιαῦτα ἀνάγκη πάσχειν, οἷα ἂν αὐτοὶ πράξωσιν εἰς τοὺς ἀτυχήσαντας. [5] ὁ δ' οὖν Διονύσιος, ἐπειδὴ πάντ' αὐτῷ τὰ πρὸς τὸν πόλεμον ἡτοίμαστο, διενοεῖτο πέμπειν ἀγγέλους εἰς Καρχηδόνα τοὺς ἐροῦντας, ὅτι Συρακόσιοι καταγγέλλουσι πόλεμον Καρχηδονίοις, ἐὰν μὴ τὰς ὑπ' αὐτῶν καταδεδουλωμένας ῾Ελληνίδας πόλεις ἐλευθερώσωσιν. Διονύσιος μὲν οὖν περὶ ταῦτ' ἐγίνετο.