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Mort d'un philosophe indien

Diodore de Sicile, livre XVII

 

Περὶ δὲ τοὺς καιροὺς τούτους Κάρανος ὁ ᾿Ινδός, ἐν φιλοσοφίᾳ μεγάλην ἔχων προκοπὴν καὶ τιμώμενος ὑπ' ᾿Αλεξάνδρου, παράδοξον ἐποιήσατο τὴν τοῦ βίου καταστροφήν. [2] Βεβιωκὼς γὰρ ἔτη τρία πρὸς τοῖς ἑβδομήκοντα καὶ πάντα τὸν χρόνον ἀπείρατος γεγονὼς ἀρρωστίας ἔκρινεν ἑαυτὸν ἐκ τοῦ ζῆν μεταστῆσαι ὡς τὸ τέλειον τῆς εὐδαιμονίας παρά τε τῆς φύσεως καὶ τῆς τύχης ἀπειληφώς. [3] Καταπειραθεὶς δ' ὑπ' ἀρρωστίας καὶ καθ' ἡμέραν αἰεὶ μᾶλλον βαρυνόμενος ἠξίωσε τὸν βασιλέα πυρὰν αὐτῷ μεγάλην κατασκευάσαι καὶ προσαναβάντος ἐπὶ ταύτην αὐτοῦ προστάξαι τοῖς ὑπηρέταις πῦρ ἐνεῖναι. [4] δὲ ᾿Αλέξανδρος τὸ μὲν πρῶτον αὐτὸν ἀποτρέπειν ἐπειρᾶτο ταύτης τῆς ἐπιβολῆς, ὡς δ' οὐχ ὑπήκουσεν, ὡμολόγησε συντελέσειν περὶ ὧν ἠξιωκὼς ἦν. Διαγγελθείσης δὲ τῆς πράξεως ἡ μὲν πυρὰ κατεσκευάσθη, τὸ δὲ πλῆθος κατήντησεν ἐπὶ τὴν παράδοξον θέαν. [5] δὲ Κάρανος ἀκολουθήσας τοῖς ἰδίοις δόγμασι τεθαρρηκότως ἐπέστη τῇ πυρᾷ καὶ μετὰ ταύτης καταφλεχθεὶς ἐτελεύτησεν. τῶν δὲ παρόντων οἱ μὲν μανίαν αὐτοῦ κατέγνωσαν, οἱ δὲ κενοδοξίαν ἐπὶ καρτερίᾳ, τινὲς δὲ τὴν εὐψυχίαν καὶ τὴν τοῦ θανάτου καταφρόνησιν ἐθαύμασαν. [6] δὲ βασιλεὺς τοῦτον μὲν ἔθαψε πολυτελῶς.

Vers ce temps-là l'Indien Calanus qui avait fait de grands progrès dans la philosophie, et qui était fort estimé d'Alexandre, arriva à une fin de vie extraordinaire, [2] âgé de soixante et treize ans, et n'ayant éprouvé jusqu'alors aucune espèce d'incommodité, il résolut de se donner lui-même la mort comme ayant joui assez longtemps de tous les avantages que la nature et la fortune pouvaient procurer à un mortel. [3] Attaqué alors de sa première maladie, qui s'augmentait de jour en jour, il pria le roi de lui faire dresser un bûcher, sous lequel, dès qu'il y ferait monté, le roi voudrait bien ordonner à ses esclaves de faire mettre le feu : [4] Alexandre essaya d'abord de le détourner d'un projet si extraordinaire : mais n'ayant pu en venir à bout, il consentit à la demande du philosophe. Le jour d'un pareil spectacle ayant été annoncé, tout le monde s'assembla dans la place où l'on devait le donner : [5] et Calanus, soutenant sa résolution jusqu'au bout, monta courageusement sur l'échafaud et se jeta dans le bûcher où il fut consumé. Entre les spectateurs, les uns traitèrent cette action de folie, les autres l'imputèrent à une vaine gloire : mais des interprètes plus favorables y trouvèrent de la grandeur d'âme et un généreux mépris de la mort. [6] Le roi lui fit faire des funérailles magnifiques

Diodore, XVII, 107.